Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Os 45

Exo, ChanyeolxSuho
(attention, âme sensible s'abstenir, /viol\ (le viol n'est pas un lemon, je ne le considère pas comme tel))

J'étouffe la flamme de la bougie d'un geste fatigué et je me lève dans la petite pièce plongée dans le noir. D'un pas lourd, je me traine jusqu'à ma couche et me laisse tomber dessus, épuisé dans ma petite cellule du monastère.

L'humidité des lieux me fait frissonner alors que je tire ma couverture de laine grossière sur mon corps tremblotant et je ferme les yeux, dans trois heures, on viendra me crier de me lever et je devrais aller en cours. Je soupire à cette idée, réciter des psaumes en latin et lire la bible toute la journée... Heureusement, je suis considéré comme assez ancien ici pour avoir d'autres occupations, même si cela occupe tout de même une gargantuesque partie de mon temps.

A l'origine, cela ne me dérangeait guère mais cela fait douze ans que mes "études" ne se limitent qu'à cela. J'aimerai voir d'autres horizons.

Mon frère lui est apprenti à l'atelier de notre père, là où je déclame la parole de Dieu, lui apprend le métier de tisserand pour pouvoir prendre la suite à la boutique familiale avec sa futur épouse. Et moi, puisque notre famille n'a pas les moyens de me payer un apprentissage ailleurs, on m'a envoyé dans une école monastique dans le but que je devienne religieux, avec un peu de chance j'aurais un bon statut m'a dit ma mère quand on m'y a envoyé. Je deviendrai alors une source de revenue pour la famille, a rajouté mon père. Ces mots ne m'ont guère offert de réconfort malgré leur triste exactitude.

Et depuis, je suis enfermé dans ce monastère, seul dans cet endroit depuis le départ de Jongdae, mon meilleur ami, qui a réussi à convaincre sa famille de le laisser épouser sa dulcinée, une fille de marchand qu'il aime passionnément depuis des années.

Je souris doucement en m'imaginant la vie de ce couple. J'ai rencontré l'épouse de mon éternel compère, Yun, durant la cérémonie où j'ai eu l'autorisation de me rendre pour y servir de témoin, et je suis persuadé qu'elle était enceinte au moment du mariage, il y a six mois, la courbure de son ventre ne laissant pas planer le moindre doute sur la paternité à venir de mon ami. Jongdae père.....Ce n'est pas si dur à imaginer, je le vois tellement bien s'occuper d'un enfant et lui apprendre la vie à sa manière.

C'est sur cette pensée que je m'endors.

- LEVEZ VOUS !

Les habituels cris du moine me tire du sommeil et je me lève sans un mot pour rincer mon visage dans la vasque d'eau posée dans un coin de l'étroite cellule avant d'enfiler ma tunique de bure. Je sors de la pièce exiguë et rejoins les autres jeunes hommes d'un pas démotivé.

Rapidement, nous entrons dans la chapelle pour la messe du matin avant de partir manger un petit déjeuner rudimentaire constitué d'une épaisse tranche de pain de seigle et un morceau de fromage.

A la fin du repas, je me lève et marche vers le frère Donghyeon, l'apothicaire du monastère dont je suis l'apprenti, pour ma leçon du jour, surtout constituée de répétition, cela fait après tout dix ans que j'apprend avec lui et j'ai accumulé énormément de connaissance en ce domaine, et il n'a plus rien à m'apprendre sur le sujet.

- Bien le bonjour Junmyeon ! me salut le jovial moine avec un sourire chaleureux.

- Toute mes salutations matinales frère Donghyeon, répondis-je avec hochement de tête, je suis assez réservé et froid, surtout depuis le départ de Jongdae, et je ne souris que rarement aux autres.

- Je suis heureux de te voir ! s'écrit joyeusement l'homme, ne se souciant guère de ma froideur, à laquelle tous sont accoutumés. Aujourd'hui, nous allons nous occuper de récolter la sauge et de l'achillée millefeuille !

- Nous en ferons des infusions quand le jour de demain poindra ou bien nous les ferons sécher pour les conserver en vu de l'hiver ?

- Ce sont les premières de la saison, je pense que nous devrions les préparer en décoctions vertueuses pour les petits maux dont se plaignent nos confrères, répond le moine, d'un coup bien plus sérieux, concentré sur son travail.

- Cela me semble en effet plus judicieux mon frère, acquiesçai-je.

Nous avançons dans le jardin aux simples en regardant rapidement si les plantes ne dépérissent point. Arrivés devant la petite allée ombragée où se trouvent les pousses que nous devons ramasser, je dis d'un ton prévenant.

- Dois-je me charger de la sauge ?

- Pour mes pauvres articulations fatiguées, j'apprécie l'attention Junmyeon, mais sois bien précautionneux, à ton âge, on ne fait guère de prudence sur la santé de son dos ou de ses muscles, il faut pourtant bien le faire si on ne désire pas finir comme moi. Vieux et aussi usé que l'ancien moulin.

- J'y ferais beaucoup de précautions mon frère, soufflai-je, désintéressé.

- Je me doute que pour toi, mes mots ne sont que les radotages d'un ancien qui aime assommer la jeunesse sous ses recommandations inutiles, mais ce sont de véritables conseils, quand on est jeune et fort comme un bœuf, on oublie que le temps abimera notre fringante jeunesse et qu'au moment rendu, on regrettera de ne pas avoir été plus soucieux de son corps.

- Je le sais frère Donghyeon, j'y serai réellement prudent et je ne fauterai pas sur la précieuse santé de mon corps.

- Tu es un bon garçon Junmyeon, je dois t'avouer trouver cela dommage cependant que tu passes ta si belle jeunesse entre les murs d'un monastère.

- Être pieu et dévoué à Dieu dès l'enfance, n'est-ce pas une vie respectable ?

- Sans doute que oui, mais seulement si la vocation y est. Jongdae n'avait pas la flamme de rester au monastère, et je ressens en toi ce même besoin de liberté.

- La vraie liberté est celle de la délivrance divine, répondis-je machinalement.

- Je ne puis qu'en convenir, acquiesce le moine, Va chercher la sauge, et ménage toi.

Je m'éloigne d'un pas souple et commence ma tâche qui durera jusqu'à la prochaine messe, après cela, je devrais aller préparer les plantes ramassées jusqu'au repas du milieu de journée, ensuite, j'irais de nouveau à la messe et je passerais le reste de l'après-midi à travailler dans la réserve apothicaire, une journée identique presque en tout point à la précédente et sans aucun doute qui soit à la suivante.

Etendu sur ma paillasse inconfortable, je fixe le plafond humide et légèrement lézardé de ma cellule de couvent, pris dans un mélange de sentiments incompréhensibles et épuisants.

Après l'office du soir, le père du monastère m'a annoncé que Jongdae allait avoir un enfant, chose que je n'ignorais point, et surtout, il m'a déclaré que mon meilleur ami aurait voulu que j'en sois le parrain mais...

Les règles du monastère ne me permettent pas de le devenir et je ne pourrais pas non plus assister au baptême du descendant de mon compère de toujours....

Je ferme les yeux pour bloquer les larmes qui menacent de dégringoler le long de mes joues et je retiens un hoquet de tristesse.

Depuis douze années, je suis ici, j'ai toujours été un élève exemplaire, pieux, poli et réservé. Je ne me suis jamais plaint, j'ai toujours accompli ce qu'on me demandait de faire sans rechigner, on ne m'a pas ouï contredire un ordre ou une demande depuis onze ans. J'ai abandonné mon épanouissement au profit de celui du monastère, et le seul bonheur que j'avais, c'était mon meilleur ami, et on m'interdit de devenir le parrain de son enfant, parce que cela "risque de me détourner de l'adoration unique que je dois avoir, envers Dieu et seulement Dieu...."

Après plusieurs minutes de réflexion, je décide de sortir un peu dans les jardins aux simples prendre l'air, j'ai beau savoir que la nuit est le royaume des démons, j'ai trop besoin de respirer pour rester enfermé dans cette pièce étouffante.

J'entrouvre avec prudence la porte de ma cellule et me faufile sans un bruit dans le couloir obscure que je connais sur le bout des doigts.

D'un pas silencieux et discret, je sors du bâtiment pour rapidement partir en direction des coins les plus calmes du monastère à la seule lumière des étoiles, c'est une nuit sans lune.

Je m'assois sous le vieux chêne près du jardin aux simples et je prend mon visage entre mes mains, épuisé.

L'image de Jongdae, assis à coté de moi, sur ce vieux banc moussu me revient et une larme s'échappe pour venir rouler sur la peau fine de ma pommette. Il me manque....Et dire que je n'ai même pas le droit d'aller le féliciter pour sa paternité..... Je ne l'ai pas vu depuis si longtemps.... Et je sais qu'après le baptême de son bébé, il partira avec Yun réaliser son rêve et celui de sa compagne. Alors, je ne le reverrai plus jamais..... Il quittera la contrée pour découvrir le monde et le ravir de sa voix merveilleuse.

Je sens plusieurs gouttes tièdes d'eau salées tomber sur le sol après avoir inondé mon visage. Je tente de les stopper, un homme ne doit pas pleurer, mais en vain, les larmes heurtent les fleurs sauvages qui ont poussé entre les vieilles pierres du banc.

Je relève la tête et fixe le ciel obscure parsemé de larmes d'argents qui doivent se refléter dans les miennes. Je murmure d'une voix tremblante.

- Mon Dieu, ce n'est pas vous trahir que de vouloir revoir un être cher n'est ce pas ? Où bien suis-je un être impure et malin ?

Une goutte s'écrase sur le sol et je reste assis une dizaine de minutes, regardant le ciel obscure en recherche de réponse à mes interrogations, suis-je un indigne de la grâce divine ?

