N°19 Lucas X Jungwoo NCT PART 2 /!\
Question pour vous à la fin♡
- Aïe aïe aïe! cria Yukhei en se cramponnant aux barreaux métallique du lit comme à sa propre vie.
Si d'ordinaire il s'interdisait de partager sa souffrance à l'infirmière, aujourd'hui il ne se retenait plus et laissait libre cours à sa douleur insupportable. Les larmes maculaient déjà ses joues alors que Jungwoo n'avait retiré que le premier pansement. La plaie exposée sembla plus profonde à l'air libre et Jungwoo grimaça en apercevant les vaisseaux rouges qui battaient sous la peau.
Yukhei agrippa son avant-bras et serra sa main entre les siennes, les yeux clos.
- J-J'ai mal...
- Je sais. Je suis là, respire tout va bien.
La morphine commença à agir et Yukhei finit par libérer la main de Jungwoo qui put terminer sa tâche laborieuse. Complètement nu, il se laissa toucher sans vraiment ressentir la sensation des doigts de Jungwoo contre son corps. La peau étrangère qui le recouvrait n'était plus la sienne et il eut l'impression d'avoir volé la vie d'un autre. C'était comme s'il vivait dans le corps d'un inconnu, ce sentiment le fit frissonner.
Jungwoo fit son possible pour ne pas s'attarder bien longtemps sur l'intimité de Yukhei mais étant donné que ses cuisses antérieures et ses fesses avaient été carbonisées, il ne put faire autrement que de jeter de petits coups d'oeil pas si discrets.
Yukhei tenta de faire comme s'il n'avait pas remarqué, seulement il échoua lamentablement et devint écarlate lorsque la main du médecin frôla involontairement son entre-jambe. Ce n'était pas la première fois que Jungwoo changeait les pansements de ses patients pourtant, il se sentit terriblement mal à l'aise et s'excusa précipitamment.
- P-Pardon! C'est ma m-main, elle-
- C'est bon. Aucun souci doc, murmura Yukhei d'une voix que la morphine avait rendu pâteuse.
Son esprit embaumé par la légèreté lui fit fermer les yeux et lorsqu'il les ouvrit à nouveau, il remarqua le regard insistant de Jungwoo sur son intimité et lâcha un petit rire.
Pas vraiment conscient de ce qu'il disait et sur le point de s'endormir, il demanda:
- Qu'est-ce que vous regardez comme ça?
Pris en flagrant délit, Jungwoo sursauta et arracha d'un coup sec le pansement qu'il tenait à bout de doigt, arrachant un hurlement de douleur de Yukhei.
- P-pardon! Tu m'as surpris, j'ai cru que tu dormais.
Yukhei renversa la tête à l'arrière en exposant sa pomme d'Adam et grogna.
- Non... Je l'ai bien sentie passer celle-là.
Jungwoo ignora la culpabilité qui lui compressait la poitrine et continua sa tâche avant de demander à Yukhei de s'allonger sur le ventre, pour nettoyer son dos et l'arrière de ses jambes.
Qu'est-ce qui me prend putain... C'est un gosse merde! Et un garçon!
Jungwoo s'en voulut pendant une fraction de seconde et mit son comportement sur le compte de la fatigue, du stress et du manque. Être constamment seul lui valait d'être en permanence excité mais rien ne le rassasiait. Il parvenait à canaliser son besoin en se plongeant dans le travail mais aujourd'hui il n'y arrivait pas.
Johnny lui disait sans cesse que se retenir n'était pas bon pour la santé mais Jungwoo refusait de s'abaisser aux coups d'un soir. Il avait une fierté et respectait suffisamment les femmes pour ne pas les traiter comme des torchons.
"Trouve en une qui vaille la peine de rester avec" lui disait Johnny qui avait réponse à tout.
Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Jungwoo avait bien supporter quatre ans sans personne, il pouvait s'en sortir. Seulement, face à Yukhei, les murs qu'il avait bâtis s'effritaient peu à peu et déjà il percevait la première fissure.
Sa main passa délicatement entre ses omoplates qu'il caressa du bout des doigts et il retint un soupire, dépité.
C'était la première fois qu'il percevait la beauté d'un corps brûlé et il songea que c'était peut-être la beauté de Yukhei lui-même qui influençait sa vision des choses. Car Yukhei faisait partie de ses êtres magnifiques qu'on ne rencontre qu'une seule fois dans sa vie. Ces gens qui nous impressionnent continuellement par leurs mots, leur force et leurs actions.
