Renaissance
Clémence soupira devant le tableau rempli de caractères incompréhensibles. Le cours de philosophie en prépa, alliait torture et difficulté. Elle échangea un regard dépité avec Anna, et se pencha sur son cahier.
Sauf que...
La terre se mit à trembler.
Des éclairs de lumière colorée envahirent l'au-dehors, sous les cris terrifiés des élèves de Terminale, qui profitaient d'un temps de pause au soleil.
Avant que la professeure ait pu faire un geste pour l'en empêcher, la classe d'Hypokhâgne s'était rassemblée devant les fenêtres, et Clémence, bien plus petite que ses camarades, dut se frayer un chemin jusqu'aux vitres en jouant des coudes.
Là, elle tituba.
Une adolescente aux longs cheveux acajou bouclés, à la peau hâlée et aux caramels brûlants de fureur, conjura une sphère enflammée dans sa main, qu'elle projeta contre une silhouette, drapée d'une cape noire et or.
Le cœur de Clémence fit un bond monumental.
— Capucine ? Murmura-t-elle, abasourdie. Mais... c'est impossible !
Mais, pour avoir créé ce personnage, elle ne pouvait pas décemment fermer les yeux. Surtout lorsqu'apparut derrière Capucine, une jeune femme aux longs cheveux noirs attachés en une tresse. Ses yeux sombres étincelèrent lorsqu'elle invoqua un champ de force pour protéger l'adolescente.
— Il se passe quoi, là ? Demanda un élève, résumant la pensée générale.
Clémence chancela.
Ses personnages s'étaient... échappés ? Mais comment cela était-il même possible ?
Elle se faufila à l'arrière et sortit discrètement dans la cour, devant le champ de bataille.
Capucine, Maëlle et Eskiel, n'étaient pas les seuls combattants.
Clémence étouffa un cri en voyant une jeune fille en combinaison rouge à pois noirs, rouler au sol, aux prises avec un homme avec un homme en costume violet, et au masque gris.
— Il n'est pas mort, lui ? râla l'adolescente, en se remémorant malgré tout la douleur qu'elle avait éprouvée en comprenant que Gabriel, ou Papillon, avait disparu.
Capucine l'aperçut alors, et haussa les sourcils. Alors, elle se téléporta, prit Clémence par la taille, et l'entraîna à l'abri.
— Ne reste pas là, c'est dangereux !
— Mais... mais...
Clémence peinait à reprendre son souffle.
— Tu es Capucine Sayabi ! Qu'est-ce que tu fais là ?
La rouquine se raidit.
— Comment sais-tu qui je suis ?
— Ben... disons que je t'ai créée ?
Capucine haussa un sourcil roux.
— Ah c'est donc grâce à toi, qu'on est dans ce pétrin ? Comment as-tu fait ? Tu as fait exploser le quatrième mur !
— Mais j'en sais rien ! J'étais en cours, et, d'un coup... vous êtes apparus !
De loin, elle vit Maëlle esquiver une attaque d'Eskiel dans un tourbillon de lumière...
Ça n'avait aucun sens... cette situation n'avait aucun sens...
Mais les cris terrifiés des élèves courant en tous sens l'empêchaient de se convaincre qu'elle rêvait.
—Trouve le moyen de réparer tout ça ! ordonna Capucine en la fusillant du regard. Myrsa a besoin de Maëlle et moi !
Et elle disparut, rejoignant sa protectrice.
Clémence s'assît, hébétée.
— Comment je suis censée faire ? murmura-t-elle pour elle-même.
— Peut-être commencer par trouver quel problème les empêche de partir ? suggéra une voix dans son dos.
Clémence sursauta avec un couinement, et retomba sur le bitume de la cour.
Derrière elle était apparue une jeune femme, vêtue d'une tunique aux inspirations forestières, qui lui descendait jusqu'aux chevilles sur l'arrière, mais laissait une ouverture au niveau des genoux sur le devant, cousue dans un tissu brun-vert agrémenté de petites fleurs. Agrémentée d'une paire de leggings noires et de bottes hautes à talons et à boucles de cuir, ainsi que d'une longue cape de cuir souple, le tout donnait un air assez mythique, elfique à l'accoutrement. La jeune femme aurait été très jolie , sans ses cheveux blancs et méchés de rouge emmêlés, ses yeux noisette cernés et passant sans arrêt d'un point à l'autre, les taches de suie qui lui maculaient le visage, et sa mine épuisée, accentuée par son petit nez en trompette.
— Je m'appelle Eya, ajouta-t-elle avant que Clémence ait pu dire quoi que ce soit. Et je suis ton inspiration. Ensemble, on va devoir résoudre la pagaille que tu as provoquée.
****************
Je le crois pas.
Je le crois pas.
Je le crois pas.
Et pourtant, Clémence, une feuille de papier et un stylo à la main, venait vraiment d'écrire l'arrêt du Temps.
Tout, autour d'Eya et elle, s'était figé.
Papillon soutenant Mayura et Ladybug projetant son yo-yo sur eux, tandis que Chat Noir se relevait.
Maëlle protégeant Capucine dans un champ de force, alors qu'Eskiel lançait une attaque mortelle. La rouquine était en train de tambouriner les parois de la bulle de lumière, hurlant à sa protectrice de la laisser l'aider...
Oh, bon sang...
