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1. Sylvia

— Encore !

Mon poing s'abat sur le papier-peint gris clair du salon de cet homme que je fréquente depuis maintenant quatre mois. Ses doigts s'enfoncent dans mes hanches comme s'il avait le pouvoir de déchirer ma chair. Je le vois crisper la mâchoire et lâcher un hoquet sonore, signe qu'il vient de jouir. Moi, j'en suis loin. Ce n'est pas encore ce soir que je goûterai à l'extase ultime.

Pas entre ses bras en tout cas.

— C'est bon pour toi ? me questionne-t-il à bout de souffle.

Il ose me poser la question en plus. Frustrée, je me relève tout en m'efforçant de faire bonne figure.

— Oui, c'est bon.

Dans la hâte de nos actions, nos vêtements ont survolé la pièce. Je cherche à tâtons ma lingerie sous le regard insistant de Nate qui n'a pas bougé de son canapé. Lorsque je trouve mon précieux bout de tissu, je m'habille à l'arrache et repère ma jupe noire, partie en perdition dans un coin de la pièce.

— Tu devrais rester, Sylvia. J'ai commandé un dîner pour deux.

— C'est gentil, mais je préfère rentrer chez moi. Je suis fatiguée, je rêve de mon lit.

— Tu pourrais dormir chez moi, tu sais.

— Nate...

— Non, je sais. Tu ne veux pas d'attaches sentimentales. Mais ça c'était il y a quatre mois.

— Nous y voilà.

J'évite son regard, agacée par la tournure que vient de prendre cette soirée. Contrariété qui se rajoute à mon incapacité à atteindre l'orgasme, déjà bien pesante.

— Ça sera toujours comme ça, hein ? Une baise rapide après le boulot ?

J'ajuste rapidement ma jupe sur ma taille et me retourne vers lui. Ses yeux d'un bleu pâle me contemplent avec tristesse. Son front recouvert de quelques mèches blondes est plissé d'inquiétude. Mon regard tombe sur son corps nu. Son membre au repos est recouvert du préservatif que j'ai soigneusement apposé il y a encore quelques minutes. La température entre nous était cependant bien plus élevée qu'en ce moment même.

— On en a déjà parlé Nate. Rien n'a changé depuis quatre mois. Nous sommes deux adultes qui prennent du bon temps ensemble, histoire de déstresser de nos vies respectives, trop chargées. Je ne t'ai jamais promis plus que ça.

— Tu parles comme un mec...

Outrée par sa remarque, je le fusille du regard avant de rencontrer le sien, brisé par cette situation que je n'avais pas prévue.

— Et toi, tu parles comme un macho machiste. Pourquoi une femme ne pourrait-elle pas revendiquer librement sa sexualité alors qu'un homme, si ? D'autant plus que tu n'y voyais aucun inconvénient au départ. On était d'accord. Qu'est-ce qui a changé ?

Je referme l'avant-dernier bouton de ma chemise et le dévisage avec tristesse. Il ne répond pas à ma question. Dans le fond, il n'en a pas besoin. Ses yeux parlent pour lui. Je dois partir d'ici et ne plus jamais revenir. Pour son bien, avant le mien.

— Je ne te demande rien à part passer un peu plus de temps ensemble, m'explique-t-il en recouvrant sa virilité d'un pantalon ample. Tout ce que je veux, c'est apprendre à te connaître. C'est rien.

— C'est déjà trop. Bien plus que ce que je peux t'offrir. Je suis désolée Nate, mais je préfère en rester là. Je ne suis pas faite pour les relations sentimentales.

J'enfile mes escarpins un à un, récupère ma veste et mon paquet de cigarettes, puis quitte les lieux.

Pour la dernière fois.

« Dans la nuit de vendredi à samedi, Stanley Holland, père de famille quinquagénaire a été assassiné, décapité et dépouillé de ses biens près du port de San Pedro. Au total, vingt-six balles ont été retirées du corps du défunt et plus de cent coups de machette ont été dénombrés. Les enquêteurs affirment que la victime est un dommage collatéral d'une querelle entre deux gangs ennemis au sein du quartier. Nous présentons nos sincères condoléances à la famille du défunt et appelons la population à être vigilante lors de leurs déplacements nocturnes aux alentours de la zone portuaire. »

— Docteur Rodriguez ? On vous attend au bloc.

La voix de Suzanne me fait décrocher du téléviseur intégré à la salle de pause du service des urgences dans lequel je travaille.

— J'arrive, annoncé-je en lançant un dernier regard vers l'écran.

— C'est le troisième homicide ce mois-ci, commente Suzanne d'un air grave.

— Et c'est loin d'être le dernier, je le crains.

— Je ne comprends pas comment on peut commettre des actes aussi barbares. Pourquoi tant de haine ?

Une colère bien trop longtemps contenue dans mes veines se réveille et fait trembler mes membres. Je serre les poings, très fort, dans l'espoir de garder le contrôle sur mes émotions négatives et surtout, éviter les questions trop indiscrètes.

