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5. Duncan

Les jours passent, et l'identité du traître qui erre dans mon domaine reste toujours inconnue. Les affaires ne s'arrêtent pas. Et heureusement. Je n'ai pas pour habitude de rester une seule seconde sans être occupé. Sollicité. Débordé. Et c'est tant mieux. Ça m'empêche de penser.

De me souvenir...

Je n'ai certes pas le temps de souffler, mais ce soir, j'ai envie de décompresser. Joyce a toujours réussi à me détendre, dans tous les sens du terme, mais ça ne me suffit plus. J'ai besoin de nouveauté, de fraîcheur.

Je m'ennuie.

Et Hernán vient de me donner ce que je désire sur un plateau d'argent. Je vais pouvoir faire d'une pierre deux coups. Et m'amuser un peu.

Accompagné de mon fidèle – jusqu'à preuve du contraire – bras droit, nous arrivons au parking du Hills, un bar dansant assez en vogue dans le Fashion District au cœur de L. A.

Je n'ai pour habitude de côtoyer cette boîte, ni ce quartier d'ailleurs, un peu trop huppés à mon goût. Mais je sais d'expérience que, parfois, pour avoir ce qu'on désire, il faut savoir jouer des apparences. Et c'est exactement pour cette raison que j'excelle dans mon domaine.

Bolide garé, mon comparse et moi entrons dans la boîte. Pas question de faire la queue, le vigile est une vieille connaissance. Un bref hochement de tête, un ou deux billets dans la poche de sa veste, et nous voilà à l'intérieur, confortablement installés dans les hauteurs de la boîte. Un lieu assez stratégique pour observer la foule qui évolue sous nos pieds, mais assez isolé pour pouvoir avoir une conversation sans courir le risque d'être écouté par des oreilles indiscrètes.

Isaac, Malik et Young-Jae sont déjà sur place. Avec Hernán, ce sont les seuls Rapaces autorisés à porter la chemise noire, à mon instar. C'est notre façon d'imposer le respect sur les autres. Je donne les ordres aux Chemises Noires, ils les transmettent à leurs propres sous-fifres. Nous faisons nous-mêmes partie d'une grande division du gang nommé Rapaces Negras-7, RN-7 pour les intimes, fondé au Salvador par le grand-père d'El Padre et élargi par ce dernier. Aujourd'hui, les RN-7 sont étendus sur l'ensemble du continent américain, mais aussi en Afrique, en Australie et en Asie de l'Est. L'un des plus gros gangs au monde. Notre réputation n'est plus à refaire.

Nous sommes une large communauté faite d'une multitude d'origines ethniques qui tente de survivre à l'injustice de ce bas-monde. En Californie, nous sommes les plus craints, c'est-à-dire, les plus respectés. Notre QG est situé à Roca Buitre à East L. A, mais nos clans sont présents dans la majorité des ghettos de Californie, sans parler des ports, sièges de nos échanges intercontinentaux.

Nous régnons dans l'ombre, contrôlons tout ce qui y entre ou en sort, et gérons les trafics d'armes dans la région. Une brindille de paille ne peut s'y faufiler sans que nous le sachions. Nous sommes partout. Un ensemble de bandes criminelles qui évoluent autour d'un épicentre unique. Moi, et mes Chemises Noires, désignés avec soin. Si une faille s'incruste dans ce centre, un tremblement de terre se produit. Et on sait tous quels ravages peuvent en être engendrés. Plus la faille est profonde, plus l'amplitude du séisme est importante, et moins les dégâts seront réparables.

Frère, m'interpelle Malik. Del Cerro est là.

— Parfait. Au moins, cet enculé d'être ponctuel. Fais-le entrer.

Jambes écartées, coudes sur les genoux, je me frotte les mains après avoir jeté mon flingue sur la table-basse, près de mon verre de rhum et des liasses de billets verts. Ricardo del Cerro entre en compagnie de mon sous-fifre. Celui-ci l'oblige à ployer le genou face à moi avant de se positionner derrière lui, droit comme un piquet. Isaac le dépouille de ses armes et les dépose près de la mienne.

Si j'ai choisi de le rencontrer ici et pas chez moi, c'est pour me protéger. Je connais cette enflure, et je sais qu'il n'aura jamais les couilles de tenter une offensive dans un lieu public. D'autant plus que je n'ai plus confiance en mes hommes, sachant que l'un – voire plusieurs – d'entre eux est de mèche avec lui. Je me dois d'être prudent.

Del Cerro est un Argentin âgé d'une trentaine d'années, et pourtant, sa peau livide affiche déjà des rides prononcées sur le front et les joues. Comme à chaque fois qu'il est nerveux, sa langue humecte ses lèvres gercées. Ses yeux sombres sont rivés vers le bas, trop lâches pour affronter les miens. Une main tremblante relève ses cheveux noirs mi-longs et gras. Les effluves de son eau de Cologne périmée parviennent à mes narines et m'arrachent une moue de dégoût.

— V-vous m'avez appelé, jefe ? balbutie-t-il avec son accent prononcé. J-je suis ravi de constater que vous vous êtes remis de votre accident.

— Vraiment ? rétorqué-je d'une voix glaciale. T'es ravi, tu dis ? Comme tu le sais, il en faut plus qu'un vulgaire accident de bagnole pour se débarrasser de moi.

— J-je... J'en doute pas.

— J'ai eu vent de ces histoires de baston à San Pedro. Paraît que ta bande est impliquée. Sache que je suis très mécontent... un innocent a été tué. Les flics fourrent leur nez partout, et les médias s'en mêlent maintenant, comme tu l'as sûrement entendu. Mes gars ont nettoyé derrière les tiens pour cette fois. À la prochaine erreur, ta bande sera définitivement bannie des RN-7. Et tu sais ce que ça signifie pour toi ?

Il ravale sa salive tout en plissant son front. Tous ses gestes m'indiquent qu'il est coupable. Mais il s'acharne à vouloir me faire croire le contraire.

— On a aucun lien avec cette histoire, jefe.

Je crispe la mâchoire, bois une lampée de mon verre puis me penche en avant afin de me saisir du tee-shirt puant de mon sous-fifre.

— Tu me connais, Ricardo. Y a deux choses dont j'ai horreur. Le mensonge, et la trahison. Tu sais aussi que je sais tout. TOUT. Alors, je te conseille de pas essayer de me la mettre à l'envers, parce que tu sais très bien ce que je suis capable de faire. Entiende ?

— J-je... jamais j'oserais faire ça.

Un rictus mauvais étire mes lèvres. Il me ment délibérément. Très bien. On verra jusqu'où il compte aller.

Je le lâche, non sans violence, et reprends la parole sur un ton menaçant :

— Je te tiens à l'œil. Et souviens-toi, c'est une chose de me mentir, c'en est une autre de comploter contre moi. Te voilà prévenu. Maintenant reprend ton flingue et tire-toi de là.

Comme un bon toutou obéissant, l'Argentin prend congé. Un seul de mes regards entendus suffit à Young-Jae et Malik pour qu'ils le suivent de près afin de s'assurer qu'il a bien retenu le conseil. Je reste en compagnie d'Isaac que j'observe minutieusement.

Du haut de ses deux mètres, ce jeune black de vingt-sept ans est-ce que l'on appelle un « géant ». Sa musculature surdéveloppée et sa crinière faite de longs cheveux noirs et tressés ne font qu'accentuer cet effet visuel. Beaucoup le craignent à cause de son physique imposant et vigoureux. Des légendes peignant sa capacité à tuer à mains nues circulent à son sujet depuis des années. Elles n'ont jamais été démenties. Elles sont entretenues, même. L'avoir dans mes rangs est une richesse, et il ne fait l'ombre d'un doute que j'en perdrais énormément s'il s'avérait être la taupe de del Cerro.

Depuis que Hernán m'a mis la puce à l'oreille sur son éventuelle trahison, je ne lui ai plus confié aucune mission délicate. Sans même le savoir, il fait l'objet d'une profonde investigation.

Isaac s'approche de la balustrade et observe les corps qui se trémoussent en buvant dans son verre. Je le rejoins et en fais de même, une main dans la poche de mon pantalon.

— T'en penses quoi de cette entrevue ?

— J'suis pas convaincu, me répond-il sans quitter la foule des yeux. Ça pue. Il sait qu'tu sais qu'il ment. Il se sent suffisamment en sécurité pour courir le risque de t'mentir aussi ouvertement.

— Ricardo del Cerro, en sécurité contre moi ?

— Ouais. Tu sais c'qu'on raconte sur toi depuis que t'as succédé au Padre. Personne ose dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Mais en analysant les bruits d'couloir, tu finis par comprendre beaucoup d'choses.

— Et qu'est-ce que racontent ces bruits de couloir ?

Isaac émet un rictus sans joie et me lance un regard en biais.

— Tout ce que j'sais, c'est qu'tu fais pas l'unanimité parmi tes troupes. Fais gaffe à toi... boss.

Sur ces mots, il vide son verre et quitte le coin VIP, me laissant seul avec mes pensées.

« Fais gaffe à toi... boss ».

Est-ce une menace ou une simple mise en garde ?

J'imite mon « ami » et avale une dernière gorgée de ma boisson avant de cribler la foule à mes pieds à la recherche de mon divertissement du soir. Tel un rapace en quête de sa future proie, je scrute le terrain de chasse. En temps normal, je prendrais le temps de rechercher la cible parfaite. Mais ce soir, j'ai un seul et unique objectif en tête.

Un objectif qui vient tout juste de s'infiltrer dans mon champ de vision.

Vêtue d'une robe argentée moulante, sa longue chevelure brune descendant en cascade sur ses épaules halées, elle danse aux côtés d'un homme chez qui les effets de l'alcool commencent à se faire sentir. Il tient à peine debout, mais trouve tout de même la force de lui voler un baiser. Baiser que visiblement la miss n'a aucune envie de recevoir au vu de la gifle monumentale qu'elle lui octroie avant de le planter au milieu de la piste de danse. Une vraie lionne. Indocile et sauvage.

Intéressant.

Hors de question que je perde sa trace. Tout en épiant ses mouvements, je sors mon téléphone portable de ma poche et appelle Malik qui devrait être rentré de sa mission « foutre la raclée de sa vie à del Cerro à l'extérieur du bar ».

— Ouais, frère, m'annonce-t-il de sa voix rauque. Le boulot est fait. Il a déguerpi comme la sale merde qu'il est. Si avec ça il a pas compris, j'vois pas ce qu'on peut encore pour lui.

— Parfait. Je veux être tranquille pour le reste de la soirée. Arrange-toi pour que je sois pas dérangé.

Je raccroche et constate avec joie que ma cible s'est installée au bar. Seule.

C'est le moment de rentrer en scène.



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