Yukhei, lui, n'avait pas eu besoin de parler pour que Jungwoo décèle sa beauté inhumaine. Alors qu'il était plongé dans le coma, son médecin avait récupéré le carton de ses affaires personnelles qui n'avaient pas brûlées dans l'incendie.
Un carnet décoré de notes d'encre noires, quelques médailles, une peluche vieillie par les années et la maltraitance de la bouche d'un enfant de cinq ans, un album photo et un pendentif doré.
Yukhei avait perdu toute sa famille dans cet incendie, survenu au beau milieu de la nuit. Il était si jeune et n'avait déjà plus personne sur qui compter. Jungwoo s'était senti responsable de lui comme s'il était celui qui avait oublié de fermer la trappe de la cheminée.
- J'aimais chanter, avant.
- Quoi?
- Je sais que vous êtes en train de vous demander à quoi ce carnet servait, dit Yukhei en pointant la boîte en carton qui gisait au pied du lit.
- Comment est-ce que-
- Y'à qu'à voir la manière dont vos yeux se perdent dessus. Ça fait déjà trois minutes que vous frottez votre main sur le pansement. Je pense qu'il est bien collé là.
- Très observateur à ce que je vois.
Jungwoo joua la carte de l'ironie pour cacher sa gêne mais échoua lamentablement et vira au rouge écarlate. Peu importe la volonté qu'il mettait pour se convaincre que ce n'était pas le cas, il était terriblement conscient que Yukhei ne le laissait pas indifférent. Étant donné leur relation strictement platonique, Jungwoo se sentit... découragé. Comme si on lui offrait quelque chose et qu'on le lui reprenait peu de temps après. Il était attaché à Yukhei d'une manière bien trop anormale pour qu'il ne s'agisse que d'une simple compassion comme c'était le cas avec ses autres patients. Avec Yukhei c'était différent, il y avait autre chose.
- Je ne pourrais plus jamais chanter. Mes cordes vocales ont été abîmées par la fumée. D'où ma voix grave.
- Et les médailles, elles...
- Je les ai gagné après des concours. J'ai toujours voulu devenir chanteur. Maintenant c'est trop tard. Je ne peux plus, chuchota Yukhei en sentant les larmes lui monter aux yeux. Je ne sais plus chanter. Je n'ai plus de rêves. C'est fini.
En voyant cet adolescent dévasté par la vie et à qui on avait tout arraché, tout pris, Jungwoo sentit son cœur se réduire en lambeaux. Il avait si mal pour lui, il aurait aimé l'aider, mais comment? Il n'était qu'un médecin pas un magicien. La science ne pouvait pas lui redonner ce qu'il avait perdu.
Jungwoo essuya les larmes qui tombaient sur la peau de son patient et serra les dents. Il ne pouvait pas pleurer devant lui. S'il ne lui donnait pas d'espoir, qui le ferait à sa place?
Sans un mot, Jungwoo posa sa joue contre la peau carbonisée de Yukhei et caressa doucement ses reins jusqu'à ce que la morphine l'endorme. Il voulait l'aider. Il devait le reconstruire. Et il était prêt à lui offrir tout l'amour dont il disposait, quitte à souffrir en retour.
***
Les mois passèrent et Yukhei s'habitua à son nouveau corps et sa nouvelle routine. L'infirmière avait disparu de la circulation et seul Jungwoo prenait soin de lui, à temps plein. Ses heures de travail se rallongeaient un peu plus chaque jour et l'épuisaient davantage. Il était si fatigué qu'il lui arrivait fréquemment d'oublier de manger. Le soir, il luttait pour ne pas s'endormir au volant, rentrait chez lui et s'endormait sur son canapé, encore tout habillé. Il se douchait à l'hôpital lorsqu'il y pensait et avait la force et se nourrissait essentiellement de compléments alimentaires.
Les rôles s'étaient inversés. Yukhei craignait que son médecin ne se laisse dépérir à cause de lui. Il se sentait terriblement coupable de l'accaparer ainsi mais ne pouvait renoncer à l'abandonner parce qu'il le voulait pour lui tout seul. À travers ces quatre mois passés à ses côtés, ses sentiments avaient évolué et il en était désormais sûr: il était amoureux de l'homme qui lui avait sauvé la vie. Malgré leur différence d'âge, Yukhei se sentait responsable de Jungwoo et veillait sur lui chaque fois qu'il tombait de fatigue au beau milieu d'un soin.
