I wish I can stop loving you
Un mois, ça fait un putain de mois que je ne dors plus, que je ne mange plus, que je déprime. Un mois que tu as prononcé cette phrase maudite, un mois que tu as anéanti tous mes espoirs, un mois que tu as brisé mon cœur. Un mois et toujours la même douleur qui me vrille le cœur, qui me tord l'estomac, qui me donne des maux de tête. Un mois et rien n'a changé. Tout allait bien pourtant et il a fallu que je gâche tout... Il y a un mois, tout allait bien, nous étions inséparables, ensemble et parfaitement heureuses. Et j'ai été obligée de tout gâcher. Tant de temps, d'énergie gaspillés pour donner quoi au final? Rien, à part un cœur brisé et une amitié foutue en l'air. Elle est ma meilleure amie, ma confidente. Et je lui ai donné cette putain de lettre et la descente aux Enfers a commencé.
Le pire, c'est que je ne sais pas quoi faire. Nous avons décidé de rester amies et de voir ce que l'avenir nous réserve. À ce qu'on dit, le temps guérit tout. Foutaise. Plus le temps passe, plus je souffre, plus je regrette, plus je me hais. Parce que plus le temps passe, plus mes espoirs meurent. Parce que, au tout début, on a toujours l'espoir que ça change, mais plus le temps, plus on se rend compte que nos rêves restent des rêves. Je suis tellement contradictoire. Il n'y a que dans mes rêves que je suis avec elle, mais mes rêves me font souffrir, parce que je sais qu'ils ne resteront que dans ma tête. On dit que la pire chose qu'il existe, c'est le manque d'amour, la mort d'un amour. Je pense que le pire, c'est l'amour non-réciproque. Pour certains, le pire sentiment au monde, c'est d'être entouré et pourtant se sentir seul. Pour d'autres, c'est de ne pas savoir s'il faut attendre ou abandonner. Pour d'autres encore, c'est de faire tout ce qu'on pouvait mais que ça ne suffit pas. Je suis globalement assez d'accord, mais pour moi, le pire sentiment qu'il puisse exister, c'est l'espoir. Comme l'a si bien dit Friedrich Nietzsche: "L'espoir en réalité est le pire de tous les maux, parce qu'elle prolonge les tourments de l'homme''. Je suis sûre que beaucoup de personnes ne se sont jamais relevées d'un chagrin d'amour à cause de l'espoir. Et le pire, c'est que mes espoirs restent les mêmes. J'ai souvent envie de me frapper la tête jusqu'à ce que je tombe dans le coma. Comme ça, avec un peu de chance, quand je me réveillerai, j'aurais tout oublié. Je n'aime pas le matin. Enfin, dire que je n'aime pas est un euphémisme. Je sais que la plupart des gens ne l'aiment pas, mais moi je déteste ça. Parce que quand je me lève, pendant une seconde j'ai tout oublié. Ensuite tout me revient. La deuxième étape de la déception est lié à l'objet le plus utilisé par les adolescents: le téléphone portable. Très souvent, j'ai un message de ma meilleure amie, mais j'ai l'espoir d'avoir reçu un message d'elle. Mais la claque fait toujours aussi mal quand je me rends compte que, non, je n'ai pas de notifications. Le pire reste l'école. Aucune issue, aucun moyen de s'échapper. Je la vois, nous sommes dans la même classe, assises côte-à-côte et nous avons le même cercle d'amies. Combien de fois me suis-je demandée si je devais arrêter de la voir, arrêter d'être son amie? Trop souvent. En parlant de ça, je vais la voir. Dans le bus qui m'amène à l'école, je passe en revue tous les scénarios possibles et imaginables qui pourraient arriver aujourd'hui. Le bus s'arrête devant le bâtiment de pierre. Je me demande pourquoi les écoles ressemblent autant à des prisons. Bref, je viens de descendre et je me dirige vers l'entrée. Je me répète ma routine. Aller aux casiers, aller au secrétariat, vérifier le tableau d'affichage et aller en cours.
- Arwen!
Je me retourne en souriant. Ma meilleure amie me saute dessus en riant.
- Aiden! Je ne savais pas que tu prenais ce bus!
- Et bien oui! Comment ça va? demande-t-elle en se dirigeant vers les casiers.
- Assez bien, je réponds tout en sortant mes affaires. Et toi?
- Je vais bien.
Aiden referme son casier et vient vers moi. Elle s'appuie contre les casiers et me regarde de ses grands yeux bleus. Quand on regarde ses yeux, on a l'impression de s'y noyer. Ils sont justes superbes.
- J'ai l'impression que ça ne va pas, reprend Aiden. Tu sais que tu peux tout me dire.
Je dois admettre que Aiden a toujours été là pour moi. Je l'ai rencontrée cette année, mais elle est ma confidente et je suis la sienne. Elle me parle de sa copine, Chrystal qui habite dans un autre pays, je lui parle de Serena. Ce que j'adore avec elle, c'est qu'on peut rire, mais aussi être sérieuses. Une fois, on a parlé du festival de Noël et la seconde d'après, elle me racontait une de ses ruptures avec Chrystal. Je referme mon casier et me tourne vers elle.
- Je dois avouer que pour une fois, ça va mieux. J'ai pu dormir d'une traite.
Je tente un pâle sourire qui arrive à tromper les gens, mais Aiden me connaît trop bien. Elle plisse les yeux. J'ai l'impression qu'elle sonde mon âme.
- Tu t'es couchée à quelle heure?
- Je sais pas, vers deux heures du matin?
Aiden secoue la tête. Elle sait que je dors pas assez mais elle ne sait pas quoi faire pour m'aider. J'ai ma technique quand la discussion se tourne trop vers moi:
- Comment va Chrystal?
- Elle va bien.
J'adore le sourire que Aiden a quand elle parle à sa copine. Mon coeur fond quand je la vois sourire.
- Je n'ai pas envie d'aller en italien, marmonne Aiden.
- Tu crois que j'ai envie de faire de l'allemand?
On rigole. Je vois que Aiden veut me poser une question mais je ne la laisse pas faire.
- On se voit à la pause? je demande
- Bien sûr. À toute!
Je la regarde partir avant de me mettre en route. J'appréhende le cours d'allemand, je vais passer une heure et demie assise à côté d'elle. Devant la salle, je prends une grande inspiration avant d'entrer. Coraline est déjà installée. Je lui souris et la prends dans mes bras. Je m'assieds à ma place habituelle. Le pire, c'est que si je voulais, je pourrais changer de place, mais je crois que je n'en ai pas envie. Je sors mes affaires avant de me plonger dans la lecture de phrases allemandes que j'oublie dès qu'elles entrent dans ma tête. La porte s'ouvre et la plus belle fille entre. Elle a de longs cheveux brun clair qui tombent dans son dos, ses yeux sont d'une couleur étrange, un mélange de bleu et de vert. À chaque fois que je la vois, j'en ai le souffle coupé. Et la meilleure partie, son âme est aussi belle que son corps. Je serai capable de décrire toutes ses qualités, tous ses bons côtés, mais je serai incapable de citer ses défauts. Elle salue Coraline avant de se tourner vers moi. Sa beauté me frappe et je suis incapable de parler. Je n'ai qu'une envie, lui sauter dessus, la serrer très fort dans mes bras avant de l'embrasser. Mais je ne peux pas. Je me contente de lui sourire tandis qu'elle s'assied à côté de moi. Je lui offre un sourire crispé et elle me retourne le même sourire. Elle me regarde avant de dire:
- Ça va?
- Oui, ça va, et toi?
- Je vais bien
Je souris mais sans conviction. Le prof entre et Serena se désintéresse de moi. Je détourne le regard en priant pour que ces deux périodes passent vite et sans encombre.
***
Un mois plus tôt:
- Je suis prête, je peux le faire. Tout va bien se passer.
J'essaie de me persuader que tout ira bien. Ma lettre est écrite et dans son enveloppe. Je l'ai glissée dans un sac en plastique avec des écouteurs. Quand tout est prêt, j'envoie une photo à Aiden avec une légende: It's ready for tomorrow. Peu de temps après, Aiden me répond avec un message d'encouragement. Je suis toute fébrile. Je prépare mes affaires pour demain en n'oubliant pas le petit sac. Ensuite, je vais me coucher en me demandant comment je vais trouver le sommeil.
Le lendemain:
- Tu as dormi? demande Aiden
- Vaguement, je réponds. Je crois que j'ai somnolé un peu, mais je m'en souviens pas. Je crois.
- Tout va bien se passer.
Je prends une grande respiration. J'essaie de ne pas penser au petit sac qui attend dans mon casier. La journée passe à une vitesse. D'habitude, c'est la journée la plus longue, en plus la dernière avant le week-end ou les vacances. Mais là, pendant que j'oscillais entre ''J'espère que cette journée touche bientôt à sa fin'' et ''Putain, je veux que cette journée ne se termine jamais'', le destin s'est décidé pour le premier sentiment. Je passe aux casiers pour déposer mes affaires d'allemand et récupérer le sac. J'accompagne mes amies jusqu'à la gym. Ensuite, je repars. Avec une blessure, je suis dispensée de sport. Aujourd'hui, j'accompagne Serena, Aiden a italien et n'est pas dans le même bâtiment que nous. Serena me parle d'une histoire qu'elle écrit et que je lis. Je dois faire de gros efforts pour suivre ce qu'elle me dit. J'ai l'impression que mon coeur va exploser. Plus on se rapproche de la salle de gym, plus je stresse. À mi-chemin, Aiden apparaît. Je m'arrête en même temps que Serena. Je prends mon courage à deux mains avant de me tourner vers Serena.
- J'ai quelque chose pour toi, je dis avant de me dégonfler
Je lui donne le sac avec un petit sourire. Serena le prend et regarde dedans. Elle relève la tête et me regarde.
- Merci, mais en quel honneur?
- Je sais pas.
Aiden arrive vers nous. Je les salue avant de repartir dans l'autre sens. Je sors mes écouteurs et mon téléphone et lance de la musique. Je l'ai fait, j'ai réussi. Maintenant, commence le deuxième acte: l'attente. L'attente de la réaction de l'autre, l'attente qui va tout déterminer. Mais si pour le premier acte, j'étais metteuse en scène, actrice, scénariste... pour la deuxième, je ne suis que spectatrice, impuissante devant la scène qui est en préparation. Je ne peux qu'attendre le lever du rideau en retenant mon souffle. J'espère que la pièce sera à la hauteur de mes espérances. Attendre que l'actrice principale arrive et me murmure son texte.
Cette nuit là fut la plus longue et la plus douloureuse. Je m'endormais pour me réveiller presque aussi tôt. À chaque fois que j'ouvrais les yeux, je regardais mon téléphone dans l'espoir de voir un message, un message qui n'est jamais arrivé...
***
- Lea, j'ai quelque chose à te demander
Je regarde Cory essayer de draguer Lea. C'est un dragueur compulsif, un connard et une traînée. Il n'y a pas d'équivalent masculin pour ce mot, mais qui s'en inquiète ? Je sais que Lea est piquante avec ses mots, je sais qu'elle ne va pas l'épargner. Depuis le temps qu'elle attend de lui clouer le bec.
- Je t'écoute, répond Lea sûre d'elle
- Si tu fermes les yeux, qu'est-ce que tu vois ?
Je vois Lea sourire, je ne connais que trop bien ce sourire. Elle a trouvé la réplique qui tue.
- Je ne sais pas ce que je vois, mais je sais ce que je ne vois pas. Ta tête !
À ces mots, Lea se lève et part. J'étouffe un rire avant de partir. Puis je m'arrête en route. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer. Ça doit faire un mois que je n'ai pas ris. Un mois, je n'arrive pas à croire que ça fasse un mois. Je suis entre "déjà un mois" et "seulement un mois". Aiden arrive et me prend dans ses bras. Sans savoir pourquoi, j'éclate en sanglots.
- Ça fait un mois aujourd'hui. Un mois que j'ai ouvert mon cœur, et j'ai l'impression de mourir chaque jour un peu plus.
- Mais tu sais, il n'y a aucune douleur que le temps ne guérit pas.
- Connerie ! Plus le temps passe et plus je souffre. Tu sais, le lendemain de quand je lui ai donnée la lettre, elle m'a envoyé un message. Elle disait qu'elle ne s'y attendait pas, mais qu'elle n'allait pas me rejeter et qu'on pouvait faire un test.
Je dois reprendre ma respiration. Aiden ne dit rien, elle attend la fin de l'histoire pour parler.
- Et deux jours après, elle me dit qu'elle préfère qu'on reste amies. Et j'ai accepté. Mais là, je suis un peu perdue. Je veux rester amie avec elle, mais d'un autre côté non. Je souffre d'être avec elle, mais quand je ne suis pas avec elle, je souffre tout autant.
Mes sanglots redoublent d'intensité. Je n'ai jamais autant souffert dans ma vie. C'est la première fois que je tombe amoureuse d'une fille depuis que je suis sortie du placard. Je ferme les yeux et me remémore ce lundi maudit
***
Un mois plus tôt :
Ça fait dix minutes que nous sommes assises à une table à la cafétéria. J'ai vu Serena, on s'est dit bonjour et c'est tout. J'ai des feuilles devant moi, je crois que je dois faire des exercices de maths, je m'en souviens plus. Je suis encore plus stressée. Je me demande si Serena va me parler. Et si oui, que va-t-elle me dire ? Est-ce qu'elle va m'embrasser ? Trop de questions pour un lundi à 10h. Après encore cinq minutes de torture, Serena arrive vers moi. Je relève la tête. Elle semble mal à l'aise et cache ses mains dans son pull.
- Est-ce qu'on peut parler ? Dehors
Pour toute réponse, je me lève. C'est étrange, on n'est même pas sorties que j'ai compris. Je savais ce qu'elle allait me dire. Je sens mon cœur s'alourdir dans ma poitrine. Serena pose sa main sur mon épaule et une flamme d'espoir se rallume dans mon cœur. Peut-être que tout n'est pas perdu... Arrivées dehors, Serena se met en face de moi. Je me demande si elle a préparé ce qu'elle allait me dire.
- Déjà, ce que je voulais te dire, c'est merci pour ton cadeau. Ensuite, je dois dire que tu m'as prise par surprise. Je ne m'y attendais pas. Mais ta lettre m'a beaucoup touchée.
Je ressens cet élan d'espoir revenir, tous mes doutes se sont envolés, je le sais, je le sens. Je fais un demi sourire et attends qu'elle finisse.
- Je sais que tu es lesbienne et que tu t'assume, mais je ne suis pas comme toi. Désolée, je suis désolée, mais je t'aime beaucoup, mais comme une amie. Désolée.
J'ouvre la bouche avant de la refermer. J'ai l'impression qu'on vient de me planter un couteau dans le cœur. Je cligne plusieurs fois les yeux en regardant partout.
- Je comprends, je murmure.
- Ça va ? On dirait que tu vas pleurer. Ne pleure pas, s'il te plaît.
- Ça va, ça va.
Serena me sourit avant de retourner à l'intérieur. Je la suis, mais j'ai envie d'aller aux toilettes. J'y vais et ferme la porte. J'espère que personne ne va venir. Comme une conne, je n'ai pas pris mon téléphone, sinon j'aurai demandé à Aiden de venir. Je fais les cent pas tout en me remémorant ses paroles. Mais rien à faire, les larmes ne sortent pas. Du coup, je retourne vers les autres après avoir remis mon masque de bien-être. Faire semblant et s'accrocher, il ne reste que cinq périodes.
***
Je raconte tout ça à Aiden sans verser une larme.
- Et après ?
- Après ? Rien. Serena s'est éloignée de moi, ça fait un mois qu'on est entre "inconnues" et "connaissances". Dis-moi une chose ! Pourquoi je l'aime ? Pourquoi elle ? Je ne pouvais pas tomber sur une fille qui serait capable de m'aimer ? Pourquoi je l'aime ?je répète avant que ma voix se brise.
Aiden me prend dans ses bras et murmurant. Je m'écarte légèrement en essuyant mes larmes. Je respire profondément avant de dire:
- J'aimerai tellement arrêter de l'aimer. À quoi bon aimer quelqu'un qui nous aime pas ? Si je pouvais, j'éteindrais mes sentiments et j'irai de l'avant.
- Tu ne le ferais pas, murmure Aiden. Mais tu dois quand même le faire. C'est comme une cure.
- Je sais, mais je ne sais pas si j'en ai vraiment envie. Je l'aime, mais j'aimerai ne plus ressentir toutes ses émotions. J'aimerai juste être avec quelqu'un qui m'aime. Je veux trouver ma Chrystal, mais je ne veux que Serena.
La vie est quand même mal foutue. Pourquoi est-ce qu'on aime les personnes qui nous aiment pas ? Une coccinelle se pose sur ma main. Je formule un vœu avant de lui souffler dessus. Je la regarde s'envoler, je la regarde partir avec mon souhait: Je souhaite que je puisse arrêter de l'aimer...
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