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10. Duncan

TW : violence, meurtre


— Reed ! T'es dans l'arène ce soir.

Muni d'une pierre retrouvée dans un coin de ma cellule, je fais la sourde oreille et continue de tailler le bois de ma chaise, ou du moins ce qu'il en reste. Je peux sentir sa poussière s'infiltrer doucement dans mon pharynx. Si Sylvia me voyait, elle me ferait un discours sur les risques que je pourrais encourir en inhalant ces particules.

A cette pensée, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire.

— T'as entendu ce que je viens de te dire ?!

Ses cris accompagnés de son fort accent italien me font grimacer. Mais je ne réponds pas pour autant. Au bout d'un moment, il finira par se lasser et se tirer.

— RÉPONDS QUAND ON TE PARLE !

Ou pas.

Ma compagne de cellule s'abaisse vers moi et me chuchote à l'oreille :

« Je crois que quelqu'un essaie de communiquer avec toi ».

— Dégage, articulé-je sans cesser mes caresses lancinantes le long du bois.

— Répète un peu pour voir ?!

Blasé par ses interventions constantes, je relève la tête vers le semblant de garde qui vient perturber mon moment de détente. Il fait le fier, pensant m'impressionner avec ses airs de bulldog à la con. Dommage pour lui, je ne suis pas d'humeur à me montrer complaisant. Je jette la pierre derrière mon dos et fais jouer mon instrument à l'extrémité bien aiguisée entre mes mains, sous l'œil méfiant du bolosse.

— J'ai dit « dé-gage ». Me fais pas me répéter une troisième fois.

— J'te conseille de pas m'énerver !

— Ou sinon quoi ? Tu vas faire quoi ? Je suis le champion favori de ton Capo, il sera pas très content si par malheur, l'un de ses gars venait à me toucher. Toi, par contre, je doute que tu sois aussi irremplaçable. Alors casse-toi avant que JE m'énerve. Capische ?

L'intru grogne mais n'insiste pas davantage. Il se barre en crachant dans ma cellule.

Si en apparence, je garde mon calme, intérieurement, je suis en ébullition. Ma captivité alimente ma frustration. Et avec elle, je perds patience. Un aigle ne peut rester en cage éternellement. Il a besoin de déployer ses ailes et voler haut dans les cieux, parcourir le monde, chasser et régner en maître.

Plus encore depuis que j'ai revu Sylvia. Une éternité semble s'être écoulée depuis... mais pas un seul instant je n'ai cessé de penser à elle. Et à ce danger qu'elle court en permanence.

« Elle serait bien mieux sans toi. Surtout après ce que tu m'as fait. »

— Je sais.

Chasser le garde de mes deux fut chose facile... mais le démon de ma conscience s'accroche, pire qu'une sangsue. Je l'observe un long instant. Elle porte toujours les haillons dans lesquels je l'avais retrouvée dans un quartier miteux de la ville d'Oakland. Les mêmes dans lesquels elle a été tuée et enterrée.

Par mes soins.

J'aurais dû la laisser filer.

Quand j'ai vu la peur dans ses yeux... quand j'ai réalisé ce que ça signifiait de priver une personne de sa liberté... j'aurais dû m'arrêter.

Mais à quinze ans, j'étais loin de me douter de ce qui allait m'attendre... une misérable vie de remords.

A peine ai-je repris mes activités que le grincement sonore de ma porte de cellule retentit à nouveau.

Les gars d'Il Capo se sont donné le mot pour m'emmerder ce soir. Agacé, je ferme les paupières et serre les poings. Quand je les rouvre, je reconnais la silhouette de Dwayne Bridges, l'homme que j'ai recherché pendant aussi longtemps que je m'en souvienne, se faufiler dans ma cellule.

— Paraît que tu fais la grève ? ricane-t-il.

— C'est toi qu'on m'envoie pour me convaincre de jouer ce soir ?

— Faut croire que j'ai de l'influence sur toi.

