stealer ; h.seong
[KNK + HEESEONG]
— N/A, 2018.
Peu de lumière osait filtrer à travers les rideaux fermés de l'étroite chambre à coucher. La brume venait tout juste de se lever, laissant place à une ville à peine éveillée où une fine pluie régnait en maître. Il valait mieux se vêtir d'une écharpe, les risques d'attraper froid étant assez présent.
Des enfants sortaient avec leurs parents, probablement partant en vadrouille pour ce dimanche frais. C'était la saison des châtaignes, alors peut être se rendaient-ils au bois pour en cueillir et les cuisiner une fois rentrer chez eux ?
D'autres, cependant, profitaient de cette journée de repos pour faire une bonne grasse matinée bien méritée après une semaine de dur labeur. Comme Inseong qui, même si il avait déjà entrouvert les yeux quelques longues minutes auparavant, restait au cœur la chaleur de ses draps en espérant pouvoir se rendormir. Il s'était couché tard la veille, si tard qu'il ne se pensait réellement pas capable de s'éveiller aux coup des neuf heures.
Mais le voilà, soupirant lentement en gardant ses paupières closes. Ses bras serraient innocemment un morceau de la couverture contre son torse tandis que le bout de ses pieds froids tentaient tant bien que mal de rester couverts par les draps. Décidément, être grand, c'était plein d'inconvénients.
Inseong était quelqu'un d'acharné, et quand il voulait quelque chose, il l'avait. Il était donc déterminé à se ré-assoupir et profiter pleinement de son dernier jour de congé avant le retour au boulot. Mais son esprits éveillé tournait déjà à plein régime et lui envoyait des pensées tout aussi loufoques qu'inutiles. Pensées qui le tinrent en éveil un long moment avant que le brun ne capitule.
Le jeune homme soupira de nouveau, lourdement cette fois-ci et il se laissa rouler sur le dos. Lentement, il laissa ses yeux s'ouvrir. Il s'attendait à être aveuglé et devoir les plisser instantanément, mais la météo était si mauvaise que l'ambiance était sombre. Inseong n'aimait pas vraiment l'automne -ni l'hiver- mais il appréciait le fait que le soleil ne lui agresse pas la rétine dès le réveil.
Défait, il laissa ses iris chocolatées glisser le long d'une fine fissure qui lacérait le plafond blanc de sa chambre. Ses lèvres s'entrouvrirent, Inseong bailla et il laissa ses paumes sèches effleurer son visage tiré de fatigue. Sa mâchoire craqua doucement puis le jeune homme laissa ses bras retomber contre la couverture beige. Il souffla de nouveau contemplant sa non-envie de se lever.
Délicatement, il étendit un de ses bras, écartant au maximum ses doigts afin d'atteindre ce qui l'intéressait. Ses ongles effleurèrent sa table de nuit blanche, puis finalement, le brun parvint à se saisir de son téléphone portable. À l'aide de son autre main, il détacha le chargeur auquel il était relié ; puis, Inseong se remit confortablement sur son dos.
Afin d'allonger un peu le temps qu'il pouvait passer allongé de la sorte, le jeune homme déverrouilla son cellulaire et valsa d'une application à l'autre. Il lut les inepties que son meilleur ami, Seungjun, lui avait envoyées la veille et à en juger par son orthographe déplorable, il s'était retrouvé fort alcoolisé. Puis, il écuma ses réseaux sociaux principaux, checkant rapidement les quelques notifications qu'il avait reçu au long de sa nuit réparatrice.
Tout cela ne le fit que demeurer une bonne grosse demi heure de plus sous la couette. Le brun ne voulait pas se lever, il ne voulait pas fouler le parquet froid de ses pieds nus, frissonner en ressentant la fraîcheur de l'air ambiant et entamer sa longue journée ennuyeuse du dimanche.
Cependant, il dût s'exécuter.
En se retrouvant debout aux cotés de son lit défait, certains des os du brun craquèrent, engageant une cacophonie de sons dérangeants. Inseong ajusta mollement son short en coton gris et enfila un large pull noir qui traînait là par dessus son t-shirt à manches courtes froissé.
Sa matinée se mit en route.
Inseong se dirigea vers la salle de bain, vida sa vessie pleine avant de se laver les mains. Puis, l'œil vitreux, il analysa sa figure dans le miroir qui méritait bien un petit coup de nettoyage. Le jeune adulte se lava le visage et appliqua sa légère lotion hydratante avant de s'extirper de l'étroite pièce.
Il pénétra son petit salon, en profita pour ouvrir les tentures et observer la météo plus que moyenne qui envahissait son quartier et alla finalement vers la cuisine. Là, le brun alluma immédiatement sa chère machine à café et choisit une capsule dorée qu'il plaça dans l'objet qui chauffait lentement. Inseong s'attela ensuite au choix de sa tasse, à la saisie du lait et du sucre puis il fit couler le liquide noir en appuyant sur un bouton.
Un bruit semblable à un marteau piqueur émana de la machine tandis que le café remplissait le mug noir. Le jeune homme quitta la pièce, se dirigeant vers l'entrée en baillant de nouveau. Inseong enfila ses baskets qui traînait là et sorti de son appartement sans vraiment prendre la peine de fermer la porte derrière lui, il ne s'absentait que pour quelques secondes après tout.
Le jeune adulte était abonné à un journal, et le numéro du dimanche était le plus large, donc le plus important. Il payait tous les mois pour avoir sept journaux par semaine qu'il lisait quotidiennement. Il partait donc le chercher.
De bonne volonté, Inseong choisit de prendre les escaliers pour descendre les trois étages qui le séparaient du rez de chaussée. Arrivé, il poussa la porte qui le séparait de la large pièce exposant toutes leurs boîtes au lettres.
Les yeux du brun se posèrent sur la sienne, la numéro seize. Bizarrement, son cher journal du dimanche ne dépassait pas de la fente, ce qui étonna légèrement le garçon. Il s'approcha de sa boîte, se saisit de la clé sensée la déverrouiller et ouvrit finalement le battant.
Inseong fronça les sourcils, il trouva quelques publicités, une facture mais aucune trace de son journal. Étrange, pensa-t-il. Mais malgré son exaspération, il se dit qu'il ne s'agissait que d'une erreur de la part du facteur et se désintéressa simplement de la situation. C'était la première fois qu'une telle chose lui arrivait, ce n'était donc pas bien grave.
En plusieurs gestes, le jeune locataire se saisit des quelques papiers qui se trouvait dans la boîte métallique et remonta finalement dans son appartement se disant qu'il lirait les nouvelles en ligne, cette fois-ci.
※
La semaine suivante, le même événement survint. Cependant, cette fois-là, même le journal du samedi vint à manquer. Inseong pesta donc un peu plus, pensant que c'était inadmissible qu'on lui fasse payer sept numéros si on ne lui en livrait même pas les deux plus épais.
Il n'en fit tout de même rien, se contentant de s'en plaindre à ses amis qui n'en avaient que faire et lui disaient simplement que tout le monde faisait des erreurs. Il suffisait d'un oubli ou d'un manque d'attention et puis, ce n'était pas si grave que ça. Ce n'étaient que des morceaux de papier et quelques euros, le brun n'allait pas en mourir et aurait simplement dû arrêter de se plaindre.
Mais lui trouvait cela si embêtant qu'il ne pouvait s'empêcher de radoter. Le jeune homme vint même à penser que le facteur avait une dent contre lui ou une connerie du même genre.
Inseong passa donc ses matinées ennuyeuses du week-end à lire les gros titres sur son smartphone tout en mangeant ses céréales ramollies par le lait trop froid.
※
Sept jours plus tard, toujours pas de journaux en fin de semaine et celle d'après, même le numéro du mercredi fut absent. Inseong commençait vraiment à s'impatienter et cela se devinait sur son faciès fermé et tendu au possible.
Un soir, en sortant pour aller acheter de quoi se nourrir pour le dîner, il croisa un de ses voisins dans l'ascenseur. Heejun, le petit brun espiègle du quatrième le salua en souriant. Inseong lui rendit donc son bonsoir, peut être un peu plus froidement que d'habitude et l'autre en fit la moue.
« Quelque chose ne va pas ? » Demanda-t-il.
Le plus grand soupira.
« Ça fait trois semaine qu'on m'arnaque. Dit-il.
- Oh vraiment ? Comment cela ? S'étonna le plus jeune.
- Mes journaux n'arrivent jamais dans ma boîte aux lettres. Il m'en manque plein et j'ai l'impression de payer dans le vide du coup. »
Heejun acquiesça doucement, les coins de ses lèvres tombant vers le bas alors qu'il réfléchissait. Son voisin souffla bruyamment et ils s'extirpèrent de la boite de métal quand cette dernière arriva au rez de chaussée. Alors que son aîné lui tenait la porte afin qu'il pénètre la pièce exposant les boîtes aux lettres, le plus jeune glissa ses mains dans les poches de sa veste en jean et prit de nouveau la parole.
« T'as pensé à appeler l'éditeur pour poser des questions ? Peut être que ton abonnement est arrivé à expiration ou un truc du genre ? »
Inseong ferma le battant derrière lui en pondérant ce que venait de prononcer son cadet. Cela faisait des années qu'il partageaient le même immeuble et étaient assez habitués à se voir souvent donc ils se parlaient sans vouvoiements ni fioritures. Les deux jeunes hommes s'entendaient assez bien, ils avaient l'impression d'être sur la même longueur d'onde même si ils ne se connaissaient pas si bien que ça.
« Pas encore, j'essaierai de faire ça demain. » S'enquit le plus vieux.
Heejun lui sourit.
« T'en fais pas trop, j'espère que ça s'arrangera. » Répondit-il en lui tenant la porte d'entrée.
Inseong sourit en retour, apaisé, et salua le jeune homme avant de se séparer de lui et de partir en direction de la supérette du coin.
※
Le lendemain, pendant sa pause déjeuner, le jeune adulte avait composé le numéro de téléphone de l'éditeur. Pendant quelques longues minutes ils avaient discuté des problèmes que rencontraient Inseong et vérifié que les envois s'opéraient bien.
Et en effet, les journaux étaient bel et bien envoyés. Ils avaient alors contacté la poste de la ville où résidait le brun, qui avait elle même confirmé le nombre de gazettes qu'il recevaient et entreposaient dans les boîtes aux lettres, maintenant qu'Inseong devrait réellement les recevoir.
Pourtant, ce dernier était formel et loin d'être aveugle, ses journaux se volatilisaient de plus en plus souvent et il l'affirma sans se démonter.
« Écoutez monsieur, je ne comprends pas alors. Des journaux ne peuvent pas disparaître comme ça. C'est que quelqu'un vous les vole alors. Je ne vois pas d'autre explication et nous ne pouvons rien faire par rapport à cela. »
Le jeune homme, assis à son bureau dans l'open space où il travaillait, entrouvrit les lèvres. Rapidement, tous les profils de ses voisins traversèrent son esprit et il se surprit à suspecter chacun d'entre eux.
Cependant, la plupart de ces derniers étant âgée ou foncièrement gentille, Inseong avait du mal à les imaginer voleurs de ses journaux. Enfin de base, il avait déjà beaucoup de mal à croire que quelqu'un puisse lui prendre des choses aussi peu précieuses que des gazettes.
Il remercia donc son interlocuteur et finit par raccrocher avant de poser son smartphone sur son bureau. Avec délicatesse, sa main droite vint se poser en visière sur son front alors qu'il essayait de penser au coupable de ces vols ridicules.
Mais tout d'abord, il voulait s'assurer que ses journaux se faisaient bien voler comme l'insinuait l'éditeur.
※
Le samedi suivant, Inseong fit sonner son réveil très tôt dans la matinée. Sachant que le facteur passait aux alentours de 7h30, il ne tarda pas à se lever. Le brun enfila un pull, récupéra un vieux journal qu'il avait posé sur sa table de nuit la veille et chaussa ses pantoufles avant de rapidement descendre.
Quelle ne fut pas sa surprise quand il aperçut un morceau de journal dépasser de la fente de sa boîte aux lettres. Délicatement, il tira sur ce dernier et lu les gros titres. La date correspondait au jour même, il s'agissait donc bel et bien de son journal.
Ensuite, Inseong glissa son autre gazette dans la boîte, laissant dépasser un morceau de cette dernière avant de remonter dans son appartement. Il déposa son bien sur un des plans de travail de la cuisine et entama la préparation de son cher petit déjeuner.
De longues minutes, pendant lesquelles il sirota son café en lisant agréablement son journal, s'écoulèrent. Un fin sourire apaisé jouait sur les douces lèvres du brunet qui passait -pour une fois- une agréable matinée. Mais malgré ses apparences détendues, tous les sens du locataire étaient en alerte.
Il percevait tout ; des pas de ses voisins du dessus aux fins claquements des perles de pluies contre la vitre de son salon. Et quand Inseong entendit l'ascenseur de l'immeuble se mettre en marche aux alentours de 8h et quart, il s'immobilisa.
Le jeune homme attendit -posant son beau journal sur la table blanche à laquelle il était assis- d'entendre une seconde fois l'ascenseur, signe qu'il remontait.
Là, il se leva enfin, saisissant ses clés avant de descendre à nouveau au rez de chaussée et, comme il s'y attendait, le journal avait disparu.
C'était donc bel et bien quelqu'un de l'immeuble qui se saisissait de ses biens et Inseong, grâce au vacarme que faisait l'ascenseur, savait même que ce voleur venait d'un étage supérieur.
※
Inseong était peut être devenu un peu parano, il se prenait de plus en plus à accuser chacun de ses voisins vivant plus haut dans l'immeuble. Il voulait savoir, pas se battre ou quoi que ce soit. Juste savoir et comprendre pourquoi.
Si un de ses voisins voulait juste pouvoir lire le journal, il aurait suffit de demander et le brun aurait prêté son bien sans hésiter. Puisque de toute façon, une fois qu'il l'avait lu, il n'en avait plus d'utilité et il était loin d'être quelqu'un d'égoïste de toute façon.
Le jeune locataire était probablement la personne la plus sympathique habitant l'immeuble. Il était extraverti, agréable et généreux. Alors pourquoi le prendre pour un imbécile, le voler et tout cela dans son dos ?
Honnêtement, il s'en fichait un peu au fond, si ça continuait à arriver, il résilierait son abonnement et partirait lui même chercher ses journaux à la librairie de son quartier. Ça le ferait sortir le week-end et puis en plus, elle était pas si loin de son appartement que ça, cette librairie.
Mais au bout d'un moment, il en eut marre. Inseong vit rouge un soir et en vint à la conclusion qu'une seule et unique personne pouvait se jouer de lui de cette manière. Après tout, le jeune brun n'avait plus rien à perdre et il y avait trop d'indices pour qu'il ne se trompe.
Durant quelques jours, dès que le brun croisait un de ses voisins, il lui posait des questions, lui demandant si il avait une idée d'où passait ses précieux journaux. Et à en juger par les expressions faciales de ces derniers, ils étaient pour la plupart complètement innocents.
Et puis au fond, après un moment, Inseong s'était pris à suspecter une seule et même personne. Il était persuadé de son coup, c'était bien le genre de l'autre jeune homme.
Il n'aurait su dire pourquoi, mais son naturel blagueur et espiègle le rendait presque immédiatement coupable. Et puis, quand il lui avait posé quelques questions, son regard s'était retrouvé anormalement fuyant, même si, par ailleurs, il mentait parfaitement bien.
Inseong était juste un peu trop bon observateur.
※
Ce soir-là, Inseong s'était levé de son sofa. Il devait en avoir le cœur net et était réellement persuadé de ses intuitions. Il laissa la télévision allumée, enfila ses baskets en toile noire et emprunta l'ascenseur pour monter jusqu'au quatrième étage.
Vêtu d'un simple jean délavé et d'un sweater lie de vin il foula le linoléum mal posé qui recouvrait le palier de cet étage et à pas assurés, il se dirigea vers l'une des portes en bois mat. Il y frappa plusieurs coups, assez fort pour être sûr d'être remarqué.
Quelques secondes plus tard, il entendit de petits pas retentir derrière le battant, une clé tourner dans la serrure et une silhouette se dévoila dans l'ouverture.
Heejun sourit joliment en apercevant son voisin du dessous, lui offrant une jolie vue sur sa belle dentition. Etrangement, aucune once de surprise ne semblait illuminer son visage, comme si il s'attendait à la venue de son aîné.
« Tu as besoin de quelque chose ? » Lui demanda-t-il poliment.
Inseong le regarda intensément dans les yeux, essayant de comprendre la lueur qui habitait le fond de ses orbes rieuses.
« Je sais que c'est toi. » Se contenta-t-il de répondre, le coupant presque.
Le sourire du plus jeune valsa en coin tandis qu'il croisait les bras sur son torse en s'appuyant contre l'encadrement de la porte.
« Qu'est ce que j'ai bien pu faire ?
- Me prend pas pour un imbécile. C'est toi qui vole mes journaux et j'en suis sûr. »
Heejun gloussa.
« Vraiment ? »
Le plus petit arborait une mine tout aussi amusée que joueuse, penchant la tête sur le coté sans quitter le regard de son aîné. Inseong se retrouvait un peu troublé, le plus petit semblait jouer de sa plastique, mettant en valeur ses jolis traits que le plus vieux trouvait à son goût depuis des mois.
Mais ce dernier se contenta de bruyamment avaler sa salive en acquiesçant, tentant tant bien que mal de ne pas se démonter.
« Oh » Souffla Heejun. « Peut être faudrait-il que tu rentres pour voir si je les ai, tes journaux. »
Le ton enjôleur employé par le plus jeune ne passa pas inaperçu aux oreilles du plus grand qui soupira longuement. Un fin sourire amusé vint déformer ses lèvres rosées, Inseong venait tout juste de comprendre le manège de son cadet.
Tout ça pour ça, pensa-t-il.
Le plus grand baissa doucement les yeux, une fine timidité prenant le pas sur sa confiance en lui. Son vis à vis, ravi de son coup ne pouvait plus détacher ses pupilles de la belle silhouette de son cher voisin.
« Et puis ça tombe bien, j'allais commander chinois. Donc si t'as pas encore mangé, on pourrait dîner ensemble, mh ? » Continua le plus jeune.
L'autre souffla de nouveau, levant les yeux pour croiser ceux de son cadet avant de se mettre à légèrement glousser.
Enfin, il acquiesça timidement, acceptant la proposition de son cher et tendre voleur.
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