Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Les Dioscures

Bonsoir/Bonjour ! Voici une petite histoire, sur un personnage très vite oublié (on note que dans toutes mes histoires du moment il y a la présence de Dionysos ? Non, jamais). Même si vous n'avez lu que les pjo, vous pouvez lire cet os ! Bonne lecture

Cher journal,

Je t'écris grâce à une personne qui m'a motivé à remettre de l'ordre dans ma vie, car ça pourrait sûrement m'aider à régler mes problèmes. J'espère que tu vas la remercier pour te donner une utilité. Peut-être devrais-je commencer par me présenter ? Pour que tu saches qui t'écris.

Je suis Pollux, fils de Dionysos, et j'ai 17 ans. Pourquoi je n'ai pas précisé qui était ma mère ? Car elle est morte. J'avais aussi un frère, Castor, mais lui aussi est décédé, il y a quelques semaines. Je sais, j'adore gâcher l'ambiance. Mais bon, vu que tu es là pour me défouler, autant le faire !

Ma mère a rencontré mon père, ils ont eu des enfants et, malgré sa divinité, il est resté quelques temps avec nous. Pas assez pour que Castor et moi le connaissions, mais on avait pu grandir avec une photo de lui et de notre mère sur la cheminée. Après cela... Ce fut compliqué. Notre maman a dû se débrouiller seule, ce qu'elle faisait très bien, en tous cas jusqu'à ce qu'il arrive. Notre mère enchaînait les petits boulots pour qu'on ait une vie confortable et il est venu, promettant un avenir de rêve rempli d'illusions. À cette époque, aucun d'entre-nous n'avait pu apercevoir la moindre trace d'hypocrisie chez lui : on avait tous trop besoin d'un héros. Malheureusement, ma mère est tombée enceinte et, comme le connard qu'il était, il n'avait pas su assumer ses ébats. Après de multiples complications de grossesses, elle est morte à l'accouchement, emportant dans sa mort notre petite sœur. Je me souviens seulement de l'après, en tous cas de plein de détails formant un récit potable.

L'hôpital sentait la menthe. Pas un bon parfum de menthe fraîche, celle des vieilles glaces pas très bonnes du glacier de ma ville. Avec Castor, dès qu'on avait entendu notre mère crier, on s'était réfugiés dans le couloir, en pleurs. Des médecins nous avaient parlé de beaucoup de choses, mais je ne les avais pas écoutés. Quand on avait enfin pu la voir, elle dormait paisiblement et le bébé n'était pas là. On était trop jeune pour reconnaître sa mort, ou alors on avait trop peur de comprendre. On avait à peine 9 ans quand on a perdu notre maman. Pendant une heure, peut-être deux, nous avions essayé de la réveiller pour la prévenir "qu'elle n'avait pas réussi à pondre son œuf" comme on disait. Le personnel de l'hôpital nous avait laissé faire, le temps qu'il cherche un membre de notre famille pour nous accueillir. Cette personne arriva sous la forme d'un trentenaire en trois-pièces, avec chemise et cravate mauve (et c'est maintenant que je me rends compte qu'il a le chic de bien s'habiller quand ses proches meurent), se présentant comme notre père. Ses papiers ne pouvaient pas être contredits, et la photo au chevet de ma mère non plus. Nos sacs déjà faits, il nous avait simplement pris avec lui. J'ai toujours juré l'avoir vu verser une larme, mais Castor m'a toujours contredit. Il n'est plus là pour le faire, malheureusement.