Je lâche un rire sans joie. De l'influence sur moi ? La blague ! Sylvia en personne n'a pas réussi à influencer mes choix.

— S'ils savaient que dans le fond, tu crèves d'envie de me buter.

— Pas faux.

— Ce que je comprends pas, c'est pourquoi tu l'as pas fait quand t'en avais l'occasion ? Pourquoi m'aider à sortir d'ici ?

— Avoir envie de tuer est une chose. Le faire en est une autre.

— Pourquoi pas ? Qu'est-ce qui t'en empêche ? Après tout, j'ai tué la femme que t'aimes. A ta place, j'aurais qu'une seule envie, m'infliger les pires tortures imaginables.

— Qu'est-ce que ça m'apporterait ? Te savoir mort me la rendra pas. Non, mon plan n'est pas de te tuer. Trop facile. Mon plan, c'est de te détruire.

— Et tu penses que Sylvia va apprécier ?

— Heh. Je suis pas inquiet. Quand le moment viendra, c'est elle qui te détruira.

— Sylvia, me détruire ? Tu sais pas de quoi tu parles.

— Détrompe-toi. Je la connais mieux qu'elle se connaît elle-même. Je l'ai observée toute sa vie. Comment tu crois qu'elle va réagir quand elle apprendra sa véritable identité ? Comment tu crois qu'elle va réagir quand elle saura que t'as tué sa mère biologique ? Tu sais comment elle est. Impulsive... et émotive. Elle agit avec ses tripes. Ce jour-là, je serai là. Et je te regarderai morfler. Pour Pénélope.

Je ne réponds pas et me contente de l'observer déverser sa haine sur moi. Une haine bien placée. Une haine légitime. Mais ce n'est pas la sienne que je redoute... C'est ce même regard que je verrai au fond des yeux de la femme que j'aime.

La femme pour laquelle je sais que je vais tout perdre.

Pourquoi il a fallu que ce soit elle ? De toutes les femmes qui existent... il fallait que ça tombe sur elle...

« Le karma est une pute, beau gosse. »

Debout aux côtés de Bridges, le fantôme de Pénélope ne se défait pas de son air satirique qui me fait l'effet de lames acérées en plein ventre.

Inconscient de tout ce qui se trame dans ma tête — ou au contraire, trop conscient — l'intru du soir reprend la parole comme si de rien n'était :

— En attendant, faut te sortir de là. Les RN-7 sont mobilisés ce soir rien que pour ta gueule.

— Les RN-7 ? répété-je, sourcils plus froncés que jamais.

— Au grand complet, ouais. Tu fais tout comme d'habitude, surtout. Et au signal, tu te débrouilles pour te barrer.

— Ça aussi, ça fait partie de ton super plan ?

— Non, ça c'est un souci que tu vas devoir gérer avec ton bras droit. Mais t'auras tout le temps de penser à ça plus tard. Pour l'instant, pense à sortir vivant de ce trou. On se reverra vite, Reed. D'ici là, prends soin de Sylvia pour moi.

Les hommes d'Il Capo accourent devant ma cellule comme à chaque soir de combat. Six ou sept... et un huitième qui dépouille ma cellule des armes primitives mais pas moins dangereuses que j'ai pris le temps de façonner.

Le visage fermé, je pose mes mains derrière mon dos en adoptant une attitude insolente et me laisse manipuler par la horde d'abrutis qu'il Capo a chargé de m'escorter vers l'arène. Dans le lot, je reconnais le connard qui m'a rendu visite un peu plus tôt dans la soirée. Il ricane, bien content de voir que ma volonté n'a pas été respectée. Ça me fait chier d'avoir à revenir sur ma parole... mais c'est ma liberté tant désirée qui est en jeu.

— On fait moins le malin, me raille-t-il à présent que mes mains sont menottées derrière mon dos. Cette fois, c'est la bonne !

Tu ne crois pas si bien dire...

