[W1 + JINHWI]
— FLUFF, 2018.

Il était presque nu, mais il n'avait pas froid. Le jeune châtain allongé sur un sofa couleur anthracite semblait se perdre dans le vide. Ses lèvres détendues, n'exprimant rien mis à part une légère confusion, furent doucement effleurée par le rose de sa langue, laissant une douce pellicule humide les hydrater.

Puis il soupira.

Les rayons de l'aube caressèrent son torse exposé, embrassant ses courbes fines qu'il n'aimait pas tellement montrer. Cependant, il était bien à son aise, là, uniquement couvert d'un simple plaid duveteux qui cachait ses attributs les plus précieux.

Daehwi se sentait bien.

Oui, juste bien. Il ne sentait pas vraiment la douleur lancinante qui agressait son bras gauche tendu vers le plafond. Il était trop perdu, ou rien qu'un peu trop concentré. Il n'observait ni le blanc de son toit ni le beige doré de sa peau de soie, juste l'éclat endormi qui s'enroulait autour d'un de ses doigts.

Un soleil timide perça à travers les nuages orangés, saluant le jeune homme silencieux avant d'illuminer un peu plus la tache de bonheur qu'il portait sur lui. Elle brillait d'une lueur douce, arrachant un semblant de rictus éclair au lippes pleines du châtain.

Il admirait la bague qu'il avait autour du doigt.

Daehwi n'aurait su dire depuis combien de temps il ne l'avait quittée des yeux, trop enfermé dans ses souvenirs et ses craintes. Elle n'était là que depuis quelques heures et l'euphorie nouvelle était retombée après un long moment de chaleur partagée. Cette bague signifiait tant de choses et le jeune adulte avait un peu de mal à toutes les saisir.

Elle lui allait bien.

Le bijou était si joli et pourtant si simple, orné d'une minuscule pierre qui pourtant brillait de milles feux. Daehwi l'aimait bien, il l'adorait même. C'était comme si il l'avait choisi lui même, comme si on l'avait taillée pour son doigt et rien que le sien.

Cette bague de fiançailles était parfaite.

Avec délicatesse, ses dents se plantèrent dans sa lèvre inférieure alors que son corps frissonna doucement et ce n'était ni de froid, ni d'excitation. Ses jambes endolories par le manque de mouvement bougèrent doucement, forçant Daehwi à légèrement modifier sa position.

Ses paupières clignaient à un rythme lent, presque inexistant et il n'arrivait toujours pas à quitter cette merveille des yeux. Tant de réalisations lui tombaient dessus d'un seul coup. Il n'était pourtant pas ivre quand il avait prononcé le mot magique et plus que conscient quand le noiraud lui avait passé cette bague au doigt.

Il sentait encore la chaleur de sa paume contre la sienne, le froid du métal. Toutes les sensations lui revenaient. Des baisers qu'on avait posés contre ses lèvres jusqu'à la douceur des morsures que sa nuque avait subies. Tout était si vrai, si lucide, si réel.

« Oui. » Avait dit Daehwi.

Et il lui avait sourit, ses yeux disparaissant en jolis croissants derrière son expression ravie. Le châtain aurait juré voir les orbes noisettes de son amant s'humidifier. Mais ce dernier était beaucoup trop fier pour pleurer et encore plus dans un endroit public.

Jinyoung n'avait fait que lui montrer son coté fort mais il ne trompait personne et encore moins Daehwi. Le jeune homme le savait sensible, peu sûr de lui et fort fragile mais cela ne lui importait que très peu. Parce que toutes ces petites choses faisaient qu'il était lui, qu'il était le Jinyoung dont l'autre était amoureux.

Le plus jeune avait-il fait le bon choix ?

Du haut de ses 26 ans, c'était peut être un peu tôt pour être sûr de vouloir offrir son existence à son aîné. C'était à ça qu'il avait passé sa nuit, à penser à la décision qu'il avait prise dans la chaleur de l'instant. Mais son esprit désormais rafraîchi, Daehwi ne voyait toujours que tout le bonheur que cette bague pouvait lui offrir et rien d'autre.

Il s'imaginait déjà passer le restant de ses jours avec le noiraud, se réveiller à ses cotés chaque matin et le voir s'endormir chaque soir. Cependant il ne s'imaginait pas encore l'épouser, pas ici du moins, parce que c'était interdit.

Les deux amoureux auraient pu déménager, fuir leur pays d'origine et se réfugier dans un autre où un amour comme le leur n'était pas vu comme un presque crime. Daehwi avait toujours rêvé d'un mariage digne de ces comptes de fées, il pouvait encore attendre et Jinyoung aussi.

