[NCT + RENLE]
— FLUFF, 2018.

Le soleil de début d'après midi filtrait à travers les fins rideaux blancs de l'appartement situé en plein centre ville. Les nombreux jeunes hommes y habitant vaquaient chacun à leurs occupations ; certains jouaient aux jeux vidéos pendant que d'autres s'adonnaient à la préparation du repas du soir ou étudiaient simplement pour leurs examens à venir.

Chenle quant à lui, assis sur un des quelques fauteuils qui habillaient le salon, observait son meilleur ami, Renjun. Celui ci, installé à même le sol, jouait à la console avec un Jaemin tout aussi excité que souriant. Il était heureux de battre son adversaire à plate couture ; cependant, ce n'était pas un exploit. Le châtain était très mauvais aux jeux vidéos, il lui était alors presque impossible de gagner une seule partie. Sauf contre Chenle.

Ce dernier le laissait gagner en permanence, simplement pour voir son aîné heureux. Selon lui, observer la joie déformer le joli visage de son ami était une des choses qui le rendait le plus heureux.

Pourquoi ?

Simplement parce que Chenle l'aimait et qu'il aurait fait n'importe quoi pour le voir sourire au maximum. Cependant, jamais il n'avait eu le cran de lui dire ces choses là. Et il en avait grandement besoin, toute cette affection qu'il lui portait commençait à peser trop lourd sur son coeur d'enfant. Tellement que tout cela commençait à avoir des conséquences sur son humeur, sa patience et son comportement envers ses autres colocataires.

Chenle devenait parfois irritable, pleurait sans raison et voyait son stress se multiplier sans que rien ne lui arrive. Et ça, Donghyuck l'avait remarqué. Un jour, le beau chanteur l'avait donc pris à part, lui avait fait cracher le morceau et demandé de nombreuses explications.

Et le jeune au cheveux pastel avait tout déblatéré ; parce qu'il en avait besoin, parce qu'il avait confiance en Donhyuck et qu'il voulait que tout cela s'arrête. Le brun lui avait donc conseillé de se livrer à son meilleur ami, lui assurant que ça ne pouvait pas avoir de mauvais retours tout en le persuadant qu'il irait mieux même si la réponse de Renjun était négative.

Alors, Chenle avait décidé qu'il le ferait aujourd'hui. Cela faisait des heures qu'il essayait de rassembler tout son courage d'adolescent épuisé. Et quand son meilleur ami perdit une fois de plus, il saisit cette occasion pour attirer son attention. Il se leva, s'accroupit non loin de lui et lui tapota doucement sur l'épaule. Leurs regards se croisèrent.

« Dis, tu voudrais pas m'apprendre à dessiner Moomin ?
- T'en as vraiment envie ? » Répondit Renjun, agréablement surpris.

Tout aussi amusé qu'attendri par l'enthousiasme visible de son vis à vis, Chenle sourit finement avant de doucement acquiescer. Le châtain lui sourit en retour, montrant sa dentition joliment imparfaite.

« Avec plaisir ! C'est la première fois qu'on me demande ça. »

Renjun était quelqu'un d'un naturel généreux, il aimait avant tout partager ses possessions et son savoir avec ceux qu'il appréciait suffisamment. Mais savoir qu'on avait envie d'en apprendre ne serait-ce qu'un peu de lui, le rendait encore plus heureux. Le jeune garçon avait hâte de montrer ses capacités à son bon ami, parce que Moomin était son personnage favori et qu'il le dessinait à la perfection.

Alors, il se leva, disant à Jaemin qu'il reviendrait plus tard et qu'il pouvait donc continuer à jouer sans lui. À l'aide de ses deux mains, il épousseta son pantalon un peu trop large, essayant tant bien que mal de défaire certains plis disgracieux ; puis, Chenle l'imita lentement.

« Tu voudrais qu'on se mette sur la grande table de la salle à manger ou... ? Demanda le plus vieux.
- On pourrait aller dans notre chambre ? On y sera plus tranquilles, tu penses pas ?
- T'as raison ! Allons-y » Sourit le brun.

Le plus jeune laissa son ami passer devant et le suivit lentement tout en mordillant nerveusement sa lèvre inférieure. Sur le chemin, Chenle triturait le bord de ses manches trop longues afin de garder son calme. Il voulait le faire, délivrer son esprit et son coeur, mais malgré tout, une peur sensée hantait son estomac.

Il ne voulait pas l'effrayer, ou dégoûter Renjun d'une quelconque façon, juste se libérer de ces sentiments un peu trop lourds pour le pauvre jeune garçon qu'il était. En effet, le pastel avait de plus en plus de mal à rester dans une même pièce avec son aîné sans sentir son palpitant s'affoler ses mains suer et ses joues brûler.

Chenle avait simplement envie que tout redevienne comme avant, que le châtain reste son meilleur ami et qu'il continue à l'épauler au cours de son existence de starlette enfantine et ce, sans le troubler en permanence.

Le jeune homme savait parfaitement que son aîné ne faisait pas cela intentionnellement, Renjun ne voyait rien de l'intérêt étrange que lui portait son cadet. Pourtant, ce dernier pensait que son état était plus qu'évident. Il avait l'impression que ses yeux brillaient d'amour et que chacune des caresses qu'il adressait à son ami transpiraient d'affection. Cependant, aucun de tous ces indices n'était parvenu à l'esprit innocent de Renjun qui continuait à vivre sans oser penser une seule seconde que son meilleur ami pouvait l'aimer autrement qu'amicalement.

Le châtain ouvrit la porte, pénétra dans la chambre qu'il partageait avec son cadet et se dirigea vers son bureau pour y récupérer du matériel à dessin. Pendant ce temps là, Chenle ferma le battant derrière lui avant de doucement aller s'assoir à même le sol. Il souffla fortement, espérant atténuer toute la pression qui pesait sur ses faibles épaules.

Renjun, ayant entendu ce lourd soupir, lui adressa un regard ainsi qu'un petit sourire rassurant.

« Ça ne va pas ?
- Oh si si ! Tout va bien, ne t'en fais pas.
- T'es sûr ? » insista le plus grand en s'asseyant non loin de son vis à vis.

N'ayant pas la force de mentir une fois de plus, Chenle se contenta d'acquiescer calmement lui offrant en plus de cela un faux sourire sensé appuyer son propos. Renjun se contenta alors d'hausser les épaules, se disant qu'il avait dû imaginer ce soupir et étala ses affaires sur le parquet propre.

Avec une délicatesse naturelle, le châtain déposa une feuille A4 devant son cadet et une seconde pour lui même. Puis, il se saisit d'un simple crayon ordinaire, tendant son plumier à son vis à vis afin que ce dernier puisse choisir le matériel qui l'intéressait le plus.

Cela fait, le mini cours de dessin commença en douceur. Avec un enthousiasme certain, Renjun expliqua ses petites techniques à son ami, lui livrant tous ses secrets de dessinateur du dimanche afin de faciliter son apprentissage.

Un joli sourire détendu jouait sur les lèvres du plus vieux qui dessinait calmement sur sa feuille vierge, expliquant pas à pas ce qu'il fallait faire pour obtenir un Moomin parfait. Et Chenle, assis à ses cotés essayait tant bien que mal d'imiter les gestes de son talentueux aîné.

Mais au bout de quelques minutes et plusieurs tentatives, le pastel avait fini par se désintéresser de cette activité et se retrouva perdu à observer le profil de son ami. Chenle laissait ses yeux admiratifs gambader le long de la figure parfaite qui lui était offerte. Il perdit son regard sur ces sourcils animés, ce nez joliment tracé et ces lèvres parfaites qui bougeaient sans cesse.

Tout l'attirait, et il eut du mal à se contenir plus longtemps.

Alors, le jeune garçon posa sa main droite sur la jumelle appartenant à son meilleur ami. Ce dernier, un peu surpris, arrêta tout mouvement et n'osa bouger d'un cil, sa respiration se coupa et tout alla très vite.

Timidement, les lèvres de celui aux cheveux lavande vinrent se poser contre la joue du dessinateur. Mais Chenle, un peu trop happé par l'ambiance étrange qu'il venait de créer ne s'arrêta pas à la douceur de ce simple contact.

Lentement, ses lippes rosées se posèrent de nouveau sur la peau offerte de Renjun, se rapprochant à peine de ses lèvres entrouvertes par le choc. Et il répéta cette simple action quelques fois, jusqu'à effleurer le coin de la bouche de son ami.

Et au grand étonnement du plus jeune, Renjun, les yeux désormais fermés, tourna doucement son visage dans la direction du sien, offrant un libre accès à ce qui semblait intéresser son cadet. Chenle ne réfléchit pas plus, il laissa sa langue humidifier ses propres lèvres juste avant de les faire s'échouer sur leurs jumelles alléchantes et la sensation qui en résulta lui retourna l'estomac.

Le jeune homme ne s'attendait pas à ce que son ami prolonge son baiser, envoyant de nombreuses paillettes derrière ses paupières closes. Au cours de l'échange, Renjun lâcha son crayon et écarta les doigts, laissant ceux de son ami se mêler aux siens.

Aucun sourire ne se glissa sur leurs visages, juste beaucoup de neutralité tant ils étaient perdus au milieu de toutes les sensations qui submergeaient leurs corps respectifs. Chenle se pencha un peu plus vers son aîné, réclamant plus de contact et leurs nez s'entrechoquèrent tant ils étaient maladroits.

Au bout d'une courte minute, ils se séparèrent délicatement, respirant rapidement afin de retrouver leur souffle quelque peu coupé. Nerveusement, Renjun pressa ses lèvres l'une contre l'autre avant de timidement entrouvrir les yeux pour croiser le regard sincère de son vis à vis.

Sans savoir trop quoi dire, le châtain s'éclaircit la gorge avant de baisser ses iris tremblantes.

« Je suppose que tu ne voulais pas vraiment apprendre à dessiner. »

Chenle, tout aussi gêné qu'amusé, gloussa doucement face aux paroles de son aîné. Puis, avec douceur, il glissa sa seconde main contre la joue de l'autre, laissant son pouce effleurer les adorables rougeurs qui s'y devinaient avant de lentement secouer la tête.

« Je t'avoue que non, désolé. » Annonça le pastel.

Avec douceur, Renjun planta ses dents dans la chair de sa lèvre inférieure afin de doucement la mordiller pour éviter d'être trop nerveux. Il laissa ensuite son visage se blottir contre la paume tiède de son ami, profitant des fines caresses que ce dernier lui offrait. Puis, tentant de conserver l'ambiance calme et intime qui s'était imposée, il murmura.

« Pas grave, c'est mieux comme ça. »

L'autre ne répondit pas, se contentant simplement d'admirer l'expression détendue de son aîné qui se rapprochait lentement de son propre corps. Chenle était si heureux qu'il aurait pu hurler. Rien de concret ne s'était encore dit, mais il savait parfaitement que ce baiser n'était pas vide de sens.

Il avait senti les lèvres de Renjun trembler de joie contre les siennes et ces rougeurs étaient bien là pour quelque chose mais il était trop tôt pour lui dire qu'il l'aimait. Chenle n'avait pas envie d'effrayer son ami avec ces sentiments déjà si forts et comptait bien lui laisser tout son temps.

Il laisserait Renjun guider le rythme de leur nouvelle relation, écoutant ses envies avec attention tout en essayant de combler tous les désirs qu'il aurait à l'avenir. Pour l'instant, le pastel brûlait de joie.

« Dis Chenle, tu veux bien recommencer ? »

[. . .]