Il n'était pas étonnant que Jungwoo s'effondre sur une chaise ou contre Yukhei à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Son sommeil était en permanence torturé par des images d'échec et de tourments. Il vouait sa vie entière à aider ce garçon qui lui manquerait terriblement, une fois parti et était torturé par la peur de ne pas réussir.
À force de passer du temps ensemble, Yukhei avait appris beaucoup de la vie de son médecin et réciproquement Jungwoo connaissait chaque mimique du visage de son patient et était capable de traduire chacun de ses regards. Yukhei était très curieux à son sujet et lui posait toutes sortes de questions autant anodines qu'intimes.
Assis dans son fauteuil roulant, Yukhei tamponna sa sueur avec le mouchoir que Jungwoo lui avait offert. Il venait de terminer sa séance de rééducation et si Jungwoo ne s'était pas tenu pas au bout de la rampe, il n'aurait jamais été capable de faire tous ces pas. La force dans laquelle il puisait ne se trouvait pas en lui, mais en face de lui. Jungwoo était sa force.
Les pansements avaient disparus mais la douleur, elle, persistait.
Réapprendre à marcher était bien plus compliqué que le schéma que s'en était fait Yukhei. La frustration d'être incapable de tenir debout l'avait fait pleuré des dizaines de fois. Les premières séances avaient été les plus éprouvantes, physiquement et émotionnellement. À peine debout, ses jambes avaient cédé instantanément et il avait chuté sur le sol dur. Abattu par le désespoir et l'envie de tout abandonner, il avait frappé avec rage le carrelage froid et avait hurlé pendant d'interminables minutes sa colère, jusqu'à ce que Jungwoo le soulève et le porte contre lui pour le faire s'asseoir sur sa chaise roulante.
Face au garçon démuni, Jungwoo n'avaient pas insisté et l'avait directement ramené à sa chambre. Alors qu'ils avaient fendu les couloirs, tous les patients avaient entendu les pleurs désespérés de Yukhei qui frottait inlassablement ses joues rouges, mais aucun d'eux n'eut le cœur brisé comme Jungwoo.
Avec le temps, Yukhei avait compris que ce n'était pas en regardant ses pieds qu'il avancerait mais bien en se plongeant dans les yeux attentifs de son médecin qu'il se dépasserait.
Depuis quatre séances, il parvenait, difficilement tout de même, à faire quelques pas qui lui valaient de s'échouer finalement contre le torse de Jungwoo, en sueur et pantelant. Jungwoo le félicitait toujours d'une tape dans le dos et décidait d'aller le promener dans les jardins aux alentours de l'hôpital où ils déjeunaient ensemble.
Alors, comme convenu, après que Yukhei se soit rafraîchi, Jungwoo sortit par la porte arrière et poussa sa chaise roulante jusqu'à leur repère habituel: un petit banc à l'ombre d'un cerisier.
- Je vais acheter des sandwichs. Je reviens, prévint Jungwoo en s'éloignant.
Yukhei regarda sa blouse blanche disparaître derrière les portes de l'épicerie d'en face et sourit, paisible. Les oiseaux qui habitaient l'arbre se chamaillaient déjà ce qui résultat d'une cerise écrasée sur sa blouse blanche. Il l'essuya du revers de la main et lorsqu'il releva la tête, un sac plastique rencontra son visage.
- Je t'ai pris une tarte au chocolat. Je sais que tu les adore, dit Jungwoo en ouvrant le sac.
- Merci...
Yukhei défit timidement l'emballage de son sandwich et attendit que Jungwoo soit concentré sur le sien pour lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.
- Jungwoo... est-ce que vous êtes toujours célibataire?
- Hm? Oui. Ça n'a pas changé depuis la dernière fois. Je n'ai toujours pas le temps. Pourquoi?
Depuis la dernière fois, Yukhei en avait appris plus sur le médecin mais toujours pas assez pour être pleinement satisfait. Il voulait tout connaître l'homme dont il était amoureux et c'était normal.
