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Innommé : 3.2

Hizashi se tenait debout dans la chambre, dévisageant longuement le lit encore défait. Il regarda placidement l'heure de l'horloge, sans vraiment d'effort pour retenir la temporalité qui l'engloutissait, et fit demi-tour, direction le canapé. Un canapé aussi confortable que de taille moyenne, avec un plaid sur les genoux. Un plaid froid. Le blond soupira en étendant les jambes sous la table basse, exténué par sa première journée de travail depuis ces cinq derniers jours. Il avait reçu un message de Nemuri à dix-huit heures. Il était vingt-deux, il ne lui avait toujours pas répondu. Il ouvrit son livre, un bouquin sans intérêt qui finit bien vite sur la table. Il n'aimait pas lire. Il n'aimait à nouveau plus lire. Il laissa sa tête tomber en arrière, posant son regard vert sans éclat au plafond du salon. Il s'ennuyait. C'était la première fois qu'il n'arrivait pas à combiner 'ennuie' avec 'occupation'. Il n'avait envie de rien faire, mais il ne pouvait pas ne rien faire.

Déjà une semaine depuis ce fichu coup de fils de l'hôpital. Celui qui l'avait annoncé indirectement que le soir même, il devra cuisiner pour un, ou alors, pour deux, mais il devra manger la portion restante au repas suivant. Il ne comptait pas les heures, il ne les voyait plus passer. C'était comme avec Oboro. Mais quelque chose était différent. La proximité ? Le temps de leur relation ? Le nombre de baisers échangés ?

Tu as oublié à quel point tu étais blessé de l'avoir perdu ? Pourquoi tu fixes stupidement le plafond comme s'il allait t'apporter des réponses ?

« Pourquoi est-ce que je ne pleure pas, Shō-chan ? »

Pourquoi tu devrais ? Pleurer, c'est surfait. Les hommes pleurent parce qu'ils n'arrivent pas à communiquer. Tu es quelqu'un de très communicatif, pourquoi tu aurais besoin de pleurer ?

« Parce que je l'ai fait avec Oboro... ? »

C'est stupide. Tu es stupide. Tu étais un gamin à l'époque, grandis un peu.

Hizashi ferma les yeux.

« Connard. Tu es un gros connard. Tu m'as abandonné. Tu as toujours été de mauvaise foi, tu n'es jamais content. »

Il rouvrit les yeux. Il était seul. Il ne devrait pas se mettre en colère comme ça, tout seul dans le noir.

C'était la première fois qu'il se prenait pour un fou.

꒱࿐♡ ˚.*ೃ

Il souriait à ses collègues alors qu'il passait nonchalamment devant eux. Nemuri, à leur suite, s'arrêta net au niveau de son ami et lui demanda avec excitation :

« Hizashi-kun, ça te dirait qu'on sorte ce soir, toi, moi, All Might, Ishiyama, tous ceux qui sont disponibles ? J'ai repéré un bowling qui a ouvert à quelques kilomètres, je me suis dit que ça serait sympa de sortir entre collègues !

- Oh, c'est gentil, mais ce soir je ne peux à cause de la radio.

- Ah oui, j'avais oublié qu'on était vendredi... Demain soir alors ?

- J'ai d'autres choses de prévues.

- Ah bon ? demanda-t-elle, stupéfaite.

- Des copies à corriger !

- Tu peux les faires dimanches.

- Je prends de l'avance ! »

Nemuri eut une moue. Elle n'était pas ravie de cette réponse.

« D'accord, et hier soir aussi tu étais occupé pour ne pas m'avoir répondu ? »

Hizashi, dos à elle, eut une légère grimace, avant de reprendre avec entrain :

« Je regardais un film, je n'ai pas veillé très longtemps, sorry Nemuri-senpai.

- ... Ouais, évite juste de m'inquiéter bêtement. »

Le blond s'arrêta devant la salle des profs, et fit vivement volte-face à la jeune femme, un large sourire étirant ses fines lèvres.

« Merci quand même pour l'invitation, see ya later !

- À plus tard, Hizashi-kun... »

Elle le laissa entrer dans la pièce, et elle, stupidement, resta debout face à la porte fermée. Elle afficha une mine triste, et tourna les talons, prête à rejoindre sa prochaine classe.

C'était la première fois qu'il mentait à son amie.