En tous cas, il nous a téléporté. C'était comme si j'avais fait trop de tours de manège après avoir mangé du surimi : tout était devenu flou et j'avais fini par tomber au sol, totalement désorienté. Castor n'avait pas tardé à me rejoindre en m'écraser sous son poids de plume. Le parking souterrain s'était transformé en une terrasse de bois laissant voir une sorte de colonie de vacances, ce qui est maintenant mon logement à plein temps. Ce fut à ce moment-là que je rencontrai pour la première fois des satyres, qui pour moi tenaient essentiellement de Hercule, et un centaure. Ce fut également le seul jour de ma vie où je vis mon père dans un état si lamentable. Il n'arrêtait pas de nous regarder, Castor et moi, et à chaque fois il semblait sur le point de s'effondrer, comme si on allait se réduire en poussières. Nous deux, encore inconscient, tentions juste de ne pas faire exploser nos cerveaux par le lot d'informations titanesque qu'il y avait à apprendre. Les premiers jours suivirent la même routine, ou presque. Nous dormions à la Grande Maison à l'époque, ce qui nous avait valu les regards acerbes des campeurs (je dois bien avouer que, encore maintenant, certains voient en moi le chouchou du directeur) et nous restions toujours près de notre père. On n'arrêtait pas de lui poser des questions stupides comme "Où est notre maman ?", "Est-ce qu'elle va bien ?" ou "Pourquoi tu n'es pas resté avec nous ?" et, à chaque fois, il nous répondait par un regard fatigué avant de nous prendre sur ses genoux et nous faire rire. Durant tous ces jours, il était resté chic et dans la trentaine, mais cela a vite changé.

Un matin, il était aux abonnés absents. Cela nous avait déstabilisés, avec Castor : on avait peur que notre père parte à son tour, et on ne savait donc plus quoi faire. C'est Chiron qui nous servit de boussole, en nous installant à la table de belote et en nous expliquant tout : qui était vraiment notre père, pourquoi notre mère ne viendrait jamais à la colonie, pourquoi tout le monde nous regardait mal, et tant d'autres choses qui me paraissent maintenant si logiques. Quand notre cher paternel est revenu, il avait revêtu de sa remarquablement moche chemise léopard et il avait pris une dizaine d'années, littéralement. Le soir même, nous fûmes reconnus par un énorme symbole pourpre de thyrse. Nous ne fûmes plus jamais aussi proches de notre cher paternel que durant nos premières semaines, certes, mais c'est comme ça que commença ma vraie aventure à la colonie.

C'est fou comme, autant je me souviens de la première semaine comme de mon nom, autant le reste de mes péripéties à la colonie reste flou. Je me souviens des autres demi-dieux, qui nous considéraient comme les petits protégés du dirlo, et qui rejetaient donc tous les torts de notre père sur nous. Si je devais gagner 10 dollars dès qu'un campeur venait insulter le directeur en passant par moi pour ensuite s'effondrer dans mes bras en pleurs, j'aurais pu m'acheter une ou deux bouteilles d'hospitalitas. Malgré tout, je n'étais pas fier de mon père. Tous ses gosses, il les avait détruit sans faire exprès. Sa boisson née d'un amour perdu avait tiré un trait sur l'enfance de trop de gens, rien que dans mes connaissances. Ce n'était pas juste, mais les dieux ne l'étaient jamais. Si ça avait été le cas, jamais Luke ne se serait révolté, jamais un connard n'aurait approché ma mère, jamais mon frère ne serait mort, jamais... Ce journal dérive, je dois me reconcentrer.

Mais oui, le camp ne m'appréciait pas forcément, un peu plus que mon père, mais c'était pour dire. Il me trouvait trop proche de mon parent divin, trop complice avec les satyres et les nymphes comparé aux humains, trop discret pour un fils de Dionysos, trop bons aux combats malgré tout. J'avais quand même quelques amis ! Surtout chez les Déméter en fait, c'était bien les seuls à pouvoir m'aider à contrôler mes pouvoirs d'engrais ++ pour le champ de fraises. Ce n'est pas comme si mon père allait le faire, de toutes manières. Mon frère, de son côté... C'était un petit papillon social. Tout le monde l'adorait, et ils lui confiaient tous leurs plus profonds secrets. Nous étions vraiment les psy du camp, surtout lui, preuve ultime que le staff de la colonie faisait merveilleusement bien son job...C'est même Castor qui, dans un premier temps, avait tenté de soigner Chris. Clarisse ne voulait pas l'aide de Mr.D., ou alors elle ne savait pas que mon père pouvait l'aider, et ce fut donc mon frère qui avait dû en pâtir. Car, si j'avais hérité de l'aspect végétal des pouvoirs de mon père, lui avait eu l'aspect mental. Pendant longtemps, à longueur de journées, il était resté dans la cave de la Grande Maison avec La Rue, sans même sortir pour prendre une pause à la lumière du jour. La nuit, quand il revenait, il s'effondrait dans son lit tellement ses pouvoirs l'avaient lessivé. Au final, juste après la bataille, mon divin père avait enfin compris que c'était le seul à pouvoir aider Chris. En même temps, plus personne n'était là pour faire ses sales besognes à sa place.

En vrai, je mentirai si je disais que j'étais ami seulement avec les Déméter car, comme précisé plus tôt, j'étais assez complice avec les satyres et les nymphes des bois. Quand les humains, et surtout les dieux, me saoulaient, passer du temps en forêt m'aidait à me ressourcer. Il y a quelques années, j'allais souvent en dessous de l'un des saules pleureurs en bord de rivière ; c'est là que je rencontrai la dryade Salicae, et elle-même me présenta son fils, Salix. C'était un satyre, l'un des trop nombreux "servant" (est-ce seulement le mot approprié ?) de mon père, mais on devint très vite amis, bien plus qu'amis même. C'était la première fois que j'étais en couple, et mon père n'avait pas tardé à tout gâcher, encore une fois indirectement. Connais-tu le mythe d'Ampélos, Ô journal ? Laisse-moi te le conter.

Il y a très longtemps, à l'époque de la Grèce Antique, avant les explorations d'Alexandre le grand, mon père est tombé amoureux d'un magnifique satyre du nom d'Ampélos. Ils filaient le parfait petit amour jusqu'à ce que, en voulant impressionner le dieu, le faune périt. Il y a de nombreuses versions de sa mort colportées, et je ne saurai pas dire laquelle est la vraie. En tous cas, mon père fut tellement triste qu'il transforma son amant en vigne et c'est grâce à cela qu'on a la boisson sacrée de mon père : le vin.

Pourquoi t'ai-je raconté ça ? C'est car ce fut la raison de ma rupture. En effet, si sa mère approuvait à cent pour cent notre relation (je crois sincèrement qu'elle en avait marre que son "petit bout de chou" n'ait pas encore trouvé l'amour), son père ne voyait en moi que le dangereux reflet de mon propre paternel. Et, crois-moi, si les satyres peuvent sembler à fond sur leur boss, c'est surtout par peur de finir en fraisier (si on retire tous ceux qui sont juste in love de mon père, attendant avec impatience le retour des bacchantes, et qui voyaient donc en mon homosexualité et mes gènes une raison de recommencer). Malgré tout, avec Salix, on a continué notre relation. On s'aimait, on ne voyait pas comment j'aurais pu le transformer en raisin et on était tous les deux fans des amours interdits à la Roméo et Juliette. Finalement, ce fut son très aimable paternel qui l'avait envoyé surveiller les incendies californiens pour nous éloigner. C'était il y a deux ans. Il est revenu il y a quelques mois mais, si j'avais voulu croire que simplement continuer notre relation était possible, la rumeur qu'il m'ait trompé avec une dryade de cactus s'est vite répandue, emportant avec elle mes espoirs. Quand on se croise, c'est toujours malaisant, sauf peut-être la dernière fois quand j'ai fait exploser le champ de fraise... Je suis sûr que je l'ai impressionné. Pas que je veuille le faire à tout prix, non ! Je veux juste que tout soit comme avant, mais tout ne sera jamais pareil...

Après tout, Castor est mort, rien ni personne ne pourra le remplacer ou imiter sa présence. C'est super cliché de dire ça, mais c'est cruellement vrai : on est toujours resté ensemble, surtout depuis que notre mère est morte et que notre père nous a rejetés. Ça fait bizarre, de se dire que plus personne ne te confondra avec ton jumeau, que tu n'auras de solution pour éviter les dates foireux, que toute ta vie qui s'était rythmée autour de ton frère allait devoir trouver un nouveau tempo. J'ai beaucoup de mal, depuis sa mort. Je n'arrive plus à entrer dans le bungalow sans m'effondrer en sanglots à la vue de ses affaires, je ne peux plus me regarder dans le miroir sans le voir, j'ai du mal à aller au réfectoire tout en sachant que je n'aurai personne pour discuter. Comble de ma peine, quand j'essayais de me défouler à l'exercice jusqu'à ce que je ne puisse plus penser, mon père m'en empêchait. Bizarrement, le plus facile fut l'enterrement. Je vais te le décrire, je n'ai pas envie d'oublier cette scène. Elle était horrible, certes, mais je veux la graver dans ma mémoire. La tristesse faisait autant partie de nous que la joie après tout.

La bataille venait de se finir. Je m'étais précipité vers mon frère, ou plutôt son cadavre. J'étais parti emprisonner des ennemis dans du lierre, juste deux minutes, et il est mort. Emporté dans le combat, je n'avais pas pu me rapprocher de lui et l'aider dans ses derniers instants mais j'avais bien amoché son assaillant... On va simplement dire que les techniques de tortures moyenâgeuses réalisées par des plantes grimpantes donnaient un résultat assez sale. Personne ne faisait de mal à Castor sauf moi. Enfin, mes belles paroles ne sont plus trop réalisables maintenant. En tous cas, j'ai pris son corps dans mes bras et, comme un lâche, je me suis enfui avec dans les bois. Rapidement à bout de souffle, je m'étais posé sur un rocher et ai essayé de le réveiller. Je n'étais plus l'enfant de 9 ans, certes, mais l'ado de 17 ans aussi avait besoin de réconfort. Au fur et à mesure que son sang se vidait sur moi, j'avais bien dû admettre qu'il n'était plus parmi nous. J'ai énormément pleuré, ce jour-là. Je ne pouvais pas m'arrêter et je ne m'en voulais pas. Le plus triste, c'est que la forêt était plus magnifique que jamais. Peut-être qu'elle aussi était en deuil de toutes les dryades mortes ? La lumière du soleil passait à travers les feuilles des arbres pour répandre des tâches dorées un peu partout sur le sol, réhaussant le camaïeu de verts de la forêt. Le vent, quant à lui, se résumait à une légère brise caressant mes cheveux empreinte de la douce odeur des fraises et celle, un peu plus amère, du sang. De loin, j'entendais des animaux circuler dans le bois, sûrement inconscient de la bataille qui venait de se dérouler. Pourtant, aucun cris d'oiseaux ne vinrent perturber la petite bulle de tranquillité que ces lieux représentaient. Des heures passèrent comme quelques minutes tandis que je caressais la chevelure poisseuse de Castor. Je me rendis seulement compte du défilement du temps quand la nuit apparut. Après ce laps de temps indéfini, j'entendis des bruits de sabots s'approcher pour s'immobiliser à côté de moi. La personne posa sa main sur mon épaule, me présenta ses condoléances et me dit que tout le monde était prêt. J'avais acquiescé par automatisme, ne comprenant strictement rien au discours de Salix. Il m'aida à poser le cadavre au sol et, après une ultime embrassade et le placement de drachmes sous sa langue, je me reposai sur le caillou. Des dryades arrivèrent et posèrent sur son corps des fleurs ou des feuilles, l'enfuyant sous un amas de végétaux. Bientôt il ne resta plus que son visage à découvert, et ce malgré le départ de tout autre être vivant autour de moi. Ou du moins je le crus. Car, après que cette constatation me heurte, je sentis une nouvelle fois quelqu'un se tenir à mon épaule. Après 8 ans en léopard, revoir mon père bien habillé me fit un choc, bien vite remplacé par un déplacement pour lui laisser de la place sur mon rocher. Aucun de nous deux ne parla, aucun de nous deux ne pleura, on resta simplement l'un à côté de l'autre en contemplant le silence. À son tour, il fit apparaître une grappe de raisin qui cacha la vue de mon frère à tous. Aussitôt fait, aussitôt son corps se volatilisa, et aussitôt on repartit en direction du camp. Mon père me soutint bien plus que ce que je voulais bien avouer. Je n'avais même pas su rendre un dernier hommage à Castor cette soirée-là, lors des funérailles : les mots me semblaient trop maladroits pour décrire la personne merveilleuse qui venait de mourir. J'ai donc simplement brûlé son linceul, et je suis parti me rassoir sur un banc.

Hypnotisé par le feu, je n'avais pas tout de suite vu que la cérémonie était finie : plus personne n'était là pour me réveiller de mes moments d'absence. Ce fut mon père qui me fit descendre sur terre et qui m'accompagna jusqu'à mon bungalow. Malheureusement, j'ai... ce fut plus compliqué que prévu. À la vue de son lit constamment défait, de ses posters disposés un peu partout sur les murs, de la peluche koala qu'il gardait depuis ses 5 ans, je restai figé. C'était comme si mon cerveau refusait de fonctionner et qu'il tentait de redémarrer en mettant tous mes sentiments en vrac. Encore une fois, mon père agit responsablement (oui, ça fait bizarre de voir ces deux mots à la suite) et me conduit à la Grande Maison pour me poser sur un des canapés. Comme plus tôt sur le caillou, il s'était assis à côté mais, cette fois-ci, on pleura ensemble. Même Seymour s'était rejoint à l'étreinte familiale, me rappelant que Castor n'arrivait pas à dormir sans lui quand Chiron faisait un nettoyage obligatoire au koala (ce qui était vachement nécessaire au vu de la tonne de salive que déposait mon frère dessus). Je ne sais pas quand je me suis endormi, je sais juste que je me suis réveillé avec Seymour fermement emprisonné dans mes bras pour ensuite me rendormir pour oublier la veille. J'ai loupé le petit-déjeuner et le dîner, ce jour-là et je l'aurais aussi fait avec le souper si mon père ne s'était pas ramené avec un de mes plats préférés : de l'hachis parmentier. Je ne sais pas ce qui lui avait pris, mais depuis qu'il s'était retransformé en directeur alcoolique 8 ans plus tôt, il ne s'était jamais montré aussi gentil. On ne parlait pas tellement, mais toutes ses petites attentions faisaient du bien. Par exemple, il me préparait mon thé ou alors il allait chercher des affaires dans le bungalow à ma place (je ne sais toujours pas comment il a su que je buvais du thé, seulement Chiron le savait car Castor me traitait de retraité britannique quand j'en buvais). On aurait dit un vrai père... Enfin, lui aussi avait du mal, ça se voyait. Déjà que j'ai difficile à me regarder dans le miroir, je ne veux pas imaginer comment il faisait pour me parler tous les jours sans craquer. Non, c'est vrai, il a craqué.

Ça a commencé quelques temps après sa mort, quand j'ai commencé à essayer d'oublier ma peine (je ne suis pas une dramaqueen, je suis réaliste). J'avais trouvé la solution parfaite : m'entraîner à l'épée jusqu'à ce que mes pensées se taisent, que mon esprit et mon corps se séparent. Bien-sûr, mon père a trouvé un moyen de me faire chier. Quand il me voyait combattre mon armée d'ennemis invisibles, il transformait mon épée en thyrse en plastique. Au bout de deux-trois fois, j'ai fini par demander à Beckendorf de me sculpter mon propre sceptre en bois, et j'ai même réussi à inventer un style de combat avec. Et pourtant, il avait encore réussi à contrecarrer mes plans. Il n'arrêtait pas de venir pour me proposer de tester mes pouvoirs, de m'apprendre la belote, de garder le champ de fraise, de regarder des films avec des belles filles (je vais bientôt devoir lui parler que ses gènes inefficaces pour la couleur de cheveux m'ont transmis l'homosexualité je crois) et d'autres trucs gênants. Cela dura une semaine avant que je pète à mon tour mon câble. J'étais allé le voir, déjà fort en colère, dans son bureau. Face à ma rage, mon père avait paru déstabilisé, désarmé, voire mortel. Il avait tenté de me calmer, en vain. Je crois que je lui ai dit un truc du style : "Tu vas faire quoi ensuite ? Me souhaiter bonne nuit ? Me lire des comptines pour m'endormir ? M'aider à choisir des vêtements ? Tu te prends pour qui, pour ma mère ? Tu ne pourras jamais la remplacer, jamais. Et je ne suis pas ton petit garçon à protéger, tu aurais peut-être dû agir comme ça avant qu'il meurt." et je crois qu'il m'avait répondu un truc du style : "Comment oses-tu parler à ton père, un dieu, sur ce ton ? Tu ferais mieux de surveiller tes paroles et d'obéir à ton pauvre paternel pour ne pas finir en dauphin !" et on a continué ainsi jusqu'à ce qu'Apollon ait pitié de moi et se couche. Cependant, la pitié n'avait pas sa place au royaume des dieux. Mon "pauvre paternel", le lendemain matin, avait décidé de suivre cette règle.

Je venais à peine d'arriver dans le réfectoire, en retard à cause d'une satanée fenêtre qui, en se fermant, m'avait empêché d'entendre le monde se réveiller et donc de sortir de mon sommeil. Si le petit-déjeuner était normal de prime abord (c'est-à-dire une cacophonie sans pareil), mon directeur avait vite brisé cette normalité, criant un "Pollux, viens faire un bisou à ton vieux papou pour lui dire bonjour". Le silence vint en premier, puis les ricanements, simultanés à quelques regards compatissants, et finalement l'euphorie gagna le cœur de toutes et tous. J'ai bien vite oublié chacun des remords que j'avais éprouvé la veille suite à mes paroles. Je suis reparti aussi vite que j'étais arrivé, passant récupérer quelques documents dans ma chambre et faisant exploser le champ de fraises en rendant les plantes hors de contrôle. Ce n'est qu'en entendant les cris de stupeur des satyres et des Déméter que je m'autorisai un fin sourire, avant de mettre les voiles sur New York.

Depuis que je suis ici, beaucoup de choses ont changées et je ne sais pas par quoi commencer. Allons donc dans l'ordre chronologique si tu me le permets, cher journal. Déjà, j'étais de base parti là-bas pour désinscrire mon frère de l'unif', cela ne servait plus à rien qu'il soit sur la liste des trop nombreux étudiants en psychologie. Suite à ça, je ne savais plus quoi faire. Une chose était sûre : je ne voulais pas retourner à la colo'. En dérivant dans la ville, j'ai eu une idée de génie que j'avais regrettée durant deux bons jours : mon père, dieu de l'alcool, savait ce qu'il se passait dans la quasi-totalité des bars américains (et belges aussi, je n'ai jamais compris pourquoi il était si passionné par ce petit pays). Pour le faire enrager, je n'avais donc qu'à me torcher. Après tout, il était privé d'alcool et rien ne m'empêchait d'arnaquer le barman quant à mon âge ! Il était grand temps d'utiliser mes trois poils de barbe et mes longs cheveux à mon avantage. Et ça a réussi, tellement bien que je devins très ami avec la plupart des consommateurs. C'est Sally, la maman de Percy, qui m'avait sauvé de cet abysse. Elle m'avait reconnu grâce à mon t-shirt de la colonie et, après m'avoir vu rouler des pelles à un tabouret, elle avait décidé que je valais mieux que des œufs. Je crois que, en trois jours, je n'ai jamais autant remercié un adulte de ma vie. En ce moment-même, je suis chez elle, et Percy est heureusement absent. Sally m'a fait comprendre énormément de trucs et m'a écouté pendant de longues heures, juste par conviction que c'était la chose à faire. Avoir un regard extérieur sur la situation fait du bien, surtout quand cette personne peut comprendre le point de vue des deux adversaires.

Alors, maintenant, grâce à elle et à toi, peut-être que je suis prêt à pardonner.

Si la mort de ma mère et de mon frère m'avait énormément impacté, je ne devais pas oublier la douleur de mon père de perdre sa femme et un de ses fils et de voir chaque jour en son dernier enfant la preuve des lois débiles des dieux.

Si je lui en voulais pour ne faire des efforts que quand ses proches meurent, lui aussi devait s'en vouloir.

S'il était ma seule famille, j'étais sûrement pour lui aussi sa seule famille depuis sa punition.

Et oui, j'ai beaucoup réfléchi pour un blondinet.

