FLOU ARTISTIQUE
HYUNLIX
« La capacité à produire de grandes œuvres est très souvent, quoique pas toujours, associée à une détresse momentanée si grande que, sans la joie qu'il retire de son travail, l'artiste serait acculé au suicide. C'est pourquoi nous ne pouvons pas affirmer que même les plus grandes œuvres doivent rendre un homme heureux ; nous pouvons seulement affirmer qu'elles le rendent moins malheureux. » - La Conquête du bonheur, Bertrand Russell (1930)
Depuis son plus jeune âge, Hyunjin adorait conter des histoires. Du haut de ses cinq ans, il avait déjà plongé dans cet abîme scintillant que représentait l'espace. À douze ans, ses parents lui avaient offert un tour du monde en 80 jours. Puis, à quinze ans, il avait déjà tenu la main d'une fille au cinéma devant le dernier Terminator en date. Évidemment, rien de tout cela n'était vrai. Or, il se plaisait à croire qu'à force de les énoncer à voix haute, ces sornettes finiraient par se réaliser.
Hyunjin était rêveur, penseur, créateur. Il n'avait pas beaucoup d'amis et cela lui convenait. Les travaux manuels étaient loin de le rebuter, en effet, il était rare de le croiser les mains vides. Si par miracle cela venait à arriver, ses ongles frottaient continuellement la surface de ses paumes moites et le craquement de ses doigts venaient alors briser le silence. Ses parents plaisantaient parfois : « Il est né un crayon dans la menotte ! ». En réalité, comme beaucoup d'autres avant lui, Hyunjin était né dépossédé de tout bien et il finirait, d'ailleurs, de la même façon.
Désormais âgé de vingt-et-un ans, le jeune homme avait bien grandi. Il avait abandonné les études de commerce, peu intéressé par ces matières trop peu créatives et s'était orienté vers les langues. Cependant son objectif restait le même : vivre ses rêves et rêver sa vie. En cours de route, il avait décidé que cela ne serait possible que s'il se donnait les moyens d'expérimenter toutes ces choses dont il avait tant aimé parler. Pour l'astronomie, il était peut-être un peu tard et il s'était aperçu, au fil des années, que les sciences n'étaient décidément pas son point fort. Pour les voyages autour du monde, il semblait être sur la bonne voie. En revanche, pour ce qui était des amours, il faisait face à un mur.
Comme on peut parfois l'entendre, « heureux au jeu, malheureux en amour » et Hyunjin arrondissait plutôt bien ses fins de mois grâce à son principal loisir. Ses peintures à l'aquarelle ébahissaient les plus petits, ses dessins au fusains laissaient bouche bée les amateurs et par-dessus tout, ses créations aux pastels scotchaient même les plus doués. Sa passion pour l'art n'avait fait que s'accroître avec le temps et plusieurs fois, on lui avait proposé une place d'excellence au sein d'expositions en galeries d'art.
Seulement, Hyunjin, grand amoureux de la nature et de ce qui l'entourait, avait vu sa flamme s'éteindre peu à peu, son inspiration avec elle. Depuis sa récente rupture, la page blanche hantait ses nuits. Tel un écrivain paralysé devant son clavier, il bloquait devant une simple feuille de papier. Comment se laisser aller quand un être cher vous reproche de trop vous exprimer ? Le soir, quand ses parents ne l'appelaient pas pour prendre de ses nouvelles, il s'installait sur sa chaise de bureau puis gribouillait sur un post-it jaune tout en faisant grincer les roulettes de son assise. Il disait que cela l'aidait à apprendre mais sans texte sous les yeux, c'était le déroulement de ses pensées qu'il mémorisait et celles-ci étaient saturées d'idées péjoratives inculquées par celui par qui il croyait être aimé.
Ses amis l'avaient beaucoup soutenu durant cette épreuve. Changbin et Jisung squattaient souvent son appartement pour lui tenir compagnie, Chan et Minho l'invitaient régulièrement à dîner en ville, Seungmin lui prenait les cours quand il n'avait pas la foi de sortir de son lit et Jeongin lui envoyait par message des vidéos amusantes sans modération aucune. Puis, il avait fait la connaissance de Felix. Son rayon de soleil dans cette brume intense. Il ne se souvenait plus très bien de comment il l'avait rencontré ; ce qu'il avait retenu, c'était surtout qu'il s'était toujours montré intrigué par sa personne. Comme si son existence même le fascinait, il le scrutait de ce regard vif, puissant, perçant qui pourrait presque brûler sa peau.