Je me contente d'afficher un parfait sourire carnassier pendant que deux autres me poussent pour avancer. Je traverse le long couloir sombre et humide, que je connais par cœur à présent pour la dernière fois.

Ou plutôt l'avant-dernière... parce que je reviendrai ici, cette fois, avec le pouvoir. Et je brûlerai ce souterrain de malheur.

Il Capo et ses hommes avec.

Une fois arrivé, les cris de l'audience m'envahissent, m'infestent, me pourrissent.

Une rage sans égale déferle dans mes veines. J'ai été traité comme un animal de cirque. Je devais tuer pour survivre, verser du sang pour que le mien puisse continuer à circuler. Mais ce soir, tout cela sera derrière moi. L'esclave se rebellera face à son maître. Le fauve s'emportera sur la foule.

Ce soir, je ne serai pas la bête de foire que tout le monde vient regarder pour son propre plaisir. Ce soir, je serai la tornade qui va se déchaîner et tout ravager sur son passage.

Mon regard balaye la foule qui enclot l'arène circulaire. Les spectateurs sont agités. J'ignore si c'est une impression ou une réalité, mais ils semblent plus nombreux qu'à l'accoutumée.

Les gardes aussi d'ailleurs.

Il Capo doit savoir que quelque chose se trame.

Wayne jouerait-il à un double jeu avec son rital de chef ?

Possible.

Toujours est-il que je me dois de garder ma concentration à son paroxysme.

Un coup de sifflet retentit et la grande porte en bois s'ouvre en face de moi dans un grincement sonore. Mon adversaire du soir apparaît sous mes yeux. Il a l'air très jeune. A peine la vingtaine. Taille moyenne, une barbe brune incomplète, le teint hâlé, deux iris noirs et perçants.

Son physique me rappelle celui de mon fidèle Malik. Comme lui, ce gamin doit être originaire du Moyen-Orient. Sa musculature n'est pas impressionnante, mais je suis bien placé pour savoir que ce n'est pas un critère à prendre en compte pour évaluer les capacités d'un combattant.

Comme moi, il n'est vêtu que d'un short noir. Son torse révèle un tatouage imposant; un cheval par lequel se dégagent des flammes, accompagné d'une inscription en calligraphie arabe. Je devine à la direction de son regard que lui aussi analyse le dessin qui habille mon buste.

Le coup de sifflet retentit, ce fameux son crissant qui signifie le début des hostilités. Je prends une profonde inspiration.

Le gamin me scrute attentivement. Il m'étudie. Il doit se dire que de nous deux, il n'y aura qu'un seul survivant ce soir. Le feu de la détermination brille dans ses prunelles. Sans couper le contact visuel, mon adversaire se penche vers le bas, se saisit d'une poignée de sable puis frotte ses mains entre elles. Son attitude me fait sourire.

Il sait ce qu'il fait le p'tit !

Ça m'embêterait de le tuer. D'une part, parce que c'est qu'un gosse, et de l'autre parce qu'il est dans le même merdier que moi. Si je me casse de là ce soir, ce n'est pas son âme à lui que j'aimerais emporter vers la tombe. Mais j'ignore à quel moment se déclenchera le signal de Wayne. A moi de gagner le plus de temps possible.

Nous passons quelques interminables secondes à tournoyer l'un autour de l'autre avant qu'il ne se décide à marquer sa première offensive. Je l'esquive facilement mais ne l'attaque pas pour autant. Les huées fusent depuis la foule. Les spectateurs s'impatientent, ils veulent de l'action.

Ils veulent du sang.

J'en profite pour jeter un coup d'œil rapide sur l'assistance, mais ce petit moment d'inattention me coûte cher.

Le jeune gars saute sur l'occasion pour m'en coller une. Animé par la rage d'être surpris de la sorte, je lui rends son coup mal placé et le met à terre. Mais c'était sans compter sur l'agilité du gosse. En un millième de seconde, il se relève, crache du sang et me fusille du regard.

— T'es agile, gamin, m'écrié-je. Mais trop impétueux !

Il ignore ma remarque et fonce vers moi. Je déjoue habilement son offensive. Nous réitérons plusieurs fois l'expérience; il attaque, j'esquive, si bien que le public hurle de plus belle.

— Attaque-moi, espèce de lâche ! hurle-t-il à mon égard.

Désespéré, il dégaine un poignard de l'intérieur de sa chaussure, et, sans que je puisse m'y opposer, érafle ma joue à l'aide de l'arme blanche. Je ne ressens pas la douleur, mais la chaleur de mon sang qui s'écoule de ma plaie se fait sentir.

Je vois rouge et en oublie instantanément ma bonne résolution. Bouillonnant de rage, je le repousse d'un violent coup de pied en plein ventre. Il tombe sur le dos et pousse un puissant cri de douleur. Rapidement, je le chevauche, le débarrasse de son poignard et le lui mets pile sur sa jugulaire.

— Tu me traites jamais de lâche ! Sais-tu seulement à qui tu as affaire, petit ?

— Duncan Reed, un honneur de te combattre. Une gloire ultime de te battre.

— Et qu'est-ce que ça ferait si on joignait nos forces pour sortir de ce trou à rat ?

Il fronce les sourcils, visiblement méfiant.

— Je m'évade ce soir, poursuis-je. Ce qui signifie que pour une fois, aucun de nous deux n'est obligé de tuer l'autre. Cassons les codes. Bouleversons les traditions. Ce seront eux qui vont mourir de nos mains. J'ai la précision, tu as l'agilité. J'ai l'expérience, tu as la hargne. Rejoins-moi et on survivra tous les deux.

Une incompréhension se lit dans son regard, suivie d'une lueur d'espoir. Une flamme animée qui illumine ses iris. Soudain, il me repousse violemment et se relève sous mon regard ahuri.

— Comment je peux être sûr que c'est pas un vil moyen d'abaisser ma garde ? me demande-t-il.

— Suis ton instinct...

Je simule une attaque qu'il déjoue habilement en me souriant. Visiblement surpris de mon attitude.

— Faut jouer le jeu gamin, sinon s vont se douter de quelque chose ! lui lancé-je.

Le sourire de mon « adversaire » s'élargit. Sans crier gare, il s'élance vers moi, se saisit de mon bras qu'il tord par je ne sais quelle sorcellerie, ce qui me fait lâcher le poignard aux motifs orientaux. Mon cœur rate un battement quand je constate que c'est à son tour de me menacer.

Il est bon.

Bluffe-t-il ou ira-t-il jusqu'au bout ?

Un coup de feu jaillit soudain des gradins remplis de foule. Sûrement le signal dont me parlait Wayne. Je lève la tête et distingue un mouvement de masse impressionnant. Des hommes armés s'amusent à tirer sur les spectateurs. Dans leur précipitation de s'enfuir, ces derniers se piétinent les uns les autres. En un tour de main, les hommes d'Il Capo accourent pour prêter main forte à leurs invités et combattre les assaillants.

Les RN-7.

Wayne a été bien clair : profiter du signal pour quitter l'arène. Mais Aguila ne se plie aux ordres de personne. À cet instant, des gens risquent leur vie pour que la mienne soit sauve. Ces hommes sont ici pour m'assurer la liberté... je ne peux me résoudre à les laisser mourir à ma place.

Mes pas déterminés me portent vers la barrière de fer qui sépare l'arène des gradins, et ce, malgré les coups de feu qui fusent à tout va. Mon regard se fige sur l'un des hommes d'Il Capo qui rit à gorge déployée après avoir tiré sur l'un des rebelles situés vers le fond des gradins. Une fois à son niveau, je me saisis de son épaule à travers les barreaux verticaux qui me tiennent captif et la disloque violemment. Ses hurlements de douleur sont masqués par les cris de la foule. Son revolver tombe sur le sol et je me penche afin de le récupérer.

— Aaaaaaaargh ! hurle-t-il. Enculé !

Son insulte me laisse de glace. La précieuse arme entre mes doigts, j'appuie sur la gâchette sans une once de scrupule. La balle s'envole à une vitesse vertigineuse et vient percuter son front. Il décède sur le coup.

Le premier d'une longue série.

Putain, ce que ça fait du bien !

Que la vendetta commence. Plus aucun fidèle au gangster italien ne persistera.

Ma rage s'alimente à mesure que mes victimes tombent à terre, une à une. Mais ça n'est pas assez. Il m'en faut plus pour venger cette année de captivité et d'esclavagisme. Les tuer simplement ne me rassasie pas. En m'humiliant de la sorte, Il Capo a créé un monstre avide de sang et de vengeance, une machine à tuer, une bête sauvage, sans cœur ni âme.

L'état de guerre est lancé. Les heures de celui qui se fait surnommer « le Chef » sont .

Mais alors que je suis sur ma lancée, mon arme se vide.

— Putain !

La large porte de sortie de l'arène s'ouvre à la volée, laissant apparaître six subalternes d'Il Capo. S'il faut que je les affronte à mains nues, ne n'hésiterai pas. L'un d'eux me menace de son arme tout en s'approchant de moi.

— Rends-toi, Reed ! Seul contre six, tu pourras pas t'échapper !

— Ça, c'est ce qu'on va voir !

Au summum de la concentration, j'évite les coups de feu à répétition dirigés vers moi. D'une extrême précision, je m'élance vers lui et le désarme d'un coup de pied dans la main. Un cri de guerre sort de ma gorge pendant que je le porte et lui claque violemment le crâne contre un rocher.

Les mains tachées du sang de mon adversaire, désormais mort, je fusille du regard ses acolytes qui observent la scène. Ils sont apeurés, tremblant face à mon courroux. Ils savent qu'ils sont en sous-effectif pour lutter contre moi. Ma colère est telle que mes veines proéminentes semblent vouloir déchirer ma peau pour s'en extirper.

D'un pas menaçant, je m'approche des assaillants, pas le moins du monde impressionné par leurs pistolets menaçants.

— T'approche pas Reed ! s'écrie l'un d'eux.

Sa voix terrifiée m'arrache un rire sans joie. Je fais fi de sa remarque et fonce en sa direction. Je sais pertinemment qu'ils ne vont pas prendre le risque de me tuer. Il Capo a besoin de me maintenir en vie, sinon il y a longtemps qu'ils l'auraient fait. Leurs armes à feu ne m'effraient pas. Ma rage folle est supérieure à la leur.

C'est elle qui vaincra !

Lorsque j'arrive à leur niveau, il ne m'en faut pas beaucoup pour immobiliser deux d'entre eux.

Plus que trois.

Mais la chance tourne. Si jusqu'ici elle était de mon côté, elle commence à me quitter. Alors que je me bats contre deux hommes, un troisième vient m'étourdir d'un coup de massue à la tête, avant de me paralyser complètement en ramenant mes bras derrière mon dos. Je me débats comme je peux mais rien n'y fait.

Je suis pris au piège.

Des gouttes de sueur perlent le long de mon visage pour venir s'écraser sur mon torse qui se soulève et s'abaisse sous l'effet de ma respiration saccadée. Le temps traîne en longueur alors que les lèvres de mes adversaires s'étirent en un large sourire victorieux. Ils s'approchent de moi et pointent chacun leurs revolvers vers mon crâne.

— C'est la fin pour toi, me prévient le premier en me lançant un rictus vicieux.

Il Capo va te faire regretter d'être né ! ajoute le second. Fais ta prière.

Contre mon oreille, j'entends l'homme qui me tient prisonnier ricaner. Provoquer son adversaire avant de lui asséner le coup fatal. C'est comme jouer avec la nourriture avant de n'en faire qu'une bouchée : puérile et inutile.

Un coup de feu résonne... puis un autre.

La scène semble se dérouler au ralenti.

Mes yeux sont comme hypnotisés, noyés par la vision du sable qui s'imbibe doucement de sang.

Quelques secondes me sont nécessaires avant que je comprenne ce qu'il vient de se passer. Lorsque je relève la tête, les deux gardes qui me font face viennent s plier à genoux devant moi. Je me prends de plein fouet le regard satisfait du gamin qui était censé m'affronter ce soir.

Reconnaissant, je hoche doucement la tête en sa direction dans un signe de gratitude silencieuse.

Plus qu'un seul homme à abattre.

Je profite de l'incompréhension de ce dernier pour me saisir de son tee-shirt et le faire rouler à terre. L'impact de son dos sur le sol lui arrache une exclamation de douleur. Sans aucune merci, je dépose mon pied gauche sur sa gorge pendant que mon pied droit vient écraser ses phalanges. Un couinement strident lui échappe alors que tout le poids de mon corps casse ses ossements, un à un.

— Tu ricanes de moins en moins, petite enflure, dis-je en resserrant la pression de mon pied sur le gosier de l'ultime survivant.

Il suffoque et s'agite de plus en plus. L'air peine à parvenir à ses poumons. Mon associé de dernière minute me rejoint et m'interroge du regard. Je lui intime de se sauver par un faible mouvement du menton.

Ça devient difficile de maintenir le mouton du Capo en position statique du fait de ses spasmes de plus en plus violents. Sans flancher, le jeune oriental lève son arme puis tire deux coups successifs en direction de sa poitrine. Je suis impressionné par son sang-froid et sa maîtrise. J'ai l'impression d'être confronté à un miroir qui me renvoie mon reflet, plus jeune d'une douzaine d'années.

— J'espère que c'est pas ton premier.

— Loin de là, me répond-il sans l'ombre d'un regret.

— Tirons-nous d'ici avant que d'autres se ramènent, ordonné-je en ramassant les armes des hommes morts.

Le jeune me suit alors que je me faufile prudemment à travers la porte gigantesque. Le couloir qui mène de l'arène aux cachots semble être désert. Les flambées sont tombées des murs et le son du feu qui crépite vient rajouter une atmosphère de danger aux alentours. Nous marchons avec prudence dans le tunnel sombre. Aucune âme humaine ne nous accompagne. Finalement, nous débouchons sur un large couloir par lequel des bruits de pas semblent se rapprocher. Lorsque les pas atteignent mon niveau, je suis prêt à attaquer.

— Hey ! Pose ton arme Dunc', ce n'est que moi ! La voie est libre.

— Vera ?!

— Elle-même ! Vite, suis-moi !

Abasourdi par la transformation de la petite sœur de Hernán, je m'efforce de suivre l'escalier qui nous dirige vers la sortie. L'absence de gardes aux alentours indique que les RN-7 ont remporté la bataille contre la brigade italienne. Lorsque nous traversons enfin la large entrée, j'inspire une profonde bouffée d'air frais. Ma peau frissonne au contact de la fraîcheur de cette soirée. Mais je m'en cogne !

Je suis libre.

A bout de souffle, j'accueille une Vera toute pantelante dans mes bras.

— Contente de te revoir parmi nous. Tu nous as manqués. Mon Dieu, tu dois être frigorifié ! Hey, toi, avec le pull rouge là-bas ! Ouais, c'est à toi que je parle ! Ramène un sweatshirt au boss ! Plus vite que ça.

Cette petite a toujours eu un tempérament de feu, mais la voir donner des ordres de cette façon est une grosse nouveauté pour moi. Le gars qu'elle vient d'interpeller, un de mes sous-fifre accourt vers moi avec un sweat qu'il me tend déférence.

— T'es devenue une vraie chemise noire, on dirait.

— Faut bien combler le vide laissé par Isaac. Sanem a pris la place de Malik. C'était son . Et moi... j'essaie de remplacer Isaac.

Je jette un coup d'œil rapide vers le jeune arabe dont j'ignore toujours le nom. Il semble mourir de froid. Pris de compassion, je lui passe le sweat afin qu'il puisse se réchauffer. Ses lèvres s'étirent en un sourire en coin mais il refuse.

— Tant pis pour toi, gamin.

J'enfile le vêtement chaud lorsque j'aperçois la silhouette familière de mon ami d'enfance arriver d'un pas rapide à mon niveau. Vera s'éclipse quand elle voit son frère s'approcher.

— Content de te retrouver, hermano. Tu nous as fait peur.

Je le réceptionne dans une étreinte virile et écourtée. L'émotion me gagne mais je me refuse de la laisser transparaître. Je me contente de plisser les lèvres et de tapoter son épaule.

— Faut qu'on se casse vite d'ici. On a nettoyé le quartier de la vermine italienne mais on est pas à l'abri qu'il rappliquent.

Sur ces mots, il m'invite à grimper dans une Range Rover. Un peu étourdi par ces retrouvailles, je m'exécute et encourage le gamin à en faire de même.

— Je vais me débrouiller, me répond-il d'une voix hésitante. Je veux pas de ta pitié.

— C'est pas de la pitié, gamin. Tu m'as sauvé la vie là-dedans. Je t'offre pas un palace, je te propose juste un endroit où passer la nuit et après, tu feras ce que tu veux.

Il soupire avant d'obtempérer. La voiture démarre alors dans un crissement de pneus assourdissant dans le calme de la nuit.

— On va où ?

Derrière son volant, Hernán me sourit.

— Nous, on rentre à L. A. Toi, par contre... ta doctoresse t'attend à Del Rio.

Je croise le regard rieur de Hernán dans le rétroviseur. Son absence de réponse confirme mes doutes. Sylvia m'attend...

Je n'ai jamais été aussi près de la retrouver. Et pourtant j'appréhende.

J'appréhende le moment où elle saura qui elle est...

J'appréhende l'instant où elle découvrira que je suis celui qui a tué sa génitrice.

J'appréhende de lire la haine dans son regard.

En fin de compte, je ne suis libre que physiquement. En réalité, je suis prisonnier du mensonge, de mes regrets. Captif de cette réalité que j'aurais tué afin de pouvoir la changer.

Je reconcentre mon attention sur le jeune garçon qui m'a aidé sans même avoir la certitude que j'étais de son côté et l'appelle. Les yeux rivés vers l'extérieur, il ne remarque pas que les miens l'observent avec attention.

— Hé, toi. C'est quoi ton nom ?

Il tourne la tête vers moi et me sourit tristement.

— Omar.

Omar... je me souviendrai de toi, gamin.



A suivre ...


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Et vous mes chères lectrices (et les 2% de lecteurs), souvenez-vous du nom de Omar 😏😏😉😉😉

Sinon, comment avez-vous trouvé ce chapitre riche en révélations ? 😊😊

Duncan est enfin libre !!! Mais il est habité par une soif de vengeance ... c'est compréhensible après tout ce qu'il a vécu... Il y a de quoi devenir fou ... mais comment cela va-t-il s'accorder avec son avenir avec Sylvia ??😕😕

On est encore loin du "ils vécurent heureux, et eurent beaucoup d'enfants"... est-ce seulement envisageable ?! 😱😱😱

Sylvia ... maintenant que connaissez sa vraie identité, comment pensez-vous qu'elle réagira quand elle apprendra la nouvelle ? Surtout lorsqu'elle saura que Duncan est le meurtrier de sa mère biologique !!! 😕😕😕😱😱😱

Non, clairement ... le "ils vécurent heureux", j'en doute de plus en plus !! 🙊🙊🙊🙊

Le prochain chapitre sera du PDV de Duncan également 😉😉🏃‍♂️🏃‍♀️

Spoiler alert : 


Avec les vraies retrouvailles 😏😏😏🍋🍋🍋🍋🍋


Merci d'être là 💞💞💞

A très bientôt !! 😍😍😍💕💕

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