Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

34. Sylvia

Onze ans plus tôt.

Lâche ton tel ou j'tire !

Horacio Rodriguez ignora la menace de son assaillant et porta l'appareil à son oreille en fixant les bandits d'un œil mauvais. Il était urgent de réagir. D'avertir les secours. Il fallait sortir sa fille de ce piège mortel. Il fallait la protéger, même s'il savait qu'il le paierait de sa vie. Même s'il savait qu'elle serait éternellement marquée de le voir mourir sous ses yeux.

Lâche j'te dis, bordel !

Un coup de feu retentit, suivi par les cris affolés des cinq otages de la boutique de téléphones.

Papaaaaaaa ! Nooooon !

Une balle.

Il aura suffi d'une balle pour que le héro rende les armes. En une fraction de seconde, tout se termina.

Ici le poste de police, répondez !

Fous de rage, les assaillants continuèrent leurs assauts sur le corps de la victime. Un coup, deux coups, trois coups. Le corps désormais sans vie du père de famille sursautait à chaque décharge.

Papaaaaaa ! Arrêtez ! Au secours ! A l'aide !

Sylvia Rodriguez, à peine âgée de seize ans voulut courir rejoindre son père. Son cœur se transforma en une boule douloureuse qui menaçait d'explosait à tout moment. Sa peau lui brûlait, léchée par des flammes invisibles. Ses nerfs étaient à vif, elle ne pouvait maîtriser les tremblements de ses membres, ni ses cordes vocales qui hurlaient. D'ailleurs, ses cris ne tardèrent pas à attirer l'attention des criminels qui la toisaient avec toute la haine qui les caractérisaient. Cette haine, elle la partageait. Elle n'avait qu'une seule envie, leur faire payer leur crime. Les marteler à coup de balles avec leurs propres revolvers jusqu'à ce que mort s'en suive.

L'un des otages, un quarantenaire à la stature musculeuse, l'empêcha de s'approcher en l'étreignant très fort. Il lui bâillonna la bouche pour l'empêcher de hurler davantage. La jeune adolescente se débattit, luttant à la fois contre le flot de larmes qui lui brouillait la vue et l'étreinte puissante de son sauveur. Dans la brusquerie de ses mouvements, elle tomba sur le sol et se fit mal au genou. Mais la douleur physique n'était rien face à celle que ressentait devant le cadavre pâle de son paternel. Cet homme qu'elle aimait, qu'elle idolâtrait même.

Hey, Scott ! s'éleva une voix masculine à travers le combiné téléphonique du défunt. Y a un truc qui cloche là, faut bouger.

Pris de panique face à la décision des policiers, les assassins déguerpirent à la vitesse de la lumière, non sans lâcher un dernier regard meurtrier vers Sylvia. Cette dernière fut maintenue captive de l'étreinte du mastodonte jusqu'à ce que tout danger potentiel fut écarté.

Lorsqu'il la relâcha enfin, elle se rua vers son père. Elle le secoua, le supplia d'ouvrir les yeux, de lui sourire, de la prendre dans ses bras. Mais il ne bougea pas d'un iota. Du sang s'écoulait de partout. Son cou, son torse, son épaule. Des balles étaient parsemées sur sa peau bronzée, et déchiraient le costume hors de prix qu'il arborait. Ce costume qu'il avait acheté spécialement pour l'occasion. Elle prit sa grande main entre les siennes et la ramena à sa joue, puis embrassa sa paume trempée d'un mélange de larmes et d'hémoglobine.

Une étreinte robuste ne tarda pas à l'arracher à la dépouille d'Horacio. Cette fois, elle se laissa faire, trop éprouvée pour pouvoir lutter contre lui.

Cours, petite ! lui intima-t-il de sa voix rocailleuse. Sauve-toi ! Y a plus rien à faire !

