Doha Seon était un garçon assez populaire. La plupart de ses camarades l'appréciaient et il était souvent le centre de l'attention. Quoiqu'il fasse, on l'admirait. Où qu'il aille, il n'était jamais seul.

Oui, Seon allait bien.

Mais récemment, il avait déménagé. Sa nouvelle ville lui était complètement inconnue.
Depuis qu'il était parti, ses amis ne lui répondaient plus. Aucune des ses anciennes connaissances ne lui prêtait attention, comme s'il avait disparu à leurs yeux.
Toutefois, il était confiant. Sa vie sociale avait toujours été facile, alors il lui suffisait d'être lui-même et tout irait bien.

On lui avait dit qu'il serait placé dans une classe sérieuse et sans problème, le genre de classe qu'on qualifie de parfaite. Il se l'imaginait comme conviviale, amusante, pleine de bonne humeur. Ses camarades s'entendraient parfaitement avec lui, il en était certain.

Ainsi, le jour de sa rentrée en cours arriva. L'année était entamée depuis quelques mois déjà, alors il devrait faire quelques efforts pour prendre ses marques.
Dès ses premiers pas dans l'école, un professeur lui proposa de l'accompagner jusqu'à sa classe. C'était un homme grand, jovial, à l'air amical. Pourtant, son visage changea lorsqu'il lut le dossier de Seon.

" Tu es dans la classe 3-3 ? "

Seon acquiesça et son professeur l'observa un instant avec une sorte de peur mêlée à de la pitié. L'adolescent n'osa pas lui demander ce qui arrivait, mais quelque chose ne tournait pas rond.

Lorsque le professeur fit lentement glisser la porte de la classe, un silence de plomb s'installa. Tous les élèves le décryptèrent du regard, sans un "bienvenue" ou une remarque. La présence de Seon avait elle créé ce malaise, ou l'ambiance était-elle toujours aussi étrange ?

Seon aurait voulu s'enfuir immédiatement, aller n'importe où qui ne soit pas cette classe si gênante. Est-ce que les élèves faisaient semblant d'être sérieux en présence du professeur ? Celui ci restait muet lui aussi, comme s'il n'avait rien à dire mais ne voulait pas repartir.

Lorsque le guide de Seon eut quitté la classe, une jeune fille se leva au premier rang. Elle avait une expression vide, sans émotion, et elle fixait le nouveau venu avec une insistance presque dérangeante.

« Les cours commencent dans quinze minutes. Va t'asseoir. Nous t'avons placé au fond, près de la fenêtre. »

Seon chercha sa place du regard. Des murmures s'élevèrent dans la pièce.

« Oui, vas y, va à ta place... »

« On va rire... »

« Quel con d'être venu ici... »

« Il va vite déchanter... »

« On va le choyer, ce nouveau... »

Seon se sentait terriblement mal à l'aise. Qu'est ce qu'il se passait exactement dans cette fichue classe ?
Lorsque son regard se posa enfin sur la place qui lui était destiné, son cœur cessa de battre un instant. Sa respiration se fit difficile, et il sentit sa gorge pressée dans un étau brûlant.

Sur sa table était déposé un pot de fleurs blanches.

NDA : Au Japon et dans d'autres pays d'Asie, des fleurs sont déposées sur la table d'un élève décédé. Il arrive aussi que des élèves, par mesquinerie, déposent des fleurs sur la table d'un élève encore en vie pour signifier qu'ils préféreraient qu'il soit mort.