Chapitre4
Toulaye
Ma tante est venue me chercher dès l'aube pour qu'on aille à son bulot. Je n'avais pas envie de bouger de mon lit mais têtue comme elle est, je n'avais plus le choix. Je me suis donc préparée tant bien que mal n'ayant pas la force pour soigner mon apparence.
Nous quittons le quartier pour aller vers le centre-ville. Je regarde le paysage défilé à travers les vitres du bus. Je n'ai vraiment pas envie de travailler, travailler pour qui ? Ma tante me fait signe de descendre parce qu'on est arrivé, je souffle et descends. Je suis ma tante sans rien dire de toute façon cela ne sert à rien. Nous entrons dans un building de vingt étages.
Moi : alors tata que dois-je faire dis-je en me tournant vers elle.
Elle : d'abord nous devons nous changer et ensuite nous attaquerons le nettoyage des bureaux et couloirs.
Je fais oui de la tête et nous prenons les escaliers. Une fois nous être changer, ma tante me dit qu'elle passe le ballet et moi je passe la serpière. Je mets mes écouteurs pour écouter ma musique tout en nettoyant.
Deux heures plus tard nous avons fini. Ma tante me dit de l'attendre le temps qu'elle aille parler à une des amies. Je dis oui et me laisse choir sur les chaises au niveau de l'accueil. Les premiers employés arrivent et peu à peu les couloirs deviennent bruyant. Je me demande ce que ma tante fabrique, moi j'ai besoin de retourner chez moi. Je n'arrive plus à rester dans un endroit rempli de personnes. Je me décide à aller chercher ma tante. Je me demande où est ce qu'elle se trouve. Je commence par le 1er étage, je fais le tour des bureaux un à un, je ne vois personne ; je fais le tour du 2ème idem. Je prends l'ascenseur et appuie sur le dernier étage, j'espère vraiment la retrouver parce que si je ne la retrouve pas je rentre. Arrivée au dernier, je sors et commence à regarder si je vais apercevoir celle que je cherche. Je demande à une jeune femme mais elle n'a même pas pris la peine de répondre, quel isolent !
Je continue mon chemin jusqu'au bout du couloir, j'ouvre la porte et entre. Je suis dans un bureau joliment décoré. Ça doit être le bureau du directeur, je m'apprête à sortir quand la porte s'ouvre en laissant entrer un homme élégamment habillé. J'ai l'impression qu'il ne m'a pas remarqué vu qu'il a les yeux rivés sur ses documents. Ah il me remarque enfin, putain je suis mal là.
Moi : excusez-moi, je vais vous laisser.
Lui : bonjour que faites-vous dans mon bureau dit-il en me regardant enfin.
Moi : euh... je cherche ma tante dis-je. Il rit doucement, j'ai l'impression qu'il se moque de moi. Je me renfrogne et lève les yeux au plafond signe de mon agacement. Il se reprend vite en gardant toujours ce sourire en coin, bon dieu diéppi na ko.
Lui : vous cherchez votre tante dans mon bureau mademoiselle...
Moi : Badji dis-je en le coupant.
Lui : et si vous me disiez ce que vous voulez vraiment dit-il en me contournant pour se mettre derrière son bureau.
Moi : oui je vous laisse, bonne journée dis-je en me retournant pour sortir. J'arrive devant la porte. Quand je tire sur la poignée de la porte, une main me retient par l'épaule. Je souffle et me retourne en sachant qu'il s'agit du monsieur derrière moi.
Moi : lâcher-moi dis-je en me retournant pour lui faire face. Dégagez votre main de mon épaule.
Lui : désolée mais je veux juste parler dit-il en s'éloignant de moi.
Moi : je n'ai pas envie de discuter monsieur alors au revoir dis-je en quittant la pièce. Je reçois à cet instant un appel de ma tante me disant qu'elle m'attend à l'accueil. Une fois arrivée à sa hauteur je lui emboîte le pas. Non mais qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir discuter avec moi. Une fois chez moi, je m'enferme dans ma chambre. Je n'ai plus goût à la vie. Je veux juste rejoindre mes parents. La porte de ma chambre s'ouvre et je pense savoir la personne qui vient d'entrer. Je ne me retourne pas et sens le matelas s'affaissé sous son poids.
Moi : tata si tu es là pour me demander de sortir de la chambre, je te demanderai de ne pas te fatiguer pace que c'est non
Ma tante ne dit rien et me caresse le dos. La personne se racle la gorge et me dit « non ce n'est pas ta tante mais ton amie Aicha ». Aicha non impossible, je me retourne et c'est bien elle. Elle a changé, elle est devenue plus belle mais depuis quand elle est au Sénégal. Je me jette dans ses bras et la serre fort dans mes bras.
Moi : Aicha depuis quand est-ce-que tu es rentrée ? dis-je les larmes aux yeux
Elle : depuis deux jours. Je suis venue te voir ça faisait longtemps. Dit-elle en se détachant de mon étreinte.
Moi : depuis cinq exactement. Et il s'est passé pleins de choses en cinq ans.
Elle : oui depuis le décès de ton père. Dit-moi, où est ta mort ? dit-elle en regardant de droite à gauche.
Moi : ma mère est morte il y a de cela un mois. Dis-je en pleurant. Elle me prend dans ses bras, je me déteste de toujours pleurer comme une madeleine, j'aimerai que cette douleur disparaisse, mais cela m'est impossible.
Elle : je suis désolée ma puce. Dit-elle en larme elle aussi.
Moi : ce n'est pas de ta faute et en plus cela fait partie de la vie. Et toi qu'est-ce que tu deviens dis-je pour changer de sujet.
Elle : j'ai fini mes études et je suis de retour définitivement au Sénégal, ah oui j'oubliais je suis mariée maintenant dit-elle en me montrant son annuaire. Je suis contente pour elle, elle au moins la vie lui sourit.
Moi : félicitations et qui est l'heureux élu dis-je pour en savoir un peu plus sur elle.
Elle : il s'appelle Ibrahima, nous avons fait nos études ensemble et maintenant nous sommes de retour au Sénégal dit-elle avec un sourire et des yeux brillants. Elle a l'air heureuse et je suis contente pour elle.
Moi : en tout en cas tu as l'air heureuse
Elle : oui je le suis, et toi dit-moi tout, tu as quand même dans quelqu'un dans ta vie dit-elle d'un coup surexcité, là je reconnais ma Aicha, cette fille qui croque la vie en pleine dent.
Moi : ah avec tout ce qui m'est tombé dessus je n'ai pas eu le temps d'avoir une vie sentimentale dis-je d'un coup triste.
Elle : ma chérie ne t'inquiète pas tout ira pour le mieux dit-elle en me prenant les mains.
Je doute que mes problèmes s'arrangeront un jour.
Moi : je l'espère dis-je tout bas.
Elle : chérie tu sais quoi et si tu venais habiter chez moi dit-elle en me prenant dans ses bras.
Moi : non je ne veux pas déranger et en plus je suis bien ici
Elle : il faut que tu quittes ce quartier, tu n'as plus rien qui te retiens ici dit-elle en regardant tout autour d'elle.
Je ne peux pas vivre au dépend de quelqu'un. J'aime mon indépendance et c'est non négociable que j'aille vivre chez elle.
Moi : Aiche c'est non, je ne vais pas venir vivre chez toi alors stp laisse tomber cette idée ridicule dis-je en me levant du lit.
Elle : mais réfléchie stp, tu sais que ce quartier n'est pas sécurisé alors viens habiter avec moi.
Moi : c'est non Aicha alors oublie dis-je en commençant sérieusement à m'énerver. Je trouverai un autre endroit où vivre mais pour l'instant je reste ici.
Elle : da nga degueur bopp (tu es têtue) dit-elle. Mais promet-moi de vite quitter ce quartier.
Moi : promis
Elle : je te laisse, je dois rentrer mais nous restons en contact, nous avons perdu assez de temps sans se voir.
Je la serre dans mes bras. Je raccompagne jusqu'à la porte et retourne à l'intérieur ma tante vient me voir pour me dire qu'elle viendra me chercher demain matin pour aller travailler, putain cette femme m'énerve.
Le lendemain matin je suis faite réveillée par ma tante, j'avais une de ses envies de péter un câble. Je n'avais pas d'autre choix que de me lever. Comme hier nous sommes au travail, nous nous sommes changées et avons commencé le nettoyage. Il ne reste qu'un seul bureau et je pourrais rentrer chez moi. Je commence à nettoyer quand le bruit de la porte me fait sursauter. Je me retourne et je vois le monsieur d'hier. Je lève les yeux au ciel parce qu'il commence déjà à m'agacer. Je fais celle qui ne l'a pas vu et je continue mon nettoyage mais monsieur ne l'entend pas de cet avis parce qu'il n'arrête de me fixer et de me lancer des regards qui en disent longs.
Moi : c'est quoi votre problème où j'ai quelque chose sur la figure dis-je en ayant les mains sur les hanches.
Lui : non au contraire vous êtes sublime dit-il en se levant pour se mettre en face de moi. Je lève les yeux au plafond encore une fois.
Moi : si c'est votre technique de drague alors revoyez vos cours dis-je un sourire en coin.
Lui : belle et drôle. Moi c'est Souleymane Sidibé dit-il en me tendant la main. J'hésite à la prendre mais fini finalement par l'accepter.
Moi : Ramatoulaye Badji mais Toulaye pour les intimes dis-je en reprenant ma main.
Lui : alors Rama je voulais discuter avec vous hier dit-il.
J'hausse un sourcil, qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir discuter avec moi. Sheu soff nen waye.
Moi : ce n'est pas ce qu'on est en train de faire là dis-je en reprenant mon nettoyage.
Lui : je vous invite à prendre un café dit-il finalement au bout de quelques minutes.
Moi : un café hum non merci je n'ai pas le temps pour un café dis-je sans me retourner.
Lui : allez juste un café rien de formel Rama, alors accepte stp dit-il
Moi : c'est non dis-je sortant du bureau.
Les jours qui ont suivi ont été les mêmes. J'arrivais au travail à la même heure, je finis toujours par le bureau de Souleymane, j'ai l'impression qu'il fait tout pour avoir une discussion avec moi. Il a tellement insisté que j'ai accepté de prendre un café avec lui. Nous devons nous voir à midi au café du coin. Je ne sais pas pourquoi mais je suis anxieuse, c'est mon premier rendez-vous depuis très oui très longtemps. J'attends Souleymane à l'accueil depuis une quinzaine de minutes ; la réceptionniste n'arrête pas de me jeter des coups d'œil je me demande louye problème mome (c'est quoi son problème). Heureusement que j'aperçois Souleymane dans son beau costume, il est quand même beau il faut me l'avouer. Il arrive à ma hauteur et je me lève pour lui faire la bise sous les yeux de la réceptionniste et j'ai pris un malin plaisir à appuyer mon bisou sur la joue de Souleymane.
Moi : prêt pour ce café dis-je
Lui : oui depuis que je te le demande dit-il en souriant de toutes ses dents.
Il me prend la main et nous sortons de l'immeuble. Nous entrons dans le café du coin et nous nous installons à la terrasse. Le serveur vient prendre nos commandes.
Moi : alors Souleymane tu avais dit un café et tu commandes à manger ko yabb ioe dis-je en rigolant.
Lui : c'était une façon de parler, j'ai faim pas toi dit-il avec un sourire en coin.
Moi : tu n'as pas tort alors tu es le DG de cette société tu es jeune quand même dis-je pour lancer la discussion. Aicha m'a conseillé de sortir de mon trou comme elle dit alors j'ai accepté.
Lui : oui je suis le DG, l'entreprise appartient à mon père qui est le PDG et j'ai 28ans dit-il.
Moi : ah...donc tu es un fils à papa dis-je en rigolant.
Lui : oui tu as devant toi un vrai fils à papa et toi Rama dit-moi pourquoi tu travailles comme une ménagère dans nos locaux. Tu m'as l'air d'être instruite et très intelligente mashaAllah alors je n'arrive pas à comprendre dit-il en fronçant des sourcils. Je lève les yeux au ciels signe que je commence à m'énerver, je n'aime plus parler de moi.
Moi : j'ai étudié jusqu'à obtenir mon BAC et par la suite j'ai eu des problèmes personnels dis-je vaguement.
Lui : je comprends, tu ne veux pas en parler et je respecte ton choix dit-il.
Heureusement que le serveur vient avec nos commandes. Nous mangeons dans une ambiance agréable et nous apprenons à nous connaître petit à petit. Souleymane est un homme très drôle sous ses airs de patron sérieux.
Lui : Rama cela fait maintenant un mois que l'on se connait toi et moi et je voudrais que tu saches que tu me plais énormément. J'ai dû insisté pendant un mois pour avoir droit à un café avec toi alors je veux te demander si tu accepteras de devenir ma copine dit-il à la fin de son monologue.
Je reste sans voix je ne m'attendais pas cela. A l'instant t de ma vie je ne veux pas me compliquer la vie avec quoi se soit surtout pas avec un homme.
Moi : Souleymane je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées, je n'ai pas le temps pour un homme dans ma vie. Ma vie est assez compliquée pour que j'en rajoute une couche dis-je.
Lui : Rama stp je ne te demande pas de me donner ton cœur seulement d'essayer de construire une relation avec toi dit-il en prenant mes mains et en me faisant des yeux de chiens battus.
Moi : Souley stop it dis-je. Tu essaies de m'amadouer là.
Lui : nope stp allez, accepte Rama, quand je te regarde mon cœur fait des triples sauts dit-il. J'éclate de rire et c'est bon de rire, cela faisait longtemps que je n'avais ris sincèrement.
Moi : tu peux te montrer persuasif quand tu veux, tes concurrents ont intérêt à bien se tenir dis-je.
Lui : je sais, je suis bon dans mon domaine et dans pleins d'autres dit-il en relevant un sourcil.
Moi : quel pervers dis-je, ok c'est d'accord mais dès que je ne sens pas bien dans cette relation je te quitte dis-je de tout mon sérieux.
Lui : tu fais de moi l'homme le plus heureux du monde, dit-il en m'embrassant la naissance de mes doigts. Je ris face à son humour, j'espère vraiment ne pas regretter ma décision.
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