Chapitre3
Toulaye
Thiey mane louma dal (qu'est-ce-qui m'arrive). Pourquoi a-t-il fallu que je pleure devant lui ? et en plus on s'est embrassé. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas embrassé de garçon depuis Cheikh Omar. Je me demande ce qu'il est devenu. Je prie intérieurement pour que personne ne m'est vu sortir de la chambre de monsieur le fils comme une voleuse. Il ne manquerait plus que je perde mon travail. J'arrive dans la cuisine et y trouve Fatou et Georges. J'ai besoin de boire un verre d'eau, j'ouvre le frigo et me serre un verre.
Fatou : wa diank fo marré (tu as soif), tu as duré dans la chambre de monsieur
Moi : ligguey bé beurri rekk (trop de travail). Je vais dans ma chambre.
Fatou : wa bakhna
J'ai besoin d'être seule pour me remettre les idées en place. J'ouvre la porte de ma chambre et me jette sur le lit. Je regarde le plafond sans vraiment le voir. Ma vie est vraiment compliquée. Avant j'étais heureuse même si nous n'avions rien. Dieu pourquoi a-t-il fallu que tu m'enlèves mon papa chéri ? une larme coule, une autre et encore une autre. J'ai besoin de pleurer pour oublier. La porte de ma chambre s'ouvre en laissant entrer la patronne. Je me relève d'un bond et essuie mes larmes du revers de ma main. Elle me regarde avec un air de dégoût, je baisse la tête pour ne pas voir le mépris qu'elle me porte. Je me racle la gorge et lui demande.
Moi : madame que puis-je faire pour vous ?
Elle : prendre vos affaires et quitter ma maison.
Je relève la tête en faisant celle qui n'a pas compris. Non elle ne peut pas me demander de partir comme ça j'ai besoin d'une explication.
Moi : excusez-moi madame mais je n'ai pas compris.
Elle : il n'y a rien à comprendre ; vous êtes renvoyé.
Moi : mais madame qu'est-ce que j'ai fait pour être renvoyer.
Elle : vous tournez autour de mon fils et vous pensez que je n'ai rien remarqué. Je vous avais prévenu mais malgré cela vous avez continué. Je vous laisse une demie heure pour débarrasser le plancher.
Elle sort de la chambre en me laissant seule. Non c'est impossible je ne peux pas perdre mon travail. J'éclate en sanglots pour la troisième fois de la journée à croire que je suis à fleur de peau. Comment vais-je faire maintenant pour payer le loyer, le traitement de ma mère et les factures. Quand est-ce que tout ceci se terminera. J'ai l'impression que le destin n'arrêtera donc jamais de se jouer de moi. Qu'ai-je fait pour mériter tous ces malheurs ? je me relève et essuie mes larmes parce que pleurer n'arrangerait rien à mes problèmes. Je sors mon petit sac et commence à ranger le peu de vêtements que je possède. La porte s'ouvre encore laissant entrer cette fois ci Fatou. Il ne manquerait plus qu'on la renvoie elle aussi. Elle s'approche de moi et me prends dans ses bras.
Elle : madame nous a prévenu, je suis désolée dit-elle en en resserrant son étreinte.
Moi : oui elle vient de me renvoyer parce qu'elle pense que je tourne autour de son fils. Tu y crois toi dis-je en me détachant d'elle.
Elle : non bien sûr que non mais depuis que monsieur est là il ne demande qu'après toi.
Je la regarde totalement incrédule. Mais moi je n'ai rien fait, ni rien demandé. C'est lui qui me demande, j'ai tout fait pour l'éviter. Madame se fait des idées sur moi. J'ai des choses plus importantes à penser que de tourner autour de son fils. Jamais l'idée ne m'a effleuré l'esprit.
Moi : je n'ai rien fait, c'est lui qui me demandait et j'ai tout fait pour daw ko(l'éviter) toi-même tu sais. De toute façon cela ne sert plus à rien, je quitte cette maison, je ne peux rien n'y faire.
Elle : je suis désolée pour toi et comment tu vas faire avec ta mère.
Moi : khana chercher un autre travail, dou yomb wayé dina ame (ce ne sera pas facile mais je trouverai)
Je finis de ranger mes affaires. Je sors avec mon petit sac pour aller chercher ma paye. Je trouve madame assise au salon. Je pose mon sac et lui demande mon argent. Elle me jette une enveloppe que je ramasse sans piper mot. Je vérifie et le compte est bon, je vais dire au revoir à Georges et aux autres. Quand j'arrive dans la cuisine Georges me prend dans ses bras.
Georges : ma petite tu vas nous manquer.
Moi : moi aussi vous allez me manquer. Dis-je en les regardants tous. Je me détache de lui et prends Ahmet et Bachir à tour de rôle dans mes bras. Je m'apprête à partir quand madame fait son entrée.
Madame : Ahmet tu peux vérifier son sac pour être sûr qu'elle n'a rien pris.
Je ne dis rien. Elle veut juste m'humilier et c'est réussi. Ahmet hésite à faire ce que madame demande. Je lui tends mon sac en lui disant de faire ce qu'on lui demande. Il ouvre mon sac et commence à déplier mes vêtements. Je n'ai rien mais je ne suis pas une voleuse. Ahmet n'a rien trouvé. Je ramasse mon sac et sors de cette maison où on vient de m'humilier. Je vais à l'arrêt du bus et m'assois. Je me demande si vraiment Dieu existe si oui alors où est-ce qu'il est en ce moment. Pourquoi laisse t'il les gens souffrir. Des questions auxquelles je n'auraient surement pas de réponses.
Je monte dans le bus comme une automate. J'arrive chez moi une heure après. Je salue nos voisins entre dans la chambre de ma mère. Elle est surprise de me voir. Je me couche auprès d'elle et elle me caresse les cheveux.
Elle : ma chérie lou khew (qu'est-ce qui se passe)
Moi : je me suis fait renvoyer maman dis-je en me relevant. Je n'ai pas envie de subir un interrogatoire, dès demain matin je commencerai à chercher un nouveau travail.
Le lendemain matin et les semaines qui ont suivi j'ai arpenté les rues de la ville à la recherche de travail. J'ai commencé d'abord par Fann résidences mais rien, ensuite sacré cœur Nothing et enfin les maristes nada. A croire que j'ai la poisse. Je ne peux pas rester sans travail sinon de quoi allons-nous vivre ma mère
Eclipse 2mois
Cela fait maintenant deux mois que j'ai perdu mon travail. J'ai beau cherché du travail mais rien. Mes problèmes ne font qu'augmenter ; la santé de ma mère se détériore de jour en jour. Je n'ai pratiquement plus d'argent sur moi, toutes mes économies sont passées dans l'achat de médicaments pour ma mère. Son médecin traitant me dit que le milieu dans lequel nous vivons n'est pas favorable à sa santé. Quand je la regarde j'ai envie de pleurer, de crier ; j'en veux tellement au monde.
Depuis maintenant deux jours ma mère ne va vraiment pas bien. J'ai peur, vraiment peur et pour la première fois depuis très longtemps j'ai prié. Oui j'ai demandé à Dieu de l'épargner, elle est tout ce qui me reste sur cette terre. Si je la perds, je ne sais pas ce que je vais devenir. Je suis au chevet de ma mère depuis maintenant une heure, ma mère dort, elle est tellement belle quand elle dort. La porte de sa chambre s'ouvre sur ma tante Binta. Elle s'approche de moi.
Moi : ma tante comment tu vas dis-je en la regardant
Elle : ma fille c'est à moi de te demander comment tu vas dit-elle en s'asseyant près de moi.
Moi : je vais bien mais pas ma mère dis-je en la regardant. Elle dort ma tante depuis maintenant une heure.
Elle : vas te reposer ma chérie, je prends le relai.
Moi : non je vais rester à ses côtés dis-je.
Elle : d'accord dit-elle en prenant place à mes côtés.
Nous restons ainsi sans parler pendant une heure. Je commence à avoir peur parce que ma mère ne réveille pas. Je m'approche d'elle, je mets ma main sur joue et elle est froide. Elle est froide non je ne veux pas m'imaginer le pire. Je me tourne vers ma tante et elle me prend dans ses bras.
Moi : ma tante dit-moi que ma mère va se réveiller dis-je en pleurant.
Elle : je suis désolée ma fille mais ta mère nous a quitté.
Non mon dieu pourquoi ? une autre personne qui m'est chère vient de me quitter. Je pleure parce que j'ai mal, je pleure parce que je suis seule maintenant sans famille. Je suis orpheline.
Moi : ma tante pourquoi dieu m'enlève toutes les personnes auxquelles je tiens d'abord mon père et maintenant ma mère dis-je en pleurant toujours.
Elle : ne blasphème pas ma fille. Crois en dieu.
Moi : croire en dieu ma tante, il me laisse souffrir depuis maintenant cinq ans dis-je en détachant d'elle.
Ma mère est décédée il y'a un mois. Je suis maintenant seule. Depuis plus d'un mois je ne sors plus de la maison ; je n'en ai plus la force, tante Binta passe tous les jours pour me voir. Selon elle je dois me reprendre en main et chercher du travail. Cela ne sert plus à rien de trouver du travail parce que je veux rejoindre mes parents. Je veux me laisser mourir, ma tante vient d'entrer dans ma chambre à son habitude depuis maintenant une semaine.
Elle : Ramatoulaye lève-toi dit-elle en tirant sur les rideaux
Moi : non je n'en ai pas envie, je n'ai pas la force de me lever
Elle : il est temps de te reprendre en main ma fille. Je veux que demain que tu m'accompagnes à mon travail. Je t'ai trouvé une place.
Moi : non je n'ai pas de besoin d'argent alors pas besoin de travailler dis-je en me recouchant.
Elle : demain je viendrai te chercher pour qu'on y aille ensemble dit-elle en sortant de la chambre. Non elle est têtue quand elle le veut. Je souffle et me remets en position fœtale.
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