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Chapitre 12 - Partie 3

Quelques instants plus tard, je parviens à ma destination. Je pousse machinalement les portes du Memory Make, le bar du père de Claire. Aussitôt, l'odeur du café chaud me prend à la gorge. Des clients, la plupart nouveaux, discutent dans un coin, tandis qu'une serveuse sert un homme accoudé au comptoir. Je lui adresse un petit signe de la main et vais m'asseoir à une table dans le fond. Dire que je m'assois est en fait assez peu exact. Je laisse mon corps chancelant s'écraser contre la banquette.

Depuis l'annonce du verdict, je sens que même la force de marcher et rester debout m'échappe peu à peu. Si je ferme les yeux, je risque de dormir. Mes paupières sont lourdes, mais je résiste. Je pose mes coudes sur la table et me passe les mains sur le visage, dans le but de me réveiller un peu, ou de cacher mes réflexions qui se lisent sûrement sur mes traits. Je ne souhaite pas qu'on pense que je ne vais pas bien.

– Mais c'est évident que tu ne vas pas bien... soupiré-je pour moi-même.

Je regarde autour de moi. Personne ne m'a entendu. Tant mieux. Il ne manquerait plus qu'on pense que je sois fou. Et qu'après le psychologue, ce soit son confrère le psychiatre qui m'osculte. Ce serait absolument formidable. Passer le reste de mon année scolaire à discuter de choses dont je ne veux pas parler, à une oreille qui n'entend que le bruit des billets, et peut-être à prendre des médicaments. Quitte à aller dans une unité psychiatrique, autant y aller parce que j'aurais voulu en finir. Mais comme je ne veux pas, tout va bien dans le meilleur des mondes, non ?

Des talons claquent sur le carrelage. La jeune femme qui servait le monsieur tout à l'heure vient vers moi. Je lève la tête et la regarde en prenant un air confiant et en adoptant la tête d'un adolescent qui va très bien.

– Bonsoir Toma ! me lance-t-elle en souriant. Tu vas bien ?

– Bonsoir...

Il me faut une seconde pour me souvenir de son prénom.

– Yseult. Oui, ça va. Et toi ?

– Ouais, dit-elle en faisant une petite moue qui disait le contraire. Dure journée, aujourd'hui. Il fait froid, alors du coup, il y a plein de gens qui viennent. Ils sont assez exigeants... En plus, je me suis prise la tête avec Tris', ce matin. Il trouve que je passe pas assez de temps avec lui.

Lorsqu'elle mentionne son petit ami, je réprime un sourire. Yseult avait eu la bonne idée de se mettre en couple avec un collègue de son université, un franco-anglais à l'accent tout à fait agaçant, et qui, le hasard faisant bien les choses, se nomme Tristan. Alors ça me fait toujours rire. Le destin aime beaucoup jouer, je trouve ; comme si un auteur un peu taré s'amusait à écrire nos vies et à former des couples juste sur leur nom.

J'écoute d'une oreille ses plaintes et fais semblant d'acquiescer à certains moments qui me paraissent importants. Je ne renchéris pas. Elle serait capable de me raconter sa vie pendant encore une demie-heure avant qu'elle ne se souvienne que je ne suis pas le seul client ici. Et encore. Connaissant un peu Yseult, je ne serais pas étonné de la voir me parler le temps de servir un autre client.

– Sinon, dit-elle après cinq bonnes minutes, tu veux boire quelque chose ?

Et tu crois que je suis venu ici pour quoi ? M'affaler sur la banquette ? Certes, c'est ce que j'ai fait en premier, mais je ne suis pas arrivé juste pour ça.

– Ouais. Un chocolat chaud, s'il te plaît.

– Va pour un chocolat chaud !

Elle replace une mèche de cheveux cendrée qui était collée à son front et cachait son regard, ce qui ne me dérangeait absolument pas. Yseult a malheureusement les mêmes iris que ceux de sa cousine. Et je culpabilisais suffisamment de m'être disputé avec Claire pour me plonger dans des yeux quasiment identiques aux siens.

Yseult me fait un grand sourire et tourne les talons pour s'atteler à sa tâche. Je sors mon portable en évitant soigneusement d'ouvrir les messages de mes amis. Je ne crois pas être en mesure de leur faire face. Ce n'est pas particulièrement glorieux, mais je préfère faire l'autruche.

Je reste un moment sur Internet, à lire des articles littéraires et scientifiques, ce qui parvient à m'apaiser. J'entends la porte de l'entrée s'ouvrir, ce qui ne me fait pas décoller la tête de l'appareil. Mais alors que je commence à regarder une vidéo de chatons assez mignons, une main m'arrache mon téléphone. Je regarde, indigné, le coupable.

– La traque au petit génie malheureux est terminée.

Le destin prend parfois l'apparence d'un magnifique doigt d'honneur. En l'occurrence, je trouve qu'il m'en fait un peu trop à mon goût. D'abord Mathis qui m'inscrit à ce concours, ensuite l'arrivée de Vénus dans mon existence, ma défaite et maintenant ça ? Je déteste le potentiel auteur qui écrit ma vie. Mais heureusement, aucun cinglé n'attrape sa plume pour rédiger la fabuleuse déroute du génie incompris.

Je n'ai pas réfléchi, et c'est maintenant que mon cerveau se met en marche. Il a fallu que j'aille dans le seul endroit qu'on connaît tous, et évidemment, le seul lieu auquel les trois autres penseraient. Merveilleux.

– Redonne-moi mon téléphone, Claire...

– Pas avant qu'on ait discuté sérieusement, Toma.

Elle s'installe en face de moi. Vas-y, fais comme chez ton père, surtout !

– Je rajoute trois chocolat chaud, Clarinette ? demande Yseult.

– S'il te plait, Yz, répond Claire.

– Trois ? Mais...

– Si t'as cru que tu pouvais te débarrasser de nous comme ça, Toto, t'es mal barré ! ricane Mathis en arrivant devant notre table avec Erwan.

– Content de te revoir, ajoute le blond.

Ils s'installent tous les deux sur les deux banquettes, Erwan à côté de Claire et Mathis à côté de moi. Tous les trois ont les cheveux et le haut des épaules mouillés. Ce qui veut dire qu'ils m'ont cherché, même sous la pluie. J'ai presque envie de pleurer à nouveau.

– Tu te sers de ton téléphone pour regarder des vidéos de chatons, mais tu n'es même pas foutu de répondre à nos messages ?

– Je ne savais pas quoi répondre.

– Oh, je t'en prie, Toma. On sait tous les quatre que tu ne voulais pas répondre à nos messages.

– On a vraiment eu peur, tu sais, fait remarquer Mathis. J'ai vraiment eu peur. Et si tu t'étais fait écraser ? Si t'avais eu un accident ? Une crise cardiaque ? Une migraine ? Si t'étais tombé dans le coma, j'aurais fait quoi, moi ?

Au fur et à mesure qu'il parle, les yeux du brun se mettent à briller. Je me retiens de lui dire que je viens tout juste d'éviter l'une des éventualités et que j'ai failli passer sous les roues d'une voiture. Sinon, je suis bon pour une crise de nerfs et pour avoir trois gardes du corps pour au moins deux ans.

– C'était inconscient de partir comme ça ! Complètement ! T'es taré de nous faire un truc comme ça !

Quand il finit sa phrase, il plaque sa main sur sa bouche et fait un mouvement de recul. Ouais, t'as été un peu trop loin.

– Du calme, Mathis. Je ne suis pas mort. Je vais bien.

– Non, tu ne vas pas bien ! C'est évident !

Je secoue la tête, agacé par la ténacité de mon camarade. Je ne peux visiblement rien leur cacher. Surtout pas à Mathis.

– En même temps, pas besoin de chercher trois heures pour comprendre que t'as passé une sale journée, lance Erwan après avoir bu une gorgée de son chocolat chaud.

– Toma. Nous sommes tes amis, continue Claire, et comme amis, nous sommes particulièrement bons, je crois, non ?

– Mais ça n'a rien à voir avec vous... Mathis, arrête de te coller à moi, s'il te plaît, c'est énervant, dis-je en repoussant mon camarade qui collait presque sa tête contre mon épaule.

Mathis se recule en gémissant. C'est ça, t'es un bon garçon obéissant. Tout en fixant Claire, je reprends :

– Je sais que vous êtes d'excellents amis. Seulement, vous n'êtes pas dans ma tête, et il arrive parfois que j'aie besoin de me retrouver seul avec moi-même.

– Si t'es avec toi, réplique Mathis en ricanant, tu n'es pas seul. Tu peux pas te sentir seul si t'es toi, Toto. T'es suffisamment intelligent pour te faire la discussion comme un grand.

Pourquoi ai-je soudainement envie de commettre un meurtre ? Même si la vraie question serait plutôt : pourquoi suis-je en train de sourire ?

– J'avais juste envie d'être seul. Je suis comme une bombe. Il suffit qu'on me secoue pour que j'explose. Et je n'ai certainement pas envie de faire de vous des victimes potentielles. J'ai déjà blessé suffisamment de gens...

Mes poings se crispent. Mon corps entier se raidit. Il suffit de penser à ça pour que mon moral chute au niveau du zéro absolu. Je ne veux plus blesser qui que ce soit. C'est horrible. Cette sensation est absolument affreuse.

– Il te suffit de nous laisser être des démineurs.

La voix de Claire, douce et chaleureuse, me traverse de part en part, en même temps que ses doigts caressent lentement le dos de ma main.

– On n'est pas calibré pour ça, pas comme des psychologues ; on n'a pas de diplôme qui certifie qu'on soit en mesure de t'aider de manière professionnelle. On fera peut-être des erreurs, et on te vexera, on dira des trucs qu'il ne faut pas dire. Tu nous blesseras peut-être. Tu nous as déjà blessés. Mais on est potes, Toma. On est amis. On est là pour ça. On ne pourra peut-être pas panser tes plaies, on sera sûrement inutiles. Mais on sera là. Ok ?

J'aimerais ne pas prendre le temps de réfléchir et répondre directement. J'aimerais que mon coeur prenne les commandes, comme il le fait parfois, mais bien trop souvent. J'aimerais... mais je n'y arrive pas. Pas entièrement. Mon cerveau me souffle tellement de mots et d'idées que je n'arrive pas à me concentrer. Mon esprit me répète en boucle cette petite phrase, cette saloperie de phrase qui me consume à toute vitesse.

– Et si... ?

– Et si quoi ? répond Erwan. On sera là, Tom.

– Je ne mérite vraiment pas votre amitié. J'ai perdu. J'aurais mieux fait de ne pas participer. C'était une mauvaise idée.

– Ah ouais... T'es vraiment un connard.

Je me tourne vers Mathis. Ce dernier me fusille du regard. Il ne m'avait jamais insulté.

– Je te demande pardon ?

– Tu t'en fous, toi, de la raison pour laquelle on a eu l'idée de t'inscrire, hein, Tom ? Toi, tout ce qui t'intéresse, c'est de gagner. C'est dommage. Écoute... La raison pour laquelle on t'a inscrit à ce concours, c'était parce que tu n'étais pas bien.

– Tu crois que ça a changé quelque chose ?

– Non, pas en ce qui concerne ton moral. Mais ce concours t'a offert quelque chose : la possibilité de te débarrasser de ton ennui ! De t'occuper ! Bordel, Tom, ce concours, aussi débile soit-il, et même si tu n'aurais pas dû perdre, eh bien, il t'a changé les idées. Tu ne sais pas à quel point c'était frustrant de te voir toujours t'ennuyer, en cours, à la maison, partout. Et ce truc t'a permis de te concentrer et de te remettre au moins pour un temps en marche.

Pour la première fois, j'ai tort face à Mathis. Décidément, cette journée s'apparente à la pire journée de mon existence. Ou presque. En tout cas, elle figure sur le podium.

Il me faut un long instant pour trouver comment formuler ma réplique, tandis que je me réfugie dans ma tasse de chocolat chaud.

– Il nous a surtout apportés de la souffrance. Même si je sais que tu vas me dire que ça fait partie du jeu, je ne supporte tout simplement pas ça. J'aurais dû gagner, oui. En fait, je n'aurais jamais dû suivre tes plans...

– Et Vénus n'aurait jamais dû faire partie de nos vies, je suppose ? demande Erwan en arborant une expression sérieuse.

– Ne parle pas d'elle comme ça, répliqué-je froidement et en haussant un peu le ton.

Un sourire narquois orne le visage de mon ami. Ma phrase à peine finie, je me rends compte que je viens de lui apporter ma réponse sur un plateau d'argent.

– Finalement, remarque calmement Claire, ce concours ne nous a pas apportés que de la douleur et de la colère. Les éléments perturbateurs ne sont pas forcément négatifs. Tu n'es pas d'accord avec moi, Tom ?

– Elle n'est plus un élément perturbateur. C'est fini, Claire.

– Mon petit doigt me souffle le contraire, murmure Mathis.

– Qu'est-ce que tu viens de dire ?

– Rien, Toto ! Absolument rien ! dit-il en levant les mains, en guise d'excuse.

– Répète !

– Ok, ok ! Mais, juste un truc... Toto ?

– Quoi ?

– T'as une moustache en chocolat.

Les trois éclatent de rire. D'abord gêné, je me mets à les suivre sans vraiment comprendre pour toi. Mes joues se teintent d'une couleur écarlate. Certaines personnes nous dévisagent d'un air réprobateur. Pour ces gens, mon majeur est là pour les accueillir. Quand on est quatre, je me moque du regard des autres. Mes amis me suffisent. Je me sens bien avec eux.

Ma plus grande victoire, c'est leur amitié.

J'essuie le chocolat qui tache mes lèvres, tout de même embarrassé par la situation. C'est vrai que je me sens souvent comme étant un alien à leurs côtés. Ils ne parviendront pas à me comprendre totalement. Même moi, je ne suis pas en mesure de parvenir à me comprendre moi-même. S'ils y parviennent, ne serait-ce qu'un petit peu... Alors oui, je me sens heureux quand je suis près d'eux.

Quand le rire général s'estompe, mes pensées ne se tournent plus vraiment vers la compétition... Plutôt sur ce qui l'entoure. Notamment ma réaction. Je m'en veux beaucoup.

– Désolé de vous avoir fait peur. Claire, Erwan, Mathis... Pardonnez-moi. J'avais juste besoin d'être seul un moment pour réfléchir.

– Ah, parce que ça t'arrive ? ironise le brun.

Je lui file une claque derrière la tête mais je souffle du nez, amusé par son tacle.

– Un peu trop, parfois.

– C'est pour ça qu'on t'aime, tu sais ?

– Je sais.

Je sais. J'ai juste du mal à comprendre.

– Bon, bon, bon ! lance Mathis en tapant dans ses mains. Pour fêter nos retrouvailles...

– On ne s'est jamais vraiment perdus, Mat.

– Rabat-joie, laisse-moi finir. Pour fêter nos retrouvailles... Rentrons ensemble et passons la soirée ensemble.

Les deux autres approuvent. Mathis, à présent debout, me tend la main, un sourire ornant son visage. Je pose ma main dans la sienne. Pour un instant... J'éteins mon cerveau et je m'autorise à croire en mon coeur.

– Ouais. Fêtons nos retrouvailles !

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