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15. Sylvia


Encore ce tunnel sombre. Ce tunnel sans fin. Aucune issue n'est possible. Je suis coincée.

Un silence de mort règne autour de moi. Seuls sont perceptibles les bruits de mes pas sur la boue, et ma respiration haletante. Ma vue est brouillée par la pénombre environnante et par mes larmes qui ne cessent leur cheminement acide le long de mes joues. Mon cœur, lui, n'est plus qu'une masse douloureuse, nichée au fond de ma poitrine, recroquevillé sur elle-même. Meurtrie. Brisée. Ecrasée. Plus je m'enfonce dans les profondeurs de ma trajectoire, plus j'étouffe. Je ne peux pas revenir en arrière. Ils me trouveront. Ils me feront payer.

« Cours, petite ! Sauve-toi ! Y a plus rien à faire ! »

Cette voix me hante. Elle résonne au fond de moi sans jamais me quitter. Elle me donne la force d'avancer. De persévérer. De survivre. L'envie de crier est prenante, mais aucun son ne s'échappe de ma gorge. Je trébuche. Je saigne...

— A l'aide !

Personne ne me répond. Je suis seule. Abandonnée. Orpheline...

Je relève la tête et aperçois une lueur au loin. Un espoir. Une échappatoire. Une présence masculine m'attend au bout du chemin. Sa silhouette est floue, son visage également. Tout ce que j'enregistre, c'est cette chemise noire... et ce tatouage...

Bip, bip, bip.

La sonnerie de mon biper m'arrache à mon cauchemar. Je me relève en sursaut et constate que je me suis endormie dans mon bureau à l'hôpital. Il est plus de sept heures et je sens les premiers rayons du soleil matinal réchauffer mon dos. Un rinçage rapide de mon visage et je suis d'attaque pour mon premier patient de la journée. En chemin, je repense à mon cauchemar. Cela fait des années que mes songes me renvoient à ce souvenir lointain... mais cette nuit, de nouveaux éléments sont venus s'y greffer. Un homme. Une chemise. Un dessin...

Duncan ?

Voilà maintenant près de deux semaines que je suis sans nouvelles de lui. Comme je m'y attendais, il n'a jamais pris la peine de me rappeler. Et pourtant, je ne peux m'empêcher d'être déçue. Même s'il ne quitte pas mes pensées, je ne fais rien pour remédier à ce silence. Telles deux droites rectilignes, nos chemins se sont croisés pour mieux se séparer. Et c'est sûrement mieux ainsi.

Le début de mes missions humanitaires au sein de l'AMBC m'a aidée à m'occuper l'esprit, l'empêchant ainsi de trop s'évader vers le beau métis à l'aura de feu. En l'espace d'une dizaine de jours, j'ai pu secourir une vingtaine de personnes dans les différents ghettos environnant la ville de LA. Pour la plupart des cas, il s'agissait d'enfants et de personnes âgées atteintes d'intoxications liées au manque d'hygiène caractéristiques des bidonvilles. Certains jeunes ont été victimes d'agressions violentes à coups de poings ou d'arme blanche. J'ai vu des spectacles sanguinolents. Des corps mutilés, des organes arrachés. Dire que ces horreurs m'ont laissée de marbre serait mentir. J'ai un cœur et de l'empathie. Mais ce n'est pas en flanchant que je leur serai utile.

Dans ce métier, il est nécessaire de se barricader pour pouvoir garder son sang-froid. Aucune formation universitaire, ni même hospitalière, ne peut préparer un médecin en devenir à la cruauté de la vie. Je l'ai vu de mes propres yeux, et je ne regrette pas mon choix. Il s'agit là d'un véniel sacrifice dans le but de réaliser mon ultime mission. Mon devoir et ma passion.

Sauver des vies.

Ce soir, l'association donne un gala de charité afin de récolter un maximum de fonds destinés à l'achat des médicaments et outils nécessaires à nos interventions. Les personnes les plus influentes du pays y sont conviées.

Passé dix-sept heures, je quitte l'hôpital un peu plus tôt que d'habitude pour me préparer. Pour l'occasion, j'enfile une robe asymétrique couleur dorée. Manche longue du côté droit, sans bretelle du côté gauche, le décolleté reste sage. M'arrivant à mi mollet, elle est fendue jusqu'en haut de ma cuisse droite. J'accompagne le tout d'une paire d'escarpins noirs et je me coiffe d'un chignon haut.

Ne souhaitant pas me priver de boire, et sachant qu'il est fort possible que je découche, je préfère m'y rendre en taxi plutôt qu'en voiture. Une fois sur place, une excitation nouvelle me gagne. J'en ignore la raison, mais j'ai un étrange pressentiment quant au déroulement de cette soirée. Des images de mon cauchemar me reviennent en tête. Consciente que ce n'est pas le moment de se laisser accaparer par les ondes négatives, je prends une profonde inspiration et m'avance vers cette salle de fêtes.

La pièce est grandiose. Une vingtaine de tables sont dispersées dans ses quatre coins. Elles enclosent une large piste de danse en face de laquelle se dressent une estrade et un écran géant. Des serveurs défilent en costume blanc et nœud-papillon, distribuant des verres de champagne aux convives. Un agréable air de jazz accompagne le brouhaha des convives et me renvoie directement à ces soirées mondaines auxquelles j'assistais malgré moi lorsque j'étais encore rattachée à mon domicile familial. Tout ce que j'abhorre. Le monde des riches est des plus exécrables qui existent. Hypocrisie, faux-semblants et fourberie en sont les maîtres-mots. Je me félicite d'avoir réussi à m'émanciper de tout cela. Et si je suis ici ce soir, c'est uniquement dans un but lucratif à l'association.

Je balaye la salle du regard à la recherche de visages familiers quand j'entends une voix masculine m'interpeller.

— Docteur Rodriguez ! Quelle élégance ! Je suis ravi de vous voir parmi nous ce soir.

Je relève le regard vers le professeur Wilson qui m'accueille dans un sourire éclatant. Son costume bleu clair lui va à ravir et est parfaitement assorti à la couleur de ses yeux. En bon gentleman, il m'offre une coupe de champagne et engage une discussion. Etant d'un caractère sociable, discuter avec lui m'est très facile. En plus d'être un chirurgien exceptionnel, Mike Wilson se révèle être un homme charmant et agréable, quoique quelque peu narcissique. Je m'amuse de ces longs récits et épopées centrés sur sa propre personne lorsqu'une présence capture mon attention.

Cette aura dangereuse, je la reconnaîtrais entre mille. Cette prestance à la fois sauvage et puissante qui détonne avec le snobisme qui nous entoure, seul lui la possède.

Duncan Reed.

Il ne se départit pas de son costume noir qui met en valeur sa peau basanée. A l'instar de l'aigle tatoué sur son torse, il trace son chemin sans se soucier de ce qui l'entoure. Fixé sur son objectif, il évolue dans la salle avec une nonchalance monstre, comme si le monde lui appartenait. Je suis subjuguée, fascinée, obnubilée par ce chef d'œuvre de l'espèce humaine, une émanation à la fois sombre et virile.

J'essaie, avec toute la volonté du monde, de calmer mes ardeurs et de me concentrer sur mon interlocuteur, mais je ne peux m'empêcher de remarquer, avec une pointe d'agacement, que l'objet de mes pensées vient de retrouver une femme qui ne se gêne pas de lui sauter au cou. Magnifique blonde, âgée d'une vingtaine d'années, vêtue d'une robe de créateur et noyée sous une montagne d'or et de diamants, le sourire qu'elle lui adresse ne trompe personne sur ses intentions. Elle le veut. Elle le désire.

Tu vois, il t'a vite remplacée... à quoi t'attendais-tu ?

A ce qu'il me rappelle et me supplie de le revoir ?

— Tout va bien, très chère ? Vous semblez ailleurs.

La voix de Wilson qui me ramène à l'ordre me fait sursauter. Je reporte mon attention sur lui mais rien n'y fait, mon regard est irrémédiablement attiré par Duncan. J'ai chaud. J'ignore si le simple fait de le croiser provoque en moi tant d'émois, ou si c'est lié à ces présences féminines à ses côtés.

Les minutes passent avec une lenteur meurtrière. Je ne suis pas dans mon élément. Tous ces gens faux et hypocrites me procurent une envie nauséeuse. Je n'ai qu'une seule hâte, c'est de déguerpir. La vision de Duncan, slalomant d'invitée en invitée, ne fait qu'accentuer mon malaise. Je réalise qu'il est à leur image. Comment peut-il en être autrement après tout ? Je connais le monde impitoyable des affaires. J'aurais dû m'en douter.

Le point positif de la soirée est que j'ai pu rencontrer de nombreux médecins reconnus, et ce, grâce à Mike Wilson qui ne m'a pas quittée tout au long de l'apéritif. Grâce à lui, j'ai également fait la connaissance de nombreux businessmen fortement influents. Jusqu'au moment où...

— Docteur Rodriguez, permettez-moi que je vous présente à l'un de nos plus fidèles financeurs. Monsieur Reed.

Je reste bouche bée face à Duncan qui, pas le moins du monde perturbé, tend une main chaleureuse vers Wilson en me jaugeant de son regard arrogant.

— Tu exagères, Mike, répond-il sans me quitter des yeux. Je ne fais que mon devoir moral. Docteur Rodriguez, quel plaisir de vous revoir.

— Vous vous connaissez ? interroge Wilson, un brin étonné.

— Oui, en effet, rebondis-je avant que Duncan ne le fasse à ma place. Monsieur Reed est un ancien patient.

— Un conseil, Mike, reprend mon impudent métis. Si un jour tu as besoin de te faire opérer, choisis le docteur Rodriguez. Elle est extrêmement douée de ses mains.

Je rougis jusqu'à la racine de mes cheveux suite à cette allusion à double-sens. Fidèle à lui-même, Duncan ne peut s'empêcher de lancer des piques salaces à tout bout de champ. Peu lui importe que je le fusille du regard. Bien au contraire, il semble s'en délecter. Wilson n'a pas l'air d'avoir capté ce jeu entre nous puisqu'il pouffe d'un rire de convenance en annonçant à Duncan que le dîner ne va pas tarder à être servi.

Nous aurions pu nous arrêter là, mais des mains manucurées surgissent de nulle part et encerclent le biceps de Duncan. Une jeune rousse émerge à ses côtés et lui embrasse la joue avec passion, laissant la marque de son rouge-à-lèvre couleur cerise.

— Oups, ha ha, je t'ai laissé ma marque. Je ne t'ai pas fait attendre trop longtemps ? minaude-t-elle contre lui.

Une vile contraction se fait ressentir au niveau de mon myocarde, et elle n'est clairement pas due au champagne que je viens d'engloutir d'un coup. Les mains de Duncan se posent autour de la taille de la rouquine qui se colle tout contre lui, visiblement trop alcoolisée pour garder son équilibre. Wilson se racle la gorge et m'invite à rejoindre notre table.

Attablée en présence de mes collègues soignants et bénévoles, je tente d'éradiquer Duncan de mes pensées. Mais c'est peine perdue. Surtout depuis qu'il a décidé de s'installer face à moi. Tout au long du dîner, un jeu de regards s'installe entre nous. Il semble parfaitement à l'aise avec ces personnes qui les entourent. Quel pesant contraste entre le ghetto précaire où il a grandi et le monde fastueux qu'il conquiert en un claquement de doigt. 

Son rire répercutant résonne dans la salle et pénètre jusqu'à mon for intérieur pour m'arracher une contraction d'une telle vigueur qu'elle en est douloureuse, et pas qu'au niveau du cœur. Je suis fascinée par chacun de ses mouvements, sa peau qui vibre au gré de sa respiration, l'étincelle éclairant ses iris admiratrices lorsqu'elles se posent sur moi. Sur mon visage. Sur mes lèvres...

J'ai beau sentir qu'il n'y en a que pour moi, la réalité est toute autre. La rouquine insolente ne semble pas vouloir se détacher de lui. Frivole à souhait, elle ne le lâche pas d'une semelle. Je détourne le regard de ce fiasco, bien décidée à ne plus lui donner de l'importance. Après tout, Duncan Reed n'est ni plus, ni moins qu'un partenaire de jeu sexuel. Un excellent partenaire, certes, peut-être bien le meilleur amant que j'ai pu croiser jusque-là. Mais rien ne justifie cette jalousie aussi corrosive que de l'eau oxygénée sur du métal. Je n'ai jamais été d'un naturel envieux, même lors de mon ancienne relation de couple. Alors pourquoi, pourquoi ai-je envie de faire ravaler à cette jeune frivole sa robe écarlate ?

— Alors Sylvia, et si vous me parliez plutôt de vous ?

Le charme est rompu. Et tant mieux, il faut que je me ressaisisse. Je souris à Wilson qui ne se défait pas de son expression charmeuse et qui, visiblement, s'adresse à moi.

— Oh, rien de bien passionnant. Je suis née à L-A. J'ai perdu mon père à l'âge de seize ans et ma mère se sentait trop seule. Nous avons donc déménagé au Texas chez mes grands-parents maternels. J'y ai fait mes études de médecine mais ma ville natale me manquait trop. J'ai donc décidé de revenir ici pour mon internat. Et me voilà !

— Je suis désolé pour votre père... c'est toujours un coup dur de perdre l'un de ses parents.

— On ne s'en remet jamais, malheureusement.

Comme à chaque fois que j'en parle, ma voix se fait plus rauque. Il y a longtemps que mes yeux ont arrêté de le pleurer, mais mon cœur, lui, n'est qu'une marée de larmes depuis ce jour où il quitté ce monde.

— Et si nous allions danser ? me propose joyeusement Wilson. J'espère que vous aimez le tango argentin.

— C'est l'une de mes danses préférées.

Je m'essuie furtivement la bouche à l'aide de ma serviette de table et accompagne le directeur de l'association sur la piste de danse. J'adopte la posture droite requise pour un tango réussi et relâche les épaules pour me laisser guider par mon partenaire. Sa main tonique enlace la mienne tandis que l'autre repose dans mon dos. Mike Wilson est sans nul doute un habitué de cette danse de salon au vu de l'entrain par lequel il me fait virevolter au rythme des bandonéons. Consciente d'être l'objet de l'attention de Duncan, j'en rajoute des couches dans le but puéril, mais machiavélique, de le faire enrager. Dans un geste à la fois sensuel et technique, je laisse glisser mon mollet le long de celui de Wilson, mes iris plantés dans les siens. Ce dernier répond à mon pas en raffermissant sa prise sur moi.

— Vous êtes pleine de surprises, docteur Rodriguez, murmure-t-il à mon oreille. Y a-t-il seulement un seul domaine où vous n'excellez pas ?

— La cuisine, rié-je. N'essayez jamais de goûter à l'un de mes plats, vous finirez aux urgences.

— Si cela me permettrait de passer plus de temps en votre charmante compagnie, alors je suis prêt à prendre ce risque.

Je souris poliment à cette remarque, un tantinet mal-à-l'aise. Je voulais jouer, et voilà que je me prends à mon propre jeu. Je ne voudrais pas que mon supérieur se fasse des idées. Le karma ne s'arrête pas sur ce point et me rattrape avec violence. En effet, Duncan vient parasiter la piste de danse en compagnie de la ravissante rousse qui l'accompagne depuis un bon moment maintenant. Lèvres contre lèvres, ils enflamment la piste sur leur passage. Leurs corps se moulent l'un à l'autre avec indécence. Le message est clair : « ne joue pas à ça avec moi, tu vas perdre ».

C'est ce que nous allons voir.

De là, s'entame une tenace compétition entre nous. Chacun armé de son partenaire, nous nous obstinons à nous ignorer. Et pourtant, nos regards respectifs luttent contre notre volonté, comme aimantés l'un à l'autre.

— Vous semblez distraite, commente Wilson.

— Non, désolée. Je suis légèrement fatiguée.

— Vous préférez que l'on regagne nos sièges ?

— Non, ne vous inquiétez pas, ça ira. Je me demandais, comment ça se fait que vous connaissez Duncan Reed ? Vous semblez proches.

— Nos chemins se sont croisés il y a quelques années. Je lui dois beaucoup.

— Ah oui ? m'étonné-je.

— Disons qu'il m'a rendu un très grand service. C'est quelqu'un de très influent. Un excellent homme d'affaire. D'autant plus qu'il est profondément engagé dans l'humanitaire. Il nous est très précieux au sein de l'association.

Duncan, engagé dans l'humanitaire ?

Des pièces de l'énigme qu'il constitue se mettent peu à peu en place dans ma tête. Je suis bien placée pour ne pas juger un livre d'après sa couverture, mais la dernière chose à laquelle je m'attendais était que Duncan soit impliqué dans des activités aussi honorables.

Mais concrètement, qu'est-ce que je sais de lui ? Pas grand-chose...

Le rythme de la musique change tout à coup. Il se fait plus rude. Plus sec. La mélodie grave des contrebasses s'élève dans les airs et confèrent à l'atmosphère déjà chargée d'électricité un poids supplémentaire. Wilson me fait tourner sur moi-même lorsqu'on nous annonce un changement de partenaires pour favoriser les échanges. Je suis toujours en plein tour sur moi-même lorsqu'une préhension ferme et chaude vient m'accaparer. Je reconnais d'emblée la senteur épicée de Duncan, celle qu'il m'arrive encore de sentir quand je plonge dans le souvenir de nos ébats.

— Je te tiens.


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