꒱࿐♡ ˚.*ೃ

Takeya coupa son micro et s'étira de tout son long, non sans étouffer son râle de plaisir. Hizashi avait suivi son mouvement, avec la même énergie que quelqu'un qui venait de sortir du lit.

« C'était une bonne nuit ! Mais tu m'as semblé préoccupé, mec. Tu veux en parler ? »

Il se tourna vers le second présentateur radio, plus jeune que lui d'au moins cinq ou six ans. Sa chevelure brune était dressée sur sa tête avec la précarité de retomber sur le visage à chaque mouvement. Il affichait certes un sourire, mais ses yeux orange-doré ne renvoyaient que de l'inquiétude.

« Nan, tout va bien, je pensais juste à un de mes élèves qui a eu une mauvaise remarque dans son bulletin à cause de mon remplaçant. J'attends lundi pour en parler au proviseur, mentit-il avec un sourire affirmé.

- Ah ouais, tu es vraiment soucieux pour leur avenir ! ricana le brun en quittant sa chaise. Par contre tu me surprends, tu as eu besoin d'un remplaçant pour quoi ? Tu étais malade ?

- Ah, not a big deal, juste une grippe qui m'a cloué au lit.

- Je pense que tu ne t'en es toujours pas remis alors, je ne te reconnais plus. »

Hizashi se massa les paupières du pouce et l'index, et se leva à son tour.

« Maybe. Je pense que je vais rentrer pour me reposer encore un peu.

- Tu veux un verre d'eau ?

- Yeah, volontier, Syedo-san. »

Takeya sourit patiemment.

« Je re', alors. »

Hizashi se retrouva seul dans le studio d'enregistrement. Il ramassa sa veste, jeta un sourire forcé à une jeune femme qui s'occupait du son, et pénétra dans le couloir. Il croisa alors le brun en sens inverse avec le verre d'eau proposée, qu'il prit sans s'arrêter.

« Tu as besoin de quelque chose d'autre ?

- No, it's fine.

- On se revoit vendredi prochain alors, rétablis-toi bien, Yamada-senpai ! »

Il le dévisagea sans vraiment d'entrain, avant de boire d'une traite son contenant et le lui rendre.

« Thanks mate. À la semaine prochaine tout le monde !!

- Bye, Present Mic !

- Bonne nuit !

- Super taff ! On se revoit la semaine prochaine ! »

Il quitta en vitesse le studio pour fuir la bonne humeur. Il avait mal aux joues à force de sourire.

La nuit régnait en maître, si bien qu'il lui aura fallu quelques minutes pour trouver un premier lampadaire. Il alluma son téléphone portable. Quatre heures. Aucun message de Nemuri, ni de personne d'autre. C'est dingue à quel point un simple objet pouvait matérialiser la solitude. Il enfouit les mains dans ses poches, et longea nonchalamment le trottoir jusqu'à sa voiture. Ses gestes étaient mécaniques, et sans qu'il n'en ait conscience, il s'était retrouvé devant la porte de son appartement, la clef dans la main, la serrure à des milliers de kilomètres de sa propre réalité. Il secoua un peu la tête pour recouvrer ses esprits, et chercha à enfoncer sa tige métallique, une fois, deux fois, trois fois, avant de réussir à l'insérer, et ouvrit la porte. Seul le silence l'accueillit, normal, vue l'heure. Il tangua sur quelques pas, lâcha sa veste sur une table, abandonna ses chaussures, se laissa tomber sur le canapé tout habillé. Il sortit son téléphone et lança une playlist, et ferma les yeux, sans s'assoupir, par absence de désir de rêver.

« You say you love me...
You say you care...
And when you're with me...
My future's there... »

Les premiers mots se libéraient de son casque avec la légèreté d'une bulle de savon. Il connaissait la chanson par cœur. Ces mots résonnaient avec fracas dans son cœur, signifiant tant pour lui.

On s'était laissé porter par l'émotion. On s'était perdu dans les yeux de l'un de l'autre. Et on avait oublié tous nos regrets.

La Lune, craintive, partageait égoïstement sa clarté que par une infime couche interstellaire qui décantait à travers ses rideaux violets.

Quand la vie sera cruelle. J'irai où tu iras. Je courrai dans le noir. Oublie la violence. Oublie le monde. Je te vois sourire. J'en perds mes mots.

Oh, Hizashi était un beau parleur mais il n'a jamais su décrire convenablement chacun des sourires de Shōta. Certes, il y avait l'effrayant, le maladroit, le forcé, mais ce qu'il aimait le plus, c'était le vrai. Son vrai putain de sourire.