Parce que Jinyoung pouvait tout faire pour son cadet.

Ils se connaissaient depuis si longtemps, partageaient tous leurs secrets depuis des années et avaient appris chaque détail de l'autre jusque sur le bout de leurs doigts.

Les deux amoureux s'étaient rencontrés il y avait de cela 17 ans

Daehwi courait pour rejoindre sa classe, Jinyoung traînait dans la cour principale. Le plus vieux avait remarqué cette petite touffe de cheveux noirs qui filait à toute vitesse, se désintéressant rapidement des brins d'herbe qu'il avait entre les doigts.

De petits impacts de pas résonnaient dans la tranquillité de cet après midi d'automne. Le cadet était en retard, l'autre attendait un peu avant de se décider à monter dans sa classe puisqu'il n'aimait pas beaucoup ses camarades (et encore moins sa professeur).

Le pressé était tombé, s'était écorché le genou et Jinyoung lui était venu en aide.

Daehwi sourit, qu'est-ce-qu'il avait bien fait de s'étaler en face de l'autre. Cette péripétie ridicule avait attiré tant de bonnes choses dans sa vie.

Il ne savait pas vraiment ce qu'il aurait fait sans le noiraud, sans leurs après midi jeux vidéos pendant leurs années primaires, sans les goûters qu'ils partageaient au collège, sans les sourires timides que lui offrait son meilleur ami au lycée, sans le premier baiser qu'il avait partagé avec un homme à ses 17 ans, sans la sensation des mains de Jinyoung sur sa taille, sans ses morsures d'amour parsemant sa peau vierge, sans leurs années mouvementées d'étudiants universitaires, sans leur premier appartement partagé, sans cette bague à son annulaire gauche.

Tout ça, toutes ces bêtes choses, avaient évidemment été entrecoupées de bas mêmes si les hauts avaient toujours été plus proéminents.

Daehwi n'oublierait jamais ses nuits de doutes, la possessivité maladive de son compagnon durant leurs premiers jours, les quelques remarques blessantes que la colère avaient imposées entre eux et tant d'autres petites taches noires que comptait le beau tableau de leur relation.

Mais elles étaient si peu visibles, presque toutes recouvertes par les amas colorés que représentait le bonheur que Jinyoung lui apportait.

Le soleil ne se cachait plus, continuait de faire briller la bague et le châtain avait encore moins froid.

« Déjà debout ? »

Les pupilles du châtain valsèrent de l'éclat du bijou à l'éclat de sa vie. Jinyoung, se tenant dans l'encadrement de la porte qui liait un petit couloir à leur salon, lui sourit doucement, enfilant rapidement un t-shirt blanc beaucoup trop large alors qu'un jogging grisâtre couvrait déjà ses si jolies jambes.

Le bras gauche de Daehwi retomba contre le sofa tandis que l'autre remonta maladroitement le plaid caramel sur son torse nu. Puis, les joues légèrement rosées, il se redressa jusqu'à s'asseoir alors que son fiancé s'approchait de lui à pas lent.

Un rictus apaisé était imprimé sur les lèvres du plus vieux qui, avec douceur, se glissa dans le dos de son cadet, se plaçant derrière l'un des accoudoirs du canapé. Ensuite, lentement et sans brusquer Daehwi, le noiraud passa ses bras autour de sa taille avant de l'attirer à lui.

Délicatement, Jinyoung posa ses lèvres contre la mâchoire de son compagnon, arrachant un doux soupir de la gorge de ce dernier. Daehwi se laissa aller dans l'étreinte si réconfortante de son amant.

Les doigts d'une des mains de l'aîné glissa le long du bras gauche du châtain avant de doucement entrelacer leurs doigts. Les deux jeunes hommes observèrent leurs phalanges entrelacées, leurs bagues voisines et Daehwi se rendit compte que seuls les doigts de Jinyoung remplissaient parfaitement l'espace entre les siens.

Jinyoung huma de contentement, plus heureux que jamais et Daehwi leva lentement son regard pour rencontrer le sien.

Le noiraud sourit, son vis à vis aussi et le soleil se fit plus ardant, illuminant gracieusement les angles du visages du plus âgé. Leurs figures s'approchèrent doucement, prenant tout le temps qui leur était possible avant de laisser leurs lippes se cajoler avec tendresse.

Les deux jeunes hommes étaient là, s'embrassant au cœur d'un salon effleuré par le soleil du petit matin. L'un dans les bras de l'autre, le second gardant précieusement la petite silhouette de son cadet contre son torse à peine plus large.

Ils étaient à leur place et plus rien ne pouvait leur en faire douter.

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