N°51: Taeyong NCT PART 1
CETTE CHANSON EST UN CHEF D'ŒUVRE ECOUTEZ LA MERDE
Taeyong posa le stylo sur le bureau et se prit la tête dans les mains. Il ne savait pas par où commencer, ni même s'il devait y avoir un commencement. Devant lui, une feuille de papier blanc attendait d'être remplie. Il était prêt, les mots coulaient doucement dans son esprit, mais Sally continuait de lui souffler que c'était une mauvaise idée. Sa voix nasillarde revenait en boucle dans ses oreilles.
« Tu ne peux pas faire ça. Imagine ce qu'il pensera de nous ! Il va te rejeter dès qu'il aura compris ! Tu vas tous nous faire souffrir ! »
« Ferme-là ! Il sait ce qu'il fait. On était tous d'accord à la base » intervint Molly.
« Pas moi. Je n'aime pas ce type ! » se plaignit Jeff. « Il n'est ni beau, ni charmant, ni drôle. Vous savez quoi, il vaudrait mieux qu'on déchire cette connerie. »
Jeff saisit la feuille où les premiers mots avaient été écrits mais Maya l'en empêcha.
« Jeff arrête ça tout de suite. C'est le choix de Taeyong pas le tien. » dit-elle de sa voix douce, presque maternelle. Elle reposa la feuille sur la table.
« Pas le mien ? Tu rigoles j'espère ?! Donc ça veut dire qu'il peut faire ce qu'il veut de nous et que je n'ai pas mon mot à dire ?! Non, c'est n'importe quoi ! Notre décision doit être commune. »
« Vous allez vous taire oui ?! J'essaye de me concentrer ! » hurla Taeyong.
Il n'était que vingt-deux heures, ce qui signifiait qu'il disposait encore de deux bonnes heures avant que son beau-père rentre. Comme toujours, sa mère était de garde à l'hôpital et ne se pointerait qu'au petit matin alors que lui partait pour le lycée. Elle lui manquait. Il ne la voyait pratiquement pas ces derniers temps. Heureusement, Maya était là pour le rassurer et lui faire oublier sa tristesse. Elle avait cette gentillesse et ce ton réconfortant qui lui faisait instantanément lâcher prise. Lorsqu'elle était là, il s'abandonnait totalement, pour quelques heures, le temps de mettre du baume sur son cœur. Après quelques minutes, aucun d'eux n'osa plus intervenir. Taeyong put enfin se concentrer et commença la rédaction de sa lettre. Son cœur battait à tout rompre et ses mains étaient moites. Il les essuya sur son pyjama avant de reprendre son stylo. Son cerveau carburait mais c'était son cœur qui parlait. Ils avaient mis tellement de temps à se décider. Presque trois ans avant de se lancer. Le bal de fin d'année approchait et Taeyong refusait de se retrouver seul à cette soirée. Il était hors de question que sa lâcheté lui fasse rater une nouvelle occasion de séduire Jaehyun. Cela faisait trois ans qu'ils tombaient dans la même classe, étaient assis à côté en cours de science, se croisaient dans les vestiaires de sport, et Taeyong n'avait toujours pas été capable de lui adresser plus de deux mots sans bégayer, rougir et s'enfuir en courant. Il était ridicule, Jeff passait son temps à le lui répéter. Mais il n'y pouvait pas grand-chose. Chaque fois que Jaehyun approchait dans un rayon de moins de dix mètres, il perdait tous ses moyens. Son odeur, son rire, la façon dont ses yeux se plissaient à chaque sourire, le rendaient fou. Son cœur s'emballait, ses jambes flageolantes se dérobaient et la panique l'empêchait de respirer. Dans ces moments-là, Molly l'aidait à se recomposer et l'isolait dans les toilettes. Maya prenait le relais jusqu'à ce que l'angoisse disparaisse totalement.
