La Chasseuse de Clichés
Bonjour, bonsoir, comment vous allez ? On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau texte assez, voire très différent de ce que j'écris d'habitude. Je profite de mon temps libre pour écrire, lire et même dessiner un peu.
Je dois honnêtement dire que ces derniers temps sont assez stressants et il y a une personne qui m'aide à rester sereine, que ce soit par ses histoires (que je vous invite grandement à aller lire !) ou juste en lui parlant via Instagram ou par ses stories, mais c'est une écrivaine formidable et une personne très solaire et positive ; j'aime toujours lui parler >~<
J'espère que ça vous plaira~
***
Quelque part, au Pays des Clichés:
Un pied chaussé d'une basket colorée se pose sur le sol et elle fait basculer son poids sur cette jambe mise en avant ; une main dépasse du Mur des Lamentations des Héroïnes timides-mais-pas-trop qui tient une épée encrée. La jeune fille vérifie les alentours de peur de tomber nez-à-nez avec Marie-Antoinette, Patrick ou encore Julie. Mais celle que la jeune chasseuse redoute le plus, la pire des pires, le cauchemar vivant, le croque-mitaine du XIème siècle, celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Une fois qu'elle est sûre que la voie est libre, elle s'élance et se met à courir. Elle entend des bruits de pas arriver derrière elle ; elle fait une roulade et se cache derrière la salle de concert où Julie et Frédérique sont allées voir les One Direction. Elle ose un regard discret par-dessus son épaule avant de se plaquer contre le mur, les sens en alerte. Elle sait, elle le sent ; le très, trop fameux badboy est en train d'arriver avec sa veste en cuir, ses cheveux ébouriffés et son air de "je suis supérieur parce que je fume". La jeune fille plaque son corps contre le mur, le souffle court. Elle se prend à s'interroger ce qui avait bien pu la pousser à aller s'aventurer au Pays des Clichés, surtout que c'est la première fois qu'elle s'enfonce aussi loin. Elle porte la main à son cou et effleure le collier qui est accroché ; ça représente un cœur qui s'ouvre avec une date inscrite à l'intérieur : celle du 30 août 2015. Les yeux fermés, elle réfléchit au jour où sa vie a changé. Les cinq dernières années de sa vie passent en vitesse accélérée devant ses yeux et ses lèvres se soulèvent pour former un tendre sourire épanoui et satisfait. La chasseuse ouvre les paupières et sent son énergie revenir en bloc. S'armant de patience et de courage, notre héroïne se lance dans une course effrénée. Sur son chemin, elle croise un poney à moitié chauve, un arbre frappé par la foudre, mais elle ne s'y attarde pas, trop concentrée sur sa recherche. Elle est convaincue de l'utilité de sa mission et pour se faire, elle n'avait plus peur. Elle courait tellement vite qu'elle avait l'impression de voler ; elle était légère et forte, rien ne pourrait l'arrêter. Dans sa main droite, elle tient fermement son épée trempée dans l'encre et à l'aide de sa main gauche, elle se dégage un chemin à travers les brumes de l'illogique, de la facilité et de la déception.
Dans son esprit, il y avait des centaines images qui tourbillonnaient ; ses souvenirs flottent doucement et des films sur son avenir se déroulent.
- Où comptes-tu aller, jolie petite fille ? susurre une voix dans son dos.
Elle se plaque contre un mur et se tourne doucement vers la voix qui avait retenti. Sa main se resserre sur son épée et elle se penche pour voir un jeune homme très beau avec une veste en cuir ; Henry, l'ex-amoureux qui revient au pire moment. Elle recule, le cœur battant à toute rompe.
- Je sais que tu es là, murmure Henry d'une voix exagérément suave. Montre-toi petite fille.
La petite fille se lève et brandit son épée. Henry recule d'un pas, surpris avant de s'agenouiller devant elle.
- Je vous prie de m'excuser, Ô Grande Déesse Toute Puissante, je ne vous avais pas reconnue.
« Il... me connaît ? Comment ça se fait ? ». La jeune fille est perdue et lève son épée devant elle.
- Comment tu m'as appelée ?
- ''Grande Déesse Toute Puissante'', répète Henry.
- Pourquoi ?
- Vous... Vous ne connaissez pas votre réputation ici-bas ?
Elle hausse un sourcil, interloquée par les propos que ce gars pouvait bien lui sortir. Ses mains tremblaient tellement qu'elle manque de lâcher son arme.
- Je ne comprends pas un traître mot de ce que vous racontez ! finit-elle par hurler
- Ici, vous êtes une déesse. Tout le monde connaît votre nom et votre réputation. Vous êtes une légende. Ça fait des années qu'on attend que vous descendiez nous voir. Personne avant vous n'avait réussi à percer le secret qui entoure les clichés et ce pays avant vous. C'est un privilège de vous rencontrer en vrai et un immense honneur !
La chasseuse baisse son épée, le cœur battant trop vite faisant affluer le sang dans sa tête et brouille sa vision.
- Je vous prie, Mademoiselle Viviana, de venir voir notre Reine, ajoute Henry.
- Votre Reine ?
- Sa Majesté ! Suivez-moi, s'il vous plaît !
Devant tant d'insistance, la jeune Viviana suit le badboy deuxième génération qui semble tout content d'avoir rencontré son idole.
- Qu'est-ce que vous faites ici, Mademoiselle Viviana ? reprend Henry.
Elle bafouille quelques explications vagues, trop occupée à regarder autour d'elle, impressionnée de voir L'École des Clichés telle qu'elle l'avait imaginé ou encore la ruelle où l'héroïne manque de se faire violer et encore la grande maison de la Fête aux Gobelets Rouges. Elle rit en reconnaissant la Falaise du badboy et la Forêt des Footings. Cet endroit la ramène aux heures passées sur son livre dénonçant les clichés en tout genre et aux moments où elle s'imaginait cet endroit, assise devant son ordinateur qui débordait de documents remplis de clichés. C'était comme un rêve éveillé qui ne cessait de l'émerveiller à chaque seconde qui s'écoulait. Non, c'était encore mieux que dans tous ses rêves, même les plus fous, même ceux dont elle n'osait pas imaginer.
- Mademoiselle Viviana ? demande Henry
- J'arrive !
Je presse le pas pour le rejoindre en sautillant. Elle était sur son petit nuage, ravie d'avoir entrepris son voyage ; mais même si elle a hâte de voir cette fameuse Reine, elle continue de garder un œil pour sa quête. Son cœur bat de plus en plus vite à mesure qu'ils s'approchent du lieu de résidence de son Altesse Royale. Enfin, plutôt qu'au Palais auquel elle s'attendait, c'était plus une espèce de studio. Plus précisément, un studio de danse. Tous les membres de son corps commencent à trembler et elle se stoppe net, surprenant l'ex amoureux.
- Mademoiselle Viviana ?
- C'est... C'est un studio de danse ? murmure la chasseuse.
- Oui, c'est là que notre Reine passe le plus clair de son temps. Pourquoi, ça vous pose problème ?
- Du tout, allons-y.
Mais au fond d'elle, elle sait très bien qui est la Reine du Pays des Clichés. Henry frappe doucement à la porte et pousse la porte.
- Votre Majesté ? Altesse ? Vous êtes là ?
Viviana tremble de peur en entendant la voix étouffée et tremblante, brisée par les sanglots, de November.
- Qui... Qui va là ? Qui ose venir me troubler dans ma séance de lamentation hebdomadaire ?
- Votre Altesse, elle est là.
- Elle ?
Étonnement, sa voix semble plus ferme. Elle avance dans le studio et voit une fille allongée sur le sol, sa jambe attelée à la cheville est étendue devant elle. La chasseuse marche lentement, détaillant chaque aspect physique de cette fille qu'elle avait créé de toute pièce pendant des années. Après avoir passé tant de temps à l'imaginer, à la créer, à la faire évoluer dans son monde, la voir en vrai faisait très bizarre aux yeux de la jeune écrivaine, mais en même temps, ça lui fait très plaisir. Elle s'approche un peu plus et effleure la joue de November qui recule d'un bond, presque comme un animal sauvage qui craint le chasseur. Viviana s'accroupit devant la petite fille aux rêves brisés et tend sa main.
- Tu... Tu es vraiment la Reine de ce pays ? murmure la chasseuse.
- Je suis le personnage le plus cliché qui puisse exister, après tout, je suis tellement triste et brisée que ça en devient comique. Bien que je n'ai jamais compris cette phrase, ajoute November en fronçant les sourcils.
Quelqu'un frappe à la porte et une fille banalement belle entre. Viviana reconnaît l'héroïne belle et clichée, Marilyn.
- Je suis désolée de vous interrompre, Votre Majesté, mais on a besoin de Henry pour la prochaine scène clichée.
- Je dois m'en aller, au revoir Votre Majesté et ma Déesse.
Les deux clichés partent en se tenant la main. La chasseuse fronce les sourcils et se détourne vers November, qui lisse ses cheveux d'un air pensif, les yeux perdus et emplis de larmes. Viviana pose sa main sur l'épaule de la Reine.
- Viviana, pourquoi tu es là ? finit par demander November.
Elle s'assied par terre et croise ses jambes, les mains posées sur ses cuisses. Elle était tellement obnubilée par ce pays qu'elle a presque oublié ce qu'elle faisait ici.
- Eh bah, jusqu'à aujourd'hui, je n'avais pas besoin de venir ici pour écrire mes analyses, mais je n'avais plus d'inspiration.
Elle baisse les yeux sur ses mains ; quelque chose résonnait au fond d'elle parce qu'elle sait que ce n'est qu'une partie de la vérité.
- En fait, après avoir passé des années à lire, à analyser et à mettre en scène des clichés, je me demandais si au final, derrière tous ses clichés, tout de manque d'inspiration, peut-être qu'au fond, il existe un endroit, une zone où l'originalité existe.
November regarde la chasseuse d'un air triste.
- Tu sais, on n'a pas décidé de devenir des clichés, bien au contraire. Un jour, on nous a créé, une personne a eu une idée et on a atterri ici. Je ne sais pas si tu es au courant, mais avant cet endroit était le Pays de l'imagination et de la Créativité. Chaque auteur qui voulait créer un personnage ou une histoire se retrouvait ici.
Elle se lève et avance en boitant vers une barre de danse. Elle pose sa main dessus et la fait glisser tout le long de la poutre en bois. Elle soupire et se tourne vers la chasseuse.
- Ensuite, en arrivant ici, ils devaient traverser les contrées déjà établies par les précédents auteurs pour se trouver une nouvelle place pour planter leur nouvelle histoire. Malheureusement, certains sont trop feignants et ont décidé d'installer leur camp dans des lieux déjà pré-établis en changeant une ou deux choses. Petit-à-petit, ce Pays est devenu le Pays des Clichés. Et toi, Viviana, tu as mis le doigt sur le problème et le fondement de cet endroit. Tu as donné de l'espoir aux clichés d'ici, l'espoir qu'un jour, ils seront plus que des clichés. C'est pour ça que je suis la Reine parce que j'incarne ton changement.
Viviana se lève et regarde autour d'elle, perdue dans ses pensées. C'est vraiment son travail qui a créé ce monde ? Elle a du mal à y croire. Des tonnes de questions se pressent dans son cerveau et lui brûlent les lèvres. November se tourne vers l'écrivaine avec un sourire triste.
- C'est déjà trop tard pour les personnages déjà existant, mais grâce à toi, on a l'espoir et le rêve que les prochains écrivains iront plus loin qu'ici. Tu es notre sauveuse, notre héroïne.
- Votre Déesse, murmure Viviana qui commence à comprendre l'ampleur de son influence.
- C'est ça.
- Et maintenant ?
- Maintenant, tu vas retourner chez toi et tu vas continuer de parler de ce Pays pour qu'il retrouve son éclat et sa fonction d'antans.
November prend les mains de Viviana dans les siennes et les serre, les larmes aux yeux. Elle semble presque triste de savoir que sa créatrice va bientôt partir.
- Tu dois repartir et nous sauver, nous délivrer de cette boucle infinie et éternelle. Même si j'adorerais pouvoir te parler...
Une larme roule sur la joue du cliché, provoquant une goutte d'eau salée qui glisse sur celle de sa créatrice. Viviana pose sa main sur sa joue et sourit faiblement. November part et tire le rideau qui couvre la fenêtre.
- Maintenant que Henry est parti, je vais demander à un hologramme de te ramener, conclue November en agitant la main.
Tout ce qu'il y a autour de la chasseuse s'évapore et elle se retrouve au centre du Pays, juste à côté de l'École. Une personne s'approche d'elle et le coeur de la jeune fille s'emballe. Elle reconnaît sans aucun mal le garçon qui la fait rêver, voyager, aimer, se sentir mieux, apaisée, vivante. Celui qui l'a aidée quand elle était au fond sans même qu'il soit au courant. Les mains de l'écrivaine tremblent et ses genoux manquent de lâcher tellement elle est émue.
- Bonjour, Grande Déesse Toute Puissante, salue-t-il de sa voix suave.
- Je... Je vous prie, appelez-moi Viviana.
- Seulement si l'on peut se tutoyer.
- Cela me convient.
Le coréen sourit et prend la main de la franco-espagnole. Ils s'élancent sur la Route de l'Ecriture et Viviana ne retient pas ses mots, ce qui est plutôt rare pour elle, mais les mots coulent de sa bouche sans s'arrêter. Étonnement, Jimin est très calme et serein si bien que la conversation se fait naturellement, sans blanc, sans moment gênant. Tout était parfait, mais comme dans tout conte de fée, il faut bien que l'histoire s'achève, car en effet, ils arrivent devant le Portail qui relie les deux mondes. L'auteure pose la main sur l'épaule de son biais et regarde le Pays une toute dernière fois, s'imprégnant du monde qui l'entoure avant de faire une folie ; elle prend dans ses bras son idole et le serre dans ses bras. Sa chaleur l'envahit et l'apaise. Ils se séparent et Jimin la salue tandis que Viviana passe le portail, le coeur lourd et la tête pleine de souvenirs merveilleux et inoubliables.
*
Quelque part à Barcelone, une jeune fille se réveille en sursaut et ses yeux se posent sur l'écran de son ordinateur. Un document est ouvert sur sa nouvelle analyse de cliché. Ses lèvres s'étirent pour former un tendre sourire ; à ce moment précis, elle n'est pas en état de dire si c'était un rêve ou si elle avait réellement voyagé dans ce Pays, mais quoiqu'il en soit, elle a rencontré un de ses personnages en vrai et elle a pu parler avec Jimin. Elle sent une chaleur l'envelopper, en souvenir du câlin qu'ils ont partagé. Tout ça était trop vrai, trop détaillé pour que ce ne soit qu'un produit de son imagination. Elle sauvegarde son travail et ouvre une nouvelle page pour commencer un nouveau texte. La jeune écrivaine, enivrée par son voyage, commence à taper ses aventures sur cette feuille. Malgré l'heure tardive et qui continue d'avancer, elle continue de travailler, d'écrire, d'effacer des phrases, les réécrire, peaufiner encore et encore, recommencer, s'améliorer, apprendre, continuer. Elle écrit. Du début de la nuit jusqu'à la levée du soleil, fiévreuse, passionnée, amoureuse, vivante et même heureuse. Parce qu'elle sent une nouvelle étincelle jaillir en elle, une étincelle qui s'était éteinte à petit-à-petit pour revenir. Elle se sentait comme un phoenix qui renaît de ses cendres et elle se sent pleine d'énergie.
Ses doigts se pressent sur les touches, ses pensées se déversent, ses idées s'éclaircissent, son coeur s'apaise et une chaleur envahit son être. Elle respire longuement, satisfaite avec le devoir du sentiment accompli. Elle s'étire et ses yeux se posent sur une figurine Pop représentant Jimin. À sa simple vision, son organe vital s'emballe au tendre souvenir de sa brève rencontre avec ce coréen. L'écrivaine sourit et effleure le visage de son chanteur de BTS favori. Elle se lève et se dirige vers son lit ; au-dessus, des images se déploient, des dessins qu'elle a fait, des photos souvenirs de ses proches ce qui lui fait l'effet d'un immense câlin. Elle ferme les yeux, le sourire aux lèvres, pour se reposer enfin, après sa longue chasse qui, pourtant, ne fait que commencer.
L'écriture est un art complexe, qui se nourrit chaque jour, à force de travail et d'ambition. Nourrissez votre art à chacun de vos textes. Gardez foi en vos rêves et en votre talent.
***
Est-ce utile de préciser que ce texte est parti en cacahouète ? Je ne pense pas. En vrai, ce n'était pas du tout l'idée que j'avais de base, mais au final, je crois que je m'en sors avec un truc pas trop mal et j'en suis assez contente. Et j'espère bien évidemment que ça vous a plu et que vous allez tous et toutes bien !
See you soon (j'espère ;-;) ~
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