La pression exercée sur l'esprit de Clémence était insupportable. Chaque vie qu'elle retenait tentait de lui glisser entre les doigts. Était-ce le monde entier qu'elle avait immobilisé ?
Elle n'allait pas chercher à le savoir.
Vite, elle courut à Maëlle, tandis que Eya se chargeait d'Eskiel. L'allégorie de son imagination avait insisté pour lui parler, et Clémence avait décidé de lui faire confiance. Elle-même ne pouvait se retrouver face à ce personnage odieux qui était né de sa propre imagination et de ses cours traumatisants de physique-chimie au collège.
Elle ranima Maëlle Lizaï d'un petite pression sur l'épaule. La magicienne sursauta, lâcha prise sur le sortilège qu'elle s'apprêtait à lancer.
— Qu'est-ce que...
Puis, ses yeux noirs croisèrent le regard effrayé de Clémence, et elle comprit. Aussitôt.
— Nous ne sommes plus chez nous, murmura-t-elle. Que se passe-t-il donc ? Qu'as-tu fait au quatrième mur, petite fille ?
En temps normal, le qualificatif aurait offusqué Clémence, que son mètre soixante-trois complexait un peu. Mais elle n'était pas en temps normal.
— J'en sais trop rien...
— Une chose est sûre, cependant, reprit la magicienne. Nous sommes en plein combat, et nous n'allons pas nous arrêter d'aussitôt.
— NON !
Le cri de Clémence avait déchiré l'air.
— Non, continua-t-elle doucement. Maëlle Lizaï, Mahelya. Vous ne pourrez jamais vaincre Eskiel toute seule. Vous ne pourrez jamais vaincre le mal toute seule. Enfermer Capucine pour la protéger... ce n'est pas la solution. C'est une petite magicienne très douée et très intelligente... Je sais que vous voulez à tout prix réparer vos erreurs passées... mais elle, ne fera qu'en souffrir. Croyez-moi, je vous en supplie...
Maëlle la regarda attentivement, et Capucine décela de la méfiance dans ses yeux noirs, qu'elle avait tant de mal, dans ses écrits, à décrire.
— Vous êtes née de l'imagination d'une enfant perdue, qui admirait deux de ses enseignantes, supplia-t-elle. Vous êtes la représentation même de ce à quoi, à quatorze ans, je ne croyais plus : la gentillesse, le sourire, l'amour... le calme et la réflexion. Faites-moi confiance. Arrêtez ce combat avant qu'il se finisse mal. Eya est en train de convaincre Eskiel. Un jour, vous devrez vous affronter, mais pas ici, ni maintenant, et pas seule. Dans votre monde, quand vous serez prête, aux côtés de Capucine et Violette. S'il vous plaît...
Son interlocutrice soupira.
— Tu n'es pas une adolescente comme les autres, fit-elle remarquer.
— Oui, on me le dit souvent. C'est pas toujours gentil, mais je suis obligée de prendre...
En face d'elles, la silhouette encapuchonnée d'Eskiel commençait à devenir translucide. Eya recula avec un petit sourire satisfait.
— Elle a trouvé le problème qui le retient ici, tenta Clémence. Et vous ?
— Je crois que... je vais partir aussi. Avec Capucine.
Clémence poussa un long soupir de soulagement.
— Merci.
Maëlle commençait à pâlir, et, lorsque Clémence tourna la tête, elle vit que Capucine, dans sa bulle d'énergie blanche, faisait de même.
— Ne désespère pas, Clémence, fit Maëlle. Tu n'es plus la petite fille perdue d'il y a trois ans. Un jour où l'autre, tu trouveras tout ce à quoi tu aspires. Et tu pourras alors transmettre aux autres ta lumière.
Les yeux de la jeune adolescente s'emplirent de larmes, qu'elle contint entre ses paupières.
— Je ferai de mon mieux, promit-elle.
— Ce n'est pas à toi de tout faire pour les autres. Penses à toi, surtout. Et la vie te récompensera comme tu le mérites.
Et, dans un flash, tous les personnages de l'univers de Myrsa s'effacèrent.
**************
Ok. Déjà trois sur sept.
Clémence avait la nausée, tant le poids du Temps était lourd à porter. Chaque seconde qui passait, elle avait l'impression qu'elle allait s'effondrer. Pourtant, elle parvint à petits pas, jusqu'à Ladybug et Chat Noir, Papillon et Mayura, les deux couples qui lui avaient donné le courage et l'envie de se lancer sur Wattpad.
En premier, elle décida de ranimer Chat Noir, tandis que Eya se chargeait de Ladybug.
— Salut Chat Noir ! Je sais que tu vas pas me croire, mais... en gros, tu n'es pas dans ton univers, tu es dans le mien, et je dois te replonger dans le tien dès que j'aurais trouvé ton problème. Alors, dis-moi tout, je sors le papier, le crayon, je sers de psychologue, c'est quoi ton problème ?
La réaction de Chat Noir fut à peu près celle que Clémence avait imaginée. Il haussa un sourcil et ses immenses yeux verts s'écarquillèrent au possible.
— Hein ?
— J'avais espéré une réponse un peu plus éloquente, soupira Clémence. Chat Noir. Explique-moi, je suis là pour t'aider. Qu'est-ce qui te pose le plus de problèmes dans ta vie actuelle ?
Elle s'attendait à la réponse du jeune héros. Aussi ne fut-elle pas surprise lorsqu'il lui fit un long monologue sur sa chère Marinette, les difficultés qu'il avait à officialiser leur relation depuis la mort de son père...
Ils étaient donc après la Saison 5 au niveau temporalité, nota Clémence. Mais alors, par tous les dieux de l'Olympe, que fichait donc Papillon ici ?
Une petite voix dans sa tête hurla :
« Tu n'as pas assumé sa mort, ma cocotte ! C'est pour ça qu'il est encore en vie, et que Mayura est en activité ! »
Clémence grogna.
— Ok, Chat Noir, deux petites secondes. J'ai besoin de l'aide d'une experte en psychologie.
Deux mots. Inscrits sur sa copie à grands carreaux.
Jeanne. HELP !
Et son amie se matérialisa aussitôt, dans son habituelle combinaison marinière-jean. L'air complètement perdu, bien sûr. Lorsque son regard croisa celui de Clémence, elle fronça les sourcils.
— Clémence. Outre le fait que j'étais il y a deux secondes en cours de littérature comparée, et que le prof ne va pas tarder à se demander où je suis passée... Peux-tu me dire ce que je fiche ici ? Et euh... comment tu as fait pour faire atterrir ici nos deux super-duos ?
— Baaaah... La question est là, justement. Mais j'ai besoin de toi ! Je n'ai jamais connu une si grande experte en psychologie de personnages désespérants... Tu veux bien m'aider à les faire rentrer chez eux ?
— Avec plaisir. C'est vrai qu'on ne fait pas pire en matière de comportement amoureux que ces quatre-là, tu me diras.
— Eh ! protestèrent Chat Noir et Ladybug, qui avaient visiblement entendu.
Jeanne les fusilla du regard.
— Vous ne voulez pas savoir combien de nuits blanches vous m'avez fait passer, avec votre déni intersidéral et votre affection à compliquer vos relations. Et les adultes, on n'en parle pas, ils sont pires que vous !
— Pour ça, on est bien d'accord, soupira Clémence en jetant un regard à Papillon et Mayura.
— J'te jure. Bon alors, tu veux bien m'expliquer le problème ?
— Il se trouve que j'ai littéralement fait exploser le 4ème mur. Je viens de faire rentrer à Myrsa Capucine, Maëlle et Eskiel, et...
— T'aurais pu m'attendre, j'aurais bien voulu les rencontrer !
— Pas sûr que mon lycée apprécie toutes les marques de brûlure que leur combat a laissé. Je n'ai pas voulu en rajouter...
Clémence laissa son regard papillonner sur la cour de récréation dévastée et se mordit la lèvre. Il lui faudrait beaucoup d'encre et tout son pouvoir de conviction pour faire oublier à son lycée les dégâts...
— Bon, sinon, Chat Noir et Ladybug ont tous les deux des problèmes d'amour, de ce que j'ai compris... Et comme tu as exploré leurs esprits avec plus de précision que les scénaristes eux-même...
— C'est bon, j'ai compris. Tous les deux, vous venez avec moi.
Jeanne entraîna les deux adolescents avec elle, et tous les trois s'assirent en tailleur, en proie à une manifeste réflexion.
En attendant, Clémence et Eya ranimèrent Papillon et Mayura. Lorsque ses deux personnages préférés ouvrirent les yeux, l'étudiante se mordit la lèvre pour ne pas crier. Elle avait tant écrit sur ce couple impossible qu'il lui semblait les connaître sur le bout des doigts.
Alors, elle prit une profonde inspiration et s'approcha de Papillon et Mayura, son cœur battant à tout rompre. Papillon semblait plus vulnérable que jamais, ses yeux révélant une culpabilité profonde. Quant à Mayura, elle évitait soigneusement son regard, les joues légèrement rosées par la honte.
— Papillon, Mayura, commença Clémence en essayant de garder sa voix stable, je sais que vous avez traversé beaucoup de choses ensemble, et je suis désolée de vous avoir embarqués ici. Vous devez retourner dans votre univers, mais pour cela, il faut résoudre vos conflits internes.
Papillon serra les poings, luttant contre les émotions qui le submergeaient.
— Je... Je n'ai jamais voulu te faire souffrir, Mayura, avoua-t-il finalement, sa voix brisée. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait par amour, mais cela a seulement conduit à plus de douleur. Je me sens prisonnier de mes propres erreurs, et chaque jour, je m'en veux un peu plus.
Mayura, touchée par ses mots, releva enfin la tête pour le regarder dans les yeux.
— Gabriel, j'ai fait des erreurs moi aussi. Je suis tombée amoureuse de toi malgré tout ce que nous avons traversé. Mais comment pouvons-nous guérir nos blessures ? Comment puis-je te faire confiance après tout cela ? dit-elle, la voix tremblante.
Clémence sentit une lueur d'espoir naître en elle. Elle devait maintenant trouver les mots justes pour aider ces deux âmes torturées à se pardonner.
— Peut-être que la réponse est dans le pardon, suggéra-t-elle doucement. Vous devez vous pardonner pour avancer, et seulement alors pourrez-vous rentrer chez vous.
Papillon et Mayura échangèrent un regard intense, empli d'une compréhension mutuelle. Papillon prit une profonde inspiration, ses yeux brillants de détermination.
— Tu as raison, Clémence, dit-il, se tournant vers Mayura. J'ai été aveuglé par ma propre douleur et ma quête de vengeance. Je veux que nous trouvions un nouveau départ, ensemble. Peut-on... recommencer ?
