J'emmerde la société
Oui, oui, tu as bien entendu petite merde de société, je t'emmerde.
Je l'emmerde car depuis notre naissance, on nous apprend et on nous montre les mêmes choses. Qu'un mec doit être viril, machiste, jouer au football, être fort en sport, aimer les voitures, être un coureur de jupons. Qu'une fille doit aimer le maquillage, avoir les cheveux longs, être féminine, être maigre.
Les filles doivent s'habiller dans des habits féminins sinon on les regarde mal, mais pas trop d'habits féminins non plus sinon ça fait pute. Une fille doit être sage, respecter les règles, avoir des bonnes notes, être plus mature que les garçons. Une fille, ça doit pas se battre, ça doit bien cuisiner, ça doit danser. Une fille, ça doit être maigre et avoir des formes.
Un garçon, ça doit avoir une grosse voix masculine et enchaîner les conquêtes. Un garçon, ça doit aimer le sport et être meilleur que les autres, ça doit gagner tous les matchs et être le meilleur au football. Un garçon, ça doit jouer aux jeux vidéos. Un garçon, ça doit être fort et ne jamais pleurer ni monter le moindre signe de faiblesse.
Si tu perds ta virginité et que t'es un mec, on te félicite et on te dis que t'a gérer avec des grands éclats de rire, on organise une fête. Mais si tu es une fille, tu deviens la risée des moqueries, on te traite de fille facile qui accepte de coucher avec n'importe qui et de pute.
Si un garçon a une voix ne serait-ce qu'un peu plus féminine que les autres, il se fait huer dans les couloirs, se fait insulter de pédé, de tapette, de pédale. Quand on se fait harceler, les harceleurs ne récupèrent jamais la monnaie de leur pièce, c'est toujours à l'harcelé de changer de collège tandis que les crétins s'en sortent avec quelques jours d'exclusion maximum. Quand on se fait violer, on te dis que t'avais qu'à pas t'habiller comme ça et qu'il fallait y penser avant, que c'est de ta faute si t'a subi ça.
Quand t'es homo, on te propose des plans à 3, tu as peur de te faire tabasser dans la rue comme d'autres gens comme toi, tu sais que tu peux te retrouver à la rue car tes parents ne t'auraient pas accepter. Quand t'es autiste, tu deviens la risée de ta classe, on te prend en vidéo pour te ridiculiser. Quand tu as des problèmes mentaux, tu n'oses pas en parler de peur que les autres te prennent pour un taré, parce que tellement de préjugés insensés tournent autour de ça. Alors tu essayes d'oublier, de te taire, de faire des blagues a propos de ça et d'en rigoler après, d'ignorer ce sentiment qui te tord les entrailles.
Personne ne prend conscience de la gravité des choses, des conséquences de leurs actions. Les gosses immatures de ma classe prennent en ridicule une femme violée et balancent des insultes homophobes toutes les deux minutes. Tout est tabou, je le vois bien dans mon entourage, on me regarde l'air gêné quand je veux aborder des sujets sérieux. Il faut informer et détruire les clichés, car ça ne se fera pas tout seul en un claquement de doigt. Ce n'est pas de notre faute si on est comme on est, mais on se fait blâmer, humilier et insulter tous les jours pour ça. Et pourquoi ? Juste parce qu'on ne rentre pas dans les cases que la société nous a imposer.
Lors de l'enfance, c'est le plus dur. Tu vois bien que tu es différent, que tu n'es pas comme les autres. Tu préfères jouer aux petites voitures pendant que les autres filles mettent de longues robes de princesse. Tu prend déjà au sérieux le réchauffement climatique, la maltraitance animale, les discriminations ainsi que d'autres sujets jugés plus matures à l'âge de 9 ans. A 12 ans, tu découvres que tu es profondément amoureuse de cette fille aux cheveux châtains, aux yeux noisettes et au sourire éclatant. Et la chute est brutale, d'un seul coup, on se retrouve perdu dans l'obscurité avec un brouillard de questions sans réponse et d'insécurités. Pourquoi moi ? Pourquoi suis-je comme ça ? Pourquoi je ressens ça ? Et tu commences à te haïr un peu plus chaque jour. Tu aimerais ressembler aux filles qu'on voit sur internet, à la coiffure soigneusement arrangée, au visage à la forme parfaite, au corps fin et idéal.
Vous élevez une génération de dépressifs, de jeunes qui ne se sentent pas bien dans leur corps, de jeunes qui se détestent, de jeunes qui s'ouvrent les veines et se mutilent à coups de ciseaux pour finir par avaler des médocs à 23 heure du soir en ayant le mince espoir de ne pas se réveiller le lendemain matin.
Ils nous disent de faire ci, de faire ça. Et bien je ne le ferai pas. Je ne suivrai pas le même chemin que vous, je ne suivrai pas aveuglément vos pas sous prétexte de devoir rentrer dans le moule. Je ne suivrai pas la majorité bien sagement sans me poser de questions. Je rejette ces foutus cases, ces clichés et stéréotypés. Ce n'est pas ma faute si je suis comme ça, je suis née ainsi, je ne me suis levée un matin sur un coup de tête en décidant d'être comme ça. Ça a été un long parcours d'acceptation qui a duré depuis ma naissance et qui dure encore aujourd'hui. N'écoutez pas les gens qui vous disent qui être ou quoi faire, ils ne sont pas dans votre cœur, dans votre tête, ils ne savent pas ce que vous ressentez. Parfois, il faut savoir dévier du chemin tracé depuis sa naissance pour s'accepter pleinement et vivre en paix avec soi-même.
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