Did you fall or did you let go?
Si je saute, si je meurs, est-ce que quelqu'un serait triste? Probablement pas, après tout, qui s'intéresse au pauvre petit Keith? Oh, non. La pauvre petite Kelly.
- Kelly! Mais ça ne va pas? Tu as perdu la tête? Rentre immédiatement!
Je tourne la tête et regarde ma mère. Je suis assis sur le rebord extérieur de ma fenêtre, une jambe tendue et l'autre repliée. J'ai failli ne pas réagir. Je réagis de moins en moins à mon prénom de naissance...
- Je ne compte pas rentrer m'man.
- Ma puce, s'il te plaît.
Personne n'utilise mon pronom ou mon prénom. Pourtant, elle ne voulait que des garçons. Elle a eu trois filles. 'fin, deux filles et moi, mais elle n'est pas contente. Je ne la comprends pas parfois...
- Kelly...
- Ne m'appelle pas comme ça! Tu sais très bien que je n'aime pas...
- Il est hors de question que je change ton prénom Kelly.
- Sors de ma chambre, s'il te plaît.
Quand la porte se referme, je regarde le vide. Est-ce que la chute serait mortelle si je vacillais? Si je tombais? Je ferme les yeux et appuie ma tête contre le mur. Trop de question pour mon cerveau. Je voudrais parler avec quelqu'un, mais qui? Mes parents? Hors de question. Mes sœurs? Trop jeunes. Mes ami.e.s? Ah oui, c'est vrai, j'en ai pas. J'avais oublié qu'être ''différent'' était une maladie. Apparemment, quand tu es ''différent'', les gens te tournent le dos. Déjà, quand tu n'es pas hétéro, c'est une horreur, mais quand tu n'es pas cisgenre, mais c'est l'enfer ! Donc, en temps que petite personne trans FtM et pan, je suis un extraterrestre. On me dit souvent que je suis né dans le "mauvais corps". Mais je ne pense pas. Je m'explique. Quand (je préfère dire quand que si), j'aurai toujours le même corps, juste modifié. Donc, selon moi, mon apparence n'est pas en accord avec la manière dont je me vois.
Tout ça, pour dire que je n'ai personne à qui me confier. Personne sur qui compter. Personne. Je suis seul, aussi seul que Michael dans sa salle de bains, aussi seul qu'un loup, aussi seul que le soleil. Bref, vous avez saisi l'idée.
Je me redresse et me pose sur mes pieds. Je monte sur la pointe de mes pieds et pose mes mains sur le rebord. Un mouvement, un simple mouvement est c'est fini. Un vacillement, un muscle qui tremble, une mauvais répartition de mon poids, une simple erreur est c'est fini. Je respire un grand coup et rentre dans ma chambre. Je me réfugie sous mes draps. Je me roule en boule et laisse les larmes couler. Je ne suis qu'un lâche, un sombre idiot qui n'a aucun cran. Je n'ai pas le courage de vivre, mais j'ai encore moins le courage pour mourir. Je ne suis rien, non, même pas. Un moins que rien, une personne qui n'existe pas, qui ne mérite même pas du respect, qui ne mérite même pas de vivre, qui ne mérite même pas de choisir mon prénom. Je suis une erreur, contre-nature. Bref, si on arrêtait l'auto-flagellation? Oh, laissez-moi reformuler, je vais arrêter de vous faire part de mon auto-flagellation, la garder dans ma tête.
***
J'ai toujours été casse-cou, à prendre des risques inutiles. Je grimpe aux arbres, je me balance, je saute, je marche sur le bord des murets, je m'assieds sur le haut des murs, mes jambes dans le vide. Je joue avec le feu? Non trésor, je suis aussi froid et dur que la glace. J'ai le côté tranchant de la glace, sa froideur est ce qui constitue mon âme, mon côté glacial entretient ma solitude et j'ai l'air solide, mais je suis facilement brisable.
Pendant la récré, je me suis hissé sur un mur et j'ai commencé à marcher. Arrivé au bout, je m'assieds en laissant mes jambes se balancer dans le vide. Je laisse mes pensées vagabonder. À propos de mes parents qui sont incapable de m'aimer tel que je suis. Je ne suis qu'un être humain, merde! Tout ce que j'ai fait, c'est sortir du placard, me montrer tel que je suis, ne plus me cacher. Mais c'est trop pour les pauvres petits cons. Perdu dans mes pensées, je commence à me balancer. J'étais tellement en train de me morfondre sur moi-même que je me sens tomber. Pas métaphoriquement, non. Non, je dis que je suis littéralement tombé du mur. Quand je me remets du choc, je sens une puissante douleur naître dans ma jambe.
- QUIZNACK! je hurle.
Avec deux petites sœurs, j'ai appris de nouvelles insultes pour qu'elles ne me comprennent pas. J'ai tellement l'habitude que maintenant, je balance ''quiznack'' à toutes les sauces. Un troupe de jeunes s'accumulent autour de moi. Je trouve ça plutôt triste quand on y pense. Tout le monde m'a toujours ignoré, et maintenant, toutes les personnes qui m'ont rabaissé, insulté, battu, sont au dessus de moi, inquiètes pour mon sort.
Plus tard, à l'hôpital, je regarde ma jambe plâtrée, pensif.
- Salut grand frère.
Surpris, je relève la tête. Rachel, la plus jeune de ma sœur, est devant moi. Elle entre et s'assied sur le bord de mon lit.
- Salut Rachel, merci.
- Pourquoi tu me remercies?
- Parce que tu as dit que j'étais ton frère, ça me touche.
Elle sourit et sort un stylo.
- Je peux?
- Bien sûr!
Je la regarde s'appliquer à écrire. Après quelques minutes, elle se redresse, toute fière.
- J'ai fini!
Je me redresse et regarde son oeuvre. ''Remets-toi vite mon grand frère! Je t'aime Keith! R ❣'' Les larmes aux yeux, je la remercie.
- Keith, je peux te poser une question?
- Je t'écoute.
- Keith, qu'est-ce qui s'est passé?
- Je suis tombé.
- Est-ce que tu es tombé ou est-ce que tu as laissé tomber?
Cette simple question me retourne. À vrai dire, j'en sais rien. Un peu des deux, je suppose.
- Pourquoi cette question?
- Je sais que ce n'est pas facile pour toi Keith.
Entendre Rachel utiliser mon prénom finit de m'achever. J'éclate en sanglots dans mon coussin.
- Honnêtement? Je pense que j'ai juste laissé tomber...
- C'est fini tout ça! Je suis là pour toi, Keith. Je t'en supplie, accroche-toi, d'accord?
- D'accord, je dis en mentant.
Je n'ai pas l'intention de m'accrocher.
- Promets-le moi, s'il te plaît.
Je déteste mentir, surtout à Rachel.
- Je vais faire de mon mieux, je promets.
C'est le mieux que je puisse faire. Mon combat est loin d'être fini, mais maintenant, je sais que j'ai une alliée. La boule au ventre, je m'endors.
***
Voilà, j'ai fini. Un texte un peu plus court que d'habitude. Je sais que je m'attaque à un gros morceau. J'espère que j'ai réussi à bien écrire. J'espère que ça vous a plu. En attendant, je vous dis à bientôt!
Oh, et j'ai semé quelques références à Be More Chill et à Dear Evan Hansen.
Bisous!
Emy 💋
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