Finalement, je me lève en essuyant mes yeux et je retourne silencieusement dans ma cellule, il ne faut pas que l'on me surprenne dehors en pleine nuit.

- Bonjour voyageur !

Je tourne la tête en entendant le frère Donghyeon s'écrier joyeusement quelque chose et je vois un jeune homme aux vêtements caractéristiques des voyageurs le saluer poliment.

- Bonjour mon frère. Je suis de passage, et l'on m'a dit de m'adresser à toi.

Je jette rapidement un regard sur le nouvel arrivant, un grand brun qui domine d'au moins une tête frère Donghyeon, avec une carrure impressionnante et une voix relativement grave.

- Je suis le frère apothicaire, notre frère qui est en charge de l'accueil des visiteurs est en pèlerinage, c'est donc moi qui vais t'accueillir.

Je retourne alors vaquer à mes occupations, qui consiste actuellement à retirer des mauvaises herbes des parterres de simples, et je n'accorde plus une once d'attention aux deux hommes qui discutent à quelques mètres de moi.

- Junmyeon ? m'hèle le moine au bout d'une bonne dizaine de minutes de conversation avec l'inconnu.

- Oui mon frère ? répondis-je en me relevant souplement.

- Peux-tu faire visiter à notre cher voyageur ? J'aurais aimé pouvoir le faire, mais comme tu le sais, je suis mandé par père Gyeonghyun, me sourit l'apothicaire avec un sourire désolé.

J'acquiesce d'un hochement du chef, le salut alors qu'il s'éloigne et me tourne vers le jeune homme à quelques pas de moi.

- Bonjour, me salut t'il en se rapprochant un peu.

Il est vraiment grand songeai-je en regardant le visiteur.

- Bonjour. Je vous invite à visiter notre monastère, mais désirez-vous voir quelque chose en particulier ? demandai-je, apercevant un détail qui me déconcerte brièvement, sur l'oeil gauche, il porte un bandeau qui masque une partie de son visage.

- Je vous avoue que la route a été longue et éreintante, je ne serais pas contre un peu de repos, dit-il en souriant un peu l'air gêné, son oeil visible me fixant pourtant avec une lueur étrange.

- Je vais vous emmener dans une des chambres réservées aux voyageurs, vous pourrez vous y reposer, répondis-je, une certaine angoisse montant en moi sous le regard du noiraud.

- Je vous en remercie.

Nous avançons un peu dans le silence et le jeune homme se décide à lancer une conversation.

- Vous m'avez l'air jeune pour un moine.

- Je ne suis encore qu'un élève.

- J'aurais du le deviner, vous avez dans les quinze ans si je ne m'abuse ?

- J'en ai dix-sept.

- Vous êtes mon ainé, souffle t'il, l'air déconcerté. J'ai seize ans.

- Seize ans ?! Et vous voyagez seul ?

- Oui, pourquoi donc est-ce si surprenant ?

- Il n'est que fort peu courant de recevoir des voyageurs si jeunes dans nos régions éloignées des villes, répondis-je.

- Ce n'est point si mirobolant de là où je viens.

- De quelle région arrivez vous ?

La curiosité s'est emparée de moi alors que l'idée de pouvoir ne serait-ce qu'avoir un aperçu du monde lointain par les récits d'un voyageur, on n'est pas autorisé à les entendre normalement de peur que cela ne nous détourne de notre foi envers Dieu.

- Je viens d'au-delà des montagnes de Chain.

- Si loin ? Vous viviez près de l'embouchure de la rivière Spring ?

- Plus à l'ouest encore, j'ai traversé les forêts Lit.

- Vous venez des plaines Sunset ?

C'est terriblement loin....

- Presque, ce ne doit pas être une région fort connue par ici, mais je viens de la vallée Lotto, explique le jeune homme, C'est une vallée au nord de la mer Fever, c'est assez coupé du monde, c'est pour ça que je suis parti voyagé.

- Vous avez du mettre votre vie en danger.

- C'est bel et bien le cas hélas, mais c'est le prix à payer pour voyager.

- Dieu est bien bon de vous avoir gardé des malheurs trop important sur votre long chemin.

Un rire légèrement ironique du brun me fait tourner la tête.

- Excusez-moi mon impertinence, s'excuse t'il, La fatigue me fait perdre tout sens logique, j'en suis fort désolé.

J'arque un sourcil mais hoche la tête en ouvrant la porte d'une chambre.

- Vous êtes le bienvenu ici, je vous souhaite un agréable repos, si vous désirez manger, le repas du soir sera servi quand les cloches tinteront cinq fois.

- Merci.

Assis à table devant une assiette de choux fumants et appétissants, je mâche lentement, pas forcément plein d'appétit et je regarde autour de moi. Les moines, installés sur les bancs froids du réfectoire, mangent en silence, et à la place des voyageurs, le jeune homme balafré avale sans un mot tout le contenu de son écuelle.

Lorsque la fin du repas est annoncée, je sors rapidement de la salle, décidant de me diriger vers les jardins pour la trentaine de minutes qu'il me reste avant la messe du soir et je vais m'assoir sur mon banc favoris sous le chêne centenaire, adossé à son tronc pour fixer le ciel encore lumineux des soirées d'été.

La tête basculée en arrière, je laisse mes pensées dérivées, ne faisant guère attention à ce qui m'entoure, si bien que je n'entend pas le grand voyageur s'approcher de moi et que je pousse un léger cri de surprise en le voyant à moins de deux mètres du banc.

- Mon dieu, vous m'avez fait peur, soupirai-je, gêné.

- Je m'en excuse, ce n'était pas mon intention, répond le balafré, l'air désolé.

- Ce n'est rien, l'excusais-je en me redressant.

- Puis-je m'assoir à vos cotés ?

- Bien sûr.

Le grand brun s'assoit souplement à coté de moi, croisant ses jambes devant lui et il me demande.

- Si ce n'est indiscret, puis-je vous demander votre nom ?

- Je suis Kim Junmyeon, et puis-je ouïr le votre ?

- Sehun. Je m'appelle Sehun, sourit le balafré.

Sehun ? Ce nom m'est familier, pour cause, il s'agit de celui d'un des démons principaux... Mais cependant, le jeune homme au léger sourire ne semble pas méchant ou démoniaque, peut-être ce prénom a t'il une autre signification là d'où il vient.

- C'est un nom particulier, dis-je.

- J'ai entendu causer à ce sujet, il voudrait dire quelque chose de mal ici, chez moi, cela signifie "tempête", explique le jeune voyageur.

- Dans notre religion, il s'agit d'un des sept démons principaux.

- Vraiment ?!

- Oui, il s'agit d'un des démons les plus puissants, l'informai-je en me signant.

- Oh.... J'espère n'avoir fait de tord à personne à cause de mon nom....Ma balafre effraie déjà assez...

Il semble réellement affecté par la nouvelle, comme si l'idée même d'effrayer quelqu'un lui était insurmontable. D'un geste instinctif, je viens poser ma main sur son épaule en lui offrant un de mes rares sourires.

- Ne vous en faite pas pour si peu, vous n'êtes pas terrifiant et je doute que tant de gens aient eu si peur que cela, point n'y penserai que vos traits puissent être démoniaque.

- Vous avez une âme pure et bienveillante, dit le grand balafré en me regardant doucement, comme rassuré de mes paroles.

Bien vite, je change de sujet pour lui faire oublier sa légère tristesse et je lui demande de me parler un peu de ses voyages, ignorant l'interdiction que j'ai de les entendre, peu m'en importe, Dieu me pardonnera de vouloir faire sourire un homme triste.

J'écoute Sehun me conter la beauté des montagnes et de leurs neiges éternelles, avalant les informations avec avidité, mon esprit retraçant les beaux paysages que cela doit être. Que j'aimerais pouvoir les admirer songeais-je avant de me reprendre, non, je ne quitterai quasiment jamais ce monastère et le rêve y est interdit.

Les cloches m'appellent à la messe, me décrochant des passionnantes histoires de voyage de Sehun, je me lève, lui explique la situation et le quitte pour rejoindre la chapelle avec une morosité de retour.

- Il faut absolument cela Junmyeon, m'explique le père Yongjong, Je sais qu'il te faudra un long moment pour rejoindre le village, mais pour le monastère, c'est essentiel.

- Je le ferais mon père, répondis-je en m'inclinant doucement malgré l'incompréhension face à la demande de l'homme, pourquoi faut-il impérativement que je ramène beaucoup de bougies au monastère alors que nous pouvons en fabriquer ?

- Pars dès maintenant, il vaut mieux que tu sois de retour avant la nuit, dit le vieillard, Sois prudent et n'oublie pas ta foi envers notre Seigneur.

Je le salue et sors de la pièce, perdu mais décide d'obéir, de toute façon, je n'ai point le droit d'en faire autrement.

D'un pas lent, je m'éloigne en direction de la petite ferme du monastère pour rejoindre le frère Yoonwook.

- Bonne matinée mon frère, le saluais-je en m'approchant de lui.

- Je te salue Junmyeon. Le père Yongjong m'a dit que tu avais besoin d'un animal capable de porter, un bardot devrait convenir ?

- Je n'arrive pas à voir où il ne conviendrait point, cela me semble bon.

- Tant mieux, voilà Prière, dit l'homme en me tendant la longe d'un petit bardot gris. C'est une bonne marcheuse, cependant, ce n'est pas une bête de selle alors ne pense pas à monter sur son dos.

- Je te remercie, m'inclinai-je.

Sur le chemin qui descend la raide pente qui mène au monastère, je laisse mes pensées dérivées. Il y a deux semaines, un voyageur, Sehun, a passé trois jours au monastère pour se reposer un peu et s'informer sur la région, il venait de très loin, à plus de neuf milles kilomètres du monastère, pour moi qui n'est jamais allé plus loin que ma ville natal à cent kilomètre du monastère, ne serait-ce qu'imaginer la distance qui le sépare des siens est impossible.

Il est parti trois jours après son arrivée, me laissant tout de même le loisir de discuter un peu avec lui, je n'ai pu qu'apprécier ses récits sur les fabuleuses contrées qu'il a vu le long de son errance, il m'a dit voyagé non pas pour aller à un endroit précis mais pour profiter de la vie et découvrir le monde qui nous entoure, pour ça, je ne peux qu'être admiratif. Depuis mes cinq ans, mon plus long voyage est de tout juste cent kilomètres hors des murs du monastère pour le mariage de mon meilleur ami, mais en dehors de cela, mis à part quelques rares visites à ma famille, je ne suis sorti du monastère que pour aller au village où je me rend en ce moment.

Les voyages que m'a conté Sehun m'ont fait rêver de liberté, d'insouciance et de découverte, tout ce que je sais du monde extérieur provient des rares voyageurs qui passent dans notre monastère, mais je meurs d'envie de le découvrir par moi même, sortir de l'enceinte sacrée dans laquelle j'ai l'impression de me brûler les ailes de ma jeunesse.

J'ai beau savoir que mes parents m'ont placé ici pour que je devienne quelqu'un d'honorable et que Dieu me protège, je rêve de fuir souvent, rejoindre Jongdae pour partir ensemble réaliser nos rêveries d'enfants, vagabonder partout pour chanter les voyages que nous ferons, mais ce n'est pas possible. Je ne peux m'enfuir.

Je dois rendre fier mes parents, satisfaire les moines qui m'ont apprit tout ce qu'ils savent, et oublier la sottise de la jeunesse comme l'appelle le frère Youngjae, seul Dieu mérite que j'y consacre ma vie, disent les gens qui m'entourent, les femmes, les voyages, se sont des péchés ridicules, je dois simplement prier pour le salut de mon âme sans rêver à des choses inutiles et impures.

Je soupire, tristement je l'avoue, en regardant l'horizon se dessiner non loin de moi, c'est si beau, si proche et pourtant inaccessible....

- Aller Prière, avance, intimai-je au bardot qui s'est arrêté pour brouter.

Je marche au coté de la bête quand une soudaine réalisation me frappe. Depuis quand est-ce que je songe temps à quitter le monastère ? Avant, l'idée ne m'aurait même pas effleuré d'y penser si sérieusement.

C'est depuis le départ de Sehun que je ne pense qu'à m'évader de ce qui n'est même pas une prison.

J'arrive dans le village de Fancy et m'avance avec le bardot dans l'enceinte de la petit agglomération en regardant avec attention autour de moi, mes yeux passant sur les gens que je croise, c'est si rare pour moi de pouvoir voir autant de personnes qui me sont inconnues que je ne peux que détailler discrètement les traits de chacun.

D'un pas rapide malgré tout, je rejoins la boutique où le père Yongjong m'a dit de me rendre. J'attache soigneusement Prière à un piquet devant le petit bâtiment et je rentre à l'intérieur, saluant poliment la jeune femme qui s'y trouve.

- Bonjour mademoiselle.

- Bonjour messire ! Que puis-je faire pour vous ? me répond-t-elle, pleine de vie.

- Je suis venu de la part du père Yongjong, expliquai-je doucement, Il m'a dit avoir demandé des bougies.

- En effet ! Mais puis-je vous demander une preuve que c'est bien lui qui vous envoie ?

Je lui tend un morceau de papier sur lequel est apposé le sceau du monastère, un oiseau en pleine envol, ironique, et elle sourit joyeusement.

- C'est bon ! Je vais vous chercher ce qu'il faut ! Jaehyun ! Viens m'aider avec les bougies ! crie-t-elle ensuite.

Quelques minutes plus tard, un jeune homme arrive, chargé de quelques boites de bois durs qu'il vient m'aider à placer dans les paniers de mon bardot avant que je n'aille payer et que je ne quitte les lieux.

- Bon, la sortie est terminée, on rentre Prière, dis-je à l'animal en m'éloignant du village.

En arrivant en bas de la pente qui mène au monastère, je plisse le nez, surpris, dans la nuit noire, une forte odeur de fumée me prend la gorge et je suis sûr qu'il ne fait pas aussi sombre qu'il ne le devrait à cette heure-ci.

Au fur et à mesure que je me rapproche des bâtiments, le bardot rechigne et recule, refusant de s'approcher plus près du monastère. Je tente par tout les moyens de le faire bouger quand soudain un hurlement me parvient et je lâche la longe de l'animal pour me mettre à courir sans trop réfléchir vers le monastère, une seule question tournant dans mon esprit.

Que se passe t'il ?

J'arrive devant les murs du monastère et mon sang se glace alors que mon coeur rate un battement.

De grandes colonnes de flammes dévorent lentement les bâtiments sous les cris de douleurs provenant de gens dont la voix m'est familière et surtout, une forme, bien trop grande pour être humaine, se trouve au centre du carnage, dégageant une aura formidable qui m'empêche de ne serait-ce que battre d'un cil tant elle est horrifiante.

Terrorisé, je regarde l'immense silhouette au milieu des flammes et des hurlements. Mon instinct me hurle de fuir mais je suis paralysé par la peur et je reste immobile, entouré des sifflements du brasier et des cris de détresse.

Le sang bat dans mes tempes alors que je ne peux détacher mes yeux de la la créature qui marche dans le monastère en flamme, détruisant, sans même le toucher, tout ce qui m'a vu grandir.

Mes jambes me semblent lourdes comme du plomb alors que le clocher de la chapelle commence à vaciller, attaqué par le feu.

La tour entière tremble et sans que je ne puisse esquisser un geste pour fuir, je la vois s'effondrer en ma direction.

Tétanisé par la peur, je ne peux que rester figer, regardant les flammes projetées par la chute de la bâtisse fondre sur moi et le clocher se rapprocher à une vitesse folle.

Je suis soudainement arraché en arrière alors que l'endroit où je me trouvais moins d'une seconde avant se retrouve pulvérisé. Ma vision se floute soudainement alors que tout se met à tourner et j'ai juste le temps d'entendre le dernier hurlement du frère Donghyeon avant que tout ne sombre dans l'obscurité.

- Aie...

Je me redresse lentement, la main posée sur la tête et une grimace de douleur étirant mon visage.

- Mon Dieu...murmurai-je en regardant autour de moi, complètement horrifié.

Je suis assis sous ce chêne que j'affectionne tant, sur un banc toujours aussi vieux, mais autour de moi, tout n'est plus que cendres et désolations.

Les jardins dans lesquels j'ai passé mon enfance sont réduit à un tas de débris calcinés, le fier clocher de la chapelle est effondré sur le sol, ses poutres complètement noircies par le feu, je vois des formes ressemblant à des corps et je me force à me lever.

Mais quand j'essaye de poser mon pied hors du cercle mystérieusement préservé du chêne, quelque chose me bloque, m'empêchant d'avancer et une sourde panique monte en moi.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Mon Dieu, mais qu'est ce qu'il se passe ?!

- Ce n'est pas Dieu qui va te donner la réponse Junmyeon. Il ne la donne jamais.

Je pousse un cri terrorisé en entendant une voix juste au creux de mon oreille alors qu'une main s'est posée sur mon épaule.

- AAAH !

- J'ai vraiment un don pour te faire peur sous cet arbre, ricane la voix qui m'est à la fois totalement inconnue et terriblement familière.

Je me retourne vivement et tombe nez à nez avec.....

- Sehun....

Le grand brun est à la fois si différent de celui que j'ai vu et pourtant si proche. Ces yeux sont gris brillants, sa balafre est plus voyante, des dents légèrement affutées dépassent de ses lèvres charnues, sa chevelure est un peu plus longue et soyeuse et son sourire beaucoup plus effrayant. Il n'a pas les cornes ou les ailes qu'on lui associe souvent, mais étrangement, il est bien plus terrifiant par son apparence presque normale, bien qu'il soit d'une beauté pécheresse, que par ses attributs démoniaque.

- Tu ne m'avais pas reconnu avant ? C'est fort décevant, je t'ai pourtant sauvé la vie...soupire le démon avec un sourire ironique.

Je tente de reculer mais mon dos heurte de nouveau cette étrange barrière et le grand balafré devant moi gronde.

- N'essaie même pas de sortir, j'ai dépensé beaucoup trop d'énergie dans ce bouclier pour que tu puisses en partir.

- Pourquoi ? couinai-je, ma voix partant dans les aiguës sous la panique.

- C'est vague comme question ça Junmyeon, il y a trop de réponses possibles pour que je te les cite toutes avant ta mort. Approfondis.

J'ai bien trop de questions qui se bousculent dans ma tête pour en choisir une seule mais je marmonne la première qui me vient.

- Pourquoi est-ce que....vous avez détruit le monastère ?

- Ce n'est pas moi qui l'ai détruit.

- Comment ?!

- Tu es intelligent Junmyeon, alors formule des questions complètes si tu veux avoir des réponses. Tu en es capable.

- Qui l'a détruit si ce n'est pas vous ?

- Chanyeol.

Chanyeol, un des démons principaux également...

- Pourquoi l'a t'il détruit ? soufflai-je.

- Pour toi.

Pardon ?

Le démon ricane en voyant mes yeux s'écarquiller.

- Pose la question qui te brûle les lèvres.

- Comment ça pour moi ?!

Je ne fais plus attention à la politesse.

- Il n'a pas supporté sentir ta souffrance.

Il ne répond pas vraiment à ma question...

- Ma souffrance ?

- Oui, tes larmes l'ont rendu fou. Nous n'avons pas réussi à le retenir.

- Le retenir ?

- Fais une phrase.

- Pourquoi le retenir ?

- Parce qu'actuellement, il est entrain de détruire toute la région sans aucune distinction, pour te trouver.

Je ne comprend pas....Et le démon semble l'avoir bien compris vu son rictus légèrement moqueur.

- On devrait vous faire étudier la démonologie, persifle le grand brun avec un grognement, Mais bon, je vais jouer les professeurs, de toute façon, je n'ai rien d'autre à faire.

C'est un démon, et il n'a rien d'autre à faire que de se charger de l'éducation impure d'un futur moine ?

- Apprend déjà que tu es contraint de ne plus pouvoir te passer de ma charmante présence pour l'instant, annonce le démon, Je ne peux pas partir.

- Vous ne pouvez pas ? dis-je, déboussolé, il est tout puissant tout de même.

- En pratique, je pourrais, mais il ne faudrait pas attendre une seconde après mon départ pour que tu te retrouves plaqué contre cette arbre à te faire prendre sauvagement par un démon.

- Me faire quoi par quoi ?!

- Te faire prendre sauvagement par un démon, ou te faire sodomiser par Chanyeol si c'est plus clair pour tes petites oreilles, ricane le balafré.

- Mais pourquoi ? sifflai-je, les joues aussi rouges que les flammes qui ravageaient le monastère.

Sehun s'adosse au chêne et s'étire.

- Commençons par le commencement. Tu connais les sept démons principaux ?

- Vous, Chanyeol, Kyungsoo, Luhan, Baekhyun, Minseok et Yixing.

Il hoche la tête et reprend.

- Je suis le démon de la tempête et de la stratégie, Chanyeol celui du feu et du chaos, Kyungsoo celui de la force et de la terre, Luhan celui de la lune et du mystère, Baekhyun celui de la lumière et de la séduction, Minseok celui de la glace et de la vengeance et Yixing est le démon de la souffrance et des cauchemars.

Il me laisse le temps de retenir les informations qui, malgré le fait qu'elles soient interdites aux oreilles des futurs moines ou de quiconque d'autres en réalités, m'attirent bien plus que les versets du MAMA, notre livre sacré.

- Nous fonctionnons par paire, Kyungsoo et Minseok, Baekhyun et Yixing, moi et Luhan, mais Chanyeol n'a pas de pas de duo.

Il laisse une seconde de silence.

- Et c'est ce qui le rend aussi fou. Il a besoin d'avoir sa moitié pour trouver son équilibre et surtout, l'entièreté de son âme. Mais il n'en a pas pour le moment.

- Un autre démon moins puissant ne pourrait l'être ? demandai-je, perdu.

- Cela aurait été bien plus simple, mais rien n'est jamais évident, sa moitié, c'est toi.

Je manque de tomber du banc, médusé.

- Pardon ?!

- Respire un bon coup Junmyeon, il ne faudrait point que tu ne meurs, ricane le démon.

Il me fait m'appuyer sur le tronc de l'arbre centenaire et poursuit ses explications.

- Tu es unique, le seul qui puisse correspondre à Chanyeol, et honnêtement, on ne t'attendait plus, même la lune ne pensait pas te voir naitre un jour. Et pourtant, il y a dix-sept ans, tu es né, nous l'avons tout de suite ressenti, surtout Chanyeol qui a voulu te récupérer sur le champ.

J'inspire profondément, le laissant continuer malgré l'étau qui se referme sur mon estomac.

- Mais il t'aurait tué sans le vouloir, tu n'étais qu'un bébé et lui un démon incontrôlable. Alors nous avons effacé, avec toute notre puissance, ton existence de son esprit, pour que tu puisses grandir sans problème et être prêt au moment venu.

Il soupire.

- Mais ça n'a pas été si facile, Chanyeol devenant de plus en plus fou et incontrôlable, il n'a plus aucune maitrise sur ses actes et il est dangereux, même pour nous. Il y a quelques années, à tes treize ans, nous avons réellement faillit lui dévoiler ton existence tant il est devenu terrible. Tu as du entendre parler de l'Unfair ?

- La destruction de la cité Psycho qui a tué près de cinquante milles personnes en moins d'un quart d'heure ?

- Oui, c'est un millième de ce qu'il se passait en enfer à cause de la rage de Chanyeol et l'Unfair n'a été qu'une répercussion sur votre monde de sa fureur.

- Pourquoi était-il énervé ? demandai-je, médusé.

- Il sentait que quelque chose lui était caché, notre puissance a beau être grande, nous ne pouvons pas tout masquer à un des nôtres surtout ta présence.

Je hoche la tête.

- Reprenons, nous avons faillit laisser Chanyeol découvrir ton existence, mais nous nous sommes vite rendu compte que c'était purement impossible. Il était devenu d'une telle violence qu'il t'aurait détruit en essayant de te posséder.

- Me posséder ?

- Te faire sien si tu préfères.

Je fronce un sourcil, perdu.

- On ne vous apprend vraiment pas la vie ici, grogne le balafré, Chanyeol est un démon revendicateur, pour que sa moitié lui appartienne vraiment, il doit coucher avec.

Mon sang se glace mais je suis sûr que mes joues sont rouge vif.

- Mais écourtons, reprenons, lorsque tu as pleuré il y a quelques semaines, tu as fais quelque chose que nous n'avions pas prévu.

Il laisse un temps de silence.

- Tu l'as appelé, inconsciemment, mais tu l'as appelé. Et il t'a entendu, désormais, ce n'est plus un démon qui est en liberté, mais un monstre.

- Je l'ai....Appelé ?

- Lors de la nuit sans lune, n'as tu pas pleuré ?

- Si....avouai-je avec honte.

- C'est la nuit où Luhan est le moins puissant et où Chanyeol est le plus réceptif, et notre défense autour de toi a diminué, pas de beaucoup mais suffisamment pour qu'il te remarque.

Il passe sa main dans sa chevelure brune.

- Et à partir de là, nous avons du agir très vite. Par je ne sais quel enchantement, nous pu l'enfermer pour l'empêcher de te retrouver, et je suis venu ici sous la forme d'un voyageur pour voir ce qu'il se passerai quand Chanyeol se libérerai. Et malheureusement, ce n'était pas du tout ce que nous aurions voulu.

Je sers les dents en baissant la tête, on m'a beaucoup reproché au monastère d'être trop petit, pas assez fort physiquement et d'avoir un caractère trop froid, seul le frère Donghyeon me disait le contraire, mais je ne peux qu'imaginer que cela déplait à aux démons, il aurait fallu un grand homme fort, résistant et beau pour êtr-

- Tu es beaucoup trop tentant pour Chanyeol, et bien trop pur, lâche Sehun, me coupant dans mes pensées.

Je lui lance un regard complètement désemparé.

- Chanyeol se jettera sur toi dès qu'il te verra et à ce moment-ci, tu n'auras plus qu'à t'accrocher à tout ce que tu trouveras parce qu'il ne se contrôlera pas. En temps normal, un ange comme toi est exactement ce qu'il ne veut pas, mais dans ton cas, la seule chose qu'il désirera, c'est que tu hurle sous lui et que toute ta pureté te soit arrachée par ses marques.

Un fort sentiment de peur m'étreint la poitrine en entendant ça et Sehun poursuit, imperturbable.

- Mais je ne vais pas pouvoir cacher ta présence encore bien longtemps, j'ai déjà réussi à te retirer de justesse hier mais il est puissant, et je suis seul, il doit savoir où tu trouves et chercher à briser mon bouclier. Et quand il y arrivera, je ne pourrais plus te protéger de lui.

- Ce que je ne comprend pas, mais si ce que j'ai compris est juste, vous voulez qu'il trouve son équilibre, mais vous l'en empêchez d'une certaine manière.

Je ne veux pas vraiment me retrouver face à ce démon là, pas du tout même, mais je n'arrive pas à saisir la logique qui anime les autres démons.

- Chanyeol va te faire du mal Junmyeon, tu es un humain et malgré que tu sois sa moitié, je ne sais pas si tu réussiras à résister à sa puissance, mais si jamais tu meurs, se sera la fin, tu es l'unique qui puisse lui convenir, sa seule moitié possible, sans toi, non seulement il perdra encore plus la raison, mais il détruira tout en recherchant son équilibre perdu à jamais.

J'ouvre la bouche pour dire quelque chose quand une explosion démentielle ébranle la protection de Sehun et je me fige, paniqué.

Une fine couche de lumière se matérialise, me montrant le bouclier, jusqu'à la invisible, se fendre, traverser par des colonnes de flammes et de puissance pure.

La main du balafré se pose sur mon épaule et il murmure.

- Je ne peux plus rester avec toi Junmyeon, ce n'est plus qu'une question de secondes. Bonne rencontre avec ton démon, si tu ne meurs pas, nous nous reverrons en enfer.

La barrière éclate au moment même où le brun disparait et je pousse un hurlement de terreur en sentant une puissance démoniaque incroyablement terrifiante.

Je suis plaqué contre le chêne sans avoir le temps de voir le démon qui fond sur moi, ma voix se bloquant soudainement et je sens une chaleur brulante autour de moi, m'indiquant que tout à pris feu aux alentours.

Une main se glisse sous ma mâchoire, relevant mon menton et je croise les yeux bleus surnaturels du démon du chaos. Paralysé, je ne peux qu'observer la beauté terrifiante du monstre devant moi qui me détaille avec intensité.

- Tu es enfin là, gronde la créature d'une voix formidable, puissante, grave et terriblement envoutante.