Mayura hocha lentement la tête, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres.
— Recommençons, dit-elle en prenant sa main. Mais cette fois, nous devons faire face à notre passé, ensemble, sans cacher nos peurs et nos faiblesses.
Clémence observa les deux personnages, touchée par la sincérité de leurs émotions. Elle avait réussi à les aider à trouver un chemin vers la rédemption. Malheureusement, elle savait, elle savait... que quand ils rentreraient chez eux, Papillon ne serait plus... Son cœur se brisa. Ce couple avait tellement d'avenir devant lui... mais la folie de Gabriel avait tout gâché. Et, malgré elle, elle ne pouvait lui en vouloir.
Et Jeanne se relevait, étreignait les deux adolescents, avant de la rejoindre...
— Décidément, je rate le meilleur ! se plaignit-elle. Je suis ravie de vous voir, tous les deux, ajouta-t-elle à l'intention de Papillon et Mayura. Même si je ne comprends pas comment Papi...
Clémence lui assena un coup de coude. La jeune femme devina aussitôt les pensées de son amie. Leurs principales sources d'inspiration vivraient mieux l'instant présent sans savoir ce qui les attendait une fois retournés dans leur monde..
— Allons-y, déclara-t-elle. Ladybug, Chat Noir, tout est en ordre ?
— Il suffisait d'un peu de dialogue, répondit l'héroïne en échangeant un regard complice avec Jeanne.
— Même si les tensions resteront présentes, ajouta Chat Noir en fusillant ses ennemis du regard.
S'il savait...
— Jeanne, merci de ton aide, murmura Clémence en se tournant vers son amie. Je suis heureuse de t'avoir revue. Même si, la prochaine fois, c'est moi qui viens à Paris !
— Bien sûr !
Une courte étreinte plus tard, Jeanne retournait en cours de littérature. Clémence essuya une larme. Elle n'aurait jamais osé l'avouer, mais...son amie écrivaine lui manquait déjà. Même si elles ne s'étaient vues que deux fois dans le monde réel...
Chat Noir murmura Ladybug :
— Je ne comprends toujours pas comment il se fait que Monarque soit là, alors que nous l'avions vaincu.
— C'est mon monde, ne l'oublie pas, répondit Clémence avec douceur. Maintenant, si vous le voulez bien...
Un tout petit point de concentration suffît à faire pâlir les deux héros. Et, quelques secondes plus tard, ils étaient, eux aussi, retournés à Paris, dans un autre univers...
— À votre tour, maintenant, fit Clémence en se tournant vers son couple préféré.
— Merci pour tout, petite fille, sourit Mayura.
— Avec plaisir...
Mais, lorsqu'elle banda sa volonté, déterminée à les faire rentrer chez eux, une vague d'énergie la heurta de plein fouet. Déséquilibrée, elle tomba à genoux, en proie à une atroce migraine.
— Clémence ? Est-ce que ça va ? demanda Eya, en l'aidant à se relever.
— Heu...
Une nouvelle fois, elle tenta de rassembler sa concentration, et une nouvelle fois, un mur se dressa dans son esprit.
— J'y arrive pas ! gémît Clémence. Ils ne veulent pas retourner dans leur monde ! C'est comme si quelque chose les bloquaient, une autre volonté !
Eya pâlit.
— Oh non...
— Quoi ? paniqua Clémence.
— J'avais oublié que tu n'étais pas la seule écrivaine, Clémence. Toi et moi, avons donné naissance à une autre...
Le temps que le sous-entendu monte jusqu'au cerveau de Clémence, sa mâchoire se décrocha.
— Tu veux dire... Cassandre ? De Coulisses d'une vie d'adolescente ?
Eya acquiesça.
Clémence sentit la tête lui tourner. Cassandre et elle ne faisaient qu'une seule et même personne ! Cette histoire prenait des proportions épouvantables...
— Cassandre n'est pas toi ! glissa Eya, comme si elle lisait dans ses pensées. Elle te représente, mais elle reste un personnage !
— Et... et où elle est ?
— Ben...
Clémence comprit aussitôt, et flancha pour de bon.
— À ta place traditionnelle, murmura Eya. Dans les escaliers de ton ancien lycée.
— Oh, mon Dieu...
— Oui, Clémence, reprit son Inspiration. Il est temps de rentrer chez toi.
********
Maison. Maison. Maison.
Le mot avait brillé comme un astre dans l'esprit de Clémence.
Alors que la campagne défilait à la fenêtre du train qui la ramenait chez elle, la jeune fille avait repensé aux événements qui lui étaient tombés dessus.
Honnêtement, écrire dès qu'elle en avait l'occasion était une chose. Posséder le moyen de détruire le 4ème mur par la force de son imagination... en était une autre. Ce qu'elle avait découvert, ce matin-là... la terrifiait. En ce moment même, elle se sentait comme Sophie Foster, acculée par des pouvoirs qu'elle ne parvenait pas à contrôler, comme Keefe, terrifié par des dons qu'il n'avait pas demandés.
Eya, que sa cape avait rendue invisible, ne souffla pas un mot du trajet. Pas même lorsque le train s'arrêta à cause des caprices de Täck, dévasté par la mort de Solveig. Clémence dut descendre, assurer au jeune Suédois qu'il reverrait bientôt sa fiancée... La discussion avait duré un bon quart d'heure, après quoi le train s'était ébranlé une nouvelle fois.
Dix minutes plus tard, il s'arrêtait en gare.
***************
Clémence passa le portail de son école, les larmes aux yeux. Treize ans passés dans cet établissement l'y avaient tellement attachée qu'elle comptait revenir y travailler plus tard.
Rien n'avait changé, le parc, le collège, le lycée, rien.
Elle vit, de loin, sa professeure de théâtre redescendre du lieu dédié en compagnie de quelques élèves... Une Ursuline parler à un petit groupe de Secondes... Les deux enseignantes qui lui avaient inspiré Mahelya Lizaï retourner au collège en discutant, comme à leur habitude.
Nul ne vit l'ancienne élève se faufiler dans l'enceinte, courir jusqu'au bâtiment du lycée, étourdie par les sensations nostalgiques qui l'envahissaient.
Lorsqu'elle jeta un regard vers le collège elle aperçut une surveillante placée devant. Et pas n'importe laquelle : Mme Colombet, qui lui avait toujours fait la guerre pour qu'elle ne squatte pas les escaliers. Si elle trouvait Cassandre assise là-bas...
Clémence devait faire vite. Et elle aurait besoin d'aide pour s'infiltrer.
Ce fut en s'arrêtant devant l'espace lycéen qu'elle le vit.
« Julien »
Son cœur se fendît en mille morceaux.
Elle n'avait plus vu son meilleur ami depuis qu'elle était partie en études, et l'absence totale de téléphone et de réseaux sociaux faisaient peser sur Clémence le vide du chagrin d'autant plus abyssal.
Alors, sans trop savoir ce qu'elle faisait, elle courut jusqu'à lui, et le serra dans ses bras.
— Wow ! Clé... Clémence ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Ça... ça va ?
Clémence leva vers son ami un regard larmoyant. Elle avait des milliers de choses à lui dire, et pourtant, elle ne pouvait se le permettre. Tout juste put-elle constater qu'il n'avait pas changé, depuis qu'elle l'avait vu pour dernière fois, deux mois auparavant.
— Ça... ça va. J'ai besoin de toi, Julien. Mes personnages se sont échappés.
Le visage du garçon se fendit de son habituel sourire, quoiqu'un peu inquiet.
— Ben tiens. Et en admettant que tu ne te sois pas cogné la tête ?
Clémence prit une grande inspiration.
— Je ne serais pas revenue si ce n'était pas aussi important ! Capucine et Maëlle Lizaï sont apparues pendant mon cours de philo, avec l'univers de Miraculous... Et apparemment, le personnage qui me représente est ici, et il continue à m'empêcher de renvoyer les autres dans leur monde...
Son ami affichait un air de profond scepticisme.
— Te méprends pas Clémence, je suis très heureux de te voir, mais... tu es sûre que tu ne veux pas aller à l'infirmerie ?
— Julien...
— Bon, d'accord, mais avant dis-moi qui a écrit La Crise de la Culture ?
— Hannah Arendt, mais...
— Quelle est la capitale du Bénin ?
— Porto-Novo, la politique, et Cotonou, l'économique, mais qu'est-ce que tu...
— T'occupe. Quel était ton rôle préféré, l'année dernière, dans la pièce ?
— Victoria Raillon, alias, la garce, mais enfin...
— Quels sont les surnoms que l'on a donnés aux Jumelles ?
Clémence rougît et vérifia qu'il n'y avait personne autour, et surtout pas l'une des deux concernées.
— Sucrette et Tic-Tac.
Julien croisa les bras.
— OK, c'était juste pour m'assurer que t'étais pas devenue folle.
Clémence darda sur lui un regard à raser des forêts entières.
— S'il te plaît, murmura-t-elle, j'ai besoin de toi. Cassandre est dans les escaliers, et Colombet monte la garde... j'ai besoin de toi.
************
— Donc. Pour résumer... Tes personnages de roman se sont échappés, il y a un sosie de toi dans les escaliers, qui écrit le monde à ta place et tu as besoin de moi pour t'infiltrer dans le collège auquel tu n'appartiens plus, trouver cette Cassandre et lui demander d'arrêter d'empêcher Ladybug et tout le tralala de retourner dans leur univers ?
— C'est... à peu près ça, acquiesça Clémence, soulagée que son ami l'ait écoutée jusqu'au bout.
Julien se mit à faire les cent pas.
— C'est quand même aberrant, toutes les galères dans lesquelles tu réussis à te mettre !
— Oh, eh, sans commentaires, toi.
— Et comment comptes-tu faire ? Si un adulte te voit...
— Elle peut utiliser ma cape pour se cacher, proposa Eya en se matérialisant.
Il fallut plusieurs minutes à Clémence pour calmer Julien.
Son ami s'était assis sur un banc, hébété, les nerfs à vif.
— Elle est apparue comme ça, mais c'est OK, tout va bien... répétait-il en boucle.
— Julien ? fit Clémence d'une voix douce.
Le garçon leva vers elle un regard encore troublé.
— Je te présente Eya. Elle est... une allégorie de mon imagination.
— D'accord. Très bien. Maintenant... PEUX-TU ME DIRE POURQUOI TON IMAGINATION EST UN CROSSOVER ENTRE UN ELFE ET UN PERSONNAGE DE MANGA ???
Eya haussa un sourcil.
— Il avait l'air plus calme, dans ta tête.
