- Dis-moi que tu m’aimes, je t’en supplie. Dis-moi que tu m’aimes, murmure-t-elle, la voix brisée et les larmes aux yeux. Ne me laisse pas comme une idiote avant que je commence à regretter de m’être confessée. 

Face à mon silence, ses larmes redoublent en intensité et elle est incapable de dire quoique ce soit. J’entends sa respiration hachée et je peux presque entendre son coeur se briser. Je la regarde partir, incapable de dire quelque chose ou même de bouger. Je la regarde s’éloigner ; chaque pas qu’elle fait crée une fissure dans mon coeur. Quand elle disparaît de mon champ de vision, mes genoux se dérobent et je tombe par terre, les mains pressées contre ma poitrine, le coeur en miette. Je viens de briser le coeur de la fille la plus formidable que je connaisse, la plus incroyable et, surtout, la fille dont je suis amoureuse. Tout ça parce que j’ai peur de tout gâcher. J’ai peur de ruiner notre amitié. Les mains tremblantes, je sors mon téléphone de ma poche et appelle ma meilleure amie qui, merci au ciel, répond immédiatement. 

      - Allô ?

En entendant la voix de Larissa, je ne peux plus me retenir et j’éclate en sanglots. J’essaie de parler, mais je n’y arrive pas. 

     - Où es-tu ? ajoute-t-elle 

La gorge nouée, je peine à lui indiquer le parc de notre ville. Sans hésitation, elle me dit qu’elle arrive avant de raccrocher. Je reste immobile, la respiration coupée. Dix minutes après  notre appel, je vois la silhouette familière de Larissa s’avancer vers moi. En me voyant, elle court vers moi, s’accroupit et me serre contre elle. 

     - Respire Stella, respire, je t’en prie. 

Je ferme les yeux et me concentre sur les paroles de mon amie. Je finis par me calmer et je reprends mes esprits. Je me redresse et m’appuie contre le mur, à côté de Larissa. Elle me tient la main et me regarde tendrement. 

      - Et si tu m’expliquais ce qui s’est passé ? 
      - Elena m’aime, je murmure en essuyant mes larmes. Elle était devant moi, en larmes à me supplier de lui dire que je l’aime aussi. Mais je ne pouvais pas. J’ai tellement, tellement peur. Je veux dire, c’est ma meilleure amie et j’ai peur que ça gâche tout. 

Larissa se redresse et me fixe. J’ai même l’impression qu’elle va me gifler. 

     - Tu es une idiote Hale. Tu as passé des mois à me dire que tu étais amoureuse de Elena et maintenant que tu sais qu’elle partage tes sentiments, tu fuis ? Tu es complètement stupide et tu sais quoi ? Tu ne la mérites pas, pas avec cet état d’esprit. Alors, maintenant, écoute-moi attentivement. 

Mes joues sont sèches et je regarde Larissa. Je me souviens, il y a un mois, c’était moi qui la sermonnait et qui l’avait poussée à confesser ses sentiments à son actuel copain. Apparemment, c’est à elle de faire l'entremetteuse. 

    - Tu vas voir cette fille, t’excuser à genoux s’il le faut et lui ouvrir ton coeur. Tu vas ravaler ta peur, parce que tu sais quoi ? Tu ne vis qu’une fois ; ça serait trop bête que tu passes à côté de l’amour de ta vie sous prétexte que tu as peur. Oui, peut-être que tu vas souffrir, c’est même sûr, Mais c’est la vie et c’est comme ça que tu vas grandir, évoluer. Mais si ça fonctionne, la souffrance en vaudra la peine. Elle en vaut la peine. Et au fond de toi, tu le sais. Tu l’as toujours su. Alors, vas-y. Cours, vole, flotte, nage, je ne sais pas ! Mais fonce. Ou sinon… Ne fais rien et regarde-la être heureuse avec quelqu’un d’autre. 

Le coeur battant, je me lève d’un bond. Je ne dis rien à Larissa ; elle me comprend sans un mot. Elle sait. Je cours vers  elle, la fille que j’aime, ma meilleure amie, ma confidente, ma moitié, mon histoire heureuse, l’amour de ma vie. J’ignore combien de temps je cours, mais je ne m’arrête pas. Je ne m’arrêterai pas tant que je ne l’aurai pas vue. Je n’ai pas besoin de lui envoyer un message pour savoir où elle est. Pour une raison que j’ignore, je sais où elle est ; je la sens. Au parc où on s’est rencontrées. Je la vois, assise sur un banc, perdue dans ses pensées. Je m’approche d’elle, hypnotisée. Je  m’agenouille en face d’elle et attrape ses mains. Elle sursaute et me regarde. 

     - S-Stella, qu’est-ce que… ?
     - Elena, s’il te plaît, écoute-moi. Je sais que tu n’as aucune raison de le faire, mais je ne te demande que cinq minutes. Cinq minutes de ton temps et ensuite, tu décideras de la suite. Quelle que sera ta décision, je la respecterais. 
    - Okay, okay, je t’écoute alors. 
    - Tu sais, je lis beaucoup et je regarde des films et séries, j’ai été bercée par les clichés de comédies romantiques et il y a toujours un personnage qui dit “Je l’ai toujours su, j’ai toujours su que c’était toi”. Ca peut sonner niais, mais je comprends enfin ce que ça signifie. Depuis que j’ai posé les yeux sur toi, j’ai compris que tu étais celle qui m’était destinée, la fille qui changerait ma vie, ma moitié. La personne qui sera à mes côtés dans les bons, comme dans les mauvais moments, celle qui m’écoutera et me conseillera quand je serai dans le trouble, celle qui me câlinera et me réconfortera lors des nuits orageuses, la fille que je vais épouser, la mère de mes enfants. Je ne vais pas te promettre d’être la petite amie parfaite ou d’être à la hauteur, mais je te promets de faire de mon mieux, d’être honnête, de t’aimer, de te chérir, de te respecter, de t’écouter, de te faire confiance, de te rester fidèle et ce, jusqu’à ce que mon coeur arrête de battre. 

Je marque une pause et presse sa main contre ma poitrine pour qu’elle sente mon coeur battre. 

    - Tu entends ça ? Mon coeur qui bat ? Il ne bat que pour toi, il a enfin trouvé la raison pour laquelle il bat. Je sais pourquoi je suis née. Tu sais, il y a beaucoup de théories sur le bonheur, mais celle-ci est ma préférée. Il y est dit que quand tu découvres quel est ton rôle, quelle est ta place, tu trouves le vrai bonheur. Et tu me rends heureuse. Comme personne ne l’avait fait avant toi. Et quand on est ensemble, je me sens forte, je sais que tout est possible. Je sais que ma place est à tes côtés, à t'aimer et à te prouver mon amour. Je t'aime. Même plus que ça. Je suis amoureuse de toi. Si je n'ai pas tout gâché, je voudrai qu'on ait une chance toi et moi. 

J'essuie la larme qui a décidé de rouler sur ma joue et lâche les mains de Elena. Elle se lève et plonge ses yeux dans les miens. Sa main se lève et se pose délicatement sur ma joue. Je sens un frisson me parcourir et une onde de chaleur courir dans tout mon corps. 

    - Je… Tu… Je t'aime. Je t'aime de tout mon cœur, de toute mon âme. Bien sûr que je veux te laisser une chance. Nous laisser une chance. Je t'aime. 

Sans réfléchir, je prends son visage dans mes mains et je dépose mes lèvres contre les siennes. Mon cœur se met à battre plus vite mais en même temps, il semble trouver la stabilité qu'il lui manquait. Je crois que ça représente exactement l'effet que me fait Elena ; elle me calme et m'entraîne au-delà des limites. Je l'aime. Et c'est la seule chose dont je suis sûre. Je l'aime. Je pose mon front contre le sien et serre ses mains dans les miennes. 

    - Stella Beatrice Hale, je t'aime, murmure-t-elle. 
    - Elena Sophie Lorder, je t'aime, je réponds. 

Je ne regrette absolument pas de t'avoir couru derrière. Ça valait totalement la peine. Je t'aime et je suis enfin heureuse.