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N° 54 Wonwoo X Mingyu SEVENTEEN


- Je ne peux pas le croire, quelle bande d'incapables !

Depuis son bureau à l'étage, Wonwoo releva la tête de son cahier d'exercices pour écouter les hurlements horrifiés de sa mère.

- Je leur avais demandé des fleurs blanches, pas des fleurs blanc cassé ! Comment peut-on être aussi incompétent ?

- Maria calme-toi-

- Je ne calme pas Cheol !

Son père était donc rentré de son rendez-vous d'affaires. Comme d'habitude, il n'avait pas pris la peine de venir le saluer et Wonwoo apprenait sa présence après tout le monde, comme à chaque fois. A force il était devenu habitué. Il n'empêchait que l'agacement lui fit serrer les dents.

Son trouble dut être visible car son précepteur cessa d'inscrire les équations au tableau et se tourna vers lui.

- Il n'a pas voulu te déranger, dit-il pour excuser l'absence de son père.

Wonwoo hocha la tête. Il savait que Monsieur Kwon lui disait uniquement ça pour le rassurer. Mais en réalité, son père, comme sa mère, n'en avait rien à faire de lui. La seule chose qui les intéressait était qu'il réussisse ses études, se trouve une fiancée et reprenne l'entreprise familiale. Depuis son plus jeune âge, il avait élevé avec l'unique but de succéder à son père. Son enfance avait été chargée de responsabilités et vide d'amusement. Contrairement aux autres petits garçons, Wonwoo n'avait jamais eu de jouet, d'anniversaire, de soirées pyjamas. Il n'avait jamais rien connu d'autres que les leçons de danses, d'art, la littérature et les mathématiques. Ses week-ends, il ne les avait pas passés à jouer avec son chien ou à être avachi devant un film, mais à monter son cheval et à apprendre le mandarin. Wonwoo était étranger à la signification du mot « affection ». Jamais il n'avait reçu d'étreinte, de bisou. Il avait été élevé dans l'excellence et la froideur. Et à force, lui-même était devenu parfait et glacial. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait souri, pour de vrai. Les fois où il était interviewé par des journalistes ou des invités ne comptaient pas. Tout ça n'était qu'un acte théâtral qu'il avait appris à maîtriser avec le temps. Même Monsieur Kwon n'avait pas aperçu l'esquisse d'un sourire depuis des années.

Plus il vieillissait, et plus la pression qu'on lui mettait sur les épaules était forte. Il allait sur ses dix neufs ans. Son père serait bientôt à la retraite. Il lui fallait être prêt pour ce grand moment et pas question de déléguer la tâche à quelqu'un d'autre. Wonwoo était fils unique.

Il n'avait jamais eu qui que ce soit derrière qui se réfugier. Jamais personne pour le protéger ou lui remonter le moral. Même lorsqu'il était tombé en dépression à ses quinze ans, il avait été seul. Alors l'idée que quelqu'un d'autre soit incombé de cette tâche à sa place, ne lui avait jamais traversé l'esprit.

Nous étions en plein mois d'août et alors que beaucoup profitaient de leur piscine, partaient en voyage, organisaient des soirées, Wonwoo étudiait. Encore et toujours. Le mot « vacances » ne faisait pas partie de son vocabulaire. Bien-sûr que ses parents en prenaient. Ils partaient fréquemment à l'autre bout de la planète. Parfois plusieurs mois. Mais Wonwoo ne les suivait jamais. Il n'avait pas le temps. La seule fois où il avait été tenté de venir, son père avait brandi sa copie de mathématiques et lui avait hurlé qu'avec un niveau aussi médiocre, on ne pouvait pas se permettre de s'amuser.

Les seules personnes de qui Wonwoo était proche se comptaient sur les doigts de la main. Il y a avait Miranda, la gouvernante et cheffe des cuisines, Il-Sung le chauffeur qui le conduisait à la messe et aux galas de charité, Robert le jardinier et Monsieur Kwon, son précepteur. Sa mère étant italienne, elle mettait un point d'honneur à ce que la moitié du personnel soit étranger. Cela n'avait jamais posé aucun problème de communication puisque Wonwoo parlait anglais à la perfection. Son père avait tout de même tenu à ce que son précepteur soit coréen.

Monsieur Kwon était un vieil homme qui avait tout connu du pire et du meilleur. Il était sage et enseignait à Wonwoo tout ce qu'il connaissait. Même si sa sévérité et son intransigeance ne lui faisaient jamais défaut, Monsieur Kwon avait un point faible pour Wonwoo. C'était lui qui lui avait appris à marcher, à compter à lire et à écrire. C'était avec lui que Wonwoo passait la plupart de ses journées. Mais ces derniers mois, l'écart entre eux s'était creusé. Wonwoo était plus distant, plus fuyard. Il ne prenait plus le temps de discuter avec Monsieur Kwon après sa leçon et s'enfuyait dans sa chambre. Il ne lui demandait plus la moindre recommandation de livre, ni des explications supplémentaires sur ses exercices de mathématiques. Il ne faisait plus la moindre blague et était de moins en moins concentré sur ses leçons. Dès qu'il en avait l'occasion, il laissait ses pensées s'échapper à l'extérieur, vers le soleil et la chaleur de l'été.

- Reste concentré, lui dit Monsieur Kwong en frappant sa baguette en bois contre le bureau lisse.

Difficile quand ils gueulent autant, eut en vie de répondre Wonwoo. Mais il se retint car il savait très bien ce que pouvaient engendrer de tels mots.

- Pardon, s'excusa-t-il en replongeant sur sa feuille.

Il tenta de faire abstraction de la voix haut perchée de sa mère, mais en vain. Les préparatifs pour la cérémonie des prétendantes avaient commencé depuis une semaine déjà. Wonwoo savait que ce jour finirait par arriver mais maintenant qu'il y était directement confronté, il ne rêvait que d'une seule chose : fuir cette vie maudite. Ses parents avaient réuni les filles des plus riches familles du pays dans l'espoir que l'une d'entre elles conviennent à Wonwoo. Wonwoo savait déjà, sans même les avoir rencontrées, qu'aucune ne lui plairait. Il n'avait que dix-neuf ans et il ne voulait pas se marier. Il n'avait même pas profité de sa jeunesse, il ne connaissait rien à la vie ! L'idée d'être marié à une inconnue, de devoir vivre avec elle, lui donnait envie de vomir. Il n'avait jamais eu de petite-amie, il ne savait pas comment ces choses-là fonctionnaient. Il ne voulait pas que sa première expérience soit sa dernière.

Plusieurs fois, il avait songé à fuguer. A tout abandonne et à partir dans la nuit. Il ne savait pas où il irait, où il dormirait ni même s'il trouverait de quoi manger, mais la tentation avait été si grande... Puis il avait renoncé parce qu'il savait qu'il ne réussirait même pas à passer le portail sans qu'un des gardes ne l'intercepte. Et si par miracle il y parvenait, son père le retrouverait avant l'aube et lui infligerait une correction qu'il ne voulait même pas imaginer.

- Faisons une pause. C'est mieux. Va donc te passer de l'eau sur le visage.

Wonwoo détourna ses yeux de la fenêtre qu'il avait passé les dix dernières minutes à fixer. Etrangement, Robert, le jardinier n'était pas là aujourd'hui. Cela faisait déjà trois jours qu'il manquait à son devoir. Wonwoo ne comprenait pas que ses parents ne l'aient pas encore renvoyé. En même temps, c'était inhabituel qu'il manque à son devoir. Cela faisait plus de trente ans qu'il travaillait chez eux et jusqu'à présent, il n'avait jamais loupé le moindre jour de travail. Peut-être était-il malade. En tout cas, si quelqu'un ne s'occupait pas de ses plantes, sa mère allait faire une crise.

Wonwoo repoussa sa chaise et se leva. Il sortit de la pièce et longea le couloir principal jusqu'aux escaliers tapis de rouge. Ses chaussons ne firent pas le moindre bruit sur la moquette, alors ses parents ne remarquèrent pas sa présence jusqu'à ce qu'il se tienne au bas des marches. En l'apercevant, sa mère cessa de crier et dégaina son éventail.

- Oh mon chéri, nous t'avons dérangé ? Comme je suis désolée.

- Non ça va, dit-il en posant son regard sombre sur son père.

- Et bien si nous ne t'avons pas déranger que fais-tu ici ? N'as-tu pas une leçon de mathématiques ?

Wonwoo se mordit la langue.

- Bonjour à toi aussi, rétorqua-t-il d'un ton sec avant de se diriger vers la cuisine.

Il sentit dans son dos le regard noir de son père, mais ne se retourna pas. Comme toujours, la cuisine était pleine de casseroles et de personnel qui s'affairait dans tous les sens. Debout sur une chaise, Miranda supervisait les opérations en agitant sa cuillère en bois.

- Salut, dit Wonwoo avec un sourire.

Elle baissa la tête et laissa sa cuillère retomber le long de son corps.

- Tu as faim ? lui demanda-t-elle immédiatement en descendant de son perchoir.

- Je ne sais pas... Est-ce que tu-

- Bien-sûr. Je sais que c'est ton dessert préféré.

Elle ouvrit l'énorme frigo où les mets du soir attendaient d'être servis et sortit le clafoutis.

- Ton père m'a spécifiquement recommandé de le garder pour son invité mais...

- Au diable ce que veut mon père, dit Wonwoo en acceptant l'assiette.

- Tu veux de la chantilly avec ?

- Toujours.

Miranda inonda sa part de chantilly et lui donna une cuillère propre.

- Il est délicieux, s'exclama Wonwoo la bouche pleine.

Malgré elle, Miranda leva un doigt en l'air. Wonwoo avala sa bouchée et offrit un sourire contrit.

- Désolé.

- C'est mieux comme ça. Ton père pourrait me renvoyer s'il voyait la façon dont tu te comportais.

- Mon père est un vieux con, lâcha Wonwoo d'une voix monocorde en s'appuyant contre le mur.

