Dans un premier temps, pour bien comprendre mon propos, il convient de définir la notion de Panoptique.

Au commencement, le panoptique était un type d'architecture carcérale imaginé au XVIIIe siècle par les frères Bentham. L'objectif de cette architecture était de permettre aux gardiens de prison d'observer depuis sa tour tous les détenus en même temps sans que ces détenus ne puissent savoir s'ils étaient observés.

En gros, cela revient à avoir une coursive en arc de cercle avec un surveillant au centre.

Les détenus devaient se demander à chaque instant s'ils étaient observés ou pas et de ce fait, ils devaient adapter leur comportement en fonction. La surveillance ne devait pas venir des gardiens de la prison, mais elle devait être le résultat d'une auto régulation des détenus.

Bien que le modèle eux un succès mitigé, l'idée de panoptique fut repris par Michel Foucault dans les années 70. Le panoptique devait alors s'appliquer à toute la société, de l'école au monde du travail en passant par la caserne militaire. Le panoptique devient : « imposer une idée quelconque à une multiplicité humaine quelconque. »

Les récents attentats qui ont secoué la France et le reste du monde demande une réponse politique forte. La loi sur le renseignement fut la réponse aux attaques de janvier et l'état d'urgence est la réponse aux attaques de novembre. Force est de constater une augmentation de la réponse politique à chaque attentat.

Certes, il apparaît déjà que l'état d'urgence est utilisé pour d'autre chose que la lutte contre le terrorisme (interdiction de la vente d'alcool le soir dans le Nord et assignation à domicile d'écologiste), ce qui m'intéresse c'est la réponse qui sera apporté aux prochains attentats. Il est quasiment certain que la France et le monde vont vivre d'autres attentats dans les années qui suivent. À chaque nouveau massacre, la population demandera plus de sécurité et nos chers élus lui en donneront.

Ici intervient la notion de panoptique, pour moi la société que nous construisons actuellement ne pourra être que panoptique. Nous allons avoir besoin de la surveillance de l'état comme les enfants ont besoin de leurs parents pour être surveillé. Les bons citoyens ne verront pas le problème, il a cette maxime bien connue : « ce genre de mesure n'embête que les gens qui ont quelque chose à se reprocher. »

Oui mais quelle est la limite ? Aura-t-on le droit de critiquer le pouvoir en place ou ce genre de discours sera immédiatement considéré comme suspect ?

D'un point de vu technologique, la notion de panoptique est encore plus vertigineuse. Certes nos ordinateurs sont déjà largement écoutés par nos gouvernants et des agences gouvernementales de puissance étrangère, mais pour le moment cette écoute ne semble pas spécialement porté ses fruits, il y a trop de chose inutile à écouter...

Un jour prochain, les algorithmes laisseront la place à de véritable intelligence artificielle qui nous contrôleront.

Je pense aussi que les puces électroniques sous cutané (avec traqueur GPS évidemment) deviendront la norme prochainement. Le pire, c'est que je pense que ça ne sera pas une demande de l'état, mais une véritable demande des citoyens. Les parents demanderont à pouvoir traquer leur bout de choux avec ce genre de système pour éviter tout enlèvement ou fugue (en fait, ce genre de système existe déjà, les GPS dans les vêtements pour suivre ses bambins).

En fin de compte, je pense que pour avoir plus de sécurité, nous préférerons abandonner nos libertés. Certes ce n'est pas demain que nous nous implanterons des puces sous la peau, mais je pense que cela viendra petit à petit. Les personnes refusant d'être fiché seront considérés comme étant louche et après deux ou trois faits divers sanglants, tout le monde sera équipé. De là à ce que nous confions notre surveillance à des robots il n'y a qu'un pas (techniquement c'est presque au point d'ailleurs, certaine partie de la frontière entre la Corée du Sud et du Nord sont surveillés par des robots Samsung).

La question n'est pas de savoir si ceci est bien ou mal, la question n'est même pas de savoir si nous pouvons l'éviter. Je pense que le besoin de sécurité chez les humains est plus important que notre envie de liberté. Il nous est tellement insupportable de vivre dans un monde dangereux que nous faisons tout pour le rendre moins mortel. Bientôt, nous confierons nos vies à des machines incapables de mauvaises intentions juste pour se rassurer. Ce jour-là, nous entrerons dans l'étape ultime du Panoptique. Nous serons tous contrôlé à tout moment par les machines, mais tant mieux si on a rien à se reprocher...