Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

le petit carnet bleu

"Bonjour, nous ne sommes pas encore ouverts." dis-je poliment en regardant ma montre, quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.

"Je cherche une certaine Madame Collins." réplique un homme aux cheveux bruns, en s'avançant sans quitter des yeux l'enveloppe marron qu'il tient entre ses deux grandes mains.

"Mademoiselle Collins." rectifiai-je sans relever l'absence d'un quelconque bonjour ou même d'une simple marque de politesse.

"Alors c'est pour vous," conclut-il froidement en me détaillant du regard, d'un air plutôt méfiant, "Mademoiselle Collins."

"Merci, qu'est-ce ?"

Je pris l'enveloppe qu'il me tendait sans quitter ses yeux verts du regard.

Cet homme n'avait rien d'un facteur, à moins qu'une veste de costume, portée sur une chemise blanche, ainsi que des bottines en cuirs ne soit le nouvel uniforme de travail de la poste. Il n'avait pas non plus de sacoche remplie de lettres.
C'est bien simple ; il n'avait rien.

"Les contrats." déclara le brun de sa voix grave.

"Les contrats ?" répétai-je méfiante, en relevant la tête vers lui après avoir examiné la lettre.

Il n'y a rien d'inscrit dessus.

Comment pouvait-il savoir à qui elle été destinée ?

J'ouvre tout de même l'enveloppe et regarde brièvement son contenu.

"Les contrats de vente." annonce-t-il en se déplaçant parmis les rayonnages.

"Comment vous approvoisionnez-vous en livres ?" me demande-t-il en regardant une étagère.

"De vente ?" répétai-je incrédule en fronçant les sourcils.

On dit "approvisionner", me dis-je mais je ne pris même pas la peine de le reprendre.

"Vous ne savez faire que répéter ce que je dis ou quoi ?" dit-il sèchement en se tournant brusquement vers moi pour me détailler du regard. "À moins que vous ne soyez pas Madame –ou Mademoiselle, peu importe - Collins, alors répondez à ma question."

"Je suis bien Mademoiselle Collins, mais vous, je ne sais toujours pas qui vous êtes et je n'ai promis de vente à personne." déclarai-je sur le même ton sec qu'il venait d'employer pour s'adresser à moi.

"Styles, PDG de l'entreprise « Book'S »." se présenta-t-il en me tendant sa main, visiblement irrité que je ne le connaisse – ou reconnaisse – pas.

"Ah oui, j'ai déjà rencontré votre assistante... Murielle ?" fis-je en ignorant sa main toujours tendue.

"Oui Murielle." répéta-t-il sans conviction en regardant sa main.

S'il est bien le « Styles » qui a donné son « 'S » à l'entreprise de distribution « Book », je suis sûre qu'il a autre chose à faire que de se souvenir du nom de toutes ses employées.

Book'S est une société qui vend des livres dans le monde entier et par conséquent, en tant que PDG de cette grosse société internationale, il ne doit pas se contenter d'une simple assistante pour s'occuper de tout. Si une personne me disait qu'il en possédait une vingtaine juste pour gérer la région je la croirais sur parole.

J'ai l'impression qu'après m'avoir dit son nom il s'attendait à ce que j'en sois toute patraque, retournée, mais ce n'est pas un homme au compte en banque à sept chiffres qui va m'impressionner. Je me fiche pas mal de son argent !

"Elle est venue deux ou trois fois dans le mois, et je lui ai toujours répondu que je n'étais pas intéressée." dis-je en lui tendant l'enveloppe pour qu'il la reprenne.

Au lieu de cela, il se contenta de fourrer sa main dans sa poche, se rendant enfin compte que je n'allais sûrement pas la lui serrer.

"Elle n'est venue que deux ou trois fois ?" s'inquiéta-t-il en essayant de garder son calme même si je suis sûre que le fait que j'ignore sa poignée de main l'irrite au plus haut point.