Jungwoo avait un visage doux et une peau parfaitement lisse qui n'attendait que d'être marquée. Yukhei n'avait jamais eu de petit-ami et n'avait jamais couché avec personne. La musique étant sa seule préoccupation, il ne s'était jamais posé la question de s'il plairait toujours aux autres. Avec un corps comme celui dans lequel il vivait, c'était maintenant, définitivement couru d'avance. Il n'avait encore rien expérimenté et déjà, la vie lui avait filé entre les doigts. Plus personne ne voudrait jamais de lui. En y songeant, ses épaules s'affaissèrent et le regard d'aigle de Jungwoo ne manqua pas de le remarquer. Depuis sa rencontre avec Jungwoo, l'envie de le toucher était devenu une obsession. Yukhei voulait goûter au plaisir charnel, seulement le dégoût que son propre corps inspirait, repoussait tous ceux qui s'en approchaient. Et Jungwoo n'était pas une exception, enfin c'est ce qu'il pensait.
- Je vous demande ça parce que... vous voir aussi seul... Ça me fait du mal, vous méritez de trouver quelqu'un.
- Mais j'ai quelqu'un. J'ai mes patients, je t'ai toi, répondit Jungwoo en se concentrant sur le visage pâle de Yukhei qui sourit discrètement.
- Est-ce que vous pensez qu'avec un corps brûlé à 90 %, je finirai par trouver quelqu'un moi aussi? Je suis affreux...
- Ne dis pas ça s'il te plaît, soupira Jungwoo avant de déposer son sandwich pour saisir les mains de Yukhei dans les siennes. Il s'accroupit à la hauteur de son fauteuil roulant et se pinça les lèvres, sachant pertinemment qu'il était sur le point de dire la plus grosse connerie de toute sa vie entière.
- Tu es magnifique Yukhei, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Je n'ai pas souvent le privilège de te voir sourire mais lorsque tu souris, j'ai l'impression de voir un ange.
- Ne dites pas de bêtises, je suis loin d'en être un.
- Si tu veux tout savoir, m'occuper de toi apporte beaucoup de joie à ma vie.
Yukhei se sentit rougir et ferma les yeux quelques instants. Ses narines enflèrent avec l'odeur du printemps et il recueillit tout son courage pour avouer:
- Docteur... Je crois que... que... je vous aime.
***
Johnny sursauta en entrant dans la salle de réunion qu'il pensait inoccupée. Sur la table, face à un gobelet de café fumant, reposait le visage lugubre de Jungwoo qui fixait le vide avec une moue septique.
- Ça va pas fort on dirait.
- Tu ferais quoi à ma place? demanda-t-il avec évidence comme si Johnny savait de quoi il parlait.
- Je prendrais une bonne douche et je mettrais un coup d'anti-cerne, tu fais peur à voir, sérieux.
- Je suis désespéré.
- Je le comprends bien, rajoute le déo à la liste, tu pues.
- Je souffre...
- Tu dois être atrocement malade pour avoir pris trois jours de congé.
- Mon cœur a cessé de fonctionner, geignit Jungwoo.
- Tu veux que j'appelle le service de réanimation?
- Pourquoi ne puis-je pas être heureux? Pourquoi la vie est si cruelle?
- Ils sont très bon ces chocolats-
- Johnny est-ce que tu m'écoutes au moins?!
- Oui et ça fait dix minutes que tu te lamentes pour je ne sais quoi!
- Je suis amoureux d'accord?
- Attends quoi?
Le chocolat que Johnny mâchait tomba en pâté marron sur la table et il l'essuya du bout de l'index avant de le ravaler.
- Et il m'aime aussi!
- Mais c'est super! tu vas enfin prendre un peu de temps pour toi et arrêter de ne penser qu'aux autres. Vous êtes en couple?
- N-non...
- Comment ça se fait? demanda Johnny en avalant un deuxième chocolat.
- J'ai comme qui dirait paniqué lorsqu'il m'a avoué ses sentiments...
- Paniqué? Ou paniqué!
- Je me suis enfui en courant. Littéralement. Je ne l'ai pas vu depuis trois jours.
- Mais t'es pas croyable! Qu'est-ce que tu attends pour aller lui parler?! Il doit flipper, tu n'imagines même pas.
- Je ne peux pas lui dire que... que je l'aime.
- Quand on veut, on peut.
- Ce n'est pas le problème. C'est juste que c'est un patient et que... qu'il est plus jeune que moi, avoua Jungwoo en imaginant le visage de Yukhei.
Ses joues virèrent au cramoisi et il se mordit la lèvre pour ne pas les laisser les larmes de souffrance émerger à la surface. Il avait trop joué dès le début et maintenant que la machine était enclenchée, il ne pouvait plus revenir en arrière. Yukhei devait lui en vouloir pour être parti précipitamment et lui même regrettait son comportement, mais à ce moment là, la fuite lui avait semblé l'issue la plus facile. Il ne savait pas quoi répondre. Il ne pouvait pas le rejeter car c'aurait été synonyme de mensonge, mais accepter sa confession les aurait conduit à l'inévitable et Jungwoo ne pouvait pas s'engager avec un patient aussi jeune. C'était une idée folle et pourtant il aurait aimé pouvoir le faire.
- Pourquoi tout est si compliqué...? Pourquoi je ne peux pas simplement lui dire que... que je l'aime. Depuis que je l'ai opéré... Depuis que je lui ai parlé pour la première fois... mon cœur... est comme revenu à la vie. Je ne veux pas qu'il quitte cet hôpital parce que je suis assez égoïste pour vouloir le garder toute ma vie à mes côtés, mais je veux qu'il s'en sorte... Qu'est-ce que je dois faire? Aide moi.
***
Le cœur battant à tout rompre, Jungwoo fendit le couloir, bousculant au passage un interne. Sa main reposait sur sa poitrine derrière laquelle une tempête d'angoisse et d'appréhension se déchaînait. Les mots de Johnny résonnaient encore das son esprit et il les répéta à voix haute comme une incantation. " Va le voir. Dis lui que tu l'aimes. L'âge n'a pas d'importance. Ça fait trop longtemps que t'es malheureux alors merde, croque la vie à pleine dent pour une fois!"
Sa main s'arrêta sur la poignée de la porte derrière laquelle une voix rauque fredonnait doucement. Les yeux clos, Jungwoo ferma les yeux et écouta la voix de Yukhei monter jusqu'à ce qu'elle ne se brise et qu'une longue quinte de toux ne la remplace. Au lieu de pleurer comme il le faisait à chaque fois, Yukhei réessaya mais en vain. Il n'arrivait plus à atteindre les notes qu'il chantait avec tellement d'aisance auparavant. Sa gorge douloureuse le faisait souffrir mais il n'y prêta pas attention et se rallongea dans son lit.
C'est à ce moment que Jungwoo choisit d'abaisser la poignée et d'entrer dans la chambre. D'abord penaud il avança jusqu'au lit de Yukhei sans oser affronter son regard et une fois qu'il fut bien en face de lui, il releva enfin le visage. Face à lui, Yukhei arborait un air terriblement triste.
- Hey... Ça fait longtemps.
Ça ne faisait que trois jours mais pour l'un comme pour l'autre, cette séparation avait duré une éternité. Jungwoo s'installa non pas sur la chaise mais au bord du lit de Yukhei qui évita son regard, trop mal à l'aise pour lui faire face.
- Jungwoo... Je suis désolé pour ce que je vous ai dit. J'avais besoin de vous l'avouer et... peut-être que je n'aurais pas dû. Ce n'était pas dans mon intention de vous froisser.
Yukhei parla avec calme et dextérité comme si son cœur ne menaçait pas de s'échapper de sa poitrine, comme si ses mains n'étaient pas trempées de sueur, comme s'il n'avait pas mal du tout.
- Oubliez ce que je vous ai dit. C'était stupide et-
- Tes sentiments sont tout, sauf stupides. Il t'a fallu beaucoup de courage pour m'en parler et j'ai très mal réagi. Je n'aurais pas dû partir comme ça et je te demande pardon, s'excusa Jungwoo en saisissant les doigts moites de Yukhei dans ses mains.
- Je comprendrais que vous ne vouliez plus vous occuper de moi mais... je voulais juste vous dire que... sans vous... je n'aurais pas tenu, alors merci.
- Et moi je suis venu pour te dire que je ne te quitterai pas parce que je ne tiendrai pas sans toi.
Yukhei n'eut pas le temps de répondre quoique ce soit que deux lèvres charnues s'abattirent sur les siennes, encore entre-ouverte. Jungwoo l'embrassa avec force et passion, et se permit même quelques gémissements lorsque la langue timide de Yukhei pénétra sa bouche. Ça faisait tellement de bien, lui qui n'avait plus embrassé personne depuis quatre ans. La proximité et la chaleur d'un souffle contre sa peau lui avait tant manqué qu'il se laissa faire sans songer aux conséquences de ses actes. Ils n'étaient que tous les deux et la nuit leur appartenait. Yukhei était tant occupé à marquer le cou de Jungwoo qu'il en oublia son repas, posé sur la table de nuit.
