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Chapitre 5 - Partie 2

 Pourquoi devrait-on aller au QG ? Je n'ai reçu aucun message de Claire. Or, d'habitude, et la plupart du temps, c'est elle qui organise les réunions. Serait-ce possible qu'il s'agisse d'une réunion secrète ? Je ne me souviens pas qu'il y ait déjà eu une réunion secrète d'organisée. En tous cas, ça ne signifie vraiment rien de bon. Soudain, une peur bleue m'étreint l'estomac : et si le QG devait fermer ? Et si notre groupe changeait ? Je ne peux même pas envisager une telle chose. C'est impossible. Physiquement impossible. Ce n'est pas imaginable. C'est horrible. Affreux. Cette idée hideuse me dégoûte alors que je sais même que c'est presque impossible. Ce n'est même pas acceptable. La question me brûle les lèvres, mais à en juger par le visage de Mathis au moment où il a commencé à venir me chercher, j'élimine directement cette hypothèse, bien que son souvenir persiste, comme une morsure glacée qui étreint mon âme et mon cœur.

Plus le temps passe, plus les mètres qui me séparent du QG – et donc de la vérité – diminuent également. Un sentiment tranchant vient égratigner mon assurance, mais, tant bien que mal, je le dissimule : je me redresse et continue d'avancer, le dos bien droit et la poitrine ressortie, signe bestialement évident de ma domination sur le reste du monde. Pour couronner ce tableau héroïque, je taille sur mon visage un petit sourire latéral qui traduit mon ego surdimensionné. Le portrait de l'empereur n'a qu'à bien se tenir, il ne me faut qu'un peintre avec assez de talent pour me reproduire, et je serai la prochaine figure mythique du monde.

Quelques minutes plus tard, l'établissement se tient juste devant nous. Il y a quelques clients, qui discutent et ricanent fortement autour d'une tasse de café encore fumante ou d'une bière. On ignore tant bien que mal ces badauds pour entrer dans le bar. À l'intérieur, d'autres gens discutent et boivent goulûment. Les verres se remplissent et se vident, alternativement. Derrière le comptoir, Emile travaille et sourit aux clients. Il tient une conversation animée avec Gérard, un vieil homme à la tignasse blanche hirsute et à la tenue vestimentaire coincée dans les années soixante-dix ; un vieillard sympathique, avec qui j'ai déjà pu discuter. Sympathique, mais sacrément borné ; une des rares personnes à ne pas être convaincues quand on termine une discussion.

– Moi j'te le dis, Emile, c'est du grand n'importe quoi !

Le dit Emile commence à répliquer, mais au même moment, il pose son regard sur les deux pauvres adolescents paumés que nous sommes. Il s'avance d'un pas sautillant, au même rythme que la musique traînant dans l'air. Il nous accueille à bras ouverts.

– Ah, les p'tits loups ! Vous en avez mis, du temps !

– Bonsoir, Emile, je réponds, embarrassé de cet accueil.

– Désolé, rajoute le brun. C'est Tom. Il a fallu le traîner ici.

– Mat, la ferme.

– Quoi, c'est vrai !

– Pas du tout !

– Mais si !

– Mais nan !

– Mais si !

– Oui, allez, mais nan, mais si, allez Nancy, intervient Emile, fier de sa blague merdique. Ce n'est pas grave. Claire et Erwan vous attendent derrière.

Sans rien dire de plus, excepté si un hochement de tête veuille dire quelque chose, on file là où nos amis nous attendent. Quand la salle principale est occupée, le père de Claire nous offre gentiment la possibilité de nous retrancher dans une pièce annexe, aménagée spécialement pour nous. Je crois bien y avoir passé un nombre d'heures suffisamment grand pour dire que je connais cette pièce comme ma poche.

Réplique miniature de la salle principale du bar, il y a même un coin avec une petite estrade. À quoi peut-elle bien servir ? On se l'est toujours demandé. Mais c'était un caprice de Claire. Et on ne refuse aucun caprice de notre meilleure amie. Alors elle trône, un peu à l'écart, attendant de servir nos attentes et nos jeux d'enfants ou d'adolescents fougueux.

Cette pièce, c'est notre sanctuaire, notre pièce sacrée, le QG à l'intérieur de notre QG ; c'est peut-être même un lieu encore plus rare et mieux caché que l'Atlantide. Je ne pense pas que quelqu'un d'autre y ait mis les pieds. Même Emile, qui est pourtant le propriétaire de l'établissement, évite d'y entrer. Un respect majestueux se dégage de ce coffre géant, ce coffre qui avale tous nos souvenirs et nos doutes lorsque nous y entrons. Claire a toujours mis un point d'honneur à ce que les seuls à y pénétrer soient nous. Bien sûr, nous y passions régulièrement, aussi, pour faire le ménage, ranger nos affaires... Quelques petits rituels qui relèvent de la banalité mais qui ont été marqués au fer rouge dans notre esprit conditionné.

Lorsque je pousse la porte de notre sanctuaire, je m'arrête quelques secondes pour balayer la pièce du regard. Rien n'a changé. Le léger parfum à la fraise que porte Claire flotte dans les airs. Je me retourne, laisse passer Mathis et referme la porte, à clefs. Nous avons trop peur d'être surpris par un ivrogne qui se serait trompé de pièce, cherchant les toilettes pour se purger. Hors de question de souiller notre temple par des pieds ingrats. Ce serait totalement impardonnable. Heureusement, ce n'est jamais arrivé.

– Namasté.

Mathis se courbe respectueusement en face de la Gardienne. Tout le monde respecte la Gardienne, souvenir antique d'un temps oublié, rapporté par Emile, le père de Claire, et trônant devant l'entrée. Personne n'ose défier son regard de pierre sculpté ni son air mystique qui projette le soir des ombres virevoltantes sur les murs.

Le brun s'y attarde quelques secondes, secondes silencieuses qui glissent comme une éternité, puis il continue son chemin. À mon tour, je m'avance dans l'entrée et je me positionne devant le totem. La statue me dévisage, bien droite. Haute seulement d'une dizaine de centimètres, ça n'enlève rien à la force démesurée de sa posture, au charisme hypnotique que dégagent ses charmantes courbes. La pierre est polie, lisse, un petit bijou artistique en quelque sorte. Ses petits pieds contrastent avec la longueur de son cou et de sa tête. Sa bouche gravée ressort dans un murmure inaudible. Ses yeux semblent à la fois ouverts et fermés, regardant le monde extérieur et invitant à observer notre propre monde. Son grand nez me fait sourire et courber l'échine. Un monstre d'art, un esprit protecteur, le Gardien de nos rêves, le seul qui n'ait jamais pu pénétrer notre antre et la sonder de ses pupilles de bois, symbole de vie et d'éternité. L'aura qu'elle dégage par sa simple présence me fait baisser la tête. Je ferme les yeux et joins les mains en un signe infini de respect. Le monde s'ouvre dès lors que nous croisons son regard. Je décide de regarder enfin mon monde à moi. Je relève la tête, me redresse, et dans un demi-souffle, je lui glisse la formule magique, celle qui ouvre nos cœurs et panse nos plaies :

– Namasté.

Ceci fait, je tourne les talons et abandonne ma rancune pour entrer. Ce rituel rend mon cœur aussi léger qu'une plume. Pourtant, je ne parviens pas à délaisser une sorte d'excitation qui monte en moi. Assis sur le canapé, Erwan et Claire discutent. Ils lèvent la tête pour nous observer. Et Claire, dans un grand bond, se lève et pointe son doigt accusateur vers nous. Cependant, c'est avec un large sourire et sans animosité qu'elle nous lance :

– Vous en avez mis du temps, les gars !

La Statue a vraiment un effet incroyable sur les gens. En détaillant un peu le visage de Claire, bien qu'une pointe de colère brille dans son regard, je peux dire qu'elle rayonne. Aujourd'hui, elle a ses boucles d'oreilles d'argent, deux anneaux très fin qui la mettent en valeur. Je lance un coup d'oeil à Mat, qui, en difficulté, semble repérer aussi ce petit détail :

– Oh, t'as mis tes jolis petits anneaux ? Ils te vont vraiment bien.

Ça marche. Ses yeux rayonnent. Elle regarde Mathis quelques secondes, puis le prend dans ses bras :

– Oh, t'as remarqué ! T'es trop mimi, Titis !

– Ben... Oui... ça se voit...

– C'est adorable !

Voyant mon camarade virer au rouge, écrasé par ma meilleure amie, je ne peux m'empêcher de toussoter, ce qui attire son attention :

– Claire, si tu continues, Mat ne pourra plus te faire de compliment. Tu l'étouffes, continué-je en remarquant qu'elle ne comprend pas.

– Ah.

Elle le lâche, enfin. Le petit recule et reprend son souffle.

– Désolé, Mat.

– C'était pas désagréable, ricane-t-il.

Claire retourne s'asseoir. Erwan, plus calme que notre mini-tornade, se contente de lever la main pour nous saluer.

– Yo, les gars.

Nous nous installons à notre tour sur le canapé, et, à côté, sur une table basse, nous attendent quatre verres bien remplis, récompense dorée après une bonne journée bien chargée, ainsi qu'un petit paquet de gâteaux. Claire saisit son verre et le tend bien haut, et nous l'imitons :

– Bon, ces dernières semaines ont été particulièrement dures, commence-t-elle. Pour tout le monde. L'ombre du bac approche petit à petit, et des tensions nous habitent. J'ai vu des sourires disparaître. C'est pour ça que j'ai décidé de convoquer une réunion d'urgence. Sourions un peu, oublions nos peines un instant ; le Gardien les détient.

– Tu as raison, dit Erwan. Oublions tout ça un instant et profitons. C'est ridicule, ces tensions. Aujourd'hui, on va faire comme chaque réunion : délaissons notre tristesse et nos émotions dans « le Coffre ».

J'aime bien cet exercice. C'est Benoît – mon cher psychologue qui a eu l'idée de créer le coffre, cet objet invisible dans lequel on balance nos rancœurs, alors que je lui parlais de mes amis et d'une dispute que nous avions eu. Il avait proposé cette magnifique idée, je l'avais imposé à Erwan et Mathis qui se disputaient, et Claire en a fait une règle absolue. Il s'agit d'un des nombreux rituels qui animent cette salle mythique.

Malgré tout, ce n'est certainement pas une tâche facile. Pour eux, je ne sais pas. Pour moi, c'est devenu de plus en plus difficile. Même s'il s'agit de mes amis. Même s'ils sont prêts à m'écouter. Même si l'exercice est très utile pour nous. Même si je leur fais confiance. Néanmoins, je ne peux pas reculer. J'aimerais leur dire, je ne veux pas, mais je dois le faire. Comment ? Il faut que j'y réfléchisse.

Le moment de commencer est toujours aussi délicat. Personne ne veut être le premier quand il est question de vérités pénibles. Un lourd silence flotte dans l'air. Pour commencer, il faut lever le bras et dire une sorte de formule magique. J'observe mes amis. Je vois bien qu'ils hésitent. Ils veulent commencer, mais quelque chose les bloque. Je les comprends. Je ne veux surtout pas commencer. Pas avec ce que je dois leur dire.

– Bon, je vais commencer, alors, dit Claire. Hier, je me suis disputée avec une collègue. J'ai un peu abusé, même si j'avais raison. Je n'ai pas été assez mâture. Du coup, je me suis sentie moins présente pour vous.

– Nous avons tous nos problèmes, tu sais. C'est qui, cette fille ? demande Erwan.

– Peu importe, on n'est pas là pour parler des choses sans importance, réplique la demoiselle en jouant avec une mèche de cheveux. Bref, me voilà débarrassé de cette culpabilité. À qui le tour ? Mat ?

– Aujourd'hui, j'ai pas rangé ma chambre, alors que ça fait une semaine que je dois le faire. C'est pas bien, je sais. Ah, et... Claire, c'était moi.

– Pour... ?

– Ouais, pour le verre, l'autre jour. J'ai accusé ce pauvre chat.

– Mathis, espèce de... ! rage-t-elle. C'était mon verre préféré ! T'aurais pu le dire !

– Bah je le dis !

– Et de toute façon, je le savais !

– Ben pourquoi tu m'engueules ? proteste-t-il.

– Parce que... Roh, et puis sois sérieux ! Dois-je te rappeler pourquoi on est là ?

– C'est vrai, c'est vrai, avoue Mathis après avoir éclaté de rire.

Il reprend sa respiration, puis se tourne vers moi, avec un air sérieux. Ses yeux noisettes brillent :

– Tom, excuse-moi. Je n'aurais pas dû te forcer la main. Je sais que j'ai été un peu lourdingue, je sais que je suis parfois pénible. J'aurais dû respecter ton choix.

– C'est vrai que ça a été un peu vexant, surtout sur le coup. Je ne veux pas enfoncer le clou, Mat. De toute façon, ce n'est pas très grave.

Si, ça l'est. Mais moins avec ce que je viens de faire.

– Bon, j'imagine que je dois aussi vous présenter mes excuses. Je n'ai pas été très... sympa, toute la semaine. Je pense que vous comprenez à quel point ça m'a perturbé, ce n'est pas la première fois que vous avez dû affronter mon sale caractère. J'aurais dû mieux le prendre. C'est... que je laisse trop mes émotions primaires me submerger, et la frustration de ne rien contrôler m'a poussé à me renfermer et à sortir mes boucliers émotionnels. Mais je pense que je devrais mieux le prendre. Je sais que vous n'avez pas voulu mal faire. Je sais que c'est pour mon bien que vous avez pensé à cette solution. Je ne sais pas si je vais vous remercier encore, mais en tout cas, je sais à présent que c'était parti d'une bonne intention. Alors...

– Alors ? reprend Claire en se penchant vers moi.

– M...

Pourquoi est-ce si dur à dire ?

– Mer... ?

Allez, Tom-Tom ! Un peu de courage !

– Merci... ?

Ah. Mais pourquoi est-ce que ça m'irrite tant la gorge ? À côté de moi, Mathis glousse, puis éclate de rire avant de me taper dans le dos. Je hausse un sourcil, contrarié.

– Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

– Excuse-moi... Tom... C'était vraiment un super discours ! Excuse-nous, hein, mais on n'est pas habitué à autant de mots venant de toi ! Et puis, toi, dire « merci » ?

– Je suis poli, moi, imbécile !

– Non mais c'est... s'esclaffe-t-il. Inattendu ? Surprenant ? Magique ?

– Ça va, Mat !

Derrière mon air énervé, je ne peux m'empêcher de sourire. Je suis bien, avec eux. J'aimerais bien ajouter quelque chose, mais je n'y arrive pas. Les mots restent coincés dans la gorge.

– Je... Non, rien.

Je vais attendre, avant de leur dire. Il faut bien y mettre les formes, pour que l'effet soit garanti.

– Bon, ben... Je passe en dernier, soupire le blond. Personnellement, je me reproche de ne pas avoir été suffisamment présent pour vous. J'ai bien vu qu'il y avait des tensions entre vous. Mais je n'ai pas réussi à régler le problème de moi-même. J'aurais dû être un peu plus actif et essayer d'être le médiateur.

– T'es déjà le médiateur, mec, répond Mathis en piochant dans le paquet. Sans toi, je pense que Tom serait en prison, et moi...

– Tu serais mort, ouais.

– Voilà. Alors, franchement, ne t'en fais pas.

– Puis c'est bien toi qui m'as proposé de venir chez Mat, dis-je. Tu as fait une bonne partie du travail, quand même.

– C'est vrai, admet Erwan. Merci, les gars.

Mais, alors qu'on allait refermer la parenthèse, je lève le bras. Il faut que je leur dise. J'imagine déjà leur réaction, et un sourire torve tord mes lèvres. Les autres, surpris, me regardent :

– Bon, j'ai encore une chose à vous dire. J'ai réfléchi à ce concours.

– Ah ouais ? Et alors ?

– J'accepte d'y participer. C'est vrai que je n'ai rien à perdre. Ça peut être intéressant, comme nouvelle expérience, non ?

– Ouais, grave ! Puis parler devant des gens, c'est cool, non ? Tu vas pouvoir briller !

– C'est pas faux.

– Bon, ben on est heureux s'il n'y a pas de problème, dit Erwan.

Un gros silence retentit. Le rouge me monte aux joues, je les dévisage lentement, l'un après l'autre, si longuement qu'ils me regardent à leur tour :

– En fait... Je n'ai pas une chose à vous dire, j'en ai deux.

– C'est quoi, la deuxième ?

– Je me suis inscrit, donc, à ce concours. Et les inscriptions se sont terminées ce soir. Malheureusement, je n'y vois aucun intérêt à y participer tout seul.

Leur visage se décompose. Je crois qu'ils ont compris où je voulais en venir. Parfait. Ça vous apprendra, traîtres, à me faire ce genre de coup en douce. Alors j'assène, comme le coup de marteau d'un juge qui rend sa sentence :

– Alors... Je vous ai inscrits. Vous participez avec moi au concours. Tous les trois.

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