Chapitre 41
Mes bras autour de son cou, nos corps se mouvaient au rythme de la mélodie. Je humai son odeur et savourai sa chaleur. Au creux de mon oreille, j'entendis sa voix fredonner les paroles de la chanson qui était diffusée dans les enceintes. Nous avions beau être entourés de nos amis, j'avais la sensation qu'il n'y avait que nous. J'étais enfin détendue, heureuse et surtout moi-même.
– Lou, je me sens vraime –
De faibles bruits me parvinrent, m'obligeant à ouvrir les paupières. J'émergeai petit à petit du rêve doux dans lequel j'étais plongée. C'était du bien être et de la délicatesse en intraveineuse. M'habituant à la luminosité émanant des volets, je songeais à ce qu'il s'était passé la veille. Je n'aurais jamais cru que cette soirée se déroulerait ainsi, mais le marteau piqueur qui marquait le rythme dans mon crâne me rappelait que l'alcool n'y était pas pour rien.
Relevant le menton, mes iris rencontrèrent deux émeraudes. Celles qui avaient le pouvoir d'attiser en moi un sentiment nouveau. En effet, notre échange, certes éméché, m'avait fait ressentir quelque chose. Le nier serait se mentir. Il avait le don d'attiser cette curiosité mélangée à une gêne incontrôlée. Malheureusement, je ne pouvais pas me permettre ce genre d'attache. Je savais que je risquais gros à être auprès de lui. Perdre mon amitié avec Chloé et Vincent et devoir me battre contre mes propres démons n'étaient pas envisageable. Une bataille intérieure s'opérait en moi. Pourtant il lui fallut un sourire pour m'apaiser, un geste dégageant une mèche de mon visage pour me rassurer. Son pouce dessina le contour de mes lèvres. En cet instant, je rêvai que sa bouche se pose sur la mienne, que nos souffles se mélangent, que nos corps se frôlent. J'avais envie que nos âmes fusionnent...
Mais ce moment de douceur cessa, lorsqu'un bras s'enroula autour de mon bassin, collant mon dos contre celui de mon meilleur ami.
– Bonjour, Lilou, grommela la voix encore endormie et groggy de Vincent.
Il venait sans le savoir de me ramener sur terre. Brisant le lien indéfectible qui me liait à Axel, je fermai mes paupières douloureusement. Un froissement de tissu, un grincement de poignée et des pas sur le parquet. Je compris rapidement qu'il avait préféré quitter la pièce, provoquant un vide en moi. Partagée entre l'envie de rejoindre le brun et rester ici, le blond décida pour moi en me retournant face à lui. Bien trop près pour un simple câlin amical, je fixai soudainement son visage et restai fascinée par le noir de son regard. Il semblait me sonder, cherchant une réponse tue.
– Merci de t'être occupée de moi, petit ange... Tu m'en veux pour ce que je t'ai dit hier ? souffla-t-il en baissant les yeux.
Apprendre que si Zac ne s'était pas intéressé à moi, Vincent aurait tout fait pour m'épingler sur son tableau de chasse m'avait vraiment surprise. Il n'avait cessé de me torturer pour finalement que je tombe dans ses filets. Malheureusement cela n'avait pas fonctionné et avait même créé de terribles tensions entre nous. Mais cela appartenait au passé, ce qui m'intéressait véritablement c'était de savoir ce qu'il attendait de moi maintenant. Je ne pouvais nier que nous passions énormément de temps ensemble et que parfois nos gestes pouvaient porter à confusion. Je ne savais pas exactement ce que nous partagions ni ce que nous étions réellement l'un pour l'autre. Mais j'étais profondément attachée à ce garçon. Il avait toujours cette phrase, cette action qui me donnaient envie de me blottir contre lui, de me raccrocher à ce qu'il m'offrait. J'avais besoin de lui.
– Non je ne t'en veux pas, je ne pourrais jamais t'en vouloir. Mais par contre, je ne veux plus entendre parler de tout ça...
Il semblait satisfait de ma réponse. C'était le cas, je n'arrivais pas à être en colère bien longtemps. Il était mon pilier toutefois j'avais certaines choses à régler avant.
– Bon allez je file vous préparer un petit déjeuner et des cachets, chuchotai-je en lui adressant un sourire réconfortant.
Je déposai un bisou sur sa joue et ébouriffai ses cheveux avant de me lever. Tirant tant bien que mal sur le short que m'avait prêté Leïla pour dormir, je me dirigeai dans la cuisine. Appuyé contre l'îlot central, l'objet de mes tourments ne m'avait pas entendue arriver. Dos à moi, je pouvais voir chaque muscle se contracter aux rythmes de sa respiration. Ses doigts tapotaient nerveusement la tasse fumante qu'il tenait. Je compris bien vite qu'il n'allait pas aussi bien que je l'espérais. Je me raclai la gorge pour lui signaler ma présence. Je regrettai déjà lorsque mon regard croisa le sien. Un voile sombre avait pris place dans ses yeux. Je n'aimais pas du tout cette situation.
– Axel, je —
– Ne dis rien Lou, me coupa-t-il en reposant son mug dans l'évier.
Il s'apprêta à quitter la cuisine sans la moindre explication, ce qui me fit réagir sans réfléchir. J'attrapai son poignet à la volée pour l'arrêter. Décidément depuis hier, il jouait cruellement avec mes nerfs. Mais je ne pouvais pas le laisser partir. Je voulais qu'il me dise clairement ce qui se passait dans son esprit. J'avais besoin qu'il s'exprime ouvertement. Alors, je rapprochai mon corps du sien, colla ma tête entre ses deux omoplates et entourai son torse de mes bras. Mes mains se calèrent sur ses abdominaux vibrant à chaque expiration. Ses doigts se lièrent aux miens. Ses muscles dorsaux se détendirent doucement, m'invitant à resserrer mon étreinte. Je savourai durant quelques minutes cette étreinte. Je soufflai un grand coup et me lançai.
– Parle-moi s'il te plaît... murmurai-je.
Il se retourna pour me faire face et planta son regard à quelques centimètres du mien. Dans mon ventre se jouait une véritable samba tandis que mon cerveau avait décidé de cesser de fonctionner.
– Tu veux vraiment Lou ? En es-tu certaine ? Es-tu prête ?
Non enfin oui, mais je ne sais pas...
Mon cœur avait rejoint la danse endiablée qui se jouait au fond de moi. Tambourinant, mon organe vital était en train de sortir de ma cage thoracique. Le souffle saccadé, les mains moites, je ne sus combien de temps je le fixai, perdue. Il prit mon visage en coupe avant de poser ses lèvres sur les miennes. Malgré la surprise, mon buste se colla au sien, approfondissant cet échange et qui m'envoyait à ce moment-là sur une autre planète. Je déconnectais totalement et profitais de ce baiser. Malheureusement, il mit fin bien trop vite à cette dose de bien-être concentré. Posant son front contre le mien, il ferma ses paupières.
– Sache que je ne joue pas. Alors s'il te plaît, ne me torture pas, chuchota-t-il en se détachant de moi.
Les yeux écarquillés, je ne comprenais pas ce qu'il attendait et je n'aimais pas ce qu'il insinuait. Même si je n'arrivais pas à prendre position, je ne voulais pas qu'il pense que je me moquais de lui.
– Je ne joue pas. Je suis perdue...
Je baissai la tête honteuse par mon aveu. Mais je me devais de lui dire la vérité. J'avais apprécié l'embrasser. Il m'avait réellement chamboulée, mais je n'avais aucune idée du chemin que j'empruntais auprès de lui.
– Désolée, mais je ne veux pas souffrir et c'est exactement ce que tu es en train de me faire subir avec lui...
– Non ! criai-je en le voyant s'éloigner. Ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Tu ne comprends pas ! Putain...
J'avais parlé bien trop fort et il semblait étonné, il n'osait rien dire. Mais ce que je ne vis que bien trop tard, ce fut Vincent arriver et plaquer Axel contre un mur.
– Je ne sais pas ce que tu as fait pour la mettre dans cet état mec, mais je vais te refaire le portrait si tu continues à foutre la merde !
Je tentais de retenir mon meilleur ami pourtant il semblait comme possédé et m'ignorait royalement. Quand il était énervé, Vincent avait le don de m'effrayer, de me paralyser. Dans une tentative désespérée, je tirai sur sa manche pour le retenir, mais ce fut bien trop brutalement qu'il me repoussa.
– Chloé t'a jeté, t'as plus rien à faire ici ! Tu crois que je t'ai pas vu rodé hier soir autour de Lilou, et cette nuit ! Putain, mais tu crois quoi, que tu vas coucher avec elle ? Touche à un de ses cheveux, pose une main sur elle et je te défonce c'est clair ?
Il était rouge de colère. Le poing levé en l'air, il était prêt à le frapper. Comme un vieux réflexe, j'avais reculé pour me blottir dans un coin. Je détestais le voir ainsi. Il n'avait rien de l'ami auquel je tenais. Enfonçant mes dents dans ma lèvre inférieure, je tentai de contenir les larmes qui menaçaient de couler. Je replongeais instinctivement dans les souvenirs de ses excès de rage.
Ses coups de sang avaient amené son lot de douleurs, dévastant tout sur son passage. Je ne voulais pas retomber dans le passé. J'avais bien trop lutté, nous avions trop avancé pour chuter en chemin.
– Mais vous n'avez pas fini ici ? hurla Chloé en arrivant dans la pièce. Merde, Vincent, tu fais chier ! Regarde-la ! ajouta-t-elle en me pointant du doigt. Maintenance arrêtez vos conneries et posez vos fesses tout de suite !
S'agenouillant près de moi, je vis de longues boucles blondes apparaître devant mes yeux. Ses mains fraîches relevèrent mon visage pour m'observer. Je devais faire peine à voir pourtant le bleu de ses iris eu le don de me détendre aussitôt.
– Allez viens ! murmura-t-elle en me tirant par les poignets pour me relever.
Je soufflai un grand coup, rassemblai mes esprits et tentai de reprendre contenance. La nouvelle année ne pouvait pas commencer ainsi. Je me levai et adressai un sourire à ma meilleure amie avant de me tourner vers les deux hommes qui me tourmentaient.
– Axel, je pense que nous devrons parler calmement plus tard parce que tu te trompes. Et toi Vincent, s'il te plaît, arrête de me surcouver à ce point et d'utiliser la violence comme réponse, tu sais à quel point je déteste ça. Je ne veux plus vous voir vous battre comme des sauvages, est-ce que j'ai été claire ?
Croisant les bras sur ma poitrine, j'attendais leur réaction. Axel fut le premier à céder en me murmurant un faible oui. Lançant un regard noir à Vincent, j'étais prête à le mettre dehors s'il n'accédait pas à ma demande. Il mit quelques secondes à hocher la tête.
Tandis que Chloé choisit d'aller réveiller les autres, je me chargeai de préparer le petit-déjeuner pour tout le monde. Disposant jus de fruits, cafés, croissants et pains au chocolat sur la table, je ne pus m'empêcher de leur jeter un œil. Ils semblaient tous les deux perdus dans leurs pensées. Je culpabilisai de les avoir mis dans cet état, malheureusement j'étais réellement perdue.
– Bonne année, mes amours ! lâcha ma pétillante Marocaine avant de déposer des baisers sur nos joues.
– Salut les moches ! enchaîna son copain.
Lina et Florent sur leurs talons, chacun s'installa autour de la tablée. Nos tourtereaux occupèrent une grande partie de la conversation, nous demandant des détails sur la soirée. En effet, Arthur et elle avaient un peu forcé sur la boisson, oubliant ainsi un morceau de la fête. En observant Vincent, je compris que ce petit rafraîchissement de mémoire lui avait été aussi nécessaire. Intérieurement, je pouffai de rire en repassant ses bêtises de la veille. Un souvenir en enchaînant un autre, mes yeux se posèrent sur ce garçon que j'avais laissé entrer dans ma bulle. J'avais beau savoir que l'alcool avait fait tomber ma dernière barrière, je ne pouvais pas en faire une excuse. À vrai dire, je ne le voulais pas.
Axel m'avait toujours intriguée et plus je grattai, plus il m'attirait. Je crois que le soir de sa révélation, il m'avait enfin montré qui il était réellement. Il avait abaissé son ultime rempart et m'avait touchée en plein cœur.
Mon regard croisa le sien et malheureusement je compris que je l'avais blessé à mon tour. Alors discrètement je me chargeai de prendre mon sac que j'avais laissé dans la chambre de Leïla. Je récupérai mon téléphone et lui envoyai un SMS.
* Il faut qu'on parle, mais s'il te plaît fais-moi confiance. J'ai besoin de temps... *
Rejoignant les autres, je tentai de rester impassible. Intérieurement, j'espérai qu'il soit capable de comprendre. Après ce petit-déjeuner, Lina et moi avions prévu de rentrer chez mes parents. Luce était censée venir nous récupérer, seulement au vu de la matinée, une nouvelle idée venait de germer dans ma tête. Alors que tout le monde se préparait à rentrer, je m'éclipsai dans le jardin afin d'y trouver Axel. Cigarette à la bouche, il semblait perdu dans ses pensées. Arrivant derrière lui, je m'apprêtai à poser doucement ma main sur son biceps pour lui signaler ma présence quand il prit la parole.
– J'ai lu ton message et je suis prêt à attendre, souffla-t-il.
Une pointe de soulagement se logea au creux de mon ventre. Parce qu'au fond, je devais me l'avouer, j'étais attachée à ce garçon. Je ressentais la nécessité de l'avoir auprès de moi. Glissant mes doigts le long de son bras, je les nouai délicatement aux siens.
– J'ai besoin de temps, mais j'aimerais que tu restes à mes côtés...
Je ne pouvais faire plus pour le moment. Il fallait que je le rassure malheureusement j'étais encore trop brisée pour lui offrir davantage. Il resserra sa prise et me rassura par la même occasion.
– Je peux te demander un service ?
Ma voix trahissait mon trouble. J'angoissais à l'idée qu'il puisse refuser. Inquiet, ses yeux se posèrent sur moi avant d'acquiescer.
– Tu veux bien nous déposer chez moi s'il te plaît ?
Soudainement, un sourire se dessina sur son visage, creusant cette petite fossette qui lui donnait ce charme supplémentaire.
– Tu me demandes si j'ai envie de passer du temps en plus avec toi ? Je crois que tu connais déjà la réponse Lou.
Je camouflai profondément la joie qui me se propageait au fond de moi. Afin de ne pas jeter de l'huile sur le feu auprès de mes amis, je décidai de retourner à l'intérieur avant lui. Au moment de prévenir Lina que nous n'allions pas tarder, la sonnette retentit. Tout comme la veille, je me chargeai d'aller ouvrir. Je reconnus sans difficulté l'individu qui se tenait sur le seuil.
– Bonjour Lilou-Ann !
– Bonjour, Monsieur Leroy, bonne année et surtout une bonne santé !
– Bonne année à toi aussi Lilou-Ann ! Je te souhaite vraiment de belles choses, tu le mérites... déclara-t-il avec beaucoup de bienveillance.
Son fils ne pouvait pas nier cette ressemblance, cette douceur, qui faisait des hommes de cette famille, des gens bons. Je le fis entrer avant d'appeler Vincent pour le prévenir de l'arrivée de son père. Accompagnés de ma meilleure amie, ils arrivèrent dans le salon.
– On dépose Chloé, tu veux qu'on vous ramène ? me demanda-t-il.
Je n'avais pas envisagé qu'il me fasse cette proposition. Je ne pouvais pas lui mentir, mais lui dire la vérité créerait un nouveau conflit. Alors je préférai omettre certains détails...
– Non ne t'inquiète pas, c'est réglé quelqu'un nous ramène.
Je priais intérieurement qu'il ne me questionne pas davantage. Par chance, ma blonde semblait fatiguée et pressée de rentrer chez elle. Il n'insista donc pas plus pour mon plus grand soulagement et ils se mirent en chemin. Concentrée sur leur départ, je ne prêtais pas attention à l'arrivée de ma brune dans mon dos.
– Rassure-toi, je ne dirais rien, souffla-t-elle au creux de mon oreille.
Je sursautai et me retournai. Un discret air satisfait prit place sur son visage. Elle semblait fière de sa petite phrase, quant à moi, je feignis de ne pas comprendre.
– Toi et Axel ?
Je tentai de paraître le plus neutre possible pourtant mon palpitant s'apprêtait à sortir de ma cage thoracique. Croisant les bras sur ma poitrine pour me donner de la contenance, je penchais la tête sur le côté et haussais un sourcil.
– Je vous ai vus ce matin, dans la chambre et là, dans le jardin... Ça dure depuis combien de temps ?
Soudainement, j'avais l'impression d'être une gamine prise sur le fait d'avoir volé un bonbon dans une boulangerie. Dans le fond, je n'avais rien fait de mal, cependant le sentiment qui s'immisçait en moi, m'accusait à tort d'un crime.
– Je ne sais pas... chuchotai-je baissant le visage.
Saisissant mon poignet, elle me tira contre elle. Elle caressa mes cheveux en me parlant doucement, comme le ferait une mère.
– Ce garçon est si mystérieux que ça en est perturbant, mais Lilou, si tu savais comme je suis heureuse. Il y a une chose insaisissable entre vous, je pensais que c'était moi qui déraillais, mais il semblerait que non.
Prenant ma tête en coupe pour me forcer à la regarder, elle ajouta :
– Tu as largement le droit à ta part de bonheur, tu as assez souffert. Te voir avancer, t'ouvrir, on le souhaite tous. Tu me l'as dit toi-même : crois toujours en l'amour, souris à la vie. Alors, applique-le aussi pour toi. Et puis il n'est clairement pas moche du tout.
Elle m'adressa un clin d'œil avant de m'offrir son plus beau sourire. Sa déclaration m'arracha les larmes. Soulagée d'un poids, j'étais émue par ses mots et par son approbation. Retournant dans sa chambre, j'envoyai brièvement un message à Luce pour lui dire de ne pas venir et prévins par la même occasion Lina.
Après une rapide toilette pour chacun, Axel se décida à nous ramener. L'excitation se mêlait peu à peu à l'angoisse. J'étais passée de la bande son de Footloose à celle d'Harry Potter, de Dirty Dancing à Requiem for a dream, de Friends à Game of Thrones. Pourtant d'un regard, il envoyait valser toute cette tempête de sentiments, ne me laissant qu'une vague de calme. Montant dans sa berline en compagnie de ma cousine, un silence s'installa. Alors comme un vieux réflexe, j'allumai la radio afin de m'évader quelques instants. Les chœurs envahirent immédiatement l'habitacle, m'arrachant un sourire. Sans m'en rendre compte, je commençai à fredonner le refrain.
– Keep spending most our lives
Livin' in a gangsta's paradise
Tell me why are we so blind to see
That the ones we hurt are you and me?
Cette adaptation de la chanson Pastime Paradise de Stevie Wonder m'avait bouleversée lorsque j'avais vu le film Esprits Rebelles. Coolio avait su apporter cette petite note sombre à cette sublime chanson. Elle avait pris place dans mon cœur et était devenue un rituel durant de mes phases d'échauffement pour danser. Ma voix se mêla à celle de Lina tandis que j'aperçus le regard malicieux d'Axel. Par chance pour lui, Leïla n'habitait pas très loin de chez moi, par conséquent le massacre musical ne dura donc pas si longtemps.
Alors que nous arrivions à destination, je laissai ma cousine descendre en la prévenant que je n'allais pas tarder. Malgré ma forte envie de rester à ses côtés, je n'étais pas des plus à l'aise. Il attendait des réponses que je ne pouvais lui donner. Finalement, je décidai de briser le mutisme qui nous caractérisait.
– Je ne sais pas ce que tu attends vraiment ni ce que tu désires, mais laisse-moi du temps pour réfléchir et pouvoir avancer à mon rythme. Mais je te promets de faire attention à toi... soufflai-je en me tournant vers lui.
Une promesse. Cela faisait bien trop longtemps que je n'en avais pas faite, pourtant je comptais bien la respecter. Il était hors de question que je blesse quelqu'un d'autre. Mes iris s'ancrèrent immédiatement aux siens et l'envie de me blottir contre lui naissait de nouveau en moi. Tout cela était trop récent pour moi et je ne savais pas comment le gérer. Lorsque ses doigts se posèrent doucement sur ma joue, je penchai la tête, fermai les paupières et savourai ce contact. Mon corps se détendit petit à petit, mon cœur avait cessé de me bombarder sous la poitrine et mes mains arrêtèrent de trembler.
– Ouvre les yeux Lou.
Je cédais à sa demande en me trouvant face à ses émeraudes. Deux billes d'un vert profond dans lesquelles on pourrait aisément s'évader. Il avait cette petite fêlure marquée par son passé que je comprenais maintenant. Nous étions deux êtres brisés par la perte d'un proche, mais à ses côtés, j'avais l'impression de pouvoir recoller peu à peu chaque morceau de mon âme.
Il posa son front contre le mien et son souffle apaisé s'échoua sur mon visage. Une lutte intérieure s'opérait en moi. Je bataillais avec l'envie de l'embrasser et mon besoin de prendre du recul. Il prit finalement la décision pour moi en glissant ses doigts dans mes cheveux et en déposant un baiser à la commissure de ma bouche.
– Rentre avant que je ne sois pas en mesure de garder mon self-control... avoua-t-il le sourire aux lèvres.
Il avait raison, il était préférable que je quitte sa voiture pour ne rien regretter. Au moment de refermer la portière, je me retournai une dernière fois.
– Merci, Axel, merci pour tout... murmurai-je.
M'apprêtant à rentrer, je vis trois visages calés dans l'embrasure de la porte. Prises en flagrant délit d'espionnage, je vis leurs yeux s'écarquiller. À peine avais-je mis un pied à l'intérieur que je passais de bras en bras pour me souhaiter la bonne année. Rapidement mes frangines et Lina me prirent à part pour me questionner. Évidemment Luce se tenait à l'écart, m'observant silencieusement.
– Axel ? Lilou-Ann, tu sors avec lui ? Oh punaise, mais il est tellement b — .
Je plaquai soudainement ma main sur sa bouche. À ce rythme-là, tout le quartier allait être au courant des élucubrations de ma sœur. Lina, à côté de moi, était en train de rire à gorge déployée.
– Je ne sors pas avec lui, détends-toi ! soufflai-je. Je ne sais pas ce que tes petits yeux de fouine ont vu, mais je ne sors pas avec lui.
Mais lorsque je croisai le regard de Luce, je compris bien vite que je fus la seule que je tentai de convaincre. Mordillant ma lèvre, j'essayai tant bien que mal de cacher le trouble qui s'insinuait sournoisement en moi. Je n'avais pas envie de coller une étiquette sur nos échanges, sur nos contacts, sur notre relation. Je voulais, pour une fois, me laisser porter par le courant...
Le reste de la journée se déroula en famille, le plus simplement possible. J'étais heureuse de les avoir auprès de moi. Je me sentais d'humeur légère, riant à la moindre blague de Lina, aux nombreuses boutades de mon père et à l'attitude enfantine de Laurianne. Évidemment, j'avais remarqué que mon aînée avait été plutôt silencieuse. Je connaissais cette attitude. Je savais que derrière ses regards en coin se cachaient une inquiétude, des milliers de questions et un amour fraternel incontrôlable. Profitant de ce moment avec les miens, nous avions décidé de jouer à Time's up. Ce jeu, qui consistait à faire deviner des noms de célébrités, de personnages ou de films, se composait de trois manches. Autant dire que la dernière partie où il fallait utiliser le mime pour trouver la bonne réponse avait amené son lot de fous rires. Entre les caricatures de Lau, les gestes très succincts de ma mère et la tricherie de Lina, le jeu avait pris une autre tournure. Nous avions finalement passé cette première journée de l'année dans la joie et le partage. Au fond de moi, j'espérai qu'elle soit annonciatrice des mois futurs...
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Coucou mes petits lecteurs,
Après deux semaines de petite pause pour diverses raisons, voilà le retour de Lilou. Après ce baiser avec Axel, cela va être compliqué pour elle.
Et vous qu'avez-vous pensé de ce chapitre? De l'attitude de Lilou? Elle semble un peu perdue mais qui ne le serait pas à sa place...
A tous les fidèles de Vincent ne me jetez pas de cailloux ^^ Rien est encore joué...
Bisous, bisous 🖤,
L.
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