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17. Sylvia

Le soleil a débuté sa descente crépusculaire dans le ciel quand je me réveille dans les draps du lit d'appoint que Kirill a installé dans sa chambre d'amis, vêtue de l'un de ses tee-shirts qu'il a eu la gentillesse de me prêter. Le temps d'une microseconde, je me demande si tout ce que j'ai vécu n'était pas qu'un mauvais rêve. Mais mes nombreuses douleurs dispersées sur chaque parcelle de mon corps m'imposent l'irréfutable réalité.

Je me redresse avec la sensation d'avoir le cerveau en bouillie et remarque que ma colocataire de chambre ne dort pas. Adossée contre la tête du lit, le crâne reposant contre la froideur du mur derrière elle, les paupières fermées et ses genoux repliés, Karen Rodriguez semble perdue dans ses pensées. Je me dégage des draps blancs qui sentent le renfermé, ce qui attire son attention. Elle rabaisse la tête et me jauge d'un regard contrit. Le malaise est palpable entre nous, si bien que je n'arrive pas à affronter ses yeux.

— Est-ce que tu as pu dormir un peu ? demandé-je en pliant mes draps pour m'occuper.

— J'ai essayé mais...

— Je sais, tu ne peux pas dormir sur des lits d'appoint. Tu as besoin de ta triple couche de confort.

Elle ne relève pas et se contente de baisser la tête et de ramener ses genoux à sa poitrine. Une petite voix dans ma tête me reproche la dureté de mes mots, mais c'est plus fort que moi. Je lui en veux de m'avoir caché une telle vérité pendant toutes ces années. Je pensais qu'en étant désagréable avec elle, je me sentirais mieux, mais il n'en est rien. Rien de ce que je peux dire ne pourra faire disparaitre cet étau qui me resserre le cœur. Je soupire intensément puis me dirige vers elle. Une carafe d'eau et un gobelet en carton sont disposés sur sa table de nuit. Je lui sers un verre et m'installe à son chevet.

— Bois, tu as besoin de te réhydrater. Tu as toujours cette sensation de tournis ?

— Ne fais pas semblant d'être gentille avec moi, Sylvia. Je sais que tu me détestes.

— Ne dis pas n'importe quoi. Je ne fais pas semblant d'être gentille, je ne fais que mon devoir. Tu as été très malmenée et tu as besoin de soins.

Je vérifie rapidement la perfusion intraveineuse que je lui ai installée dès notre arrivée chez Kirill. Ce dernier s'est porté volontaire pour aller à la pharmacie du coin et me chercher tout ce dont j'avais besoin afin de venir au secours de ma mère. Aucun signe de maltraitance n'apparaît sur son corps. Mais il est évident que les cicatrices qu'elle gardera de cette expérience ne se soigneront pas par de simples soins médicaux.

— Je vais bien, Sylvia, m'assure-t-elle. J'ai simplement besoin de discuter un peu avec toi.

— Tu ne penses pas que c'est un peu tard pour ça ?

Elle cherche mon regard mais je le lui refuse. J'ai peur, aussi bien de ce que je pourrais y lire que de ce que je pourrais lui transmettre. Un long silence suit notre échange pendant lequel je panse chacune de ses plaies.

— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? lui demandé-je une fois la dernière compresse jetée dans la poubelle.

— J'avais peur...

— Peur ? De quoi, enfin ? Pourquoi vous me donnez tous l'impression que je suis un monstre incapable de comprendre ?!

Je me lève et fais les cent pas dans la pièce dans une veine tentative de me calmer. Dans ces moments-là, je le sais, seule la nicotine est capable de venir à bout de mes états de nerfs. Je me cale contre la fenêtre en espérant que l'air vif ait le même effort apaisant que la fumée toxique, mais il n'en est rien.

— Avec ton père, on s'était mis d'accord pour te les dire à tes 16 ans, reprend Karen d'une petite voix.

Un rictus amer vient étirer mes lèvres.

— Mes seize ans... comme par hasard !

— C'est la vérité. Horacio pensait que tu serais assez mature pour comprendre à cet âge-là.

J'accueille les paroles de ma mère avec toujours cette même sensation de déni qui m'a prise lorsque j'étais dans le bureau de Luciano. Au fond de moi, j'avais toujours ce maudit espoir, celui que ma mère démente cette vérité que je n'arrive pas à accepter.

Comment accepter que toute sa vie n'ait été que mensonge, fraude et illusion ?

— Depuis que tu étais toute petite, tu as toujours eu une préférence pour Horacio. Il était ton modèle, ton idole, alors que moi, je n'étais que celle qui te donnait des ordres en permanence, qui t'empêchait de te comporter comme tu le désirais, qui t'imposait les règles de l'étiquette et de la société. Et quand ton père nous a quittées...

— Nous a été cruellement arraché, la reprends-je avec froideur.

