Après être sorti du Klei's, David et Mick ont tenu à me raccompagner chez moi, en métro. Klei m'a dit qu'il rangerait ma moto dans son garage pour qu'elle soit ne soit pas victime d'un voleur ou d'un vandale et des ses bombes de peintures. Aucun des trois ne voulaient que je rentre en moto car, selon eux, "je ne suis pas en état". Si c'était quelqu'un d'autre, je l'aurais prise sans hésitations, quitte à rouler trop vite et me chopper un procès pour excès de vitesse.

Vingt minutes ce sont écoulées, depuis le message de gossipmystery et je n'ai toujours pas parlé, car, malgré que je ne l'admettrais pas à voix haute, je souffre. J'ai l'impression que mon cœur a été  vulgairement jeter dans un mixeur et qu'on a mis la machine en marche.

- Mo, dis quelque chose, parce que là, tu me fais flipper ! S'écrit David.

Je refuse de répondre mais il se met en travers de mon chemin et me bloque le passage avec sa bonne tête et demie de plus que moi. Je l'assassine du regard et je finis par capituler, devant un Mick, désemparé.

- Je n'arrive pas à le croire qu'elle se soit foutue de moi comme ça, finis-je par avouer. T'es content ? Maintenant, laisse-moi.

Seulement, il ne bouge toujours pas. Il croise les bras, et me bloque encore plus l'accès.

Il est sérieux ?

- Dav' bouge de là, m'énervé-je.

La colère s'empare de moi de plus en plus comme la bonne amie qu'elle a toujours été. Elle m'a fait défaut depuis que je suis arrivée à Liverpool, mais, elle a bizarrement décidé de se manifester maintenant.

- Non. 

- Dégage !

- Non.

Ma respiration s'accélère et mes poings se crispent. Cette vieille sensation qui m'a fait avoir beaucoup d'ennui et qui risque de m'en attirer à nouveau...

Non. Je dois me contrôler.

- David, laisse tomber, mon vieux.

- Non ! Je veux savoir ce qui s'est passé, rétorque-t-il sans me prêter la moindre attention. Je suis son meilleur ami !

- Mais, tu vois bien qu'elle ne veut pas en parler. 

- Oui mais...

- Non. 

Mick pose une main sur son épaule et l'écarte de mon chemin. Je suis bien tentée de m'enfuir et de les laisser tout les deux régler ça, mais je ne peux pas. Ce n'est pas à notre nounours de toujours devoir arranger les problèmes. A la moindre engueulade, il est toujours le médiateur entre David et moi. Et croyez-moi, on se dispute pas mal. Il essaie à chaque fois d'arranger les choses. David n'a pas répéter car il était bien trop occuper à "réviser" avec Jimmy ? C'est pas grave, il connait Yellow Submarine par cœur. Il sèche la répétition parce qu'il s'est fait coller la veille du concert ? Pas de soucis, on peut toujours se voir l'après-midi avant. 

-  Si elle veut en parler, elle le fera. Ne la force pas.

- Mais...

- Est-ce qu'elle te demande de parler de Charlie ? S'impatiente-t-il.

Mon meilleur ami se glace à l'attende de ce prénom. Charlie est son ex, son premier amour qui date du collège, avant que j'arrive ici. Charlie et David étaient fou l'un de l'autre. Leur histoire était digne d'un compte de fée. Les "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", comme dans les Disney ? Seulement, Charlie a eu une tumeur au cerveau. Il est mort six mois plus tard. Et David ne s'en est jamais remis. 

- Tu n'as pas le droit d'utiliser Charlie ! Hurle-t-il de douleur.

Comme je m'en doutais, il est au bord de l'implosion. Les larmes au bord des yeux. Mick doit s'en vouloir, mais il ne laisse rien paraître en surface. 

- Bien sûr que si. Qui te dis que ce n'est pas aussi douloureux pour Molly ? Rétorque-t-il.

Il faut que j'intervienne. Je n'ai pas envie de jouer au jeu de celui qui est le plus malheureux à gagner. Je n'ai pas connu Dav à l'époque où Charlie était encore là. Je ne peux pas comparer Cassie et Charlie. Comme je ne peux pas comparer Cassie à Cris, ma première copine, car ça n'a rien avoir. Chaque relation est unique, et ne peux pas se ressembler.

- Stop ! Les supplié-je. On arrête. Cassie n'est pas Charlie et je ne suis pas David. Ok, ça ne me fait pas du bien de savoir qu'elle m'a fait cocue pendant je-ne-sais combien de temps, mais tu n'as pas le droit de parler de Charlie, Mick. 

David continue de fixer le sol et se retient de ne pas craquer devant nous. Le pianiste lui, prend soudain compte de l'ampleur de ses paroles.

- Merde. Dav, je suis désolé...Je n'ai pas...

Il le stop d'une main et nous tourne le dos. Il doit sûrement avoir craquer. Je le connais trop bien pour ça.

- Non... C'est bon...Vous savez quoi ? Je crois que je vais vous laissez. J'ai...besoin d'être seul.

- David...

- Bonne soirée !

Il part et disparaît brusquement, nous laissant, Mick et moi, seuls.

- Mince...Je suis vraiment stupide, murmure nounours, sa voix écorchant le dernier mot.

C'est moi qui viens d'après que ma copine me trompe mais je dois réconforter les autres. La bonne blague...

Je m'avance vers lui et pose une main sur son épaule. Je le sens sursauter à mon contact.

- Hé...Ce n'est rien, tenté-je de le rassurer.

- Non ! Ce n'est pas rien. J'ai blessé David et...

- Tu as fait ça pour qu'il me laisse tranquille

Ça me fait plaisir qu'il prenne ma défense, je ne le cache pas. C'est mignon de le voir jouer les justiciers. Très mignon.

- Sauf que j'ai appuyé là où ça fait mal.

Il marque un point.

- D'accord. Tu as merdé. Mais ça partait d'une bonne intention.

Il ne dit rien. Il se tourne vers moi pour seule réponse. Il essaie d'afficher un air indifférent, mais ses yeux ne mentent pas. Il est à deux doigts de re-pleurer.

La larme qui coule sur sa joue me le prouve. Je déplace ma main sur sa joue et essuie la petite goutte. Il a l'air surpris, et, en toute honnêteté, je ne sais pas ce que je fous. En temps normal, j'aurais lancé une pique aux deux et c'est moi qui serait partie en leur criant de s'épargner leurs mains avant que David ne se lance sur notre doudou.

Que se passe-t-il ?

J'enlève ma main, gênée, et regarde la route. La nuit est tombée et il n'y a pas un chat dehors. Les gens doivent sûrement être dans les pubs à picoler et à écouter les chanteurs des open mike.  

- Voilà ce qu'on va faire. Je ne vais pas t'en vouloir. Tu vas arrêter de pleurer et tu viens dormir à la maison. Demain matin, on va à la cafét et tu présentes tes excuses à drama queen. 

- Mais... Demain on a cours...Et je dois prendre mes affaires...

- Mick ! Tu habites l'appart d'en-face !

Il se gratte la nuque et on se remet en marche. 

- Ma mère ne voudra jamais me laisser dormir avec une fille...

Les hétéros et leurs clichés... Sous prétexte qu'une fille et un garçon dorment dans la même chambre, ils vont d'office coucher ensemble. LOL

- Comme tu voudras.

Nous arrivons devant notre immeuble quelques minutes plus tard. Seuls cinq-six fenêtres sont encore éclairées par les lampes de chevet. Mon appart en fait parti.

- Merci, lâche-t-il après avoir gravi les trois étages qui nous séparent de chez nous.

- De quoi ?

- D'avoir été sympa ? Je sais pas... David est ton meilleur ami et j'ai crû que tu allais prendre sa défense en me virant du groupe...avoue-t-il.

- Quoi ? Non ! Dav' a fait le fouineur et tu l'as remis en place avant que j'en aie la possibilité. Je ne vous virerais jamais. 

Super. Maintenant, j'ai l'impression d'être une dictatrice qui fout la trouille à tout le monde comme les bonnes garces des lycées américains. Berk.

- Bonne nuit Molly

- Bonne nuit Mick