Une nouvelle chanson de lança.

J'aimerais pouvoir rester, mais j'ai besoin d'espace. Et tu gênes.

Son bras se balança mollement en l'air jusqu'à retomber sur son visage, son autre main tenant toujours fermement son téléphone, sur le ventre.

Peux-tu me voir ? Je danse tout seul. Peux-tu m'entendre ? Je demande de l'aide. Est-ce de l'ignorance ?

Il ne chantait pas. Il n'en était pas capable. Il se contentait d'écouter bêtement.

Ou de l'égoïsme ? Tu as dit de rester ici. Mais je suis à court d'air.

Son casque vissé sur les oreilles l'avait plongé dans un état second. Il ne répondait plus au monde où il était bloqué. Il était piégé.

J'espère que tu sais, en attendant, je suffoque.

Il était piégé. Il suffoquait.

J'espère que tu sais, l'air devient froid quand tu ne me tiens pas. Le ciel devient gris, les fleurs s'estompent et s'essoufflent...

Il suffoquait.

Dois-je te suivre ? Ou devrais-je continuer d'attendre ?

Il suffoquait. Il se noyait dans un chagrin sans façade. Il nageait dans le vide. Il pleurait du silence. Il ressassait des pensées qui ne lui seront jamais venus en conscience saine, son cœur devenait fou à chuchoter de telles choses :

Dans un couple il y a toi, il y a moi, et il y a la tierce entité qui est nous. J'ai crié mon amour si fort que l'écho n'a été que plus brutal. Cette onde de choc a pulvérisé mon passé, mon futur et mon présent. Il ne me reste que le souvenir d'un jeune garçon un peu associable qui m'envoyait chier lorsque je devenais trop lourd, qui me lançait des regards tendres en réponse à mes mots d'amour d'adulte sans maturité, qui me tenait la main lorsque nous étions allongés en parlant de ce que l'on ferait à notre retraite.

Nous avions perdu notre meilleur ami. Je viens de perdre le seul qui me restait. Je suis en train de perdre le dernier tiers de notre trio. Je me perds. Je ne sais pas ce que je suis sensé faire. Tu traçais mon chemin en laissant traîner ton sac de couchage. Je suivais les poils de chat que tu éparpillais un peu partout. Alors j'allais partout. Et tu étais fatigué de mon énergie à devoir m'imposer à chaque recoin de la pièce, mais ce n'était pas ma faute, j'étais comme ça. Je ne suis plus comme ça. Plus pour de vrai.

Hizashi serra les dents et arracha son casque, qu'il laissa tomber sur la table basse. Il se dressa de sorte à pouvoir ramener ses jambes contre lui, et posa sa tête entre les genoux.

Pleure, bordel. Pleure un bon coup, qu'on n'en reparle plus ! Pourquoi tu te gênes ? D'où vient ce blocage ?

Il alluma son téléphone, qu'il n'avait pas lâché, et y lut six heures. Voilà pourquoi le soleil commençait à se lever. Il alla dans sa messagerie, tomba sur le nom de son bien aimé, et lui écrit un SMS :

💬🎧
Tu me manques, reviens à la maison...

Samedi, 6h12, message non-distribué.

C'était la première fois qu'il se sentait aussi seul.

꒱࿐♡ ˚.*ೃ

« Bonjour Midnight.

- All Might, bonjour, tu arrives drôlement tôt !

- Heh, que veux-tu, je prends mon augmentation très à cœur... Comment vas-tu ?

- (Elle soupira.) Je suis inquiète pour Hizashi. Je lui ai envoyé un message hier dans la soirée, sans réponse.

- Laisse-le digérer tous ça, il a besoin de se retrouver, je suppose. »

Elle s'approcha doucement du blond sous sa forme malabar. Il s'était préparé un café, et le sirotait tranquillement.

« Je ne suis pas sûre, mais je suis pratiquement certaine qu'il nous fait une dépression.

- Tu n'en es pas sûre ? demanda-t-il, un sourcil levé.

- Il s'isole. Je vois bien qu'il ne porte aucun intérêt à son enseignement, il n'a pas corrigé de copie le weekend passé. Il m'a sans cesse rabâché qu'il s'en chargerait, ça fait quatre jours. Il ne m'écoute même pas quand je parle !

- Je ne pense pas qu'il écoutait vraiment les autres, il n'est pas de nature attentive, tenta-t-il de rationnaliser pour rassurer sa collègue.

- Est-ce que je suis la seule avec Vlad qui voyons qu'il ne va vraiment pas bien ?! C'est mon ami depuis quatorze ans, je sais comment il fonctionne !

- Kayama-san, je-...

- Shōta était mon ami ! Oboro aussi ! Je faisais partie de la bande, j'avais une place dans leur cœur, j'étais la grande sœur qui veillais sur eux et j'ai lamentablement failli à mon devoir !! J'ai perdu celui qui m'aimait, celui que je considérais comme mon petit frère, et là, à petit feu, je suis en train de perdre Hizashi !! »

Elle colla ses mains fermées contre son front, les dents serrés, tandis que ses larmes traçaient sur ses joues. Le symbole de la paix n'avait pas de mot. Il était muet.

« Je veux seulement qu'il me parle, qu'il pleure, qu'il réagisse. Il... Il est si distant avec moi et son sourire... Je vois bien qu'il est faux... Tu ne le connais pas comme moi je le connais, je sais avec qui j'ai grandi, je sais comment est Hizashi, il faut que je lui parle, mais je ne sais pas comment faire. Shōta, lui, savait. Il était le seul à le savoir, et il... Il n'est même pas là quand j'ai besoin de lui, ce n'est pas vrai, il fait chier tout le monde même après qu'il soit-...

- Kayama ! Kayama, calme-toi, je t'en supplie ! Ça suffit, reprends-toi !! »

Il venait de poser son café pour serrer les épaules de la jeune femme, dont les larmes ne cessaient plus de couler. Elle affichait une mine ahurie.

« Je... je suis désolée... Je...

- Ne t'excuse pas, tu as le droit de te mettre en colère. Tu te confies à moi, mais je ne suis pas capable de t'aider... »

Il se recula difficilement.

« Je ne le connais pas aussi bien que toi. C'est à toi de lui parler. Si tu es vraiment son amie, il t'écoutera. »

Le première sonnerie retentit. Ils sursautèrent de concert.

« Les cours vont bientôt commencer, dit-elle en reniflant, s'essuyant le visage avec un mouchoir sortit de son sac. Il devrait être là.

- Il a cours en première heure avec des terminales.

- Même en retard, il passe par là pour récupérer des dossiers. Il ne viendra pas. »

All Might jeta un coup d'œil soucieux à l'horloge.

« Tu as cours ?

- Pas avant neuf heures.

- Vas le rejoindre. »

Il affichait un air grave. Le symbole de la paix ne souriait pas.

« Tu... tu crois qu'il... ?

- Je n'en sais rien. »

La jeune femme hocha la tête, ramassa ses clefs de voiture, son portefeuille et son téléphone portable avant d'abandonner lamentablement son sac sur une chaise, et quitta la salle des professeurs, puis le bâtiment aux parois miroitantes du lycée prestigieux. Sa voiture démarrée, elle prit la direction de l'appartement du couple.

Une grande sœur ne porte plus son titre si elle n'a plus personne sur qui veiller. J'espère que tu ne fais pas de connerie, Hizashi.

Elle arriva enfin chez lui. La porte s'ouvrit dans un fracas phénoménal, la fermeture ayant été forcée par un coup de talon bien placé. Elle s'en fichait des dégâts. Il n'avait qu'à pas verrouiller son appartement.

« Hizashi-kun ?! »

Elle parcourut chaque pièce avec anxiété, avant de tourner la tête vers le balcon. Tiens, fermé. Elle remarqua alors que tout était clos. Pourquoi ? Ce pourrait-il qu'il n'ait pas... À moitié soulagée, elle se laissa tomber sur le canapé, décalant légèrement le plaid pour ne pas l'écraser. Il était froid. Aucune odeur. Aucune chaleur. Il est parti. Mais où ? Elle essaya de le contacter une nouvelle fois. Elle n'avait pas arrêté dans la voiture. Et encore une fois, elle tomba sur la messagerie. Bordel, Hizashi. Elle rangea son téléphone dans son soutien-gorge. Bordel. Bordel. Bordel.
Elle devait réfléchir. Si elle était lui, où serait-elle allée en laissant sa voiture au parking ? Au studio d'enregistrement ? Non, pas un jeudi matin. Un bar ? Pas pendant les cours... Peut-être que si ? Où encore... L'hôpital ? Aurait-il pu faire une tentative ratée avant de s'y rendre ? En serait-il capable ? Non, pas sans sa voiture. Un taxi ? Un bus ? Bordel... Où pourrait-il aller sans avoir besoin de prendre le volant ? Un lieu plutôt proche et qui ferait sens.

...

« Son ancien appartement. »

C'était la première fois qu'il partait sans laisser de trace.

꒱࿐♡ ˚.*ೃ

Cette fois, elle prit soin de toquer avant d'entrer. Le paillasson avait disparu, il avait trouvé sa place devant la porte de l'appartement qu'il partageait avec Shōta. Un paillasson noir avec un chat blanc dessus, le noiraud l'avait harcelé pour le lui voler.

Elle toqua trois coups fermes, et attendit. Une seconde. Deux. Trois. Elle recommença la manipulation. Aucune réponse. Elle posa ses mains en coupole contre la paroi de bois, et y colla son oreille. Elle entendit du bruit. Quelqu'un courait. Elle avait alerté la personne qui s'y trouvait.

« Hizashi-kun ! C'est moi, Nemuri, ouvre-moi je t'en supplie ! »

Le bruit se figea. Elle martela la porte.

« Hizashi !! Ouvre-moi cette foutue porte !! »

Elle souffla du nez, et donna plusieurs coups dedans, faisant sauter le mécanisme d'ouverture. Elle la poussa brusquement, venant la faire cogner contre le mur, et elle pénétra dans l'antre de son ami.

« Désolée pour la porte, mais tu n'avais qu'à m'ouvrir. Je sais que tu es là ! »

Elle avança dans l'appartement. Tout était silencieux, poussiéreux, vide. Aucun meuble. Aucune décoration. Aucun volet ouvert. Juste l'obscurité. L'odeur de renfermé. Et une veste jetée sur le sol. Une veste ? Elle la ramassa et l'inspecta. Elle fronça des sourcils. C'est la sienne.

« Hizashi, tu pourrais me saluer, me dire de dégager, je n'en sais rien, mais réagis ! »

Elle serra le bout de tissu entre ses doigts et avança jusqu'à ce qui semblait être une cuisine. Une silhouette se détachait de l'obscurité. Elle était roulée en boule dans un coin de la pièce, entre le bord du plan de travail et le crépis. Nemuri déglutit, posa le vêtement près de l'évier, et s'agenouilla juste en face de son ami. Celui-ci n'avait pas daigné lever la tête, il était immobile, les bras protégeant son visage. Elle posa sa main sur l'un d'eux.

« Hé, Hizashi-kun, tu es vraiment idiot de m'avoir effrayée comme ça...

- Il avait un si joli sourire... »

Il venait de murmurer ces mots, si doucement que l'on n'aurait pas dit. La jeune femme ouvrit la bouche sans qu'aucun son ne puisse en sortir.

« Il était si attentif, on ne dirait pas aux premiers abords, avec ses airs capricieux et cyniques... Il savait écouter les autres... Leur parler... Les aider... Il aimait vraiment aider... »

Un reniflement.

« Shōta pouvait passer ses insomnies à me dorloter... Il était très à cheval sur les règles mais était le premier à les enfreindre pour moi, entre deux cours... Il était très spontané... so cold... Difficile à cerner, il fonctionnait par logique et rationalité, me jetait des regards sadiques que je devais interpréter par mille et une façon, mais quand on apprenait à le connaître, il s'ouvrait un peu plus, et le Shōta sans son masque était la plus belle chose que je pouvais regarder... »

Il n'avait pas relevé la tête. Il tremblait. Il serra ses doigts dans sa chaire pour chercher à calmer ses nombreux spasmes incontrôlés.

« Il aimait les chats. La compote. Dormir. Cuddles. Il ne le disait jamais, mais il m'en demandait toujours un avant de partir au lycée. Il tendait ses bras sans me laisser le choix. He was so cute. Il adorait me tenir la main, too. Et boire des milkshake, pas de préférence gustative, il n'aimait juste pas celui à la banane, on n'a jamais compris pourquoi le goût le dérangeait autant. Sa saison préférée était l'hiver. Il adorait porter les écharpes. Je lui en ai offert une au mois de juillet, juste avant mes seize ans. Il l'a toujours. On était à la plage cette été-là. Il n'aimait pas la plage, il trouvait l'endroit trop chaud, et le sable trop collant. Il n'aimait pas les chiens non plus. Surtout ceux de mes grands-parents. Noisy and energetic, like me. Mais moi, ça ne le dérangeait plus trop. Il m'a même appris à aimer lire. Je n'aimais pas ça à l'époque, mais avec lui, c'était différent. »

Sa respiration se fit plus lourde. Nemuri buvait ses paroles avec la plus grande des attentions.