Autant dire que Taeyong passait plus de temps dans les toilettes qu'en face de Jaehyun. Son incapacité à lui adresser la parole n'avait pas empêché ses sentiments de grandir. Au cours des trois ans, son amour avait totalement débordé. Il ne lui avait fallu pas plus qu'une observation distante pour se rendre compte que Jaehyun répondait à la définition du mot : parfait. Drôle, généreux, soucieux, calme, studieux, doué en sport et en mathématiques, il maîtrisait l'art du skate et de la peinture, faisait des cookies le jour de son anniversaire, aidait le gardien à nettoyer les feuilles, et distribuait des tracts du pub où il travaillait pour faire bénéficier de bières gratuites, bref il avait toutes les qualités pour faire partir des gens cools sans être classé dans la catégorie des connards. Il avait su trouver le juste milieu entre la frime, les études et les filles. Malgré la panoplie de filles qui s'intéressaient à lui, en trois ans, Taeyong ne l'avait jamais vu sortir avec personne. Une légende racontait qu'il avait déjà une petite-amie russe. Ils ne se voyaient que pendant les vacances et se donnaient des rendez-vous dans des lieux secrets. Taeyong n'y croyait pas trop. Force était de constater que pendant ces trois années, Jaehyun avait refusé chaque avance des filles qui s'étaient confessées. Blonde, brune, rousse, fine, maigre, ronde, appareil dentaire ou non, toutes avaient été rejetée avec une grande douceur, si bien qu'aucune d'elle ne lui en avait voulu. Contrairement à tous les types qui, sous prétexte qu'ils avaient une belle gueule, se permettaient d'humilier ces filles, Jaehyun pesait toujours ses mots pour ne pas froisser leurs sentiments. Il conservait leur cadeau, leur adressait des sourires tout en mettant fin à leurs espoirs. Taeyong le voyait comme un magicien. Il détruisait les rêves sans causer de mal. Il ne savait pas encore s'il serait capable de retenir ses larmes après avoir été rejeté à son tour, ou même s'il aurait le courage de lui donner cette lettre, mais il voulait saisir sa chance. L'année prochaine, Jaehyun partirait surement pour une université prestigieuse. Lui resterait ici, à Atlanta. Il ne pouvait pas laisser sa chance passer sinon, il le regretterait toute sa vie.
La lettre était finie. Taeyong la glissa dans une enveloppe qu'il rangea dans son sac. Plus que dix minutes avant que son beau-père ne rentre du bar. Même torché, il était ponctuel. Taeyong se demanda vaguement s'il avait pris une douche. Il eut beau se concentrer, il ne parvint pas à s'en rappeler. Seules les traces d'eau dans la salle de bain lui indiquèrent qu'un des autres s'étaient probablement servi de la douche. Il haussa les épaules et se déshabilla tout de même. Il lança sa playlist puis grimpa dans la baignoire. L'eau brûlante dans son dos détendit instantanément ses épaules. La prochaine heure s'annonçait rude. Il comptait sur Royce pour encaisser les coups et sur Molly pour panser ses plaies. Malheureusement, il ne savait jamais vraiment si ces deux-là répondraient présents. C'était pile ou face. Les bleus de la dernière fois le faisaient encore souffrir. Il pria un instant pour que les gardes nocturnes de sa mère se terminent rapidement. Elle l'avait prévenu que la semaine prochaine, ses soirées seraient libres. Sept jours suffisaient pour que son corps récupère et se prépare au nouvel assaut. Quand elle était là, Mike, son beau-père, jouait son rôle à la perfection. Il n'allait même pas boire ou bien s'il le faisait, c'était au beau milieu de la journée. Il n'était pas assez courageux pour oser lever la main sur Taeyong lorsqu'elle était là.
Mais dès qu'elle s'en allait, le démon réapparaissait. L'alcool inhibait complètement sa raison. Après quelques tournées au bar, Mike ressemblait à un animal. Un loup pour être précis. Il n'était plus tout à fait humain mais pas encore assez bestial pour commettre l'irréparable. Il se contentait d'écorcher sa proie sans jamais la tuer. Il aimait la torturer, jusqu'à ce qu'elle supplie qu'on l'achève, jusqu'à ce qu'elle soit complètement déshabillée de sa dignité. C'était à ce point, qu'il était cruel. Ses ongles et ses poings laissaient des traces de sang sur le parquet. Tous les matins, Taeyong se réveillait à l'aube pour les nettoyer. Le pire aurait été que sa mère tombe dessus. Il ne voulait pas. Car il savait parfaitement qu'en apprenant ce que Mike lui faisait subir, elle le chasserait et se mettrait à culpabiliser. Et il était hors de question que Taeyong la laisse se morfondre à cause de cet abruti. Il savait aussi, même s'il ne voulait pas l'admettre, que Mike n'accepterait pas d'être mis dehors. Il finirait par revenir et alors, sa colère serait terrible. Taeyong était persuadé qu'il s'en prendrait à sa mère. Alors il faisait son possible pour la protéger. Il encaissait les coups en serrant les dents. C'était comme ça depuis qu'il avait sept ans. Même à vingt ans, il endurerait encore la douleur. Il avait pris la décision de rester dans cette maison tant que Mike y serait. Il était inconcevable qu'il prenne le risque de laisser sa mère seule avec un homme aussi dangereux. Elle n'y verrait que du feu. Elle était tellement contente d'avoir son fils auprès d'elle qu'elle ne se rendrait même pas compte de ses réelles intentions.
Taeyong sortit de la douche et se prépara. Il se coucha dans son lit et drapa la couverture au-dessus de ses épaules. Parfois, Mike le croyait endormi et partait se coucher sans insister, d'autre fois, il démontait son lit, retournait le matelas, brisait les lattes. C'était impossible de prédire ce qu'il allait faire. Au fond de lui, Taeyong espérait que les coups de la veille lui aient suffi. Ses côtés étaient probablement fêlées, une autre raclée risquait de les casser.
Le bruit des clés qu'on balance et de la porte qui claque résonna au rez-de-chaussée. Il était là. Ses pas lourds firent grincer les marches de l'escalier comme dans un film d'horreur. La tension montait. Taeyong avait peur. Il se crispa et serra la couverture dans ses poings. Il était dos à la porte mais pouvait sentir le regard de Mike sur lui. L'odeur d'alcool et de vomi lui chatouilla les narines. Il empestait. Sans même le voir, Taeyong pouvait l'imaginer rouge et transpirant, la mâchoire contractée et les poings serrés. Il pria pendant une minute. Le silence s'étendit et il crut presque que Mike avait fait demi-tour. Mais lorsqu'une main poilue empoigna ses cheveux et releva sa tête d'un coup sec, il comprit que ce soir, la chance n'était pas de son côté. Une douleur chaude se répandit dans sa nuque et lui provoqua un hurlement.
« Tiens, tiens... Quelqu'un ferait-il semblant de dormir ? »
Taeyong secoua la tête et ferma les yeux. Mike avait approché son visage du sien. Son haleine pestilentielle s'abattait sur son visage. Il eut un haut le cœur mais plaqua sa main devant sa bouche juste à temps. Ce n'était pas le bon moment pour vomir. Ca ne ferait que l'enrager un peu plus. Et il semblait déjà suffisamment en colère. Dans ces moments-là, Taeyong avait appris que la soumission était la meilleure façon de s'en sortir. Subir en se taisant et prier pour qu'il se lasse rapidement. Si le jouet ne résistait pas, ce n'était plus vraiment intéressant.
Mike l'obligea à se lever et, sans lâcher ses cheveux, le jeta au sol. Taeyong roula sur plusieurs mètres jusqu'à heurter son placard. Le choc lui coupa la respiration. Une douleur sourde se répandit dans son dos mais il ne parvint même pas à crier. Il n'avait plus de souffle. Malgré la souffrance et la terreur, il eut le réflexe de protéger son estomac avant que les coups ne commencent. Il savait bien que Mike finirait par immobiliser ses poignets mais tant qu'il n'y pensait pas, il pouvait au moins s'épargner la toux sanguinolente. Le bout de la chaussure heurta son avant-bras. Rien qu'il ne puisse pas supporter. Mike recommença à nouveau, encore et encore. Il ne visait jamais le visage. Pas besoin de s'attirer des emmerdes, disait-il. « T'as tout aussi mal quand je te frappe les couilles. »
Son talon pressa sa cuisse où un bleu s'était formé et Taeyong poussa un cri transperçant.
« Pas vraiment docile hein » souffla Mike en augmentant sa pression. Taeyong serra les dents. Ses lèvres tremblaient. Il avait mal mais ce n'était rien comparé à ce qui l'attendait. Son esprit pensa à Royce. Lui seul pouvait endurer les os brisés, les veines éclatées, les brûlures de la cigarette.
Pitié... pitié.
Taeyong savait que si Mike continuait, il allait s'évanouir. Certains auraient vu ça comme une échappatoire. Lui savait que s'il perdait conscience, Mike remportait la partie. Il n'avait aucun scrupule à souiller son corps inerte. Taeyong était parfaitement conscient que lorsqu'il ne pouvait rien faire pour se défendre et encore moins pour se souvenir, Mike en profitait. Il ne le salissait pas seulement de son sang. Ce n'était qu'au petit matin qu'il découvrait ses vêtements déchirés, ses cuisses couvertes de sang et, sur le côté, une capoté remplie. C'était arrivé deux fois. Il ne se souvenait de rien. Mais le traumatisme n'en avait pas été moindre. Après ces incidents Molly était restée aux commandes pendant un mois. Le changement s'était fait naturellement. Elle était la plus courageuse, la plus vaillante de toute. Elle ne voulait pas que Taeyong souffre, alors elle avait enduré la douleur pour lui.
Mike fit le tour de Taeyong. Son pieds rencontra à nouveau ses côtes mais cette fois, il ne reçut pas de cris, ni de sanglots. Seulement un regard noir et chargé de haine. « A qui ai-je à faire cette fois ? » cracha Mike. Ses postillons se déposèrent sur le visage fermé de Taeyong et il eut un éclat de rire sadique.
- Oh je reconnais cet air fâché. Royce, c'est ça ?
- Bien-vu enfoiré !
Royce n'effrayait pas Mike. Oui, il était physiquement plus fort que Taeyong et savait se servir de ses poings mais il ne valait rien à côté des cent-dix kilos de Mike. Et puis son apparence chétive, et sa maigreur donnait confiance à Mike. Peu importe l'entité présente, il était toujours persuadé d'être face à Taeyong. Royce se redressa contre le placard avec une grimace. Mike s'agenouilla à sa hauteur avec un sourire diabolique.
- Tu pues, lâcha Royce d'un ton blasé. Et tu ne me fais pas peur alors tu ferais mieux d'aller te coucher et de laisser Taeyong tranquille.
- Et puis quoi encore ? Le jeu ne vient que de commencer.
Mike acheva sa phrase par un coup de poing dans l'estomac de Taeyong. Royce reçut l'impact avec un grognement. Son ventre était contracté mais ça ne l'avait pas empêché de sentir la douleur. Il se pencha à l'avant, les cheveux devant les yeux et commença à vomir. Comme toujours, Taeyong n'avait pas avalé grand-chose. Il savait qu'il finirait par recracher son repas. Son corps ne supportait plus rien. Mike se redressa avec une moue dé goût.
- Tu pourras dire à Taeyong et tous tes petits copains que j'arrêterai d'emmerder ce fils de pute lorsqu'il arrêtera d'être un dégénéré mental. Il me fait honte. Vous devriez tous avoir honte, vous n'êtes qu'une bande de monstres, un ramassis de déchets. La société ne veut pas de vous, personne ne veut de vous. Bordel de merde. Fallait que j'épouse la seule conne avec un gamin demeuré.
Royce ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase qu'il bondit de sa position et se jeta sur lui. Chaque mot que les autres percevaient comme un poignard en plein cœur, lui donnaient de l'énergie. Mike alimentait sa colère, lui rendait la force qu'il croyait disparue.
- Répète un peu, enfoiré !
Sa voix ne ressemblait plus à celle de Taeyong. Elle était grave, enragée, effrayante. Son corps entier ne ressentait plus la moindre douleur. C'était comme si chaque bleu, chaque égratignure avait disparu. Il était en transe. La colère exorbitait ses yeux, découpait les veines de ses tempes. A ce moment plus rien n'avait d'importance. Tout ce qu'il voulait était achever ce type, le détruire complètement pour que plus jamais il ne puisse faire de mal à l'un d'entre eux. Royce se déchaîna. Il frappa encore et encore. La salive ruisselait sur son menton tremblant. Le visage de Mike devint un brouillon rouge. Il ripostait tant bien que mal, mais Royce était incontrôlable. Tous les autres lui hurlaient de continuer. Leur voix, leur soutien décupla ses forces.
- C'est à cause de toi si on est là ! A cause toi ! hurla-t-il en assénant un dernier coup.
Il était essoufflé. Mike ne bougeait plus. Il se tenait le visage en grognant.
- Tu vas regretter ce que tu viens de faire. Taeyong ne pourras pas se réfugier indéfiniment derrière vous. Je vais le détruire, jusqu'à ce qu'il ne soit qu'une coquille vide.
- Pas tant que nous serons là.
Ces derniers mots scellèrent la discussion. D'un regard, Royce dissuada Mike d'aller plus loin. Mike se traîna jusqu'à la sortie en titubant et ferma la porte dans son dos.
Pour la première fois, ils avaient gagné. Royce ferma les yeux. Trish était là, tout près. Elle voulait sa place.
« Non Trish... Ne fais pas ça... » murmura Royce. Tous savaient que si elle apparaissait, Taeyong allait souffrir. Ces appels se perdirent dans le vide de la chambre. Trish les ignora et se montra. Aussitôt qu'elle apparut, Taeyong fondit en larmes. Des sanglots violents agitèrent son corps. Trish ne se rappelait plus de rien. Elle n'avait que la douleur comme preuve du passage de Mike. Elle ne savait pas ce que Royce avait fait. Tout ce qu'elle voyait, étaient les traces de sang sur le plancher. Pas de doute, c'était le sien. Elle se traîna jusqu'à la table de nuit et tout en pleurant, sortit une lame de rasoir. Taeyong avait jeté tous les stocks mais elle en avait rachetées sans qu'il ne le sache. Elle ignora la voix de Maya qui la suppliait de ne rien faire et pressa la lame contre son bras. Une première fois, puis une deuxième. De fines gouttes de sang perlèrent et roulèrent le long de sa peau bleutée. Elle les regarda, presque hypnotisée. Trish n'appuyait jamais très profondément. Elle ne voulait pas mettre en danger la vie des autres, ou même celle de Taeyong. Elle n'était pas suffisamment égoïste pour tous les faire disparaître. Mais elle avait besoin de cette souffrance pour ne pas perdre la tête. Pour se dire qu'elle gardait le contrôle de quelque chose. Elle ne tirait aucun bénéfice de ces cicatrices roses. Non, ça ne faisait pas du bien comme certains le prétendaient. C'était juste douloureux. Mais c'était la seule façon qu'elle avait trouvé pour arrêter de penser à Mike, aux coups que Taeyong recevait et qui l'impactait, elle aussi. Trish avait toujours été la plus sensible de tous. Molly et Royce étaient les fortes têtes. Elle, compensait leur fierté et leur courage par sa timidité, son extrême sensibilité et son incapacité à supporter la critique. Lorsque Taeyong s'était cassé la cheville, c'était elle qui avait pleuré dans les bras de sa mère. Lorsqu'il avait vu le Titanic pour la première fois, c'était elle qui avait vidé les boîtes de mouchoirs. Lorsqu'il avait eu sa première mauvaise note ou qu'il avait été convoqué par le directeur, c'était elle qui s'était effondrée. Trish, avait beaucoup de mal à gérer les émotions. Elle se laissait submerger et attendait qu'elles la contrôlent. Aujourd'hui n'échappait pas à la règle. Elle souffrait. La douleur était insupportable, pourtant elle continua de frotter la lame également sur les deux bras. Il fallait absolument qu'il y ait le même nombre de traits des deux côtés. Lorsque ses mains furent couvertes de sang et que la lame commença à lui glisser des doigts, elle la lâcha et se mit à sangloter dans ses genoux. Maya prit le relais. Chaque nouvelle apparition était accompagnée d'une amnésie totale. Les entités devaient toujours consulter le téléphone de Taeyong ou observer les pièces pour comprendre ce qu'il s'était passé ou ce qu'ils étaient supposés faire. Chacun laissait un mot dans le bloc-notes de son portable pour que l'entité suivante puisse se débrouiller. La plupart du temps, Taeyong gardait le contrôle de son corps. Mais dès que ses émotions en prenaient un coup, les autres venaient lui porter secours. Maya mit quelques minutes à comprendre ce qu'il s'était passé. L'état de la chambre lui indiqua que Mike était passé et que Trish avait terminé le travail. Elle se leva difficilement, non sans grimacer et tituba jusqu'à la salle de bain. Ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller Mike.
Elle nettoya les plaies avec du désinfectant puis banda chaque avant-bras. Une fois les compresses cachées au fond de la poubelle, elle passa une serviette sous l'eau et retourna à la chambre où elle commença le nettoyage. Une demi-heure plus tard, Taeyong, épuisé, lâcha la serviette et se traîna jusqu'à son lit. Il jeta un coup d'œil à ses avant-bras et soupira. Trish ne l'avait loupé cette fois. La météo annonçait un soleil de plomb le lendemain.
« Devinez qui va porter des manches longues ? »
Il s'allongea sur son lit, exactement dans la même position où Mike l'avait trouvé et s'endormit. Demain serait une belle journée. Il le savait.
***
Taeyong se prépara avec un grand soin. D'habitude, il enfilait les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main. Ce n'était pas comme si Jaehyun allait poser ses yeux sur lui. Mais aujourd'hui, il passa plusieurs minutes devant son placard à se demander s'il valait mieux une chemise ou un tee-shirt. Il opta pour la chemise. Tant pis s'il passait pour un coincé. Il revêtit un jean assez large pour ne pas coller à sa peau et suffisamment long pour cacher ses bleus, puis coiffa ses cheveux avec du gel. Il enfila ensuite ses baskets et descendit à la cuisine. Pas de Mike en vue. Il poussa un soupir de soulagement. Devant le plan de travail, sa mère découpait du pain. En la voyant, Taeyong eut un sourire. Elle avait l'air éreinté mais elle lui rendit son sourire malgré la fatigue.
Ils déjeunèrent ensemble, en discutant de tout et de rien. Sa mère était rentrée une heure plus tard en espérant pourvoir manger avec lui avant d'aller dormir. Taeyong la remercia d'un tendre baiser sur le front.
- Il faut que j'y aille. Dors.
- Mike est toujours au lit ? demanda-t-elle end débarrassant les bols.
- Comme d'habitude. Ne fais pas attention à lui.
Sa mère savait qu'entre eux, le courant ne passait pas mais elle n'avait aucune idée de ce qui se tramait réellement. Elle laissa couler la remarque de son fils et l'observa retoucher sa coiffure dans le miroir.
- Tu es tout beau, dit-elle.
- Merci M'man.
- Tu ne vas pas avoir chaud avec ta chemise ? Ils annoncent vingt-huit degrés.
Sa remarque eut pour effet de faire réagir Royce qui lui lança un regard noir.
- De quoi je me mêle ? C'est pas tes oignons !
Son ton défensif, fit sursauter sa mère. Surprise, elle leva les mains en signe de défense.
- Désolée, Royce.
- C'est bon... juste pose pas de question. Il avait envie de mettre une chemise, il la met.
Avec les années, sa mère avait appris à distinguer toutes ses entités. Ce n'était pas pour autant qu'elle savait quand l'une d'elle allait se montrer. Ca, même Taeyong ne pouvait pas le prédire. Elle les appréciait chacune à leur façon. Excepté pour Royce qui lui donnait souvent du fil à retordre. Mais elle n'avait pas à se plaindre. Son fils avait été plutôt gâté malgré la maladie. Aucune de ses entités n'étaient criminelles ou ne lui voulait du mal. Enfin, c'était ce qu'elle croyait. Malgré toute l'affection qu'elle avait pour Maya ou Jeff, elle gardait une préférence pour Taeyong car elle savait, au fond, que ses entités n'étaient que des répliques de son fils. Aucune ne se rapprochait de sa vraie personnalité. C'était lui son enfant. Pas les autres.
- Bonne journée, dit-elle.
- Merci.
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