Sans lui laisser le temps de réagir, il l'attira vers une porte secrète et l'obligea à s'y engouffrer. Terrorisée, Sylvia eut à peine le temps de lancer un regard implorant vers son sauveur. Ses yeux, d'un bleu cristallin contrastant avec sa peau ébène, la percutèrent. Mais elle n'eût pas le temps de le remercier, ni même de lui demander pourquoi il l'aidait. Il referma la porte derrière elle, et elle n'eût d'autre choix que de courir. Courir jusqu'à trouver le bout de ce tunnel sombre et humide.

Un tunnel qui la hanterait à jamais.

La vie ne tient qu'à un fil.

Il suffit d'une seule balle. D'une fraction de seconde. Et tout s'achève.

Cette détonation caractéristique. Cette impression que le temps s'est arrêté, mais qu'il nous échappe en même temps. Cette sensation d'avoir une corde autour de la gorge. Cette impossibilité de respirer. De crier. De bouger.

De réagir...

— DUNCAAAAAAAAAAAAAAN !

Une odeur de mort flotte dans l'atmosphère. A la lueur des réverbères, des éclaboussures de sang sont visibles sur la magnifique sportive de Duncan. Le tableau de bord, les sièges, le pare-brise... tout. Même sur mes mains. 

Ma cage thoracique n'est plus qu'un étau qui se referme sur mes poumons et me fait suffoquer. J'ai cette horrible impression de perdre pied, de retomber dans le souvenir de ce jour noir où mon père m'a été ravi. Je me cramponne de toutes mes forces à ce volant qui n'arrête pas de vibrer, et ce malgré les convulsions de panique auxquelles je suis en proie. 

— Duncan ! Réponds-moi, je t'en supplie...

La jambe de Duncan qui, jusque-là, maintenait le frein écrasé, se détend et relâche sa prise. La voiture vibre de plus belle et menace de se retourner complètement. Je me reprends en vitesse et m'installe sur le siège conducteur pour reprendre les commandes. Une fois la Bugatti – ou du moins, ce qu'il en reste – stabilisée, j'ose un coup d'œil vers l'extérieur, la peur au ventre.

J'appréhende ce que je vais y trouver. La simple idée que le gangster ne se relève pas me déchire l'âme. Je ne verrais plus son sourire moqueur, je ne subirais plus ses moqueries, ses ordres, ou ses assauts enflammés. 

Duncan ne bouge plus, ne crie plus, ne réagit plus. Mon palpitant se contracte violemment, et les sanglots s'accumulent douloureusement dans ma gorge. 

Ce n'est pas possible... ça ne peut pas être la fin.

Pas encore... pas comme ça !

— Duncan ?

Une plainte étouffée lui échappe. Je lâche un soupir de soulagement quand je comprends qu'il est toujours en vie. Mais jusqu'à quand ? Sa main ensanglantée tient fermement son épaule gauche, tandis que l'autre agrippe son fusil. Je constate avec horreur qu'une balle y est profondément nichée. Duncan lâche un profond râle en appuyant sur sa plaie, avant de tourner la tête vers moi.

Je relève le frein à main et l'aide à s'engouffrer dans la voiture avant qu'une nouvelle balle le percute. Je réussis tant bien que mal à le hisser sur le siège passager, puis tente de démarrer. Mais la tension des cordes qui tiennent la voiture italienne en otage est trop forte.

Les pneus crissent sur le bitume et une désagréable odeur de brûlé s'en échappe. Les balles continuent de pleuvoir autour de nous. Il devient urgent que l'on s'échappe de cet endroit.

— Faut qu'on se tire d'ici, m'explique Duncan en actionnant le frein à main, grogne Duncan, les paupières mi-closes. D'autres vont pas tarder à rappliquer.

— Duncan, à ta droite !

Un homme très mince à bord d'une moto s'approche dangereusement de nous. Malgré sa blessure, les réflexes de Duncan restent intacts puisqu'il dégaine son arme et vise le front du motard, une expression de haine démesurée greffée sur son visage. 