« Shōta a su m'aimer. Moi. Le gamin bizarre qui ne tenait pas en place, au dernier rang, côté fenêtre. Il était la seule personne à qui j'ai accepté m'ouvrir toutes ces années. La seule épaule qui m'a accepté inconditionnellement pour préserver mes larmes. Je lui ai donné tout ce que j'avais, je n'avais pas grand-chose et maintenant, j'ai ce trop d'amour qui ne me sert plus à rien. Je ne sais pas quoi en faire. Il est là, je le traîne avec moi, il me pèse, je ne sais pas à qui le donner, j'ai l'impression que personne d'autre ne peut le mériter. I feel selfish, j'aurais dû tout lui offrir lorsqu'il était encore là, je ne me sentirais pas aussi écrasé, je m'en veux. Il méritait que je l'aime un petit peu plus, quitte à le noyer sous mon amour, mais au moins, il serait parti avec, et moi, je me sentirais plus léger. J'ai mal. J'ai si mal, tellement mal que je me sens crever de l'intérieur. J'ai envie d'en finir juste pour ne plus avoir mal, mais je ne peux pas, j'ai trop d'amour pour lui encore, il faut que je le donne. Il faut que je m'en débarrasse, ce monde manque d'affection, j'en ai trop à donner, les morts n'en ont plus besoin, ils sont bien là-haut. Mais je ne sais pas comme m'y prendre. J'ai envie de mourir tellement j'ai mal, mais j'ai tellement peur de la mort, je ne l'ai jamais aimée, j'ai peur de ce qu'il m'attend si je pars avec mes inaccomplies. Elle va me tourmenter, elle va tourmenter les autres. Je ne veux pas mourir. Mais j'ai si mal. Shōta. Il est parti. Il est mort. Et je n'ai rien pu y faire. »

Finalement, les yeux rouges et gonflés, les joues humides, Hizashi releva la tête, et seul le désespoir se lisait dans son regard.

« Il ne reviendra pas, n'est-ce pas... ?

- ... Non, Hizashi-kun... Shōta est parti... murmura son amie et le prenant dans ses bras. »

Et pour la première fois depuis la fin de leur duo, Hizashi éclata en sanglot, enroulant ses bras frêles autour de Nemuri jusqu'à ne plus être mentalement capable de la lâcher.

C'était la première fois qu'il réalisait que Shōta ne reviendra pas.

Tous ces 'Si j'avais su' et ces 'Si j'avais eu le temps' ne sont que des souhaits incomplets que le cœur cherche à résoudre, à satisfaire d'une manière ou d'une autre. Ces 'plus jamais' qui nourrissaient ma douleur en des 'pour toujours'.

« Plus jamais ta main dans la mienne, mais pour toujours le souvenir de sa chaleur. »

Toutes ces premières fois que je vais devoir me contenter sans toi, resteront des étapes douloureuses que j'accomplirai en mémoire de nos expériences. Ce serait flatteur de dire que tu resteras l'amour de ma vie malgré ton absence. Tout avait commencé par des farces et des compliments, puis des mots doux et des chuchotements, et enfin des caresses et des promesses.

Ces promesses que nous n'avions pas tenues.

Ces promesses illusoires qui nous satisfaisaient de notre vivant pour nous plaire.

Ces promesses que nous avions tuées en même temps que notre identité.

Je ne peux plus te promettre de t'aimer pour toujours...

Mais je peux te promettre t'avoir toujours aimé.

Ce fut donc la dernière fois que je pouvais te murmurer nos trois mots interdits avec insolence et tendresse ? Si j'avais su, j'aurais fait durer notre dernier baiser jusqu'à la fin des temps, et au Diable les minutes qui nous rapprochaient de notre destruction ! Je t'ai aimé à en vouloir crever, et mon seul regret aura été de t'aimer encore maintenant, alors que tu n'es plus là.

C'était la première fois qu'il faisait face à 'C'était la dernière fois'.

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