Le regard de Miranda s'agrandit. C'était bien la première fois qu'elle entendait Wonwoo parler comme ça.

- Il fait du mieux qu'il peut pour concilier son travail et sa famille.

- Il ne fait pas assez. Et tu le sais.

Miranda resta silencieuse.

- Tu le défends uniquement parce qu'il te paie bien.

C'était lâche de sa part, mais Wonwoo n'avait que pour seule arme de défense, les coups bas.

- Dépêche-toi de finir ta part et file de ma cuisine. On a du pain sur la planche.

Miranda avait esquivé son attaque. Wonwoo lui en était reconnaissait car s'il y a avait bien une chose qu'il voulait éviter à tout prix, c'était de se disputer avec elle.

Il avala sa part en vitesse et déposa son assiette sale dans l'évier. A l'heure qu'il était, Monsieur Kwon était probablement en train d'arpenter l'étage à sa recherche. Sa leçon d'anglais et son cours d'équitation l'attendaient. Wonwoo se laissa tenter par l'idée d'aller se cacher dans l'une des pièces du château et de n'en ressortir que pour le souper. Il n'aurait qu'à se glisser dans le confessionnal avec un roman de Jonathan Coe pour s'occuper. Mais il savait aussi qu'en se comportant de la sorte, son père le priverait de dîner. Et pour rien au monde il n'aurait loupé un repas avec un invité. La plupart du temps, Wonwoo déjeunait seul, mais dès que ses parents recevaient du monde, ils mettaient les petits plats dans les grands. Le repas était proche de celui d'un restaurant étoilé, le vin coulait à flot et pour une fois, ses parents semblaient heureux et détendus.

- Qui est l'invité ? demanda-t-il à Miranda avant de sortir de la cuisine.

- Je crois que c'est le nouveau jardinier.

- Le nouveau jardinier ?

Wonwoo sentit ses épaules s'affaisser.

- Mais... et Robert ?

- Ton père ne t'a pas dit ?

Miranda s'approcha de lui et prit son visage dans ses mains potelées.

- Robert a fait une crise cardiaque il y a quelques jours. Il n'a pas survécu.

Wonwoo sentit les larmes lui monter aux yeux. Il s'efforça de les ravaler. Toute son enfance, on lui avait répété sans cesse que les hommes ne pleuraient pas, que les larmes étaient un signe de faiblesse et que dans ce monde, les faibles se faisaient écraser.

- Ca a été soudain. Imminent. Je suis vraiment désolée. Je pensais que ton père te l'avait dit...

Wonwoo secoua la tête. A l'intérieur de sa poitrine, les sanglots le tiraillaient, mais il resta neutre. Ne pas montrer ses émotions. Oui, c'était ça.

- Non il ne me l'a pas dit. En tout cas, il n'a pas perdu de temps pour le remplacer.

- Personne ne remplacera jamais Robert, dit Miranda de sa voix douce.

Wonwoo se détourna et essuya les larmes qui lui piquaient les yeux. Il quitta la cuisine, passa dans le hall sans prêter attention à ses parents et rejoignit la salle de bain.

Dès que la porte fut fermée, un cri silencieux quitta ses lèvres. Il se laissa glisser jusqu'au sol marbré et prit son visage dans les mains. Robert avait toujours fait partie de son quotidien. Et penser qu'il ne serait plus jamais là lui faisait terriblement mal.

***

On frappa trois fois à la porte. Wonwoo se redressa et inspecta son reflet dans le miroir plein pied.

- Entrez.

Miranda passa sa tête dans l'encadrement.

- Que tu es beau, s'exclama-t-elle en observant son costuma blanc nacré.

Wonwoo baissa les yeux sur ses chaussures cirées.

- Arrêtes, tu m'embarrasses.

Miranda s'approcha et refit le nœud de sa cravate.

- Ne tarde pas. Tes parents détestes que-

- Je sois en retard. Je sais.

- Si tu te demandes, il n'est pas encore arrivé.

Wonwoo laissa Miranda ranger sa cravate dans le pli de la veste de son costume. Il ne comprenait même pas pourquoi il devait assister à cet entretien d'embauche officieux. Il trouvait d'ailleurs cette tradition débile. Ses parents avaient toujours eu pour habitude d'inviter leur personnel à dîner juste après avoir signé le contrat. Chose que Wonwoo ne comprenait pas vraiment étant donné que, la plupart du temps, ils mettaient un point d'honneur à ce que la hiérarchie se fasse ressentir. Mais pour ce soir uniquement, le futur jardinier, serait leur égal.

- Et Wonwoo ?

Miranda se tenait sur le pas de la porte.

- Cet homme ne prendra jamais la place de Robert.

C'était une mise en garde. Un moyen pour Miranda de lui demander d'être gentil avec cet inconnu. Wonwoo n'avait pas l'intention de lui rendre la vie difficile. Non, il se contenterait simplement de l'ignorer.

Lorsqu'il arriva dans le salon, ses parents étaient en pleine discussion animée. Son père était assis dans son fauteuil, vêtu de son costard. Sa mère avait revêtu une robe ornée de pierres précieuses et portait un sautoir qui devait probablement coûter la peau des yeux.

- Est-il d'une famille noble ? demanda-t-elle en arpentant la pièce.

Son père soupira.

- C'est un jardinier ! De quelle famille crois-tu qu'il soit ?

- Mais est-il propre au moins ? Se lave-t-il ? Je ne tiens pas à ce qu'un souillon ruine notre beau jardin.

- Maria pour l'amour du ciel...

Son père se leva du fauteuil le nez pincé entre son pouce et son index.

- Nos employés doivent nous honorer. Ce n'est pas parce que leurs tâches sont ingrates que l'on doit prendre le premier venu !

Wonwoo regarda son père ouvrir le bar et se servir un verre de martini. Il plaça une olive dedans.

- Que fais-tu ?

- Je me sers un verre. J'ai pas le droit ?

- A cette heure-ci ? Tu as perdu la tête Cheol !

- C'est toi qui me fais perdre la tête.

Avant que leur dispute ne puisse dégénérer, on sonna à la porte. Miranda se précipita pour ouvrir. Wonwoo observa du coin de l'œil l'ombre de l'homme s'animer tandis qu'elle lui serrait la main.

- Entrez, entrez Monsieur...

- Mingyu. Appelez-moi Mingyu.

En entendant sa voix, Wonwoo sentit la curiosité lui piquer le bout des doigts. Cet homme n'avait rien de l'individu âgé auquel il s'attendait. Il y avait dans son timbre quelque chose de léger, de juvénile. Et lorsqu'il pénétra dans le hall d'entrée, Wonwoo ne fut pas surpris de découvrir un garçon à peine plus vieux que lui. Vêtu d'un pantalon noir et d'un t-shirt blanc, il avait fait l'effort de mettre une veste de blazer dont la qualité était à revoir. Son look faisait tâche. Des fils de coutures rebiquaient sur les avants bras de sa veste, son pantalon était troué au niveau du genou et ses chaussures boueuses n'avaient rien du cuir ciré que portait Wonwoo.

Leurs regards se croisèrent et Wonwoo resta immobile, incapable de dire quoique ce soit.

- Bonsoir, dit Mingyu en s'avançant poliment.

Il lissa les pans de sa veste dans l'espoir de soigner son apparence.

- Bonsoir, répondit Cheol dans son dos.

Wonwoo sursauta. Pendant une seconde, il avait oublié que ses parents étaient dans la pièce.

Mingyu leur serra la main tour à tour puis tendit son bras vers Wonwoo. Pétrifié, Wonwoo fixa ses doigts sans savoir quoi faire.

- Tu peux la serrer. Je ne vais pas me briser, dit Mingyu d'un ton léger.

Wonwoo tourna la tête pour s'assurer que ses parents n'avaient pas assisté à la scène, mais ils étaient déjà sortis de la pièce.

Précautionneusement, il accrocha sa main à celle de Mingyu et la serra. La différence de température entre leur peau lui provoqua un frisson. Mingyu avait les doigts glacés, tandis que lui avaient les paumes chaudes et moites.

- Désolée, j'ai les mains naturellement froides, s'excusa Mingyu. Enchanté.

Wonwoo hocha la tête et fixa bêtement ses chaussures.

Il ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait mais dans son ventre, son estomac se tordait d'angoisse. Même en gardant les yeux au sol, il pouvait sentir le regard de Mingyu lui brûler le visage.

- Tu ne me dis pas ton nom ?

- Wonwoo, marmonna-t-il.

- Wonwoo, répéta Mingyu. C'est un joli nom.

Mingyu attendit une réponse mais rien ne vint. Wonwoo ne trouvait plus sa voix. Il savait que s'il tentait de parler, elle se briserait. Alors, Mingyu lui adressa un dernier regard et sortit de la pièce.

Wonwoo le regarda disparaître et resta immobile sur le tapis pendant quelques secondes. Sa respiration était devenue lourde et ses mains tremblaient.

La voix de Miranda le tira de sa rêverie.

- Quel beau jeune homme, s'émerveilla-t-elle. Si j'avais quelques années de moins je-

Wonwoo resta silencieux mais ne put qu'être d'accord avec elle. Mingyu était incontestablement beau. Ses traits étaient délicats et sa peau lisse avait pris la couleur du soleil. Un caramel irrésistible. Ses iris étaient sombres mais lumineuses et ses cheveux brillaient à la lumière des lustres. Imaginer son visage transpirant et tâché de terre, était un véritable gâchis. Ce n'était pas dans son jardin que Mingyu aurait dû se trouver mais en couverture d'un magazine de mode. La vie était mal faite.

***

Pendant le repas, comme toujours lorsque ses parents recevaient du monde, Wonwoo resta silencieux. Il avait beau tout connaître de la poésie classique, de l'art moderne, des sciences humaines et savoir parler plusieurs langues, il craignait toujours de dire une bêtise et de faire pâtir la réputation de ses parents. Mais ce soir, plus que d'habitude, la pression faisait palpiter son cœur.

Son père était assis en bout de table comme toujours. A sa gauche, Mingyu. Wonwoo était juste en face. D'où il était, il n'avait aucun mal à discerner les efforts que faisaient Mingyu pour ne pas tâcher la nappe et ne pas avoir la bouche pleine quand on lui posait des questions. Il avalait de minuscule cuillérée et essuyait régulièrement les coins de sa bouche avec la serviette en satin. Il répondait à toutes les questions qu'on lui posait d'une voix calme et assurée mais Wonwoo savait que derrière son apparence professionnelle, Mingyu était nerveux. Ses doigts tremblaient autour de son verre et à chaque fois qu'il prenait la parole, il s'efforçait de s'éclaircir la voix pour qu'elle ne tremble pas.

Si d'ordinaire, Wonwoo n'était jamais très intéressé par ce qu'avaient à raconter leurs invités, ce soir-là, il écouta avec beaucoup d'attention chacun des mots de Mingyu. Il avait été élevé dans la campagne coréenne jusqu'à ses quinze ans puis avait quitté sa famille pour aller chercher du travail en ville. Sa mère était malade et le salaire de son père ne suffisait pas pour nourrir ses cinq frères et sœurs. Alors, il avait sacrifié ses études et avait enchaîné les petits boulots pour aider sa famille. La vieille dame chez qui il jardinait jusqu'à présent, était décédée. Sa maison avait été hypothéquée et Mingyu avait perdu son travail.

Tout au long du repas, il ne cessa de remercier Cheol pour le poste et lui promit de ne pas le décevoir. Wonwoo dut se retenir de lever les yeux au ciel. Il détestait cette manie qu'avaient les employés de couvrir son père de louanges alors qu'en réalité, il n'en méritait rien.

Le repas touchait à sa fin. Et alors que Miranda apportait le dessert, Mingyu prit la parole.

- Et toi Wonwoo de quelle université étudies-tu ?

Sa question manqua de le faire s'étouffer. Jamais personne ne s'était intéressé à lui. Et à la façon dont son père le dévisageait, Wonwoo comprit que lui non plus ne s'attendait pas à ce que son fils soit questionné.

Rouge d'embarras, Wonwoo prit sa cuillère et dévora son assiette du regard.

- J'ai un précepteur. J'étudie ici, répondit-il simplement.

Mingyu avait croisé ses mains devant sa bouche et plissait les yeux en l'observant.

- Qu'étudies-tu ?

Une fois encore, Wonwoo eut du mal à déglutir. Il ne savait pas s'il devait répondre ou s'il valait mieux qu'il se taise et laisse les adultes converser. Après tout, il n'avait jamais été le centre d'attention de qui que ce soit. En apercevant l'expression agacée de son père, Wonwoo savait qu'il avait froissé son égo. Heureusement, sa mère vint à sa rescousse avant qu'il ne puisse répondre.

- Ce n'est pas important, dit-elle en balayant l'air de la main. On se fiche de savoir ce qu'il fait de ses journées non ? L'important est de savoir ce qu'il fera plus tard. Tiens chéri pourquoi ne parlerais-tu pas de ton dernier contrat à Mingyu ?

A la mention de son contrat, Cheol reprit du poil de la bête et se lança dans une narration passionnée de ses négociations.

Wonwoo l'écouta en jouant avec son morceau de gâteau. Il ne comprenait pas pourquoi mais il était déçu. Pour une fois, alors qu'il savait bien que le silence est d'or, il aurait aimé raconter à Mingyu ce qu'il faisait de ses journées. Il aurait aimé qu'on s'intéresse à lui. Qu'on le questionne plus. Il voulait être important. Mais son père lui rappelait encore une fois, qu'il serait toujours moins important que le reste.

***

- Merci pour ce délicieux repas. Je suis plein, dit Mingyu en s'étirant.

Après le dessert, le père de Wonwoo avait sorti sa collection d'alcools et avait raconté à Mingyu l'histoire de chacune de ses bouteilles. Qui les lui avait offertes, d'où elles venaient. C'était d'un ennui mortel, pourtant, Mingyu s'était montré poli et avait tout écouté jusqu'à la fin.

- Une petite goutte, cher ami ?

Mingyu déclina poliment.

- Merci mais je vais m'en passer. Le voyage m'a fatigué.

- Quel idiot, je n'ai même pas pris le temps de vous montrer votre chambre. Miranda ! appela Cheol.

- En cuisine Monsieur ! parvint une voix depuis les portes entre-ouvertes.

Cheol soupira en se pinçant l'arête du nez.

- Bon ne perdons pas de temps, Wonwoo montre sa chambre à Mingyu. C'est sur ton chemin.

En entendant son prénom, Wonwoo qui avait commencé à monter les escaliers se retourna.

- Moi ?

- Oui toi. Qui d'autre, voyons ? s'emporta sa mère d'un ton exaspéré.

Wonwoo posa ses yeux sur Mingyu qui lui offrit un sourire. Il ne dit rien mais continua son ascension jusqu'au premier étage. Mingyu le suivit en hissant son sac de voyage sur son épaule.

L'aile droite du premier étage était réservée au personnel. Les employés ne quittaient pas le château sauf maladie ou vacances – c'est-à-dire jamais. Ils avaient leurs chambre avec une salle de bain chacun. L'aile gauche appartenait à Wonwoo. Une porte séparait ses quartiers du reste. Derrière se trouvaient sa chambre, sa salle de cours, de danse et de musculation. Il avait sa propre salle de bain et son dressing. Quant au troisième étage, il était réservé à ses parents. Seules les femmes de ménages y avaient accès. C'était aussi là-haut que se trouvait le bureau de son père.

Wonwoo conduisit Mingyu tout au fond du couloir vers la chambre la plus isolée. Lorsqu'il ouvrit la porte, il constata avec un pincement au cœur que toutes les affaires de Robert avaient été débarrassées. Le lit était impeccablement fait, le placard avait été vidé et la poussière sur le bureau avait disparu.

- Voilà ta chambre, dit Wonwoo en désignant le lit une place qui faisait l'angle de la pièce.

Mingyu tourna sur lui-même en jetant un coup d'œil à la pièce. Une des fenêtres donnait sur l'extérieur. Il posa son sac au sol et s'en approcha pour observer le jardin.

Wonwoo savait que c'était le moment de partir et d'aller faire sa toilette. Pourtant, il resta planté au beau milieu de la pièce à observer Mingyu. Le jardinage avait sculpté son dos, faisant saillir ses muscles et ressortir ses épaules carrées . Le tissu transparent qu'il portait laissait peu de place à l'imagination.

Mingyu se retourna subitement vers lui et Wonwoo devint rouge écarlate. Il fixa les lattes du parquet en espérant que Mingyu ne l'ai pas remarqué. Et s'il l'avait vu, il n'en laissa rien paraître.

- Le lit risque d'être un peu petit mais... je vais m'y habituer, dit Mingyu en ouvrant son sac.

Wonwoo pensa à son lit gigantesque froid et sans âme dans lequel Mingyu aurait pu se glisser sans le moindre problème.

- Cette chambre est la mieux, commenta Wonwoo en le regardant déposer ses vêtements pliés dans le placard.

- Ah oui ?

- C'est celle qui est la plus loin de tout. Comme ça t'es tranquille. Pas d'emmerde.

Wonwoo n'avait pas l'habitude de dire des gros mots, mais celui-ci était sorti naturellement. Il n'eut même pas le temps de s'inquiéter du jugement de Mingyu que son rire délicieux vint caresser son tympan.

Lorsque son rire s'estompa, le silence revint entre eux.

- Ca ne doit pas être facile d'être enfermé ici tous les jours, dit Mingyu en déposant une pile de livres sur le bureau.

- A côté de moi, Raiponce et Fiona ont la belle vie, marmonna Wonwoo en s'approchant des ouvrages.

Sa curiosité eut raison de lui et il en saisit un au hasard pour en lire le résumé.

- Tu aimes la lecture ? demanda Mingyu en s'asseyant sur le lit, les mains derrière lui.

- Si j'aime ? Je n'ai pas le choix que d'aimer. Je n'ai ni téléphone, ni ordinateur, ni télé. Alors si je ne lis pas, je crève d'ennui. J'ai lu tous les livres qu'il y avait à lire dans cette maison, murmura-t-il en caressant la tranche du bout des doigts.

- Prends-le si tu veux.

Wonwoo secoua vivement la tête, le visage brûlant.

- Non je-

- Prends-le je te dis. Je l'ai déjà lu trois fois et j'en ai plein d'autres.

- Je peux ? demanda à nouveau Wonwoo en serrant le livre contre sa poitrine.

- Puisque je te le dis.

- Merci.

Mingyu hocha la tête et se mit à bailler.

- Je vais partir, dit-il d'une petite voix.

Aussitôt, Mingyu rouvrit ses yeux clos.

- Oh non tu peux rester. J'aime qu'on me tienne compagnie.

- Tu es fatigué et j'ai mon cours d'équitation dans quelques heures alors...

- Es-tu bon cavalier ?

Wonwoo eut un sourire dérouté. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui pose des questions, mais celle-ci allait au-delà de ce qu'il aurait pu imaginer.

- Je me débrouille, répondit-il humblement.

Mingyu lui lança un regard espiègle.

- C'est ce qu'on verra demain. Bonne nuit Wonwoo.

Mingyu attrapa les pans de son haut et le passa par-dessus sa tête. Wonwoo aperçut un morceau de son torse et tourna les talons avant qu'il ne puisse voir le reste.

- Bonne nuit Mingyu.

Cette nuit-là, alors qu'il tentait désespérément de trouver le sommeil, Wonwoo finit par s'endormir en rêvant de sourires éclatants et d'yeux rieurs.

***

- Concentre-toi ! Tiens-toi droit.

Les cris de son moniteur lui parvenaient depuis le centre du manège.

- Bon sang, Wonwoo qu'est-ce que tu fais ?!

Depuis que Mingyu avait déposé son taille-haies pour s'accouder à la barrière du manège, Wonwoo avait perdu tout contrôle de Winston. Le cheval refusait d'avancer, se cabrait et faisait tomber la barre des obstacles.

- Je ne sais pas, je n'arrive pas à le diriger, répondit-il en tirant sur les reines.

- Winston sent que tu n'es pas concentré alors il croit qu'il peut faire ce qu'il veut.

- Je suis concentré ! protesta Wonwoo.

- Pas suffisamment.

Wonwoo poussa un soupire en serrant les poings. Il savait que son moniteur avait raison. Mais comment était-il sensé se concentrer alors que Mingyu analysait le moindre de ses mouvements ?

Il ferma les yeux un instant et resserra ses reines. Un coup de talon à gauche, un autre à droite, Winston se remit à trottiner.

- C'est mieux. Accélère.

Au fond de lui, une petite voix lui souffla de tout faire pour impressionner Mingyu. Alors, il contracta les abdos et se plaça face à la barre d'obstacles.

- Wonwoo je ne suis pas sûr que-

Mais il s'était déjà élancé. Son coup de talon se fit plus puissant et Winston décolla du sol pour atterrir de l'autre côté de la barrière sans faire tomber quoique ce soit.

- Aha, yes ! That's my boy ! s'enthousiasma Wonwoo en tapotant le flanc de Winston qui hennit.

Derrière lui, le bruit des applaudissements retentit. Wonwoo tourna la tête et croisa le regard de Mingyu dont les joues étaient fendues d'un large sourire.

Lui-même ne put s'empêcher de sourire.

***

Contrairement au repas de la veille qu'il avait partagé avec Mingyu, Wonwoo dîna seul ce soir-là. Ses parents étaient sortis pour assister au salon de l'innovation où son père présenterait sa nouvelle micro puce et même si Wonwoo aurait aimé que Miranda lui tienne compagnie, il savait que ce n'était pas possible. La politique était claire, les employés ne mangeaient jamais en même temps qu'eux. C'était une question de hiérarchie.

Wonwoo joua avec son steak en jetant un coup d'œil à l'extérieur. Au fond du jardin, Mingyu retirait ses gants et épongeait sa sueur. Sa journée était terminée et la crasse qui marquait sa joue témoignait de la dureté de son travail. Il se redressa et fit pivoter son bassin avec une grimace. Son corps devait être courbaturé. Comme lui, Wonwoo sentait ses muscles tirer mais pour une raison différente : il venait de passer trois heures à répéter son enchaînement de ballets.

- Tu ne manges pas ? lui demanda Miranda en s'approchant de la table.

- Je n'ai pas faim, dit Wonwoo en détachant son regard de l'extérieur.

Miranda tira une chaise et s'installa à côté de lui.

- Que se passe-t-il ?

Wonwoo hocha la tête. Tellement de choses se passaient. La présence parentale qu'il aurait dû avoir, lui manquait. L'absence d'ami lui rappelait constamment à quel point il était seul et dans quelques mois, il épouserait une fille dont il ne connaissait rien. Sa vie était un véritable chaos. Mais il ne pouvait pas dire ça à Miranda. Alors il serra sa fourchette et fouilla dans son esprit à la recherche d'une réponse plausible.

- Je suis simplement fatigué. Je vais me coucher.

Il repoussa son assiette et se leva.

- Merci pour le repas.

Miranda zieuta le plat à peine entamé mais n'essaya pas de le retenir, et Wonwoo en fut reconnaissant.

Au moment où il arriva au pied des escaliers, son regard se posa sur la silhouette de Mingyu qui commençait à monter les marches.

- Hey... dit-il avant qu'il ne puisse se contrôler.

Mingyu tourna la tête dans sa direction et aussitôt, un sourire fendit son visage.

- Salut.

Wonwoo trottina pour rattraper les quelques marches qu'il avait grimpé.

- Comment était ton cours de danse ? demanda Mingyu.

- Ereintant. Comment était ton jardinage ?

Mingyu pointa sa joue.

- Je crois que mon visage parle pour moi.

Wonwoo eut un rire léger et Mingyu se joignit à lui.

Lorsqu'ils arrivèrent en haut de l'escalier, Wonwoo jeta un coup d'œil à la porte qui menait à son couloir. C'était ici que leurs chemins se séparaient, pourtant, il n'avait plus envie d'aller se réfugier dans sa chambre.

Mingyu se tourna face à lui, les mains croisées devant lui.

- Bon... Je crois que-

- J'ai commencé le livre que tu m'as prêté, le coupa Wonwoo.

Il haussa les sourcils.

- Et alors ?

- Et alors ça n'a absolument rien à voir avec ce que j'ai l'habitude de lire.

Wonwoo connaissait Shakespeare par cœur. Il avait lu les plus grands ouvrages allemands, les poésies françaises les plus connues et pourtant, il avait eu l'impression, en lisant le livre de Mingyu, qu'il était passé à côté de quelque chose. C'était un livre d'adolescent avec une histoire d'amour, des personnages haut en couleur et des dialogues loufoques. Ce livre n'incitait pas à la réflexion, le texte n'était ni délicat, ni scientifique, ni compliqué. Et malgré tout, pour la première fois, Wonwoo s'était rendu compte qu'il avait apprécié un livre.

Jusqu'ici, la lecture l'avait occupé mais il n'avait jamais vraiment trouvé de plaisir dans ce qu'il lisait. Cette fois-ci, il mourrait d'envie de connaître la suite.

- Désolé que ça ne t'ait pas plu.

- Non, au contraire ! J'ai adoré. Ce n'était pas chiant et long et j'ai vraiment adoré le passage où-

Wonwoo avait les yeux brillants d'excitation. Lorsqu'il se rendit compte que sa voix partait dans les aigus, il s'éclaircit la gorge et redescendit sur ses pieds à plat. Sans même s'en rendre compte, il s'était dressé sur la pointe pour être à la hauteur de Mingyu.

Si son père l'avait vu aussi enthousiaste, il aurait certainement été réprimandé car, comme il le lui avait si bien répété, montrer ses émotions était un signe de faiblesse.

Wonwoo réalisa que son comportement n'était pas adéquat et se mit à rougir.

- Désolé... s'excusa-t-il platement.

- Ne t'excuse pas. J'aime t'écouter parler, dit Mingyu avec un sourire.

Leurs regards s'accrochèrent l'un à l'autre et Wonwoo sentit son cœur rater un battement.

- Je dois vraiment prendre une douche mais si tu veux, tu peux m'attendre dans ma chambre et on peut... regarder un film ensemble après ?

- Dans ta chambre ?

Wonwoo pensa au home cinéma que son père avait aménagé. Mingyu n'avait certainement pas le droit d'y mettre les pieds mais son père n'était pas là pour vérifier alors...

Mingyu était déjà parti dans le couloir, et Wonwoo dut courir pour le rattraper. Ils rentrèrent dans la chambre la plus au fond et Wonwoo ferma la porte derrière eux.

- Sinon on peut aller dans mon home- qu'est-ce que tu fais ?! s'écria-t-il.

Torse nu, Mingyu se tourna vers lui, son tee-shirt sale à la main.

- Je t'ai dit que j'allais prendre une douche.

Wonwoo peina à retrouver la parole. Ses yeux étaient rivés sur le corps musclés de Mingyu. Ses abdominaux étaient sculptées et la coupe en V qui descendait dans son pantalon, laissait peu de place à l'imagination. Lorsqu'il se sentit capable de parler sans s'évanouir, Wonwoo articula d'une voix haut perché :

- Tu n'es pas obligé de te déshabiller devant moi !

- Ne fais pas comme si tu n'avais jamais rien vu de pareil, rit Mingyu en rejetant la tête à l'arrière.

Sa pomme d'Adam monta et descendit au rythme de son rire.

- Je n'ai jamais rien vu de pareil, chuchota Wonwoo en se grattant la nuque.

Heureusement, Mingyu ne l'entendit pas. Il sortit des vêtements propres de son placard et se dirigea vers la porte de la chambre.

Naturellement, Wonwoo s'était assis sur son lit. Alors, lorsqu'il prit appui sur le matelas, leurs visages furent si propres que l'un et l'autre sentirent leurs souffles se mêler.

- Tu m'attends là ? Ok ?

Les lèvres pincées, Wonwoo hocha docilement la tête. L'air était coincé dans ses poumons et ce n'est qu'une fois Mingyu parti, qu'il parvint à l'expirer.

Qu'est-ce qui m'arrive ?

***

- Attends, tu n'as jamais vu Harry Potter?

- Jamais vu, jamais entendu parler.

A côté de lui Mingyu, ouvrit grand les yeux.

- Mais tu connais quoi comme film au juste ?

- Uniquement les films qui ont un intérêt éducationnel.

- Les films chiants dont personne n'a jamais entendu parler ?

- Hey... ne dis pas ça. Ils ne sont pas... chiants.

Mingyu eut un sourire sournois.

- Arrête, même toi tu n'y crois pas.

- Ils sont simplement... différents et demandent de la réflexion, c'est tout.

- Un film est sensé t'abrutir, pas te faire réfléchir.

Mingyu appuya sur la télécommande et l'écran géant s'alluma. Wonwoo se demandait encore comment il avait réussi à dégoter ce film étrange dont il n'avait jamais entendu parler.

- Tu vas voir, c'est un classique. Je n'arrive pas à croire que tu connaisses pas.

- Et pourtant...

Au bout de quelques minutes à peine, Wonwoo sentit qu'il ne parviendrait pas à se concentrer. L'odeur d'après rasage de Mingyu lui chatouillait les narines et la chaleur que diffusait son corps, tout près du sien, était difficilement supportable. Sur l'accoudoir en velours, leurs coudes se frôlaient. Mais si Wonwoo était complètement déconcerté et perturbé par le contact de leur peau, Mingyu ne semblait pas déranger. Wonwoo jeta un coup d'œil à son profil illuminé par l'écran. Les ombres se découpaient sur sa peau, accentuant l'angle de sa mâchoire et la pointe de son nez. Ses yeux reflétaient la lumière des images en de minuscules petits points blancs. Wonwoo décrocha ses yeux de son profil parfait et les posa sur leurs bras. Il n'avait qu'à bouger le sien pour que sa main se retrouve sur celle de Mingyu.

Il ne savait pas pourquoi mais l'idée d'enlacer ses doigts à ceux de Mingyu lui plaisait. Bien plus que celle d'épouser une fille inconnue. Pourtant, il était certain qu'il ne trouverait jamais le courage de faire un geste pareil. Pour certains, cela paraissait banal, pour lui c'était le commencement de quelque chose de douloureux, de mortel.

Alors, il réfuta l'envie irrépressible de prendre sa main et reposa son bras sur ses genoux. Son mouvement attira l'attention de Mingyu qui lui jeta un coup d'œil. Mais lorsqu'il posa ses yeux sur lui, Wonwoo fixait de nouveau l'écran.

***

En deux semaines, Mingyu était devenu un pilier dans son quotidien. Dès qu'il en avait l'occasion, Wonwoo fuyait ses cours et passait ses après-midi dans le jardin. Il se perchait sur le muret en pierres sablées et écoutait Mingyu lui parler de sa vie alors qu'il s'occupait du potager. Wonwoo pouvait rester des après-midi entières à observer ses bras luisants de sueur s'enfoncer dans la terre. Il restait jusqu'à ce que le soleil disparaisse et que des frissons hérissent les poils de ses avants bras. Ses notes étaient en chute libres mais il s'en moquait. Il ne pensait qu'à Mingyu, Mingyu et encore Mingyu. Il ne rêvait que d'air frais et d'odeur de terre. Il ne supportait plus la musique de la salle de danse, le trop de son cheval et le bruit du stylo qui gratte le papier. Il avait besoin de respirer. Besoin de sentir le regard de Mingyu sur lui lorsqu'il lisait au bord de la piscine, besoin d'entendre sa voix avant de s'endormir, besoin de sentir ses mains sur sa peau.

Le moment qu'il préférait était celui où Mingyu avait fini de travailler. Celui où il lui offrait son attention la plus inconditionnelle. Celui où il le regardait droit dans les yeux à chaque phrase qu'il prononçait. C'était pour ces moments-là que Wonwoo vivaient.

Chaque soir était unique. Parfois ils traînaient dans la gigantesque bibliothèque de son père et lisaient chacun de leurs côtés jusqu'à s'endormir sur les canapés. Parfois, Wonwoo quittait sa chambre en douce pour rejoindre Mingyu dans la sienne. Miranda leur apportait une fournée de gâteaux qu'ils dévoraient en parlant de tout et de rien et parfois, comme ce soir-là, Wonwoo se retrouvait seul dans sa chambre trop grande, à écouter le bruit de ceux encore éveillés. Mais même ces soir-là, Wonwoo ne pouvait s'empêcher de penser à Mingyu. Que faisait-il à cette heure-ci ? Dormait-il ? Appelait-il sa famille ? Etait-il en train de lire ?

Il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Son cœur battait violemment et il avait chaud. Il ferma les yeux et ralentit sa respiration en espérant faire taire le bruit de son souffle. Mais alors qu'il commençait à sombrer, un gémissement l'interrompit. Suivi d'un grognement. Ses yeux s'ouvrir subitement et se posèrent sur le plafond. Juste au-dessus. Quelque chose tomba par terre sur le plancher. Du métal, une boucle de ceinture. Un autre gémissement. Wonwoo se tourna sur le côté et enfonça sa tête dans l'oreiller pour diminuer le son. Dans son estomac une boule nerveuse s'était formée. Il savait. Il savait que c'était bien sa mère qu'il entendait là-haut. Mais il savait aussi que ce n'était pas son père avec elle. Son père était en voyage au Japon. Les grognements masculins étaient pourtant bel et bien existants, ce n'était pas son imagination.

Wonwoo eut du mal à retenir ses larmes. Il n'aurait pas dû pleurer. Si sa mère était mauvaise, son père n'était pas mieux. Et pourtant il avait mal de savoir ce qu'elle faisait dans son dos. Si seulement il avait eu un téléphone portable, il aurait pu mettre ses écouteurs et s'exploser les tympans plutôt que de devoir subir ça. Si lui les entendait, il était certain que toute la maisonnée aussi. Ce n'était pas la première fois qu'une chose pareille arrivait. Le lendemain, le scénario était toujours le même. Il croisait sa mère et elle faisait comme si de rien n'était. Comme s'il n'était pas au courant.

Mais pouvait-il vraiment la blâmer ? Comme lui le serait, elle avait été mariée de force à son père. L'aimait-elle vraiment ? Wonwoo n'en était pas sûr. Ce n'était pas parce qu'ils avaient eu un enfant ensemble qu'ils s'aimaient. Si ça se trouve, Wonwoo n'était même pas le fruit de son père.

Cette simple pensée fit monter l'angoisse déjà présente dans sa poitrine.

En nage, il se redressa dans son lit et essuya rageusement ses joues. Sans même qu'il n'y réfléchisse à deux fois, il se débarrassa de la couverture trop épaisse et sortit de son lit. La moquette lui chatouilla les pieds mais il le remarqua à peine.

Il ouvrit la porte de sa chambre et s'élança dans le couloir. En temps normal, le bruit des planches qui craquent aurait alerté son père. Mais ce soir, il n'était pas là.

Dès qu'il arriva dans l'aile gauche de l'étage, Wonwoo s'efforça de marcher plus doucement pour ne pas réveiller les autres. Il rasa les murs jusqu'à la dernière porte et, sans frapper, abaissa la poignée.

La pièce était si obscure, qu'il manqua de buter contre l'angle du lit. Au fond de lui, Wonwoo savait qu'il dépassait les limites et qu'il n'aurait jamais dû se trouver là. Et pourtant, il se sentait incapable de rebrousser chemin. Le besoin de réconfort et de chaleur qu'il ressentait n'avait jamais été aussi fort.

- Mingyu ?

Même en chuchotant, sa voix trembla.

Un grognement lui parvint du lit, suivi du bruit des draps froissés. La lampe de chevet s'alluma et le visage ensommeillé de Mingyu apparut.

- Wonwoo ?

Lorsqu'il aperçut ses yeux humides, Mingyu se redressa immédiatement.

- Que se passe-t-il ? Pourquoi tu pleures ?

D'un geste précipité, il se débarrassa de son plaide et se leva du lit. Une fois face à Wonwoo, ses mains agitées hésitèrent. Devait-il les poser sur ses épaules, ses joues ? Devait-il le prendre dans ses bras ? Wonwoo décida pour lui en s'échouant contre son torse. Il eut beau se pincer les lèvres, les sanglots firent trembler son corps.

- Je n'arrive pas à dormir, parvint-il à articuler entre deux inspirations.

Naturellement, Mingyu passa un bras autour de sa taille et cala son autre main contre sa nuque.

- Chut ça va aller... Tu veux me dire ce qui ne va pas ?

Wonwoo secoua la tête. Il n'avait pas envie d'en parler. Il était tellement fatigué. Il voulait simplement dormir.

Mingyu l'attira à son lit et l'allongea dessus. Wonwoo rabattit la couverture sur son torse et serra le tissu dans ses mains.

- Reste avec moi... demanda-t-il.

Face à son air suppliant, Mingyu eut une seconde d'hésitation.

- S'il te plaît... ajouta-t-il. Je ne veux pas être seul. Pas ce soir.

Mingyu s'approcha du bord du lit et posa sa main sur le matelas.

- Si tu veux que je puisse rentrer, il va falloir te décaler.

Wonwoo se colla contre le mur et s'allongea sur son flanc, face à Mingyu. Dans le petit lit une place, ils étaient à l'étroit. Pourtant, ni l'un, ni l'autre ne sembla dérangés par leur proximité. Mingyu avait laissé la lampe allumée, et même s'il ne disait rien, Wonwoo en était reconnaissant. Le faible halo lui permettait d'étudier chaque détail du visage inquiet de Mingyu.

Sous la couette, leurs chevilles se mêlèrent et, lorsque Mingyu frôla sa joue pour chasser une larme, Wonwoo sentit le souffle lui manquer.

- Tu es sûr que tu ne veux pas m'en parler ?

Mingyu n'avait toujours pas retiré sa main de sa joue et Wonwoo profita de sa paume glaciale contre sa peau brûlante.

- Je n'aime pas te voir comme ça, avoua Mingyu au bout d'une longue minute de silence.

Wonwoo ouvrit doucement les yeux et observa ses sourcils froncés.

- J'ai simplement fait un cauchemar, mentit-il.

- De quoi parlait ce cauchemar ?

- Je ne m'en rappelle plus.

Mingyu eut un léger sourire. Ses lèvres étaient sèches et craquelées, pourtant, Wonwoo eut envie d'y poser les siennes. Il n'avait jamais ressenti une telle sensation auparavant. Enfermé dans son château depuis qu'il était né, il n'avait jamais expérimenté l'amour, le flirt, l'émotion. Il ne connaissait rien à tout ça. Mais cette nuit-là, alors que le souffle de Mingyu caressait sa bouche, Wonwoo fut certain que son cœur n'avait jamais battu aussi vite.

***

Au petit matin, Wonwoo avait été réveillé par le bruit de Mingyu qui s'habillait. Les yeux plissés par le sommeil, il avait discrètement observé les muscles de son dos rouler alors qu'il enfilait son tee-shirt. A quelques détails près, Wonwoo aurait pu se méprendre sur les évènements de la veille. Mais ce n'était pas son amant qui se rhabillait après une nuit torride. C'était son jardinier qui n'avait pas la moindre idée de ce qu'il éprouvait pour lui.

Les volets avaient été à peine entrebâillés pour qu'une brise d'air pénètre la pièce sans que le soleil ne rentre.

Wonwoo s'était tourné sur le côté et avait replié son bras sous l'oreiller. Il avait un millier de choses à faire mais aucune force pour quitter son lit. S'il en avait eu le courage, il aurait attrapé la main de Mingyu et l'aurait attiré sous les couvertures pour qu'il reste près de lui.

Malgré la chaleur de l'été, ils avaient dormis l'un contre l'autre. Wonwoo ne se souvenait pas d'avoir aussi bien dormi depuis longtemps. Les ronflements légers de Mingyu avait calmé ses angoisses et apaisé ses mots comme une berceuse.

Mingyu qui était occupé à enfiler ses chaussettes ne l'avait même pas remarqué. Ce n'était que lorsqu'il s'était tourné pour attraper sa trousse de toilettes qu'il avait croisé son regard.

- Je t'ai réveillé ?

Wonwoo avait secoué la tête dans son oreiller. Malgré lui, un sourire béat avait étiré ses lèvres. Mingyu s'était accroupi à sa hauteur.

- Comment te sens-tu ?

Il avait dégagé la mèche de cheveux qui tombait devant ses yeux et Wonwoo avait fermé les yeux en sentant son doigt frôler sa peau.

- Beaucoup mieux. Quelle heure est-il ?

Mingyu avait jeté un coup d'œil à l'horloge murale.

- Huit heure trente-cinq.

- Quoi ?!

Wonwoo s'était redressé d'un coup. La magie du réveil avait complètement disparu de son système.

- Je suis sensé être en cours depuis dix minutes !

La panique et l'horreur avait déformé ses traits.

Il s'était levé du lit et s'était précipité vers la porte, Mingyu sur les talons. Ses mains agitées avaient abaissé la poignée et il s'était élancé dans le couloir en courant. Mais à peine avait-il fait quelques pas qu'il s'était subitement arrêté. Au fond, à quelques mètres, la silhouette de son père se tenait.

- Papa ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Wonwoo avait senti son cœur s'arrêter de battre. Sa gorge était devenue sèche et ses mains s'étaient remises à trembler.

- Monsieur Kwon m'a informé de ton retard. Je suis venu te chercher mais visiblement tu ne te trouvais pas là où je pensais.

Le regard de Cheol était passé de son fils à Mingyu. Wonwoo avait pali. Au bord de l'apoplexie, il avait cru s'évanouir. Ce scénario était probablement le pire de tous. Que pensait son père ? Avait-il compris ? Wonwoo se voyait déjà déshérité, abandonné, battu et chassé du château.

- Peux-tu m'expliquer ce que tu fabriques ici ? avait demandé Cheol en s'avançant vers son fils d'un air menaçant.

- Je... je pensais que tu étais au Japon, avait bégayé Wonwoo en reculant d'un pas.

Comme si ce n'était déjà pas suffisamment embarrassant, son dos avait percuté la poitrine de Mingyu qui l'avait retenu par les épaules.

- Bien-sûr que tu le pensais, avait dit Cheol d'un ton froid. Sinon tu n'aurais jamais fait une chose pareille. Alors ? Je t'écoute ?

Sa voix était sévère, dangereuse. Wonwoo n'avait pas su quoi répondre. Le sang battait dans ses tempes et dans son dos, la sueur avait formé une auréole. Au fond, il n'avait rien fait de mal mais peu importe ce qu'il pourrait dire pour se défendre, ce ne serait jamais suffisant.

Les mots étaient restés coincés dans sa gorge et les larmes de panique lui étaient montés aux yeux. Mais alors qu'il était à deux doigts d'avouer la vérité, Mingyu était passé devant lui.

- Il n'a rien fait de mal monsieur. Wonwoo est simplement venu me rendre le livre que je lui avais prêté.

Le regard de Cheol était passé d'ombrageux à tempétueux.

- Vous, je ne vous ai rien demandé, avait-il asséné d'une voix lacérant. Quant à toi...

Son regard s'était de nouveau posé sur son fils avec un éclat de dégoût.

- Je pensais t'avoir mieux éduqué que ça. Visiblement tu n'as pas la moindre honte à te balader en guenille devant le personnel. File t'habiller et vas en cours.

Son ton était devenu bas, menaçant.

- Et que je ne t'y reprenne pas.

Wonwoo était parti sans demander son reste. Il n'avait même pas eu le courage d'adresser un dernier regard à Mingyu. Il avait l'impression d'avoir joué avec le feu et de s'être brûlé les doigts.

Cheol avait regardé son fils disparaître avant de se tourner vers Mingyu.

- N'oubliez pas où se trouve votre place dans cette maison.

***

Depuis cet incident, Wonwoo n'avait plus osé mettre un pied dans la chambre de Mingyu. Terrorisé par son père, il avait passé une semaine entière sans lui adresser la parole. La peur d'être surpris et que son père décide de renvoyer Mingyu, était plus forte que la douleur de l'ignorer. Alors, comme à chaque fois qu'il passait par le jardin et que Mingyu l'interpellait, Wonwoo se contenta de baisser la tête dans son livre et d'accélérer le pas. Sa seule consolation était les discrets coups d'œil qu'il lui adressait depuis sa salle de cours ou le bord de la piscine. C'était le seul écart qu'il s'autorisait.

Mais même ça, il en avait été privé.

Alors qu'il achevait son cours d'anglais, son père avait débarqué dans la pièce, un air furibond au visage.

- Je ne veux plus que tu traînes dehors. C'est compris ?

Il avait hurlé et Wonwoo avait sursauté.

- Mais je-

- Il n'y a pas de « mais ». Professeur Kwon a été clair, depuis que ce souillon est dans les parages, tu te comportes comme un enfant pourri gâté. Tes notes sont en chute libre et tu es de moins en moins attentif.

Va te faire foutre. Va te faire foutre. Va te faire foutre. Wonwoo avait serré les dents mais la colère avait fini par déborder. Il n'était plus un enfant qu'on ballotait comme un objet. Toute sa vie, il s'était tenu à carreau. Il était lassé.

- Va te faire foutre.

Il l'avait dit doucement. Mais son père l'avait tout de même entendu. Et devant Monsieur Kwon, il s'était avancé et avait pris son élan.

La gifle avait fait moins mal que le regard chargé de haine qu'il avait reçu.

- File dans ta chambre. Et que ça saute. Si ton comportement ne change pas, je me ferai un plaisir de renvoyer ce souillon. Tu m'entends ?!

- Tu n'as pas le droit de faire ça, avait craché Wonwoo en se levant de sa chaise, sa main sur sa joue enflée. Même si au fond, il savait que son père en était capable.

- J'ai tous les droits que je veux. Je suis chez moi ici.

***

Cette situation le rendait bien plus malheureux qu'il ne l'aurait cru. Il avait du mal à avaler le fait qu'il soit obligé d'imposer le traitement du silence au seul ami qu'il n'ait jamais eu. Chaque fois qu'il sentait les yeux de Mingyu sur lui, son cœur se serrait douloureusement car il n'avait même plus le droit de l'approcher. Wonwoo avait fini par perdre l'appétit. Il s'était refermé comme une coquille.

Face à lui, Miranda avait tiré une chaise.

- Bon, dis-moi ce que tu ne vas pas.

Wonwoo remplit sa cuillère de soupe et la vida de nouveau dans son bol.

- Tout va bien.

- Ne me mens pas. Ça fait des jours que tu n'as pratiquement rien mangé et que tu as perdu ton sourire. Que se passe-t-il ?

Wonwoo releva ses yeux baigné de larmes vers Miranda.

- Je ne peux te dire, chuchota-t-il.

Lui-même ne savait pas ce qui le rendait le plus triste : ne pas parler à Mingyu, ou se rendre compte qu'il éprouvait pour lui bien plus que des sentiments amicaux. Il savait que se confier à Miranda pouvait causer sa perte. Alors même s'il en mourrait d'envie, il s'y refusa.

- Tu peux tout me dire. Je te connais depuis que tu es né Wonwoo.

- Tout... mais pas ça.

Il repoussa sa soupe et quitta la table. Il avait besoin d'être seul.

Après une douche glacée, Wonwoo se glissa dans son lit et attrapa le livre de Mingyu. Sur certaines pages, ses larmes avaient laissé des traces. Wonwoo essayait désespérément de se convaincre que c'était parce que l'histoire était triste.

A minuit, la porte de sa chambre s'ouvrit. Il ne pouvait s'agir que de sa mère ou son père. Pris d'anxiété, Wonwoo se redressa, droit comme un piquet et serra le livre dans ses mains. Depuis son altercation avec son père, il ne l'avait pas recroisé, et l'affronter ici, alors qu'il était dans une position aussi vulnérable, ne le mettait pas en confiance.

Mais en levant les yeux, il réalisa avec effroi que ce n'était pas l'un de ses parents.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu fais là ?

- Il faut qu'on parle.

- Si mes parents te trouvent ici, je suis foutu.

Wonwoo était désormais paniqué. Les larmes lui étaient montées aux yeux. Il quitta son lit et repoussa Mingyu vers la porte de sa chambre en appuyant sur son torse.

- Tu ne peux pas être ici, va-t'en !

- Je ne partirai pas tant que nous n'avons pas parlé.

- On a parlé. Maintenant sors, s'il te plaît.

La résistance de Mingyu ne faisait qu'augmenter la détresse de Wonwoo. D'un geste ferme, Mingyu saisit ses poignets et l'immobilisa.

- Chut, calme-toi. Si tu ne fais pas de bruit, personne n'entendra rien.

Malgré lui, Wonwoo cessa de pleurer et se mit à renifler.

Mingyu verrouilla la porte de la chambre et s'assit sur son lit sans la moindre gêne. Wonwoo préféra rester debout. Il ne se sentait pas en sécurité.

- Pourquoi m'évites-tu ? demanda Mingyu d'un ton neutre. Je pensais qu'on était ami.

Il avait beau paraître détaché, son regard embué montrait qu'il était affecté.

- Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?