— Sylvia, je vais rompre les liens qui maintiennent la caisse. Faut que tu réagisses vite et que tu reprennes le contrôle de la bagnole avant qu'elle parte au quart de tour. File direction le ghetto, quand tu seras là-bas, personne pourra t'atteindre !

— J'ai jamais fait ça avant ! Et si...

— Tu peux le faire ! Je t'ai déjà vu au volant. Tu vas gérer. C'est notre seul moyen de nous en sortir. 

Je hoche la tête et tente de maîtriser mes émotions pour maintenir ma concentration. Une première déflagration surgit de l'arme de Duncan, suivie d'une vibration plus intense de l'auto. Je maintiens le frein à main levé pour garder une certaine stabilité du véhicule, jusqu'à ce qu'une seconde détonation retentisse, et que la voiture tremble de plus belle. 

— Duncan, plus vite ! Je ne vais pas tenir longtemps ! 

Troisième coup de fusil, et troisième corde libérée. Je perds soudain le contrôle de la Bugatti qui est violemment projetée en arrière. 

— Sylvia, démarre ! 

J'actionne le frein à main et enfonce l'accélérateur, avant de passer la troisième en vitesse. Pendant un long moment, j'ai l'impression que le véhicule ne me répond pas, jusqu'à ce que le dernier lien se rompt. A vive allure, je démarre en furie pour échapper à cette scène de crime en plein centre de Los Angeles pour trouver refuge dans le ghetto salvateur. 

Duncan vérifie les alentours, tout en chargeant son arme. 

— Duncan, tu es blessé...

— T'en fais pas, c'est qu'une égratignure. 

Il referme l'étui de son revolver, lance un dernier regard derrière nous, puis sort son téléphone. Je suis stupéfaite devant cette force colossale dont il fait preuve. Il a perdu beaucoup de sang, et il trouve pourtant la force de résister.

— Ouais, c'est moi. Carnage à côté de Nuestra Señora. Nettoyez-moi tout avant que les flics débarquent !

Et il raccroche !

Simple et efficace.

Je crois que je ne me ferais jamais à sa capacité à gérer ses hommes avec autant de ce sang-froid. Je profite de l'arrête de la circulation à un feu rouge pour observer la blessure de Duncan. Elle s'avère profonde, et le sang n'arrête pas de s'en écouler. Les couleurs commencent à déserter la peau métissée du jeune homme et des gouttes de sueur apparaissent sur son front.

Il faut que j'intervienne vite ! 

Après m'être garée au coin de rue, j'intime à Duncan de retirer sa chemise. 

— C'est vrai que ces fils de putes nous ont empêchés de continuer ce qu'on avait commencé, chuchote-t-il, un sourire mutin au bord des lèvres.

Mais il ne pense qu'à ça ! Sa blessure ne lui fait-elle donc pas mal ?

Il s'approche de moi en essayant de défaire les boutons de sa chemise. Mes hormones se réveillent légèrement, mais la gravité de la situation les met en sourdine. 

— Ça m'aurait bien plu, mais pour le moment, il faut s'occuper de ta blessure. Ça serait bête que le grand Duncan Reed périsse à cause d'une simple balle à l'épaule, non ?

— Il en faut plus que ça pour se débarrasser de moi, chérie.

J'essaye de paraître détachée, mais je suis submergée par l'inquiétude. Son hémorragie m'inquiète, et si la perte de sang est trop importante, il risque d'y rester. Je lance un regard noir en sa direction tout en le poussant vers le fond de son siège. 

— Duncan, tu te tais et tu fais ce que je te dis ! Une artère a sans doute été touchée, ça peut être très grave. 

Devant le manque de réactivité du blessé arrogant, je fais sauter les boutons de sa chemise en un seul coup. Ce geste que je rêvais encore de faire il y a quelques heures, mais dont l'impact n'a plus du tout le même effet. Avec mon aide, il retire enfin sa chemise, non sans lâcher un grognement de douleur quand le fin tissu vient déchiqueter des bouts de sa peau qui y sont restés collés à cause de la balle brûlante. Une fois débarrassé du vêtement inutile, je m'empresse de le récupérer et le déchirer, ce qui provoque l'indignation du gangster. 

— Hey ! C'est une Versace !

— Si tu savais combien je m'en fiche ! D'autant plus qu'elle était foutue, ta Versace. Tu saignes énormément, il faut appuyer sur ta blessure si on veut éviter l'hémorragie.

Il est complètement inconscient des risques ma parole ! Ou alors, ce n'est qu'une simple mise en scène pour faire bonne figure devant moi et ne montrer aucune faiblesse, comme son rôle de leader lui intime de faire.

J'enroule le tissu de la chemise défunte autours de la plaie et la serre à la manière d'un pansement afin d'arrêter le saignement.Une fois arrivés au manoir, je constate que les forces de Duncan l'ont définitivement abandonné, si bien que je dois le porter sur mon épaule. 

Pour une fois, il n'y a personne pour garder l'entrée. Tout en traînant la masse musculaire presque inconsciente sur mon dos, je hurle le nom de chacun de ses hommes de main afin d'être épaulée. Seul Isaac manifeste sa présence. 

— Bordel, qu'est-c'qui s'est passé ?

— Isaac, aide-moi à le transporter vers sa chambre, vite ! Duncan, reste avec moi, ne perd pas conscience Duncan, je t'en supplie. Reste avec moi !

Nous arrivons dans la chambre et Isaac m'aide à l'allonger sur son lit. Son visage est pâle et il est très faible. Le garrot improvisé n'était pas suffisant pour arrêter complètement le saignement. Ils ont simplement suffi à ralentir l'hémorragie. Je caresse le visage en sueur de mon homme. Il devient urgent de retirer la balle et de recoudre l'artère lésée.

— Isaac, j'ai besoin d'un briquet, vite ! Et d'une trousse de secours. Tu en trouveras une dans la salle de bain, à côté. Dépêche-toi ! Duncan, mon cœur, reste avec moi, je m'occupe de toi. Tu m'entends, tu es dans ta chambre, je m'occupe de toi !

Je tente par tous les moyens de le maintenir éveillé en attendant que Isaac me ramène tout ce dont j'ai besoin. Celui-ci revient à la hâte, chargé du matériel nécessaire matériel. Maintenant que tout est à ma disposition, la pression chute et mes tensions s'apaisent. Je suis dans mon élément, je sais que je vais pouvoir le sauver. 

Je m'empresse d'enfiler des gants et de désinfecter la zone de la plaie. A l'aide de la flamme du briquet, je stérilise une pince et un scalpel que j'ai retrouvés dans la trousse de secours.

— Duncan, ça va faire très mal. Tu es prêt ?

Il me murmure un « oui » faible, mais déterminé. Alors que je m'active à retirer la balle de la plaie, je l'entends étouffer des jurons et s'agripper à ses draps sous l'effet de la douleur. Les muscles de son visage, contractés à l'extrême, sont témoin de la souffrance dont il est victime. Mais jamais il ne vacille ou se plaint.

— Tu n'as pas à faire semblant devant moi, tu sais. 

— Je fais... semblant de rien... j'ai déjà vu pire. 

Je ne peux m'empêcher de sourire. J'avais vu juste. Quoiqu'il arrive, cet homme n'acceptera jamais de montrer une quelconque faiblesse, aussi naturelle et humaine soit-elle. Je retourne la balle à l'aide de ma pince afin de mieux l'extirper. 

— Attention, ça va te faire mal.

— T'inquiète, je... arghhh !

Il se mord le poing pour étouffer la plainte gutturale qu'il émet quand enfin, la balle est retirée de sa peau. Je suis impressionnée devant la force et l'endurance de cet homme. Retirer une balle sans anesthésie est un acte d'une douleur extrême, mais Duncan possède une aptitude surhumaine à supporter la souffrance. Dans l'idéal, il aurait fallu l'anesthésier. Mais le temps nous est précieux et l'hémorragie trop importante. 

— C'est bon, mon ange, le plus dur est passé, annoncé-je d'une voix tremblotante.

Les mots m'échappent sans que je ne puisse le contrôler. J'ai failli le perdre cette nuit, juste au moment où je l'ai enfin retrouvé. C'est alors qu'un poids lourd me percute l'abdomen. Je réalise que sa mort probable me serait insupportable. Comment ai-je pu m'attacher à lui en si peu de temps ?

Une fois l'artère recousue, je m'empresse de désinfecter la plaie béante avant de la refermer à l'aide de points de suture. Duncan me regarde faire en silence. Il lutte contre ses paupières qui ne cessent de se refermer. Lors des rares moments dans lesquels il arrive à les maintenir ouverts, il laisse couler un regard paresseux le long de mes courbes.

J'essaie de me concentrer sur ma tâche mais c'est extrêmement compliqué de rester de marbre devant ses regards insistants. Par moments, nos iris s'accrochent, s'étudient, puis se perdent de vue pour mieux se retrouver.

Son thorax bouge au gré de sa respiration devenue plus régulière. Son souffle tiède s'échoue contre mon cou et fait hisser mon duvet. Même en temps de crise, baignant dans une marée de sang, l'effet qu'il me fait est indéniable.

— Voilà Monsieur Reed, c'est fini.

Duncan me dévisage, un sourire au coin des lèvres et une lueur étrange dans les yeux. Je ne peux m'empêcher de caresser son visage, avant de venir l'embrasser tendrement. Il me rend mon baiser avec tendresse captivante. Ses lèvres se contentent d'effleurer les miennes, de les goûter, l'une après l'autre, sans jamais en forcer la barrière. Mes mains tombent sur son cou, puis sans m'en rendre compte, j'effleure les pansements qui recouvrent sa plaie encore toute fraîche. Une plainte de surprise vient alors s'étouffer dans ma bouche.

— Pardon. Je ne voulais pas te faire de mal.

Je commence à m'éloigner de lui mais celui-ci me retient par le bras et me murmure d'une voix rauque :

— Reste.

— Tu dois te reposer. 

Mais le blessé survivant ne semble pas se soucier de ma remarque et m'attire contre lui. Adossé contre le dos du lit, les jambes tendues, il m'invite à grimper sur ses cuisses. Ses doigts rugueux balayent mes joues, alors que ses prunelles brunes ne se détachent pas des miennes. Elles ont l'air de vouloir m'aspirer, plonger au fond de mon âme pour la posséder à jamais.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? lancé-je, mi-troublée, mi-amusée.

— Je m'assure que t'es bien réelle. 

Un sourire étonné se dresse sur mes lèvres à ces mots. 

— Mais encore ? 

— J'ai vu ton corps des tas de fois... mais j'avais pas remarqué tes ailes avant ce soir. 

— Mes ailes ? 

— Des ailes d'ange. T'es mon ange, Sylvia, poursuit-il sur le même ton. Mon ange gardien. 

Mon cœur fond sous ses mots. D'autant plus que je connais la bête, et que je sais qu'en temps normal, jamais il n'aurait laissé vaciller son attitude désinvolte. Duncan fait tomber le masque du connard arrogant pour montrer sa vraie sensibilité. Celle qu'il ne dévoile jamais, probablement même pas à lui-même.

— Je ne suis pas un ange. Je ne fais que mon travail. 

— Tu t'étais jurée de plus opérer au black

C'est vrai. J'avais oublié ce léger détail, mais sur le moment, la seule chose logique à faire était de tout faire pour le sauver. Peu importent les risques et les conséquences. 

— Je t'entraîne non stop dans mes merdes, continue-t-il, son front trouvant refuge sur mon épaule. 

Nouveau silence. Je ne sais quoi répondre. Parce que je sais que c'est tout aussi vrai que sa première affirmation. Et je sais que tant que je suis avec lui, aussi proche de lui, ses démons ne cesseront de me corrompre. Ce que j'ai réalisé aujourd'hui, c'est que j'avais envie d'être corrompue. 

Je dépose un baiser sur sa tempe tout en capturant ses cheveux courts entre mes doigts. Il relève la tête et m'observe un moment, avant de cueillir sur mes lèvres un baiser chaste. 

— C'est la troisième fois que tu me sauves la vie, chuchote-t-il contre ma bouche.

— Tu m'as sauvée aussi.

Sa main dévie de mes joues à ma chevelure dans laquelle elle s'engouffre, l'ébouriffant au passage. Mon cœur, mon corps, et même mon cerveau se liquéfient à ce contact, à cette proximité qui m'étourdit. A mon tour, je caresse ses pectoraux saillants, redessine le contour de son tatouage impressionnant, longe sa clavicule. Je redécouvre ce corps qui complète le mien à la perfection.

— T'as été exceptionnelle ce soir, ajoute-t-il après un court silence. T'as géré comme une pro.

— On forme une belle équipe toi et moi, tu ne trouves pas ?

— En même temps, t'as appris du meilleur.

— Je me disais que ta fausse modestie n'allait pas tarder à revenir au galop.

— Chassez le naturel... 

Nous pouffons tranquillement tout en poursuivant notre contemplation mutuelle et silencieuse. Nous n'avons pas besoin de mots. Nous baignons dans une quiétude reposante, une bulle qui n'appartient qu'à nous, sans cesser de nous caresser l'un l'autre. Chacun de ses effleurements attise ce feu qui brûle pour lui, aux fins fonds de mon être. Je sais également qu'il n'est pas insensible à ce que je lui prodigue.

J'ignore s'il a conscience de ce qu'il fait naître en moi. Si, à cet instant même, il ressent les mêmes émois que moi.L'ampleur de mes sentiments pour lui me terrifie. De tous les hommes, il fallait que ça tombe sur lui. Duncan est comme le sable, impossible à retenir en main. Il trouvera toujours un moyen de s'échapper. Pourquoi mon cœur a-t-il jeté son dévolu sur lui ? Lui, le gangster dont la vie tumultueuse ne laisse aucun répit, et qui m'a embarquée dedans malgré tous ses efforts pour me repousser. 

Au départ, il n'était qu'un coup d'un soir. Aujourd'hui, il est devenu une nécessité, un besoin... une évidence. Car je le sais désormais sans aucune équivoque. Pour cet homme, je serais capable de déplacer des montagnes, de traverser les océans. Je sais qu'il ne m'apportera rien de bon, mais je suis incapable de le fuir. Il tient mon âme captive de la sienne, de son regard de feu, de son corps d'Apollon, de lui dans son intégralité.

Un amour aussi puissant que dévastateur, tel que je n'en avais jamais ressenti, m'envahit, me renverse, me chamboule. Tel un ouragan qui ravage tout sur son passage, il m'a embarquée, hachée, écrasée. Il m'a rendue dépendante, esclave de son attention, de ses caresses, de sa luxure.

Ma paume s'aplatit sur son torse, juste au niveau de son cœur que je sens battre avec frénésie. Ce cœur bat-il pour moi ? Est-ce qu'il éprouve au moins un dixième de ce que, moi, je ressens pour lui ?

Je mets en sourdine mes incessants questionnements internes. De toute manière, je n'ai plus envie de lutter contre lui, ni contre ce qu'il me fait ressentir. Qui sait de quoi demain sera fait ? J'ai failli le perdre aujourd'hui. Je ne veux plus que profiter de l'instant présent. Quitte à sombrer avec lui dans les ténèbres, quitte à m'abandonner complètement, je veux être sienne, jusqu'à ce que la réalité nous rattrape.

Toujours à califourchon sur lui, nos lèvres se percutent de nouveau. Mes mains remontent autour de sa nuque alors que les siennes glissent le long de mon dos pour finir par agripper mes fesses et me rapprocher de lui. Il stoppe son baiser, le temps d'une immersion de son regard en moi, avant de reprendre de plus belle. Jamais je n'avais été embrassée de cette façon. Avec une telle urgence, une telle dépendance. 

La poigne de Duncan se faufile sous ma robe et la relève, avant de capturer la peau de mes hanches et les froisser avec le peu de forces qu'il lui reste. La femme en moi s'embrase, gémit, et vibre d'impatience, trop longtemps privée de ce plaisir charnel que Duncan a été le seul à pouvoir me procurer.

Mais ma conscience médicale m'ordonne d'arrêter tout de suite. Ce genre d'exercice n'est pas prudent pour un homme qui vient de perdre énormément de sang. 

 — Duncan, arrête... ce n'est pas prudent.

Ses lèvres changent de trajectoire et traînent le long de ma mâchoire, jusqu'à atteindre mon cou. Elles emprisonnent une portion de peau et tirent dessus, attisant ce feu qui n'a de cesse de me consumer.

— J'ai trop envie de toi, Sylvia.

— Moi aussi, soupiré-je. Mais on ne peut pas...

— J'aime pas que tu me résistes. 

Sa langue retrace la courbe de ma clavicule, cet endroit si sensible qu'il ne m'en faut pas plus pour lâcher un gémissement concupiscent. Une contraction douloureuse se fait ressentir au cœur de ma féminité qui me hurle de succomber.

Il faut que je sois forte. Pour lui. Pour ne pas qu'il se fasse du mal. 

— Je sais. Mais je n'ai pas le choix. Il faut que tu reprennes des forces si tu veux être performant. 

— Tssss, je suis performant en toutes circonstances, chérie. 

— Raison de plus pour ne pas casser le mythe !

Il relâche son étreinte pour planter ses yeux dans les miens pour la énième fois cette nuit. Ce que j'y lis me réchauffe le cœur, et m'effraie en même temps. Un besoin. Un désir impétueux, mais pas que. Je ne saurais l'expliquer, mais tout ce que je sais, c'est que je suis incapable de m'y soustraire. Je caresse distraitement sa joue alors que son souffle chaud sur ma gorge m'occasionne de nouveaux frissons. 

— Faut que je te laisse dormir...

— Reste avec moi, Sylvia. 

Un silence pesant suit sa requête. Sa ton est toujours aussi autoritaire que d'habitude, mais un souffle de tendresse s'y est imbriqué.

— J'ai besoin de te sentir dans mes bras, m'explique-t-il en me caressant les cheveux. Nos fronts se rencontrent et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux. La fatigue commence rapidement à me submerger à mon tour et la perspective de m'endormir dans ses bras m'enchante plus que de raison. 

— Ok, je reste. Mais il faut que je prenne une douche avant. J'ai du sang partout... 

— Fais vite. Je t'attends. 

En me levant, j'entends la sonnerie du téléphone de Duncan qui retentit. Le nom de Hernán s'affiche sur l'écran. Il est plus de trois heures du matin... qu'y a-t-il de si urgent ?

Je fais mine de me diriger vers la salle de bain quand Duncan décroche. 

La voix de l'homme de main cubain résonne à travers le combiné. 

— Si, hermano. On a trouvé la faille.

Je fais volte-face par instinct, et retrouve un Duncan qui affiche un sourire sadique. 

— Parfait ! lance-t-il à son acolyte. Laora Navarro, prépare-toi. Les RN-7 vont s'occuper de ton cas.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro