Là, je vais quitter la définition générale et revenir sur ce qui moi m'a poussé à le faire (donc vous pouvez zapper cette partie et aller directement à la page suivante). Je pensais discuter du choix de l'édition ou de l'auto-édition, de la liberté, des droits... C'est un peu vaste. Au final, le seul exemple que je peux honnêtement donner, c'est le mien, parce que je n'ai tout simplement pas les billes pour couvrir tous les cas de figure.

Revenons donc en 2009 (ce qui ne me rajeunit pas) : j'ai terminé mon premier roman. Il m'a fallu deux ans pour venir à bout de ce gros bébé de 200 000 mots. On est loin de l'époque de Wattpad, c'est plutôt le temps des blogs et tenir un blog avec uniquement de la fiction, ça ne mène pas bien loin (ou c'est juste ce que j'avais mis dedans qui était nul, hein. Ça n'a rien d'impossible).

D'une manière générale, mon entourage est extrêmement hostile à ce que je mette mon roman sur internet, certain qu'on va me le voler. (comme si un éditeur fouillait le fond du web pour voler des œuvres alors qu'on en entasse des centaines dans sa boite aux lettres. Mais bon.). Je suis donc leurs conseils prudents et garde mon texte, je ne mets que le premier chapitre sur mon blog, resté parfaitement obscur. J'ai un premier bêta lecteur, membre de la même association d'écriture que moi, qui m'a fait ses retours tout du long et m'aide à corriger. Je n'ai plus qu'à revenir à mon texte, arranger tous les défauts que je peux arranger, et envoyer ça à des éditeurs.

Sauf que je n'y arrive pas. Franchir l'obstacle de l'Éditeur me semble bien trop haut, trop grand, trop dur. Il faudrait une histoire absolument parfaite, et je n'ai pas la moindre idée de la manière d'atteindre cet idéal que je suis incapable de concevoir. Je me mets à moi-même une pression d'enfer. Et puis, comme on m'a dit : "C'est un peu utopique d'espérer publier déjà son premier roman". Donc je repousse, je repousse, jusqu'en 2013 (oui, j'ai fait deux ans d'écriture, et quatre ans de rien. Une efficacité redoutable, donc. (en fait, j'ai écrit pendant cette période, mais très peu. L'idée étant globalement de tenter un deuxième roman meilleur que le premier, ce qui me bloquait tout aussi violemment que pour retravailler le premier)).

En fait, ce projet serait resté en train de dormir au fond de mon ordinateur jusqu'à la fin des temps si mon copain ne l'avait pas lu, décrété que c'était une super histoire, et qu'il était temps que je me bouge et que j'aille jusqu'au bout. Au final, c'est uniquement ça qui m'a tellement bloquée : je n'y croyais pas moi-même.

Donc retour à mon ordi (au milieu d'un boulot horriblement envahissant, pas franchement la meilleure période de ma vie), corrections en pagaille, mais finalement le roman n'est pas si nul que dans mon souvenir, il est même à peu près lisible. En 2014 (oui c'est long. Ou je suis lente. Ou les deux) je l'envoie à des personnes qui ont accepté de me servir d'autres bêta-lecteurs, pour vraiment avoir le meilleur manuscrit possible à envoyer aux éditeurs. Leur réaction est très positive, je me dis que cette fois c'est bon. Le temps des retours et d'encore des corrections, la version 3 est prête en décembre 2015. Et je l'envoie à tous les éditeurs faisant de la SF que je peux trouver. (ce qui est aussi très long. Il faut esquiver les maisons à compte d'auteur, trouver les petites maisons qui sont super mal référencées, etc...)

Je laisse un an aux éditeurs pour me répondre. Je reçois les premiers refus très vite, jamais expliqués (sauf ActuSF qui me dit que mon histoire est trop grosse). Les autres refus s'égrènent, rares. Deux m'ont orientée vers une maison d'édition à compte d'auteur, filiale de la leur. La plupart n'ont jamais répondu.

Du coup je me retrouve avec un roman que je trouve bien, que six personnes dont j'estime le goût de lecteur (enfin, je l'estime parce qu'on a le même, on va pas se mentir ^^) ont trouvé bon, aucune piste qui indiquerait ce qu'il faudrait y changer...

Et pendant cette année 2016, j'ai commencé à écrire sur des sites de partage de texte, comme Wattpad, fanfiction et fictionpress, avec là aussi de bons retours. Je me suis renseignée sur l'auto-édition. Et je me dis qu'après tout, pourquoi pas ? Je ne ferais sans doute pas des masses de vente, mais ce sera forcément mieux que de laisser le fichier au fond de mon ordinateur. Je reprends à nouveau tout le roman depuis le début et tente encore de l'améliorer. Non plus en imaginant un terrifiant éditeur érigé en juge suprême, mais juste des lecteurs, en pensant à ce qu'ils peuvent aimer ou non. Et tout de suite ça va vachement mieux. (Et je me suis décidée à acheter un logiciel de correction pour être plus efficace dans ma traque des fautes d'orthographe. J'ai choisi Antidote, que j'ai trouvé très bien, mais bien sûr il en existe d'autres, celui-ci est quand même assez cher !)

J'ai quand même des scrupules à vendre mon livre ainsi, sans qu'il soit validé par des professionnels. Comme si j'arnaquais mes futurs lecteurs... Je finis par me décider pour un prix de vente bas (2euros 99 l'ebook) et la publication gratuite sur Wattpad en parallèle. D'ailleurs, je pense que Wattpad peut justement être une bonne vitrine pour attirer les lecteurs. Et s'ils l'ont commencé et pensent que ça ne vaut pas le coup de payer, ils ne l'auraient de toute façon par davantage acheté juste en lisant le résumé. Je n'ai rien à perdre.

Bref, ce qu'il faut selon moi avoir avant de se lancer dans l'auto-édition :

- du soutien

- des bêtas lecteurs qui connaissent et apprécient le genre du roman

- de la patience (sans aller jusqu'à Werber qui a réécrit son roman une centaine de fois, c'est important de prendre le temps de bien revenir sur son texte).

Je ne vous donne pas ici des conseils sur les meilleurs trucs pour écrire vite et vendre beaucoup, comme vous le voyez je suis particulièrement nulle à ça. Je n'ai aucune idée du nombre de livres que je vais réussir à vendre. (en même temps, je n'ai pas vraiment de limite en deçà de laquelle je considérerais l'aventure comme un échec. Même si le nombre de ventes n'est pas important, si les commentaires des lecteurs sont bons, je considérerai que l'essentiel est fait. Sinon, ben... retour au boulot !)

J'ai publié ce livre en auto-édition en février 2017, et je publie ces lignes en septembre 2017. Entre les deux, il y a eu peu de ventes, et elles venaient essentiellement de proches qui voulaient me soutenir.

A ma connaissance, il n'y a à ce jour qu'une seule lectrice venue de Wattpad qui a acheté et lu l'ebook, l'adorable @genecra (oui, adorable. Non seulement elle l'a aimé, mais en plus elle vote sur toutes les pages de la version wattpad et me tanne pour que j'inscrire mon histoire à tous les concours et que je la fasse connaitre mieux que ça. <3 <3 <3).

Sur Wattpad justement, les vues se sont envolées cet été grâce à différents concours, et globalement j'ai des retours positifs. Ce qui ne se traduit pas en vente. Donc : soit les lecteurs estiment que c'est assez bien pour du gratuit, mais pas assez pour valoir le coup de payer, soit ils attendent d'avoir toute l'histoire pour juger, soit ils n'ont pas de kindle et ont renoncé face à l'enfer de télécharger sur d'autres plates-formes qu'Amazon. Je serai assez curieuse de le savoir, d'ailleurs.