Os 44
NCT, JohnnyxXiaojun
Je regarde les soldats entrer dans l'auberge, détournant brièvement les yeux de ma tâche, ce qui me vaut une baffe de ma patronne qui gronde.
- Je ne te paye pas à rien faire, termine moi ça.
Je m'excuse en me hâtant de laver la vaisselle alors que la matrone se tourne avec un sourire polie et une moue aimable vers les nouveaux arrivants.
- Bien le bonsoir messieurs, que puis-je faire pour vous ?
- As-tu de quoi loger quinze hommes et leurs montures ? demande la voix d'un des soldats.
- J'ai.
- Parfait. D'autres hommes arriveront dans la semaine, parmi eux, un général important, je veux que ta chambre la plus confortable soi prête pour lui.
- Ce sera fait, cependant, je ne suis pas sûre de pouvoir loger une trentaine de soldats.
- Ce n'est guère important, seul les officiers resteront ici à l'arrivé du général.
Je les entends continuer à discuter, parlant cette fois argent, et je me reconcentre sur la tâche de mes mains qui récurent la vaisselle.
J'ai à peine terminer de nettoyer la dernière assiette que la patronne me crie dessus.
- Vaurien ! Vas servir ces messieurs et en vitesse sale garnement !
Je me hâte de m'exécuter et je m'avance vers les soldats avec un plateau chargé d'assiettes de soupe fumante et épaisse dans laquelle flotte des morceaux de légumes odorants.
Je les dépose devant les soldats et l'un d'eux me lance un regard moqueur alors que je passe à coté de lui.
Mes pieds se prennent brusquement dans une jambe et je m'étale violemment, renversant mon plateau dans un fracas infernal sous le rire gras du soldat alors que les autres se mettent à râler de ma maladresse.
Je me ramasse un coup de pied dans les cotes alors que l'aubergiste se jette sur moi, furieuse.
- Oh boudiou sale gamin ! Nettoie moi ça ! Et en vitesse !
Je me relève rapidement et elle me décoche une gifle violente avant de se tourner vers les soldats pour s'excuser de mon comportement.
Je cours chercher de quoi nettoyer le carnage par terre et retiens difficilement un sanglot fatigué, ce soir, elle va me faire coucher dehors alors que la neige tombe et je ne sais pas où je vais pouvoir me réfugier pour m'en abriter.
Je retourne dans la cuisine après avoir laver le sol et sans surprise aucune, madame Zōu se précipite vers moi pour se mettre à hurler.
- Espèce de bon à rien ! Comment as-tu pu faire ça ? Ridiculiser le nom de mon auberge devant les soldats de l'empire coréen ?! Tu dormiras dehors pour toute la semaine et ne t'avise même pas de songer rentrer dans les écuries !
Je déglutis, horrifié, survivre une nuit au froid, c'est une chose, sept, s'en est une autre.
- Finis tes corvées et sors de ma vue vaurien !
Je file pour éviter de le prendre un coup de torchon et sors dehors pour aller chercher de l'eau à la fontaine, frissonnant.
Je ne porte qu'une simple blouse de toile raccommodée dans tous les sens, un vieux pantalon troué et une paire de sabot, dans le froid glacial de la nuit, je frissonne atrocement, incapable de me réchauffer. Je suis tout maigre, le peu de chair que j'ai sur les os ne me permettra pas de garder la chaleur de mon propre corps...
Je retourne dans la chaleur de l'auberge chargé de deux seaux qui doivent peser aussi lourd que moi et je vais les déposer à leur emplacement habituel avant de chercher une autre tâche à faire pour pouvoir rester au chaud. Mais la bonne femme derrière son comptoir n'est pas de cet avis.
- DEHORS ! m'hurle t'elle en me voyant.
Je sors à contrecœur, complètement gelé et je m'avance d'un pas lourd dans la neige épaisse et boueuse qui s'engouffre dans mes vieux sabots de bois. Je me met aussitôt à grelotter, le froid me pénétrant jusqu'aux os en quelques secondes.
Je remonte dans les rues du village à la recherche d'un endroit où m'abriter, c'est la première fois que je me retrouve dehors en hiver, généralement, c'est en automne ou au printemps qu'elle me fait dormir à l'extérieur mais pas quand les grands froids arrivent, je ne connais donc pas d'abris fiables.
Rapidement, je rejoins le centre du village, désert à cette heure-ci et je m'avance à la recherche d'un quelconque abri, rien. Les maisons sont closes et je sais pertinemment que demander de l'aide est inutile, les gens se fichant bien du garçon à tout faire de l'auberge.
Je finis par m'éloigner un peu du coeur même du village pour me faufiler vers les champs, là-bas, j'ai des chances de trouver un abri à vaches ou à moutons où je pourrais passer la nuit avec les bêtes, je n'aime pas vraiment ça mais je n'ai pas le choix. Mieux vaut-ça que mourir de froid.
Après une dizaine de minutes de marche, j'arrive vers les champs du père Gao et je passe sous la barrière de bois pour rentrer dans un des enclos. Sans problème, j'arrive à traverser le pré pour me rendre compte que tout les moutons sont contre les haies.
Les lèvres bleuis, je me traine en direction des animaux et je me place entre eux, frigorifié. Debout au milieu du troupeau, je sens la chaleur du bétail me réchauffer un peu et je place mes mains gelées sur la toison d'une brebis près de moi pour tenter d'y faire circuler mon sang.
Je vais devoir rester ici jusqu'à ce que je puisse rejoindre l'auberge, demain matin vers cinq heures. La nuit va être longue...
Je marche difficilement, mon souffle se gelant dans le froid terrible alors que je gravis la montée qui mène à l'auberge, trempé de la neige qu'il est tombé cette nuit et qui a traversé les maigres guenilles que je porte.
Devant l'auberge, la première chose que je vois, c'est le groupe de chevaux magnifiques qui n'appartiennent pas aux soldats d'hier. Mais la douleur de mes muscles ankylosés me fait vite oublier ça et je m'engouffre dans l'auberge, retenant un couinement de bonheur en sentant la chaleur de l'âtre sur mon corps gelé.
Beaucoup d'hommes se trouvent dans la grande pièce, des militaires, vêtus d'uniformes rutilants, bien loin des vieux vêtements des soldats d'hier, mais je n'y prête guère d'attention, me faufilant rapidement en direction du feu, je sais que dans moins de cinq minutes, ma patronne m'aura repéré et je devrais abandonner la chaleur de la cheminé pour aller récurer la vaisselle, servir les clients, m'occuper des chevaux de ces derniers et nettoyer les chambres également.
- Petit vaurien ! Que je te trouve à ne rien faire ! Va travailler espèce de fainéant ! hurle soudain la voix stridente et désagréable de madame Zōu.
Je n'arrive même pas à bouger mes doigts...
- Vas nettoyer la grande chambre ! m'ordonne t'elle en m'attrapant violemment l'oreille pour crier dedans. Et tu n'as pas intérêt à abimer quoi que se soit !
Je monte alors les escaliers, à peine réchauffé, par chance, cette partie de l'auberge est chauffée donc je vais pouvoir retrouver la mobilité de mon corps.
Je pousse la porte de la grande chambre de l'auberge et commence mon travail, la nettoyant de fond en comble malgré ma fatigue et la légère paralysie de mes muscles encore engourdis par le froid dans lequel j'ai passé la nuit.
Finalement, je finis au bout de deux heures à ce que la chambre soit impeccable et bien rangée, prête à accueillir un client.
Epuisé par ma tâche, je soupire, si je traine ici, je vais me prendre une raclée alors il faut que je retourne en bas.
Je descend rapidement les escaliers et heurte accidentellement quelqu'un, sauf que c'est moi qui subit le brusque coup de recul qui manque de me faire tomber dans les marches abruptes mais je suis rattrapé par la personne que j'ai bousculé.
- Mon dieu ! Monsieur je suis désolée ! s'écrit la voix de mon employeuse, s'adressant à l'homme qui me redresse, Ce bon à rien sera puni !
- Ce n'est pas nécessaire, ce n'est qu'un petit incident qui arrive à tout le monde, répond une voix masculine au bel accent coréen.
Je rouvre les yeux que j'avais fermé en me sentant tomber et je me retrouve face à ma patronne et à un homme immense aux épaules larges portant un uniforme de.....De général !
Je suis mort. Madame Zōu va me tuer.
- Tu ne t'es pas fait mal ? me demande doucement le grand homme, étonnement calme.
- N-non...Je suis désolé...J-
- Tu es un bon à rien ! Met toi à genoux et ensuite sors t'occuper de la cour ! m'intime agressivement la matrone.
La cour ? Dehors encore ? Non, non, je ne pourrais pas faire ça sans m'effondrer....
- Ce n'est pas la peine de le punir pour si peu, répond le général, m'empêchant de m'incliner en posant sa main sur mon épaule.
- Tu as de la chance que monsieur soit clément vaurien, vas dans la cuisine, grogne mon employeuse, n'osant pas contredire directement l'homme à coté d'elle.
Terrifié par les conséquences qui tomberont, je m'incline brièvement et détale dans les escaliers, parfaitement conscient que je vais avoir des ennuis.
Dans la cuisine, je me dissimule dans un coin, non loin du four qui réchauffe l'air et j'attend l'échéance, je vais passer un sale quart d'heure.
- Toi. Viens là, gronde la voix sifflante de madame Zōu.
Les yeux baissés, je m'avance vers elle. Sa main s'abat sur ma joue, faisant tourner ma tête violemment sur le coté.
- Tu n'es vraiment qu'un incapable, un vaurien, un moins que rien même ! Bousculé un des généraux du conseil de 127 ! On a pas idée d'être aussi idiot !
Une nouvelle gifle fend ma pommette.
- Maintenant, tu vas aller me déneiger la cour ! Et tu ne rentreras pas tant qu'elle ne sera pas impeccable ! Et je me moque que la pelle ne soit pas utilisable, t'as des mains, alors sers t'en !
Elle me frappe une nouvelle fois et me pousse dehors avec violence, me faisant perdre un de mes sabots au passage, me laissant un pied nu dans la neige.
Tremblant au milieu des flocons qui s'abattent sur mon corps qui n'avait même pas réussi à se réchauffer de ma nuit, je regarde la cour d'une vingtaine de mètres, désespéré, avec une pelle, j'aurais mis plus de cinq heures à tout déblayer mais sans....C'est impossible.
Je me met en mouvement, cherchant une solution et je commence à pousser la neige avec mes mains, incapable de voir comment faire autrement. Un couinement de douleur m'échappe quand la morsure du froid brûle mes doigts et je m'attèle à ma tâche impossible, désespéré et frigorifié.
Je dois être depuis près d'une demi-heure dehors, mes jambes vacillantes peinant à maintenir mon poids et ma peau bleuie par le froid terrible alors que je n'ai même pas retirer un mètre de neige.
Je retiens un sanglot et tente de reprendre de la neige dans mes doigts congelés mais je n'arrive pas à bouger ma main.
Soudain, une paume brulante se dépose sur mon épaule, me faisant me retourner vivement malgré l'endormissement de mes muscles.
- Petit ? Qu'est ce qu- Mon dieu...
Le général est debout devant moi, me regardant avec un mélange d'horreur et de stupéfaction, me trouvant sans doute bien répugnant, et il se penche à ma hauteur.
- Elle t'a puni pour tout à l'heure ?
Je hoche la tête, gelée et le grand brun retire sa cape épaisse pour la déposer sur mes frêles épaules.
- Viens avec moi, il faut que tu rentre au chaud.
Je secoue négativement la tête, ne voulant pas subir les foudres de madame Zōu si je lui désobéissais, elle me frapperai encore avant de me remettre dehors.
- Il faut que tu rentre. Tu vas mourir congelé sinon.
Je secoue toujours la tête, je ne veux pas être frappé, pas encore.
Je suis soudain décollé du sol, le général m'ayant attrapé pour me soulever sans effort et il dit, d'une voix légèrement énervée.
- Tu ne pèses absolument rien...
Totalement paralysé, je sens la musculature de l'homme rouler contre mon dos alors qu'il rentre dans l'auberge, tenant mon corps gelé dans ses bras comme on porte une jeune mariée.
Je sens la honte s'emparer de moi quand plusieurs soldats me fixent soudainement et une forte envie de disparaitre prend possession de mon être alors que le brun qui me porte va me déposer délicatement près de la cheminée avant de se tourner vers un de ses hommes.
- Va me chercher la tenancière.
Quelques minutes plus tard alors que je grelotte toujours devant la cheminé, madame Zōu arrive avec le soldat et elle a un mouvement de recul en croisant les yeux sombres du général.
- Il me semble vous avoir dit de ne pas le punir pour l'incident de tout à l'heure ?
- Oui messire mais il fallait tout de même qu'il appr-
- Je n'aime pas qu'on désobéisse à mes ordres, la coupe froidement le brun.
La femme pali alors que le haut gradé reprend.
- Ce gamin était sur le point de mourir de froid. Je ne tolère pas ce genre de chose, encore moins sur un enfant.
- Il a dix-sept ans ! se défend l'aubergiste, Ce n'est plus un enfant !
Le regard du général revient se poser sur moi et il me scrute, cherchant sans doute la carrure de mes dix-sept ans, du haut de mon mètre soixante-dix et avec ma maigreur, je ne fais sans doute pas mon âge.
- Qu'importe son âge, finit par dire l'homme, Je vous ai dit de ne pas le punir, et vous n'êtes pas en droit de me contredire. Vous connaissez les sanctions pour ceux qui désobéissent à un gradé.
Madame Zōu titube lourdement en entendant ses mots, désobéir à un officier ou homme important de l'empire peut lui couter cher. Elle peut perdre son commerce, et même sa vie en fonction de l'homme qu'elle a en face d'elle.
- Cela ne se reproduira pas monsieur ! s'écrit elle, paniquée.
Le général la regarde, ses yeux encres ne montrant rien du tout et il dit quelque chose en coréen, faisant un signe à ses soldats.
- Vous l'avez fait une fois, pour l'instant, rien ne vous empêche de recommencer, reprend t'il, dans ma langue natale, Je vais juste m'assurer que vous reteniez la leçon.
Deux des hommes de l'armée coréenne entrainent madame Zōu vers l'extérieur alors que je la regarde vaguement, mon corps secoué de tremblements, le froid ne sortant pas de mes os. Quand la matrone est hors de mon champs de vision, le général s'accroupit à ma hauteur avec un visage inquiet et il pose sa main sur mon front.
- Tu es toujours aussi gelé....
Je claque simplement des dents en réponse, trop frigorifié pour faire autre chose et je l'entend ordonner, en vue du ton, quelque chose en coréen.
Quelques minutes plus tard, un homme arrive avec une assiette fumante et le grand brun s'assoit à coté de moi en me tendant doucement le récipient. Je tente de le prendre mais mes mains glacées ne supportent pas la chaleur du bois qui manque de tomber, le général le rattrapant de justesse.
Atrocement honteux, je baisse la tête et je sens une main passée gentiment dans mon épaisse tignasse noire et sale. Je relève un peu les yeux pour croiser le regard incroyablement doux de l'officier de l'armée coréenne qui sourit avec une déconcertante bienveillance, est-il vraiment un de ces soldats réputés sanguinaires ? me demandai-je alors qu'il m'aide à manger sans que je ne rechigne, beaucoup trop heureux d'avaler quelque chose d'autre que du pain dur et sec.
L'assiette finit, le géant brun se lève et me dit d'une voix calme et bienveillante.
- Réchauffe toi, manger n'a pas du te faire de mal.
Il s'éloigne et je reste assis près de l'âtre, la tête posée sur le mur. Les voix et la douce chaleur qui pénètre enfin mon corps additionnées à l'épuisement et à mon ventre plein, mes paupières ne tardent pas à se faire lourde et je baille doucement.
Je suis dans un doux cocon de chaleur, ensommeillé, et je ne bouge pas, ne voulant pas rompre l'agréable langueur de mes membres.
C'est le cerveau encore brumeux que j'entrouvre finalement mes paupières en plissant le nez, aveuglé par la lumière qui filtre par les volets de la pièce et je me redresse violemment en identifiant l'endroit où je suis.
La grande chambre ! Je n'ai pas le droit d'être là ! Madame Zōu va me tuer !
En tournant la tête, je vois le général endormi sur une chaise poussée assez loin du lit et je reste figé sur le bord du lit, incapable de savoir ce que je dois faire, dois-je rester ou m'éclipser ? Ma patronne me tuerai si il savait que j'étais là mais quitter la pièce alors qu'un général est présent et ne m'a pas donné l'autorisation de partir....
Un bâillement me sort de mon dilemme et je lève la tête pour voir le bel homme se redresser un peu en décontractant ses muscles.
- Déjà réveillé ? me demande t'il d'une voix rauque, encore pleine de sommeil.
Je hoche silencieusement la tête alors que ses yeux noirs intelligents se posent sur moi et qu'il se lève tranquillement de sa chaise.
- Tu t'es endormi dans la grande salle hier soir, personne n'a pu nous dire où se trouve ta chambre en temps normal alors je t'ai emmené ici, m'explique t'il en traversant les quelques mètres qui le séparent de la cheminée.
Je dors dans les écuries d'habitude, ou dehors quand je suis puni, mais je ne dis rien, me contentant juste d'acquiescer doucement.
- Tu n'es pas très bavard, remarque amusé le grand brun, Mais tu ne m'as pas l'air fiévreux, tu as une chance complètement folle de ne pas être tombé en....Comment dites vous hypothermie ?
(Nda : les mots en italique soulignés sont en coréens dans l'histoire)
Je fronce les sourcils sans comprendre le dernier mot qu'il a dit et le regarde avec incompréhension.
- Tu as de la chance de ne pas avoir attrapé la mort, finit par dire le général, abandonnant l'idée de trouver le mot qu'il cherchait.
C'est vrai que c'est un miracle que j'aille à peu près bien, mais j'ai quand même l'habitude du froid, mon corps est adapté pour résister à ça.
- Comment t'appelles tu ? demande le grand brun en se tournant vers moi.
- Xiaojun, répondis-je d'une petite voix hésitante.
Oui, je crois que je m'appelle comme ça, ça fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu mon prénom que je ne suis même pas sûr de vraiment m'appeler comme ça.....On ne me nomme plus que "vaurien" " minable" ou "bon à rien" depuis des années alors je ne sais plus exactement mon vrai prénom mais je crois que c'est ça, Xiaojun.
- Xiaojun ? Tu n'as pas de nom de famille ?
Je secoue la tête, mal à l'aise, je suis orphelin et personne n'a jamais jugé bon de me donner un nom de famille, la femme qui m'a gardé mes trois premières années m'a appelé comme le cours d'eau du village où elle m'avait trouvé.
- Ce n'est pas grave, sourit gentiment l'homme en face de moi.
Intimidé par la haute stature du brun, je ne pose pas la question qui me brûle les lèvres et me contente de le regarder sans un mot, détaillant l'homme. Immense, large d'épaules, la peau légèrement bronzée et un charisme déconcertant, il dégage une force de caractère impressionnante et sa douceur et sa bienveillance envers moi contraste avec son apparence de combattant.
Après plusieurs minutes de silence, le général m'autorise à quitter la pièce et je m'incline brièvement avant de disparaitre dans le couloir, une certaine nervosité en moi, que va-t-il se passer quand madame Zōu me verra ?
J'entre dans la cuisine et ouvre de grands yeux en remarquant l'absence de l'aubergiste, seules Mei et Shui, les deux autres femmes qui travaillent ici, sont présentes, et travaillent sans un mot. Aucune des deux ne m'adresse un regard, complètement concentrée sur leur tâche, de toute manière, mon existence leur importe peu.
- Va faire la vaisselle, me lance la plus vieille des deux sans lever les yeux de sa préparation.
Docilement, je vais vers le baquet d'eau et commence à laver les écuelles sales qui s'y trouvent.
Je travaille en cuisine depuis trois heures environ, j'ai ramené de l'eau, du bois, lavé la vaisselle, déplacé les lourds chaudrons de bronze, et je suis entrain de ranger les couverts quand la porte de la pièce s'ouvre sur un des soldats.
- Vous n'avez pas le droit d'être là, souffle Mei à l'homme, l'air assez tendu, je sais qu'elle a peur des hommes.
- Je suis désolé de vous déranger, mais le général demande un certain Xiaojun.
Les deux femmes échangent un regard perdu, si elles ne m'insultent pas contrairement à notre patronne, elles n'utilisent pas non plus mon prénom qu'elles ne doivent d'ailleurs pas connaitre.
Je m'avance alors en direction du militaire, le regardant un peu en biais, méfiant.
- Tu es Xiaojun ? demande le blond.
Je hoche la tête et le soldat reprend.
- Le général Seo veut te voir.
Je retiens silencieusement le nom du grand brun, il est agréable à l'oreille, et je suis le soldat blond d'un pas hésitant alors qu'il sort de l'auberge dans le froid mordant d'une matinée hivernale.
Il marche rapidement en direction des écuries et je peine à le suivre, mes sabots de bois n'étant pas des plus pratiques pour courir sur ses longues enjambées. J'entre à sa suite dans le bâtiment et je repère directement le général entouré de plusieurs soldats près du box d'un magnifique étalon palomino.
- Ah Xiaojun, viens s'il te plait, m'interpelle le grand brun avec un sourire bienveillant, Merci Inseong, rajoute t'il en direction du soldat qui est venu me chercher.
Je m'avance vers lui et je me raidis en sentant les regards des soldats sur moi alors que je m'immobilise à quelques pas du général. Sans un mot, j'attend qu'on m'explique ce pourquoi on m'a fait appelé.
- Connais-tu la région correctement ? demande calmement le général.
Je hoche la tête, j'ai passé beaucoup de temps sur les routes pendant une période et je connais très bien les environs et même plus loin.
- Tu serais capable de mener des gens jusqu'à Lijiang ?
Je hoche de nouveau la tête, oui, je sais parfaitement comment y aller. Mais pourquoi me demander ça à moi ?
- J'ai besoin d'un guide pour y aller, m'explique le grand brun, Mais je dois être discret, donc je ne peux pas y aller avec beaucoup de soldats, et avec notre accent coréen et notre manque de connaissance de votre culture, nous ne passerons pas inaperçu. Et j'ai un bon pressentiment te concernant. Accepte-tu de nous guider ? Evidemment, tu serais payé.
Hésitant, je réfléchis. En soi, je devrais sauter sur l'occasion, je peux gagner une bonne somme d'argent, les coréens sont réputés pour bien payer, qui dans notre région me permettrai de vivre bien mieux, mais je me pose beaucoup de questions et de dilemmes.
De un, pourquoi un misérable villageois qu'il ne connait même pas pour cette mission ? De deux, et madame Zōu ? Si je pars, elle ne me reprendra pas à l'auberge et je n'aurais nulle part où aller. Et enfin, seul avec plusieurs hommes bien plus fort que moi ? Dangereux, ici, la première règle de survie est de se fier à personne, encore moins aux coréens.
- Je dois partir demain, dit le général Seo, Je n'ai pas envie de te presser mais il me faut une réponse tout de suite.
Mes yeux croisent les siens qui m'attirent soudainement et les mots m'échappent sans que je ne comprenne.
- C'est d'accord.
Un sourire heureux fend le beau visage du général qui pose doucement sa main sur mon épaule.
- Merci beaucoup Xiaojun, ce soir après manger, je t'attend dans ma chambre pour qu'on mette au point certains détails.
Je toque à la porte de la grande chambre, assez nerveux pour une raison que je ne comprend pas, le général ne me fait pas peur, il est particulièrement doux et bienveillant, alors pourquoi suis-je tendu ?
Le battant de bois épais s'ouvre sur la grande stature du gradé coréen et il me dit d'entrer. Une fois dans la pièce, je vais me placer dans un coin, non loin de la cheminée et attend qu'il prenne la parole. Le brun referme soigneusement la porte, la verrouillant et il vient s'assoir sur une chaise, me faisant signe de m'installer sur l'autre, en face de lui.
- Xiaojun, me salut-il finalement.
J'incline ma tête en réponse.
- Il faut que je te donne quelques explications avant notre départ demain, je sais que c'est assez précipité et que ça ne doit pas forcément t'arranger.
Je le regarde juste, attendant qu'il continue sans émettre un son ce qui le fait sourire, mon manque de conversation l'amuse peut être.
- Je dois rejoindre Lijiang le plus discrètement possible donc je ne peux partir qu'avec deux de mes hommes. Nous devons nous y rendre assez rapidement, cependant le plus important, c'est que personne ne puisse savoir qui je suis, quitte à rallonger notre voyage.
J'acquiesce, de toute façon, Lijiang se trouve à deux semaines d'ici, plus en cette saison avec la neige et les loups.
- Si vous voulez être discret, vos chevaux n'aideront pas, dis-je, Ils ont bien trop de valeur pour passer inaperçu.
- Je vois, il faudrait que nous achetions des chevaux plus....Banaux c'est bien le mot ?
- Oui, mais il n'y en a pas au village, il faudra faire un détour si vous voulez en acquérir.
- Il vaut mieux en avoir, se sera plus simple.
Je hoche la tête.
- Les deux hommes qui viendront avec nous ne devraient pas tarder à arriver, annonce le brun, ses yeux sombres braqués sur moi.
Comme pour confirmer ses dires, on toque à la porte.
Le général se lève et va ouvrir, laissant passer deux hommes. J'ai déjà vu leurs visages assez régulièrement à l'auberge mais je n'ai pas la moindre idée de leurs identité.
Les deux hommes vont s'assoir sur signe du général, le plus grand, s'asseyant sur le coffre et l'autre se plaçant au sol à ses pieds.
- Zuho, Junhee, dit le général aux deux hommes, m'indiquant ainsi leurs noms.
- Général, répond le plus petit.
- Seo, claque froidement le noiraud assis sur le coffre.
Le grand brun ne réagit pas au ton glacial du soldat et dit.
- Je vous présente donc notre guide, Xiaojun.
- Enchanté Xiaojun, je suis Junhee , me salut gentiment le plus petit des soldats.
- Bonjour....soufflai-je.
- Le grand machin qui fait la tête, c'est Zuho, poursuit Junhee, se ramassant une tape sur l'épaule de la part du grand machin en question.
Le général Seo se racle la gorge pour récupérer l'attention et quand il l'a, reprend.
- Donc, je te disais, Xiaojun, que nous devions rejoindre secrètement Lijiang, mais tu te doutes que pour ça, nous avons besoin d'une couverture.
J'acquiesce silencieusement.
- Donc, retiens que Junhee, qui portera le nom de Ming est ton grand frère, que Zuho, nommé Fuheng, est son meilleur ami et que moi, Tai, je suis son frère.
Je hoche la tête, écoutant avec attention.
- Nous allons rejoindre votre famille à Lijiang pour conclure le mariage de Zuho et de votre jeune soeur.
- Et pourquoi n'étions nous pas déjà sur place ? demandai-je, sachant que si on nous interroge, se sera la question qui sera posée.
- Zuho vit avec moi à Chengdu pour tenir le commerce familial, et vous êtes venus nous chercher pour le voyage.
- Il faudra que tu prennes l'habitude de nous tutoyer, renchérit Zuho.
Je hoche la tête, au pire, si je ne parle pas beaucoup, le problème sera réglé.
Le reste de la soirée passe à mettre au point beaucoup de chose et à discuter, jusqu'à ce que le général Seo décide que nous devions aller manger et nous reposer, demain nous partons à la première heure du jour.
Allongé dans la paille des écuries, je joue machinalement avec un brin jaunâtre en réfléchissant, je n'arrive pas à dormir. Le général a décidé que je porterai des vêtements à Junhee, le plus proche en taille de moi même si niveau carrure, ma maigreur ne m'aidera pas.
Dehors, j'entend la neige tomber et je me tourne sur la paille en tirant le sac de toile vide qui me sert de couverture en soupirant. Les trois autres doivent être lever, ils devaient se salir un peu pour que je ne fasse pas tâche, se laver étant quasi-impossible en ce moment, l'eau est pratiquement gelée partout, faire fondre de la neige n'est pas envisageable.
J'entend la porte de l'écurie s'ouvrir et je me redresse sur un coude pour voir une silhouette entrer dans la grange, le visage masqué par le noir.
J'identifie pourtant sans problème le général qui s'avance rapidement dans le bâtiment. Il lève la tête et m'aperçois.
- Xiaojun ?
Je me redresse, repoussant le sac de toile de mon corps et disant d'une voix assez forte, chose rare venant de moi.
- Oui.
- Mais qu'est ce que tu fais là à cette heure ? Il est deux heures du matin Xiaojun, gronde l'homme.
- Je dors ici, expliquai-je juste.
Le grand brun grimpe rapidement sur une caisse robuste pour pouvoir se hisser en traction près de moi et il vient s'accroupir à coté de ma botte de paille.
- Tu dors ici ? Tout le temps ?
- Quand je ne suis pas puni, oui.
- Où dors-tu quand tu es puni ? demande le général, l'air soudainement très grave.
J'indique vaguement la porte et les yeux du brun s'écarquillent.
- Dehors ?!
Je hoche la tête en baillant un peu. Il souffle quelque chose en coréen sans me quitter du regard avant de se redresser pour s'assoir à coté de moi. Je lève la tête pour pouvoir le regarder et je sens sa main se poser sur ma tête alors qu'il dit.
- Tu as dormi dehors cet hiver ?
- La nuit avant votre arrivée. J'aurais du passer la semaine dehors.
Je sens ses doigts se crisper dans mes cheveux sales mais il reprend d'une voix parfaitement calme.
- Pourquoi as-tu été puni à ce point ?
- J'ai fait tomber un plateau devant vos soldats. Et madame Zōu s'est énervée.
Je retiens une grimace quand il manque de tirer mes mèches poussiéreuses.
- C'est elle qui te nourri aussi ?
- On peut dire ça oui.
- Qu'est ce qu'elle te donne à manger ?
- Du pain et parfois un peu de riz.
- C'est tout ?
- Une fois par an, j'ai le droit à un biscuit.
Pour le nouvel an, madame Zōu offre un petit gâteau à ses employés.
- C'est pour ça que tu es si maigre.... Et les coups ?
- Comment ça les coups ?
- Elle te frappe souvent ?
- Pas tant que ça.
Le pouce du brun vient doucement se poser sur ma pommette qui a été fendue l'autre jour.
- Vraiment ?
- Oui, répondis-je, elle ne me frappe pas plus que la normale je crois.
La main du brun qui n'est pas dans ma tignasse indisciplinée vient presser un peu mon flanc gauche et je pousse un couinement de douleur qui lui fait froncer les sourcils.
- Retire ton haut.
- Non !
Je n'aime pas montrer mon corps, il est couvert de traces et je suis tout frêle, j'ai horreur de ça, alors le dévoiler à un gradé sans aucun doute parfaitement sculpté et au physique irréprochable, hors de question.
- Xiaojun. C'est un ordre.
Je déglutis péniblement, je ne dois pas désobéir à un haut placé mais....
A contrecœur, je soulève brièvement ma blouse raccommodée, lui laissant l'espace d'une seconde la vue sur mon ventre maigre. Il soupire, l'air blasé.
- Je t'ai dit de le retirer.
Je secoue négativement la tête, paniqué, je ne veux pas. Il voit ma peur car il s'adoucit.
- Du calme Xiaojun, je ne compte pas te faire de mal. Mais je dois voir à quel point tu es blessé, c'est primordial.
- C'est quoi ? demandai-je, perdu.
- Important.
- Pourquoi ?
Je ne veux pas, je ne veux pas, j'ai peur de ce qu'il peut faire, je ne suis pas beau mais on dit tant de chose sur les soldats coréens que, malgré la bienveillance dont il a fait preuve jusqu'ici, j'ai peur qu'il me fasse du mal.
- Pour le voyage, je dois savoir à quel point tu es blessé pour pouvoir adapter beaucoup de chose en fonction de ça.
Il a l'air sérieux mais c'est avec la boule au ventre que je retire finalement ma blouse, frissonnant dans l'air pourtant tiède de l'écurie.
- Par toute les étoiles...
Les yeux du général sont rivés sur mon torse malingre et il parle en coréen, d'une voix furieuse.
- Tu ne reviendras plus ici après notre départ. C'est hors de questions que je te laisse comme ça.
Dans l'incompréhension, je masque mon corps chétif avec mes bras maigrelets.
La main du grand brun se referme sur mon poignet et il écarte doucement mes membres de mon ventre pour pouvoir observer les blessures.
- Mais qu'est ce qu'elle utilise pour que tu ais des marques pareilles ?
- Tout ce qui lui passe sous la main.
Le doigt du coréen vient se poser sur une ligne tout juste refermée et il demande d'une voix froide.
- C'est un coup de fouet ?
- Corde.
L'homme ne répond pas, sa main dans mes cheveux se resserrant autour de mes mèches. Il reste immobile quelques minutes, fixant les innombrables traces qui strient la peau de mon corps.
- Junhee va bientôt te ramener tes vêtements, finit finalement par dire le brun.
Je marche à coté de Zuho, la tête rentrée au maximum dans le col de la veste trop grande que m'a donné Junhee et je balaye les alentours du regard.
Tout est recouvert de neige à perte de vue, les collines sont blanches, quasi immaculées, le silence sinistre de l'hiver donne un coté pesant, seul les bruits de nos pas résonnants et je jette un coup d'oeil aux trois hommes avec moi.
Junhee, ou plutôt Ming, porte une tenue de toile épaisse et grossière recouverte d'un manteau de laine dans lequel un poignard est dissimulé, Zuho, euh Fuheng, lui est vêtu d'une grosse cape de bure brune et a l'air particulièrement renfrogné. Le gé- Tai porte quand à lui un pantalon de laine épaisse et un long manteau noir qui cache une épée redoutablement affutée bien que banale d'aspect.
Nous marchons depuis ce matin et sommes actuellement à la recherche d'un abri pour passer la nuit. Je sais que dans quelques kilomètres, nous atteindrons un petit village où nous pourrons nous reposer avant de repartir.
- Tu sais combien de temps il nous reste Xiaojun ? demande le plus petit des trois hommes.
- Si on continu comme ça, environ une heure.
- Dépêchons nous alors, grogne Zuho.
Nous pressons légèrement le pas, et je me retrouve à presque trottiner pour suivre les grandes foulés des soldats, ils ont sans doute oublié mes petites jambes et mon manque de force physique.
Je trébuche dans la neige et manque de m'étaler, ce qui attire l'attention du général Seo qui se stoppe pour se tourner vers moi.
- Tout va bien Xiaojun ?
- Oui, mais plus doucement s'il vous plait, dis-je, essoufflé.
Nous reprenons la marche, un peu plus lentement, Junhee m'ayant tiré au milieu d'eux pour pouvoir se caler sur mon rythme.
Après un tout petit peu moins d'une heure de marche assez pénible, nous arrivons à un petit village assez joli et je regarde rapidement les quelques enseignes qui m'indiquent grâce à des flèches, je ne sais pas lire, où trouver une petite auberge.
Je guide les autres jusqu'à une petite bâtisse à l'aspect caractéristique des auberges et qui ressemble beaucoup à celle où je travaille en temps normal. Nous entrons dans les lieux et je m'avance vers le comptoir.
- Bonjour monsieur, saluai-je poliment l'aubergiste qui se tourne vers moi.
- Bonjour voyageurs, que puis-je faire pour vous ?
- Nous avons besoin de deux chambres s'il vous plait, annonçai-je, nous avons décidé de nous répartir les chambres par "famille", même si ça n'avait pas l'air d'enchanté Zuho qui n'apprécie vraiment pas le général Seo.
- Je suis navré, mais il ne m'en reste qu'une, dit l'homme, l'air gêné de ne pas pouvoir répondre à ma demande.
Je me tourne vers les autres, leur lançant un regard interrogateur.
- Ca fera l'affaire, décide le général, Combien ? renchérit-il à l'intention du tenancier.
- Cinq bias de bronze, répond l'homme, ce qui est relativement peu cher notais-je à moi même.
- Voilà, lance le brun en déposant plusieurs pièces sur le comptoir, Et pouvons nous profiter d'un repas chaud ?
- Bien sûr, acquiesce l'aubergiste après avoir compter la monnaie, Pour trois bias de bronze, vous avez votre repas.
Le plus grand paye l'homme qui nous indique une table pour que nous allions nous assoir.
Installé entre Junhee et Zuho, je les écoute bavarder en attendant la nourriture.
- Il faut vraiment qu'on se trouve des montures, soupire Junhee, On ira bien plus vite avec elles et Xiaojun se fatiguera moins.
- Je sais que tu t'inquiète pour ton frère, Ming, dit le grand brun, Mais il va falloir qu'on arrive à Moonwalk avant de pouvoir en acheter.
- T'endors pas Xiaojun d'ailleurs, faut que tu manges avant, me lance Zuho en me tapant délicatement l'épaule.
- Oui oui, marmonnai-je, fatigué par la longue marche du jour.
- Il nous reste beaucoup de route non ? demande le grand brun.
- Oui Tai, soufflai-je en enfouissant mon visage entre mes bras, Environ deux semaines.
Une jeune femme vient déposer des écuelles remplis de nouilles devant nous, coupant un peu la discussion et Junhee lui lance un clin d'oeil, qui bien que respectueux, est plutôt intéressé, le coréen n'étant apparemment pas insensible au charme de la jolie serveuse.
Zuho lui flanque un coup de pied sous la table en contournant mes jambes pour atteindre celle du noiraud qui grogne de douleur en jetant un coup d'oeil furieux en direction de son ami qui le foudroie du regard en réponse.
- Arrêtez de vous chamailler les mioches, intervient le plus grand, Mangez au lieu de faire les enfants, même ton frère a plus de maturité que vous Ming.
Je lève brièvement les yeux de mes nouilles pour marmonner quelque chose que même moi ne comprend pas et je me reconcentre sur ma nourriture, c'est la première fois que je mange des nouilles depuis près de sept ans alors je compte bien profiter.
- Doucement Xiaojun, tu vas t'étouffer, me ralentit Zuho, amusé par ma voracité.
J'obéis, mangeant un peu moins vite mais dévorant quand même le contenu de mon écuelle rapidement sous les yeux bienveillants et rieurs de Junhee et du général alors que Zuho veille à ce que je n'avale pas de travers.
Lorsque nous repoussons nos assiettes, parfaitement vidées, je me lève difficilement, le ventre plein, pour aller voir l'aubergiste qui nous guide alors jusqu'à notre chambre.
La porte se referme derrière nous et j'observe la petite pièce sous la douce lumière d'une lanterne. Deux lits, plutôt petits, sont placés côte à côte contre le mur du fond et une simple petite vasque d'eau pour faire sa toilette.
- Je ne pensais pas les lits si petit, remarque Junhee en regardant les deux couchettes.
- Ce n'était pas prévu en effet, lâche le général.
- Je dors avec lui, gronde Zuho en indiquant Junhee, Il est hors de question que je dorme dans le même lit que toi, rajoute t'il en direction de son supérieur.
- Pourquoi moi ? geins Junhee, Tu vas prendre toute la place !
- Question de taille, Tai est plus grand que moi et Xiaojun tout fin, alors que nous sommes au milieu, donc il est plus logique qu'ils dorment ensemble, explique froidement le grand noiraud.
Je baille à m'en décrocher la mâchoire, peu intéresser par leurs chamailleries, j'ai juste envie de dormir, peu m'importe avec qui. Surtout que ces lits ont l'air bien plus confortables qu'une botte de foin.
- On va faire comme ça, tranche le plus grand. Xiaojun, débarbouille toi et vas dormir, tu as l'air épuisé, rajoute t'il plus doucement en ma direction.
Je traine des pieds jusqu'à la vasque d'eau et me rince un peu le visage, retirant un peu de la crasse qui s'y est accumulé avant de foncer jusqu'au lit le plus proche.
- Ne garde pas ton manteau, me lance Junhee, Ou tu auras froid en te levant !
Je retire machinalement le haut de laine et m'effondre aussitôt sur le matelas, mes yeux se fermant tout seul.
Une dizaine de minutes plus tard, je sens vaguement le lit bouger un peu et une chaleur s'installer dans mon dos mais je ne réagis pas, laissant juste le sommeil prendre entièrement possession de moi.
- Quinze bias d'argents pour un seul cheval ? Il n'en vaut même pas la moitié, siffle Zuho, l'air indigné alors que le marchand tente de l'arnaquer en lui montrant une monture qui doit tout juste valoir quatre bias d'argents.
- La vie est chère jeune homme, surtout pour des voyageurs comme vous.
- Je crois plutôt que tu nous prend pour des idiots, intervint-je, l'empêchant de remarquer l'accent de Zuho qui devient plus marquer quand celui-ci s'énerve. J'ai vu un autre vendeur de chevaux un peu plus loin Ming, allons voir là-bas.
- C'est préférable oui, viens Fuheng, dit le petit noiraud en attrapant le coude de son ami.
Nous nous éloignons sur la place animée, abandonnant le vendeur à ses arnaques et nous dirigeant rapidement vers un autre marchand à l'air déjà beaucoup plus honnête, ses chevaux rutilants de santé.
- Bonjour, dis-je à l'homme, Il nous faudrait quatre chevaux résistants.
- Bonjour jeunes hommes, lance chaleureusement le maquignon, Quatre chevaux robustes ? Mes bêtes sont toutes robustes, mais vous en voulez pour quoi ?
- Un voyage, nous devons rejoindre Lijiang, explique le général Seo.
- Dans ce cas, il vous faut des montures de marche !
- Oui, c'est ce que nous cherchons, dis-je.
- Je peux vous présenter ces chevaux-ci !
Nous laissons Zuho examiner les bêtes que nous présente le maquignon et le grand noiraud demande.
- Ces trois-là seraient parfait, cependant le petit, il m'indique du menton, N'est pas un bon cavalier, avez vous une monture plus docile que ceux là ?
- J'ai un hongre très calme, il a huit ans, est en parfaite santé et peut parfaitement convenir à un débutant, sourit le marchand en amenant un cheval pommelé à l'air doux.
Zuho examine l'animal avant de hocher la tête.
- Il est bon.
- Combien les quatre ? demandai-je.
- Vingt-cinq bias d'argent, ou un bias d'or.
- C'est honnête, acquiesce Zuho, Ce sont des bêtes en pleine forme, jeunes et robustes. Tai, tu payes grand frère ?
Je déglutis en sentant la tension froide derrière l'appellation faussement affectueuse, décidemment, Zuho n'aime pas le général.
Le grand brun tend une pièce d'or au marchand qui vérifie rapidement que c'est une vraie avant de nous tendre les rênes des chevaux que viens d'acquérir le plus grand.
- En selle Xiaojun, on se dépêche d'y aller, j'aimerai boucler une étape ce soir, me lance Junhee alors que j'hésite à me hisser sur le dos du paisible cheval devant moi qui ne bouge pas d'un pouce.
J'attrape le pommeau de la selle et grimpe maladroitement sur l'animal avant de le talonner avec hésitation pour qu'il avance.
- Tu te débrouilles très bien, m'encourage Zuho, surveillant tout de même avec attention le moindre de mes mouvements, On y va maintenant.
Une fumée blanche s'échappe des naseaux de montures qui avancent tranquillement dans la neige alors que nous baillons tous, impatient de trouver un endroit où nous reposer.
- Xiaojun, tu sais où se trouve la prochaine ville ?
- Assez loin, je dirais une trentaine de kilomètres Ming.
- On y arrivera pas avant la nuit.
- Non, confirmai-je, Mais il va falloir qu'on trouve où se loger pour ce soir, surtout que ces nuages ne m'inspirent pas confiance.
Le ciel est en effet très noir et je n'aime pas du tout ça, c'est en général annonciateur d'une tempête de neige en cette période de l'année.
- Dépêchons nous alors, il doit bien avoir une ferme à proximité, exprime le général.
Nous pressons nos montures qui commencent à trottiner dans la neige et attentifs à tout ce qui nous entoure, nous recherchons la trace d'une habitation dans les alentours.
- Là-bas ! s'écrit soudainement Junhee, faisant faire un léger écart à sa jument, tandis qu'il montre du doigt une petite ferme à quelques centaines de mètres de nous.
Nos chevaux accélèrent le pas et nous arrivons rapidement devant la maison. Nous nous laissons glisser de selle et le général Seo frappe à la porte.
Le battant s'ouvre sur une femme, ronde et souriante dégageant une aura très maternelle, qui nous regarde, l'air un peu surprise.
- Bonjour messieurs, qu'est ce qu'il vous amène par ce temps ?
- Toute mes salutations madame, répondis-je poliment, Nous sommes en voyage mais avec la neige, nous avons pris un peu de retard et nous n'avons pas d'abris pour la nu-
- Avec la tempête qui se prépare vous n'avez pas d'abris ?! Mes pauvres enfants ! Qiang ! Viens ici !
Un homme arrive, assez petit mais trapu, et il nous regarde l'air perdu.
- Oui Zhi ?
La femme lui explique la situation et le bonhomme se tourne vers nous avec un gentil sourire.
- Il n'y a pas de problème, je ne vais pas vous laisser à la porte avec ce froid, vous êtes les bienvenus sous notre toit.
Je jette un bref coup d'oeil aux chevaux, ce qui n'échappe pas au dénommé Qiang qui dit.
- Vos montures pourront aller dans l'étable avec les vaches, je pense que la cohabitation ne devrait pas être trop compliquée.
- Je pense aussi que ça ira, rit le général en s'inclinant, Je vous remercie.
- Mais non ! C'est tout naturel, venez donc !
Une fois les chevaux au chaud dans l'étable, nous nous retrouvons assis autour d'une table avec le couple et leurs deux enfants, Bao, un petit garçon d'une dizaine d'années, et Fen, une jeune femme de mon âge.
- Mais qu'est ce qu'il vous amène dans le coin ? demande Zhi qui est assise à coté de Junhee. A en croire vos vêtements et vos cernes, vous venez de loin.
- Nous venons de Chengdu, annonce Zuho.
- De si loin ? Pourquoi donc un tel voyage en cette saison ? s'étonne Fen.
- Il ne peut plus se passer des yeux de sa douce, se moque gentiment Junhee en regardant Zuho, Il doit épouser notre soeur, à moi et Xiaojun, cet été, mais impatient qu'il est, il a voulu partir plutôt, nous forçant à l'accompagner.
- Ce n'est pourtant guère prudent Fuheng, rit le père de famille.
- Je ne réfléchis pas forcément, avoue faussement Zuho et je retiens une grimace, la famille est si gentille et nous, nous leurs mentons.
- Tu n'es pas forcément non plus un excellent menteur, rétorque avec un petit sourire Qiang, nous surprenant tous.
- Il est vrai que vous ressemblez plus à des jeunes gens en fugue qu'à de simples voyageurs, renchérit Zhi, Nous ne prenons pas mal votre mensonge, mais la vérité serait la bienvenue.
- Je....Est-ce si visible ? demande soudain le général Seo.
- Pour la plupart des gens non, votre excuse est bonne et votre apparence aussi, cependant, j'ai moi même fugué étant plus jeune alors je sais reconnaitre les évadés de leurs maisons, rit la femme.
- Et bien enfaite...souffle le grand brun. Nous avons fugué pour une histoire de coeur, cela est vraie, mais pas exactement comme vous l'as raconter Fuheng.
- Comment ça ?
- Nos parents ont arrangé un mariage, ment habilement Zuho, rebondissant sur l'ouverture que lui a fourni l'officier.
- Je devais épouser une jeune femme le mois dernier, explique le plus grand, Mais j'aime une autre personne et j'ai décidé de partir.
- Et je ne pouvais décemment pas abandonné mon frère, ni mon meilleur ami, poursuit Zuho.
La femme sourit, l'air de nous croire mais ses yeux se posent sur moi.
- Et toi petit ? Tu me sembles plus jeune que ces géants-ci.
- Je suis le petit frère à Ming, soufflai-je.
- Mmh....fait Fen, dont le visage exprime un manque de conviction mais un amusement énorme, ses yeux passant de moi au général à une vitesse folle sans que je ne comprenne pourquoi.
- Je vois, sourit Qiang, Bon, cessons avec nos questions trop personnelles ! Que diriez-vous d'un bon repas ? Rien ne vaut une bonne soupe chaude quand la tempête fait rage !
Le diner se déroule dans une atmosphère agréable, toute la petite famille étant adorable, Bao jouant joyeusement avec la cape de Zuho, Fen souriant tout le temps et les parents bavardant amicalement avec nous alors que le plus grand des deux noirauds joue avec leur fils.
- Xiaojun ? m'interpelle Fen alors que je sors de table.
- Oui ?
- Ne te vexe pas, mais je pense que tu aurais bien besoin de te laver non ?
- C'est vrai, je suis désolé, j'ai fait une chute dans un coin assez boueux, dis-je en passant ma main derrière ma tête, gêné.
- Ce n'est pas grave, viens, je vais te remplir une bassine et tu pourras te décrasser !
- Ca ne te dérange pas ?
- Bien sûr que non, je ne t'en aurais pas parlé sinon !
Je m'engouffre sur ses pas, étonnamment mis en confiance, la jeune femme dégage une aura semblable à celle de sa mère, chaleureuse et maternelle.
Elle me fait rentrer dans une petite pièce où se trouve un baquet de bois qu'elle se hâte de remplir d'eau qui chauffait déjà.
- Avant le repas, je met toujours de l'eau à chauffer, m'explique t'elle, Je me lave souvent après manger et j'ai pris l'habitude de faire comme ça pour ne pas trop attendre.
Je hoche la tête et quand la bassine est pleine, elle me fait signe d'y aller.
- Euh.....
- Ah tu es gêné que je reste ? Excuse moi, c'est une habitude avec mon petit frère, sourit elle, rougissant quand même un peu.
- Je... Non mais ça me gêne pas forcément mais pour toi...
Qu'est ce que je fabrique ? Elle ne m'attire pas plus que ça, même si elle est très jolie, mais j'ai bizarrement envie de parler avec elle, elle m'inspire confiance.
- Bah enfaite, ça va te paraitre étrange, mais j'aimerai bien rester, pas pour faire des trucs de grands hein ! C'est juste qu'il n'y a jamais de personne de mon âge dans le coin alors pour une fois qu'il y a quelqu'un, j'ai envie de bavarder.
- Je comprend, je ne connais pas grand monde de mon âge non plus.
- Les amis de ton frère sont plus vieux que toi ?
- De quelques années, c'est pas grand chose mais ça change beaucoup.
- Je suis d'accord.
Finalement, elle se retourne le temps que je me déshabille et que je rentre dans l'eau chaude avant de s'assoir sur un tabouret en face de moi pour qu'on puisse parler.
- Mais du coup, commence t'elle, Vous venez vraiment de Chengdu ?
- Oui, nous ne sommes pas du coeur de la ville mais nous vivions là-bas.
- Tu connais la personne dont est amoureux Tai ? me demande la brune, l'air très curieuse.
- Non, je crois que Fuheng et Ming le savent mais moi on ne me l'a pas dit, c'est privé d'après eux, mentis-je, gêné de le faire.
- Je pense savoir qui ça peut être moi, sourit la jeune femme, énigmatique.
- Tu ne nous connais que depuis deux heures et demi, comment peux-tu savoir ? dis-je étonné.
- Sixième sens de fille, chantonne t'elle. Et il me dit que tu finiras par être au courant, ne t'en fais pas !
- Vous êtes bizarre vous les filles, soupirai-je, Je n'en connais pas beaucoup, mais n'en reste que vous êtes étranges.
- Tu parles, les garçons sont pires ! réplique t'elle.
Nous éclatons de rire, et je me détends enfin, c'est agréable de parler à quelqu'un de mon âge.
Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis que je bavarde avec Fen mais je sens l'eau de la bassine devenir froide.
- Euh....Tu peux te retourner le temps que je renfile mes vêtements ? lui demandai-je.
- Bien sûr, attend, je vais te donner de quoi t'essuyer, ça va coller à tes vêtements sinon et t'auras du mal à les renfiler.
Elle me tend une serviette en laine avant de se tourner en se cachant les yeux. Je me sèche rapidement et renfile mes habits.
- C'est bon !
- Génial !
Nous allons d'un accord commun dans sa petite chambre pour continuer à bavarder et au bout d'un moment, nous nous endormons, assis sur le lit en plein milieu d'une conversation autour sur les carpes.
-Bien dormi tout les deux ? demande Zuho avec un drôle de sourire en me voyant arriver avec Fen dans la pièce de vie.
- Comme un bébé pourquoi ? dis-je en m'inclinant devant les maitres de maison.
- Comme ça, comme ça, sourit juste Junhee à coté de Zuho.
- Cherche pas Xiao, les vieux sont toujours étranges, me lance Fen en me tapotant l'épaule.
- J'ai vingt-trois ans, se récrit Junhee, Je ne suis pas vieux.
- T'as six ans de plus que moi, tu es vieux, répliquai-je, répondant comme je parlerai vraiment à mon frère si j'en avais un.
- Il a pas tord, t'es vieux Ming, ricane l'autre noiraud sous les yeux amusés des parents de Fen et Bao.
- Tu as vingt et un ans, remarque le général, l'air exaspéré.
Fen demande aussitôt.
- Et toi Tai, tu as quel âge ?
- Quarante-sept ans, lance Zuho, le regard particulièrement froid.
- Bonne nouvelle pour toi alors, intervient Zhi amusée, Tu ne les fais pas du tout.
- Merci, rit le brun, Pour répondre à ta question Fen, j'ai vingt-deux ans.
- Oh ! T'es pas trop vieux non plus !
De nouveau, elle me lance un de ses drôles de regard avant de se retourner vers le général.
- Par contre, tu es vraiment grand. Fuheng aussi d'ailleurs.
- C'est de famille, répond le dit Fuheng, Notre père est très grand aussi.
- Père ! Pourquoi n'es-tu pas grand ? s'écrit la jeune femme. Je suis petite à cause de ça !
Je ne peux m'empêcher d'être surpris, elle parle à ses parents comme à des amis et ça n'a pas l'air de les déranger, c'est la première fois que je vois ça. Après, cette famille à l'air spécial, bien que très gentille.
- Plains-toi à toi à mes aïeux, réplique son père.
Nous passons bien plus de temps que prévu chez eux, la tempête ne se calmant pas, et j'ai passé mon séjour avec Fen, dans sa chambre ou dans la grange, à bavarder de tout et de rien, de
Assis avec la jeune femme sur le lit, nous discutons en riant de sujets complètements banaux quand on toque à la porte et que la voix du général Seo résonne.
- Xiaojun, la tempête c'est arrêtée, on va partir, me dit-il, Viens dire au revoir.
Je vais dans la pièce principale avec Fen et je remercie mille fois Qiang et Zhi qui me disent que ce n'est rien et que c'était avec plaisir. Je tapote gentiment la tête de Bao et je lui dis au revoir avant de me tourner vers l'ainée que je considère désormais, bon, c'est elle qui s'est autoproclamée, comme une amie.
- Au revoir Fen, dis-je, un peu triste de partir, je l'aime bien et on aurait facilement pu devenir de très bons amis.
Elle vient me serrer dans ses bras en gonflant tristement les joues.
- Au revoir Xiao, on va se revoir hein ?!
- Je ferais tout pour oui !
Elle rit en me serrant plus fort et viens me murmurer à l'oreille.
- Regarde Tai.
Je jette un coup d'oeil en direction du général qui nous regarde, ses yeux sombres lançant presque des éclairs.
- Qu'est ce qu'il a ? murmurai-je dans le cou de la jeune femme.
- Il est amoureux, susurre la brune en me pinçant l'arrête du nez.
- Oui, c'est pour ça qu'on a fug-
- Ouvre tes jolis yeux beau garçon, réplique t'elle un peu plus fort avec un grand sourire mystérieux, Et reviens me voir !
Sur ces mots, elle rejoint ses parents, non sans m'avoir donné une pichenette sur le front et je pars avec les trois hommes après m'être de nouveau incliné devant nos hôtes.
En selle sur mon cheval, que j'ai nommé, enfin que Fen a nommé en apprenant qu'il n'avait pas de nom, Nuage, pas très original mais ça lui va bien alors j'ai accepté de l'appelé comme ça.
- Dis moi, dis moi petit frère, me lance Junhee en poussant son cheval à ma hauteur, un regard étrange plissant ses yeux, Elle est gentille la petite Fen ?
- Oui, répondis-je sans comprendre la question, il l'a bien vu lui aussi et elle a montré qu'elle était gentille même si très affirmée.
- Jolie aussi non ? intervient Zuho en se plaçant de l'autre coté avec le même sourire étrange que ce matin.
- Bah oui, elle est belle, dis-je, un peu perdu.
Ils l'ont bien vu pourtant, avec ses longues nattes noires brillantes, son petit visage rond et ses jolis yeux noisettes, elle est très belle, mais ça, n'importe qui peut l'affirmer en la voyant alors je ne comprend pas leur question.
- Tu comptes la revoir ? demande Zuho.
- Si je peux, ça serait b-
- Zuho. Junhee. Arrêtez ça. Vous voyez bien qu'il ne comprend pas, claque la voix du général, étrangement grave.
- Comprendre quoi ? soufflai-je, curieux, je ne me suis jamais considéré comme complètement stupide, mais là, j'ai l'impression d'être demeuré.
- Rien du tout, il n'y a rien à comprendre, gronde le grand brun en lançant un regard terrible à Junhee et Zuho, ce qui énerve le plus grand des deux noirauds qui soutient son regard, glacial.
Si ils se regardent comme ça toute la journée, elle promet cette journée....
Je talonne Nuage pour qu'il prenne la tête du petit cortège et je me concentre sur la route, avec la neige, il faut que je fasse attention à ne pas perdre mes repères.
- On est d'accord que c'est bien des loups qui hurlent depuis deux heures ? siffle nerveusement Junhee.
- C'est possible, il y a plusieurs meutes dans la région, mais on est à plusieurs avec des chevaux, ils ne nous attaqueront pas normalement, répondis-je sans quitter la route des yeux.
- J'aime pas ces bêtes là....
- Elles ne sont dangereuse que si tu es en position de faiblesse ou d'attaque, mais ce n'est pas le cas, tu n'as rien à craindre tant qu'on avance, Ming, soupire Zuho.
- A combien de kilomètres sommes-nous de Lijiang ? me demande le général.
- Quarante, si on a pas de problème, on devrait arriver demain, et il y a une auberge dans environ quinze kilomètres, on devra s'y arrêter pour la nuit je pense.
- C'est plus prudent oui, acquiesce le grand brun, De toute façon, si on enlève l'épisode de la tempête, on a avancer rapidement, nous n'avons pas de retard.
Soudain un craquement à notre droite fait faire un brusque écart à Nuage, pourtant très calme de nature et je sursaute en tournant vivement la tête.
La monture de Zuho se cabre violemment en sentant quelque chose et elle pousse un hennissement paniqué. Junhee se raccroche de justesse à la crinière de sa jument qui part soudainement au galop, très vite suivit des autres chevaux.
- Xiaojun ! Tu t'accroches ! Ce sont des loups ! me hurle Zuho, plaqué contre l'encolure de son palomino.
Je jette un coup d'oeil par dessus mon épaule et vois en effet une dizaine de loups, à l'air purement affamé, courir derrière nous.
C'est pas vrai ! La tempête de neige a du chasser ou tuer les proies habituelles des gros canidés qui sont donc à demi-mort de fin.
Nuage galope à toute vitesse, complètement terrifié et incontrôlable et je pousse un hurlement paniqué en le voyant se ruer sur un tronc en plein milieu de la route sans même ralentir.
Je le sens vaguement s'arracher du sol mais je suis éjecté de son dos et je tombe lourdement dans la neige, tournant violemment sur moi même, me griffant l'épaule.
- XIAOJUN ! crie une voix dans mon dos alors qu'un loup noir se jette sur moi.
Je ferme les yeux, voyant ma vie défiler mais un claquement d'épée me fait aussitôt rouvrir les paupières.
Le général Seo est debout devant moi, arme au poing et le loup qui m'attaquait est effondré sur le sol, entouré d'une flaque de sang.
Les autres canidés tournent lentement autour du grand brun, n'osant pas attaquer, mais tout crocs dehors et je frémis.
- Xiaojun, est-ce que tu peux te lever ? me demande mon sauveur sans quitter les prédateurs fous du regard.
- Je...Je crois.
Je tente de me redresser et malgré une légère douleur dans la jambe, y arrive, me tenant debout dans le dos du grand brun.
- A mon signal, tu cours avec moi. Compris ?
- Oui.
Il contracte ses muscles et fond soudainement sur les loups, en tuant un sur le coup et faisant reculer les autres sous le coup de la surprise.
- MAINTENANT !
Je me met à courir de toute mes forces derrière lui et j'entend le hurlement furieux des loups qui commencent à nous suivre. Je sens des crocs claquer non loin de ma jambe et je retiens un cri de terreur.
Soudain, un fracas de sabot retentit près de nous et je sens mon corps être arraché du sol pour atterrir sur la selle d'un cheval lancé à pleine vitesse.
Devant moi, je vois le général être tiré sur une monture par un inconnu et je ne comprend pas ce qu'il se passe, car ce n'est ni Zuho ni Junhee qui me tient fermement sur un cheval alezan.
- Yukhei ! Jeno ! Soyez bénis ! s'écrit le grand brun, reconnaissant apparemment les deux hommes.
Yukhei ? Wong Yukhei ?! Un des généraux chinois les plus célèbres du pays pour ses exploits militaires, et son alliance avec la Corée également, qui a évité beaucoup de massacres inutiles.
Si j'en crois les descriptions physiques qu'ont fait certains des voyageurs de passage chez madame Zōu, c'est le beau blond qui a récupéré le général Seo sur son cheval.
Donc celui qui est derrière moi doit être ce Jeno dont le prénom ne m'est pas inconnu non plus.
- On est arrivé au bon moment ! lance le général Wong.
- Oui, il s'en est fallu de peu pour qu'on ai de gros ennuis, dit le brun devant lui alors que leurs chevaux achèvent de semer les loups.
Qu'est ce qu'ils racontent ? C'est du coréen, je ne comprend pas...
- Et mon passager, qui est-ce ? intervient une voix dans mon dos.
- Notre guide, Xiaojun.
J'ai entendu mon prénom, mais c'est tout.
- Tu l'appelles par son prénom ?
Le jeune homme dans mon dos a pris une voix légèrement moqueuse.
- Il n'a pas de nom de famille Jeno, soupire le général qui m'est le plus familier.
- Pas de nom de famille ?! s'écrit le cavalier qui me maintient en selle.
- Ce n'est pas rare, si il vient d'un milieu particulièrement pauvre et qu'il a été abandonné, il porte le nom d'un torrent Jeno, il y a beaucoup de gens dans son cas, dit alors le général Wong.
Je décide de les laisser parler sans chercher à comprendre mais c'est à ce moment que le général chinois m'adresse la parole.
- Xiaojun c'est bien ça ?
- Oui.
- Tu n'es pas blessé ? J'aurai du te le demander dès le début.
- Non, ça va.
- Sa jambe gauche est assez raide Yukhei.
- Jeno me dit que tu as une jambe raide, dit le grand blond.
- Quand je suis tombé de cheval.
- Tu as heurté un tronc, remarque le général Seo, J'aurais du faire plus attention, c'est ma faute.
- Ca ne fait pas trop mal, dis-je.
- On regardera ça quand on sera à l'arrêt, décrète le brun.
- Et Ming et Fuheng ? demandai-je, inquiet.
- Ming et Fuheng ? C'est qui eux ? interroge le blond.
- Zuho et Junhee, explique son passager, Ils doivent être devant, leurs chevaux ont paniqué et ils n'ont pas réussi à les stopper.
- Ils ont du rejoindre Taeyang et Donghun qui nous attendaient un peu plus haut.
- Je vois, le grand brun est repassé en coréen, m'empêchant de nouveau de comprendre, Pourquoi est-ce que vous êtes là ?
- Taeyong nous a demandé d'aller te chercher car ça devient de plus en plus important, la date a été déplacé et il faut absolument que tu sois là, mais comme on ne savait pas exactement où tu te trouvais, on a pas pu t'envoyer de messager alors on est venu nous même, monologue Jeno dans mon dos.
- Donc nous devons nous dépêcher.
- Tu as tout compris Yeongho, on dépose ton guide à l'auberge la plus proche, tu le payes et on part.
- On va faire ça au détail près qu'il vient avec nous Yukhei.
- Pourquoi ça ? Pas qu'il ai l'air méchant, mais on a pas le temps de garder un enfant.
- Il a ton âge Jeno, et ensuite, t'as vu sa maigreur et ses cicatrices ? Je ne le laisse pas retourner là d'où il vient.
Le blond explose de rire, faisant hennir son cheval.
- Tu veux surtout le garder avec toi ! Des mioches dans son cas, c'est malheureux mais y en a plein et c'est pas le premier que tu croises.
- Yukhei, tu la ferme et tu me laisse gérer ça.
Je ne sais pas pourquoi est-ce que le grand blond est hilare à ce point ni pourquoi le général Seo à l'air aussi énervé mais je sens la prise de l'homme derrière moi se faire plus forte alors que son rire résonne dans mes oreilles.
Bon. Je crois qu'on a oublié mon existence...
Les chevaux continuent de galoper jusqu'à arriver à une petite auberge où les généraux sautent de selle et où je glisse du dos du cheval avec le jeune homme qui se tenait derrière moi, me permettant de voir son visage.
Un noiraud aux traits assez marqués et à la beauté incontestable, plus grand que moi et deux fois plus épais, de la musculature sans aucun doute, avec un regard rieur.
- Bonzour, je suis Jeno. Et je pas être bon en chinois, me dit-il, très hésitant.
- Je vais parler pour lui, sinon on est pas rendu, lance le blond en marchant vers moi, Fais voir ta jambe.
Je n'ai pas le temps de comprendre qu'il m'a déjà décollé du sol pour me déposer sur une souche pour palper avec précaution ma jambe gauche.
- Faudra pas que tu forces dessus pendant un moment, annonce t'il après son examen, Mais tu n'as rien de grave.
Du coin de l'oeil, je vois le général Seo soupirer de soulagement ou d'exaspération, je ne sais pas.
- Maintenant, on change de chevaux et en selle, Zuho et Junhee restent là. Toi tu viens, m'annonce négligemment Wong Yukhei.
- Hein ?
Pourquoi dois-je les accompagner si les deux soldats restent là ? Je ne comprend p-
- Cherche pas, je ne sais pas non plus, mais tu viens, lâche le blond, me coupant dans mes pensées. Tu vas monter avec Yeongho, se sera plus sûr pour ta jambe.
- Yeongho ? demandai-je, complètement perdu.
- C'est moi, dit la voix calme du grand brun qui s'est avancé à coté de moi. On va laisser Nuage ici, et on va prendre une monture plus rapide.
Nuage ? Oh non, je l'aime bien moi !
- Ne t'en fais pas, je le ferais venir plus tard à Lijiang, mais pour le moment, on est pressé, me rassure le général avant de me prendre dans ses bras pour me porter.
- Je peux marcher, protestai-je.
- Il ne faut pas que tu forces.
- J'ai couru sans trop de problème alors marcher c'est fa-
Il me dépose sur la selle d'un superbe cheval baie qu'un jeune homme que je n'avais même pas vu tient en rênes.
- On y va. Merci Donghun, dit Yeongho, puisque c'est comme ça qu'il s'appelle si j'ai bien compris.
Les chevaux partent au galop sans même que je ne comprenne ce qu'il se passe.
Je regarde, stupéfait l'immense palais devant moi alors que nous descendons de cheval.
- Bienvenu au palais royal de Lijiang, le quartier général de NCT, me dit Yukhei, amusé par mes yeux écarquillés. Je t'aurais bien fait la visite, mais m'est d'avis qu'une personne ne sera pas d'accord.
- C'est immense, dis-je sans relever la dernière partie de sa phrase qui me fait penser aux paroles perturbantes de Fen.
- C'est le but d'un palais ! réplique le blond, Bon Yeongho, vas te rendre présentable en vitesse, je m'occupe de ton protégé ! rajoute t'il en direction du brun.
- Tu as intérêt à garder tes mains dans tes poches Wong Yukhei, ami ou pas, si tu le touche, je te fais la peau.
- Yeongho, énervé ? Il t'a ensorcelé ce petit ! Hâte de voir les enfants !
- Faudra vraiment que je t'emmène voir Jungwoo toi, il va te réexpliquer le fonctionnement du corps humain, lâche Jeno à coté de moi sans que je ne comprenne un mot.
Je regarde le grand brun s'éloigner après m'avoir ébouriffer les cheveux et la voix grave du blond retentit dans mon dos.
- Désolé de t'interrompre dans une contemplation surement fascinante, mais je dis t'emmener aux bains, parce que clairement, ça fait un moment que t'as pas vu du savon.
Il croit qu'on a du savon partout ? C'est du luxe le savon, j'en ai jamais vu.
- Hé te vexe pas, je sais que c'est une denrée rare et chère mais ici, tu vas en avoir besoin si tu ne veux pas être jeté à la porte par un garde non informé de ta présence, m'explique plus gentiment le général. Et ne me dis pas que tu es contre un bain.
Il marque un point, je sens le cheval et même si c'est quelque chose qu'en hiver, je n'ai pas l'occasion de faire, l'eau des rivières est trop froide, me laver est quelque chose que j'essaye de faire souvent.
- Aller viens.
Je sors de la pièce, me sentant bizarre, après avoir été lavé, parce que oui, on ne m'a pas laissé le faire moi même, des servantes m'ont coiffé et habillé. Mes cheveux noirs mi-long ont été noué dans un savant chignon à l'arrière de ma tête puis on a déposé un bandeau de soie dans ma crinière d'habitude indisciplinée avant de me faire enfiler un hanfu en soie brodée d'or et un collier en argent a été accroché à mon cou.
Je ne me sens pas forcément à l'aise, j'ai toujours porté ma vieille blouse de toile, au début beaucoup trop grande, puis au final trop petite, mais jamais autre chose que ça, si on enlève les vêtements que Junhee m'a donné mais qui sont semblable à ceux que je portais avant, moins raccommodés sans doute.
- Ca te change, souffle le blond qui m'attendait, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, en me regardant.
- Tu très beau...comme ça, me dit Jeno.
- Les derniers mots qu'il a dit, c'est "comme ça", traduit Yukhei.
- Merci, murmurai-je en m'inclinant, gêné par le compliment.
- Par contre, faudra me dire d'où sortent toutes ces cicatrices, que j'ailles commettre un meurtre.
- C'est monnaie courante que les employeurs soient violents envers les gens qui travaillent pour eux Jeno, tu aurais bien du mal à trouver qui lui a fait ça en particulier, par contre, depuis quand tu es protecteur avec les gens ? Jisung va être jaloux.
Et ils reparlent en coréen....
- Il m'a l'air tout fragile, et Yeongho l'aime bien, plus que bien, et je suis protecteur Yukhei. Laisse mon compagnon hors de ça !
Je tousse un peu, mal à l'aise et Yukhei se tourne vers moi.
- Tu ne comprend pas un mot de coréen n'est ce pas ?
Je hoche la tête et le blond dit.
- Ne t'en fais pas, on part juste dans des discussions sans trop de sens, ou que tu comprendras très bientôt.
....Fen sort du corps du général Wong.
- Xiaojun ! Te voilà !
Je me retourne en entendant mon prénom et je vois le grand brun arriver vers moi à grands pas.
- Tu devrais rester assis pour ta jambe, soupire t'il, Mais bref, telle n'est pas la question, tu dois être épuisé ?
Je baille en réponse, oui, je suis complètement exténué.
- Viens, me sourit le brun en passant ses doigts dans mes cheveux, détachant mon chignon par la même occasion.
Il me guide dans un dédale de couloirs et pousse une porte qui s'ouvre sur une jolie chambre.
- C'est ma chambre, m'explique t'il, En attendant que je t'en fasse aménager une, tu pourras dormir ici.
- Je.... Pourquoi est-ce que je dois rester ?
- Tu veux partir ?
Les yeux du général semblent inquiets alors qu'il attend ma réponse.
Est-ce que je veux partir ? En soit, pas vraiment, je n'ai pas de raison de partir.
- Non mais ça ne répond pas à ma question.
- C'est parce que tu n'as pas posé la bonne question, répond le brun, l'air soulagé.
- Comment ça ?
Il se rapproche de moi, me dominant de toute sa taille, et viens murmurer au creux de mon oreille.
- La question étant plutôt, pourquoi JE veux que tu restes ?
Sans que je ne comprenne, mes joues rougissent et mon coeur fait un bond dans ma poitrine.
- Je ne comprend p-
La bouche du général se pose sur la mienne, douce et sucrée, coupant court à ma phrase, à mes pensées et au temps.
La main du grand brun vient se poser au creux de mes reins alors qu'il mouve doucement ses lèvres contre les miennes. Incapable de réagir, pourtant, j'en ai envie même si je ne comprend pas pourquoi, je le laisse faire sans tenter de me dégager, appréciant le goût fruité de ses lippes rosées.
- Parce que je t'aime Xiaojun.
- Qu'avez vous di-
Mes pieds quittent le sol et Yeongho va me déposer sur le lit avec douceur.
- Dors, tu es fatigué Xiaojun. Il faut que je parte, j'ai une réunion, on discutera plus tard.
Je le regarde quitter la pièce, complètement perdu, les joues en feu et le coeur battant à la chamade.
Je reste immobile pendant plusieurs minutes avant que la fatigue ne me rappelle à l'ordre, me faisant bailler. Je tente de m'allonger mais le hanfu me gêne, alors sans réfléchir, je retire le vêtement de tissu, me retrouvant simplement vêtu d'un fin bas de soie quasiment transparent avant de m'effondrer sur le matelas pour m'endormir directement.
- Xi...Xiaoj....Xiaojun....
Une voix familière résonne près de mon oreille et j'ouvre péniblement les paupières, complètement endormi.
Mes yeux mettent quelques secondes avant de faire le point et je vois Yeongho accroupit en face de moi, la main sur mon épaule pour me réveiller en douceur.
- Il faut que tu te lèves Xiaojun, sourit t'il, Et que tu t'habille aussi, rajoute t'il, d'une voix un peu plus grave.
Mes joues se mettent à fumer, un mélange de gêne et de honte m'envahissant. Je me redresse vivement, les bras plaqués contre mon corps pour le cacher même si c'est un peu tard.
- Je vais pas te manger, ne t'en fais pas, rit Yeongho, Quoi que... reprit il, l'air sérieux. Bon, Taeyong veut te rencontrer.
- Lee Taeyong ? balbutiai-je.
- Oui, l'empereur de NCT et tout mais t'en fais pas, il est tout sauf effrayant ou méchant.
Evidemment....
- Aller viens t'habiller, pas que ça me déplaise de te voir comme ça dans mon lit, mais il faut que tu sois prêt rapidement.
Cramoisi, je marmonne.
- Pouvez-vous vous retourner le temps que j'enfile mon hanfu ?
- J'en ai amené un neuf, répond t'il en déposant un vêtement luxueux, Et tutoie moi !
Il se lève et me tourne le dos alors que je me hâte de mettre l'habit richement orné.
- C'est bon ?
- Oui.
- Parfait, il pivote, Magnifique, mais tu dois manger plus....Allons-y !
Il m'entraine des les couloirs jusqu'à une grande salle que je devine être la salle du trône. J'entre, timidement caché derrière les larges épaules du général Seo et je vois, dans un miroir, un homme assis sur un trône, les jambes finement croisées.
- Bonjour Yeongho, et j'imagine que le garçon derrière toi est Xiaojun, lance une voix charismatique qui me fait frémir d'inquiétude.
- Salut Taeyong, oui, tu as bien deviné.
Le grand brun m'attrape doucement le bras pour me faire passer devant lui et je me trouve face à face avec un jeune homme aux traits délicats.
- Omo, tu es adorable ! Mais tu es tout maigre ! Il faut que tu manges ! Je vais te mettre en pension chez Kun ! s'écrit l'empereur en prenant mon visage entre ses mains, Tu as de très beaux yeux, et j'aime beaucoup ton prénom, tu aimes le thé ? Ou tu préfères la tisane ?
Qu'est ce que ?
- Alors, Xiaojun, je te présente maman Taeyong, l'empereur le plus stressé du monde qui passe son temps à gérer une bande d'enfants de trois têtes de plus que lui avec l'aide de son fidèle acolyte, Kun qui doit être en train de tenter d'empêcher Yukhei et Jisung de détruire un temple pour la troisième fois de la journée.
- Il faut que je fasse une liste avec ce que tu aimes et ce que tu n'aimes pas, pour ne pas me tromper...Mmh et que je te prépare un gâteau aussi, il faut que tu reprenne du poids....
- Il t'a adopté, rit Yeongho, Bienvenu dans la grande famille des NCT !
Je ne comprend absolument rien, mais je sens que c'est une bonne chose. Enfin, j'espère....
- Il faut aussi que je prépare ton mariage avec Yeongho aussi !
- HEIN ?!
- Taeyong...
- Tu ne lui as pas dit ?
- Non.
- Me dire quoi ?
- Que ce grand dadet est am-
L'empereur se retrouve éjecté par la force de Yeongho qui m'attrape.
- Ca a été un plaisir Taeyong, je dois lui faire visiter ! A bientôt ! Je vais te tuer !
Yeongho me ramène dans sa chambre et s'assoit sur le lit en soupirant.
- Il voulait me dire quoi ? demandai-je timidement.
- Tu n'as pas compris ?! lâche le brun, médusé.
- Non...
- Je ne dois pas te laisser avec Hendery ou Yuta toi..... Comment tu te sens actuellement ?
- J'ai le coeur qui bat très vite et j'ai envie de te faire un câlin. C'est bizarre.
- Et si je fais ça ?
Il me tire contre lui et pose ses lèvres sur les miennes.
- Tu te sens comment maintenant ?
- Je....Recommence ? S'il te plait ?
Il rit et repose sa bouche sur la mienne, suçotant même ma lèvre inférieur avec douceur.
- J'ai plein de papillons dans le ventre, j'ai envie que tu recommences et je....
Pause. Pourquoi mon bas-ventre chauffe autant ? C'est pas normal !
- Et tu ?
Sans réfléchir, j'attrape sa main et la pose sur mon problème.
- Je comprend pas, marmonnai-je gêné.
- Je vais t'enfermer pour que tu ne croise pas les gars finalement...Comment on peut être innocent à ce point tout en ayant vécu tant de chose ?
Il retire ses doigts, les oreilles virant écarlates et il dit.
- Ca ne te dis rien tout ça ?
- On dirait les trucs dont parlent les clients à l'auberge... L'amour ?
- Tu pense que tu m'aime ?
- Je ne sais pas.... Tu es un homme...
- Et alors ?
- A chaque fois, ils parlaient de femmes....
- Tu as envie que se soit une femme qui te fasse ce que je viens de faire ?
- Non !
- Un homme alors ?
- Non ! Juste toi...
Oui, juste lui, que lui.
- Ne dis pas ça alors que tu es assis sur mon entrejambe s'il te plait... Pas Fen ?
- Non, pourquoi Fen ? Elle est gentille mais c'est mon amie.
- Tant mieux.
Sa bouche se repose sur la mienne sans prévenir et je pousse un petit jappement de surprise et de bonheur en sentant ses lippes douces.
- C'est ça l'amour Yeongho ?
- Je ne peux pas savoir à ta place.
- Je crois que je t'aime.
Il revient m'embrasser avec tendresse.
- Et moi je suis convaincu que JE t'aime. Xiaojun.
Commande de @TaehyunKang978, bon, on est très loin de la cabine d'essayage et il n'y a pas de lemon (j'ai pas eu l'inspi d'en écrire un) mais j'espère qu'il t'a plus quand même ^^'.
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