Chapitre 8 - Partie 4
Nous arrivons finalement à notre boulangerie habituelle, qui est aussi, ô miracle, une sorte de salon de thé. Pour être exact, ce n'est pas tout à fait ça non plus, puisqu'ils ne servent pas de thé. C'est plutôt un espace où on peut profiter, au chaud, de nos gourmandises.
Alors que nous nous apprêtons à rentrer, mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. Je le sors délicatement. Je me souviens de cette maudite fois où j'ai décroché alors que je ne voulais pas. C'était très gênant. Et je ne veux pas non plus que Mathis soit au courant que passer la journée avec lui n'est qu'une mission, une diversion, une tromperie, pour permettre à Claire et aux autres de préparer la fête d'anniversaire de mon ami.
– C'est qui ? demande Mat.
Je le regarde, blasé. Curieux, petite fouine !
– C'est ma mère, dis-je. Entre dans la boulangerie et commande ce que tu veux, je te rejoins. Et prends moi un pain au...
– Okay Mickey !
Et il disparaît derrière la porte vitrée, me laissant seul avec mon téléphone. Je m'adosse contre le mur.
– Allô ?
– Allô, mon chéri ?
Ai-je déjà dit que la voix de ma mère est extrêmement douce ?
– Coucou, ma petite maman chérie ! Tu vas bien ?
– Oui, ça va... Là, on vient de sortir de la visite chez le dentiste, pour ton frère.
– Et alors ?
– Bah, ça s'est plutôt bien passé, à partir du moment où Axel s'est calmé.
– Il t'en a fait voir de toutes les couleurs, hein ?
Je l'entends soupirer, alors qu'elle ouvre la portière de la voiture, son que j'entends distinctement. J'entends aussi distinctement le couinement de douleur de mon frère qui se plaint de sa dent. Je l'entends aussi lui demander d'arrêter de se plaindre.
– Un peu, à vrai dire, soupire-t-elle.
Je note dans mon esprit de ne pas oublier de mettre une claque à mon frère en rentrant.
– Enfin bref, c'était surtout long. Je t'appelais pour savoir si ça se passait bien, avec Mathis.
– Oui, ça va. C'est parfois un peu dur de trouver des idées pour l'occuper.
– J'imagine, ricane-t-elle. J'espère que tu passes une bonne journée...
Je n'aime pas son ton. Je sais où elle veut en venir.
– Tu sais, ça me fait plaisir de te voir faire des efforts. Je m'inquiète parfois pour toi, quand je te vois tout seul.
– Je sais, maman. Je sais.
– Et j'espère que tu lui mets pas trop la misère, à ton pote.
Je souffle du nez, amusé par sa remarque.
– Non, ne t'en fais pas. Tout se passe bien.
– D'accord... Alors passe une bonne après-midi.
– Merci, vous aussi.
Je raccroche, et rentre à mon tour dans la boulangerie. Il ne me faut pas longtemps pour retrouver mon camarade, attablé dans un coin, se délectant d'un éclair au chocolat saupoudré de copeaux de noisette. Deux tasses de chocolat chaud reposent à côté de lui, l'une juste devant une chaise vide. Je tourne la tête pour observer le serveur. Brun, yeux bleus, ténébreux, charmant toutes les femmes qui passent la porte si lourdement qu'il les fait presque fuir. Le cliché du pauvre con qui suinte le sexisme par tous les pores de sa peau. Ce genre de type exerce sur moi un dégoût formidable.
Je me détourne de lui après avoir soufflé le salut le moins sincère du monde, et m'assois sur la chaise libre, en face de mon ami. Ce n'est même pas le bon verbe pour décrire mon action ; je me vautre, littéralement heureux de pouvoir enfin souffler un peu après cette longue marche. Le moins que l'on puisse dire est qu'il a fait un bon choix en s'installant ni trop près de l'entrée, ni trop loin. Et nous sommes idéalement placés autant pour observer les serveurs, au nombre de deux aujourd'hui, que les gens passant dans la rue. Il me regarde quelques secondes, achevant tranquillement sa bouchée :
– C'était qui ?
C'était Claire, elle me prévenait que tout se déroulait au poil et que la fête qu'on te prépare allait être parfaite ! Crétin !
– C'était... ma mère.
Je me félicite intérieurement de ne pas avoir dit ce que je pensais. J'aurais fait la plus belle des fautes dans l'histoire du partage de secrets. Il hoche la tête.
– Et ça va ?
– Ouais. Elle emmenait Axel chez le dentiste.
– Ah... Et ?
– J'imagine qu'il a eu une petite carie. Je l'ai entendu couiner, derrière.
Mathis siffle, l'air compatissant :
– Aïe, aïe, aïe ! Je m'en souviens, la dernière fois que j'ai eu une carie. Je crois que je devais avoir...
– Quinze ans.
– Ah ouais ! J'avais un espèce de gouffre dans la dent, je crois que la dentiste n'avait jamais vu ça. Bon, j'ai douillé, par contre. Mais bon, je paie les soirées à grignoter des bonbons devant des séries. Tu me l'avais dit, je m'en souviens.
Il retape dans sa pâtisserie et la termine. J'attends patiemment qu'il finisse. Il serait capable de continuer en la mangeant. Il engloutit sa dernière bouchée, manque de s'étouffer, tousse trois ou quatre fois, prend une gorgée de chocolat chaud. Au moment où je veux quand même prendre la parole, excédé que son silence dure aussi longtemps, il lève un doigt professoral pour m'interrompre.
– Tu m'avais dit, reprend-il, de faire attention, parce que le sucre attaque les protections des dents ou un truc comme ça. Claire aussi. Je crois que la télé a été plus forte que vous, malheureusement.
– Et la dentiste et ton mal de dent aussi, visiblement.
Il acquiesce, fermant les yeux, comme un sage, un combattant qui a connu les champs de bataille et qui se souviendrait d'une époque de guerre lointaine.
– Un dur souvenir... Mais c'est passé ! J'ai survécu ! Et je n'en suis sorti que plus fort, plus expérimenté, plus grand ! Et c'est au tour du petit d'affronter ça...
J'acquiesce. Il lève le poing d'un air solennel avant de se cogner contre le torse.
– Sois fort, Axel.
Je dois étouffer un rire, puisque, buvant ma boisson, m'étouffer ne serait pas du plus bel effet. Je le vois se renfrogner.
– Quoi ? râle-t-il.
– Non, rien...
– Bah si ! Crache le morceau ! Et puis eh, tu sais très bien quel jour on est, hein ? Hein ? Alors ?
Il marque un point, le salaud !
– Voilà ! claque-t-il. Je suis le roi, c'est ma journée donc j'suis le roi, et c'est qui qui fait qu'est-ce qu'il a envie ?
– Ce qu'il a envie, en fait. Et on ne répète pas deux fois le...
– On s'en fout ! siffle-t-il, balayant ma correction d'un mouvement de main. J'suis le roi et c'est suffisant, non ? Non ? Et t'as eu ta mère au tel, non ?
– Ouais.
– Je parie qu'elle t'a dit d'être gentil avec moi. Faut être gentil avec Mathis ! Il est si mignon...
Le salaud, il a bien enregistré ce que disait ma mère à propos de lui quand il était petit, hein !
– Oui, oui, ça va ! J'ai compris !
– Bon, voilà ! ricane-t-il.
– Eh, Mathis ?
– Ouais ?
– Tu sais ce qu'on a fait aux rois ?
– Euh... On les couronne ?
– Non.
Je m'approche de lui, pose mon doigt sur sa carotide et dessine un trait. Il déglutit, ce qui me fait encore plus sourire.
– Couic !
– Toma ?
– Quoi ?
– Tu fais peur, des fois.
– Je sais. Mais ne t'en fais pas, ça ne t'arrivera pas.
Je tiens trop à lui pour qu'on lui fasse du mal. Mais ça, je suis bien incapable de lui dire.
– Au fait, dit-il, on est là pour se faire plaisir, alors oublions les caries et toutes les bactéries du monde. Tu m'avais demandé de te prendre un pain au chocolat. J'ai voulu, mais il n'en restait qu'un. Et il n'était pas vraiment beau... Et tu mérites mieux, mon pote. Alors...
Il prend une petite boîte posée sur la chaise inutilisée à côté de lui, et il me la tend.
– Mais, Mat, je t'avais dit de...
– Ouais, je sais. Mais ouvre, ça me fait plaisir.
Je l'ouvre. Dedans, trône ma pâtisserie préférée : le cup-cake à la framboise. Je regarde un instant mon goûter avant de lancer un coup d'oeil à mon ami, attendant certainement une quelconque réaction. Je lui fais un petit sourire :
– Mon gâteau préféré ! Merci, Mat.
– Pas de quoi.
Avec une gratitude qu'il m'est impossible de montrer, je profite de ce petit bijou sucré.
– Sinon, dis-je après avoir fini de manger, j'ai une petite idée de ce qu'on pourrait faire.
– C'est quoi ?
– Tu verras bien. Profitons juste de ce petit moment de répit, tu veux bien ?
– Ouais.
Et c'est ce qu'on fait. Confortablement installés dans cette pièce, avec un chocolat chaud et quelques gourmandises, on profite, laissant s'égrener les minutes et les conversations.
Mais comme toute bonne chose a une fin, il nous faut partir. Nous ne pouvons décemment pas rester là indéfiniment. D'ailleurs, je ne crois pas que le serveur de tout à l'heure voie notre présence d'un très bon oeil. Je l'ai vu nous lancer des regards en coin, quelques fois, alors qu'il servait un autre client. S'il y a bien un type de personnes que je déteste, c'est bien ce genre de personnes sournoises qui regardent par en-dessous. Cette mesquinerie me dégoûte.
Lorsque nous nous levons, je le vois rejoindre le bar. Il tient, encore une fois, la grappe à une jeune demoiselle arrivée il y a quelques minutes. Et notre présence n'a pas l'air de faire très plaisir au gars. Il ne peut pas jouer son petit numéro pleinement. Parce qu'il sait très bien que ce n'est pas professionnel. Mais, hypocrite jusqu'au bout, il nous lance un petit sourire poli ; un sourire de vendeur malhonnête.
– Sept euros, lance-t-il avant même qu'on n'ouvre la bouche. S'il vous plaît.
Je sors mon porte-monnaie et lui glisse exactement sept euros. Pas un centime de plus ou de moins. J'observe le rictus du vendeur déformer son visage. Ce n'est pas très long, mais suffisamment pour que je le remarque.
– Merci, enchaîne-t-il en reprenant une expression neutre. Passez une bonne journée.
– Vous aussi, répond Mathis.
– Au revoir.
Nous sortons de la boulangerie, et Mathis me regarde avec de gros yeux ronds. Je lève la main pour lui intimer de ne rien dire :
– Je sais ce que tu penses, que j'ai été radin et que j'aurais pu faire un effort. Mais ce débile m'énervait.
– Mais il n'a rien fait...
– Hypocrite, malhonnête, sexiste. Ce bonhomme ne mérite rien de plus qu'un licenciement. C'est criminel de faire bosser des guignoles comme lui, alors qu'ils sont juste bon à tripoter leur console de jeu et leur engin.
Nous reprenons notre marche vers notre prochaine destination, et je souffle, plus bas :
– Septième cercle de l'Enfer... Putain de monde peuplé de crétin.
Même s'il est à un ou deux mètres de moi, Mathis ne fait aucune réflexion. Peut-être même n'a-t-il rien entendu. Ou il n'a pas cherché à savoir.
Il nous faut bien cinq bonnes minutes pour rejoindre notre prochaine destination. En chemin, je lance un regard à l'heure. Nous sommes restés vingt minutes dans la boulangerie. D'après mes estimations, je n'ai plus beaucoup de temps à tenir, peut-être encore une heure ou deux. Parfait.
***
– Tom ? Je ne sais pas lequel choisir, t'as pas une petite idée ?
Je soupire. Je crois que je commence sérieusement à regretter d'avoir choisi cette boutique comme nouvelle destination. Mathis est coincé là depuis dix minutes qui me semblent être devenues des heures. Mon dos commence même à me lancer des pics de douleur. Peut-être suis-je en train de devenir le premier homme-plante ? J'imagine bien mes pieds devenir des racines, s'enfonçant dans le sol et grandissant de jour en jour. Je serais une superbe décoration dans ce magasin tout ce qu'il y a de plus banal, et ça créerait certainement un joli contraste avec toute cette technologie qui nous entoure. Je serais la pointe de naturel dans ce monde artificiel.
Si Mathis ne se dépêche pas, je vais devenir un arbre. Et si je deviens un arbre, j'espère très sincèrement pouvoir l'étrangler avec mes branches. Je me demande d'ailleurs quelle est la résistance d'une branche... Certaines sont très fines, mais d'autres sont extrêmement solides. Un os humain peut-il être plus faible qu'une branche d'arbre ?
– Toma ! Allô ! Je te parle ! Lequel je devrais choisir ?
– Je sais pas, Mat. Débrouille-toi, t'es grand, non ?
Il pousse un soupir et se remet au travail, prenant tour à tour tous les jeux qui lui semblent intéressants avant d'en lire les résumés et de comparer les prix. Je le vois se gratter la tête, embêté par son choix cornélien.
– En tout cas, magne-toi. Je ne me sens pas à l'aise dans des endroits aussi petits, dis-je.
J'écarte mon écharpe, ce qui me paraît sur le moment être une bonne solution pour me débarrasser de cette impression d'étouffement. Je commence à croire qu'offrir un jeu vidéo à mon ami en sa présence n'était clairement pas la meilleure des idées. J'aurais dû lui offrir sans qu'il ne soit là, ça m'aurait évité cette contrainte et cette perte de temps.
– Oui, oui ! Je ne vais pas aller plus vite que la musique, hein.
– De toute façon, c'est impossible, répliqué-je à mon imbécile de camarade.
– De quoi ?
– D'aller plus vite que la musique. Sauf si tu utilises un avion qui dépasse la vitesse du son. Mais je ne crois pas qu'ils vendent ça.
– Hein ? Mais... Toma... C'était une image... Une... C'est quoi, le nom de ce truc en français, là, déjà, qui met deux images ensemble ?
– Une métaphore ?
– Voilà, c'est ça ! C'était une métaphore, Tom.
Je me passe une main énervée sur le visage. Parfois, je me demande si je devrais repasser un test, pour vérifier si je suis toujours plus intelligent que la moyenne...
Heureusement, Mathis fait son choix plus vite que je ne le pensais, ce qui nous permet de nous extirper de cette masse de gens avares qui préfèrent faire leurs courses de Noël un mois et demi avant l'heure. Je déteste la foule. Je ne suis pas agoraphobe, mais je déteste me sentir au milieu de cette masse grouillante, surtout dans d'aussi petites boutiques, d'autant plus, que dans un souci de se montrer à la pointe de la technologie, le gérant a cru bon de mettre une multitude de lumières artificielles qui détruisent la rétine et font baisser la qualité de la vue d'au moins deux points si on reste plus de dix minutes dedans.
Nous sortons du magasin, enfin, après des minutes qui m'ont semblé bien trop longues et désagréables. Néanmoins, le plus dur me semble fait, maintenant que nous avons fait tous ces achats. Je consulte mon portable.
– Bon... Plus que deux heures... J'espère que ça va de leur côté... Et que...
– Hein ? me demande Mat en me dévisageant.
– Non, rien.
– Ouh... Tom, tu me fais peur, parfois, tu sais ? Tu sais que tu parlais tout seul ?
– Hein ? Non, pas du tout !
– Ouais... répond-il, sceptique.
– Puisque je te le dis !
Il lève les yeux au ciel. Oups. J'ai peut-être été un peu trop sec. Maintenant, il va croire que je suis timbré et lunatique. Bravo, Toma ! T'es vraiment le meilleur pour ce genre de choses !
Soudain, alors qu'on tourne dans une rue, je croise une jeune femme qui a à peu près mon âge. Vénus... Ou pas. Ce n'est qu'un sosie. Mon coeur s'emballe. Ses cheveux ondulent sous le vent, alors qu'elle a son téléphone vissé à son oreille. Je me crispe en la laissant passer. Ses yeux croisent les miens. Je ne réagis pas. Ce n'est pas Vénus. J'aurais pu avoir un doute en la regardant de loin, mis à présent que j'ai vu ses yeux, je sais que ce n'est pas elle. Le regard de la lycéenne est unique. Il n'y en a pas deux.
Ma poitrine se serre, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Ce n'est pas comme si j'avais envie de la croiser et de lui parler... Enfin, je crois. Depuis l'épisode de la bibliothèque, je crois bien qu'il n'y a pas eu une seule journée sans que son nom ne traverse mes pensées.
Je secoue la tête pour essayer de penser à autre chose. Après tout, je ne veux surtout pas décevoir Mathis en lui pourrissant sa journée à cause de ce genre de préoccupations. Mais alors pourquoi puis-je sentir un trou à la place de mon coeur en pensant à mon adversaire ?
– On fait quoi, Tom ? On rentre ? Camille va sûrement commencer à s'inquiéter.
Oh, ne t'inquiète pas, Camille ne s'inquiète pas tant que ça. Elle est sûrement en train d'installer les décorations, au moment où je te parle.
– Bah, j'ai bien une petite idée avant de rentrer. Que dis-tu de tester tes nouveaux jeux tranquillement ?
– Ouais, carrément !
Et nous voilà parti pour rejoindre la maison. En chemin, je fais le bilan de cette journée. Après tout ce que nous avons fait, je pense pouvoir facilement affirmer qu'il s'agissait d'une bonne journée. Je pensais être en difficulté quant au fait d'occuper suffisamment de temps le brun, pour que les autres puissent organiser sa fête d'anniversaire, mais au final, tout s'est déroulé comme sur des roulettes. Il ne restera plus qu'à l'accompagner chez lui le moment venu, quand Claire m'aura envoyé un message pour confirmer que tout est prêt....
– Eh, Tom, c'est pas Adrien, là ?
Je relève la tête rapidement, alors que je regardais l'heure. Dites-moi que c'est une blague. J'espère de tout coeur qu'il se trompe. Je regarde Mat et lui demande où il l'a vu.
– Là, il va tourner dans l'autre rue !
Je regarde là où il pointe du doigt. Parmi la foule, je remarque effectivement qu'un grand gaillard avance rapidement. Le peu que j'ai aperçu de lui correspond assez bien à l'ami de Mathis, qui est aussi présent à la fête. Et c'est très mauvais pour la suite des événements, parce que s'ils parlent, j'ai bien peur qu'Adrien ne révèle certaines choses... dérangeantes.
– Hein ? Où ?
– Mais là ! Tu ne le vois pas ?
Si, bien sûr. Je fais semblant de ne pas le voir pour que tout se passe bien.
– Mais indique mieux, abruti ! Et montre pas du doigt !
– Là, à droite... Droite, Tom !
– Ah, ouais, bon, ça va hein !
– Mais sois un peu... Oh, il vient de tourner !
– Ouais, ça y est, je l'ai vu !
Il me regarde, l'air d'attendre une confirmation :
– Alors ?
– C'est pas lui, à mon avis.
– T'as sûrement mal regardé. Au pire, on avance vers lui, on le rejoint et on voit !
– Non. On rentre à la maison, je commence à avoir froid. Et de toute façon, ce n'était pas lui.
– Moi j'en suis sûr ! Eh, tu l'as vu une seconde, alors que j'ai eu bien le temps de le regarder, alors qu'est-ce que t'en sais ?
– Je le sais, c'est tout. Allez, on avance.
Je commence à marcher quelques pas, mais fais demi-tour en voyant qu'il ne me rejoint pas.
– Allez, Mat, ne fais pas l'enfant !
– Mais je suis sûr de ce que j'ai vu, je t'ai dit !
– Ecoute, je suis sûr aussi. Allez, viens. T'auras d'autres occasions de le voir, non ? Allez, on va finir complètement geler ici.
– Ouais... Ok, d'accord.
Je soupire dans ma barbe. Il s'en est fallu de peu pour que toute la mission échoue.
***
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