Je prends le train en direction de Tours, un précieux écrin dans la poche. Ma copine m'a fait venir chez elle pour m'annoncer quelque chose, et j'ai bien "peur" que ce soit la même chose que moi : nous fiancer.
En tout cas c'est mon cas. Cela fait maintenant six ans que nous sommes ensemble, six ans que je suis fou amoureux d'elle, six ans que nous filons le parfait amour.
Je pense donc pouvoir l'affirmer : je suis heureux, avec et grâce à elle.

Toutes ces réflexions faites et après quelques heures de sommeil, le train arrive enfin à la gare de Tours. Je descends, tout sourire : cette scène me rappelle notre rencontre.
J'arrivais de Paris, elle de Montpellier, et nous étions tous les deux descendus à cette gare. Deux étudiants paumés, et ne connaissant personne. Nous nous étions vite vus, et nous avions compris que nous étions dans le même cas. Nous avons donc cherché nôtre université ensemble. Total échec, cela dit : nous avions tourné pendant deux heures dans la ville avant de la trouver ! Pendant ces deux heures, nous avions fait connaissance ; elle m'avait tout de suite plu, autant par son caractère que par son corps. Puis, plus les mois passaient plus nous étions proches, jusqu'à ce qu'enfin il y a six ans nous officialisions nos sentiments.
Un an plus tard, nous emménagions ensemble, et nous sommes restés soudés quand j'ai été accepté dans un grand groupe à Paris et qu'elle n'a pas pu me suivre. Elle est alors restée à Tours, dans un nouvel appartement ; celui où elle doit m'emmener quand elle m'aura repéré dans la foule.

Cependant... Cela aurait dû arriver il y a quelques temps déjà. Ça m'inquiète un peu : elle n'a même pas essayé de m'appeler. Comme je n'ai pas envie d'attendre des plombes dans la gare, je décide de l'appeler : elle ne répond pas. Ça fait maintenant cinq fois que j'essaie de l'appeler, sans réponse. Je commence vraiment à m'inquiéter...

Je prends un Uber qui me conduit à l'appartement. J'angoisse : pourquoi me répond-elle pas ?!

Je tape le code, puis entre. Je monte les marches au rythme des battements accélérés de mon cœur qui s'emballe.

Encore deux étages. J'ai si peur. Que vais-je trouver derrière sa porte ?

Un étage. Je tremble d'appréhension.

...Je suis arrivé. Je suis devant sa porte. Rien ne me paraît anormal.

La porte n'est pas verrouillée. Les lumières sont allumées.

Dans ce cas... Pourquoi ne me répond-elle pas ?

...

J'ai ma réponse.

Un homme est en train de la faire jouir.
Je n'en reviens pas.
Elle me trompe !
Comment ai-je pu être aussi naïf ?!

- Oh Guillaume, c'est toi.
- Co...
- Laisse. J'te quitte, casse-toi. Dehors !
- Et... Mes affaires ?
- Tu viendras les chercher plus tard, tu vois pas que j'suis occupée là ?!

C'en est trop. Voir cet homme... Dans ses bras... Avec elle... Je ne peux le supporter. Dire que j'allais la demander en mariage ! Qu'ai-je fait pour mériter ça ?

Rentré chez moi, je m'écroule sur mon lit, les yeux dans le vide et l'âme dans le flou. Que dois-je faire ? Rien ne me paraît bien ; je n'ai plus de raison de vivre, et pas de raison de mourir alors...
Oui, je sais. Rien. Ne rien faire est la bonne solution. J'en suis sûr.

J'entends mon téléphone sonner ; c'est Axel. Je n'ai pas envie de répondre mais si je ne lui réponds pas il va venir me voir. Donc je suis obligé de décrocher.

- Allô ?
- Salut Guillaume ! Ça va ?
- Oui. Tu veux quoi ?
- ... Euh... Tu veux sortir au resto ce soir ? Avec les autres potes.
- Non, merci.
- Un mariokart ?
- Non, merci.
- LG uhc ?
- Non, merci.
- Parler de Stelerio ?
- Non, merci.
- Ok, j'arrive.
- Non m... Quoi ?

Il a raccroché. Et merde.
Oh et puis au fond ça changera quoi ? Ma cop... Mon ex-copine sere toujours dans les bras d'un autre, qu'Axel soit là ou pas. Alors peu importe qu'il vienne ou pas.

PdV Libe (Axel) :

Il y a un gros problème. Guillaume a un gros problème. Sa voix sonnait vide, autant que ses réponses. D'habitude il et content de m'avoir au téléphone, que je l'appelle, pour pouvoir me charrier (et je lui rends bien). Mais là, non. Ça m'inquiète beaucoup. Ce n'était pas que du vide... Il y avait aussi du désespoir dans sa voix.

Je me dépêche de me préparer et prends le bus. On habite à quelques kilomètres donc le trajet est relativement rapide. Mais si lent en même temps ! Et s'il faisait une connerie...? (NDA : <3)

Le bus est à peine arrêté que je pousse tout le monde. Ils râlent mais je m'en fous. Je m'inquiète tellement ! Peut être trop.
J'utilise le badge et la clé de secours qu'il m'a donnés, et entre dans son appartement. Je fouille le salon, la cuisine : rien. J'ai de plus en plus peur...

Oh mon dieu. Il est là. Oh non. Il est étalé sur le lit, il ne bouge pas... Ne me dites pas qu'il...

...

Non. Il respire encore.

- Oh mon dieu Guillaume mais ça va pas ?! Tu te rends compte du flippe que tu viens de me donner là ?! Qu'est-ce qui t'arrive enfin ?? Pourquoi tu réponds pas ?! Guillaume !!
- Elle m'a quittée, Axel. Elle m'a trompé, Axel. Je l'ai retrouvée dans les bras d'un autre alors que j'allais la demander en mariage, Axel...
- Guill... Je suis si désolé... Tu ne mérites pas ça. Viens dans le salon on va... Mais tu es si maigre ! Depuis combien de temps tu n'as pas mangé ? Ou même bougé ?
- Je sais plus...
- Viens. Va prendre une douche, je te prépare à manger.
- J'en ai pas envie... Laisse moi...
- Non. Tu vas prendre ta douche, je vais faire à manger.

Résigné, il se lève en chancelant. Je l'aide donc à rejoindre sa salle de bain puis vais préparer le repas.
Tout est prêt, mais je n'ai pas entendu l'eau couler...

Soudain j'entends un gros bruit suivi d'un gémissement de douleur venant de la salle de bain. Pitié pas ça Guillaume... Pas toi aussi...

Je me précipite dans la salle de bain et vois des tâches de sang... Non pitié non...

- Guill non !!
- Ça va, ça va, Axel. J'ai juste glissé...

Il a voulu me faire plaisir en se rasant, mais il a sûrement glissé et s'est coupé au passage... Et là il a sûrement peur que je lui passe un savon...

- Tout va bien alors, je suis soulagé. Je t'attends dans le salon, d'accord ?
- Ouais...

Le temps passe et il me rejoint enfin. Nous mangeons et il me dit qu'il veut aller dormir. Mais pas sans moi, il ne m'aura pas comme ça !

Alors nous nous allongeons, je le prends dans mes bras et je le sens pleurer. Se libérer. Alors je le câline juste.

Remonter la pente sera difficile mais je serai là pour lui. J'attendrai...