Clémence réprima le sourire qui lui montait aux lèvres. De toute façon, il se serait effacé aux paroles suivantes de son meilleur ami.
— Est-ce que... non, attends. Comment j'ai l'air dans sa tête ??
Eya pouffa.
— Eh bien...
— Wow, du calme, Eya, s'il te plaît, ne rend pas la situation gênante, intervint Clémence. Elle est déjà assez compliquée comme ça.
— Pardon, mais le principe de l'inspiration, c'est de partager tout ce qui lui passe par la tête !
— Garde ça pour toi ou j'imagine une autre allégorie ! menaça Clémence, excédée.
Eya leva les yeux au ciel.
— Dites-moi si je dérange, grommela Julien. Clémence, plus sérieusement... tu n'aurais pas écrit une histoire avec un renard, récemment ?
— Euh... si, Une dernière larme, pourquoi ?
— Parce que des filles ont prétendu avoir vu un renard dans le parc, ce matin. Et aussi parce que... il y en a un qui trottine vers nous.
Clémence se retourna... et pour la deuxième fois de la journée, elle chancela.
La fourrure en broussaille, arrachée et tachée de sang par endroits, boitant bas, Lixy vint se frotter contre elle avec un gémissement apitoyant.
— Ooooh, fit Clémence, à la fois attendrie et dévastée. Viens là, toi !
Le vieux renard lui passa un coup de langue sur la figure à la manière d'un chiot surexcité.
« Est-ce qu'Annie a été vengée ? »
Clémence étouffa un cri. La voix de sa créature avait retenti dans son crâne comme un fracassant coup de tonnerre.
— Oui, transmit-elle de toutes ses forces. Oui, elle a été vengée. Son... son meurtrier moisit en prison, je te le promets.
— Bien. »
Lixy trottina vers Eya, se laissa caresser, puis se glissa entre les jambes de Julien, avant de braquer sur l'adolescente un iris mordoré.
« Fais en sorte que lui ne te fasse pas souffrir comme l'autre a fait souffrir Annie. »
Clémence sentit ses joues devenir rouge pivoine.
« Mais ce... ce n'est pas... il n'est pas... enfin, je ne...»
Elle inspira, et reprit :
« Même si c'était un jour le cas, je sais qu'il ne me ferait jamais de mal, Lixy.
— Tant mieux approuva le petit renard. Tu m'as l'air bien entourée. Mieux entourée qu'avant... et mieux entourée qu'Annie. Sois toujours prête à vivre et à aimer, c'est la dernière chose que je puisse te dire. Adieu, petite humaine.
— Au revoir, Lixy. »
Le vieux renard lui adressa un dernier regard, lorsque son pelage flamboyant commença à perdre de son éclat. Quelques secondes plus tard, il avait disparu.
— Repose en paix, murmura Clémence.
Une larme dévala sa joue. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point sacrifier ses personnages était douloureux. En l'instant présent, elle pensait à tous ceux qui étaient morts sous sa plume, souvent d'une manière injuste... Elle devait des comptes à chacun d'eux. Lixy, Annie, Täck, Solveig, Lila et tant d'autres...
Elle fixa Eya d'un œil noir.
— Parfois, je te déteste de me donner des idées aussi sombres.
— Tu sais... beaucoup des idées que je t'envoie sont des peurs ou des traumas que tu portes en toi... Je n'y suis pour rien, dans ces cas-là...
— Splendide, marmonna Clémence, le regard larmoyant et les jambes tremblantes.
Julien fit s'asseoir son amie, et la regarda dans les yeux.
— Hé, Clem. Ça va aller, d'accord ? Ce que tu appelais tes «défaillances», quand tu étais encore là... On les a combattues ensemble, et elles ont commencé à se résorber ! Il te faut du temps, beaucoup d'affection et l'écriture, qui est ton moyen de résilience, et qui t'aide à évacuer toutes tes émotions. C'est aussi à ça que ça sert ! Et puis, tu n'es pas seule, moi je suis là, malgré la distance, comme Capucine, Lila, Léa, tous les autres ! Et surtout, surtout... rien de tout cela n'était ta faute. Tu te souviens ?
— Je sais. Merci, Julien.
Le mot flotta dans l'air quelques instants, avant que son ami ne se lève et ne l'aide à faire de même.
— Allez ! On a ton sosie à débusquer !
Clémence eut un sourire qui illumina son visage, et hocha doucement la tête.
*************
Quelques minutes plus tard..
— Mais je vous assure m'dame ! IL y a des 4èmes qui se battent sur la cour !
Mme Colombet plissa les yeux.
— Et comment tu le sais ? Qu'est-ce que tu fabriquais sur la cour du collège ?
— Je devais voir mon frère.
— Tu as un frère, toi ?
Cachée derrière un immense buisson, Clémence sourit. Julien n'avait absolument pas de frère, mais ça, la surveillante n'avait aucun moyen de le savoir...
— Ce n'est pas l'important ! Il n'y a aucune surveillante sur la cour, et vous êtes la seule que j'ai pu trouver.
La surveillante se mordit la lèvre. Julien lui rappelait Clémence, cette gamine effrontée qui n'avait jamais cessé de remettre son autorité en question. Et si le garçon était le meilleur ami de l'ancienne élève, ce n'était pas un hasard...
— Gare à toi si tu m'as menti, marmonna-t-elle en s'éloignant.
Le garçon n'avait pas menti, puisque Clémence avait fait en sorte que deux garçons de quatrième trouvent une imminente raison de se battre... Sur ce coup-là, sa plume avait fait des ravages, et elle n'en était pas peu fière.
— Vite ! la pressa Eya en lui mettant sa cape sur les épaules.
Tout le corps de Clémence devint invisible sous ses yeux, et elle étouffa un cri de surprise. Elle rabattit la cape sur sa tête, dissimulant ainsi le reste de son corps aux yeux du monde.
Eya l'encouragea d'un signe de tête avant de se fondre dans l'ombre.
— Allez, c'est maintenant ou jamais, murmura-t-elle.
Clémence courut jusqu'à Julien, ouvrit la porte du collège et s'y infiltra, suivie de son meilleur ami.
S'avança à pas feutrés, son cœur battant à tout rompre. Les couloirs du collège étaient déserts à cette heure, mais chaque recoin réveillait en elle un flot de souvenirs nostalgiques. Les rires dans les couloirs, les discussions animées dans les classes, les petits secrets chuchotés entre amis...
Son attachement profond à ce lieu rendait sa mission encore plus difficile. Mais elle n'avait pas le choix, pas le choix. Chaque pas qu'elle faisait la rapprochait de l'endroit où Cassandre devait se trouver. Chaque affiche accrochée au mur, chaque pièce... le hall, les premiers escaliers...
Elle arriva enfin aux escaliers du deuxième palier, là où Cassandre, Clémence, Cerise, Renars, tous les alter-ego qu'elle s'était imaginés, s'était toujours installée.
Assise, ses courts cheveux châtains encadrant un visage marqué par une tristesse profonde, Cassandre y était assise.
— Cassandre, appela-t-elle doucement.
La jeune fille leva les yeux, surprise de voir une inconnue.
— Qui es-tu ? demanda-t-elle d'une voix méfiante.
— Je m'appelle Clémence, répondit-elle doucement en s'asseyant à ses côtés. Je sais que tu ne me connais pas, mais moi, je te connais très bien. Je t'ai créée.
— Créée ? répéta Cassandre, ses yeux s'écarquillant d'incrédulité.
Clémence hocha la tête, son cœur battant plus fort. Elle devait trouver les mots justes pour expliquer la situation sans effrayer son alter-ego
— Oui, tu es une partie de moi, une partie qui refuse de quitter cet endroit. Papillon et Mayura ont besoin de retourner dans leur monde, mais ils ne peuvent pas tant que tu les retiens ici. Tu dois accepter ce qui est arrivé pour avancer, pour que nous puissions tous avancer.
— T'es complètement folle. Et...d'accord, tu me ressembles, mais je ne te connais pas. Je ne sais même pas de quoi tu parles !
Clémence se mordit la lèvre, avant d'ordonner :
— Montre-moi ton brouillon.
— Pour quoi faire ?
— Tu écris un OS Miraculous, c'est ça ?
— Co... comment le sais-tu ? bégaya Cassandre.
— Je te l'ai dit. Je suis toi. Enfin... tu es moi... dans un autre univers, que j'ai créé. Un univers où ton meilleur ami s'appelle Jean, et où tes galères avec Mme Colombet sont un peu plus explosives...
La mâchoire de Cassandre se décrocha.
— Mais enfin, ce n'est pas possible ! Regarde autour de toi ! C'est chez moi, ici, c'est mon lycée, mes escaliers... mes souvenirs...
Sa voix s'étouffa dans sa gorge.
— Il faut que tu me fasses confiance, reprit doucement Clémence. Que tu acceptes plusieurs choses. Pour commencer, que Gabriel Agreste est mort. Ça, ça me faciliterait la vie. Ensuite... pour nous deux, il faut que tu acceptes que tu n'es plus une petite lycéenne, à présent. Tu es une étudiante à part entière, une jeune femme qui ne demande qu'à grandir.
Cassandre baissa les yeux, ses mains tremblant légèrement.
— Et si je n'y arrive pas ? Si je ne peux pas oublier ? murmura-t-elle.
Clémence sentit son cœur se serrer. Elle comprenait la douleur de Cassandre, cette partie d'elle-même qui refusait d'avancer... Après tout, chaque soir, à l'internat, elle versait quelques larmes sur ses souvenirs de lycéenne, sur ses amis restés là-bas...
— Tu n'as pas besoin d'oublier, dit doucement Clémence en prenant sa main. Il faut juste que tu acceptes de vivre avec. Nous avons encore tant de choses à accomplir, tant de rêves à réaliser. Et nous ne pouvons le faire qu'en avançant.
Cassandre la regarda, les larmes aux yeux, puis hocha lentement la tête.
— D'accord. Je vais essayer, murmura-t-elle, sa voix tremblante.
Clémence sourit, sentit un poids énorme se lever de ses épaules.
— Merci.
Au même instant, des fourmillements emplirent les sens de l'étudiante, lui indiquant au passage que Papillon et Mayura étaient rentrés chez eux.
Clémence étreignit son alter-ego avec tristesse. Cette dernière lui murmura à l'oreille :
— Merci, Clémence. Sois forte.
Avant de disparaître.
Le chagrin avala Clémence à la manière d'une bourrasque. Elle soupira . Rencontrer cette partie d'elle si mélancolique ne lui avait pas fait beaucoup de bien...
Mais au même moment, un bruit retentit dans les escaliers du bas. Eya et Julien arrivèrent en courant, essoufflés.
— Vite, Clem ! paniqua Julien. Mme Colombet arrive !
Oh là là !
Clémence remit la cape sur sa tête, et s'engouffra dans un couloir opposé. Deux minutes plus tard, le trio s'effondrait sur une pelouse cachée des regards curieux.
— Plus jamais ça, grommela Julien en s'affalant dans l'herbe.
Clémence et Eya s'assirent en souriant.
— Si il n'y a plus personne, il va être temps que je rentre, fit remarquer l'étudiante. J'ai remis le temps en ordre quand je suis partie de Quimper : mes profs doivent être dans tout leurs états... Mais j'arrangerai tout ça sur place.
— C'était une belle aventure, rit Eya. Je suis ravie d'avoir pu y participer. Mais, Clémence, essaie de ne pas exploser le 4ème mur tous les deux jours, d'accord ? Parce que c'est du boulot, de tout réparer !
— J'essaierai ! plaisanta Clémence. Mais je ne maîtrise pas mon Inspiration...
— Je suis bien placée pour le savoir.
Le cœur de Clémence tomba comme une pierre dans sa poitrine.
— Tu dois repartir, c'est ça ?
— Ce serait bien, remarqua Eya. Mais sois sans crainte, Clémence, nous nous reverrons. Dans tes pensées...
Une larme roula sur la joue de la jeune fille, et elle aurait juré d'en voir briller dans les yeux de son meilleur ami.
— Alors... vas-y, Eya. Où que ce soit... vas-y.
— Merci, Clémence. Aie confiance en toi, ne l'oublie pas...
Eya étreignit Clémence et Julien, et s'effaça peu à peu. Quelques secondes plus tard, les deux amis d'enfance échangeaient seuls l'étreinte.
— Moi aussi, il est temps que j'y aille, fit remarquer Clémence tristement. Mais... on se voit pendant les vacances, n'est-ce pas ?
— Bien sûr.
Clémence se leva, et se dirigea vers le portail, lorsqu'un appel de son ami la fit se retourner.
— Clémence, attends !
Julien se leva et courut jusqu'à elle, la regarda droit dans les yeux.
— Clémence, je voulais te dire quelque chose avant que tu partes. Tu sais, ça fait dix-sept ans qu'on se connaît, et j'ai vu chaque étape de ton évolution. Tu es passée de cette petite fille rêveuse à une jeune femme déterminée et courageuse. Tu as toujours su trouver la force en toi pour surmonter les obstacles, même quand tout semblait perdu.
Il prit une profonde inspiration, cherchant les mots justes.
— Tu as changé, Clémence, mais en même temps, tu es restée la même. Ton cœur est toujours aussi grand, ta passion toujours aussi vive. Tu as cette lumière en toi qui ne s'éteint jamais, même dans les moments les plus sombres. Et c'est cette lumière qui m'a toujours guidé, qui m'a toujours inspiré. Tu n'es plus cette petite fille perdue et apeurée, tu es une formidable étudiante, dont l'inspiration explose le quatrième mur... alors...
Julien sourit, les yeux brillants d'émotion.
— Alors, peu importe où la vie nous mène, sache que je serai toujours là pour toi. Parce que tu es ma meilleure amie. Et que je suis tellement fier de la personne que tu es devenue.
Clémence sentit les larmes monter, touchée par les mots de son ami.
— Merci, Julien. Tu ne sais pas à quel point ça compte pour moi.
Ils échangèrent une dernière étreinte, puis Clémence se dirigea vers le portail, les mots de son ami résonnant encore dans sa tête. Elle avait bien grandi durant cette aventure, et elle comprenait, maintenant que, peu importe combien de temps elle mettrait à trouver sa place, elle en avait une bien précise dans ce monde.
À ta manière, toi aussi, tu es une héroïne, lui murmura le vent.
Elle atteignit la gare dans la lumière du soleil couchant.
Elle retournait dans cet ailleurs.
Là où sa vie continuait à s'écrire.
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6183 mots.
C'est officiel, je n'ai jamais écrit quelque chose d'aussi long. Mais c'était... incroyable à écrire. Vraiment. C'était super amusant, d'autant que l'idée m'est vraiment venue en fixant la fenêtre pendant mon cours de philo...
C'était amusant... c'était bien difficile, aussi, parce qu'il fallait tout mettre en lien, tout expliquer, ne jamais faire de faux raccords... (J'espère qu'il n'y en a pas trop...)
Il y a tellement de choses qui se sont passées pour moi, depuis que, le 27 Septembre 2021, je me suis lancée sur Wattpad.. Je ne suis pas une écrivaine très connue, c'est même un euphémisme, mais je suis contente que mon imagination en fasse rêver certains...
Il y a bien des personnes à qui j'aimerai dédier ce petit OS. À mon cher @JUJULG2007, bien sûr, tout autant qu' à @jeannefostergoriot, sans qui..bah je n'aurais jamais atterri ici. Pour les deux inspirations de Mahelya Lizaï, toujours. Pour toutes les personnes qui m'ont inspirée dans le passé, et pour qui je ne pourrais pas écrire quelque chose...
Enfin... J'espère que ce petit OS vous aura plus, que ce n'était pas trop le bazar...
Bises,
Renars
Voici Eya, à peu près telle que je l'ai imaginée ^^
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