Incapable de décrocher mon regard du visage démoniaque devant moi, je fixe les traits stupéfiants du démon, des yeux tétanisant bleus ciel formidable, ses lèvres sont pulpeuses et rosées, donnant un coté presque angélique à la créature aux cheveux roses pâles.

Ma contemplation ne dure qu'un centième de seconde avant que je ne sois soulevé du sol, mes vêtements se retrouvant arrachés sans que je ne sache comment et que le corps musclé du démon se colle dangereusement au mien, me permettant clairement de sentir son...

Mon corps est brûlant, impossible de dire si c'est le brasier autour de moi, la gêne ou la peur qui en est responsable mais dans tout les cas, c'est terrifiant.

Je sens mes jambes être enroulées sans douceur de part et autre de la taille du démon et je pousse un hurlement de terreur, retrouvant enfin l'usage de mes cordes vocales, ma voix partant très haut dans les aiguës.

- NON !

Des larmes coulent le long de mes joues et le démon se recule de moi en poussant un sifflement colérique qui me terrifie encore plus que je ne le suis déjà. Une main bouillante se pose sur ma pommette droite et je sens les gouttes qui dégringolent sur mon visage s'évaporer tandis que le pouce du monstre décrit des cercles sur mes joues.

Mes yeux grands ouverts se retrouvent aimantés à ceux du démon qui pose son front contre le mien, l'air de se contenir d'une puissance extrême, et je comprend qu'il lutte contre lui même. Les pupilles sombres de la créature se mettent à luire alors qu'il recolle son corps au mien, et sans pouvoir me retenir, je sens mon ventre chauffer violemment, brûlant d'une sensation qui m'était encore inconnue jusqu'à là.

La grande main puissante du démon vient se coller à mes reins et il m'attire le plus possible contre son torse, sa voix venant gronder au creux de mon oreille.

- Tu es si fragile...Comment veux tu que je ne te brise pas ?

J'avale difficilement ma salive alors que ses doigts caressent lentement mon dos.

- Il n'y a que la magie de Sehun qui m'empêche d'être complètement hors contrôle petit humain, souffle le démon, Et elle ne tiendra pas bien longtemps. Laisse moi te revendiquer ~

Une brume étrange prend possession de mon esprit à l'entente de ses mots, mes pensées se floutent et je sens mon bas-ventre devenir de plus en plus chaud tandis que je perd pied, mon âme s'éloignant du monde réel, me laissant juste obnubiler par le monstre contre moi.

Je bascule lentement ma tête en arrière, tout est flou, et je frémis en sentant la poigne du démon se resserrer sur ma chute de reins. Je ne suis pas conscient de quoi que se soit en dehors de lui et je gémis incontrôlablement, totalement hors de ce monde.

Les yeux bleus du démon sont étranges, ils brillent bien plus qu'il y a une seconde et semblent si envoutant que je m'y perd, incapable de mettre des mots sur ce qu'il se passe.

Il me surélève d'un mouvement brusque et je pousse un couinement étouffé alors que son membre frôle mes fesses. Je ne sais pas comment cela se passe entre deux hommes, j'ignorais que c'était même possible, les moines m'ont toujours répété que seul les hommes et les femmes pouvaient s'unir charnellement, avant de me rappeler que c'était tout de même un péché, surtout pour les moines.

Le frère Donghyeon avait toujours été très évasif à ce sujet mais contrairement aux autres, il n'avait jamais dit que c'était contre-nature, mais ne m'a pas non plus dit ce qu'il se passait. Pour les relations hommes femmes, Jongdae m'en avait un peu parlé lors de son mariage, mais je n'ai pas l'impression que le peu de connaissance qu'il m'a fourni vont pouvoir m'être utile maintenant.

- AAAH !

Je pousse un terrible hurlement de douleur, mon dos se cambrant avec violence alors que le démon me pénètre d'un coup. Mon corps s'arque brusquement quand la créature devant moi le fait basculer sans aucune douceur contre le tronc pour démarrer de terribles coups de bassins désordonnés qui me font crier de douleurs sans même que le rosé ne s'en soucie.

Ma tête manque de heurter le chêne à plusieurs reprises alors que je suis labouré de l'intérieur par le membre du démon qui me maintient solidement contre l'arbre, ses mains imprimant leurs empreintes sur la peau de mes hanches qu'elles brulent.

J'ai envie d'implorer le monstre d'arrêter mais je n'ai pas le contrôle de ma voix qui ne fait que hurler ma douleur et ma peur. Je crois que du sang coule de mes paumes qui serrent de toute leurs forces l'écorce rugueuses du chêne et je ferme les yeux, laissant juste le démon faire ce qu'il veut de mon corps, comprenant bien que je ne peux pas m'y opposer.

Des larmes coulent le long de mes joues quand je sens un liquide chaud remplir mes chairs et le démon se tendre violemment contre moi.

Le monstre sort de mon corps au moment où je m'effondre, détruit et j'entend une voix, différente de celle de tout à l'heure, souffler.

- Bordel... NON !

Et je sombre dans l'obscurité.

Je me réveille en sursaut, le corps trempé de sueur. Mon Dieu, quel cauchemar...

Je tente de me redresser, persuadé de sortir d'un mauvais rêve, pour récupérer le cruchon d'eau qui se trouve normalement près de ma couchette, mais un violent élancement traverse mes reins, me bloquant sur place.

- Non...

J'ouvre les yeux complètement, la brume du sommeil disparaissant de mon esprit et je pousse un cri d'horreur et de peur en voyant que je ne suis pas dans ma cellule du monastère mais dans une chambre formidablement luxueuse mais qui ne fait que me prouver que ce que j'ai vécu n'est pas un cauchemar.

Une chambre immense dans les teintes noires et rouges, lambrissées, sombre et immense, des rubis ornent les murs et j'identifie des diamants qui me renvoient la lumière d'un candélabre en pierreries dont les flammes sont rouges et argents.

Un titanesque miroir en pied dont la glace semble être en cristal pur reflète mon image, un jeune homme frêle, nu à l'air terrorisé et perdu dont le corps est marqué par des brulures. Je tremble en fixant mon reflet, mon Dieu...

Je pousse un couinement terrorisé en entendant la porte s'ouvrir et je tourne vivement la tête pour poser mes yeux sur un démon qui m'est inconnu.

Moins grand que Sehun et Chanyeol mais aussi épais voir plus, il a les yeux noirs d'encre et un visage étonnamment doux et sculpté, un tatouage étrange est apposé sur sa joue et ses mèches noires tombent élégamment sur son front, il aurait apparu humain, un superbe humain certes, si son torse quasiment nu ne dévoilait pas un dragon gravé sur sa peau qui se déplace tranquillement sur son corps.

- N'ai pas peur Junmyeon, dit il d'une voix si douce comparée à celle des autres démons que j'ai eu le malheur de croiser, Je ne te ferais pas de mal.

Tremblant, je le regarde s'approcher de moi et il s'arrête à quelques pas, ressentant peut être ma terreur.

- Tout va bien petit, tout va bien. Je suis Yixing, je sais, ce n'est pas rassurant surtout dans ces circonstances.

Il a l'air très différent des démons que j'ai vu jusqu'à là mais j'ai peur, très peur.

- Chanyeol est loin en ce moment, m'apprend le noiraud en restant debout à une bonne distance de moi.

Une onde de soulagement me traverse bien que j'ignore si il me dit la vérité.

- Il ne devrait pas t'approcher avant quelques jours, poursuit-il, Et pour l'instant, Kyungsoo se charge de le maintenir éloigné de toi, tu as un peu de temps pour te remettre physiquement.

Il se rapproche doucement pour s'assoir au bout du lit, calme et apaisant, si éloigné de l'image qu'on a des démons, il dégage une puissance moins agressive que ses confrères et son visage doux n'exprime pas du tout les cauchemars et la souffrance qu'il est censé représenter.

- Junmyeon, je vais poser une question qui risque de te déplaire, mais il me faut une réponse.

Je le regarde sans un mot.

- Quand Chanyeol t'a violé, est-ce qu'il a joui ? Je sais que c'est horrible mais il faut que je sache.

Je sens des larmes monter et je baisse la tête, douloureusement. Le liquide qui coulait entre mes cuisses, ce n'était pas de l'eau...

- Junmyeon, pleure, les humains ont besoin de pleurer.

Je me recroqueville malgré la douleur de mon corps meurtri et je sens une goutte rouler sur ma joue.

Une main chaude se pose sur mon épaule et sans que je ne me contrôle et par un réflexe purement humain, je me rue dans les bras du démon, cherchant du réconfort après l'horreur même si ce n'est clairement pas la bonne épaule pour pleurer.

Yixing ne cille pas et passe tranquillement sa main dans mon dos pour me calmer. Mon souffle est erratique alors que je reste inerte contre le torse de l'entité surpuissante dont je sens la peau ondulée sous moi, je baisse les yeux et vois le tatouage de dragon glisser le long de mon bras avec douceur, s'incrustant sur ma propre peau pour s'enrouler lentement sur mon poignet, dans une caresse rassurante.

Je ne sais pas combien de temps ni de larmes, j'ai écoulé dans les bras du démon avec son tatouage qui se balade sur ma peau, mais je finis par me calmer et à m'éloigner de lui, atrocement honteux. Comment ai-je pu tomber si bas ? Je n'ai jamais montré mes émotions à quiconque autre que Jongdae et extrêmement rarement le frère Donghyeon, alors m'effondrer en sanglots contre un démon inconnu...

- Ca va mieux Junmyeon ? demande la voix, toujours aussi douce et calme, du démon en question.

Je hoche la tête, mal à l'aise et le noiraud se lève pour me regarder.

- Je dois te réitérer ma question, il faut à tout pris que je sache la répons-

Je hoche la tête, le coupant, et fixe le sol de marbre noir, les lèvres de nouveau tremblantes. Comment cela a-t-il pu arriver ?

