Une poule hors du commun
La nuit était tombée depuis longtemps et la ferme de Monsieur Raboule plongée dans un silence total. La lune, haute dans le ciel, éclairait de sa lumière les bâtiments de stockage du fermier. C'était une soirée comme les autres, calme et sans un chat pour perturber le silence presque sacré du lieu. Soudain, une ombre se dressa devant le poulailler. Avec la discrétion d'un chat, l'intrus se faufila entre les volatiles.
L'inconnu fronça les sourcils en se couvrant le nez. Il avait toujours détesté les odeurs de la ferme, et l'endroit, confiné au possible, n'aidait en rien à les atténuer. Prenant sur lui, le rôdeur déglutit et avança d'un pas. Après avoir fait tout ce chemin, il ne pouvait décemment pas faire marche arrière. Non ! Impossible. Ce serait du temps perdu, ce qu'il détestait bien plus que les odeurs de ferme. Il releva ses manches tout en observant les poules immobiles autour de lui.
Sans ménagement, il les bouscula, les retourna, les délogea de leur nid, cherchant apparemment quelque chose d'important à ses yeux. Avec un haut le coeur, il retourna la paille dans tous les sens jusqu'à ce que ses mains se posent sur son précieux butin. L'homme soupira de soulagement tandis que les poules, de leur côté, poussaient des cris d'indignation. Elles s'agitèrent, lui picotèrent les gants avec colère, et piaillèrent si fort que le vacarme réveilla le fermier Raboule qui dormait au-dessus.
Rouspétant, ce dernier enfila avec empressement une robe de chambre à carreaux et une paire de chaussons assortie puis descendit d'un pas lourd dans le poulailler, une lampe torche à la main. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir au milieu de ses poules les longues jambes poilues du maire Folichon. L'homme, simplement vêtu d'un caleçon blanc à pois jaune, d'une paire de gants noirs en cahoutchouc et de bottes kaki lui arrivant en dessous des genoux, se retourna brusquement. Des oeufs plein les bras, il jeta un regard terrifié au fermier Raboule tandis que son coeur piquait un sprint. Clignant plusieurs fois des paupières, il chercha une excuse plausible à sa présence.
Le mairie Folichon ouvrit plusieurs fois la bouche avant de lancer avec un naturel déconcertant :
-Cot, cot!
Puis, afin de donner du poids à ses paroles, le maire se dandina, accroupi, les fesses en l'air, le caleçon claquant sur ses cuisses et les bras repliés vers l'arrière.
-Cot! Cot! Cot! répéta-t-il devant le regard effaré du fermier Raboule avant de se laisser tomber entre les plumes éparpillées sur le sol.
Sans un mot, le fermier Raboule fit demi-tour à reculons, referma la porte du poulailler et retourna chez lui. Alors qu'il regagnait son lit, il se dit que plus jamais il ne verrait le Maire Folichon de la même façon. Quant au maire, si il regagna sa maison des oeufs plein les bras, plus personne ne le surprit jamais à voler quoi que ce soit.
Fin
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