Os n°1 ⁛ My violinist ⁛
/corrigé par DevilisDevil/
Quand Katsuki s'ennui et tombe sur le Live d'un jeune homme plutôt connu et qui a comme particularité l'atmosphère luxueuse typique de la période Victorienne qu'il dégage, son talent pour le violon ainsi que son anonymat.
Pdv : katsuki
Une fois de plus je rallumais mon téléphone à la recherche d'une quelconque occupation mais rien. Ni sur YouTube, Snap ou même Insta. Après quelques recherches sur les différentes applications de mon cellulaire, mon attention se tourna finalement vers une dernière plus qu'oubliée ces derniers temps : Twitch.
Ce n'est qu'après quelques minutes à défiler les vidéos qu'une en particulier attira mon attention, contrairement aux autres, le visage du vidéaste n'apparaissait pas mais ce n'était pas non plus rare, ce qui m'avais attiré sur ce live était plus le peu de corp que je pouvais apercevoir du garçon dû à l'angle de la caméra qui ne laissait voir que le buste du jeune homme ainsi que le violon en bois noir ciré qu'il tenait précautionneusement entre ses bras.
Intrigué, il ne me fallut pas plus de réflexion pour accéder au live suivi par quelques milliers de personnes malgré l'heure tardive. Que faisait tous ces gens ici ? Aucune idée mais je ne me posa pas plus de question, sûrement trop fatigué pour une quelconque activité cérébrale de la part de mon cerveau.
"Deku ".
C'était l'unique écriture qu'on pouvait lire dans son décor si on omettait les titres des centaines de livres soigneusement rangés dans la vielle bibliothéque au style néo-gothique anglais qui prenait l'entièreté du fond. Le parquet en bois claire ciré à l'excès tant il brillait, était lui aussi jonché de piles de livres sur lesquels étaient fièrement exposé de vieux bibelots dont la réelle utilité m'avait toujours plus ou moins échappé.
C'était une mise en scène parfaite dont l'acteur principal qu'était ce jeune homme avait l'air de connaitre sur le bout des doigts le déroulement, rien n'avait était laissé au hasard. Pas l'ombre d'un quelconque appareil électronique ne gâchait ce visuel qu'on croirait tout droit sorti du bureau d'une petite maison londonienne en pleine époque Victorienne.
Sa redingote de laine noire était parfaitement centrée à la taille faisant ressortir la finesse de cette dernière et les volants présent sur les pans de la veste ainsi qu'au niveau du col donnaient de la féminité à l'ensemble, sans non plus en faire trop. Cette dernière était ouverte, découvrant ses bras jusqu'aux coudes, seul un bouton de verre au niveau du buste permettait qu'elle ne s'ouvre pas.
Elle laissait apparaître un magnifique gilet sans manche gris anthracite, fermé par trois boutons dorés, qui lui-même recouvrait une fine chemise d'un blanc immaculé légèrement transparente dont le jabot ressortait en une multitude de volants et possédant des manches légèrement surdimensionnés se voyant être resserré autours des poignets.
Il ne bougeait que très peu et semblait lire avec attention les très nombreux commentaires portant principalement sur sa vie personnelle, certains demandaient son âge, d'autres ses goûts musicaux mais pas une fois il ne répondit. Il restait simplement là, repliant petit à petit ses jambes près de lui jusqu'à finalement se mettre en tailleur.
Il prit soudainement une inspiration ainsi que son archet et commença à jouer. Il joua sans s'arrêter encore et encore, je ne pourrais dire combien de temps j'étais juste resté là à l'observer et à l'écouter. Pourtant cette mélodie qui revenait de temps en temps entre deux morceaux, cette mélodie qui ne sortait de nulle part, que je n'avais jamais entendu et qui devait sûrement être le fruit de son talent, cette mélodie là, je ne pouvais déjà plus m'en passer.
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Cela faisait quelques semaines que j'avais découvert ses lives, dessus il était toujours habillé plus ou moins de la même manière et à chaque fois tout se passait comme la fois précédente. Il restait là à ne pas bouger pendant environ 20 minutes durant lesquelles il lisait sans interruption les commentaires comme si sa vie en dépendait puis il se mettait à jouer sans s'arrêter pendant des heures. Je n'avais depuis raté aucun live, il les faisait toujours à 22 heures 30 tous les trois jours sauf le dimanche.
J'avais d'ailleurs remarqué que la plupart des gens ne venaient qu'à 23 heures, connaissant sûrement l'étrange habitude qu'avait le jeune violoniste à ne jamais commencer dès le début mais je n'avais jamais compris pourquoi moi non plus je ne faisais pas ça. J'avais fini par me dire que c'était sûrement cette fameuse ambiance victorienne qui me plaisait tant et en soit je n'avais pas totalement tort, je ne sais combien de temps je passais à observer le moindre détail de ce décor.
Le moindre détail de ce corps...
Je ne pouvais pas le cacher, je le trouvais magnifique. Ce n'était je ne pense pas un secret pour personne, il n'y avait qu'à regarder les commentaires pour se rendre compte que beaucoup avait le même avis que moi, pas besoin de voir son visage pour comprendre qu'il était naturellement attirant.
J'avais, il y a quelques jours, enregistré un de ses lives pour pouvoir récupérer la fameuse mélodie qui me hantait littéralement et je l'avais mis sur mon téléphone. Fondamentalement, je savais déjà que ce n'était sûrement pas l'idée la plus ingénieuse pour faire sortir une musique de la tête de quelqu'un que de la lui faire écouter en boucle, mais j'avais fini par me rendre compte que je m'en foutais pas mal et que tant que j'aimais cette mélodie, elle pouvait résonner autant de fois que bon lui semblait, je ne ferai rien pour l'arrêter.
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En ce soir glacial, je marchais dans les rues désertes ayant pour seul compagnie les lampadaires aux couleurs ternies et les milliers de petits flocons à mes pieds. Certains auraient eu peur de marcher seul en ces lieux pourtant rien ne pouvait plus m'apaiser que ce moment précis. Je sentais mes pieds s'enfoncer toujours un peu plus dans la neige qui, éclairée de toute part, perdait de sa blancheur pour finalement revêtir à la fois une couleur opaline provenant de la lune et celle jaunâtre tamisé, caractéristique des éclairages nocturnes.
Je pouvais aisément sentir mes joues me picoter dû à la basse température ainsi que mes lèvres légèrement gercées dû au peu d'entretien que je leur apportais ces temps-ci.
Pourtant c'était ces mêmes lèvres abimées qui, doucement soufflaient quelques sons au gré de mes pensées.
Un bruit retenti au loin, c'était le son d'un bus. Étant au beau milieu de la route, je ne tarda pas à rejoindre le trottoir le plus rapidement possible, étant par la même occasion encouragé par le bruit du moteur de plus en plus fort. J'avais complétement oublié l'existence des bus de nuit et jamais je n'en n'avais croisé dans mon quartier. C'est donc pour cette raison, où tout simplement par curiosité, que je restais là à regarder les différentes personnes descendre du véhicule avec plus ou moins de facilité.
C'était majoritairement des étudiants voulant désespérément regagner leur appartement après cette dure journée, il devait y avoir seulement deux ou trois fêtards tout au plus pourtant une personne attira mon attention.
Un jeune homme plutôt fin au visage pâle, sans vraiment d'expression, n'ayant pour seul vêtement une chemise banale, un pantalon des plus ordinaire et une paire de chaussure noire bien cirée malgré les températures plus que froides.
Il semblait d'ailleurs lui aussi remarquer son manque d'habit car je pu observer sa silhouette élancée légèrement tremblante disparaitre au détour d'une rue.
Ce gars là était bizarre et pourtant il m'avait intrigué plus que de raison. Étrangement, ce qui m'avait surpris n'était ni son manque de réaction ni sa tenue pas du tout adaptée mais quelque chose de plus discret, plus subtile. Quelque chose qui se cachait dans le noir de la nuit. Je savais que j'étais influencé par les récents évènements et qu'en temps normal jamais je n'aurais relevé un détail si insignifiant mais pourtant... dans sa main... c'était bien un étui à violon que j'avais pu apercevoir.
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J'avais pris l'habitude de chaque soir à la même heure, faire cette même petite sortie. C'était pour cette raison que chaque soir je pouvais apercevoir ce garçon au violon. Et chaque soir j'avais un peu plus la confirmation qu'il n'était pas quelqu'un d'ordinaire.
Pas une fois je ne l'ai vu couver d'autre chose que d'une simple chemise légèrement doublée. Il lui arrivait même de s'arrêter dans sa marche et de juste regarder le ciel les yeux dans le vide comme si c'était la plus belle chose au monde, alors quelques fois, je ne pouvais m'empêcher de faire de même et je levais moi aussi la tête laissant les étoiles m'observer comme je le faisais.
Je n'étais pas particulièrement discret quand je me promenais et ce n'était d'ailleurs pas mon objectif alors bien que je n'en sois pas certain j'avais à plusieurs instants déjà cru sentir un regard vague, furtif sur moi, loin d'être oppressant juste calme.
Je n'avais pas vraiment su comment réagir, alors le plus naturellement possible, j'avais juste tourné la tête, craignant pour une quelconque raison qu'un geste de trop allait le faire fuir comme un animal en détresse.
Ce fu à ce moment là que pour la première fois, je capta son regard, bien que brièvement, et avant même que je puisse m'en rendre compte, ses yeux composés d'une multitude de vert différent m'avais complètement transpercé. J'avais l'impression d'être sondé, mis à nu. Il m'avait comme analysé le plus rapidement possible avant de reprendre sa route légèrement plus rapidement qu'à l'accoutumé.
Moi j'étais seulement resté là, perplexe. Je n'arrivais pas à mettre les mots sur mon état d'esprit actuel. Alors bien que troublé je repris mon chemin dans les rues enneigées de mon quartier.
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Contrairement à d'habitude, cette après-midi là, je ne l'avais pas passé sur mon sofa ou même dans un quelconque parc aux alentours mais bien avec mes amis.
Mina était l'une d'eux, c'était une jeune femme forte que tout le monde adorait. Elle était toujours de bonne humeur et adorait parler, son apparence était elle aussi à son image, il était rare de la voir sortir sans l'un de ses vêtements bien trop tape à l'œil ou encore l'une de ses teintures farfelues qui s'avérait n'être que du rose. Mais s'il y avait bien quelque chose que l'on comprenait quand on apprenait à la connaître, c'était son amour incommensurable pour la batterie. Toujours dans la discrétion après tout...
C'était donc pour cette raison que je me trouvais moi, ainsi que trois autres de mes amis, Eijiro, Denki et Sero, assis sur l'un des bancs de l'une des salles de musique de son école. En effet, cette dernière avait été admise dans une importante école de musique de la région. Je ne m'y étais pas énormément intéressé mais de ce que j'avais pu entendre, les places étaient chères et prises. Le meilleur moyen d'y entrer était soit de bénéficier d'une bourse, soit d'avoir un potentiel suffisamment grand pour attirer l'attention et au vu des notes plutôt catastrophiques que je me souvenais avoir vu sur ses copies au lycée, je doutais fortement de la première option.
Les sons des baguettes raisonnant sur les différents tambours n'avaient de cesse de s'accélérer devenant même difficile d'imaginer que seule deux bras pouvaient en être la cause au vu du nombre de coup par secondes. Il fallut quelques minutes avant que doucement et progressivement, les coups perdent de leurs forces et se font plus espacés les uns des autres jusqu'à devenir d'imperceptibles murmures.
Je vis mon amie épuisée sourire, elle était apparemment satisfaite du résultat et après avoir quelque peu rangé son matériel, elle vient vers nous, bouche courbée et yeux plissés.
S'en suivi alors de nombreux débats plus intéressant les uns que les autres auquel je prenais de temps en temps parti, sûrement dans un élan d'ennui qui sait ?
Pourtant quelque chose attira mon attention, de la fenêtre du premier étage où je me trouvais, j'avais une magnifique vue sur l'ensemble du complexe musical, c'était là où se trouvait toutes les salles de pratique. Pourtant quand je baissa la tête, j'eu la surprise de voir le corp fin du violoniste du bus. Il marchait là, toujours accompagné de son fidèle étui. Je pus remarquer que ce dernier, en plus de ne pas avoir de veste convenable malgré les températures hivernales, ne portait qu'une chaussure, son pied dénué de soulier laissant apparaitre de légères socquettes noires.
Interpelé par mon manque de réaction, mes amis ne mirent pas longtemps avant d'eux aussi fixer le jeune homme marcher doucement. J'entendis bien perceptiblement le léger soupir de Mina :
- Il me donne froid au dos à chaque fois que je le vois c'est pas possible... Murmura-t-elle doucement.
- Tu le connais ? M'étais-je donc empressé de répondre, impatient d'enfin pouvoir découvrir qui était ce garçon au yeux verts et au caractère plus qu'étrange.
Malheureusement elle coupa court à ma joie.
- Pas vraiment mais on va dire qu'ici il est plutôt connu pour être quelqu'un d'étrange. Il ne parle à presque personne sauf aux profs et encore, personne ne le connait vraiment mis à part une ou deux personnes tout au plus, si on les enlève, les seules personnes ayant déjà entendu le son de sa voix sont des membres du corps enseignant. On ne connait même pas son nom, ici notre nom est noté par le prof quand nous arrivons, il n'y a pas vraiment d'appel et aucun d'entre nous n'a eu le courage d'aller lui demander...
Elle soupira de nouveau bien que plus audiblement cette fois-ci avant de continuer :
- De ce que j'ai pu entendre, il n'est pas vraiment méchant mais c'est juste son caractère qui trouble tout le monde, aussi bien élève que professeur. Il est juste dans son monde. Les seules fois où il ne l'est pas c'est quand il joue du violon. Elle se redressa, retournant à sa place avant de venir s'assoir sur l'une des tables tout en nous regardant. C'est comme si pendant ce lapse de temps ce n'était plus la même personne. Ce n'est plus le garçon dans la lune, il se tient bien plus droit voire même un peu trop, tous ses mouvements sont calculés au centimètre et à la seconde près. Jamais son archet n'a fait fausse route. Jamais. Nous confirma-t-elle de nouveau. Son visage toujours si ouvert et enfantin se referme et laisse apparaitre son regard le plus concentré, ses yeux les plus perçants.
Et puis, sa musique... Comment parler de lui sans sa musique ? Elle est si douce et si triste. Ses partitions sont toujours les plus complexes, il les connait sur le bout des doigts, même les yeux fermés il pourrait les jouer. Il y a toujours une sorte d'atmosphère étrange lorsqu'il joue, je ne sais pas comment expliquer, c'est indescriptible mais ce qui est sûr c'est qu'il fait sans aucun doute parti des musiciens les plus talentueux de toute l'école. Elle finit son monologue les yeux dans le vide regardant la bâtisse d'en face s'en non plus trop y faire attention comme si elle se remémoré l'une de ses représentations.
Je n'avais pas posé plus de questions, comprenant qu'elle n'avait pas plus d'information sur lui mais pour moi c'était déjà une grande avancée.
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Ce soir-là, comme souvent maintenant, j'étais devant mon ordinateur attendant patiemment que le live démarre. Comme chaque jour, j'avais ma petite balade nocturne et comme chaque soir je l'avais vu descendre du bus, sa petite mallette à la main.
Je ne saurai dire depuis combien de temps cette routine s'était installé mais je m'y étais habitué et pour rien au monde je n'y renoncerai. Je ne savais pas trop pourquoi mais cet inconnu m'intriguait de plus en plus et apparemment c'était réciproque.
Je me souvenais de cette nuit où la tête levée vers les étoiles, il s'était simplement retourné, son corps tremblant et sa peau rougie par le froid. Il avait continué de regarder la multitude d'étoiles avant du doucement baisser la tête en ma direction. Le regardant déjà, je n'avais eu aucun mal à voir son léger sursaut au moment où ses iris émeraudes s'étaient posés sur mon corps, pourtant comparé aux fois précédentes, il n'avait pas fui immédiatement mais avait pris le temps de me faire un très léger sourire avant de partir, grelottant toujours plus.
Depuis ce jour il avait dû comprendre que j'étais là tous les jours puisque chaque soir, je le voyais se retourner pour me faire un petit sourire ou un léger signe de main, bien que très timidement. Inconsciemment, j'avais alors commencé à répondre à ses petits gestes en faisant de temps en temps des petits signes de mains agrémentés de faibles sourires quelques fois mal à l'aise.
La notification annonçant le début du live me ramena facilement à la réalité. C'était rare mais il avait une dizaine de minutes de retard. Son accoutrement était étrangement bien moins chargé qu'à l'accoutumé mais ne perdait en aucun cas sa beauté.
En effet en ce doux soir d'hiver, le jeune musicien était vêtu d'une belle chemise d'un blanc légèrement jaunâtre, sûrement dû aux multiples lumières tamisées, les manches trop grandes étaient toujours resserrées au niveau des poignées par de beaux boutons dorés. Cette dernière était rentrée au niveau de sa taille dans un pantalon montant en toile noire. Et bien que ses vêtements étaient légèrement plus moderne dû à son bas, il n'en restait pas moins ancien et doux.
Mais quelque chose me fit tiquer, c'était la première fois qu'il n'avait pas directement son violon dans ses bras comme il l'avait toujours fait, mais à peine eu-je le temps de le remarquer que je le vis bouger, évitant méticuleusement de faire apparaitre son visage à l'écran. Il revint quelques secondes plus tard avec son étui qu'il ouvrit rapidement, d'un geste naturel presque machinal tant il avait l'air de le faire avant d'en sortir son fameux violon. Il se recadra d'un pas avant de reprendre sa routine habituelle et de simplement regarder les commentaires défiler sans fin.
Au milieu de la pièce, l'étui fermé simplement posé, à la vue de tous. Pourtant quelque chose m'interpella, quelque chose que j'étais le seul à pouvoir remarquer.
Cet étui je le connaissais, c'était celui du garçon aux yeux émeraudes.
Je me releva soudainement, approchant le plus possible mon visage de l'écran. Ce n'était pas possible, pas vrai ? Ce n'était qu'une simple et fortuite coïncidence. Ce garçon si étrange, si perdu ne pouvait pas être ce même garçon que je voyais actuellement à l'écran. Pourtant ce fut à ce moment que mon cerveau décida de se souvenir de cette soirée passée avec Mina et les autres, cette soirée où elle nous avait parlé de son talent, de comment son comportement changeait lorsqu'il jouait et peu à peu je me laissais emporter par le doute.
J'étais à la fois heureux d'avoir enfin une piste sur les deux personnes dont je voulais en savoir plus mais savoir que ces personnes étaient peut-être bien le même être me troublais bien plus que je ne l'aurais imaginé.
Bien que je ne le montre pas, j'avais une confiance aveugle en mes amis, c'était comme ça avec moi. J'étais méfiant mais si je trouvais que la personne avait bon fond et bon caractère, alors je pouvais tout lui confier sans la moindre crainte. Peu de personne me convenait mais ceux qui passaient cette étape en valait vraiment la peine. Donc si Mina m'avait confié cette information avec autant de détail, je ne pouvais pas la remettre en cause, même si je le voulais, mon cerveau refuserait.
Je voulais savoir. Je voulais le connaître.
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Comme chaque soir, j'étais au bord de la route mais cette fois j'étais directement allé me mettre sous l'arrêt de bus, sachant pertinemment qu'il allait me voir. Je serais doucement mon téléphone que je tenais dans la main, essayant de me déstresser.
Ce ne fut que quelques minutes plus tard que le vrombissement du moteur vint perturber la musique que mes écouteurs m'envoyaient mais j'étais plutôt heureux au final, après tout le bus voulait aussi dire garçon étrange au violon et cette simple pensée me fis esquisser un sourire.
Le bus s'approcha doucement de moi et je vis la porte du bus s'ouvrir doucement, laissant s'échapper des hommes et des femmes dont les cernes creusés prouvaient leurs états de fatigue avancée. Je ne fis guerre attention au léger "au revoir" prononcé par certains d'entre eux, préférant me focaliser sur la personne que j'attendais.
Cette dernière arriva finalement. Il se courba rapidement devant le chauffeur avant de descendre les marches, tête baissée, mallette complétement comprimée entre ses deux bras. Il finit par descendre entièrement, sautant à la dernière marche pour finalement atterrir à pied joint.
J'aurais juré voir un petit enfant sortir d'un bus, pourtant c'était bien un jeune adulte, même le petit sourire satisfait de lui qu'il abordait me fis me poser des questions, c'était si mignon la manière dont il semblait fier de lui à cet instant que je ne pus réprimer un petit rire.
Ce dernier releva vivement la tête avant d'écarquiller les yeux. Ses joues déjà légèrement teintées par le froid devinrent rougeâtres en quelques secondes seulement. Il se redressa, mal à l'aise et quelque peu surpris par ma présence.
Légèrement stressé, je resserra de nouveau ma main. J'ouvris doucement la bouche le temps de réfléchir, j'avais tout prévu hier soir et aujourd'hui, répétant je ne sais combien de fois mais présentement je n'arrivais plus du tout à penser, alors bien que peu assuré, je leva ma main légèrement au-dessus de moi, un signe de salut avant de faiblement prononcer ces quelques mots :
- H-Hey. Avais-je maigrement murmuré.
Je m'en voulais beaucoup d'avoir bégayé de la sorte mais pour une raison inconnue, j'avais été intimidé. Oui, j'avais été intimidé par un mec qui venait de sauter à pied joint pour sortir d'un bus...
Il me regarda stupéfait, ne s'attendant sûrement pas à ce que je prenne la parole avant de, par respect, faiblement incliner la tête sans pour autant rompre le contact visuel.
Je n'avais à l'heure actuelle plus aucune idée de quoi lui dire ou encore de quoi parler je me détesté d'avoir simplement pensé que je trouverai sur le moment et que donc il m'était inutile de chercher plus loin pourtant j'étais bien là en face de lui, ce dernier attendant surement la raison de mon interpellation. Mais je ne pouvais pas vraiment lui dire : bonjour excuse-moi mais voilà depuis quelques temps je suis quelqu'un sur Twitch et franchement ton étui ressemble vachement au sien. Non clairement c'était bien trop étrange comme première interaction.
_Tu n'as pas froid à te promener sans manteau ? dis-je en regrettant mes paroles. Je pouvais finalement faire plus étrange comme première approche et j'en avais désormais la preuve.
Le garçon pencha légèrement la tête sur le côté, une expression plutôt neutre sur le visage.
_Pas vraiment, non ..Il sembla réfléchir quelques secondes, comme s'il ne c'était jamais posé la question avant de retrouver mon regard. En fait peut-être un peu .. ?
Il ne sembla pas vraiment sûr de lui ce qui me troubla encore plus. Comment ne pouvait-il pas avoir froid vêtu d'une telle sorte et sortant par de telle température ? C'était pourtant évidant vu le nombre de fois où je l'avais vu trembler.
- Alors, pourquoi tu ne prends pas de manteau ? Demandais-je plutôt curieux de savoir.
Il sembla de nouveau se perdre dans ses pensées avant de brusquement en sortir, me regardant les sourcils levés et parla cette fois plus distinctement.
- J-Je... Sa voix baissa légèrement, devenant plus timide. Je n'y ai pas pensé... Je l'ai oublié...
Pour être stupéfait je l'étais. Comment était-il possible d'oublier quelque chose de si important, et surtout comment était-il capable de l'oublier plusieurs fois malgré le vent et le froid ?
Je ne savais plus vraiment quoi dire, j'avais passé de nombreux scénarios dans ma tête mais pas une fois je n'avais osé imaginer que ce n'était que de l'étourderie.
Sûrement mal à l'aise de par mon silence ainsi que mon regard fixe sur sa personne, il finit par détourner ses iris émeraudes des miennes, les encrant sur sa mallette toujours bien protégée entre ses bras.
- J-Je vais y aller, avait-il dit seulement quelques secondes avant de se tourner et de marcher légèrement plus vite qu'à l'accoutumée sur la ruelle qu'il empruntait chaque jour.
Ce fut sûrement ça qui me fit me reconnecter, après tout je n'en savais pratiquement pas plus et ce n'était pas le fait de savoir qu'il ne se faisait pas voler son manteau mais plutôt qu'il l'oubliait qui allait m'en apprendre plus sur lui.
Je décida donc de le rattraper le plus vite possible. Malheureusement je n'avais pas pensé que mes soudain bruits de pas pourrait autant le déstabiliser et ce ne fus qu'à sa hauteur qu'il se retourna vers moi le visage entre la neutralité et l'inquiétude. Pourtant ce fut sans aucun doute l'expression la plus vivante que j'avais pu voir de lui avec bien évidemment celle qu'il avait fait en descendant du bus quelques temps auparavant.
Il ne s'arrêta pas pour autant alors pris d'une fougue inconnue j'attrapais la première chose qui me vint sous la main, son étui.
- NE TOUCHE PAS À ÇA !
Je sursauta brusquement avant d'enfin comprendre d'où provenait ce hurlement et apparemment je n'étais pas le seul à l'être. Le garçon me regardait lui aussi dans les yeux, toute trace d'agressivité avait disparu, le trouble était roi et la stupéfaction sa reine.
Nos iris descendirent sur l'étui à nos deux mains résidées encore. Je le lâcha doucement ne voulant en aucun cas le remettre dans une telle rage, aussi soudaine soit-elle.
Il s'éclaircît la voix comme si à ce simple cri, elle s'était rouillée, déraillé.
- Désolé, je... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Sa voix était lisse, il n'y avait aucun soubresaut mais elle n'en était pas moins expressive. Il était extrêmement simple de voir et comprendre son désarroi.
- C'est pas grave je n'aurais pas dû faire ça. Je me sentis quelque peu mal à l'aise mais maintenant qu'il était là et qu'apparemment il était d'accord pour m'écouter, je n'allais pas le laisser partir comme ça. En fait.. Ça fait quelques temps que je te vois le soir et honnêtement au début, le fait que tu ne portes pas de manteau me perturbait vraiment et ça m'a donné envie de te parler donc je me demandais si ça te disait de faire connaissance ?
Il m'observa les yeux grands ouverts, scannant ma personne. Ce ne fut qu'après une attente d'une dizaine de secondes qu'il parla le plus sérieusement possible.
- ... Tu me dragues ? Son ton était sans arrière-pensée, c'était même plutôt l'inverse, elle était si innocente et je crois que c'est ça qui m'avait le plus perturbé, quoique, il paressait aussi un poil amusé.
Je devais vraiment faire une tête pas possible puisqu'à peine quelques secondes après avoir dit ça, il tourna vivement la tête sur le côté, asseyant de subtilement cacher le rictus qui prenait de plus en plus de place sur son visage.
- OÏ ! Respecte-moi ! Ne puis-je m'empêcher de dire en guise d'avertissement. Avertissement qui fut d'ailleurs futile puisqu'il eut plus comme effet de relancer son fou-rire intérieur plutôt que de le stopper.
- Désolé. Finit-il enfin par dire, retrouvant pratiquement entièrement son expression neutre habituelle, pourtant je pouvais toujours apercevoir ses yeux rieurs.
Je n'avais dans toute ma vie jamais vu quelqu'un d'aussi représentatif de l'expression "les yeux sont le miroir de l'âme".
Un petit temps passa sans qu'aucun d'entre nous ne prenne la parole, laissant ainsi le silence maître des lieux. Il leva finalement les yeux au ciel et je ne pus m'empêcher d'en faire de même, par automatisme sûrement. Il dû le remarquer.
- Elles sont belles pas vrai ? Quand je ne sais pas quoi penser ou faire, j'aime les observer, de là-haut on doit paraître si petit tu ne penses pas ? Il me regarda, rapidement. J'hocha la tête. Depuis toujours je me dis que tout doit leur paraître si anodin, si insignifiant. Alors elles doivent se sentir si seules dans ce vide infini... C'est pour ça que depuis toujours je les regarde pour qu'elles soient moins solitaires et j'espère que quand je les rejoindrais, quelqu'un sera là pour me regarder aussi, pour ne pas que je sois seul...
Ses yeux levé vers les étoiles brillant de milles et unes couleurs, les éclats de verts se mélangeant pour créer ces œuvres d'art. Sa peau claire était éclairée par les doux rayons de la lune opaline ainsi que par les chaleureuses lumières tamisées des éclairages de ville. Une douce neige tombait en douceur sur nous, recouvrant quelques secondes sa petite chemise avant de disparaitre.
J'eu un étrange frisson devant ce tableau de maître tant il était beau et bien réalisé, une douce chaleur s'empara de moi et toujours en le regardant, je libéra un murmure à peine audible.
- Je te promets, que tu ne seras plus jamais seul...
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Quelques mois étaient passés depuis notre première conversation et notre relation évoluait de jour en jour. Si les premiers temps il fuyait assez rapidement, environ dix à vingt minutes après le début de la conversation, on pouvait dorénavant parler beaucoup plus longtemps.
D'ailleurs quelque chose c'était confirmé dans mon esprit, si avant je le trouvais un peu étrange, j'avais maintenant la confirmation que ce n'était pas qu'une impression. Il avait une manière de penser bien à lui que je trouvais vraiment intéressante et amusante, ses réactions improbables et inattendus et il était surtout très souvent dans la lune ou avait les yeux dans le vide.
Je ne lui avais jamais parlé du violoniste au style victorien car je m'étais rendu compte que ce n'était désormais plus le cadet de mes soucis. En effet, si avant je ne pouvais passer un jour sans me questionner sur son identité, je n'y pensais maintenant que très peu. Évidemment, pour rien au monde je ne ratais l'un de ses lives mais dorénavant je regardais plus fixement l'écran, analysant le moindre pixel mais je me posais au calme et j'appréciais auditivement le talent de ce garçon.
Autre nouvelle le garçon du bus avait maintenant un nom et un âge. Izuku Midoriya, 20 ans. Il était légèrement plus jeune que moi, de quelques mois seulement. On parlait souvent de tout et de rien, de légende, de peinture, de comptine, de ses cours de temps en temps, mais la plupart du temps, d'astronomie et de musique.
Il aimait beaucoup l'astronomie et était convaincu qu'on rejoindrait tous le ciel une fois nos derniers souffles expirés. Il avait d'ailleurs une façon bien à lui d'accepter la mort, je me rappelle d'un soir où il m'avait confié qu'il n'avait pas peur de la mort, qu'il la considérait comme l'accomplissement de la vie et non comme son arrêt. Je me souviens ne pas avoir su quoi répondre, alors j'avais juste levé la tête.
Il ne parlait pas souvent de son violon mais lorsqu'il le faisait on pouvait sentir à quel point c'était important pour lui. Comme une échappatoire, c'était dans ce genre de moment que je repensais à ce que m'avait dit Mina.
C'était surtout pendant ce genre de moment, juste lui et moi à regarder le ciel partiellement allongé dans l'herbe froide, parfois gelée, que je me rendais compte d'à quel point il était devenu important pour moi.
Son échappatoire était le violon, lui était le mien.
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Ce matin était ordinaire, les fleurs refleurissaient doucement, nous émerveillant de leurs couleurs infinis et de leurs douces senteurs enivrantes. Les oiseaux étaient revenus il y a quelques temps déjà, la fine rosée du matin qu'arborait les prairies, amenait cette douce humidité que j'affectionnais tant, tout était si agréable, si calme.
Peut-être un peu trop pour mon téléphone qui décida de sonner.
Les sonneries stridentes et incessantes eurent rapidement raison de ma faible patience et c'est donc après quelques secondes seulement que je décrocha alors, malgré le numéro inconnu.
- Bonjour vous êtes bien Mr. Bakugo Katsuki ?
- Ouais c'est pour quoi ?
- Désolé de vous déranger, je suis l'infirmier de l'école de musique de l'étudiant Midoriya, sur son dossier médical votre nom et votre numéro de téléphone sont notés, vous êtes donc la première personne à appeler en cas de problème.
- Il va mal ?? Fut tout ce que parvins à dire, toute la colère que je renfermais envers mon cellulaire il y a encore quelques secondes s'était immédiatement transformée en inquiétude.
- Ce n'est pas très grave mais on ne peut pas dire qu'il aille très bien, il a fait un malaise il y a une ou deux heures, simplement de la fatigue rien de plus mais il faut qu'il se repose, la voix fatiguée de l'homme marqua une pause avant de rajouter ; vous pensez pouvoir venir le chercher ?
Je senti mon sang ne faire qu'un tour dans mon corps.
- Oui évidemment ! L'adresse est bien 22 Rue du One For All ?
- Euh oui ? Je vous y att-
Je raccrocha le plus vite possible, me dépêchant de me couvrir de vêtements un minimum potable avant de me précipiter en dehors de mon appartement, mon cellulaire dans une main, deux manteaux dans l'autre.
Je monta dans ma petite voiture d'occasion avant de foncer le plus vite possible à l'adresse communiquée ou plutôt confirmée quelques minutes auparavant. Il avait beau m'avoir rassuré ou tout du moins tenté de me rassurer, je n'en restais pas moins inquiet.
Lorsque je me trouva devant ce bâtiment que je connaissais bien à force de rendre visite à Mina, je ne pris pas la peine de vérifier le plan de l'établissement avant de m'enfoncer dans le labyrinthe de couloirs qu'était la vielle bâtisse. J'avais, un jour, cru apercevoir ce qui s'apparentait plus ou moins à une infirmerie, alors c'était avec ce vague souvenir que j'essayais de retrouver cette pièce.
Je finis finalement par la trouver à l'aide des multiples indications murales mais étrangement je n'entrais pas directement, non, je restais quelques instants plantés là sans pouvoir bouger, comme tétanisé. L'homme m'avait pourtant assuré qu'il allait bien alors pourquoi étais-je dans l'incapacité de faire quoi que ce soit ?
Je pris finalement une grande inhalation d'air pur avant d'ouvrir la porte et d'entrer.
Il était là à quelques lits de moi, son corps recouvert d'un drap ne laissant que sa tête apparaître. Sa respiration calme me rassura, il allait bien... Tout allait bien...
Je m'avança de quelques pas pour arriver à son chevet, sa peau opaline semblait aussi douce et lisse que la peau d'un enfant, les traits de son visage étaient fins, les légères boucles de ses cheveux charbonneux aux reflets verdâtres retombaient sur son front ou quelques gouttes de sueurs s'étaient accumulées.
Je chercha autour de moi de quoi le rafraîchir avant de tomber sur une petite bassine accompagnée d'un tissu. Il ne me fallut pas longtemps avant que je ne m'en saisisse et d'un geste tendre, je vins relever ses mèches pour y placer la sobre étoffe imbibée d'eau.
- Je ne m'attendais pas à vous voir aussi vite. Dit une voix visiblement surprise par ma présence.
Je me retourna rapidement, moi aussi surpris par cette prise de parole.
Devant moi se trouvait un homme d'une trentaine d'année. Il était plutôt grand, le teint cadavérique, son début de barbe mal taillée ainsi que ses cernes plus que marquée lui donnaient un air fatigué et ses longs cheveux noir manquant d'entretiens ne me firent pas revenir sur ma première analyse. Il était vêtu de vêtements simple presque impersonnel tant il ne se démarquait pas.
- J'étais plutôt inquiet... Mes yeux vinrent se poser sur le corp endormi du violoniste.
- En fait ça me rassure un peu, il soupira avant de venir rassembler ses cheveux en une queue-de-cheval basse et de lui aussi s'avancer au chevet d'Izuku. Il est tout le temps seul et ne parle à personne, le plus étrange c'est que ça ne semble pas le déranger plus que ça mais bon... Je dois quand même m'assurer que les élèves ont un minimum d'interaction et ne sont pas délaissés.
Il s'approcha de lui attrapant le thermomètre frontal qui traînait sur la table de chevet avant de prendre sa température. Au bout de quelques secondes, il soupira de nouveau avant de me dire d'un air blasé mais tout de même légèrement rassuré.
- Bon sa fièvre a un peu diminué, je vais devoir y aller j'ai une réunion et je vais sûrement dormir alors je ne serais pas là avant quelques heures. Vous pouvez rester là jusqu'à son réveil mais après ramène-le chez lui, c'est pas un squat ici.
Je le vis partir sans grande envie nous laissant de nouveau dans un calme reposant. Ce fut alors à mon tour de soupirer. Je me retourna et m'assis sur un petit fauteuil à la qualité discutable qui avait été mis proche du lit. Il bougeât quelques instants avant de redevenir calme, son corps à présent en face du mien, ses deux mains recroquevillées contre son corps lui aussi en boule.
Cette vision réchauffa mon corps et mon cœur, je me sentais si bien peut-être même vulnérable pourtant pour rien au monde je n'aurais chassé cette quiétude éphémère. J'avança doucement ma main vers son corps, touchant sa main avant de l'encercler de la mienne, rejoignant peu à peu les bras de Morphée.
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Je m'étais réveillé sûrement bien plus tard, de doux et chaleureux faisceaux orangés venaient me chatouiller le visage. Je remarqua bien vite le lit défait et vide devant moi ce qui eut dont de me ramener bien plus vite à la réalité. Mon regard vacilla à toute vitesse dans la salle avant de finalement arrêter leur course effrénée sur la silhouette élancée d'Izuku.
Je m'approcha doucement de lui ne voulant en aucun cas briser l'atmosphère si relaxante qui régnait en ces lieux. Malgré tout il dû entendre mes pas car il finit par tourner la tête, encrant profondément ses iris smaragdines dans celles carmines de mes yeux.
- Ça va mieux ?
Il m'observa quelques secondes avant de m'offrir un tendre sourire accompagné d'un léger hochement de tête.
- Oui, j'ai sûrement dû prendre un peu froid, son ton indiquait clairement de l'amusement accompagné d'une pointe de gêne.
- Ce n'est pas faute de t'avoir prévenu. Dis-je moi aussi simplement amusé par la situation.
Son sourire disparu, prenant un visage sérieux. Il se tourna enfin complètement face à moi, me jaugeant avant de s'avancer pour venir se planter devant moi.
Je ne compris pas vraiment ce qu'il faisait jusqu'au moment où je sentis subitement deux bras m'enlacer d'abord doucement puis de plus en plus fort comme s'il avait peur que je parte s'il me lâchait ne serait-ce qu'un peu. Il enfouit son visage dans mon cou, faisant traîner son petit nez froid sur mon épiderme.
- Merci d'être resté à mes côtés.
Sa voix fut si faible qu'elle me provoqua un frisson que je n'eus même pas la force de camoufler et pour la première fois depuis que je le connaissais, je ressentis de la tristesse et de la reconnaissance dans sa voix.
Je ramena à mon tour mes bras dans son dos, froissant au fur et à mesure sa fine chemise entre mes doigts, comprimant peu à peu sa taille.
- Je ne te laisserai plus être seul, je resserra de nouveau ma prise enfouissant à mon tour ma tête dans son cou, je te le promets.
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Je connaissais bien cette rue, après tout c'était celle où je voyais Izuku s'engouffrer avant de disparaître dans la pénombre de la nuit mais cette fois j'étais à ses côtés. On était tous les deux, marchant doucement au rythme des douces bourrasques de vent caressant le bitume.
En effet j'avais tenu à l'accompagner, craignant un autre malaise même si les chances étaient évidemment faibles.
La vielle rampe d'escalier rouillé que je suivais menait vers un vieil immeuble légèrement en retrait, le genre de bâtiment un peu mal entretenu où l'on pouvait facilement s'introduire et il n'y était pas rare d'y voir des jeunes un peu cons.
Pourtant c'était bien dans ce même immeuble délavé qui était tout au bout de la petite ruelle où Izuku s'engouffrait chaque jour que, bien que mal assuré, je suivais le violoniste arrivant plutôt rapidement devant la bâtisse. Mais cette dernière s'avéra être bien différente que ce que je pensais, en effet malgré cet air vieillot, elle n'en était pas moins plutôt chaleureuse et accueillante.
Izuku retira rapidement ses chaussures avant que je n'en fasse de même sous son regard insistant, puis il partit en trottinant vers ce que je devinais être la cuisine, ce qui me permis d'un peu observer l'intérieur. Un escalier se situait juste devant moi, et ce détail n'aurait pas dû attirer mon attention, après tout ce n'était absolument pas rare mais ce qui me perturba fut que le peu de l'étage supérieur que je pouvais apercevoir me semblait diamétralement opposé à celui dans lequel je me trouvais actuellement.
Le rez de chaussée où je me trouvais abordait de simple mur blanc décoré de multiples bibelots aux couleurs voyantes, diverses et variées mais quand je regardais en haut je pouvais y voir des couleurs ternes et sombres, les couleurs tournant principalement dans les tons ocres, noirs, rouges et doré.
- Tu viens ?
Je sursauta un peu à cette intervention, ne m'attendant sûrement pas à l'entendre crier de la pièce voisine. C'est la tête pleine de questions que j'avança dans la petite maison, arrivant rapidement dans la salle de séjour/cuisine.
Il avait rapidement disposé des assiettes et des couverts argentés sur la petite table basse devant la télé, juste devant un grand canapé d'angle accueillant en son centre un jeune chat au pelage blanc neige et aux adorables yeux bleus, semblant dormir à point fermé.
- Je ne savais pas que tu avais un chat... Dis-je en direction de la cuisine tout en observant le petit félin respirer doucement, bougeant ou donnant de temps en temps des coups de pattes.
- En fait je l'ai trouvé dans la rue il y quelques temps, il était vraiment maigre et sale, il avait aussi une blessure à la patte qui s'était infectée alors je l'ai emmené chez le vétérinaire et apparemment il appartenait à un vieil homme malheureusement décédé, la famille de ce vieil homme n'ont pas voulu s'en occuper et l'a juste abandonné. Il finnisa sa phrase à mes côtés, une casserole pleine de pâtes dans les mains et le regard ancré sur le petit être devant nous.
Il soupira rapidement avant de se retourner et de poser le récipient sur la table. On s'installa sur le canapé faisant attention à ne pas écraser l'animal et nous nous mîmes à manger ayant comme fond sonore un film choisi aléatoirement sur Netflix.
Durant le repas, je n'avais eu de cesse de me poser des questions comme par exemple pourquoi vivait-il seul dans un immeuble entier. Bien qu'il n'y ai que deux étages et qu'en soit le bâtiment était plus large qu'une maison de quelques mètres seulement, cela représentait quand même une somme très importante.
Il dû voir à ma tête que je me posais un tas de question car il coupa le son du programme en route, que nous avions d'ailleurs mis plus bas pour avoir une ambiance sonore que par réelle envie de visionnage, et se tourna légèrement de sorte à ce qu'il soit en partie en face de moi.
Je voulais lui demander beaucoup de chose, pourtant une seule question me venait en tête.
- Il y a quoi en haut ? Dis-je plus doucement qu'a l'accoutumé.
Il me regarda un léger temps, sûrement pour chercher quoi répondre avant de tout simplement se lever et se diriger vers l'entrée. Il s'arrêta à l'entrebâillement de la porte, m'intimant de le suivre, ce que je fis d'ailleurs sont l'once d'un doute. Il monta calmement les escaliers suivis de près par ma personne et quand nous fûmes en haut des marches, il se décala légèrement, m'offrant un magnifique aperçu sur une pièce de l'étage.
Une pièce que je ne connaissais que trop bien.
Je m'avança doucement, presque timidement vers le petit bureau puis la bibliothèque, effleurant du bout des doigts les reliures en cuire de vieux ouvrages. La petite planche de bois finement gravée où le surnom "Deku" apparaissait. Je prenais en mains quelques-uns des petits bibelots, ne trouvant toujours pas leurs utilités, je pouvais d'ailleurs entendre les légers rires d'Izuku à chaque fois que je manipulais un quelconque objet dans l'espoir de le faire fonctionner.
J'avais l'impression d'être un gamin découvrant pour la première fois un monde fantastique n'apparaissant que dans ses songes.
Je m'arrêta finalement devant une caméra bien installé sur un trépied, donnant un angle de vu parfait sur le décor.
J'avais ma réponse. Après plusieurs mois j'avais enfin obtenu ma réponse. J'étais pratiquement sûr mais il manquait cette confirmation.
Je sentis du mouvement à mes côtés puis apparu Izuku.
- Je savais que tu écoutais ma musique, il s'arrêta, observant mes yeux grand ouvert puis repris, Tu étais assis à mes côtés sur l'un des bancs du bus et tu avais fermé les yeux, les écouteurs dans les oreilles, je t'en ai piqué un pour écouter et c'est là que j'ai compris. Je dois t'avouer que sur le moment j'étais vraiment surpris, je ne m'attendais pas à ça que tu écoutes du violon et encore moins moi mais je dois aussi t'avouer que ça m'a vraiment fait plaisir...
Il avait planté son regard dans le mien, parlant doucement, un faible sourire presque tremblant au visage.
J'attrapa sa main puis m'apprêtant à parler, je pris une grande inspiration mais je fus très vite coupé par un miaulement, nous faisant baisser la tête.
Il ne fallut que peu de temps pour qu'Izuku se retrouve avec un chat dans les bras qui avait apparemment envie de jouer au vu des petits coup de pattes, qui me semblait au passage plutôt douloureux.
J'en voulais très légèrement à ce chat de m'avoir interrompu mais je devais avouer ne pas savoir comment en vouloir à cette boule de poile.
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Un bruit sourd retenti soudainement dans mes oreilles malgré de nombreuses insultes de ma part. En effet mon téléphone me donnait des envies de meurtre dès le matin et ce n'était certainement pas le bruit stridant et incessant de l'alarme qui allait me faire changer d'avis.
Je l'arrêta un peu à l'aveugle avant de replonger mon bras du cocon de chaleur que créer ma couette pourtant je sentis le lit s'affaisser dans un son extrémité.
Je n'eus pas le temps de chercher la potentielle cause de ce mouvement que je sentis quelque chose de chaud et humide au niveau de ma tempe, comme si on me léchait.
J'ouvris rapidement les yeux, le souffle coupé, essuyant la bave de mon visage pour finalement tomber sur le putain de chat d'Izuku. Ce dernier me regardait de ses yeux innocents de félin alors que moi et mon air dégouté des récents évènements le jugeait quelque peu.
Évidemment ce n'était, à mon plus grand regret, pas la première fois que j'avais ce genre de réveil. C'était devenu courant pour moi voire même une habitude de rentrer avec Izuku et de finalement dormir chez lui, ne rentrant chez moi que peu après son départ. J'avais la chance d'avoir des horaires très souple. J'avais pourtant pris cette habitude de toujours me réveiller quelque temps après Izuku pour quand même pouvoir lui parler un peu avant le début de sa longue journée.
C'était donc sûrement pour ça qu'Izuku se tenait actuellement près de la porte de la chambre, la caméra de son téléphone pointée sur moi et un léger sourire espiègle dessiné sur son visage.
- C'est une magnifique réaction que tu m'offres là, plaisantât-il.
- C'est ça marre toi, ne puis-je que répondre devant son sourire de plus en plus présent.
Il s'avança vers moi, le revers de sa main mis sur son front dans une position dramatique totalement exagérée qui me fis bien rire.
- Seigneur, qu'ai-je donc fait pour mériter un invité possédant un vocabulaire si disgracieux ? Il termina sa réplique en essuyant ses larmes de crocodiles d'un tapotement de doigts.
Il se laissa finalement tomber en avant, mimant toujours aussi exagérément un malaise de bourge au vu de la posture particulièrement ridicule dans laquelle il se trouvait.
Je me retrouva bien rapidement écrasé par un Izuku aux faux airs de noble. Il essaya à de multiples reprises de m'attaquer vainement avant de finalement me balancer un coussin en pleine figure et s'enfuir en courant, riant à gorge déployé.
Je me releva et le poursuivi sans attendre.
Ça lui arrivait de temps en temps de faire ce genre de chose, juste oublier toute la pression qu'il avait pour ses études, juste tout oublier le temps de quelques minutes à rire comme un enfant quitte à s'en exploser les poumons.
Il avait de moins en moins ce masque de neutralité avec moi, ce masque qu'il s'était forgé inconstamment par peur des autres, celui qui cachait sa personnalité tête en l'air et attachant, talentueuse et amusante et un peu étrange sur les bords.
Mais c'était surtout ces aspects là que j'aimais de lui. Quand on se courait après comme des enfants pour aucune raison, quand il oubliait son manteau chaque jour et que je me retrouvais finalement à courir dans la rue comme un con en pyjama pour le lui apporter avant que son bus ne l'emmène, quand il posait sa tête sur mon épaule quand il lisait avec attention une nouvelle partition ou encore quand je devais le porter jusqu'à sa chambre lorsqu'il somnolait devant un film et qu'il ne voulait plus me lâcher.
C'était ces aspects là que personne ne voyait ni même ne soupçonnait et dont seul moi avait le secret.
Je l'attrapa finalement bien que difficilement, en effet il était vraiment plus rapide que ce qu'on pouvait imaginer, ce qui m'avais d'ailleurs beaucoup surpris la première fois.
- Fichtre, criât-il, se débâtant plus pour la forme que pour réellement s'échapper de mon emprise, Pensez-vous vraiment qu'un vil gueux tel que vous ai le droit de toucher une personne de mon rang de la sorte ?
- Mon seigneur ne veut donc pas de moi, je resserra mon emprise autour de ses hanches collant presque ma bouche puis chuchota d'un ton faussement blessé, C'est bien dommage, j'aurais pu lui donner beaucoup de choses... Je le senti frissonner à la fin de ma phrase.
- Et qu'auriez-vous à m'offrir ? Demandât-il malicieusement.
- Et bien vous n'avez qu'à me demander ? Je pourrais peut-être satisfaire le damoiseau ici présent vous ne pensez pas ?
- J'ai peut-être une idée, m'accorderiez-vous une faveur ?
- Assurément, je suis toute ouïe. Dis-je tout en enfonçant ma tête dans son cou.
Il posa ses mains par-dessus les miennes, les caressant tendrement du bout des pouces.
- Ne t'en fait pas, tu me donneras mon dû en temps voulu.
- Tu as raison, je vais attendre un peu sinon tu seras sûrement en retard, déjà que là t'es un peu dans la merde... Dis-je en rigolant lorsque je le vis relever la tête à une vitesse bien trop rapide avant de partir en courant se changer tout en jurant de temps en temps.
Ce fut donc sous les injures presque inaudibles du violoniste et mes rires apparemment très mal camouflés que je finis par le déposer devant son école, n'oubliant pas de lui donner un manteau que j'avais mis au préalable dans ma voiture.
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J'étais une fois de plus chez Izuku mais cette fois on était tous les deux dans le canapé allongé l'un sur l'autre avec Chat à nos côtés.
- Dis... Commençais-je, pas sûr de la manière dont j'allais tourner ma question. Je viens de me rendre compte que je ne t'ai jamais entendu jouer en vrai...
Il ne parla pas, attendant sûrement la fin de ma phrase mais ses yeux s'étaient posés sur moi.
- J'aimerais t'entendre.
Le silence me répondit, sur le coup je crus ne pas avoir parlé assez fort pour qu'il m'entende mais compris que ce n'était pas le cas quand je le vis se lever doucement pour prendre en main le petit étui de cuir posé sur la table. Il l'ouvrit habillement en sortant son violon ainsi que son archer et après m'avoir regardé une dernière fois, il positionna son instrument.
Il se redressa lentement, releva le menton puis ouvris ses yeux, me sondant de ses émeraudes. Jamais je n'aurais pu imaginer Izuku si imposant, non plutôt charismatique, il semblait si différent, bien plus mature.
Un premier son puis un second puis un autre et bientôt une farandole de notes vinrent s'assembler créant avec une facilité déconcertante une complexe mélodie enivrante.
Ses mouvements étaient vifs et semblait parfaitement maîtrisés, bien loin du petit garçon maladroit que je connaissais.
Je ne pus décrocher mon regard durant tout le long de ce mini concert privé.
Lorsqu'il eut fini je fus ébahi, jamais je ne me serais douté que l'écouter allait tant me bousculer. Je l'avais en effet déjà écouté à de nombreuses reprises mais le voir devant moi aussi sérieux c'était quelque chose que pour rien au monde je n'échangerais.
- Wooow... C'était incroyable...
Il déposa avec attention son instrument dans son étui avant de me regarder étrangement, comme s'il hésitait à parler.
- Tu peux venir là ?
Je me leva pour finalement venir devant lui comme demandé. Il me regarda intensément et je ne me gêna pas pour faire de même, découvrant autant que possible presque avidement cette nouvelle facette de sa personnalité que je ne soupçonnais pas. Même si Mina m'en avait brièvement parlé, je ne m'attendais absolument pas à ça.
- Tu me dois quelque chose tu t'en rappelles ?
J'hocha positivement la tête, surpris qu'il me reparle de ça en ce moment. Il paraissait sûr de lui, presque autoritaire.
- Embrasse-moi.
Je ne bougea pas pendant quelques secondes le temps de comprendre ce qui venait de se passer puis dans un élan vif, presque désespéré, j'attrapa ses joues pour dévorer ses lèvres dont je rêvais. Il s'accrocha à moi, participant tout autant à l'échange sauvage qu'on s'offrait. Si on décollait nos lèvres, c'était pour les faire se rencontrer un peu plus longtemps à chaque fois, il me laissa l'accès à sa bouche alors je n'hésita pas bien longtemps avant de venir y introduire ma langue, découvrant pour la première fois sa jumelle.
Nos respirations se faisaient saccadées, détruite par le manque d'oxygène mais on s'en foutait éperdument. Mes mains glissèrent le long de sa taille touchant cette fine taille svelte que j'avais longtemps observé pour finement s'y caller. Les siennes allèrent découvrir le bas de mon dos pour l'une et mon cuir chevelu pour l'autre, tirant de temps à autre mes cheveux à cause du surplus de sensation nouvelle.
On sépara enfin nos bouches rougies et enflées par les échanges précédents. Son front vint se poser contre le mien le temps que l'on reprenne une respiration un tant soit peu normal.
- Je pense que c'est la meilleure dette qu'on m'ai faite.. Dit-il difficilement le souffle court.
- Parce que monsieur le damoiseau a de quoi comparer ? Rigolais-je.
- À toi de voir, si tu veux me donner de quoi comparer avec ce premier essai, finit-il par me souffler à l'oreille. Mais si tu pouvais juste attendre que je reprenne mon souffle ce serait sympa.
Il me serra dans ses bras, posant sa tête sur mon épaule.
- T-Tu avais dit que tu ne me laisserais plus seul, tu me l'as promis, tu n'as pas le droit de refuser maintenant, il resserra son étreinte tout en évitant de me faire mal. Reste avec moi pour toujours...
Je ne m'attendais pas à ce genre de déclaration pourtant ça lui ressemblait bien. Il ne l'avait pas vraiment dit pourtant on savait tous les deux ce que cette phrase voulait dire. C'est donc le sourire aux lèvres que je vins caresser ses cheveux d'un tendre geste, jouant avec ses petites bouclettes verdâtres.
- Je te l'ai promis, je suis un homme de parole.
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