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Préface

 Lorsque l'idée première du roman que vous lirez bientôt – et je vous en remercie, noble lecteur – a germé dans mon esprit, il ne s'agissait que des balbutiements d'une nouvelle expérience à construire, pièce par pièce, mais qui toutefois posa ses premières marques longuement avant que la première lettre ne soit écrite. Quand j'ai réfléchi à ce roman, il m'apparut de plus en plus évident, comme ancré dans ma chair. Ce sont là les premiers effets quand vient le moment de constater que ce n'est pas nous qui écrivons, mais notre écriture qui nous écrit.

En quelque sorte, il me semble qu'un projet, même établi en nous, s'il est révélé par la lumière de la littérature, restera toujours en quelque sorte expérimental. C'est d'autant plus vrai si l'oeuvre en question bénéficie des premiers éclats de la jeunesse, de cette énergie et de cette fougue qu'arborent la pureté des mots qui construisent un projet intuitif et encore jeune. Rayés a, me semble-t-il, cette énergie de la jeunesse. Il se construit dans une énergie que j'aimerais nouvelle. Ce roman, tout comme mes personnages, a de grandes aspirations. Je ne pense pas que le propre de l'artiste soit de se contenter du peu. Aussi, j'ai aspiré toutes les connaissances qui m'ont abreuvé et l'auteur que je tente d'être les a utilisées pour bâtir les façades, puis l'intérieur de mon roman, d'autant plus que Rayés s'inscrit dans une optique encore plus grande, un flux aussi large qu'un océan.

Étudiant en lettres modernes, je me forge en permanence dans les livres et la connaissance de mouvements littéraires et d'auteurs, qu'ils soient théoriciens ou artistes. À tous ces gens, à mes professeurs, à mes collègues qui entretiennent cet univers qui gravite autour de ma personne – et même si je n'en donne pas une très bonne image dans mon roman, car comme tout roman universel, un lieu en remplace un autre et il s'agit bien de moi dont je parle dans celui-ci –, je dois leur dire merci ; je dois les remercier car ils ont amené, petit à petit, mon cerveau à analyser mon existence de lecteur, et par la même occasion, mon existence d'écrivain.

Au cours de mes études, il m'est apparu plusieurs observations : tout d'abord, moi, comme d'autres auteurs contemporains de mon époque, portons en nous certaines caractéristiques du romantisme, ce mouvement littéraire aussi fluide qu'un océan, porteur des figures titanesques ; Hugo est notre père, George Sand, notre mère. Nous portons en nous les mêmes espoirs et les mêmes regards sur le monde que Lamartine ou Alfred de Musset en leur temps. Notre société ne fut pas la même que la leur et pourtant, les ombres de ces grandes figures se retrouvent, en quelque sorte, à notre manière enfantine, dans les traces de nos écrits, au bout de notre plume et jusque dans nos projections symboliques que sont nos personnages.

Je ne pense pas avoir à rougir lorsque je me définis comme étant un auteur post-romantique ; en moi, les mêmes aspirations que les auteurs voulant réformer le monde ; en mes personnages, les mêmes aspirations qui portent le docteur Faust dans l'oeuvre du resplendissant Goethe. Mes lignes sont sentiments épiques, tragiques, lyriques, harmonieux ou disharmonieux, mais elles sont avant tout sentiment. Elles veulent vivre, comme toute œuvre, peut-être un peu plus, dans la démesure. Le romantisme ne serait-il pas, en effet, qu'un orgueil seulement plus légitime que les autres, en ce sens qu'il aspire à des grandeurs d'âme inaccessibles, mais avec la pudeur des plus grands ? Le romantisme n'est après tout que l'expression d'un « je » surpuissant, un « je » qui veut tout dépasser, les limites humaines, ou qui veut tant s'intégrer dans ce monde qu'il en devient absolument resplendissant.

Mon œuvre est évidemment marquée par le « je » : le « je » de l'auteur – mais n'allons pas trop vite –, le « je » du personnage avec toutes ses attentes et ses désillusions, le « je » du lectorat qui s'identifie inévitablement, d'une façon ou d'une autre, avec le miroir qu'on utilise en rédigeant ces pages. Les lecteurs vont probablement hausser un sourcil, sourire, pleurer, être blasés, rire, se mettre en colère... Le lecteur prend son identité à partir de ce qu'il lit. Et c'est vrai, de fait, même quand ce dernier n'a aucune réaction : s'il ne réagit pas à telle situation, il est très probable qu'il s'agit d'un lecteur calme, ou qui n'est pas touché par cette dite-situation. Le lecteur est donc défini par son absence.

C'est en partie ce qui définit aussi Toma Stern, le protagoniste de mon roman, au cœur de l'intrigue. Il ne se définit d'abord pas par ce qu'il aime ou ce qu'il déteste, mais parce qu'il n'aime pas ou ne déteste pas. Toma n'est pas un personnage de l'action, il est un personnage de la négation, du déni, de l'amertume. Et c'est aussi ce qui le façonne en tant que personnage de l'Espoir. Parce qu'il est spectateur de son existence, il a le choix d'être acteur. Va-t-il le prendre ? Ça reste à voir. Mais ce qui est sûr, c'est que ce choix s'offre à lui. Jean-Paul Sartre, dans sa conférence intitulée L'existentialisme est un humanisme, explique que l'homme est condamné à être libre, et qu'il est responsable de ce qu'il est. Rayés n'est pas fondamentalement un roman existentialiste, bien qu'il puisse se créer quelques liens entre la philosophie sartrienne et la position sternienne de mon personnage et de mon roman tout entier. Néanmoins, le caractère démesuré de ce roman – et je dis cela dans un strict but d'analyse objective, telles les œuvres romantiques – ne peut vraisemblablement le placer dans une position d'existentialiste. Je ne suis moi-même pas existentialiste, bien que je m'accorde à croire que la philosophie de Sartre soit vraie.

Pour en revenir au projet d'écriture de Rayés, je crois qu'il faut – et c'est évident – opposer, ou du moins prendre du recul, entre la posture générale de l'écrivain et la posture spécifique de l'oeuvre qu'il écrit. Ce n'est pas parce que mon style est empreint de romantisme que mon roman est romantique. En effet, mes observations de lecteur m'ont mené à plusieurs observations : tout d'abord, nous avons reçue une éducation littéraire qui nous place en tant qu'héritiers et héritières des mouvements littéraires du XIXe siècle. J'ai eu l'occasion de voir plusieurs auteurs faire des recherches complètes (et j'en ai fait aussi) ainsi que les naturalistes (bien que la position scientifique ait changé) ; comme les romantiques, nous exprimons encore un « je » fort d'une ambition titanesque ; comme les symbolistes, je vois que beaucoup de jeunes gens ayant une plume entre les doigts s'attachent aux symboles, à la signification de chaque mot, et construisent leur œuvre à partir de ces dits-symboles ; enfin, comme les décadentistes, on observe une sorte de mise en avant du beau et de la figure du dandy dans de nombreux romans jusqu'à ce que ça en devienne laid. N'est-ce pas ce qu'on retrouve dans ces romans mettant en lumière des figures de garçons ou de filles sans morale qui prennent les autres pour des objets remplaçables (ce qu'on nomme, dans un américanisme tout à fait détestable, les badboys et badgirls) ?

De cette observation, j'en ai tiré une conclusion qui me paraît évidente, après y avoir réfléchi, mais qui mérite évidemment qu'on s'attarde dessus si on veut vraiment comprendre mon projet d'écriture – ainsi que ceux de multiples personnes héritières de cette littérature : notre écriture, héritière du romantique plus que des autres, a évolué et mué ; de l'écriture du « je », individuelle et décalée, nous constatons une écriture du « nous », nouvelle, qui s'inscrit dans une volonté de découverte, de partage, d'absorption des maux du monde. On ne veut pas montrer les conséquences du mal dans une déstructuration absurde comme s'est attaché à le faire le dadaïsme, mais nous réfléchissons à nos maux afin qu'ils deviennent ceux de l'humanité entière. Ces œuvres qui traitent de la place des minorités – sexuelles, ethniques, etc. – se sont multipliées depuis ces dernières années parce que la littérature se construit autour d'une prise de conscience. On ne cache plus les pathologies mentales : on construit nos personnages sur ces bases.

À sa manière, bien que la surdouance ne soit pas une pathologie mentale, Rayés s'inscrit dans cette idée-là. La différence au cœur du langage, au cœur des mots, marquer le lectorat par une réalité à laquelle ils ne se reconnaîtraient pas en temps ordinaires mais à laquelle ils seront sensibilisés, voilà ce qu'est le néo-romantisme, et encore plus dans ce roman. Le néo-romantisme pourrait, effectivement, être considéré par les esprits malsains comme une tentative de tout justifier. À ceux-là, je leur répondrai qu'ils ont bien tort de prétendre une telle chose : le néo-romantique ne justifie pas tout, il exprime une réalité que les autres ne peuvent pas connaître, mais il va faire en sorte qu'ils la comprennent ne serait-ce qu'un peu. Faire de ses maux ou des maux d'autrui une matière à sublimer et à exposer, voilà la mission du néo-romantique en tant qu'artiste.

Bien évidemment, le néo-romantique, dans un siècle de changements, de technologie en pleine évolution, ne peut pas se réduire à ça, mais ma mission en tant que rédacteur de cette préface n'est qu'une exposition primaire du contexte littéraire dans lequel l'oeuvre a été écrite pour mettre en lumière quelques éléments parfois troubles.

Enfin, je terminerai ces notes sur mon œuvre en expliquant, après avoir fait l'état des lieux du mouvement littéraire qui imprègne mon roman et mon expérience en tant qu'écrivain, certaines notions dans ce livre. Le thème de ce roman est profondément ancré en moi ; non pas l'amour, puisqu'il est inhérent à la condition humaine – et je ne parle pas d'amour qu'apporte Cupidon mais de tous les amours, y compris celui de la littérature et de la vie –, mais bien de ce qui touche la plupart des personnages de ce roman, c'est-à-dire cette recherche de notre place dans le monde. Et c'est encore plus vrai pour Toma. En effet, j'ai choisi de porter ce roman sur la surdouance parce qu'il s'agit d'un sujet qui me touche, et j'entends personnellement. Toma est donc au final une projection de ce que je suis.

J'ai écrit ce roman pour partager mon expérience et ma vie de surdoué. J'ai lu que beaucoup de personnes ne savent pas ce qu'est la surdouance : capacités extraordinaires ? Génie qui ne se reconnaît pas ? Poids émotionnel ? Fardeau ? Extraterrestre ? La vérité, c'est que nous autres, surdoués, qu'on appelle aussi zèbres, sommes un peu de tout cela et rien de ce que je viens de citer en même temps. La vérité, c'est que ça dépend de la personne et de son fonctionnement. Nous sommes juste "trop". C'est cela qui nous définit.

Le projet de Rayés aurait d'ailleurs pu s'intituler Trop, parce que ce sont des mots qui définissent ce que nous sommes, et aussi, ce que je suis. J'ai longuement réfléchi au titre de l'histoire. Je souhaitais qu'il soit polysémique : qu'il ait plusieurs sens, plusieurs échos. Je ne voulais pas qu'il soit trop long, ni trop compliqué, qu'il puisse être compris sans qu'il ne laisse tout apparaître. Trop a été mon premier choix, parce qu'il qualifie mon personnage principal. Mais ce trop, même s'il y avait un rapport avec ce qu'était le personnage, ne représentait pas vraiment ses origines. De plus, on parle seulement de Toma. Or je voulais que le texte soit pluriel sans toutefois oublier le caractère personnel. C'est pour ça que je me suis inspiré des termes de la surdouance pour créer le titre, le puisant à la source.

Il faut savoir néanmoins que je ne suis pas un amateur du terme "zèbre" pour nous définir. Un zèbre n'aura jamais que deux couleurs, même si ses rayures sont différentes pour chaque individu. Un HPI n'aura jamais deux teintes, il ne se contentera jamais du noir ou du blanc. Jamais je ne me suis contenté du noir ou du blanc. Parce que la vie est une multitude de teintes grises ou colorées. C'est pourquoi je me suis tourné tout naturellement vers un deuxième titre : Papillons. Puis finalement, je me suis dit qu'il manquait quand même une idée principale à ce titre : la déchirure personnelle qui habite Toma. Je suis donc revenu, doucement mais sûrement vers les rayures du zèbre. Parce que ne dit-on pas d'une personne blessée qu'elle est rayée ? C'est donc ce qui me poussa à choisir ce titre.

Concernant cette particularité, de nombreux mythes, des idées déjà faites, sont apparus un peu partout : dans le cinéma, dans la vie et bien sûr, dans la littérature. Beaucoup s'imaginent que nous sommes des génies qui réussissent tout ce qu'ils entreprennent sans difficulté, parfois avec un orgueil démesuré et un manque de sociabilité. D'autres songent sûrement à ces personnes comme des extraterrestres avec des difficultés à s'adapter par des émotions trop fortes. On nous prend soit pour des mégalomanes, soit pour des bonnes poires, malheureusement.

Pour dire vrai, tous ces profils existent, mais ils peuvent totalement s'entremêler. C'est un schéma naturel, et c'est aussi ce qui est représenté dans mon roman. Toma est certes le cliché du surdoué qui réussit, qui est orgueilleux, mais il a aussi ses points faibles, ses bizarreries, ses lubies, ses délires, sa passion, ses crises de nerfs, ses déceptions, ses échecs et ses victoires. Vénus n'est pas en reste. Je trouve que leur profil respectif se ressemble assez mais ils se complètent aussi. C'est ce qui fait la force de cette union à mon goût.

Enfin, ce roman a aussi une vocation à transmettre des émotions, des idées et à projeter ce que moi-même, en tant qu'auteur, lecteur et individu ait à offrir. Ce roman n'est pas tant un roman autobiographique au sens général du terme ; il n'y a rien de réel et de fondé. Pour terminer, je pense qu'il s'agit d'un roman qui purge mes pensées, mes déceptions et les rares échecs que j'ai vécus. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agit des mémoires du lycéen que j'étais, mais bien de fragments autobiographiques de mes émotions en tant que lycéen et en tant que surdoué.

Voilà l'essence même de Rayés.

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