Les pâtes étaient déjà complètement froides lorsque Jungwoo jouit dans sa main en miaulant son nom, mais ça ne l'empêcha pas de n'en faire qu'une bouchée pendant que son médecin se douchait dans la salle de bain attenante. Enfin frais, Jungwoo ressortit dans un peignoirs blanc et grimpa à quatre pattes sur le lit avant de s'asseoir à califourchon sur Yukhei qui grogna.
- Ne faites pas ça ou je risque de -
- Trop tard, se moqua-t-il en sentant une bosse gonfler sous ses fesses. Tu résistes pas beaucoup quand même.
- Je résiste pas hein? susurra Yukhei avant de plaquer Jungwoo sur le lit, renversant les pâtes au passage. C'est parce que je suis un adolescent plein d'hormones qui n'attendent que de me rendre fou. C'est sûr les vieux comme vous ne comprennent pas-
- Hey! Je croyais que j'avais l'air jeune, se plaignit Jungwoo en serrant les cuisses pour que Yukhei ne puisse pas écarter son peignoir sous lequel il était totalement nu.
- Je sais, je vous taquine, même si vous êtes un p'tit vieux, je vous aime quand même.
- Quel sale gosse, souffla Jungwoo en atteignant ses lèvres.
Yukhei sourit dans leur baiser et frotta avec application leurs deux sexes séparés par les tissus blancs qui furent recouverts en un rien de temps de leur sperme chaud. Jungwoo se cambra lorsqu'il sentit l'orgasme arriver et trembla comme une feuille en contenant ses gémissements derrière ses mains qui avaient cessé de caresser les avant-bras brûlés de Yukhei. Son membre libéra tant de semence qu'il crut s'être fait pipi dessus et il rougit violemment en imaginant l'état de ses cuisses. Yukhei ne résista pas bien longtemps et jouit dans son caleçon où une tâche humide se forma. Alors que Jungwoo reprenait sa respiration, Yukhei glissa sa main sous son peignoir, pinça ses fesses et trempa ses doigts dans son humidité qu'il porta à ses lèvres avant d'embrasser celui qu'il torturait de plaisir. Sa langue transvasa le liquide visqueux jusque dans le bouche de Jungwoo qui enroula ses jambes autour de ses hanches et approfondit leur baiser. Lorsqu'ils se séparèrent, aucun d'eux ne pris la peine d'essuyer la salive qui les connectait, au lieu de quoi, Yukhei déposa son front contre celui de Jungwoo et le serra contre son torse chaud.
- Si je suis parti c'est parce que... j'ai eu peur quand j'ai réalisé que mes sentiments étaient réciproques... murmura Jungwoo en se nichant dans le cou de Yukhei qui ferma les yeux.
- Vous ne devez pas avoir peur, jamais. J'ai eu peur bien trop longtemps et ça m'a valu de perdre toute ma famille parce que j'ai flippé d'aller récupérer ce putain d'extincteur alors que j'avais le temps. Ne faites pas comme moi, s'il vous plaît.
- Que vont dire les gens... tu es si jeune et...
- Vous êtes si vieux, tellement vieux que je prends un plaisir incroyable à vous toucher et à vous embrasser. Attendez un peu que je sois guéri pour que je-
- Yukhei!
- Je suis sérieux. Si les autres vous font la moindre remarque désobligeante, je me ferais un plaisir de vous baiser juste devant eux pour leur prouver que eux n'auront jamais ce que moi je vous offre. Compris?
Jungwoo se mit à rougir et masqua sa gêne par un petit rire qui arracha un sourire aveuglant à Yukhei.
- Yukhei... arrête de me vouvoyer s'il te plaît. Tu ne peux plus, certainement pas après ce qu'on a fait.
- J'arrêterai seulement si vous me dites que-
- Que je t'aime. Tu n'as pas besoin de me le demander pour que je te le dise car je t'aime Yukhei. Je suis fou de toi et brûlé ou pas, tu es magnifique à mes yeux. Maintenant tais-toi et embrasse moi, j'ai envie de toi! ordonna Jungwoo, les joues rougies par l'excitation et le besoin.
- Ça marche doc'.
- Viens ici mon patient préféré-mh! Fais gaffe où tu mets ta main!
- Désolé, ça a glissé héhé.
Je pensais trouvé un nom pour mes lecteurs quand j'ai des petits messages à vous laisser. Est ce que ça vous plairait? Si oui des suggestions? Si certaines propositions des autres vous plaisent n'hésitez pas à voter pour ou à répéter le même nom♡
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