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Chapitre 10 - Partie 1

 Il existe parfois des journées qui semblent être correctes ; tout se passe plutôt bien malgré quelques accrochages et quelques déceptions, comme un ciel bleu partiellement couvert. Il existe aussi des journées aussi pures qu'un ciel azuré dépourvu de nuages, même de ces petits chatons blancs qui courent sous le vent pour égayer une toile trop lisse. Et il existe ces journées océan, ces journées qui semblent belles et sans nuages, que l'on peut qualifier d'excellentes, mais qui virent au cauchemar quand la tempête se lève et que l'orage gronde.

Je pense, sans hésiter, que cette journée se situe entre le premier cas et le dernier. Ma vie est une suite de cieux couverts, laissant parfois quelques éclats bleutés et orangés quand le soleil passe. Aujourd'hui fut une journée assez mitigée, entre ma migraine et la discussion avec Jennifer. Même plusieurs heures après être sorti du lycée, cette discussion me revient encore et encore.

Le trajet du retour, en bus, est en général encore plus pénible que l'aller. Aux horribles gloussements des gens qui discutent bruyamment, aux gémissements des gosses épuisés, à l'excitation des gens qui sont libres, s'ajoute la fatigue d'une journée pénible. La populace ne se contente plus de simplement être sur leur portable, ils discutent, baillent et soupirent bruyamment, comme si cela suffisait à évacuer leurs frustrations. Durant ce voyage, la plupart du temps et pour éviter le plus de contact visuel possible, je laisse ma tête appuyée contre la vitre, les écouteurs dans les oreilles et un livre dans la main. Le ronronnement du moteur a parfois même le don de m'endormir.

Comme je n'habite pas très loin de l'arrêt de bus, il ne me faut que cinq minutes pour rejoindre ma maison. Cinq minutes que j'aimerais bien raccourcir. La journée n'est-elle pas déjà assez longue pour en rajouter ?

En arrivant devant chez moi, tout un tas d'idées fusent, et toutes se recoupent en un point : la durée du trajet me paraît bien trop courte certains jours. J'aurais aimé la prolonger de quelques minutes. Ou de quelques heures.

– Non mais c'est une blague ?

Je me passe une main contre mon visage. Je crois que comme fin de semaine, on peut franchement mieux faire, pour ne pas dire qu'un début de week-end aussi catastrophique craint vraiment. Devant ma maison, il y a bien évidemment la voiture de mes parents. Mais un modèle à peu près similaire se tient à ses côtés. Seule son horrible couleur jaunâtre, celle d'un poussin à peine sorti de l'oeuf, change du véhicule voisin. Absolument atroce.

Néanmoins, ce qui me semble encore plus catastrophique que l'aspect désastreux de la voiture, c'est la venue de ses propriétaires. Voir cette voiture vient de me briser mon courage. Je ne veux pas. Je sens encore que ça va être une soirée particulièrement pénible.

Des rires fusent depuis la maison, gras et ignobles à écouter. J'ai tellement hâte que la soirée se termine. Et, évidemment, elle n'a même pas commencé... Je n'ose même pas imaginer le calvaire qui m'attend : supporter cette mascarade, sourire, attendre que le temps passe en imaginant ce que je vais faire quand tout ceci sera passé mais sans pouvoir le faire, limiter mes idées à dix pour que tout le monde puisse suivre...

Ce qui est vraiment dommage avec ce genre de soirées, c'est le fait que je sois obligé de me freiner. Malheureusement. Autrement, j'ai bien le droit à d'innombrables remarques toutes plus agaçantes les unes que les autres. On n'y prête d'abord pas attention, mais leur perfidie nous touche. On lève les yeux vers l'ignoble individu qui prononce les mots qui piquent mais on ne dit rien par simple convenance sociale, soi-disant parce qu'on ne peut pas répondre à quelqu'un qui possède plus de bougies sur son gâteau d'anniversaire que sur le nôtre. Moi, ça me passe au-dessus, ça m'agace, ça me dégoûte. Après tout, à quatorze, à dix-sept, ou à soixante-cinq ans, si la personne manque d'intelligence et de bonté, elle ne mérite pas une once de respect ou de reconnaissance, qu'elle fasse partie de ma famille ou non. Surtout pas de moi.

Campé devant l'entrée de la maison, j'inspire un grand coup. Je me passe une main sur le visage, comme une ultime préparation avant d'entrer sur scène. On met les masques, puisque c'est ce qu'il faut. Se protéger du monde et jouer un jeu horrible. Mais il n'y a que ça à faire. Le monde est une gigantesque pièce de théâtre avec des acteurs inégaux. Le problème, c'est que même dans les coulisses, il n'y a pas d'accolades, de sourires chaleureux, de réunions agréables autour d'une boisson réconfortante. Derrière le rideau, il n'y a que le silence.

– En avant pour la mascarade...

À peine la porte poussée, une vague de parfum agresse mes narines d'une façon très désagréable, si bien que je suis le point d'avoir une quinte de toux. Je me retiens. Après tout, ça pourrait être un sujet de conversation intéressant... Savoir si je fume ou non !

Bien sûr, je n'ai jamais touché une seule cigarette de toute ma vie. Après tout, ce n'est pas écologique. La nicotine contenue dans ces horreurs pourriraient mes poumons autant que la couche d'ozone. Je me demande d'ailleurs pourquoi les politiciens se moquent autant de l'écologie. Pour eux, le plus important, c'est l'argent. L'odeur du vert ne leur évoque pas la douce fragrance des arbres printaniers mais celle des billets fraîchement imprimés. Billets amenés à disparaître si on en croit la conjoncture économique actuelle. Les cerbères du gouvernement vont sûrement faire une syncope si l'argent matériel venait à céder sa place aux transactions virtuelles... Je sens déjà l'odeur de leur vomi verbal d'ici.

De nouveau, les rires éclatent dans le salon. Je reconnais le rire de mes parents, évidemment, mais leur rire s'accompagne de manifestations beaucoup moins mélodieuses. J'inspire un grand coup.

– Courage, Tom. Ce n'est que pour une soirée. Courage. Tu ne vas pas les étriper, tu ne vas pas les étriper, tu ne vas pas...

Au même moment où je me répète cette jolie formule magique, je rentre dans le salon. Tous les rires s'arrêtent progressivement, alors que quelques unes des personnes présentes dans la pièce, assises sur le vieux canapé de cuir, se retournent pour me regarder. Ma mère est la première à prendre la parole :

– Ah, coucou, Toma !

Ce simple salut déclenche alors une avalanche de mots que je comprends, bien que tout le monde parle en même temps. Je m'avance dans la pièce et les regarde un à un. Ce soir, je plonge directement dans le premier enfer, et je dois le faire en souriant.

Les premiers à me dire bonsoir sont mes parents, que j'embrasse rapidement. Quelques secondes plus tard, une femme âgée d'environ une quarantaine d'années, mais qui semble faire un peu plus, me rejoint pour me prendre dans ses bras, m'étouffant au creux de sa robe noire à motifs floraux. Son parfum trop sucré me donne presque un haut-le-coeur que je parviens à réprimer au dernier moment.

– Oh, mon petit chéri... ! Je suis content de te revoir ! Tu as bien grandi !

– Oui, moi aussi, tata, parviens-je à lâcher, à moitié excédé d'être étouffé, à moitié content de ses remarques.

Elle finit par me laisser et me fait la bise, laissant ses cheveux bruns me chatouiller le nez. Je me passe une main sur le visage et me gratte la joue. J'ai à peine le temps de souffler que des pas claquent dans le salon, et des bras solides viennent s'écraser contre mes épaules. Et bien sûr, comme je ne l'ai pas vu venir, je sursaute.

– Salut, Toto ! Bah, ne bondis pas comme ça ! Je sais que ça te fait plaisir de nous voir, mais quand même !

– Ah, ah, ah. Très drôle, tonton.

Même à presque quarante ans, mon oncle, bourru et très direct, n'a pas vraiment perdu son âme d'enfant, et il est parfois un peu... brusque. Comment parler de lui sans être ni trop méchant, ni trop gentil ? Tonton, c'est tonton, quoi. Peut-être est-ce le fait qu'il ait encore toute sa chevelure, sortie des années soixante-dix, qui le rend comme ça. Une chevelure vous change un homme, après tout...

– C'est pas sérieux, ça, Pat' ! bougonne sa femme. T'as failli lui provoquer une crise cardiaque. Il est fragile...

– Oh, ça va ! Il n'est pas en sucre non plus...

– Oui, mais il rentre d'une dure journée. Ne le brusque pas, le pauvre.

Le dit Pat caresse sa tignasse comme un adolescent pris en faute, avant de lancer :

– Ô, rage ! ô, désespoir ! ô, vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux...

– Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers, complété-je en levant les yeux au ciel.

– C'est bien, mon grand. Tu connais tes classiques ! Et donc... ?

Et voilà... Parce que j'occupe le statut de rat de bibliothèque de la famille, parce que ce livre, je l'ai lu à treize ans bien avant tout le monde, parce que je passe mon temps avec un bouquin entre les mains, je dois connaître tout un tas de choses. Mais bon, je peux bien faire ça pour mon oncle, lui qui n'a pu s'envoler pour une carrière artistique et qui est maintenant coincé dans sa vie monotone.

– Mon bras qu'avec respect, toute l'Espagne admire, mon bras qui tant de fois a sauvé cet empire...

– Tant de fois affermi le trône de son roi, trahit donc ma querelle... continue avec éloquence Pat.

– Et ne fait rien pour moi ? terminé-je en souriant.

Mon oncle se met alors à applaudir et regarde mon père en lui faisant un clin d'oeil :

– Il en a dans la tête, ton gosse ! Un vrai génie !

– Et encore...

– Des gars comme lui, on n'en fait plus ! Mais, bon, il n'y a pas que la tête qui compte aussi.

– C'est important, mais ça ne fait pas tout, lance ma tante. Faut avoir de tout.

Je ne préfère même pas répondre. Je les aime bien, mais si la soirée est chargée de ce genre de petites remarques, je ne vais pas vraiment supporter ça.

– Bon, je vais aller déposer mes affaires, je reviens.

– Ton frère est dans sa chambre avec ta cousine, m'apprend mon père.

– D'accord.

Un frisson me parcourt le dos. La soirée s'annonce... pénible ? Chiante ? Absolument horrible ? Je crois bien qu'on peut même encore parler d'euphémisme quant à mon ressenti. Et je me demande bien comment il n'y a pas eu encore de morts, si Axel et Éva se trouvent effectivement dans la chambre...

– Connard, je te déteste...

– Pareil pour moi, espèce de sorcière débile.

Je laisse mon oreille courir vers la porte de la chambre, et en effet, je ne suis pas déçu du résultat. Les deux gamins chuchotent, mais je peux très clairement entendre qu'ils s'insultent. Je lève les yeux au ciel. Éva n'a visiblement pas encore remarqué que j'étais arrivé. Heureusement. Je file dans ma chambre sans faire de bruit afin de me débarrasser de ce sac encombrant. Au moment de pénétrer dans ma chambre, j'expire un grand coup. Je ne pouvais décemment pas respirer normalement sans me faire repérer. Mais le jeu en vaut la chandelle.

– Ah, les gosses...

Je veux profiter un maximum de ma liberté avant des heures de calvaire, ce que tout être humain normalement constitué ferait à ma place. Je m'assois sur mon lit après avoir déposé mon sac sur mon bureau, déjà encombré par une pile de livres tous plus diversifiés les uns que les autres : extraits de revues historiques dans un coin, pile d'oeuvres classiques un peu à gauche, trônant fièrement aux côtés d'ouvrages psychologiques et mathématiques, le tout formant une série de colonnes inégales.

Je m'empare d'un livre que j'analyse longuement avant de le reposer. Le hasard pourrait bien guider ma main mais je ne le laisse pas faire. Ne sommes-nous pas des éléments libres dans un univers en constante expansion ? Alors le hasard a tout le loisir de nous apporter ruine ou fortune. Je veux être seul maître de mon destin pour le peu que je puisse contrôler.

Il me faut bien deux bonnes minutes pour faire mon choix. Ceci fait, je plonge sur mon lit comme une orque dans les eaux glacées. Je me laisse choir dessus et m'allonge, faisant littéralement l'étoile de mer. Un soupire s'échappe de mes lèvres et s'élève dans la pièce surchauffée. Dehors, le froid règne en maître absolu et n'a aucune pitié pour les pauvres êtres sillonnant la terre. Mais je comprends notre chère planète. Après tout, elle se purge de ses malheurs et des bactéries qui la peuplent. Nous ne représentons, à ses yeux, que les tiques dont nous aimons tant nous débarrasser. Les humains sucent le sang par litres, comme ces insectes. C'est peut-être là l'essence de l'Homme. Pomper pour mieux exister.

Le regard vide, j'observe les paragraphes de ma revue historique défiler. La Grèce Antique rayonne autant d'intérêt, mais mes pensées vagabondent ailleurs, volant entre la discussion avec Jennifer et les autres théories de Blaise Pascal. Je tourne la tête vers mon bureau, et, regardant désespérément la montagne d'ouvrages qui y trône fièrement, je me plais à imaginer, siégeant avec honneur au-dessus de tous les autres, l'une des oeuvres de ce mathématicien. Un sourire effleure mon visage. C'est vrai que le monde est une suite de paris mathématiquement complexes.

La vie est un algorithme avec un coeur...

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