— Oui... À partir de ce jour maudit, nos rapports se sont détériorés davantage. Plus tu grandissais, moins tu étais disponible. J'avais peur qu'en t'annonçant que je ne suis pas ta mère biologique tu ne coupes définitivement les ponts et que tu m'abandonnes toi aussi. Je ne pouvais pas me résoudre à te perdre, tu m'es trop précieuse pour ça. Même si je ne l'ai jamais vraiment montré.

Tout au long du discours de ma mère, les sanglots s'accumulent dans ma gorge mais n'éclatent pas. J'ai beau avoir trente ans, je me sens comme une petite fille perdue et désemparée. Et pourtant, je ne peux que conserver mon allure fière et insensible.

C'est d'une voix blanche que je lui réponds :

— Tu oublies que moi aussi j'ai été atrocement seule depuis la mort de papa. Tout ce dont j'avais besoin, c'était de ton amour. Tu m'as tout donné, c'est vrai. L'argent, l'éducation, les cadeaux. Tout... sauf ton amour. Et malgré ça, je suis toujours restée. Tu crois vraiment que je l'ai fait par obligation ? Tu crois vraiment que le fait que tu m'aies mise au monde ou pas ait pu changer quelque chose pour moi ?

A ce moment, ma mère fond en larmes. Je l'observe pour la première fois afficher un tel état de vulnérabilité, et je l'envie presque de réussir à laisser s'exprimer sa peine.

Moi, j'en suis incapable.

— Sylvia... Je sais que j'ai toujours été dure avec toi et que je ne t'ai jamais donné l'affection dont tu avais besoin. Je n'ai jamais su comment faire. Je n'ai pas été la mère idéale. Celle que tu méritais d'avoir. Au contraire, j'ai été lamentable ! Ces derniers jours, ma conscience n'a cessé de me torturer. J'ai tout gâché.

J'aimerais pouvoir lui dire qu'elle n'est pas la seule fautive dans l'histoire. Que moi non plus, je n'ai pas été irréprochable. Mais, au même titre que mes larmes, les mots restent bloqués dans ma gorge.

— Je voulais faire de toi une femme parfaite, continue-t-elle entre deux sanglots. J'avais peur que... que tes origines reprennent le dessus sur ton éducation.

— Mes origines ?! m'exclamé-je, outrée par ses propos.

— Pardon, je me suis mal exprimée.

Elle soupire, prend le temps de boire son verre d'eau et reprend la parole :

— Je vais t'expliquer toute l'histoire, si tu le veux bien.

J'affronte son regard désespéré, peu certaine que son récit puisse changer grand-chose. Malgré tout, j'ai besoin de savoir. J'ai besoin de réponses.

Je hoche la tête, lui autorisant par ce simple geste de prendre une profonde inspiration et se lancer :

— Je suis stérile. Très tôt, j'ai été diagnostiquée avec une insuffisance ovarienne précoce. Je n'avais que très peu d'ovules et les quelques survivants étaient peu fonctionnels. Des « ovaires vieillissants », m'a-t-on dit. C'était un choc pour la jeune femme de vingt-sept ans que j'étais, mais surtout pour Horacio qui a toujours rêvé d'être père. Nous avions passé des années à essayer de concevoir avec une aide médicalisée à la procréation, mais c'était très éprouvant. Et chaque tentative s'était soldée d'un échec. Nous nous sommes alors lancés dans une procédure de demande d'adoption. Les démarches étaient longues, d'autant plus qu'avec nos emplois du temps chargés, les agences d'adoption n'étaient pas très encourageantes. Nous étions désespérés...

Elle met un temps de pause dans sa tirade, le temps de renifler dans son mouchoir.

— Un jour, ton père est rentré à la maison avec un bébé dans un couffin. Toi. Tu n'étais âgée que de quelques semaines. Tu étais affamée et tu n'arrêtais pas de pleurer. J'ai demandé plusieurs fois à Horacio d'où il t'avait récupérée. Il m'a répondu qu'il avait ses contacts, qu'il valait mieux pour ma sûreté que je ne sache rien de tes origines... que désormais, tu étais notre fille et que c'était tout ce qui comptait.

Nouvelle pause.

— Il t'a tout de suite acceptée. Moi, je t'avoue que ça a été moins évident... Ne sachant pas d'où tu venais, j'avais peur de trop m'attacher à toi et qu'un jour, tes parents biologiques ne réapparaissent et t'emportent avec eux. J'ignorais qui étaient ces gens, mais en entendant le discours d'Horacio, j'avais compris qu'ils étaient potentiellement dangereux.

Je fronce les sourcils à cette révélation. Mon père savait donc qui j'étais ? Où m'a-t-il trouvée ? Pourquoi ai-je été abandonnée si jeune ?

Mille et une questions fusent dans ma tête dans laquelle une affreuse migraine commence à s'installer. Moi qui cherchais des réponses, me voilà avec presque autant de questions... et la meilleure personne susceptible de me répondre a disparu depuis plus de quatorze ans.

Mon cœur se serre alors quand deux yeux bleus se matérialisent dans mon esprit. Wayne. Lui aussi aurait pu m'apporter des réponses. Mais il a préféré me maintenir dans l'ignorance, et à l'heure actuelle, il y a de fortes chances qu'il ait péri dans l'explosion du manoir d'Il Capo.

Encore une âme partie par ma faute...

Ma mère se tait, consciente que j'ai besoin d'assimiler toutes ces informations. Elle risque un coup d'œil vers moi avant de poursuivre sa tirade.

— Je pense que c'est à cause de cela que je t'ai aussi longtemps privée d'amour. Et pourtant, Dieu sait combien je t'ai aimée. Une semaine après t'avoir recueillie parmi nous, tu es tombée malade. Tu n'arrêtais pas de pleurer et tu avais de la fièvre. Personne n'avait réussi à te calmer... jusqu'à ce que je te prenne dans mes bras. Tu m'as regardée avec tes grands yeux curieux et tu m'as souris. Ta petite main s'est enroulée autour de mon index et à cet instant-là, j'ai su que je ne pourrais plus jamais te laisser. Une vague d'amour m'a submergée. Je ne t'ai pas enfantée, mais une connexion mère-fille s'est établie entre nous à cet instant. C'est inexplicable...

J'observe ma mère sourire dans le vide en évoquant ce tendre souvenir. Ce visage, si familier, me semble si étranger en ce moment même. Ce visage, si différent du mien, pourtant aussi accablé que moi.

— Je t'ai toujours aimée, Sylvia... mais j'avais toujours aussi peur. Pour y remédier, et pour être sûre de te garder près de moi, je m'étais promis de te façonner à mon image et faire de toi une grande dame de la société. Une femme respectable, classe et digne d'être la fille d'Horacio et Karen Rodriguez. J'ai conscience aujourd'hui que c'était une erreur. Je me suis acharnée sur ta discipline et j'ai négligé l'aspect humain, le côté affectif.

— Et la génétique a pris le dessus, commenté-je avec une profonde amertume en repensant à tous les crimes que j'ai commis.

— Si j'ai été aussi stricte avec toi, c'est dans le seul but te protéger. Quand ton père a été tué, j'ai voulu fuir Los Angeles. J'avais peur qu'ils te retrouvent et t'arrachent à moi. Et même si on a modifié tous tes papiers de naissances, la vérité finit toujours par éclater.

— Attends, tu veux dire que papa a été tué... à cause de moi ?

— L'affaire a été classée, comme tu le sais, et les meurtriers de ton père n'ont jamais été retrouvés. Quand j'ai vu que la police ne faisais rien pour faire avancer l'enquête, j'ai engagé un détective privé pour qu'il me sorte n'importe quelle information. Mais...

— Mais ?

— Il n'a plus jamais donné signe de vie.

C'en est trop pour moi.

J'ai besoin de sortir d'ici, de détruire un mur ou mieux... de tuer quelqu'un.

Je me lève dans un geste brusque et me dirige vers la porte de la pièce, mais ma mère me retient par le bras.

— Tu me pardonnes, ma chérie ?

Sa question me déchire le cœur. Comment savoir si je peux lui pardonner alors que je ne sais même pas qui je suis ? Si je m'écoutais, je quitterais cette pièce sans lui donner la moindre réponse. Mais le désespoir qui habite son regard me fait m'adoucir un tantinet.

— Tout ça est encore trop frais dans ma tête, réponds-je toujours sans l'affronter des yeux. Je ne sais pas quoi penser ni quoi dire... j'ai besoin de... de réfléchir à tout ça. De prendre du recul.

— Je comprends. C'est ton droit. Prends le temps qu'il te faudra. Je serai là.

Je hoche la tête doucement et, sans lui adresser le moindre regard, je sors de la chambre.

Arrivée dans la cuisine, j'aperçois Kirill qui boit une bière au bar. Lorsqu'il me remarque, il me fait signe de m'approcher. Aussitôt installée face à lui, il me sert une bouteille de la boisson brunâtre.

— Tu n'aurais pas quelque chose de plus fort ?

Il sourit et sort de son placard une bouteille de vodka et deux shots. En une traite, j'avale le liquide brûlant. Mon corps est si anesthésié par le surplus de douleurs à la fois physiques et mentales que l'alcool ne me fait pas le moindre effet.

— Un autre, s'il te plait.

Il sourit mais s'abstient de toute remarque. En temps normal, il n'aurait pas hésité à me taquiner sur le fait que les alcools forts et moi sommes incompatibles. Et il aurait raison.

— Comment elle va ? me demande-t-il une fois mon second shot englouti.

— Elle s'en remettra.

— Et toi ?

— J'ai une ou deux questions à te poser.

— Je t'écoute.

— Tu sais qui je suis ?

— La plus grosse emmerdeuse de la terre ?

Je le fusille du regard pour lui faire comprendre que je ne suis pas d'humeur à faire de l'humour. Un rictus sardonique se dessine alors sur ses lèvres.

— Désolé, j'ai encore du mal à me remettre de ton coup de c'matin.

— C'était pour la bonne cause. Je sais que tu n'es pas du genre à m'en tenir rigueur.

— T'es toujours aussi pompeuse ! ricane-t-il avant de reprendre son sérieux. Bref, j'ai toujours su que t'étais spéciale. Depuis le premier jour. Mais ça, je te l'ai toujours dit.

— Ça ne répond pas à ma question.

— Tu te souviens du jour où t'as failli te noyer à Mitchell Lake ?

— Oui ?

— Un type est venu sonner à ma porte la nuit d'après. Un grand noir aux yeux bleus... flippant à mort, si tu veux mon avis...

— Wayne, déduis-je, le cœur lourd.

— Ouais, c'est ça... Wayne. Bref, il m'a bien cogné dessus et m'a mis en garde.

— En garde ? Contre quoi ?

— Contre moi-même. Apparemment, t'étais sa p'tite protégée. Il m'a expliqué que, en gros, s'il t'arrivait malheur, toute l'Amérique latine allait se retrouver sur mon dos. C'est là que j'ai compris que t'étais... mmmh... importante.

— Et ?

— Et c'est tout.

— Mais tu as continué à me laisser trainer avec toi.

— Tu crois que « toute l'Amérique latine » m'impressionne ? Rien ni personne m'empêche de faire ce que j'ai envie de faire, beauté.

Attendrie, je lui lance un sourire sincère. Peut-être même le premier de ces dernières heures.

— Et tu l'as revu par la suite ?

— Ouais. Deux fois. La première, c'est quand t'as décidé de partir à L. A. et que t'es venue me voir. Il est pas venu me parler mais je l'ai aperçu au coin de la rue. Je crois qu'il te stalkait...

— Et la deuxième ?

— L'année dernière. Il a frappé à ma porte, m'a dit que t'allais sûrement revenir dans quelques mois, et qu'il voulait que je te protège au cas où il serait plus là pour le faire. Et il m'a demandé de te donner ça...

Kirill se dirige vers sa bibliothèque modeste et sort d'un des tiroirs une boite en bois. Toujours dans ma main, mon verre glisse d'entre mes paumes moites et se fracasse sur le carrelage de la cuisine.

— Bouge pas, je vais nettoyer.

Kirill dépose la petite boite sur le bar se penche vers le bas afin de ramasser les débris de verre à mes pieds. Wayne a toujours été là... il me suivait, me guettait dans l'ombre depuis ma plus – pas si – tendre enfance. Pourquoi ne s'est-il jamais manifesté ? Que cherchait-il à faire ? Est-il mêlé de près ou de loin à l'assassinat de mon père ?

Les réponses à ces questions sont-elles contenues dans ce coffret de bois ?

Des coups sur la porte nous font sursauter. 

Kirill me fait signe de me tenir silencieuse, dégaine son arme et descend les marches de son escalier en direction de la porte d'entrée son salon de tatouage.

— Je veux voir Sylvia.

Duncan...

Je me précipite vers l'escalier et ne tarde pas à apparaitre dans son champ de vision. Son regard dévie vers moi, s'attarde sur ma tenue pour finir par remonter vers mes yeux. Je ne m'attendais pas à le revoir aussi vite. Pas ici, en tout cas.

— Qu'est-ce qui te dit que la Miss veut te causer ? grogne Kirill sur un ton dédaigneux.

— T'es qui toi ? lui répond Duncan sur le même ton. Son chien de garde ?

Kirill fait un pas en direction de Duncan. Je ne peux pas voir son visage mais j'imagine sans aucun mal l'expression meurtrière qui doit être peinte sur son visage.

— Kirill, c'est bon, interviens-je avant que l'un des deux ne décapite l'autre. Je m'en charge.

Mon hôte fait un pas en arrière non sans continuer de fixer Duncan.

— Je serai là si t'as besoin de moi, S.

— Ça ne sera pas nécessaire. Merci.

Son attitude m'agace. Je déteste être traitée comme une petite chose fragile qui a besoin d'être protégée et escortée à toute heure. Duncan a l'air de bien le comprendre puisqu'il ricane en hochant la tête face à la bêtise de Kirill. Moi, je ne suis pas en état de rigoler.

Je fais un léger signe de tête au grand Russe, sors à l'extérieur et referme la porte derrière moi.

J'ignore ce que transmet mon langage corporel à Duncan mais son hilarité s'arrête net et son regard s'aggrave. Son éternelle chemise noir sur les épaules, je retrouve en lui le lion qu'il a toujours été... celui qui donne l'air de vouloir me dévorer toute crue, dans tous les sens du terme.

— C'est donc avec ce genre de gars que t'as passé tes années folles d'adolescence.

— Je te trouve bien gonflé de juger Kirill en sachant ce que tu fais et dans quel milieu tu trempes.

— Je juge pas. Je constate c'est tout.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Au lieu de me répondre, les iris sombres du chef de gang s'attardent sur ma cuisse, à l'endroit même où un hématome géant fait office de rappel de ma chute dans les escaliers.

— T'es blessée...

Sa voix est caressante. Alléchante. Un leurre servant à m'attirer dans le piège mortel du désir. De l'amour. De l'abandon.

— Qu'est-ce que tu veux, Duncan ? répété-je comme pour m'obliger de me focaliser sur ce qui me fait mal.

— Parler.

— Qu'est-ce qui te dit que ce que tu as à me dire m'intéresse ?

— Parce que tout ce qu'on a vécu mérite qu'on se donne une chance.

Sarcastique, j'éclate d'un rire cynique.

— « Ce qu'on a vécu », comme tu dis, n'était qu'un vulgaire mensonge, comme tout ce que tu fais, d'ailleurs. Toi qui te dis « stratège », tu as mal calculé ton coup. Tu aurais dû te douter que je finirai par découvrir toutes tes cachoteries.

— Je savais. Le but, c'était pas de te cacher ça... j'attendais juste le bon moment pour te le dire.

— Bien sûr, persiflé-je en soupirant. Je t'écoute, tu as trois minutes.

Un éclair traverse ses prunelles. Pense-t-il, comme moi, à ce jour où il a réussi à me faire jouir en ce même laps ? J'efface de mon esprit cette réminiscence en m'efforçant à me concentrer sur le moment présent. Inutile de me parasiter avec des souvenirs qu'on ne revivra plus jamais.

Avec résilience, Duncan hoche la tête puis reporte son attention sur moi.

— Je t'ai cherchée pendant longtemps. Et puis c'est ce putain de destin qui t'a guidée à moi. J'aurais pu tilter à la ressemblance avec ta mère... mais j'ai été... distrait. Jusqu'à ce que je vois ton passeport, le jour de ton voyage en Afrique... et ta date de naissance, identique à celle de Maria-Angela Gonzales. Alors je suis allé au Texas. Et j'ai mené ma petite enquête. C'est là que j'ai découvert ta véritable identité. Après ça... c'était comme si le ciel me tombait sur la tête.

Tout au long de son récit, il ne dévie pas son regard du mien. Et moi, je bois ses paroles, à la recherche d'un espoir vain auquel me rattacher.

— Non seulement, t'étais celle que je recherchais pendant tout ce temps... mais t'étais aussi la fille de Penelope. La fille de Penelope, putain !

Il se masse le visage en soupirant. Mâchoire contractée et poings serrés, je sens qu'il lutte pour ne pas exploser. Je sais les remords qui l'habitent. Je les partage moi aussi, comme toute personne qui a du sang sur les mains. On n'oublie jamais le visage de sa première victime.

— Quand j'ai tué Penelope, continue-t-il, j'étais loin de me douter que j'allais faire la plus grosse connerie de toute ma vie. Ma conscience, elle s'en est jamais remise. Je la vois toujours... partout...

Il marque une pause et regarde par-dessus mon épaule. J'hésite un moment puis suis la direction de ses iris, mais je ne vois qu'un vide derrière moi. Je reporte mon attention sur Duncan qui cligne des yeux comme pour se débarrasser de pensées douloureuses.

— Sylvia, répète-t-il en effaçant la distance entre nous. Si le destin a voulu que je te rencontre, c'est peut-être pour me donner une chance de me racheter. Pour rattraper mes conneries.

La vague d'empathie qui vient de me submerger laisse sa place à la colère froide qui ne cesse de croire depuis un bon moment. Je réussis tout de même à garder mon calme.

— Tu ne comprends pas, Duncan ! Le fait que tu l'aies tuée n'est qu'une partie du problème ! Tu m'as menti ! Tu m'as caché une vérité que j'étais en droit de savoir ! Et tes hommes étaient tous au courant.

— Ouais. Je sais. Je m'occupe de ce détail.

— A quoi bon ? Est-ce que tu t'es mis ne serait-ce que deux secondes à ma place ? Est-ce que tu t'es imaginé de ce que ça pourrait faire si tu te réveillais, un beau matin, et que tu découvrais que tout ce en quoi tu as cru pendant toute ta vie n'était qu'une série de mensonges ? Que tes parents ne sont pas les tiens ? Que tu es étranger à toi-même. Et encore pire que tout ça... que les seules personnes en qui tu avais confiance savaient cette vérité, et qu'ils aient omis de te l'avouer ! Comment tu te sentirais alors, Duncan ?

— Sylvia...

— Sylvia ? Qui est Sylvia ? Sylvia Rodriguez n'existe pas. Elle n'a jamais existé. Elle n'est qu'un spectre. Un simulacre.

— Ta colère est légitime. J'ai merdé, je le sais. Ma conscience m'a assez rabâché le crâne avec ça.

— Pas assez, à mon avis.

— T'as pas idée du bordel qui règne dans ma tête. T'as pas idée de la torture perpétuelle que je subis.

La revoilà, cette empathie. Je ne suis pas sans savoir à quel point il souffert. A quel point il souffre toujours. Profitant de mon petit moment de faiblesse, Duncan approche son visage du mien. Les effluves de son parfum m'envahissent... ce parfum qui m'a tant manquée. Son souffle chaud, quant à lui, s'abat sur mon visage et dégage avec lui ma première ligne de défense.

— Quand j'étais prisonnier d'Il Capo, j'ai cru devenir dingue. Beaucoup de mes codétenus se sont laissés mourir, soit en arrêtant de bouffer, soit en perdant volontairement leurs battles. Moi, je sentais que je sombrais... chaque jour un peu plus. Mais une seule chose m'a donné la force de vouloir survivre. Une seule chose m'a permis de rester sain dans ma folie...

Il se rapproche davantage. Sa voix se fait murmure. Ses phalanges se frayent un chemin le long de ma mâchoire. Et ses yeux... ils me pénètrent avec autant de vigueur que lorsqu'il me faisait l'amour. Avec autant de passion que de désespoir. Avec autant d'asservissement que je domination.

— Toi, chuchote-t-il contre mes lèvres. Je m'étais juré de sortir de ce trou vivant et de te retrouver pour te montrer à quel point tu me fais revivre. A quel point ma vie sans toi est vide de sens. A quel point je veux la passer près de toi.

Mon cœur explose. Duncan fait sauter les barrières qu'il a toujours maintenues hissées entre nous malgré nos nombreux rapprochements. Pendant longtemps j'ai attendu, espéré qu'il se livre. Jamais il ne l'a fait. Jamais il ne m'a paru aussi sincère... aussi transparent.

Mais l'est-il vraiment ? Comment le croire alors que je viens d'apprendre la vérité qu'il m'avait dissimulée sans scrupules ?

— Tu crois sincèrement qu'on peut être heureux ensemble en sachant tout ça ?

— Je sais une seule chose, c'est que ensemble, on est plus forts, et on peut surmonter tout et n'importe quoi.

Afin d'appuyer ses propos, Duncan prend mes lèvres dans une tentative désespérée de balayer définitivement les doutes qui m'assaillent.

Ou de me manipuler ?

A cette pensée, je me débats et stoppe notre baiser. Il ne cherche pas à réitérer son geste. Il ne fait que m'observer. M'observer et attendre.

Dépassée par émotions, terrassée par mon chagrin, je me rapproche et enroule mes bras autour de son cou avant d'unir nos lèvres à nouveau. Comme dans une tentative de me maintenir contre lui, sa main soutient ma nuque pendant que l'autre tombe sous mes fesses et me soulève dans les airs. Mes jambes encerclent sa taille. Mon dos claque contre le mur. Nos langues s'entremêlent là où les mots ne sont plus de mise. Et nos soufflent s'entrechoquent tel un combat mortel entre deux amants ennemis.

Je me hais d'être aussi faible face à l'appel de son corps. Je me hais de l'aimer au point de ne pas pouvoir le haïr malgré tout ce qu'il m'a fait.

Je le hais de m'embrasser avec autant de fougue. De hargne. De désespoir.

Je le hais de me faire sentir si spéciale. Si belle. Si sensuelle. Si puissante. Si faible. Si seule. Si fragile.

Je le hais d'être lui. Je me hais d'être moi.

Je nous hais de nous aimer si fort. Si dur. Si incurablement.

Une larme restée trop longtemps prisonnière s'évade de mes paupières et vient s'égarer entre nos lèvres pour mieux les séparer. Duncan l'efface d'un coup de pouce après m'avoir reposée à terre.

— Je suis désolé de t'avoir fait du mal, murmure-t-il avec douceur. T'es la dernière personne sur cette terre que je voudrais blesser. J'avais juste peur de te perdre...

Maintenant qu'un semblant de distance est rétabli entre nous, j'ai les idées plus claires que jamais. Malgré l'amour pur et profond qui nous unit, quelque chose s'est brisé.

J'essuie la myriade de larmes qui ont fait suite à leur prédécesseuse et essaie d'articuler le plus dignement possible :

— Eh bien, c'est très con, Duncan. Parce que tu m'as perdue.

L'expression de Duncan qui s'était adoucie après notre baiser redevient dure. Impitoyable. Mortelle. Comme s'il venait de s'extirper d'un rêve apaisant pour découvrir que l'apocalypse le guette.

— Je croyais que...

— Je t'aime, Duncan. Mais je n'ai plus confiance en toi. Je ne peux pas vivre dans la peur continuelle que tu sois en train de me cacher des choses. Je ne peux pas tout effacer en un claquement de doigts.

— Sylvia, je viens de mettre mon cœur à tes pieds...

— J'apprécie... mais avant ça, tu n'as pas hésité à piétiner le mien à coup de mensonges et de manipulations. Je ne pourrai jamais passer au-delà de tout ça. Je n'ai plus envie...

Duncan se passe une main sur le visage, comme pour remettre en place le masque de l'homme arrogant et insensible qu'il a toujours été. Son ego revient de force, comme un étendard, au même titre que le mien.

Une seconde fois, il m'approche dangereusement de lui. Nos lèvres ne sont plus qu'à une infime distance l'une de l'autre et nous nous observons en chien de faïence. Sa main glisse sur ma nuque pour me maintenir prêt de lui, à la merci de sa bouche et de sa fragrance.

— Sylvia... s'acharne-t-il en frôlant mes lèvres des siennes.

Ce contact m'électrise autant qu'il me révulse. Il me fait tourner la tête et fait divaguer mon esprit.

Je deviens folle.

Mais cette fois, je ne me montrerai pas faible.

Cette fois, je ferai face.

— Ne me touche plus, m'écrié-je à fleur de peau. Ne rends pas les choses encore plus dures qu'elles ne le sont déjà.

— Au contraire, je veux t'aider à voir plus clair. Ça, c'est pas le visage d'une femme qui veut tout arrêter !

— Tu m'as toujours appris à prioriser les choix de la raison à ceux du cœur. C'est exactement ce que je suis en train de faire.

— C'est à cause du ruskov, c'est ça ?

— Ne mélange pas tout ! Kirill n'a rien à voir avec tout ça !

— Essaie pas de noyer le poisson. Je sais que tu l'as embrassé !

Pour la deuxième moi, un rire nerveux m'échappe.

— Je vois que Tobias n'a pas su tenir sa langue...

— Ouais, toi non plus, d'ailleurs.

— Je l'ai fait pour une raison bien précise et qui n'a rien à voir à ce que tu as en tête. D'autant plus que je trouve que tu as du culot pour venir me demander des comptes en sachant ce que tu as fait.

— Sylvia, je te préviens... je suis pas un jouet. Je comprends que tu sois blessée. T'as toutes les raisons de l'être. Maintenant, si tu veux qu'on se donne une chance de surmonter ça, je suis prêt à regagner ta confiance. Si tu me demandes de rester, je reste. Mais si tu me demandes de partir...

Il marque une pause. Nos prunelles se dévorent. Je suis suspendue à ses lèvres, redoutant la sentence qui ne va pas tarder à en sortir.

— Tu me verras plus jamais.

Mon cœur me lâche. Il effectue une chute libre de trois mètres et vient s'écraser sur le sol, ses débris s'éparpillent dans toutes les directions, tout comme le verre de vodka que j'ai vidée il y a quelques minutes.

Son regard dur me traverse comme une seringue qui aspire mon sang jusqu'à l'assécher. Sa poitrine se soulève et s'abaisse au rythme de sa respiration saccadée. Il patiente. La balle est désormais dans mon camp. Je sais qu'il me faut prendre une décision rapide.

Lui laisser une chance ou mettre un terme définitif à cette relation qui ne rimait à rien depuis le début ?

— Pars Duncan. Va-t'en...

Il se redresse, le visage sombre et la mine meurtrière. Il se mord la lèvre tout en hochant la tête. Et, sans un mot de plus, il fait volte-face pour disparaitre dans les ténèbres de la nuit.

Une fois dans la sécurité réconfortante du salon de Kirill, je m'effondre au sol. La tête prisonnière de mes mains, je laisse libre court à mes larmes.

J'ignore combien de temps je reste dans cette posture. J'ignore s'il est toujours derrière la porte. Mais une main se pose soudain sur le haut de mon crâne et m'oblige à relever la tête. Je retrouve la stature haute de Kirill qui me fixe d'un air grave.

— Suis-moi.

Son ton est à la fois ferme et doux. Déterminé mais rassurant. J'ai comme une impression de déjà-vu. Et à cet instant, je sais avec certitude où il m'emmène et pourquoi.

Je lui emboite le pas en direction de sa modeste salle d'entrainement au sous-sol. Celle-là même que j'ai quittée ce matin après lui avoir volé un baiser dans le but de l'attacher au radiateur. Une fois les lumières allumées, il se défait de son tee-shirt gris et s'empare de bandages et un short.

— Encore un entrainement, soupiré-je en enfilant tout de même le sort qu'il me tend. Je n'ai même pas droit à ma soirée de repos ?

— C'est pas un simple entraînement que je te réserve, beauté. C'est une thérapie.

Ce n'est pas la première fois que Kirill me demande de déverser ma haine sur un sac de frappe. Il l'a déjà fait quand j'avais seize ans et que je ne voulais qu'une chose : me venger de ceux qui avaient tué mon père.

Aujourd'hui, je me retrouve dans le même état d'esprit avec une seule nouvelle obsession : la vengeance.

— Je vois une grande force en toi Sylvia. Beaucoup de courage. Mais je ressens surtout de la rage. Beaucoup de rage, et du désespoir.

La salle est minuscule. Et pourtant, la voix grave du Russe résonne en écho autour de nous. Tout en discourant, il laisse circuler ses mains sur mes bras dénudés. Ensuite il prend mon menton entre son pouce et son index et ancre ses iris dans les miens. Il est si grand qu'il me faut soulever la tête pour les atteindre.

— Tu as besoin de canaliser cette colère, poursuit-il d'un ton ferme. Utilise-la à des fins biens précises. Fixe-toi un objectif et bats-toi pour le réaliser.

Sa main droite encercle mon cou pendant qu'il me contourne pour se positionner dans mon dos. Je ne sais pas ce qu'il est en train de me faire, mais je suis incapable d'esquisser le moindre mouvement. Je suis sous hypnose, bercée par chacune des paroles de mon charmeur magnétique.

— Tu es une femme pleine de surprises. Belle, forte, intelligente, surprenante...

— Je suis pas sûre d'avoir la force nécessaire pour surmonter tout ça...

— Hey, m'interpelle-t-il en caressant mes cheveux. J'me souviens de toi quand t'es venue chez moi alors que t'avais que seize ans. Tu semblais porter le poids du monde sur tes épaules. Le désespoir que je lisais dans tes yeux était bouleversant. Tu me disais que tu serais jamais capable de surmonter la mort de ton père. Que c'était la pire chose qui pourrait t'arriver. Tu te souviens ?

— Vaguement.

— Regarde-toi. Regarde ce que tu as fait. Regarde où tu en es. T'es une femme forte.

Ma respiration s'accélère à mesure que sa prise sur moi se fait plus forte. Il se replace face à moi et me scrute de ses yeux perçants. Le bout de ses doigts effleure mes joues, à l'endroit même où mes larmes ont coulé, quelques instants plus tôt.

Lorsqu'il reprend la parole, sa voix n'est plus qu'un murmure, une douce promesse qui caresse mes tympans et apaise mon âme.

— Maintenant tu vas fermer les yeux... et te concentrer sur ma voix.

Je m'exécute en inspirant une bouffée d'air. Je sens la chaleur du torse de Kirill dans mon dos et ses mains sur mes clavicules.

— C'est toi qui contrôle ta colère, pas l'inverse. Ne la laisse pas prendre le dessus. Est-ce que tu la sens ? Elle coule dans tes veines. Elle colonise chaque parcelle de ta peau.

Une lave en fusion circule de mon crâne vers mon visage, mon cou, mon abdomen, puis passe dans mes membres. Mes muscles se tendent tellement que c'en est douloureux. Je me sens trembler. Je me sens fiévreuse. Comme si un corps étranger venait prendre possession de moi pour me faire basculer dans des ténèbres sombres et mortelles.

— Ta colère se nourrit de ta rancœur. Et elle ressort sous forme de violence. Souviens-toi des raisons de ta rage. Qu'est-ce qui l'a causée ? Pourquoi es-tu dans cet état ?

Le discours de Luciano me revient en tête. Ses aveux. Ses révélations. Sa manière de sous-entendre que je ressemble à mon géniteur.

Duncan et ses cachotteries.

Ma mère et ses omissions.

Wayne et ses mensonges.

Tous m'ont trahie !

Tous ont joué un rôle pour garder ce secret qui ne concerne que moi.

Qui sont-ils pour juger de ce que je dois savoir ou pas ?

Et mon père dont la mort n'était sans doute pas qu'un fâcheux coup du destin...

Des envies de meurtre s'emparent de moi. Je revois ces hommes au visage masqué qui m'ont volé le premier homme de ma vie. J'aurais tellement voulu leur infliger plus de mal. Les torturer lentement, et me délecter de chaque cri, chaque hurlement qui sortirait de leurs bouches.

— Maintenant que tu t'es focalisée sur la source de ta colère, essaye de la canaliser dans un seul endroit de ton corps : tes poings.

Je serre les poings, si forts, que j'en tremble. La chaleur calcinante qui s'est propagée le long de mon corps se concentre désormais dans la force de mes mains. Une boule d'énergie s'y forme alors. Une boule qui ne demande qu'à être évacuée.

— Maintenant, libère-là. Frappe. Frappe aussi fort que tu le peux. Aussi sec que possible. MAINTENANT !

Je lâche par instinct un rugissement de lionne blessée et me rue sur le sac de frappe que j'inonde de coups, comme s'il était mon pire ennemi. Je laisse s'exprimer ma rage, ma fureur, ma folie.

J'imagine ce sac prendre la forme de Luciano, puis de Duncan, puis de Wayne.

« Si tu me demande de partir... tu me verras plus jamais »

Des larmes acides me brûlent les joues, mais je ne m'arrête pas pour autant. Il a abandonné si vite. Il m'a abandonnée. Il n'a même pas pris la peine de se battre pour moi, pour essayer de me récupérer.

C'est terminé.

Et même si je sais que c'est mieux ainsi, je ne peux m'empêcher de sentir mon cœur saigner, mon âme hurler et se languir.

Au bout de plusieurs minutes, je m'effondre sur le sol, vidée et le corps endolori de partout.

— Bien. Maintenant, dis-moi, S. Qu'est-ce que tu veux faire ?

Je relève la tête et fixe un point invisible en face de moi.

— Je veux me venger.

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Bon...

Je sens que Sylvia n'a pas fini de se faire insulter ^^ 

Nous voilà à la fin de la deuxième partie de l'histoire avec beaucoup de révélations mais surtout, toujours plus de questions ! 

Qu'avez-vous pensé de tout ça ? 

Les révélations de Karen ? 

Les confessions de Duncan ?

Etes-vous surpris.e.s de certaines choses ? 

Qu'avez-vous pensé de la scène de rupture ? 

Et toujours la même question : des théories ? ^^ 

On se retrouve la semaine prochaine pour la suite ! 

Bon WE !! 

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