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Chapitre 18 - Partie 2

– Tom ?

Quand j'entends sa voix, je sens mon corps se détendre instantanément. Pourtant, je n'aime pas parler. Encore moins quand je suis dans cet état. Mais je sais aussi que ça va me faire du bien. On m'a conseillé de faire des efforts avec mes amis... Alors j'essaie, du mieux que je peux.

– C'est vraiment rare que tu m'appelles.

– Je sais, Mat.

Mathis a toujours été de bon conseil. Il n'est peut-être pas le médiateur de la bande – ce rôle revient à Erwan –, mais je sais que des trois, c'est celui à qui je parle le plus facilement. Entendre sa voix a toujours eu le don de me rassurer. Et pourtant. J'ai l'impression de faire une grosse erreur en l'écoutant décrocher.

La culpabilité me frappe de plein fouet lorsqu'il me fait constater que je ne prends pas la peine de l'appeler. Il n'a pas tort. Je préfère de loin les messages. J'évolue sur un terrain que je connais et maîtrise, contrairement à l'oral, qui me semble tellement plus instable. Je m'en veux. Mathis mérite un meilleur ami qui est plus présent et qui a plus de présence qu'un fantôme.

– Désolé.

– Tout va bien ?

– Ouais... Ouais, ça va.

Je mens très mal. Surtout en face de lui. Même si, là, je ne suis pas à ses côtés. Mais je n'ai pas besoin de ça pour sentir sa présence. Et il n'est pas dupe. J'en suis persuadé ; depuis qu'il a aperçu mon numéro de téléphone s'afficher sur son écran, il a découvert que quelque chose clochait.

Pour éviter l'interrogatoire, je décide de dégainer le premier :

– T'as passé une bonne après-midi ?

– Euh... Ouais. Un peu pénible, mais ça s'est bien passé.

– Pourquoi ?

Ce n'est pas facilement perceptible, mais il hésite. Quelques secondes s'écoulent avant qu'il ne me réponde.

– Un petit coup de mou. Et j'ai galéré sur le boulot qu'on doit faire pour lundi.

– Pour le début de la semaine ? Un mercredi ? T'as un rhume, Mathis ?

– Eh ! J'ai décidé de prendre mon avenir en main, figure-toi. Je veux un bon dossier pour la fac.

J'acquiesce. Je le taquine, mais je sais que derrière son petit côté flemmard et nonchalant, il fait des efforts. Il avait lâché l'affaire pendant un moment, se laissant porter par le courant. Visiblement, il s'est enfin réveillé.

– Avoue que c'est tout de même surprenant !

A l'autre bout du téléphone, je l'entends grommeler des protestations. Tandis qu'il continue de râler, je me tourne dans mon lit. Je n'arrive pas à garder la même position très longtemps, et il arrive que je me retrouve même la tête à l'envers. Aujourd'hui, heureusement, le simple fait de me mettre en tailleur, ne serait-ce que pour cinq minutes, me calme.

– Eh, c'est pas aussi étonnant que toi qui m'appelles ! rit Mathis. Et maintenant que t'en parles, j'ai peut-être un rhume...

Pour appuyer sa théorie, il se met à renifler exagérément. Je lève les yeux au ciel, amusé par son comportement presque enfantin.

– Ah, tiens, au fait ! m'interpelle-t-il. J'ai vu qu'il y avait un film sympathique qui va bientôt sortir. On devrait aller le voir !

– Hmm...

La proposition du brun m'intéresse, mais je sens un doute naître au sein de ma poitrine, un mélange de cette presque certitude de ne pas y aller, d'une petite envie de passer du temps avec mes amis et pourtant, un profond sentiment de flemme. Je ne réponds qu'à demi-mots.

– Et ça s'appelle comment ?

– Euh... Je sais plus.

– Laisse-moi deviner, c'est Claire qui veut aller le voir ?

– Oui... Enfin non ! Enfin si, ça l'intéresse mais ce n'est pas elle qui a eu l'idée...

– Mathis...

– Quoi ? Bon, ok, ça va. Oui, c'est elle qui m'a proposé...

Voilà pourquoi il ne peut pas me donner le titre du film. Il n'a pas fait attention, quand Claire le lui a dit. Totalement son genre, de ne pas retenir ce qu'on lui dit.

– Du coup, ça te dit de venir ?

– Ouais. Je... Je sais pas. Je vais voir. C'est gentil.

– D'accord...

Inutile d'être devin pour constater une pointe de déception dans sa voix. Mais ça ne m'étonne pas. Tout aussi incroyable que je puisse être, j'ai aussi la faculté de décevoir les gens à une vitesse impressionnante, en particulier ceux que j'aime.

Un silence s'installe entre nous. Je me rallonge et observe Bijou, mon petit chat tout blanc, entrer d'un pas impérial dans ma chambre. Le dos et la queue bien droite, l'animal me défie du regard. 

J'adore cette boule de poils. Cette femelle pourrait dominer le monde d'un coup de patte, avant de retourner faire sa toilette d'un air nonchalant. Et pourtant, elle ne demande qu'à être aimée.

Je me pousse un petit peu, lui laissant de la place dans mon lit. Elle y grimpe avec une grâce qui lui est propre, puis s'approche de moi et se love en boule contre ma cuisse. Je ne sais même pas si elle m'a remarqué.

Pour elle, la maison est un immense terrain de jeu et nous ne sommes que ceux qui règlent les détails trop embêtants à s'occuper pour un chat, du genre la nourriture et le loyer.

– Bon, sinon, ça va ?

Mathis vient de poser la question à un million de dollars. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Je ne le sais pas moi-même. Je me crispe un peu à l'idée d'être sincère, parce que j'ignore si je veux vraiment en parler.

Je me sens comme un voyageur perdu au milieu d'une forêt d'émotions contraires, avec comme seule boussole son intuition. Mais comment faire quand même ma boussole est déréglée ? A quoi dois-je me fier ?

De toute façon, il ne me laissera jamais me défiler.

– Ouais, ouais... ça va, je t'ai dit... Et toi ?

– Cool ! Bah moi, comme je te l'ai dit, je suis un peu fatigué, mais ça va.

Un ange passe. Je souris, content de savoir que mon ami va bien. Mais aussitôt, il perd pied sur mon visage.

– Mais tu sais, Tom... Tu mens très mal.

– Pourquoi ?

Première règle : toujours nier quelque chose dont on ne veut pas parler.

– Pour plein de raisons. La principale étant que je commence à bien te connaître, quand même. Alors ?

– Disons... Un petit coup de mou.

– C'est ma réplique, ça, constate-t-il, amusé.

– Je suis juste un peu... perdu. Le début de l'année est un peu compliqué, je trouve. Et ça me travaille.

– Je comprends... Le lycée n'est pas une période facile. Surtout cette année.

J'acquiesce, conscient qu'il sait de quoi il parle. Je ne peux de toute façon pas le contredire. J'aimerais lui en dire plus. Mais au fond de moi, je ne me sens pas de lui avouer ce que j'ai constaté aujourd'hui. Il me faut du temps pour en parler.

– Ce n'est pas un moment facile, ça, je crois qu'on est d'accord là-dessus. Je me suis jamais aussi senti perdu que depuis ces derniers mois...

– Tu sais, Tom, niveau sentiments, ce n'est pas moi l'expert. Au contraire, même. Mais si je dois te donner un seul conseil... Je te dirais de ne pas avoir honte de tes sentiments. Peu importe ce qu'ils sont.

Les mots restent coincés dans ma gorge.

– Si tu veux parler, en tout cas, tu sais que tu peux venir me voir, rajoute-t-il après un certain temps.

– Je sais. Toi aussi.

– Eh, c'est souvent toi qui joues au psy avec moi ! me taquine-t-il. On pourrait inverser les rôles.

– J'y penserai.

Quelques secondes s'égrainent dans le silence. Ce n'est pas un de ces silences gênants ; non, au contraire, je me sens bien. A cet instant, je me dis qu'il me serait impossible de me sentir mieux. Alors que je m'apprête à raccrocher, je me ravise :

– Mathis...

– Ouais ?

– Je... Je voulais te dire un truc.

– Quoi ?

– Bah... On ne se le dit jamais assez, et pourtant, c'est super important. Je t'aime. Je t'aime vraiment. Je tiens à toi. Vraiment. Ne l'oublie jamais, d'accord ? Je t'aime.

– Moi... Moi aussi, Toma. Je t'aime.

Et tandis qu'on raccroche, une certitude me traverse l'esprit. Je crois que je ne pourrais pas rêver mieux comme meilleur ami.

***

Depuis plusieurs minutes, je contemple mon portable sur ma table de nuit. Je n'arrive pas à me concentrer sur mon livre. Les lettres glissent sur moi comme autant de gouttes de pluie sur une vitre. 

Parce qu'à chaque mot contenant les lettres bénies qui occupent mes pensées, le souvenir de ces moments passés à ses côtés et le désirs de ceux à venir me font vibrer.

Le conseil de Mathis me revient aussi en mémoire. Ne pas avoir honte de mes sentiments... Je veux bien, mais est-ce que ça va résoudre tous mes problèmes ?

Je me redresse, un peu ballotté, non seulement par mon repas mais aussi par tout ce que je viens d'ingurgiter émotionnellement. Je tourne la tête vers ma fenêtre. J'ai la sale habitude de ne pas fermer mes volets dès que le soleil se couche ; or, cette fois, je remercie ma maladresse. Je me lève, et, même sans ouvrir la fenêtre, j'observe le ciel.

Ce soir, il n'y a pas de nuages, et l'obscurité règne sans partage au-dessus de nos têtes. Il n'y a rien à voir, pas même une étoile, ni un satellite. Mais je sais pertinemment que ça ne signifie pas qu'elles n'existent pas. Quelque part dans l'univers, un astre, même mort, illuminera toujours un bout du monde.

La formulation de cette pensée rassure un peu mon coeur angoissé.

Je m'assois un long moment face à mon ordinateur. J'enfile mon casque sans attendre, et mes doigts s'agitent sur le clavier. Un onglet s'affiche et je me cale confortablement sur mon fauteuil. Dans mes oreilles, les notes d'un piano dansent et virevoltent. J'aime la musique, profondément. 

Plus encore que la musique, il me semble que c'est à ce moment précis, à cet instant donné, que mon coeur s'est apaisé ; l'art, dans toute sa force, dans toute sa lumière émotionnelle, a finalement surpassé mes peurs. 

Comme je n'ai rien d'autre à faire, j'écris, un peu ; mes mains amoureuses sont somnolentes, leur passage sur le clavier ne fait rien vibrer, et finalement, je me perds dans cette contemplation des cieux dont l'âme est vraiment bien cachée. 

Sans un mot, avec pour seule compagne notre symphonie, celle du brouillard dispersé et des ailes déployées, je pense à cette étoile du Berger, filant dans mon ciel rayé.

– Tom ?

Je tourne vivement la tête et constate que, derrière la porte, mon petit frère me regarde d'un air tracassé.

– T'as pas vu mes écouteurs ?

– Tes écouteurs ? je répète, mettant un certain temps à comprendre sa requête. Non...

– Je me disais que je les avais laissés dans ta chambre.

– Non, ça m'étonnerait. Pourquoi aurais-tu été dans ma chambre ?

Il hausse un sourcil, puis les épaules, l'air de dire que ça aurait pu été pour n'importe quelle raison. Je n'aime pas beaucoup cette désinvolture ; le simple fait de penser que mon sanctuaire est foulé n'importe quand hérisse mes poils.

– Bon, pas grave. Si tu les vois, préviens-moi.

– Ouais.

– Au fait, il y a un film de Miyazaki ce soir. Les parents sont d'accord pour le voir.

– Ah, cool.

– Cool ? m'interpelle-t-il. Et tu vas rester là ?

– Peut-être. Je sais pas.

– D'habitude, t'es le premier à courir dès qu'on parle d'un anime ou d'un film d'animation japonais. T'es comme un toutou à qui on mettrait un os sous le nez.

Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne relève pas. Je me contente de froncer les sourcils et lui lancer un regard en biais, l'air de dire que sa provocation me blase plus qu'elle ne m'agace, ce qui est la stricte vérité.

– Bah pas ce soir. Je suis un peu fatigué.

Il ne répond rien, rentre dans la chambre et s'assoit sur mon lit. Je ne fais aucune remarque. Le silence retombe. Je continue de rester sur l'ordinateur, faisant défiler l'écran sans vraiment y prêter attention. En revanche, je me retourne de temps en temps pour observer ce qu'il fait, c'est-à-dire à peu près la même chose, sauf que lui, c'est sur un écran miniature.

– Sinon, ça va ? me demande-t-il finalement.

Je me retourne finalement.

– Ouais, ça va. Et toi ?

– Ouais.

Je me retiens de pousser un soupir. La tristesse de cette conversation... C'est pathétique. Seulement, mon esprit ne décroche pas des constellations de pensées dans lesquelles il s'était égaré.

– Tout va bien ? Au collège, je veux dire, finis-je par lui demander.

– Ouais. Un peu chiant, mais ça va.

– Tant mieux.

– Et toi, le lycée ?

– Un peu compliqué, mais ça va.

– Compliqué ?

Je pourrais très bien lui dire qu'il comprendra plus tard, je pourrais très bien lui mentir, je pourrais très bien ne rien lui dire. Mais je pense sincèrement qu'il mérite mieux.

– Tu sais, ce n'est pas simple tous les jours. Entre les camarades, les devoirs, les activités du lycée, je me sens un peu épuisé. Je suis un peu perdu. Ouais, je crois que c'est le mot. Tu connaîtras sûrement ça au lycée. Tu sentiras que tu es à une étape cruciale de ta vie. Tu n'as pas envie de passer à côté, tu fais tout pour réussir. Mais pourtant, au fond, tu as cette impression d'échouer.

Je marque une pause, plus pour moi que pour lui.

– C'est pour ça qu'il faut que tu profites un maximum de tes années au collège, qu'une fois confronté à ce genre de moments, tu n'aies pas cette impression.

– Et qu'est-ce qui t'empêche de simplement profiter ? T'es trop négatif, Tom. Tu vois le mal partout.

– Parce que je sais qu'il existe.

– Mais pas partout.

– Sûrement. Pourtant, il y a peu de gens pour le prouver.

Inutile de préciser que, lui comme moi, nous savons pertinemment que j'ai raison. C'est pour ça que je fais de moins en moins d'efforts avec les gens. Parce que quand j'en fais, ils ne sont pas forcément reconnus. Et si je n'en fais pas, les autres n'en font pas non plus. 

Or, pourquoi serait-ce à moi de faire toujours le premier pas ?

– Je sais.

Et cette simple confession qui tient en deux malheureux petits mots, me déchire le coeur. J'espère de tout mon coeur qu'il ne fera jamais les mêmes erreurs que moi. Jamais. Mais, si ça devait arriver, je me promets que je ferais tout mon possible pour l'aider. Je ne laisserai plus aucun de mes proches souffrir, surtout si je peux faire quoi que ce soit pour les aider.

Nous nous échangeons un regard entendu. Nous savons très bien qu'il y a un paquet d'imbéciles, au collège comme au lycée. J'espère sincèrement que l'université échappera à cette immuable loi, mais je ne me fais pas d'illusions. 

Le monde des adultes, que j'effleure du doigt, dans lequel j'ai mis un bras beaucoup trop jeune avant de l'enlever pour mieux y entrer, n'est que la succession des jeux cruels enfantins qui divisent nos sociétés en petits clans.

– Et les autres ? C'est pas trop dur, pour eux ? me questionne mon petit frère, un petit sourire en coin.

J'ignore s'il parle de la période du lycée ou des longs moments où ils doivent supporter ma mélancolie, mes colères, mes doutes, mes angoisses, mon ego démesuré que le monde s'amuse à piquer ou mes tempêtes émotionnelles qui emportent tout sur leur passage. Dans le doute, j'imagine qu'il s'agit des deux.

– Ce n'est pas évident pour personne.

Nous restons un instant silencieux, l'air d'avoir fini notre conversation. Mais je sais qu'il n'en est rien. J'espère me tromper, surtout que je vois les notifications s'accumuler en haut de l'écran. Moi, asocial au point d'être heureux d'écourter une discussion avec mon frère ? Peut-être un peu.

Je reporte mon attention sur le réseau social que j'écumais d'un oeil égaré, alors que je rêvassais, quelques minutes plus tôt. J'aime bien passer du temps sur internet, ça me permet de discuter avec des gens qui, bien souvent, sont plus matures et intéressants que ceux que je côtoie au quotidien.

Soudain, j'entends des vibrations dans mon dos. Je me retourne à moitié, persuadé que c'est le téléphone de mon frère, ce dernier ne s'en séparant que très rarement.

– Tom ?

– Quoi ?

– C'est ton tel.

Cette fois-ci, je lui accorde un peu plus d'attention. Hormis les notifications de réseaux sociaux, je ne reçois que très rarement des messages. Du coup, je plonge dans un flou total. J'espère que c'est un message. Pourtant, il faut être réaliste ! Ce sera sûrement une notification inutile. Je défie l'adolescent du regard un instant, le priant intérieurement de se dépêcher à me révéler l'information.

– C'est quoi ?

– Un message... C'est qui, Vénus ?

Je tique et manque de bondir de ma chaise. Je me lève et me rapproche. Axel me regarde, amusé.

– Personne.

– Personne ?

– Oh, ça va. C'est... une collègue.

– Tu rougis.

– Non.

– Si.

– Non, je te dis !

Il commence à m'énerver, là. Je lui prends mon téléphone et grince des dents. Je suis surtout curieux de savoir quel est ce message en rapport avec elle. De toutes les personnes qui auraient pu me contacter, de toutes les personnes dont j'aurais pu entendre parler ce soir, pourquoi fallut-il que ce soit elle ?

Mon petit frère se lève à son tour et s'étire.

– T'es bizarre, depuis quelques temps, en tout cas.

– J'ai toujours été bizarre, lui dis-je, avec un sourire en coin.

– Ouais, mais là, t'es bizarre dans ta bizarrerie.

Je sais que ce n'est pas méchant. Au contraire, même ; je constate qu'il n'y a pas une once de mesquinerie dans sa phrase.

– Si tu le dis.

– C'est la période qui veut ça. Tu comprendras, quand... quand tu seras confronté à ce changement.

– Tu crois que je le connaîtrai ?

Je m'autorise un grand sourire. Je ne peux rien lui promettre. Cependant, maintenant, je me sens en mesure de croire à tout ce qui ne frôlerait pas mon esprit si optimiste, d'habitude.

– On le connaît tous. Et ce n'est pas forcément ce qu'on croit.

Il acquiesce et fait un pas vers la porte ; la discussion est close. Quand il s'en va, je m'installe tranquillement pour lire le message. Ce n'est pas grand chose, mais un petit sourire décore mon visage. Mon téléphone en main, je sens mon angoisse s'agiter longuement comme si on lançait un millier d'aiguilles en moi ; l'excitation remplace alors peu à peu cette peur, cette appréhension qui me tord de l'intérieur. Mes doigts s'agitent sur l'écran, et je pose l'appareil à côté de moi dix bonnes minutes plus tard.

Débarrassé de mon téléphone, que j'appelle parfois par dérision mon deuxième cerveau, je m'étire de tout mon long ; mes muscles ankylosés pèsent une tonne, et j'ai toutes les peines du monde à les bouger. L'amour ne fait pas forcément pousser des ailes, visiblement, il peut nous rendre si lourd qu'on a l'impression d'être enraciné.

Je change d'onglet sur mon ordinateur. Repenser à Vénus m'a donné envie de me surpasser. Je suis Icare, elle est mes ailes. Tous les paradoxes de l'amour tiennent en sa manière d'élever un être pour mieux construire le lieu où il va s'enraciner.

Un plateau d'échecs virtuel apparaît devant moi. Un sourire carnassier traverse mon visage, alors que je fais craquer mes doigts pour me préparer. Une vieille habitude qui me poursuit. En commençant la partie, je me sens plus libre. Plus fort. Parce que derrière moi, je sens sa main sur mon épaule, sa voix m'encourager, ses lèvres me sourire.

Et, tandis que les pièces se meuvent, que la nuit fait ses premiers pas aux côtés de la reine, que je pénètre dans l'arène, j'entends l'écho de sa voix résonner dans ma tête, et je me sais roi.

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