— Ces gens considèrent les armes et les poignards comme leurs jouets, finis-je par articuler. Ils se moquent de faire du mal. La vie humaine n'a aucune valeur pour ces meurtriers.

— C'est triste.

Je ne relève pas et garde un visage impassible, comme à mon habitude. Cependant, une boule douloureuse vient de se nicher au cœur de ma poitrine, une fenêtre qui me projette violemment dans ce passé que j'aimerais effacer à jamais.

Le service des urgences de l'hôpital Dignity Health, situé au cœur de Los Angeles, est l'un des plus actifs de l'Etat de Californie. Et pour cause. Cette ville et ses banlieues sont le siège d'une activité criminelle accrue. Celle des plus élevées du pays. Trafics de drogue et d'armes, viols en tous genres, meurtres et autres actes inhumains en regorgent. Je ne compte plus le nombre de victimes que nous recevons à longueur de journée dans le service. Voilà près de deux ans que j'y effectue mon internat de chirurgie dans l'optique d'obtenir enfin mon diplôme de spécialisation en tant que chirurgienne urgentiste. Deux années laborieuses au cours desquelles j'ai suivi un train-train lourd et fastidieux.

Mais malgré les visions d'horreur à répétition auxquelles j'ai pu assister, je ne me suis jamais défait de mon objectif principal : sauver des vies. Quel que soit le prix à payer. Assister aux dommages et lésions corporels les plus effroyables fait ainsi partie de mon quotidien. Plus rien ne peut me choquer, même si la cruauté humaine me dépasse. Comment une personne peut-elle être insensible au point de faire subir pareilles cruautés à autrui ? Je ne le comprendrai probablement jamais. Cependant, je me conforte dans l'idée que je suis à ma place pour porter secours – dans la mesure du possible – à tous ceux qui en auraient besoin. J'en ai fait ma vocation, et jamais je ne m'en déferai.

C'est avec détermination que je me dirige donc vers le bloc opératoire dans lequel un patient gravement blessé attend d'être opéré.

Dans le sas qui me sépare de l'entrée en pièce de chirurgie, j'échange mes talons de dix centimètres contre des crocs stériles que je recouvre de sur-chaussures jetables. Je grimace quand ma voûte plantaire repose à plat, et pour cause : je souffre d'une déformation du pied due au port excessif de chaussures à talons, et ce, depuis l'adolescence. Là où porter des chaussures plates représente un confort pour certaines, il s'agit d'un supplice à peine supportable pour moi.

Chausser des escarpins hauts en toute circonstance fait partie des habitudes que l'on acquiert lorsqu'on est issue des quartiers les plus huppés de Los Angeles. Là où le « paraître » et la « classe » prédominent sur les valeurs humaines. Nous, les femmes de l'aristocratie, sommes conditionnées à être tirées à quatre épingles de jour comme nuit, dans la santé comme dans la maladie. Que ce soit de vie, comme de mort, le talon est mon ami. Celui qui souligne mes jambes et me confère une stature droite et gracieuse. Celui qui annonce la couleur, mon rang social et ma valeur aux yeux de la société. J'ai été éduquée de la sorte. C'est le cas lorsqu'on est la fille de Horacio et Karen Rodriguez, les propriétaires et directeurs généraux de Rodriguez & Mayer, l'une des marques de prêt-à-porter féminin les plus connues au monde. 

Ma mère a toujours espéré que je reprenne le flambeau en tant que styliste au sein de son entreprise. Ou, à défaut, que je m'occupe au moins de la gestion financière. Mais mes aspirations se trouvaient ailleurs.

Depuis mes seize ans, j'ai souhaité être plus qu'une âme vide au sein du bel écrin qu'on m'a appris à façonner depuis mon enfance. Au fil du temps, la beauté s'éteint et le corps se détériore malgré toute forme d'entretien chimique ou autre. Seuls nos actes persistent et donnent un sens à notre existence. C'est pourquoi, j'ai choisi de quitter le confort de ce monde superficiel pour devenir médecin.

Cependant, certaines habitudes restent si bien ancrées en nous qu'il nous est presque impossible de s'en défaire. Elles sont dans nos gênes. Dans notre sang. Une partie intègre et innée de la personne que nous sommes.

— Bonjour Amanda, tout est prêt ?

— Oui, docteur. Il ne manque plus que vous.

— Bien.

J'enfile blouse stérile, masque, charlotte et gants avant de pénétrer l'espace réservé aux interventions chirurgicales. Etant toujours en formation, je n'ai pas encore le droit de pratiquer sur les cas les plus mal en point. Malgré tout, mon médecin référent, le professeur McCarthy, a entièrement confiance en mes capacités en ce qui concerne les actes mineurs. Si bien qu'il me confie ses opérations en son absence, avec l'assistance d'Amanda Starkings, son assistante de longue date.

Mon patient a été atteint d'une balle en plein abdomen. Aucun organe vital n'a été touché mais il a perdu beaucoup de sang. Concentrée sur ma tâche, je ne pense plus qu'à ma mission, si bien que je ne vois pas le temps passer.

Une vingtaine de minutes plus tard, l'opération s'est couronnée de succès. Balle retirée, plaie nettoyée et recousu, le patient s'en est sorti. Je remercie l'équipe qui m'accompagne et quitte la salle pour aller m'accorder un instant de répit et me resservir un café, mon Graal sacré. Un coup d'œil rapide sur ma montre m'indique qu'il est déjà plus de treize heures de l'après-midi. J'ai encore oublié de manger.

A peine arrivée devant mon distributeur de caféine, je me fais interpeller par Emily, ma co-interne que j'ai appris à connaître depuis le temps que nous travaillons ensemble.

— Je n'en peux plus, Sylvia ! se plaint-elle en se servant une tasse de notre boisson fétiche. Je suis épuisée !

— Tu ne devrais pas boire du café dans ton état, tu le sais ça, commenté-je en lorgnant en direction de son ventre arrondi par ses quatre mois de grossesse.

— Oh, épargne-moi tes leçons de morale, Madame Je-troque-mon-repas-de-midi-contre-une-tasse-de-café !

— J'ai très mal dormi hier soir, j'en ai besoin si je ne veux pas m'endormir en pleine intervention.

— Et moi, j'en ai besoin sinon je fais une crise d'hystérie, et crois-moi, je ne pense pas que ça soit meilleur pour mon bébé !

Je lui souris franchement avant de me servir à mon tour, ignorant son expression suspicieuse.

— Alors, raconte ! Pourquoi tu as mal dormi ? Ça s'est mal passé avec ton beau blond ?

— Hum. J'ai mis un terme à nos... rapports.

— Sylvia ! Tu exagères !

— Il commençait à s'attacher et à m'en demander plus...

— Et alors ? Donne-lui une chance ! Avec Nate, tu tenais le parti idéal. Trente-deux ans, avocat confirmé qui possède déjà son propre cabinet, alors certes, un peu trop sérieux, mais il a de la conversation. Et il est très sexy !

— Tu dis ça parce que c'est le cousin de ton mari.

— Non, je dis ça parce que vous allez très bien ensemble. Et que tu te sentirais moins seule le soir si tu avais un homme près de toi. Pour de vrai je veux dire, et pas pour un coup vite fait, bien fait.

Si seulement c'était bien fait...

Irritée par cette conversation, je lève les yeux au ciel et avale une gorgée du liquide fumant en guise de réponse. Ce n'est pas la première fois que ma collègue – devenue amie – se permet de donner son avis sur ma vie privée. Notre amitié a d'ailleurs fait plus d'un étonné au sein du service. En effet, Emily est tout ce que je ne suis pas. Sa peau diaphane contraste avec la mienne, plus mate. Ses yeux d'un bleu aussi cristallin que les océans sont recouverts d'une paire de lunettes à monture papillonnante, ce qui lui confère une expression douce et bienveillante. Alors que mon regard sombre et sévère me donne plus des airs de patronne impitoyable qu'autre chose. Elle est petite, je suis grande. Elle est blonde, je suis brune. A deux, nous formons un duo improbable.

Mais au-delà du physique, elle est mariée et enceinte de son second enfant alors que je suis l'éternelle célibataire. En effet, du haut de mes vingt-sept ans, je vis seule et cela me convient parfaitement. Le prince charmant, cela fait des années que je n'y crois plus. Les hommes ne sont pas capables d'aimer une femme pour la vie, encore moins lui être fidèle. Je l'ai appris à mes propres dépens. Et un cœur brisé m'a amplement suffi.

Quoi qu'il en soit, je n'ai pas besoin d'un homme pour exister. Et quand bien même l'envie de m'amuser en compagnie d'un beau mâle se fait ressentir, je n'ai rien contre un coup d'un soir léger et sans attaches. Ou à défaut, comme c'était le cas pour Nate, une fréquentation agréable sans fausses promesses ou illusions, simplement deux jeunes gens à la recherche de sensations et de plaisir.

Le souci, c'est que depuis ma rupture, je n'ai jamais plus réussi à atteindre l'orgasme. Une incapacité à lâcher prise qui me pèse au quotidien.

— Je m'inquiète pour toi, insiste mon amie en me scrutant d'un air grave. J'aimerais te voir heureuse et épanouie.

— Mon épanouissement se fait par le biais de mon travail, Emily. Pas à travers un homme.

— Un jour, tu tomberas follement amoureuse d'un homme. Tu en seras si folle que tu ne sauras plus où donner de la tête. Personne n'échappe à l'amour, ma belle. Je sais de quoi je parle.

Je lève les yeux au ciel, peu convaincue par la prédiction de ma collègue. Par magie, mon biper sonne et m'extirpe à cette conversation plus que déplaisante et qui, de toute manière, ne mènera nulle part. Grâce à cette brève nuisance sonore, mais dans ce cas-là libératrice, je suis rappelée à l'ordre et l'arrivée d'un nouveau patient m'est annoncée. J'éteins l'appareil d'un coup d'index, avale le reste de mon stimulant brûlant et m'en vais vaquer à mes incessantes responsabilités.

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