L'autre jour, je regardais une émission à la télé. Il y avait une écrivaine qui venait présenter son livre. En fait, l'héroïne s'appelait comme elle (Émilie), elle avait écrit les même livres que l'auteur et elle rencontrait un homme de type pervers narcissique qui avait la particularité d'être impuissant.

Le problème c'est qu'en fait elle racontait sa propre histoire avec ce type qui est au passage un chroniqueur connu. Outre mon désintérêt total pour les histoires de cul de Saint Germain des Prés, une chose m'a fait bondir de mon canapé.

Bien que tout le monde sur le plateau savais de qui on parlait, cette auteure disait que c'était un roman et qu'elle avait pris des libertés avec son expérience.

D'un côté, elle appelait son personnage avec son prénom, elle décrivait des événements et des personnes réelles et d'un autre elle modelait la réalité pour livrer une sorte de récit bâtard entre la biographie et la fiction.

On appelle ça, l'autofiction !

Première remarque, si vous ne connaissez pas l'autofiction, ça craint. Une partie non négligeable de la production littéraire Française actuelle fait partie de ce genre-là. On peut aussi ajouter les témoignages écrit par des nègres, mais ceci n'est pas le sujet.

Deuxième remarque, je n'ai rien contre les autobiographies. J'ai été obligé de lire les confessions de Rousseau pour mon Bac de Français au siècle dernier. Je dois dire qu'un type qui abandonne tous ses enfants et ose écrire un traité sur l'éducation doit être un génie ou un joyeux ignorant... Mais là aussi ce n'est pas le sujet.

L'autofiction, c'est un peu comme les récits fantasmés des adolescentes qui rêvent de sortir avec leur star préférée, c'est de la merde. Je trouve qu'il y a quelque chose de réellement ridicule à s'inclure soit même dans une histoire. Certes, vous allez me dire que lorsque vous écrivez, vous mettez une part de vous dans vos personnages. Je répondrais OK. Mais sans déconner, avoir le même prénom que son personnage principal et décrire de manière romancé des événements réels et inventer des péripéties irréelles, je trouve que c'est de la manipulation pure et simple.

Je ne lis pas d'autofiction et je ne veux pas en lire. Les histoires de bobo parisien fils d'éditeur avec zéro degré d'imagination me font vomir. Idem, pour les histoires de gens qui règle leur compte avec leur père, leur mère ou même leur chien. Les psychothérapies, c'est mieux dans les fauteuils des psy et pas sur du bois mort !

Je l'ai déjà dit, mais je considère l'écriture, comme un moyen de s'évader et de changer le monde. Je ne pense pas que se regarder le nombril soit un bon moyen d'arriver à ces résultats. Certes vous pouvez avoir un style très bon, mais si l'imagination vous manque au point de romancer votre vie, je ne vois pas vraiment l'intérêt de vouloir être lu.

Si le personnage est l'écrivain, qui est le lecteur ? C'est une sorte de voyeur qui passe dans le coin et qui voit l'écrivain s'exhiber ? Les vies de ces gens là sont-elles vraiment passionnante au point d'en faire des romans ?

Et surtout, pourquoi a-t-on aussi peu d'autofiction chez les auteurs indépendants ? Je n'ai pas la réponse, mais seulement un début. Je pense que lorsqu'on veut écrire, c'est parce qu'on a besoin de créé quelque chose ou de transmettre son histoire (cas de l'autobiographie), mais en aucun cas, on commence à écrire avec l'idée d'offrir une vision tronquée de sa propre vie.

Mais peut-être que je me trompe...