Wonwoo n'essaya même pas de mentir. Sa lèvre inférieure tremblait.

- Je t'évite arce que... parce que notre relation est dangereuse... je ne peux pas risquer de te perdre. Et si mon père me voit avec toi... je...

Wonwoo se couvrit la bouche en fermant les yeux. La douleur l'étreignait.

- C'est à cause de ton père alors ?

Il hocha la tête.

- Nous ne faisons rien de mal.

- Tu ne connais pas mon père. Tu n'as pas idée de ce qu'il peut me faire. Ce qu'il peut te faire. Pour lui ce que nous faisons est mal. Du moment que je suis heureux, c'est mal.

- Je te rends heureux ? demanda Mingyu.

Wonwoo essuya ses yeux mouillés.

- Mingyu s'il te plaît...

- Réponds-moi.

- Oui, je suis heureux mais-

- Alors quoi ? Ece parce que tu es riche et que je suis pauvre ?!

Mingyu avait élevé la voix sans s'en être rendu compte. Wonwoo jeta un coup d'œil apeuré vers la porte. Mais personne ne surgit.

Lorsqu'il baissa les yeux sur le lit, Mingyu l'avait quitté et s'avançait vers lui, le dominant de toute sa hauteur.

- Ou est-ce autre chose ?

Il était près. Si près que Wonwoo pouvait sentir l'odeur de son savon.

- Je ne veux pas qu'il te renvoie, chuchota Wonwoo en baissant les yeux. Je ne veux pas être égoïste.

Mingyu attrapa son menton et releva son visage.

- S'il me renvoie, qu'il le fasse au moins pour une bonne raison.

Leurs regards se croisèrent pendant une fraction de seconde et Mingyu déposa ses lèvres sur celles de Wonwoo. Au moment où leurs lèvres se touchèrent, Wonwoo le repoussa d'un geste sec et violent. L'impact fit tituber Mingyu à l'arrière. Son regard était ahuri.

- Tu ne peux pas faire ça ! hurla Wonwoo dans un chuchotement exaspéré.

C'était son premier baiser. Un baiser qu'il avait rêvé, un baiser qu'il avait voulu, et un baiser qui avait laissé son cœur en alerte et son corps frémissant. Un baiser qu'il voulait faire durer mais qui n'aurait jamais dû avoir lieu.

En entendant ses mots, Mingyu devint écarlate.

- Merde. Pardon... je pensais que... enfin que tu voulais...

- Mingyu... ce n'est pas moi c'est...

Wonwoo sentit les larmes lui piquer le nez.

- Alors quoi ?

- Bien-sûr que j'ai envie de ce baiser. J'en ai eu envie dès le premier jour mais... je ne peux pas... Dans cette vie là, je n'ai pas le droit.

Mingyu s'approcha de Wonwoo et encadra son visage.

- Bien sûr que l'on peut. Il suffit simplement d'être discrets et-

- Tu ne comprends pas, dit Wonwoo en secouant la tête. Demain des prétendantes de tout le pays arrivent pour m'épouser. Mon père va en choisir une et... alors ce sera la fin.

- Nous n'avons même pas commencé, protesta Mingyu d'une voix faible.

Wonwoo posa sa main sur celle de Mingyu qui caressait sa joue.

- Je n'ai jamais été libre de mes choix Mingyu. Mais sache que depuis le début, tu as toujours été mon premier choix.

Cette révélation fit naître un sourire sur son visage. C'était bon de vider sa poitrine trop pleine d'amour. Mais Mingyu ne lui rendit pas son sourire. Sur son visage, le désespoir déformait ses traits.

- Si je suis ton premier choix, alors pourquoi tu me laisses partir ?

- Parce que je n'ai pas d'autre solution, murmura Wonwoo.

- Tu pourrais t'opposer à ton père, t'enfuir avec moi ! Tu quitterais ce maudit château et je t'emmènerai découvrir la ville et la campagne. On trouverait chacun un petit boulot et-

- Mingyu stop. Ce n'est pas possible et tu le sais. J'ai des devoirs. J'ai été élevé dans l'unique but de les respecter. Je ne peux pas tout foutre en l'air pour...

En se rendant compte de ce qu'il s'apprêtait à dire, Wonwoo laissa sa phrase en suspens.

- Pour moi, c'est ça ? C'est ce que t'allais dire ? Tu ne veux pas tout ruiner pour le pauvre jardinier sans sou ?

Mingyu avait libéré son visage et s'était écarté.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire-

- Tu l'as quand même dit. Ne t'en fais pas, le message est passé.

Mingyu s'approcha de la porte et la déverrouilla. Wonwoo attrapa son coude.

- Attends, ne pars pas.

- On se voit demain à la cérémonie.

Il sortit de la chambre et claqua la porte dans son dos.

Lorsque le silence reprit ses droits, Wonwoo sentit son cœur se briser et les larmes chaudes couler sur ses joues.

Ne m'abandonne pas...

***

Comme tous les évènements organisés par ses parents, la cérémonie était grandiose. Sa mère avait choisi les plus beaux bouquets de fleurs, les plus belles nappes et les bougies les plus parfumées. Pour l'occasion un tapis rouge, avait été déroulé et méticuleusement aspiré par Miranda. Au bout du tapis, un fauteuil, digne d'un prince avait été placé. Wonwoo devrait y rester assis jusqu'à ce que la dernière prétendante lui ait fait la cour.

A l'extérieur, ça grouillait, ça piaillait. Les prétendantes, accompagnées de leurs pères, attendaient dans le jardin. D'où il était, Wonwoo entrapercevait par la fenêtre leurs robes colorées, leurs cheveux noués de rubans. Elles étaient toutes pareilles et du peu qu'il avait vu, aucune n'avait attiré son regard. De toute façon, ce ne serait pas à lui de décider. C'était seulement pour l'apparence. Son père aurait le mot final. Et la plus chanceuse de toute aurait droit à un dîner où ils commenceraient à parler des détails du mariage. Cette seule pensée lui donnait envie de vomir.

Pour l'occasion, sa mère avait demandé à Mingyu de choisir les plus belles roses du jardin et de les déposer sur la table. Lorsqu'il passa dans le hall, les mains couvertes de sang que les épines avaient fait couler, Wonwoo eut envie de quitter cette maudite chaise et de se réfugier dans ses bras. Il avait peur. Il avait besoin d'être rassuré, d'être aimé. Mais Mingyu ne lui adressa pas un seul regard et dès qu'il eut fini, il ressortit aussitôt dans le jardin. Wonwoo eut envie de s'arracher les cheveux car si lui souffrait, il n'osait même pas imaginer ce que Mingyu devait endurer. Que ressent-on lorsque celui qu'on aime nous glisse entre les doigts ? Lorsqu'on sait qu'une autre prendra notre place et que quoi qu'on fasse, on ne pourra jamais rien changer ? Sans même avoir entamé le combat, Mingyu avait déjà perdu.

- Tu as l'air bien sérieux dans ce costume.

La voix de Monsieur Kwon attira son attention. Wonwoo tourna la tête vers le vieil homme bossu.

- Que faites-vous ici ?

C'était un des rares jours où Wonwoo n'avait pas cours. Monsieur Kwon aurait pu rentrer chez lui et voir sa famille. Mais il avait préféré rester ici.

- Il est important que nous te soutenions en ce jour. C'est la concrétisation de toutes tes années d'effort et de labeur.

- Quoi ? D'être assis sur une stupide chaise dans un costume de pingouin ou d'épouser une fille que je ne connais pas ?

- Voyons... Je parle donc de ton passage à la vie adulte. Tu auras désormais une femme à combler. Tu devras te montrer digne de ton nom.

- Merci des... conseils, soupira Wonwoo en observant Mingyu par la fenêtre du jardin.

Une des prétendantes le regardait d'un air pas si innocent et Wonwoo ne put empêcher le poison de jalousie de se répandre dans ses veines.

Monsieur Kwon s'agenouilla et prit sa main entre ses doigts fripées.

- Je sais que ce n'est pas chose facile.

- Vous ne savez pas, répondit Wonwoo plus méchamment qu'il ne l'aurait voulu.

- Oh crois-moi, j'en sais bien plus que tu ne peux l'imaginer.

Monsieur Kwon avait les yeux rivés par la fenêtre, mais ce n'était pas les prétendantes qu'il regardait. Wonwoo eut du mal à déglutir.

- Ne t'inquiètes pas, je ne dirai rien.

Pâle comme la mort, Wonwoo parvint à peine à hocher la tête.

- Mais laisse-moi te dire une chose... il se pencha vers lui et chuchota dans son oreille, il n'y a qu'avec lui que tu seras réellement heureux.

Ces mots restèrent en Wonwoo pendant toute la cérémonie. Comme convenu, les prétendantes défilèrent devant lui, présentant leur fortune, leurs attributs et leurs charmes. Wonwoo les regarda sans vraiment les voir. Dès qu'il en avait l'occasion, ses yeux dérivaient au fond de la salle où quelques chaises avaient été installées pour les employés. Miranda regardait la scène, les yeux baignés de larmes et de fierté. Monsieur Kwon, à côté d'elle, tenait fermement sa canne, un air digne sur le visage. Il-Sung observait les prétendantes, jugeant leurs moindres faits et gestes et Mingyu...

Wonwoo ne voulait pas y penser. Il avait tellement mal.

Mingyu fixait ses chaussures depuis le début de la cérémonie. Il n'avait pas bougé d'un iota. Pas même pour regarder les filles qui passaient. Pas même pour le regarder, lui. Wonwoo n'était pourtant qu'à quelques mètres. Il avait envie de lui hurler d'arrêter de dévorer le sol et de le dévorer lui. Dans tous les sens du terme. Il avait envie de dire à la prochaine fille d'économiser sa salive, et de rentrer chez elle. S'il en avait eu le courage, il aurait mis fin à cette cérémonie et aurait annoncé à tout le monde qu'il avait déjà trouvé son prétendant. Mais le regard de son père planait dangereusement sur lui, comme un mauvais présage. Alors, il resta dans son siège et écouta la prochaine prétendante.

- Bonjour. Je m'appelle Juliet and je viens d'Angleterre, dit-elle avec un fort accent.

Juliet était d'une beauté rare qu'aucune n'avait égalée jusqu'à présent. Son visage, comparable à celui d'une poupée était extrêmement bien proportionné. Ses yeux d'un bleu translucide, aurait fasciné n'importe qui. Ses cheveux nouées en une natte délicate, retombait au creux de son épaule découverte. Sa robe échancrée, dévoilait le début d'une poitrine vierge et épousait la courbe de ses hanches gracieuses. Son nez retroussé était parsemé de tâches de rousseurs et sa bouche maquillée de rose, dévoilait une rangée de dents parfaites. Wonwoo savait que c'était elle, que son père choisirait. Et si la situation était différente, il aurait pu s'en accommoder. Mais ce n'était pas elle qu'il voulait.

- Mon père est le propriétaire des entreprises Grants-

Wonwoo ne supporta plus ses yeux trop bleus qui lisaient en lui comme dans un livre ouvert. Instinctivement, il chercha à se réfugier dans ceux de Mingyu. Mais il n'y trouva pas le réconfort espéré. Comme dans un cauchemar, il réalisa que, pour la première fois depuis le début, Mingyu avait levé la tête. Lui aussi l'avait vue. Et lui aussi c'était rendu compte que c'était elle.

L'expression de chagrin qui déforma son visage était dévastatrice. Les larmes inondèrent ses beaux yeux sombres et Wonwoo les regarda couler sans pouvoir les sécher.

Mingyu quitta sa chaise brusquement et sortit dans le jardin. Quelques têtes se tournèrent sur son passage mais à part Wonwoo, personne ne comprit réellement ce qui venait de se passer.

***

Juliet et sa fortune fut la prétendante que son père choisit pour être la mère de ses enfants. Pendant que les adultes discutaient et que Miranda clôturait la cérémonie, Wonwoo se retrouva face à Juliet, forcé de converser avec elle, alors qu'il ne rêvait que d'une chose : retrouver Mingyu.

- Je suis tellement contente d'avoir été choisie. Dès que je suis entrée dans la pièce, je savais qu'on s'entendrait bien-

Wonwoo l'écoutait à peine. Il peinait à contenir le trop plein d'émotions qui menaçait de déborder. Alors qu'il était un maître dans l'art, cette fois-ci, il ne parvint pas à faire semblant. Son expression dut trahir ses pensées car Juliet s'arrêta soudainement de parler et se mit à rougir.

- Je suis trop bavarde, c'est ça ?

Wonwoo posa alors ses yeux sur elle et ressentit une once de pitié pour cette fille qui, comme lui, n'avait pas choisi son destin.

- Désolé, j'ai... la tête ailleurs, avoua-t-il.

Juliet eut la délicatesse de ne pas poser de question et proposa d'aller lui chercher un thé. Elle avait été éduquée en véritable petite femme.

Wonwoo eut un demi-sourire. Une fille normale n'aurait jamais proposé ça de façon aussi diligente. Comme lui, Juliet était un robot. C'était triste et à la fois pathétique.

- Non. Je crois que je vais prendre l'air.

- Je viens avec toi, dit Juliet d'un ton enjoué.

Wonwoo se tourna vers elle, un éclair de jalousie dans le regard.

- Pas la peine.

Il ne voulait pas qu'elle le voit avec Mingyu. Car si une part de lui craignait qu'elle s'éprenne pour son jardinier, l'autre ne supportait pas qu'elle l'empêche, par sa simple présence, de dire ce qu'il avait à dire.

Juliet n'insista pas et se retira comme un chiot puni.

Dès qu'il fut certain que la voie était libre et que son père était trop occupé pour se soucier de lui, Wonwoo s'élança dans le jardin.

Il longea la piscine, puis jeta un coup d'œil par-dessus la barrière qui le séparait du manège. Il alla ensuite dans l'arrière-cour, au fond du potager, derrière la colline. Il refit un deuxième tour, à bout de souffle et les tempes trempées de sueur, mais là non plus, il ne trouva pas Mingyu.

Lorsqu'il revint à l'intérieur, son père l'attrapa par le bras et le réprimanda à voix basse pour avoir abandonné Juliet.

- Sale canaille, pas encore marié que tu l'abandonnes déjà ! J'ai honte de toi, honte, persifla-t-il entre ses dents.

Wonwoo sentit les larmes lui monter aux yeux mais les ravala pour garder sa dignité. Il aurait pu arracher son bras et hurler à son père que ce mariage était maudit, mais il ne voulait pas causer de scène. Surtout pas quand Juliet l'observait du coin de l'œil.

***

Après le dîner interminable, Wonwoo regagna l'étage en galopant. Juliet et sa famille venaient de partir. Il allait enfin pouvoir parler à Mingyu et se laver de toutes ses erreurs.

Cette fois-ci il ne perdit pas de temps avec sa douche et traversa le couloir à grandes enjambées, encore vêtu de son costume. Dès qu'il fut devant la porte de Mingyu, son poing martela le battant. Il n'en avait plus rien à faire d'être surpris par son père. Son cœur réclamait Mingyu. Son corps tremblait de tristesse et avait besoin d'être serré, caressé.

- Mingyu ! Mingyu ! répéta Wonwoo devant la porte.

Il s'arrêta pendant une seconde puis, ne percevant aucun mouvement de l'autre côté, il se remit à frapper.

- Ouvre-moi ! J'ai besoin de te parler... Mingyu pitié...

Au bout d'une demi-heure, ses forces commencèrent à diminuer et son chagrin redoubla. Mingyu ne lui ouvrirait pas. Ses pleurs n'y changeraient rien.

- Je t'en supplie... Ne me laisse pas...

Anéanti, Wonwoo se laissa glisser contre la porte jusqu'à ce que ses fesses touchent le parquet. Il ne parvenait plus à contrôler ses sanglots qui lui brûlaient la poitrine comme de l'acide.

Il aurait pu rester toute la nuit si Il-Sung et Miranda ne l'avait pas trouvé endormi contre le mur. Mais ils le soulevèrent et le ramenèrent dans sa chambre. Miranda le changea comme elle l'avait fait lorsqu'il était petit et le borda. Epuisé par toute cette douleur, Wonwoo ne se réveilla pas. Il dormit jusqu'à ce que la lumière du soleil matinal lui chatouille les paupières. Et alors, dès qu'il fut suffisamment conscient pour ouvrir les yeux, il sauta de son lit et se rua vers la porte. S'il y avait bien un moment où Mingyu ne pourrait pas l'éviter, c'était pendant son travail. Au diable son cours d'équitation, il avait des choses plus importantes à régler. Wonwoo avait vaguement réfléchi à ce qu'il devait dire ou faire. Être sincère était sans doute la meilleure solution. Et lui dire quoi ? Qu'il l'aimait et qu'il était prêt à garder leur secret. Qu'il lui offrait son amour derrière les portes closes et qu'il était prêt à le faire pour le restant de sa vie. Voilà ce qu'il devait lui dire.

Mais alors qu'il ouvrait la porte, prêt à dévaler les escaliers, une feuille, glissée sous le seuil, attira son attention. Il la déplia et parcourut plusieurs fois l'écriture maladroite.

Je ne supporte pas de te voir avec quelqu'un d'autre que moi.

Tu n'as pas pu choisir, j'ai choisi pour nous.

Pardon pour mon égoïsme.

La lettre n'était pas signée mais Wonwoo en connaissait l'auteur. Figé, il relut les mêmes mots encore et encore. Ses larmes se mirent à couler et l'une d'entre elle fit baver l'encre.

Comme un automate et les yeux brouillés par l'incrédulité, Wonwoo se rendit dans l'autre couloir. Cette fois-ci, la porte de la chambre ne lui résista pas. Et lorsqu'il l'ouvrit, l'horreur de son cauchemar devint réalité. Tous les effets personnels de Mingyu avaient disparu. La chambre était comme à son arrivée, vierge. Ses vêtements n'étaient plus là, sa valise n'encombrait plus le passage, le bureau et les étagères étaient vides. Les couvertures du lit avaient été pliées comme si... comme s'il n'avait jamais été là.

Wonwoo tomba à genoux, son poing froissant la seule chose que Mingyu lui avait laissé : une stupide lettre.

Il n'avait même pas eu le temps de lui dire « je t'aime. » Même pas le temps de l'embrasser une dernière fois et de lui dire qu'il ne l'oublierait jamais. Oui, Mingyu était un égoïste. Un homme sans cœur qui avait brisé celui de Wonwoo. Mais au lieu d'être en colère, Wonwoo ne sentit qu'un immense vide que Juliet ne pourrait jamais comblé.

Alors c'était ça qu'on ressent après une première rupture ? Pourquoi était-ce aussi douloureux ?

A travers sa vision floue, Wonwoo distingua un objet posé sur la table de nuit. Dans sa précipitation, Mingyu avait oublié quelque chose.

Wonwoo se traîna jusqu'à l'objet et s'en saisit. C'était un livre à la reliure en cuir.

Il ouvrit la première page et posa ses yeux sur la même écriture que celle de la lettre. Son estomac se tordit. Il crut qu'il allait vomir.

Je savais que tu viendrais ici. Cadeau d'adieu. C'est mon préféré. Prends en soin.

Mingyu.

Il referma le livre et s'allongea sur le parquet froid, son corps submergé d'un millier d'émotions. C'était fini. L'obstacle qui s'était dressé entre la vie qu'on lui avait destinée et lui, avait disparu.

Mingyu était sorti de sa vie. Et Wonwoo le regretterait jusqu'à la fin.


Coucou comment ça va les copains?? 

Racontez moi vos vies un peu. 

Des gens qui ont vu Tiny pretty things? Shane avec Oren ou Dev? 

Shane et Oren is ma shit. 

Sinon autre série coup de coeur Young Royals. Des fans? 

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