Texte pour le concours de TristanHG
Je dédie ce texte à Yasmine171819, la juge qui m'a été attribuée pour ce concours de TristanHG 😊, en espérant que mon travail lui plaira 🙄.
Le 3 février, en l'An de Grâce 1049, quelque part en Sicile.
Cher Marc,
J'ignore si ces quelques mots réussiront à t'atteindre, mais sache que mes pensées dévouées sont toutes entières tournées vers toi. Le temps m'est très certainement compté tandis que je rédige les phrases que tu lis à présent... C'est pour cela qu'en cet instant, je viens me réfugier dans le tendre souvenir de ton si doux visage. Ici, le froid glacial remontant des flots et me saisissant, ne saurait que me faire regretter le temps de nos étreintes brûlantes dans les nuits étoilées du ciel normand.
J'aurai dû t'écouter lorsque tu m'avais mis en garde à mon départ de Dieppe. Toute idée de gloire a depuis longtemps disparu. Tant de mes compagnons d'infortune sont tombés face aux innombrables flèches des Sarrasins, que je me perdrai bien vite si je me tentais à en tenir le décompte.
Je t'avais quitté en toute hâte, dérobant au palefrenier de notre village sa plus belle monture, le cheval dont tu m'avais tant et tant vanté les mérites et la beauté. A ce sujet, je ne pourrai que te donner raison, ce destrier a su me porter par-delà les limites de notre duché, sur des terres m'étant totalement inconnues. Suivant les promesses de terres n'attendant qu'à être conquises, je m'étais élancé à l'assaut de pics abruptes à la hauteur telle, que le donjon surplombant notre campagne se verrait réduit à un vulgaire moulin éprouvé.
Passées les murailles de pierre, j'étais finalement entré sur les terres si longtemps vantées par les marchands et voyageurs de passage par chez nous, L'Italie... Lorsque mon regard se posa sur les plaines et vignes luxuriantes, s'étendant à perte de vue sous l'ombre protectrice du Vésuve, j'avais vu notre rêve se réaliser... Un petit domaine, avec vue sur les eaux turquoises de la mer Méditerranée, quelques hectares de terres pour élever des chevaux, un petit écrin de paradis là où personne n'aurait pu déranger notre quiétude.
Je m'étais alors aussitôt mis au service d'un commandant de chez nous, un certain Robert, ce dernier m'acceptant au sein de son armée de gaillards, presque tous originaires de notre lointaine Normandie. Equipé d'une cotte de maille et d'une épée, j'entendais déjà les chansons vantant mes exploits, comme les troubadours et les trouvères contant les prouesses des héros de notre enfance. Seulement, la guerre n'a, en réalité, rien d'une folle et glorieuse aventure...
Marc... Je ne me rappelle pas t'avoir déjà raconté la première fois que j'ôta la vie à un ennemi. C'était après une énième marche en territoire hostile, où nous nous étions finalement vus barrer la route par une troupe de locaux, renforcés de mercenaires Berbères venus de terres par-delà les flots, sur un continent prénommé « Afrique ». Malgré notre infériorité numérique écrasante, notre commandant nous avait jeté, nous les novices, en première ligne dans le tumulte et le chaos du champ de bataille. Elancé au grand galop sur mon destrier, je n'avais guère eu le temps de brandir ma lance que Chios, un ami grec rencontré à Tarente, s'était vu transpercé d'un trait acéré en pleine gorge, chutant de sa monture à mon côté, dans un bruit atroce d'os brisés et de métal froissé. Dans la furie de la charge, je n'avais dû mon salut qu'à mon écu, parant d'innombrables flèches tombant des cieux telle une pluie torrentielle... Tentant tant bien que mal de me concentrer dans le chaos ambiant, j'avais alors traversé de part en part les rangs ennemis, avant qu'un guerrier ne se décide finalement à stopper ma folle course. Le colosse, dépassant aisément les 2 mètres, me faisait face, me soupesant de son regard dédaigneux. Inspirant profondément, j'ajustai la tenue de ma lance sous l'épaule, avant de voir l'extrémité de fer disparaitre dans le torse de mon adversaire, un liquide ocre venant immédiatement recouvrir ma cotte de maille et mon heaume, imprégnant mon visage d'une insupportable sensation poisseuse.
Si ce jour-là j'ai survécu, je n'ai, désormais, jamais plus souhaité devenir le plus grand des guerriers. Et pourtant, me voilà à présent encerclé, enfermé tel un rat en cage, dans un campement de fortune, assiégé depuis déjà des semaines durant, par une énième armée mauresque aux rangs s'étendant encore et toujours plus à perte de vue...
Les gardes sonnent déjà l'alarme, leurs cris se mêlant aux trompettes de nos ennemis dans une macabre symphonie. Mon heure est arrivée Marc... Je presserai ton souvenir contre mon cœur lorsque je chargerai, certain que, par-delà les armes, les pleurs et le sang, nous serons un jour à nouveau réunis...
Et surtout ne l'oublie jamais, si t'aimer est un péché, alors puis-je être éternellement damné.
Ton chevalier égaré,
Jean.
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