Merci de m'avoir écouté cher journal,

~~~

Je descendis de la voiture et, après une ultime embrassade avec ma sauveuse, je franchis l'entrée de la colonie. Personne ne me remarqua, en tous cas jusqu'à ce que je traverse le perron de la Grande Maison. Là se tenait mon père, comme toujours en pleine partie de pinochle, et, si par écrit je brillais de conviction et d'optimisme, ma volonté s'effondra comme un mur sur moi quand il me remarqua et qu'une expression de colère pure apparue sur son visage :

-Pollux ! Tu ne dis même pas bonjour à ton père après avoir disparu pendant trois jours ?

-J'avais juste besoin de réfléchir.

-Jeune homme, tu ne partiras plus de cette colonie tant que JE ne t'ai pas accordé la permission.

-Bien, Ô honorable père !

Et je repartis, claquant derrière moi toutes les portes que je trouvais pour me défouler. Non mais pour qu'il se prenait ? Pour mon père, certes, mais je n'avais pas fugué ! Je l'avais prévenu de mon départ... je crois. Après avoir grimpé 2 étages en courant, je diminuai l'allure. Enfin, je commençais à ralentir quand je croisai le visage souriant de Castor. Je crus, pendant deux secondes, être devenu totalement cinglé. Jusqu'à ce que je remarque que je ne voyais que le haut de son corps, encadré entre quatre pauvres lattes de bois. Ce n'était qu'un pauvre miroir qui m'avait fait croire à la résurrection de mon frère. Et mon physique, soit dit en passant. Aussitôt cette pensée me percuta, aussitôt je sus quoi faire. Je courus jusqu'à la salle de bain, parcourant là-bas tous les tiroirs jusqu'à trouver l'objet que je cherchais. Je le rapprochai lentement de ma tempe et, pris d'une confiance sourde, ma main arrêta soudain de trembler et je coupai une première mèche. Beaucoup de coiffeurs m'auraient assassiné sur le champ, et même moi si j'étais en pleine possession de mes moyens, mais je n'eus aucun regret. Et je continuai, faisant pleuvoir mes longues mèches et mes larmes d'un même coup. En 8 ans, Castor et moi ne nous étions quasiment jamais coupé les cheveux. Maintenant ? Je ressemblais à Kurt Cobain. Des coups secs retentirent à la porte et, avant que je puisse réagir, la porte s'ouvrit sur un Mr.D. sauvage paraissant vachement inquiet. Avant de dire le moindre truc, il vint et m'arracha les ciseaux des mains comme si je commettais un crime, ce qui était en quelques sortes le cas. Ensuite, mon père me fit m'asseoir sur le rebord de la baignoire et me prit dans ses bras, manquant de m'étouffer. Je ne comprenais pas, et ses paroles ne m'aidèrent pas :

-Que fais-tu, fiston ? Tu as perdu la tête ? C'est ma spécialité pourtant !

-P'pa, tu m'étouffes ! Tu veux un deuxième fils mort ?

Malgré ma réclamation, il referma encore plus son étreinte sur moi. Ce n'est pas comme s'il- Oh, j'avais fait pleurer mon propre père. Il n'était sûrement pas encore prêt à blaguer dessus.

-Papa, à ce que je sache, c'est mon rôle de m'effondrer dans tes bras en pleurs, pas le tien.

-Je n'ai jamais été le meilleur père après tout...

-Je n'ai pas été le meilleur fils non plus. Je-Je suis désolé, pour tout. Je t'aime bien, au final, enfin quand tu évites d'être trop gênant.

-Désolé pour ma scène au réfectoire, il faut croire que je me suis un peu trop emporté.

-C'est un truc de famille je crois... Au fait, je dois te dire que-

-Et si on te rendait potable ? Je n'ai pas envie que les demi-déesses voient mon fils comme ça.

Il me lâcha enfin et, malgré ses larmes, il commença à me recouper les cheveux. Je ne sais pas comment mon père faisait ça, mais il était vraiment doué. Était-ce vraiment le moment pour lui faire remarquer que je m'en fichais de l'avis des filles ? Ou plutôt, aurais-je un jour un meilleur moment ? Je laissai passer une bonne dizaine d'ange avant de reprendre la parole, cherchant des mots justes sûrement inexistants.

-Les demi-dieux papa, les demi-dieux.

Il stoppa subitement son geste, semblant soudain pris d'une réflexion sur le sens de la vie. Sans le vouloir, je sentis mon coeur battre la chamade, au point que je crus mourir sur place. Un sourire illumina finalement son visage, mettant fin à mon apnée.

-Je vois que j'ai réussi mon éducation quelque part...

-PAPA !

-Qui est l'heureux élu ?

-C'était Silax.

-Attends, le Silax ? Le fils de Salicae ? Un bon garçon, un peu facile au lit mais bon, il ne peut pas être parfait

-Et je m'étonne encore que les satyres me demandent de relancer des bacchantes...

-J'ai vraiment bien réussi ton éducation ! Tu commences quand le léopard ?

-Si tes gènes avaient été assez efficaces, peut-être que j'en aurais porté.

-Comment ça ? Les blondinet sont magnifiques, regarde Apollon !

-Et les gars aux cheveux noirs sont beaucoup plus hot, fin de la discussion.

-Je comprends mieux les affiches de Loki au-dessus de ton lit...

-Fin de la discussion j'ai dit !

-Tu sais, ton vieux père aussi est passé par là ! Bientôt, tu vas me faire croire que les mouchoirs sont pour te moucher ? J'ai tout vu tu sais.

Si mon cher père essayait de ne plus être gênant, c'était peine perdue. Je me sentais déjà rougir, bien que je savais qu'il n'avait même pas commencé son jeu à ses yeux.

-J'ai 17 ans et je suis tout à fait libre ! En plus, ce n'est pas comme si je l'avais déjà fait. Bref, on peut changer de discussion ? Tu es gênant.

-J'ai des années de paternité ratée à rattraper, fois deux maintenant. Je dois bien commencer avant que tu partes à l'unif' !

-Je reviendrais te voir durant mes quelques vacances, je te le promets.

-Mais j'espère bien ! De toutes manières, au pire, je pourrais tweet sur ton splendide roulage de pelle sur ce tabouret pour te faire revenir.

-Car tu as Twitter ? Attends, mais comment tu sais pour le tabouret ?

-Apollon l'a, je prendrai son ordi. Et, Pollux, je sais quasiment tout ce qu'il se passe dans les bars.

-Je croyais que me voir boire allait tellement t'enrager que tu n'observerais pas la suite.

-Je sais ce qu'il se passe quand on est bourré, et je ne voulais pas rater mon petit loulou en vivre les effets pour la première fois !

Je ne sus pas quoi répondre face à ça, et il continua donc son mini-salon de coiffure. Sans nous en rendre compte, on parla de Castor, plus particulièrement de tous les bons souvenirs qu'on avait de lui. On rit, on pleura, on sourit, on vécut ensemble notre deuil, tout simplement. Au final, si je n'étais plus totalement identique à mon jumeau, je commençais à discerner plus de similitudes entre mon père et moi que ce que je l'aurais cru. Également, je comprenais enfin que je pouvais être ma propre personne : je n'avais pas besoin d'être l'ombre de mon frère, ou sa copie, ou encore celle de mon daron. Je pouvais être un ensemble de toutes ces personnes, m'inspirer du courage de ma mère, de la tendresse de Silax, du caractère endiablé de mon paternel, de la sympathie de Castor, ou encore de la générosité de Sally pour me former moi-même. Après un bon moment, mon très cher père me permit enfin de regarder ce qu'il m'avait fait, et je fus choqué par ce que je vis. Il avait réussi à transformer mon carnage en quelque chose de vachement beau. Je ne serai plus jamais le reflet de Castor ou inversement, j'étais Pollux, un peu trop "dionysé" à mon goût, mais on commençait à s'approcher de quelque chose. Je pense qu'il serait fier de moi.

Et c'est ainsi que commença une nouvelle étape de ma vie. J'ai enfin pardonné mon père, et je peux péchoter tranquillement des satyres (je n'ai toujours pas eu de demi-dieux en vue, malheureusement pour ma dignité. Car, oui, être en couple avec un moitié de chèvre te vaut beaucoup de jugements). Je vais bientôt commencer mes études, mais je reviendrai toujours passer du temps avec mon vieux père : il est seul dans son exil et ce n'est pas comme s'il le méritait vraiment. En plus, le camp a encore des batailles à mener, et je dois être là pour protéger ceux dans le besoin. Je crois vraiment que cette étape de ma vie va me plaire, bien que ça sera une des plus compliquées au vu de mes études de bio. Mais bon, si j'arrive au final à trouver des solutions contre le réchauffement climatique, mes amies arrêteront de mourir et des générations de personnes ne seront plus trompées par des cactus, justifiant un nombre beaucoup trop important d'années d'études. Je réussirai, je n'ai pas de doute à propos de ça, je suis le fils de l'une des plus grosses forces de la nature sauvage après tout.

Car, après tout cela, je suis avant tout un simple demi-dieu nommé Pollux.

J'espère donc que cet os vous a plu ! En tous cas, passez une bonne fin/début de journée (et, ps, merci à la personne qui a relu cette histoire)

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro