Jungwon (Enhypen) ~ You're my life
Encore une journée de plus. Encore une journée à être seul, seul et encore seul. Je resterais sûrement comme ça jusqu'à la fin de ma vie... Mais bon, ainsi allait la vie du pauvre petit Yang Jungwon, n'est-ce pas ? Moi qui n'avais rien demandé mais sur qui le mauvais sort tombait toujours, ne voulant pas me lâcher d'une semelle. Je soupirais longuement en regardant le plafond d'un air désespéré. Je me levai pour pouvoir aller m'habiller de mon uniforme, puis déjeuner. Je m'assis à la table du salon et je levai mon regard devant moi. Je laissais mes lèvres s'étirer complètement face à la magnifique vue qui s'offrait à moi. La seule personne qui me tenait compagnie dans ma pauvre petite maison, c'était lui. La plus belle personne qu'il m'ait été donné de rencontrer dans ce foutu monde plus noir que le néant. La seule personne qui me comprenait. La seule qui était un tant soit peu gentille avec moi. Ah oui, on l'avait connu le pauvre petit Jungwon, ce pauvre petit ringard qui se faisait tabasser. Et on connaissait les êtres humains ! Tous pareils. Tous à critiquer. Tous à faire du mal. Mais le petit Jungwon qui subissait tout ça, il ne disait jamais rien hein. Jamais, pas un mot ; par peur des représailles qui pourraient s'avérer pires que l'action en elle-même. Non, on pouvait simplement entendre le son des ses sanglots, lorsqu'il était replié en boule dans un coin. Mais ce jour... Ce jour a changé ma vie. J'ai rencontré mon âme-sœur, ma raison de vivre, mon tout. Ce jour, je lui en serai éternellement reconnaissant. Lui, m'aimais vraiment. Il m'avait sauvé de tous ces gens. C'était mon ange gardien, il était tout pour moi. Tous les jours, si j'allais au lycée, c'était pour le voir, lui et son magnifique sourire qui faisait tomber beaucoup de filles à ses pieds. Je n'étais pas une fille, moi, mais il avait réussi à m'attirer dans ses filets. Je l'aimais, beaucoup, énormément même.
- Heeseung... je caressais de ma main le cadre en face de moi. Tu es tellement beau...
Je l'admirais du plus profond de mon cœur. Je ne saurai décrire la relation que j'avais avec lui, mais je savais qu'il pensait à moi tous les jours, qu'il était présent pour moi quand j'en avais besoin. C'était le seul à s'intéresser à la personne que je représentais. Je n'étais pas grand chose, juste un bon à rien, mais lui m'avait tendu sa main lorsque j'étais traité comme un moins que rien, une ordure. Sa main... La chose la plus douce que je n'ai jamais touché de ma vie, juste la douceur pure, chose que je n'avais jamais connue. Je ne connaissais rien de comment vivre une vie normale. Je n'avais aucune once de normalité en moi, on me l'avait bien fait comprendre au fil des années qui passaient. Mais Heeseung, lui, avait fait abstraction de tout cela et il m'avait tendu sa main. Ce geste... Il signifiait tout pour moi. Tout ce que je n'avais pas eu avec mes parents, ma famille simplement. Juste une aide, une épaule sur qui me reposer lorsque tout devenait flou autour de moi. Mais, au final, je me rendais compte qu'on ne se parlait jamais. Il fallait que ça change, et tout de suite ! Je déjeunai rapidement avec mon Heeseung adoré, son regard protecteur posé sur moi. Puis j'attrapai mon sac de cours et je sortis précipitamment de chez moi, cette espèce de taudis qui devrait se faire rénover un de ces quatre. Et c'est sur cette pensée que je partis rejoindre l'étincelle qui animait la faible flamme de mon cœur qui crépitait dangereusement. J'espérais quelle ne s'éteindrait jamais, que Heeseung remettrait encore et encore des étincelles pour que nos flammes intérieures n'en forment plus qu'une seule et même. Je me rendis donc à pied en Enfer et en batifolant au Paradis. Et le trajet fut plutôt hâtif, penser à mon étoile m'avait fait accélérer le pas. J'arrivai devant le lycée, aussi sombre était-il. Je mis automatiquement ma capuche sur ma chevelure brune, pour me cacher d'eux. Me cacher de ces moqueries qui fusaient déjà. Ces doigts pointés tous dans la même direction. Ces rires vils me jugeant de toute part, m'entourant, m'oppressant. Mon cœur... Mon cœur était contracté, j'avais du mal à respirer. Comme si on serrait du plus fort possible mes organes, pour que je ne puisse plus jamais voir mon Heeseung. Je courus en direction de ma classe, où j'arrivai bien vite. À mon entrée dans cette bulle en apparence calme, personne ne me remarqua, cela ne changeait pas de d'habitude. Ma place étant au premier rang, j'allai m'asseoir en face du tableau, seul. Je sortis mes affaires en reprenant ma respiration qui m'avait été arrachée à cause de ces monstres. Mais lorsque je reposai mon sac à côté de ma table, je sentis quelque chose venir heurter ma tête, ma capuche ayant été retirée sous les règles qu'imposait le lycée. Je ne voulais pas me retourner, je ne voulais pas leur faire face. Lui faire face. Il allait me frapper, encore une fois. Je ne lui avais rien fait ! Mais j'avais su que, dès qu'ils avait posé ses yeux mesquins sur mon mètre soixante-quatorze, il ne m'avait pas aimé. Et il ne m'aimerait jamais comme Heeseung m'aimait.
- Hé sac à merde ! s'exclama la personne que je redoutais le plus.
- Beaucoup moins sympathique qu'un Eastpak. gloussa Jake, entraînant les deux autres idiots avec lui.
- Tu fous quoi ici ? reprit Jay en s'arrêtant de parler, attendant une réponse de ma part qui ne vint jamais. Tu ne devrais pas être mort et enterré par hasard ?
Lui et ses deux complices éclatèrent dans un rire diabolique qui me donna des frissons remontant le long de ma colonne vertébrale. Je ne voulais pas me retourner, rester de dos me convenait parfaitement. Me retourner à lui était égal à ma mort signée en avance. Un pincement au cœur vint me prendre de court sous sa phrase. Mais je me sentis d'un coup mieux.
- T'en as pas marre d'être méchant Jong-Seong ? l'interpella tout ce qui représentait mon monde.
- Mêle toi de tes affaires Lee, on t'a pas sonné. répliqua le diable de la classe.
- Tu t'attaques encore à un élève, et en plus de la classe. En tant que délégué tu crois vraiment que je vais laisser passer ça sans rien dire ?
- Pfff ta gueule ouais.
Je tournai légèrement la tête vers Heeseung qui se trouvait plus en arrière et je le vis rouler des yeux. Il m'avait encore sauvé, mon amour. Mon trésor, le plus précieux qu'il m'ait été donné de rencontrer. Je me sentais rassuré de l'avoir à côté de moi, dans mon cœur aussi. Un soupir discret traversa la barrière de mes lèvres et notre professeur d'histoire rentra dans notre classe en désordre. Mais lorsqu'il posa ses affaires sur le pupitre devant moi, une présence vint se poser à mes côtés. Je tournai rapidement la tête vers cette personne. Mes yeux vinrent s'ouvrir en grand et mes joues prirent une couleur bien différente de d'habitude. Il était là, posé à quelques ridicules centimètres de moi. Un sourire magnifique ornait ses lèvres roses, ce qui m'en fit lâcher un petit, la première fois depuis bien longtemps. Heeseung, il était venu s'asseoir à côté de moi pour me protéger de Jay, de l'ignoble personne qu'il était. Mais je savais qu'il était plus fort, je ne pouvais rien faire contre lui. Sauf que Heeseung, lui, pouvait largement le battre. Mon héros ! Il était là rien que pour moi. Il tourna la tête en ma direction et je lui affichais mon plus beau sourire. Rien que pour lui.
- Je viens là pour mieux voir le tableau, comme ton voisin n'est pas là. dit-il calmement.
Je ne pouvais pas sortir un seul son de ma gorge, trop admiratif et honoré qu'il m'adresse la parole. Personne ne me parlait jamais, je n'étais pas quelqu'un envers qui les gens avaient confiance et quelqu'un qu'ils appréciaient. Le cours passa à vitesse grand V, je le fixai tout du long sans pouvoir m'arrêter. C'est alors que la fin des cours du matin sonna, mon estomac criait depuis deux heures au moins malgré mon petit déjeuner. Mon nouveau voisin rangea ses affaires et se dirigea vers la sortie de la classe en entraînant ses amis. Il avait vraiment beaucoup de chance. J'aurais aimé naître comme lui, avoir des amis, ressembler à un dieu, être populaire et simplement être aimé de tout le monde. Dès qu'il fut sorti de la salle, je me levai rapidement pour le suivre, ne voulant pas l'abandonner. Je trottinais derrière lui pour le rejoindre. Il discutait et rigolait avec ses meilleurs amis Sunghoon et Sunoo, eux étaient plus gentils que la bande de Jay, mais ne m'aimaient quand même pas. J'étais tout seul, comme toujours, mais la présence de mon Heeseung me réchauffait le cœur et me donnait le sourire. Je n'osais quand bien même pas approcher Heeseung de trop près, même s'il était venu s'asseoir à côté de moi. Je me contentais donc de rester quelques mètres derrière lui. Nous nous dirigions alors vers le réfectoire, le pas enthousiaste pour moi comme pour eux. Je les copiais à la lettre dans tous leurs moindres faits et gestes. Nous prîmes un plateau et nous servîmes au self. Je pris la même chose que mon idole, peu importait mes goûts. Je les regardais s'éloigner vers l'une des nombreuses tables libres de la cantine, et j'entrepris donc de les suivre. Je m'installais en face de Heeseung sous le regard de tout le monde, ce qui me fit rougir.
- Tu fais quoi là ? s'indigna Sunghoon, les sourcils foncés d'incompréhension.
- J-je... Je viens manger avec vous. déclarais-je en baissant ma tête rouge de honte.
- Non mais je rêve, tu te prends pour qui enfoi- commença Sunoo sans pouvoir finir.
- Sun' calme toi, c'est rien. Il vient juste manger, tu n'es pas obligé de lui parler. Je n'en ais pas envie non plus d'ailleurs. souffla Heeseung.
Je maquai de m'étouffer avec mes nouilles. Heeseung ne voulait pas me parler ? Pourquoi ? Il ne m'aimait pas au final ? Je ne pouvais pas rester sans réponses, je devais savoir.
- P-pourquoi tu ne veux pas me parler ? J-je n'ai rien fait. dis-je en bégayant.
- Parce que je n'en ais pas envie, t'es le looser de la classe. Et je en traine pas avec des gens dans ton genre. dit-il faiblement pour éviter que je ne le prenne mal.
- M-Mais t-tu m'aimes ! Tu m'as aidé ! Tu es gentil avec moi ! m'exclamais-je, ne comprenant pas la réaction de Heeseung.
Il me regarda dans les rétines et souffla un grand coup. Je l'avais énervé ? Impossible, il m'aimait, j'étais la personne la plus importante à ses yeux.
- Écoute moi bien. La dernière fois si je t'ai aidé c'est parce que c'est mon devoir de délégué et que je ne supporte pas qu'on soit mal traité. Mais tu dépasses les bornes ! Tu me suis toujours, on dirait un chien ! Tu reproduis toujours ce que je fais, c'est saoulant ! Tu me gonfles profondément Yang Jungwon ! Et tu sais ce que j'ai ressenti pendant que tu étais roulé en boule par terre comme un nul ?! De la pitié. Tu me fais pitié mec. Va emmerder quelqu'un d'autre mais fous moi la paix bon sang ! Je ne t'aime pas et je ne t'aimerais jamais alors lâche moi les baskets ! s'écria-t-il en me regardant méchamment.
Je ne savais plus quoi dire. Il venait de...me briser le cœur en milliards de petits éclats. Comment pouvait-il dire tout ça après ce qu'on avait vécu ? Il ne m'aimait définitivement pas... Je me sentais terriblement trahi au fond de moi. Ma gorge se serrait fortement, les larmes que j'avais empêchées depuis là dévalèrent les montagnes qu'étaient mes joues sans aucune retenue. J'avais le souffle coupé, ma respiration était très saccadée et je n'arrivais plus à m'oxygéner correctement. Je me levai d'un coup, faisant grincer les pieds de ma chaise sur le sol, ce qui fit se retourner pas mal de personnes. Je jetai un dernier regard à Heeseung, ses beaux yeux impassibles sur moi me déchiraient de l'intérieur. Je partis en courant dans mon refuge, le seul lieu qui me restait comme ami. Je montai sur le toit du lycée et je me mis en boule dans un coin, laissant échapper mes hurlements de douleur et mes pleurs. J'avais mal, une souffrance indescriptible agressant mon cœur déjà déchiré. Mon monde venait de s'écrouler, j'étais complètement anéanti. Je ne servais plus à rien. Qui m'aimait ? Qui prenait soin de moi ? Qui s'intéressait à moi ? Qui s'inquiétait pour moi ? Toutes ces questions sans réponses me tournaient dans la tête, me donnant une migraine intense. Je ne voulais plus penser, à rien. Je me relevai lentement, et je montai sur le rebord du toit. J'observai devant moi le paysage flou à cause de mes larmes. La vue était magnifique... Les mots de Heeseung me hantaient, je n'arrivais pas à les faire sortir de mon esprit. Il m'avait fait du mal, physiquement et mentalement. J'étais oppressé par tout ce qu'il venait de se passer. J'étais vide, désert de toute émotion. Mon espoir venait de s'envoler, de disparaître comme s'il n'avait jamais existé. J'avais perdu ma raison de vivre. Je ne voulais plus continuer, tout était perdu. Une brise fraîche vint faire flotter mes cheveux bruns et sécher mes pleurs inarrêtables. Je fermai les yeux, je ne voulais plus voir. Le temps était comme arrêté, plus rien n'avait de sens à présent. Ce n'était plus la peine de continuer. Je n'étais qu'une personne insignifiante et qui ne sera jamais rien. Rien, c'était le mot qui me définissait le mieux. Je pris une grande inspiration, évacuant une partie de mes problèmes. Maintenant, je ne causerais plus de soucis à personne. Tout sera plus facile. Sous les courants d'air, je laissais mon corps pencher dangereusement dans le vide. Dangereusement, jusqu'à ce que mes pieds ne touchèrent plus rien. Voler, c'était une sensation très agréable, incroyable même. Se sentir flotter dans le vide total, se sentir pousser des ailes et virevolter où ça nous chantait. Heeseung était parti, me laissant seul, encore une fois. Le monde se portera mieux sans moi maintenant. N'avoir aucun contrôle sur nos mouvements, mène bien à une fin. Je me sentis tomber sur quelque chose. Mais, je ne ressentais au fond de moi aucune douleur, juste le bonheur. Le bonheur d'être enfin parti. Le bonheur de ne plus souffrir. Le bonheur simplement. Mais une larme ne put s'empêcher de s'écouler de ma paupière fermée. Je m'en allais, tout doucement, vers là où je serais aimé. Où je serais quelqu'un d'important. La vie me faisait me lever chaque jour, faisait battre mon cœur pour la même chose. Ma vie, elle, était morte. Et mon cœur brisé, détruit à son essence même, rendit lui aussi son dernier vœu. Et il me laissa, il me laissa me reposer maintenant pour l'éternité...
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