C'était inévitable. Que ce soit par manque d'affection ou juste touché en plein cœur par cette gentillesse sans pareille à son égard, Hyunjin était tombé sous le charme de ce bel homme. Mieux encore, il lui réserverait volontiers le terme « joli » car Felix l'était et il se foutait de ne pas respecter les conventions. La pluie d'étoiles sur ses pommettes lui rappelait la constellation du Corbeau, ses yeux bruns le renvoyait à la douceur du café en lendemain de soirée et sa chevelure, aux champs de blé le long desquels lui et sa mère remontaient, en rentrant de promenade, l'été. Il était sa bouffée d'air frais, cette présence rassurante qui lui indiquait le chemin ou aller.
Néanmoins, leur relation était ambiguë et il en souffrait terriblement. Tel le jeu du chat et la souris, ils se tournaient autour sans jamais parvenir à s'atteindre. Quand l'un s'approchait d'un peu trop près, l'autre reculait et inversement, jusqu'à ce que cette valse les rende fous. Avec le temps, Hyunjin avait fini par s'habituer à cette dynamique, bien qu'il en serait toujours, d'une certaine manière, dérouté. Il avait appris à s'y faire, profitant des moments où Felix lui portait toute son attention, lui parlait, le comprenait et mettant de côté, ces moments où il ne parvenait même plus à s'imaginer sa main effleurer le dos de la sienne. Les beaux instants, il les chérissait ; les autres, il essayait de les oublier.
Aujourd'hui, la pluie s'abattait sur la ville. Mais aujourd'hui, il faisait beau. Felix était venu lui rendre visite et cela suffisait à illuminer sa journée. L'été offrait ses plus grandes chaleurs et par la même occasion, des torrents d'eau de plus en plus violents. Bloqués dans son studio, toute suggestion de sortie était coupée court : la pollution rendait l'air difficilement respirable et la perspective de finir trempé était peu attirante. Pour lors, Hyunjin s'affairait alors à sublimer une toile, perché sur son tabouret, son ami derrière lui plus confortablement installé dans le canapé, savourant une glace pour combattre les températures estivales.
« Je comprends rien à ce que tu fais, avoua le cadet de but en blanc.
— T'as pas besoin de comprendre, c'est de l'art. »
Tirant la moue, le blond étendit ses jambes sur la table basse du salon et ajusta ses cheveux en arrière. Lorsque son aîné était concentré, il pouvait arriver qu'il soit plus sec, moins avenant. Cependant, il ne fallait pas le prendre personnellement car, au fond, il ne s'intéressait pas réellement à comment enjoliver ses tournures de phrases pour paraître plus chaleureux, seulement, à quel pinceau il devait utiliser et à quel moment.
« Cette toile, elle sort quand même de ta tête. Il doit bien y avoir quelque chose là-dessous ?
— Oui, un chevalet. »
Felix leva les yeux au ciel avant de se lever de son assise. Comme s'il était chez lui –après tout le noiraud lui avait intimé d'agir ainsi-, il se rendit à la cuisine pour déposer son bol et sa cuillère. À son retour dans la pièce principale, il se posa à même le sol aux côtés de son ami. Sans même qu'il ne dise quoi que ce soit, Hyunjin s'exprima :
« Passe-moi l'orange, s'il-te-plaît.
— Oui, maître, souffla le blond, tube à la main.
— C'est pour ajouter des tons chauds. J'essaie de représenter l'été qu'on pourra pas avoir parce qu'on n'a pas assez d'argent pour se barrer en Colombie ou en Italie.
— Quelle idée de partir en études de langue aussi ? »
Le noiraud esquissa un maigre sourire. Ces moqueries faisaient partie de leur quotidien. Il n'y avait rien de bien méchant dans tout ça mais peut-être qu'une part de vrai se cache sous chacun de nos mots.
« J'avais envie de voyager, c'est tout. Mais visiblement l'école n'est pas prête à nous laisser nous envoler.
— C'est pour ça qu'il y a un oiseau dans le coin en haut à droite ?, demanda Felix le doigt pointé vers la toile.
— Quel oiseau ? Ah, il s'interrompit de lui-même avant de reprendre, erreur de débutant, j'ai dû manquer d'attention et toucher la surface accidentellement. »
Un léger silence prit place entre eux. Ces derniers temps, Hyunjin avait toujours l'air ailleurs. Perdu dans ses pensées, ses yeux voyageaient partout autour de lui comme à la recherche d'un trésor caché dans le décor, même lorsque ses paupières étaient closes, il ne se reposait pas, jamais. Toujours à l'affût du moindre mouvement, de la moindre pensée qui sortirait du lot dans cet espace restreint que représentait sa boîte crânienne. Des fois, il espérait secrètement pouvoir fermer les yeux et n'entendre plus rien. Ou alors, rien que le bruit des vagues, d'une mer pas trop agitée, ni trop calme. Une mer douce et chaude, rassurante et accueillante. Une mer qui sonnait comme la voix du blond, d'une certaine manière, profonde et séductrice.
Le soir, quand il prenait sa douche, il perdait la notion du temps. L'eau brûlante s'échappait de sa prison, passait sur sa peau opaline avant de s'écraser lamentablement au sol. Malgré tous ses efforts pour la rattraper, elle glissait entre ses doigts encore et toujours. Son destin était déjà tout tracé : un début, une fin, un renouveau mais toujours la même quand on y pense. Hyunjin y pensait.
« Hyunjin ? Ça va ?
— Oui, oui, ne t'en fais pas, il secoua la tête en sortant de sa torpeur.
— Tu sais, ces derniers temps, j'ai l'impression que tu n'es plus vraiment avec moi. C'est comme si tu entrais en phase, ou plutôt que tu dissociais. C'est ça, ton corps est là mais ton esprit, lui, se perd dans le néant, explore l'espace ou une autre dimension. Tes yeux sont vitreux, ton visage est fermé, je sens une distance se créer.
— C'est sûrement la chaleur. J'ai entendu dire que pour se maintenir à une température correcte, notre corps puisait dans ses ressources d'énergie. Je crois que ça s'appelait le syndrome d'épuisement par la chaleur ou quelque chose comme ça. Si je mange un peu plus, peut-être que ça finira par passer. »
Agacé, Felix remonta sa main sur la cuisse du noiraud le faisant aussitôt sursauter. Des fourmillements grouillèrent sous ses muscles à l'endroit exacte où ses doigts faisaient pression.
« Sérieusement ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
— Felix, j'ai pas la tête à ça.
— Hyunjin, je rigole pas. »
La main suspendue en l'air, le pinceau à deux centimètres de la toile, le noiraud semblait avoir été mis sur pause. Il prit une grande inspiration et les yeux dans le vague, il s'abandonna à lui-même. Dans cet état second où ses yeux ne captaient plus réellement la lumière, où tout devenait flou mais que le temps ne daignait pas s'attarder, Hyunjin se laissa aller et ses doigts furent pris de tremblements. Pourtant, son joli minois n'exprimait rien hormis un vide.
Délicatement, Felix tendit le bras pour abaisser le sien. Le contact entre leurs peaux le fit frémir mais il ne fit pas attention à ce futile détail et se concentra plutôt sur son compagnon.
« Fais-moi confiance, intima-t-il. »
Apaisé par l'ambiance qui avait drastiquement changé, Hyunjin se laissa glisser de son perchoir. Maintenant face au blond, le bruit d'un tabouret bousculé raclant le sol n'était plus qu'un lointain souvenir.
« Je ne sais plus où j'en suis, avoua-t-il, les yeux toujours troubles, fixés sur les clavicules de son ami qui exerça une pression sur sa paume pour l'encourager à continuer, tout va trop vite. Il n'y a pas un seul instant où j'ai l'impression de ne pas être dépassé. J'arrive même pas à m'exprimer, c'est comme si j'étais trop plein, submergé et que je peinais à tenir ma tête hors de l'eau. Pourtant, tout va bien : j'ai des amis formidables, une famille aimante, de bons résultats aux partiels, une passion qui me permet d'arrondir les fins de mois. J'ai l'impression d'être bâillonné, de ne pas avoir le droit de me plaindre. Je sais que je ne devrais pas penser ça. Toute douleur est légitime, comparer ne sert à rien mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher. Si j'en parle, on va me juger, si je n'en parle pas, ça va me consumer.
— Si tu ne te sens pas capable d'en parler à ton entourage, il n'y aurait pas un moyen pour toi d'extérioriser ?
— Peindre ? Mais tu t'en rends bien compte, ça fait plus d'une heure que tu es là et je n'arrive même pas à avancer. Je n'arrive même pas à savoir si j'en ai encore envie. Regarde par toi-même, ça ressemble à quelque chose pour toi ça ? »
La toile sembla prendre vie alors que Felix la regarda. Il serra le pouce du jeune homme avant de se tourner pour faire face au tableau. Son épaule rencontra la sienne et il n'hésita pas à s'appuyer dessus.
« C'est pas toi qui me disait que l'art n'avait pas besoin d'être compris ?, s'enquit-il après une légère analyse de ce à quoi il faisait face.
— Je disais pas ça sérieusement. Rares sont les artistes qui ont un esprit vide de tourments et d'imagination. Prends Michel-Ange, par exemple. Tu trouves que la Chapelle Sixtine a quoi que ce soit de personnel ? Pour te la faire courte, les gens disent qu'il a représenté la Création ainsi que les principales histoires de la Bible. Je suis sûr qu'il se cache plus que ça derrière. Il n'a pas peint pour l'argent, il feignait d'être pauvre. Si ce n'était pas pour lui, pourquoi l'aurait-il fait ? Il y a toujours une part personnelle dans une œuvre, un cachet, quelque chose que les autres ne peuvent pas percevoir.
— Et le Cri de Munch alors ?
— Certains parviennent mieux à s'exprimer que d'autres ou certains sont plus à l'aise avec le fait d'exposer leur mal-être à la vue des autres.
— Mais l'art n'exprime pas seulement le malheur ?
— Non, évidemment. Quand je pense à l'été, je pense souvent à Promenade au bord de la mer de Joaquín Sorolla. Cette œuvre me rend heureux et je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. L'association de couleur doit y jouer pour beaucoup, de même que pour le genre, l'impressionnisme m'a toujours subjugué : c'est fou ce que l'on peut faire avec une multitude de tâches de couleur. »
Hyunjin orienta son regard sur sa propre création. Les couleurs principales étaient chaudes, toutefois, la scène représentée jetait un froid glacial, de quoi rafraîchir la pièce. De par le processus engagé, il était difficile de définir exactement ce que l'on pouvait percevoir. Cependant, on distinguait du mouvement, beaucoup de mouvements, circulaires et rectilignes. Le noiraud y observait une valse endiablée, tandis que le blond en déduisait une course effrénée. Toujours était-il que les petites tâches –les protagonistes de la scène- avaient l'air fatigués, bloqués dans ces enchaînements infernaux pour l'éternité, comme s'ils glissaient sur de la glace et étaient incapables de se retenir à une quelconque rambarde car celle-ci avait été retirée.
Dans le coin supérieur droit, la lettre « V » trônait fièrement, de ses tons gris presque verdoyants. Elle regardait de haut le spectacle, le jugeait. Statique et en position de dominance, elle surveillait le cours des événements même s'il paraîtrait qu'elle n'avait rien à faire ici, en théorie.
« Quand je regarde ce que tu peins, j'ai l'impression de nous y voir.
— C'est-à-dire ?
— Tu vas me prendre pour un fou, mais c'est dans l'énergie qu'elle dégage. C'est rayonnant, excitant et tout paraît aller à une vitesse folle mais en même temps, il y a une sorte de nostalgie qui en ressort, une part sombre mais tellement forte.
— Je crois que je vois ce que tu veux dire. Une balance, en fait. D'un côté, il y a le bon et de l'autre, le mauvais. L'un ne va pas sans l'autre et inversement.
— Exactement, je suis content que tu le voies aussi, je me sens... Disons, moins seul. »
Un léger sourire se dessina sur les lippes du noiraud qui vînt se positionner face à lui. Avec toute la précaution qu'il pouvait réunir en un geste, il récupéra une mèche de cheveux qui obscurcissait son visage et la replaça derrière son oreille. Au passage, il attarda ses doigts sur sa nuque plus longtemps que nécessaire. Felix sourit et une couleur rosée prit place sur ses pommettes saillantes.
« Tu es beau, lui confia-t-il.
— Je sais.
— T'es sérieux là ?, s'offusqua faussement Hyunjin.
— Toi aussi, t'es beau. Surtout quand je suis avec toi, d'ailleurs. »
Faisant semblant d'être vexé, le noiraud le poussa par les épaules pour l'engager dans une petite lutte. Désormais au-dessus de lui, il sembla réaliser la position dans laquelle ils étaient et préféra s'écraser à sa droite. Il ramena ses genoux sur son torse et se laissa tombe sur son flanc gauche pour pouvoir continuer à l'observer.
« Je rigole pas, ajouta Felix.
— T'en rajoute vraiment une couche ?, se plaignit Hyunjin, relevé sur son coude pour le surplomber. »
Quelle mauvaise idée ! Quand les yeux de Felix se posèrent sur lui, il y décela tout le sérieux du jeune homme et bien plus encore. Une étincelle y brûlait, tout au fond, rien que pour lui. Son visage y réagit aussitôt prenant feu sous cette intensité. Le rouge monta d'autant plus à ses joues tandis qu'il peinait à soutenir son regard. La tension était si forte, en ce moment et Hyunjin ne savait plus s'il pouvait encore y résister.
« Quand je suis là, Felix ouvrit les bras pour mimer la maison, et là, il planta son index sur la poitrine de son compagnon, tu resplendis.
— C'est niais, souffla l'aîné.
— Mais c'est vrai, nuança le cadet. »
Les deux jeunes hommes continuèrent de s'analyser l'un l'autre. A leur manière, ils tentaient d'intégrer chaque détail de leurs faciès, de leurs corps, de leurs âmes. Sans plus se poser de question, Hyunjin posa sa tête sur le torse de son ami et Felix en profita pour jouer avec ses cheveux. L'ambiance était désormais calme, apaisé, en paix. Le tableau était oublié, tout le reste était hors de portée de leurs pensées. Ce n'était rien qu'eux deux dans leurs derniers instants.
Soudainement, Hyunjin entendit son téléphone vibrer sur la table du salon. Il s'extirpa de l'étreinte de son ami et partit voir qui tentait de le joindre. Minho lui demanda si leur rendez-vous à la salle de danse tenait toujours. La semaine précédente, le noiraud avait perdu un pari et s'était vu assigné un cours de danse par l'amateur le plus exigeant qu'il puisse connaître. Pourtant, à l'instant précis, même si l'idée de se dépenser paraissait alléchante, il décida de ne pas répondre.
Alerté par le fait que Minho puisse être sollicité en cette journée pluvieuse, Felix s'était assis, les mains en arrière, désireux que Hyunjin revienne se blottir contre lui. Néanmoins, il n'en fût rien. Il resta près de la table basse, se mordant la lèvre. Son regard bascula entre la fenêtre où des trombes d'eaux s'échappaient du ciel, sa toile dont les couleurs semblaient briller du fait qu'elles n'étaient toujours pas complètement sèches et Felix, son joli minois crispé d'appréhension. Le silence brisa leur cocon, comme ce dernier message brisa l'atmosphère tendre qui les entourait. Une nouvelle tension était palpable, malheureusement, celle-ci était moins appréciable que la précédente.
« Ça va bientôt être l'heure, annonça Hyunjin.
— D'accord, se résigna son compagnon, je vais y aller. »
Ébahi, le noiraud le regarda rassembler ses affaires. En une fraction de secondes, du moins, c'est ce dont Hyunjin eut l'impression, ils se trouvèrent sur le pas de la porte. Felix avait perdu de son éclat, la luminosité de la pièce semblait avoir baissé considérablement. Quelle heure était-il ?
« Tu ne peux pas rester ?, demanda paradoxalement Hyunjin.
— Tu veux que je reste ? »
Les larmes leur montèrent aux yeux mais ils en firent abstraction, ce n'était pas le moment adéquat. Ou peut-être que ça l'était, mais ils ne le voulaient pas. Hyunjin se pencha vers Felix et le prit dans ses bras. Ce n'était pas de simples au revoir, ceux-ci étaient déchirants, blessants, trop silencieux.
Quand ils se détachèrent l'un de l'autre, cela fût compliqué et ce fût pire encore lorsque Hyunjin entoura la taille de blond et apposa la marque de ses lèvres sur les siennes. C'était surfacique, innocent, pleins de bons sentiments mais ça ne pouvait durer trop longtemps, ou la suite n'en serait que plus déplaisante. Felix ancra ses mains sur sa nuque, s'accrochant pour sa vie, comme une planche qui le ramènerait au rivage et l'empêcherait de couler.
« Je t'aime, chuchota-t-il quand leurs lèvres se séparèrent.
— Quand est-ce que je te reverrai ? »
Hyunjin se tut et Felix accepta cette réponse. La porte s'ouvrit et marqua la fin de cette histoire. Hyunjin y pensait et il l'avait fait.
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