"Puisque je vous le dis," articulai-je en roulant des yeux discrètement. "Une fois la semaine dernière, d'ailleurs."

"Elle était censée revenir hier," se souffla-t-il à lui-même comme s'il était perdu dans ses propres pensés. "D'accord, réfléchissez-y, je n'abandonnerai pas tant que vous n'aurez pas signé." reprit-il avec le même ton froid et professionnel que tout à l'heure.

"Et moi tant que je serai vivante, vous ne transformerez pas ma librairie en un point-relais pour votre multinationale. Au revoir." déclarai-je en lui tendant avec insistance l'enveloppe.

Le brun se contenta de sortir son téléphone de la poche de sa veste noire pour composer un numéro en s'éloignant.

"Allô ?" l'entendis-je dire en poussant la porte. "Alban ? Oui, Styles à l'appareil. Dites à Murielle, secteur 5, qu'elle est virée."

Je restais donc là, derrière mon comptoir, l'enveloppe à la main, le regardant passer la porte sans un mot ni regard de sa part, chose qui ne m'étonna pas.

Pas "bonjour" pas "au revoir", voilà sans doute sa devise ?

Il n'avait pas l'air très content en repartant. Cet homme ne doit sans doute pas avoir l'habitude qu'on lui tienne tête de la sorte.

Une chose est sûre, il ne va pas lâcher l'affaire et moi non plus. Cette petite librairie est tout ce que j'ai ; mon appartement se situe juste au-dessus et les livres sont toute ma vie. Je n'y renoncerai pour rien au monde !

* * *

« Tiens ? Je n'avais encore jamais vu ce livre ici », me dis-je sortant d'une étagère un livre bleu foncé.

C'est vraiment bizarre car je suis seule à travailler ici et donc, par conséquent, la seule à ranger des ouvrages dans les rayonnages. Sur la couverture il n'y a pas de titre, ni d'auteur, ni d'éditeur. C'est d'ailleurs, c'est ce qui me pousse à l'ouvrir. Contre toute attente, les pages n'ont pas été imprimées, tout le texte a été écrit à la main. Je sais que je ne devrais pas lire son contenu, si cela se trouve, son propriétaire va venir chercher ce carnet et je ne crois pas qu'il (ou elle) apprécierait que je lise ses écrits. Mais c'est plus fort que moi.

La curiosité est plus forte que moi.

Cela ne ressemble pas réellement à une histoire. On dirait plutôt un carnet où quelqu'un écrit des critiques sur les livres qu'il (ou elle) a pu lire. En feuilletant rapidement, je remarque que certains titres me disent quelque chose alors que d'autres non. Il y a des classiques et d'autres ouvrages beaucoup moins connus. On y trouve aussi tous les genres – la science-fiction, les histoires d'amours, policier,... – et pour tous les âges.

« C'est quand même étrange que quelqu'un fasse cela », pensais-je.

C'est exactement ce que je fais pour ma boutique. Je n'ai pas un aussi beau carnet que celui-ci, mais je fais la même chose. Après tout, c'est l'avis qui compte et non le cahier dans lequel il est rédigé. Avec un peu de chance, personne ne viendra réclamer ce carnet et je pourrai le lire durant ma soirée, en attendant que son propriétaire revienne le chercher demain matin.

* * *

Ma soirée fut consacrée à lire les commentaires figurant dans ce cahier. Ils sont très bien construits et vraiment plaisants à lire. Certes, au premier regard, l'écriture très serrée laisse un peu à désirer, mais cela vaut le coup de prendre le temps de la déchiffrer.

En parlant de l'écriture, je ne l'avais encore jamais vue. Je suis même allée chercher dans les cahiers de commande de livres où mes clients peuvent me demander un ouvrage qu'ils souhaiteraient avoir, mais je n'ai rien trouvé. Je pense qu'il s'agit d'une personne physiquement très soignée, peut-être stricte avec elle-même et les autres, qui fait toujours tout au carré. Avec elle, chaque chose soit être parfaite sous peine de recommencer ; des pages ont été arrachées – toujours très proprement – afin de permettre à cette personne de recommencer sa critique. Les paragraphes sont uniformes et, même sans ligne, tout est bien écrit droit, aucune phrase ne se rapproche plus d'une autre et il ne me semble pas que des lignes aient été préalablement tracées puis effacées par la suite pour permettre une écriture rectiligne. Pour la question de l'âge ou du sexe, je n'en sais rien, même si je dois avouer que je penche plus pour quelqu'un de mon âge ou un peu plus vieux. La seule chose dont je suis vraiment sûre c'est qu'il (ou elle) est droitier ; le texte est écrit à l'encre et aucune bavure ne figure sur les pages.

* * *

Pour trouver son propriétaire, j'ai décidé de laisser le carnet sur le comptoir en espérant que quelqu'un viendra le récupérer.

Mon idée était pourtant très bien, mais à la fin de la journée, personne n'était venu pour le réclamer. Chou blanc, comme on dit. Peut-être fallait-il que j'aille le remettre à sa place dans les rayons ?

Cela pourrait marcher, mais j'aurais quand même voulu savoir qui tenait ce journal.

* * *

Le soir même, après la fermeture de la librairie, je décide donc de rédiger mon propre commentaire sur Aurore, un livre de Jean-Paul Enthoven, et le glisse dans le carnet avant de le remettre sur l'étagère. Je ne sais pas si mon avis sur ce livre va l'intéresser mais je peux toujours essayer.

Peut-être que cela le décidera à venir me voir ?

* * *

La journée suivante se passe plutôt bien, hormis le fait que je ne cesse de regarder l'étagère où se trouve le carnet.

Personne n'est encore venu le rechercher.

* * *

"Madame Flinn, je peux vous aider ?" proposai-je en remarquant qu'elle semble avoir du mal à attraper le livre qu'elle souhaite acheter.

"Merci ma petite." me répond gentiment la vieille femme en me désignant un livre à la couverture noire.

"Les Hauts de Hurlevent ? C'est un bon choix," dis-je en lisant le titre. "Cela doit faire le deuxième livre des sœurs Brontë que vous m'achetez, non ?"

"n réalité c'est le troisième... et je ne m'en lasserai sans doute jamais. Ces femmes avaient un réel talent..." réplique-t-elle en souriant.

Madame Flinn est très gentille et cultivée. Je crois qu'elle consacre sa retraite à ses petits-enfants, Victor et Marie, et à la lecture.

"Je vous l'encaisse tout de suite," affirmais-je en passant derrière le comptoir pour pouvoir taper le code dans l'ordinateur pendant qu'elle me tendait un billet. "Normalement je recevrai Misery dans une semaine et vous serez la première à l'avoir."

"Merci ma petite. Je te laisse ; je dois aller chercher Victor à l'école."

"Au revoir." répondis-je en lui souriant.

Une fois cela fait, elle range le livre dans son sac à main rouge et s'en va. Je retourne à mon rangement et, par simple curiosité, mon regard tombe sur l'étagère ou se trouve – ou plutôt se trouvait – le carnet.

Il n'y est plus.

Madame Flinn aura donc servi de diversion à l'inconnu.

Je regarde dans la salle et, à part deux collégiennes regardant des magazines, il n'y a plus personne.

* * *

"Monsieur ? Vous devez écrire votre nom et signer, s'il vous plaît." demandai-je.
Celui-ci me regarde intrigué et je lui désigne une feuille blanche, sans carreau.

"Certaines personnes se sont plaint."

"Je ne vois pas pourquoi elles iraient se plaindre. Moi je n'ai jamais eu de problème avec votre librairie !" affirme-t-il, presque choqué en se grattant la moustache.

Cela me gêne un peu de mentir car en réalité, ce n'est pas vrai.

Dans la nuit j'ai eu cette idée pour essayer de découvrir qui pouvait être cet inconnu, mais cela ne marche pas. Pour l'instant j'ai l'écriture d'une vingtaine de personne et toujours rien.

"Vous faites du bon travail. Du très bon même !" continua-t-il en prenant tout de même le stylo entre ses doigts.

Manque de chance, son écriture est loin d'être droite et propre, et, étant gaucher, il étale l'encre pas encore tout à fait sèche avec sa main. Pas de doute, il n'a pas l'habitude d'écrire avec un stylo plume !

Poser le carnet à la vue de tous ne marche pas. Surveiller le rayonnage où il se trouve ne marche pas non plus et ne parlons même pas de tester l'écriture des gens !

J'ai l'impression que je ne pourrai jamais savoir de qui il s'agit à moins que cette personne ne vienne me voir par elle-même.

* * *

Le lendemain, le carnet est de retour, avec un nouveau commentaire de livre. Cette fois, il est sur Boys Out ! un livre de Rawia Arroum, que je suis en train de lire. Cela veut donc dire qu'il m'a vu avec ce livre. Je prends le carnet avec moi, mais décide de ne pas le regarder avant d'avoir terminé ce livre pour pouvoir me forger ma propre opinion sur l'histoire.

* * *

Contrairement aux autres livres, l'inconnu ne pense pas du tout la même chose que moi, ce qui m'oblige donc de rédiger mon propre commentaire avant de reposer le carnet à sa place. À la fin de la page, je décide de lui demander qui il (ou elle) est. Je ne me fais pas d'illusion puisque je suis très bien consciente du fait que si cette personne a tenu à garder son identité secrète, elle ne va pas me donner son nom, son adresse, son âge ni, en prime, une photo d'elle, mais j'espère au moins obtenir son prénom ou juste savoir si c'est une fille ou un garçon. Je pense que je me sentirais plus à l'aise pour échanger avec elle. C'est toujours plus facile de savoir à qui on s'adresse.

* * *

Exceptionnellement, je laisse la librairie ouverte le dimanche – au plus grand bonheur de certains clients – pour laisser une chance au carnet de revenir. J'espère que ma question sur son identité n'a pas découragé la personne à venir le replacer, je commence à bien aimer cette discussion par écrit, même si nous ne parlons pas réellement. Le fait d'échanger avec quelqu'un sur des ouvrages littéraires me plaît.

* * *

Comme je m'y attendais, il n'a pas répondu clairement à ma question. Le texte est tout de même signé « H. ».

Harry, Hugo, Hugues ? Héloïse, Héléna ?

Il y a tellement de prénoms qui commencent par la lettre H. J'ai cherché sur Internet, il y en a 479, sans compter les prénoms composés ou un peu farfelus.

* * *

Nous échangeons pendant les deux semaines nos avis sur des livres même si je n'en apprends pas plus sur lui. C'est donc avec plaisir que j'ouvre le petit carnet pour découvrir quel livre « mon inconnu » (c'est comme cela que je l'ai appelé) a lu. La plupart du temps il pense la même chose que moi, mais quand il s'agit de livre d'amour, son avis est totalement à mon opposé. C'est aussi cela que j'aime car même si nos avis sont différents, il ne me juge jamais, ou en tout cas, je n'en ai jamais eu l'impression. Mes yeux parcourent la page quand ils se posent sur un mot mal orthographié. Bizarrement ce mot me dit quelque chose. Je cherche quelques minutes et tout me revient, comme un déclic...

C'est la première fois que je remarque une faute dans ses écrits. Cela me surprend de sa part. Il a écrit "approvoisionne" mais ce mot n'existe pas.

C'est alors que cela me rappelle quelque chose.

« Comment vous approvoisionnez-vous en livres ? » m'avait-il dit en regardant les étagères.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro