Bonus de Noël
NDA : Bonjour à tous... Oui, je suis vivant, ne vous inquiétez pas. Je sais que ça fait longtemps que vous n'avez pas eu de chapitre, mais tout un concours de circonstances m'a empêché de pouvoir finir mon chapitre 17.
Mais je tenais quand même à me faire pardonner et je vous ai écrit un petit bonus de Noël un peu spécial. Un peu spécial, comment ça ?
Eh bien je sais que ça va faire plaisir à une majorité d'entre vous, car ce sera un petit bonus qui sera consacré à un de vos personnages favoris... Oui, j'ai écrit un chapitre avec comme personnage principal Mathis.
Bref, je vous souhaite une bonne lecture et un Joyeux Noël !
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"Cher Père Noël,
Je ne vais pas trop t'embêter avec mon année, tu sais comment j'ai été. Tu sais tout, dit maman. T'as dû me voir. Je veux juste te dire que c'était pas ma faute, avec Claire ! Elle m'embêtait ! Je devais me venger ! Même si je sais que c'est pas bien... Bon, d'accord, j'ai aussi piqué le goûter de Toma. Il me boude maintenant. Même si je crois pas qu'il sait. Mais il boude. Il boude tout le temps, Toto.
Bon, sinon, j'ai été sage. Promis, juré, craché Papa Noël ! Un peu... Ma soeur, Camille, m'a aussi dit d'être honnête, je sais pas ce que ça veut vraiment dire mais elle m'a dit que si je le suis pas j'aurais pas mon cadeau. Et je veux mes cadeaux ! Je suis pas très bon à l'école mais je fais ce que je peux... C'est déjà pas mal... Hein ?
Tu sais ce que je veux Père Noël ? J'aimerais un beau vélo électrique. Comme ça je pourrais faire le tour du quartier et voir mes copains plus souvent et je pourrais même le prêter à Toma. Il est gentil. Je l'aime bien, Tom. Père Noël, tu pourrais me ramener un jeu vidéo ? Qu'on puisse jouer à plusieurs ? Un jeu de combat pour nous. Tu sais, le dernier que j'ai vu en magasin avec mes parents ! Ce serait trop cool ! Ah, et si tu peux aussi éviter de me rapporter un puzzle, tu seras gentil, celui de tata était trop dur. Je voulais pas lui faire de peine mais j'ai jamais été fort à ça. Par contre je veux plein, plein, plein de chocolats !
S'il te plaît père Noël, tu pourras aussi m'acheter un copain ? Genre un hamster ou un petit animal. Je trouve ça trop mignon. S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ! J'en prendrais soin... C'est vachement triste de se retrouver sans maître pour ces petites bêtes. Puis je sais que Camille en veut un, aussi. Elle a beau être vache avec moi, ça lui fera plaisir, alors pourrais-tu nous en ramener un ? S'il te plaît...
Je te promets d'être sage. Je te promets pas de pouvoir être premier de ma classe. Y a Tom et il est super bon, lui aussi. Je te jure de faire plus d'effort. Promis, promis, promis. Pardon pour les fautes. Je t'aime,
Mathis."
Un sourire étire le visage de l'adolescent, tandis qu'il parcourt sa lettre des yeux de manière décousue, partant d'un mot au milieu, s'arrêtant sur un autre trois lignes plus loin, avant de revenir au début. Il inspire un grand coup en observant le papier qu'il tient entre ses mains. Un flot de souvenirs lui revient par vagues et il se laisse aller au fond de son lit et de sa mémoire.
C'étaient de bons moments ; est-ce que j'étais un gosse difficile ? Peut-être. C'est dingue comme je m'imagine sage un jour et le lendemain, comment je peux être un démon ! Je crois que je te dois ça, un peu, Claire. Et un peu à toi aussi, Tom... Surtout à toi, en fait... Je ne compte plus le nombre de fois où tu t'es interposé entre moi et mes parents pour m'épargner ou atténuer mes punitions. Je vous en ai causé, du soucis, les amis. T'étais parfois bizarre. Un peu perché. Un peu... différent des autres. Comment le dire ? J'avais l'impression de parler à un adulte caché dans la peau d'un gosse. C'était marrant. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir affaire à un sage. Ou à un extraterrestre. Il y a peut-être un peu de Dark Vador en toi en ce moment mais je suis sûr que tu retrouveras le bon chemin... J'espère. De tout mon coeur. C'était quand même une bonne époque... Et puis avec le lycée, tout a changé. Toi, moi, Erwan et Claire, et puis lui...
– Math ? T'es prêt ? résonne une voix, quelque part dans la maison.
Le jeune homme, affalé sur son lit, relève la tête et répond de manière laconique, encore emporté par sa rêverie. Une dizaine de secondes plus tard, la porte s'ouvre après trois petits coups sur cette dernière. Mathis, surpris, trouve juste le temps d'écarter la lettre.
– Hey, p'tit gars, on va bientôt y aller ! Qu'est-ce que tu fous ? T'as toujours pas tes chaussures ?
– Minute, Cam ! s'exclame Mathis. J'arrive ! Je... Je cherchais un truc.
– Quoi, ton cerveau ?
La demoiselle esquive alors un coussin de justesse, qui s'écrase au sol mollement. D'un geste, elle le ramasse et l'époussette avant de le relancer, non en direction de son frère mais du lit. Le petit brun haussa un sourcil.
– Je plaisante, petite tête.
– T'es pas très combative, aujourd'hui.
– T'as vu le temps que ça m'a pris pour bien me coiffer ? Je vais certainement pas me décoiffer pour te donner une bonne leçon, sale gosse.
– Eh !
– Mais tu perds rien pour attendre, lui fait-elle remarquer avec un petit sourire complice.
– J'en doute pas, soupire-t-il.
– Au fait, c'est quoi, ça ?
Mathis suit le regard de sa soeur et comprend que ce qu'elle regarde n'est rien d'autre que l'embarrassant objet qu'il tenait deux minutes auparavant entre ses mains.
– Ah, ça ? C'est... C'est rien !
– Ah. Et c'est quoi, du coup ? insiste-t-elle.
– C'est...
Mais le pauvre n'a pas le temps de voir venir la suite et sa soeur est déjà à côté de lui, la lettre tournée vers elle. Pas besoin d'être dans la peau de son meilleur ami pour comprendre qu'il était déjà trop tard.
– Eh ! fait-il en la retirant.
Il tourna la tête vers Camille, dont le regard brillait d'une lueur qui ne lui était pas étrangère. Une lueur qu'il connaît bien, et qu'il a l'habitude... quand il embête son grand copain.
– Non, je t'interdis ! lui lance-t-il.
– De quoi ?
– Ce regard.
– Quel regard ? demande-t-elle avec innocence.
– Mon regard ! réplique-t-il.
– Ton regard ?
– Oui, mon regard !
– C'est-à-dire ?
– Fais pas l'innocente ! C'est celui que j'ai quand je veux embêter Toma. Tu m'étonnes qu'il voit venir tout à quinze kilomètres !
– Si t'es pas discret, lui dit-elle, en même temps... En tout cas...
– S'il te plaît, Camille, pas un mot !
La jeune adulte se recula, un sourire ironique en coin.
– S'il te plaît ? T'es si désespéré que ça, mon petit Mat ?
– Cam !
– Oh, c'est bon ! Tu sais très bien que je plaisante. Fais pas la tête, même si t'es tout choupi quand tu la fais... Un peu comme dans cette lettre !
– Camille !
Un long silence suit alors la plainte du jeune homme. Les deux se sont face. Mathis retient un soupir : il n'aime pas ce genre de situation. Il trouve ces silences gênants. Pesants.
– C'est une de tes lettres de Noël ? demande soudainement Camille, le regard dans le vague.
– Oui. Une ancienne lettre. D'il y a trop longtemps. Au moins dix ans, non ?
– Ouais. C'était le bon vieux temps.
– Si tu le dis...
– T'étais tout choupi. Un peu énervant, aussi. Tu courais sans cesse dans la maison. A force, les vieux en ont eu marre et ils t'ont envoyé dans ma chambre pour m'aider à faire... C'était quoi, déjà ?
– Je ne sais plus trop. Peut-être pour t'occuper un peu ou pour t'aider à finir tes dessins.
– Ah oui ! C'est vrai ! Ils adoraient t'envoyer avec moi pour m'offrir tes talents artistiques...
– Eh, c'est quoi, ce petit ton ironique ?
Camille pointe du doigt le coin supérieur de la lettre, où trônent trois bonhommes écartant les bras et les jambes, visiblement dans une posture accueillante, avec une chevelure particulière, comme des mèches venant défier le ciel.
– Bah quoi, ils sont jolis mes sapins, non ? Ils sont même... sympa !
Ils éclatent de rire au même moment.
– Au fait, soeurette, tu t'en souviens ?
– De quoi ?
– De Pinou.
Mathis ne regarde pas sa soeur en posant cette question. Les yeux rivés vers le sol, il regarde le plancher. Ou ses doigts entremêlés avec lesquels il joue pour s'occuper. Ou bien regarde-t-il ses jambes, s'agitant par à-coups sous divers effets ?
– Evidemment, quelle question !
– Toma dirait qu'elle est rhétorique, sourit-il.
– Il te manque, hein ?
– Toma dirait aussi que cette question est rhétorique, continue-t-il.
– Tu en parlais tout le temps. Tu l'accompagnais partout. Tu laissais même Toma pour voir ton lapin.
– Heureusement qu'il était là, d'ailleurs !
Comment décrire Pinou ? C'était une question difficile. Pour Mathis, ce petit lapin nain tout blanc était indescriptible. Seuls les gens ayant eu des animaux peuvent sûrement comprendre. Et pour le brun, c'était encore différent... Il repensait souvent à cette charmante petite bête, à ses bêtises, à ses petits yeux ronds, à son joli poil, à ses grandes oreilles qui l'ont tant fait rire... Il repensait à tout cela, parfois la larme à l'oeil mais toujours ravi.
– Tu te souviens quand il avait mangé ton devoir de maths ? ricana Mathis.
– Ouais, j'avais cru que c'était toi qui lui avais donné !
– T'étais hors de toi ! C'était trop drôle ! Je crois que c'est à partir de là qu'il est vraiment devenu mon ami !
– Oh, je te rassure, t'étais déjà surexcité quand tu l'as reçu à Noël. Je crois même que t'as même versé une petite larme ! Comme souvent, en fait. Mon frère est un vrai pleurnicheur, parfois.
– Dit-elle... Puis de toute façon, il était bien trop mignon ! Comme moi, se vante le brun.
Camille met la main devant la bouche et tousse deux ou trois fois exagérément devant les yeux choqués de son cadet.
– Quoi, si, j'étais super mignon !
– Un vrai casse-pieds, oui ! Comme à chaque Noël, d'ailleurs.
– J'aime bien cette fête.
– Un peu trop... Tu vas commander quoi, cette fois ?
– Je sais pas. Peut-être... J'ai pas vraiment d'idées. Et toi ?
– Je vais sûrement me prendre une maquette. Comme d'habitude, je sais, répond la blonde après un moment. Mais bon. Ou je vais me prendre un livre, peut-être. D'ailleurs, ça ne te ferait pas de mal !
– Tu sais, Cam, les jeunes lisent, de nos jours ! Même plusieurs livres ! Entre quinze et vingt-cinq ans, on lit en moyenne une dizaine de livres par an et...
– Range tes stats mon grand, on dirait ton copain.
– Mon copain ?
Les joues du brun s'empourprent devant l'air amusé de Camille. S'il aimait bien quelque chose, c'était le regard plein d'amour de sa grande soeur.
– Tu parles pas de... lui ?
– Qui, Toma ?
– Non... Enfin oui ! Cam, tu sais, ce terme... Il n'est plus utilisé depuis un bon bout de temps, c'est super infantilisant, je suis plus un bébé...
– Vous êtes mignons, tous les deux.
– Cam ! Est-ce que moi je t'embête avec...
– Et t'as pas intérêt.
– Alors sois gentille...
– Je me souviens, dit-elle. Une fois, vous l'aviez écrite ensemble, votre lettre.
– Ouais, c'était marrant.
– On les a encore, d'ailleurs. Les siennes.
– C'est vrai ?
– Ouais. J'aime ce gosse. Dans une de ses lettres, il avait demandé un télescope. Pour regarder les étoiles.
– Ah, ça m'étonne pas ! Il n'arrêtait pas de me demander de venir regarder les étoiles et les astres avec lui.
– T'as fini par accepter une fois. Pendant un temps, t'aurais tout fait pour être avec lui, hein ?
– Ouais. Même s'il est sacrément bizarre, mon Toto.
Camille hoche la tête. On ne peut vraiment pas dire le contraire, après tout !
– Je me souviens... Tu sais ce qu'il a marqué dans sa lettre ?
– Non ?
– Il a avoué vouloir son télescope parce qu'il voulait regarder les étoiles avec ses amis. Avec toi, en premier.
Le brun acquiesce. En fait, il s'en était un peu douté. Mais de là à ce que le jeune prodige l'ait écrit dans sa lettre ! Un sourire béat naît doucement sur le visage de Mathis.
– Je sais, répond-il doucement.
– Il voulait que tu aimes les constellations comme lui il les aime. Il voulait te rendre plus heureux, je crois.
– Je sais, répète-t-il, la gorge presque serrée. Tu crois que ça a marché, Cam ?
Camille, pour toute réponse, tend alors sa main vers la joue de son petit frère et lui fait une petite caresse. Mathis esquisse un sourire ; parce que ce geste vaut toutes les réponses, parce que ce geste vaut tout l'or du monde et que rien au monde ne le fera changer d'avis sur ce genre de petites attentions. Se levant, elle s'avance vers la sortie avant de se retourner :
– Bon, allez, prépare-toi, lance la jeune femme.
– Ouais.
La porte se referme. Mathis laisse courir son regard vers la fenêtre, rêveur. Ses pensées l'amènent au lycée. Il l'aime bien, ce lycée. Les gens qui s'y trouvent ne sont pas tous extraordinaires mais ils sont au moins supportables. De ceux qu'il connaît, seuls quelques uns sont vraiment odieux.
– Ils disent que t'en fais partie... Et que moi aussi, Toma... Ce sont des menteurs. De sales menteurs.
Il replonge ses yeux dans sa lettre, profitant de ces quelques secondes de souvenir. Tout en se levant, il pose la feuille sur son bureau en désordre.
S'il devait écrire une lettre, qu'écrirait-il dedans, aujourd'hui ? Il ferait sûrement le voeu d'avoir un télescope. Pour montrer à Toma les étoiles qui l'avaient jadis sauvé. Pour qu'il retrouve le goût aux constellations.
Mais même si Noël n'est que dans un mois, les miracles existent. Il en a un dans sa classe. Et il espérait de tout coeur que sa lumière reviendrait lors de ce concours. Un sourire aux lèvres, Mathis quitte sa chambre en murmurant tout son amour à la magie de ce jour de décembre.
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