- Je vois....Ecoute Junmyeon, je sais que ce qu'il s'est passé est horrible, mais ça ne se reproduira point, Chanyeol ne te touchera plus.

Je le regarde, sans un mot.

- Kyungsoo va venir s'occuper de toi, il te soignera, surtout tes brûlures, celles de ta taille ont l'air assez sérieuse, et on verra après. Je t'aurais bien soigner moi même, mais j'ai à faire.

Il dépose sa main sur mon épaule et rajoute.

- N'ai pas peur Junmyeon, crois moi que tu es un héro ici maintenant.

Le démon s'évapore de la pièce d'un coup, me faisant sursauter et je le cherche brièvement du regard par réflexe avant de reculer tout au fond du lit, inquiet.

C'est en tentant de me redresser, mon dos refusant douloureusement de suivre le mouvement, que je me rend compte, ou plutôt me rappelle, de ma nudité.

Une vague de honte et de gêne me traverse violemment et je me gifle mentalement, quel idiot je suis....

Je n'ai cependant guère le temps de m'apitoyer sur mon manque de réflexion car la porte s'ouvre de nouveau sur un petit démon, petit en taille, pas en aura, qui s'avance dans la lumière des candélabres.

- Bonjour Junmyeon.

Je sursaute en entendant sa voix, superbement claire et envoutante, et je le regarde, méfiant. Des cheveux noirs aussi, rasés sur les cotés, ce qui lui donne un air étrange, des yeux aussi sombre que la nuit qui détonne sur sa peau blanche, de longues ailes noirs, fines et sobres, trainent dans son dos, et surtout, un regard à la fois terrifiant et rassurant, un mélange improbable entre le plus pur des anges et le plus féroce des démons.

- Je suis Kyungsoo, se présente doucement le démon en s'inclinant poliment.

Je le fixe, les yeux écarquillés par la peur et l'admiration, je ne devrais admirer que Dieu, mais ce démon inspire le respect malgré son apparence assez petite, il doit faire ma taille ou un peu plus, mais rien comparé aux géants que sont Chanyeol ou Sehun.

- Tu veux bien que je m'approche ? demande doucement le noiraud.

J'hésite avant d'hocher la tête, je ne devrais sans doute pas, mais il m'inspire confiance sans que je ne sache pourquoi.

Souplement, le démon s'avance vers moi et s'assoit à mes cotés alors que je me recroqueville un peu sous le drap que j'ai tiré sur mon corps.

Il reste immobile, attendant patiemment que je me calme et ses yeux sombres posés sur moi semblent presque maternels.

- Ca fait très longtemps que je n'ai pas pu te voir réellement, j'aurais aimé que se soit dans d'autres circonstances cependant, mais je suis tout de même heureux de pouvoir être en ta présence, dit il.

Je fronce les sourcils, maintenant que je l'entend de plus près, sa voix m'est familière, vraiment familière.

- Tu ne me reconnais pas n'est ce pas ?

Je le regarde, dans l'incompréhension.

- Et si je prend cette apparence ?

Ses ailes disparaissent soudainement, ses cheveux s'allongent sur les cotés et sa peau bronze très légèrement.

- DO ?!

Je reste bouche-bée en reconnaissant le jeune homme qui me gardait avant mon entrée au monastère et qui me rendait souvent visite en douce jusqu'à mes dix ans avant de disparaitre soudainement.

- C'est vraiment toi ou tu te moques de moi ? demandai-je, le tutoyant instinctivement.

- C'est vraiment moi, je ne m'amuserai pas à te mentir, sourit doucement le noiraud, reprenant exactement les mêmes expressions que celui que je connaissais.

Je suis incapable de répondre, fixant juste le démon qui tourne doucement la tête sur le coté.

- Tu m'as beaucoup manqué Junmyeon. Crois-moi, ça n'aurait pas été trop dangereux à cause de Chanyeol, je serais revenu te voir bien plus souvent.

- Je...Je...

Je n'arrive pas à formuler une phrase, regardant juste D-Kyungsoo, sous le choc.

- Tu as besoin que je m'occupe de tes blessures déjà, dit le démon, exactement de la même manière dont me parlait DO quand j'étais petit.

Instinctivement totalement en confiance, je le laisse se rapprocher de moi et poser sa main sur mes avants bras marqués par les griffures de l'écorce.

- Je vais le détruire et sucer ses os jusqu'à la moelle à ce putain de démon incendiaire, gronde sourdement le noiraud en refermant mes plaies.

Je sens ma peau frémir et je vois les brulures s'effacer lentement.

- Je ne peux pas soigner celle de tes reins, elles sont trop profondes...souffle Kyungsoo en regardant les marques des mains de Chanyeol incrustées dans la chute de mon dos.

Trop profonde pour un démon ?!

- Elles ont été faites par Chanyeol, il y a mis trop de puissance pour que ma magie puisse y faire quelque chose à part apaiser la douleur, explique le démon.

Je retiens un soupire détruit, la douleur de l'acte du démon du chaos est incrustée dans ma peau jusqu'à je ne meurs.

- Personne ne peut les enlever ? murmurai-je.

- Non...Même Chanyeol ne pourrait pas. Désormais, c'est pour l'éternité...

- L'éternité ?!

- Tu es lié à Chanyeol, désormais, tant qu'il est en vie, toi aussi, répond Kyungsoo en plantant ses yeux dans les miens. Bienvenu en enfer Junmyeon, les démons principaux sont immortels.

Une explosion de puissance me réveille en sursaut et je me tourne brusquement dans le lit pour voir une immense silhouette entourée de flammes entrer dans la pièce.

Chanyeol....

Mon sang se glace quand je reconnais le démon du chaos et je me lève aussi vite que je le peux pour fuir dans un recoin aussi loin possible du géant incendiaire.

Les flammes s'évaporent soudainement, seules restent celles des candélabres, et le démon reste immobile, les poings serrés, debout devant la porte, ses yeux bleus rivés sur mon petit corps recroquevillé dans un coin de la pièce.

- Petit humain....souffle sa voix et je glapis de terreur en ramenant mes bras autour de mon torse.

Parcouru de tremblements effrayés, je le vois bouger pour se rapprocher de moi et je sens des larmes couler sur mon visage alors que j'entend mon coeur pulser dans ma gorge.

Depuis deux semaines, je suis ici, Kyungsoo, Yixing et Sehun sont venus me voir à plusieurs reprises mais Chanyeol était maintenu loin par ses confrères, mais hier, le démon de la tempête m'a prévenu qu'ils n'arriveraient pas à le retenir aussi longtemps qu'ils ne le pensaient.

Il veut te voir m'a dit Sehun, c'est plus fort que lui. Mais moi, je ne veux pas le revoir, jamais. Il a eu ce qu'il voulait, sa moitié est liée à lui, il n'a plus besoin de me voir !

Je pousse un hurlement terrorisé quand il traverse plusieurs mètres pour aller vers moi et il s'immobilise, ses yeux bleus démoniaques brillants d'une lueur étrange.

- N'ai pas peur....Je ne te toucherai pas, n'ai pas peur....

Sa voix semble presque suppliante alors qu'il s'accroupit pour me regarder.

Secoué de sanglots terrorisés, je cris en le voyant se pencher vers moi.

- NE M'APPROCHE PAS !

Il se fige totalement, comme statufié et je remarque que les flammes des bougies sont entrain de s'éteindre, plongeant lentement la chambre dans la pénombre.

- Je ne te ferais pas de mal, je ne t'approcherai pas, et je te toucherai encore moins, résonne la voix du démon alors que je ne vois pas ses lèvres bouger.

Je tourne la tête dans tout les sens pour chercher la source du son mais rien, la pièce est sombre et quand je pose mes yeux sur le miroir, un frisson d'horreur me fait trembler, dans le reflet qui devrait renvoyer Chanyeol qui est devant moi, il n'y a que mon image. Pourtant, je suis sûr de voir le corps du démon à trois mètres de moi et je ressens même la chaleur qui s'en dégage.

- Mais il faut que je te parle.

Ma respiration se coupe quand je sens la différence dans sa voix, il s'en dégage une force phénoménale, meurtrière, mais qui ne semble pas pouvoir m'atteindre, comme si j'étais capable de la briser d'une pichenette.

- Je sais que je t'ai violé petit humain, souffle le démon, Je ne te demande pas de me pardonner même si je pourrais te dire toutes les excuses du monde, que je ne me contrôlais pas ou autre, mais c'est impardonnable.

Je suis sûr désormais que sa voix ne vient pas de son corps...

- Si je suis ici, ce n'est pas pour me fendre de remords que tu ne veux pas entendre. Tu es un ange qui n'a rien à faire en enfer, je t'ai bruler les ailes, j'ai commis le pire des crimes, et pourtant, ton auréole est toujours aussi lumineuse, ton âme est pure petit humain.

Je frémis quand je me rend compte que l'obscurité n'est pas du à la présence de Chanyeol, elle est Chanyeol.

- Je suis venu faire quelque chose que je ne devrais pas, dit le démon, ne me rassurant pas.

Son corps rouvre soudain ses yeux, me faisant remarquer qu'ils étaient clos, et ses pupilles dilatées se posent sur moi.

- Je suis venu te voir une dernière fois. Tu vas oublier notre rencontre, tout ce que je t'ai fais subir, mon existence en elle même, je n'aurais plus le droit de te regarder, de retenir tes traits. Tu seras ramené dans ton monde, auprès de ton meilleur ami, tu vivras tes rêves, Yixing veillera à ce que tu ne fasses jamais de cauchemars, et plus jamais tu ne me verras ou entendras parler de moi.

J'ouvre grand les yeux, comment ça ?

- Je n'ai plus aucun droit de t'appeler ma moitié, je n'en ai jamais eu en vérité, j'ai perdu tout honneur, toute liberté, tout sentiment de vie, à l'instant même où mes mains se sont posées sur toi sans que tu ne le veuilles. Un ange comme toi n'a rien à faire ici, je ne peux te rendre tes ailes comme je ne peux dissocier nos âmes, mais nos chemins ne seront plus jamais mêler. Tu n'as rien à craindre de moi petit humain, rassure toi, je ne souillerai pas ton nom de ma voix.

Tétanisé, je le fixe et je vois la chambre alors que le géant souffle.

- Je ne te dis pas à Dieu, je suis un démon.

Et tout s'efface.

- Parrain !

Je réceptionne joyeusement la petite fille aux longues nattes noires qui me saute dans les bras et je la décolle du sol pour la faire tourner dans les airs.

- Yoon-Hye ! Je suis heureux de te voir ma grande!

- Je vais me vexer, tu es plus heureux de revoir ta filleule que ton meilleur ami ! lance la voix familière de Jongdae qui s'avance, tenant la main de sa femme dont le ventre arrondi étire le tissu de sa robe.

Je redépose la fillette par terre pour venir donner l'accolade au brun qui rit en m'étreignant.

- Comment vas-tu Jun' ?

- Comme tu peux le constater, je suis en pleine forme ! Et à ton teint, je vois sans peine que tu l'es également !

- Il est vrai que je respire la santé, répond gaiement Jongdae.

- Tu m'en vois heureux ! Et pour toi Yun, tout vas bien ?

- Je commence à être fatiguée, ce petit monstre bouge beaucoup, rit la belle jeune femme en passant sa main sur son ventre, Mais je vais bien.

Yoon-Hye choisit ce moment pour me tirer la manche, réclamant de l'attention et je me tourne vers ses parents après l'avoir prise dans mes bras.

- Que diriez vous de rentrer ? Le temps est humide, nous serons plus à notre aise près du feu.

- C'est une excellente idée !

Quelques minutes après, nous sommes assis sur un banc, sauf Yun qui est confortablement installée dans l'unique fauteuil de ma maison, et la petite fille court joyeusement avec Jongin, mon fils, sous le regard chaleureux de ma femme, Ji.

- Vraiment ? C'est formidable, ris-je à la description des foires que me fais Jongdae.

- Tu aurais du voir Yoon-Hye, elle n'en revenait pas, sourit Yun.

- Mais assez parler de nous ! s'écrit mon meilleur ami, Ji, Jun', parlez nous un peu de votre vie en ce moment, parce que j'ai l'impression que tu n'as pas pris un ride depuis la dernière fois Junmyeon. Tout doit être bien paisible pour que tu sois si hors du temps.

- Je crois que je suis mariée à un ange, il ne vieillit pas, rit ma compagne en venant s'assoir sur mes jambes et j'enlace tendrement sa taille.

- J'ai une si belle vie, une si belle femme et un si beau fils que je ne peux que rester jeune, répliquai-je en embrassant amoureusement sa joue.

- A en croire ce beau spectacle, tout va pour le mieux, remarque Yun en souriant.

- En effet, Junmyeon est le médecin le plus renommé de la contré, dit Ji.

- Et Ji est la meilleure soignante qui soit pour m'aider.

Nous rions de bon coeur et la soirée se déroule dans les conversations chaleureuses et les cris joyeux des enfants. Je suis heureux.

Après le terrible incendie du monastère, déclenché par la chute malencontreuse d'une torche dans les écuries, alors que j'étais parti au village, je n'ai pas eu la foi d'aller dans un autre établissement religieux comme mes parents me l'ordonnaient et j'ai rejoins Jongdae et Yun dans leurs voyages, rencontrant ainsi ma filleule par la même occasion, mon compère de toujours ayant décidé que je serais son parrain quoi qu'il arrive.

J'ai voyagé six mois avec eux avant de rencontrer Ji, la fille d'un marchand, et d'en tomber amoureux. Après quelques mois, nous nous sommes mariés, et nous nous sommes installés dans une maison tranquille près de la rivière Han, non loin d'une ville où j'exerce mes talents de médecin pour nous faire vivre.

Neuf mois après notre mariage, Jongin est né, un ravissant petit garçon de quatre ans maintenant qui me comble de bonheur. Jongdae et Yun eux ont continué leur périple, nous rendant tout de même souvent visite, et à leur dernier passage, il a été conclu qu'ils viendraient ici pour la fin de la grossesse de Yun et pour les premiers mois de leur futur enfant.

Je serais fou de bonheur sans trois détails.

Comme l'a fait remarqué Jongdae tout à l'heure, je ne vieillit pas, et le problème, c'est que je n'ai pas l'impression que se soit une illusion, là où je devrais avoir vingt-deux ans, j'en parais toujours dix-sept, mon visage et mon corps ne semblent pas être affectés par le temps. Au début, cela ne me dérangeait pas, je ne le remarquais pas, mais un jour, en croisant un voyageur qui était passé autrefois au monastère, je m'en suis rendu compte.

Et ensuite, les brulures sur mon dos.... Sur la chute de mes reins, j'ai de larges cicatrices, due à des brulures d'après mes connaissances médicales, mais je n'ai pas souvenir de comment je me les suis faites. Leur forme aussi est glaçante. Ji dit que l'on dirait deux mains gravées dans ma peau, comme si l'on m'avait marqué au fer rouge, et je ne supporte pas de contact ici, j'ai toujours une sensation atroce quand quelqu'un touche cette partie de mon corps.

Et les nuits sans lune, mon dos chauffe sourdement, j'ai la sensation d'une présence qui ne peut être là, comme si quelqu'un voulait à tout pris me voir mais ne le pouvait point, et cela me donne l'impression que mon âme est écartelée, l'impression qu'il m'en manque une partie.

Ces éléments m'empêchent d'être pleinement heureux bien que mon sourire ne quitte que rarement mes lèvres.

Etendu contre le corps chaud de ma femme qui dort paisiblement contre mon torse, je regarde le mur uni en face de moi. J'ai toujours cette sensation d'avoir oublié quelque chose d'essentiel.

Le souffle de Ji dans mon cou m'apaise et je viens embrasser tendrement ses lèvres, la réveillant involontairement.

- Qu'est ce qu'il se passe mon amour ? souffle t'elle.

- Je ne voulais pas te réveiller mon ange, m'excusai-je, Je me rend juste compte de la chance formidable que j'ai de t'avoir.

- Je t'aime mon Junmyeon, répond elle en venant frotter affectueusement son nez contre le mien avant de joindre amoureusement nos croissants de chairs.

Je referme mes mains sur ses hanches et la fais basculer sur le matelas, je l'aime tellement, je veux oublier ce sentiment étrange de culpabilité, comme si je trahissais quelqu'un à chaque fois que j'aime cette femme formidable.

Nos deux corps s'unir amoureusement toute la nuit, je me perds dans les bras de ma compagne qui s'accroche à moi.

- Papa ! Tu crois que se seras une fille le bébé de maman ? demande innocemment Jongin, les mains posées sur le ventre de Ji.

- Je ne sais pas Jongin, il faut encore attendre un petit peu avant que tu ne le sache, répondis-je avec un sourire affectueux.

- J'ai envie que se soit un garçon ! Comme ça je pourrais jouer avec lui ! Mais si c'est une fille, je pourrais aussi m'amuser comme avec Yoon-Hye, mais du coup, elle sera jalouse non ?

Ji éclate d'un rire cristallin avant de dire à l'adorable brunet devant elle.

- Mais non Jongin, elle sera très heureuse d'avoir une nouvelle amie, et je suis sûre qu'elle le présenterai tout de suite à Zitao pour qu'ils soient aussi amis.

- Ca fera deux bébés du coup ! Est-ce qu'il sera aussi petit que Zitao ? s'écrit l'enfant en pointant le ventre de sa mère.

Je regarde le tableau avec un sourire heureux, ma femme aux courbes maternelles qui sourit à mon fils qui semble fou de joie à l'idée de voir la famille s'agrandir.

Seule la flamme vacillante de la bougie rompt la parfaite harmonie de ce spectacle, me plongeant dans une nervosité incompréhensible.

- C'est un petit garçon, souffle ma femme, fatiguée mais les yeux brillants de bonheur, en me montrant le nourrisson emmailloté qui dort paisiblement.

Je prend doucement le nouveau-né dans mes bras, m'asseyant près de Ji, les larmes aux yeux.

- Il est magnifique mon amour, aussi beau que Jongin.

- Comment veux tu l'appeler ? demande tendrement la brune en posant sa main sur mon bras.

- Seungyoun....Si ce nom te plait, j'aimerai l'appeler Seungyoun.

- C'est beau, je suis d'accord pour le nommer ainsi. Que dirais-tu d'appeler Jongin pour lui présenter son nouveau petit frère ?

- Oui, je redépose précautionneusement l'enfançon dans les bras de sa mère et vais chercher son ainé d'un pas tremblant, je suis de nouveau père, et mon Dieu que j'en suis heureux.

En sortant de la pièce, je croise mon reflet dans le miroir, et un poids s'abat sur mes épaules, entachant légèrement mon bonheur. Ce visage inchangé qui me regarde dans la glace, pas une ride, pas une trace de mes vingt-trois ans.

- Je commence à m'inquiéter Jun'...souffle mon meilleur ami, assis avec moi devant le coucher de soleil, Je veux dire, tu fêtes tes trente ans, Seungyoun ses sept ans, et pourtant, tu n'as pas vieilli.

- Ca me pèse Jongdae... Je ne sais pas pourquoi je ne semble pas vieillir, je ne perd pas ma force, je ne suis jamais malade, je vous vois prendre de l'âge, je vois les rides apparaitre sur le visage de Ji, je vois mes enfants grandir, mais je ne change pas.

- Je sais Junmyeon...Mais je ne comprend pas... Depuis l'incendie, tu n'es plus exactement le même, il y a ces brulures, ton âge, ces nuits sans lune où tu ne dors plus, la culpabilité que tu ressens... Si ça continue comme ça, Jongin aura vingt ans avant toi....

- Jongdae....Dis moi ce qui ne va pas chez moi...

- Tu es un ange Jun', c'est peut-être ça qui ne va pas. Tu es si pur, si altruiste, peut être Dieu t'a-t-il offert un don pour féliciter ta pureté.

- Don ou malédiction ?

- Je ne peux pas te le dire Junmyeon. Aller, rentrons, les enfants doivent nous attendre, et nos femmes aussi.

Je me relève et le suis jusqu'à la maison où se trouvent mes deux fils et leur petite soeur, tous à jouer avec Yoon-Hye, Zitao et Seungkwan. Je vois le profil de Ji qui caresse son ventre de nouveau rond en bavardant avec Yun qui tient son dernier fils, Changbin, se dessiner dans les derniers rayons du jour.

Elle se tourne vers moi en souriant et je regarde son visage dont les légers rides ne font que rendre plus beau et les reflets des quelques fils d'argents qui ornent sa chevelure brune qui reflète la lumière du soir. Et malgré mes angoisses, son sourire fait battre mon coeur, que j'aime cette femme.

- Papa....Voici Yuqi, m'annonce Jongin, Ta petite fille.

Je regarde doucement le corps rond du magnifique bébé que je tiens dans mes bras, un rayon de soleil aux traits doux.

- Elle ressemble à sa mère, souris je en lançant un doux clin d'oeil à la jeune femme qui se repose dans le lit.

- Elle ressemble à papa aussi, répond Yoon-Hye en riant, La même puissance vocale.

- Ce n'est pas possible ça, réplique mon meilleur ami en repoussant ses cheveux argentés en arrière, C'est bien connu que personne ne peut égaler ma voix !

- Il semble bien que si, rit la belle femme à coté de moi, posant sa main, parcheminée par les années, sur la peau fine de mon bras qui n'a pas perdu sa jeunesse, comme le reste de mon corps.

- Ji ! Tu vas me le vexer, intervient joyeusement Yun en essuyant les larmes de bonheur qui coulent sur son visage basané par le soleil de ses voyages.

Je laisse mon regard passer sur la scène, Seungyoun regarde, du haut de ses dix-sept ans, sa nièce dans mes bras, Iseul, ma cadette, fixe avec joie le beau bébé, et mon fils ainé...Jongin, qui semble plus vieux que moi... Dont le sourire exprime un bonheur intense.

- Junmyeon, mon amour, qu'est ce qu'il t'arrive ? demande ma femme en voyant mes yeux se remplir de larmes.

- Rien, rien Ji, je suis juste heureux.

- Jun', mon meilleur pose sa main sur mon épaule, Tu es grand-père aujourd'hui, tu vas prendre le coup de vieux que tu attends, ne t'en fais pas.

Je croise le regard pétillant de mon compère et je souris.

- Je vous aime, vous ne pouvez même pas imaginer.

- Tu ne peux pas nous aimer plus que moi ! rétorque Jongdae en me tapant doucement l'épaule.

J'ai peur. Peur de ne pas vieillir, pitié, mon Dieu, retirez cet étau de ma poitrine, laisser moi vieillir...Je vous en supplie....

Effondré, je reste immobile devant la pierre tombale, au milieu de ce cimetière, en simple chemise sous la pluie torrentielle, peu m'en importe. Aujourd'hui....

Jongdae vient de partir pour un ultime voyage, rejoignant Yun partie l'hiver dernier....

Les bras de Ji se referment autour de moi et sa voix fatiguée souffle.

- Mon amour....

Je me retourne pour prendre contre moi le corps frêle de ma femme qui semble être ma grand-mère.

- Ji...Je n'en peux plus...Je ne peux plus voir partir les gens que j'aime alors que je suis condamné à rester jeune...

- Je sais Junmyeon...Tu n'imagines pas à quel point cela m'effraie aussi....Te voir si malheureux à cause de cette malédiction sortie de nulle part....Je t'aime profondément...Mais je sais que mon heure sera bientôt là....Alors qu'il te reste tant d'années devant toi....Tu m'es si précieux mais j'ai peur....Peur de partir sans toi....

- Ji.....Le plus jeune de nos enfants à dix ans de plus que moi physiquement....Je ne peux plus rester comme ça....C'est impossible...

La femme à la chevelure argentée fond en larmes dans mes bras et elle murmure.

- Je t'en prie Junmyeon, après mon départ, trouve la source de cette malédiction, romps là et rejoins moi....Je t'en supplie, je ne veux pas te voir mourir, mais rejoindre le ciel en sachant que je ne t'y verrais jamais tout ange sois-tu m'est insurmontable....

- Je t'aime Ji, je ferais tout pour que cela dur toujours....

- Je t'aime aussi Junmyeon...

Mon corps heurte violemment le sol et je pousse un cri désespéré en ne ressentant aucune douleur à l'impact. Pourquoi ne puis-je pas mourir ?!

Mon fils ainé est mort de vieillesse et je suis encore là ! Jeune....

- ARRÊTEZ CETTE TORTURE QUI QUE VOUS SOYEZ ! hurlai-je dans la forêt.

Je m'effondre à genoux et je cri encore plus fort.

- LAISSEZ MOI MOURIR ! JE VOUS EN SUPPLIE !

- Je ne peux pas te laisser mourir Junmyeon....Je ne peux pas....

J'espère que cet os vous a plu 😇

La suite est en dessous, rangez ces armes !











Je me fige en entendant une voix résonner dans les bois.

- Qui êtes-vous ?!

- Celui que tu n'aurais jamais du revoir....

Une colonne flamme se matérialise devant moi et une créature à la chevelure rose, et aux yeux bleus....Non, un de ses yeux est bleu, l'autre est blanc, comme brulé.

- Je suis désolé... Il est bien trop tard pour te le dire.... Mais je suis désolé....J'ai tout fait pour rompre le lien qui nous unit...J'ai tout fait pour réparer mes erreurs...Mais je ne peux que constater mon échec...

A cet instant, une vague de souvenirs terriblement violente me frappe et je souffle.

- Chanyeol ?!

- Oui....Hélas c'est bien moi...Excuse moi d'être là...Ta souffrance me rendait fou...

Je me jette sans réfléchir sur le démon, des larmes de tristesse et de haine coulant sur mon visage et je le martèle de coups qu'il ne doit même pas sentir.

Le corps du démon se relâche simplement, me laissant le frapper aussi fort que je le peux, sans un mot, sans un geste pour me stopper, juste un désespoir que je ressens terriblement fort.

- POURQUOI M'AVOIR LAISSER LIBRE SI C'ETAIT POUR ME TORTURER AINSI ?!

- Je ne voulais pas que ça se passe comme ça...J'étais persuadé pouvoir briser le lien....Te libérer de ce poids....Mais même un démon ne peut pas rompre ça....

- Chanyeol....Je te hais......Je te hais....

- Je sais Junmyeon....Et je le mérite..... Mais je ne peux pas mourir, alors toi non plus....

- Je suis destiné à rester comme ça ?! Un pauvre fou qui ne vieillit pas et qui pleure tout ceux qu'il a perdu ?!

- J'aimerai qu'il en soit autrement....Je préfèrerai redevenir fou que de te voir souffrir....Tu n'imagines même pas à quel point j'ai lutter Junmyeon, je suis coupable de tout, et je ne suis même pas en pouvoir de réparer mes fautes.

Immobile, je regarde le démon face à moi et je demande, brisé.

- Ton oeil, que lui est-il arrivé ?

- J'ai essayé de me tuer, mais j'ai juste perdu un oeil.

- Tu n'aurais pas pu le soigner ?

- Si.

Un silence tombe, silence où je ne fais que revoir les images de ma vie défiler, le sourire de Ji, les rires de Jongin, les chansons de Jongdae, les cris joyeux de Seungyoun et Zitao, les danses endiablées de Yoon-Hye et de Seungkwan, les crises de fous rires de Changbin et Iseul, les mots pétillants de Yun et mon bonheur quand nous étions ensemble...

Je me remémore chacune des ces scènes avant de regarder Chanyeol.

- Efface ma mémoire, gomme chaque souvenirs de cette vie là, fais moi croire que j'ai toujours été ton compagnon, fais moi oublier tout ça.

- Junmyeon...Tu es sûr ? Je s-

- J'en suis sûr et certain ! Je ne peux pas vivre avec ce poids ! Laisse moi être égoïste ! Je t'en supplie, pour une fois, laisse moi oublier !

- C'est définitif. Contrairement à aujourd'hui, je ne te laisserai aucun retour en arrière possible. Tu peux encore changer d'av-

- Chanyeol.

Le démon hoche la tête et je suis tiré en avant par ses bras puissants.

- Junmyeon, sache le, bien qu'il soit trop tard. Je suis désolé.

Ses lèvres se posent sur les miennes et mes souvenirs tournent une ultime fois dans mon esprit avant que tout ne deviennent noir.

- Chanyeol ! Tu sais que je t'aime ?

- Moi aussi Junmyeon. Plus que tout, me répond mon démon, son regard brillant pourtant d'une lueur douloureuse, Tu n'imagine même pas.

Cette fois, c'est vraiment la fin. J'ai pleuré en écrivant cet os, je ne sais pas si il est vraiment triste ou si je suis sensible....

J'espère qu'il vous a plu.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro