21
Je parcours l'immense parking à la recherche de l'entrée principale. Karl a dû me déposer plus loin pour éviter que je me fasse repérer. Je la retrouve après dix bonnes minutes. Il n'y a qu'une personne dans la file pour l'accueil. Je suis chanceuse. La dame devant moi part. J'avance et sors mon plus beau sourire à la dame d'accueil.
- Bonjour ! Je viens voir Mick Peanut.
Son visage se décompose en deux secondes. Elle m'a reconnu, bien entendu.
- Vous êtes... Votre mère... père... bégayer-t-elle.
- Je sais, merci. Il est dans quelle chambre ?
- Je... euh...
Son malaise est contagieux. Je me gratte la nuque. Le silence s'installe et se prolonge.
- Molly ! Tu es là !
Je me retourne et me retrouve face à Madame Peanut. Elle porte un jeans lilas et une chemise style pirate blanche. Ses cheveux sont tirés en chignon vite fait. Elle ne porte pas de maquillage mais elle est rayonnante.
Je la prends dans mes bras et m'autorise à pleurer un peu. Elle me caresse l'arrière du crâne comme le ferait ma mère si elle était là. Elle me sourit.
- Vous la... connaissez ? S'étonne la dame du guichet.
- Bien entendu. C'est la petite copine de mon fils.
Je souris à pleine dents. J'ignore si Mick voudra encore de moi après avoir appris pour moi et ma famille. Mais, je croisse les doigts.
Madame Peanut m'emmène avec elle vers l'ascenseur. Elle appuie sur un bouton et le silence se fait. Elle le brise en premier.
- Je suis au courant pour ta maman. Et je suis désolée.
Je ne réponds pas et fixe mes pieds. J'ignore comment elle va. Je ne sais même pas si ils l'ont transférés dans une "vraie prison". J'ai très peur pour elle et je prie pour qu'elle sorte le plus rapidement possible.
- Je sais qu'elle n'est pas coupable, m'avoue-t-elle.
Je relève ma tête, éberluée. Comment ça ?
- Mon mari a travaillé avec lui. Une ou deux fois. Il a surpris ton père au téléphone dans un bar. Il avait l'air très aggressif.
Je remarque qu'elle n'a pas utilisé le terme "violent" même si il doit probablement dû passer par son esprit.
- Il témoignera et moi aussi.
- Merci
Les portes s'ouvrent et on s'engouffre dans un long couloir. Madame Peanut tourne à gauche et me montre une porte du doigt.
- Il vient de sortir d'opération et il est sous morphine. Ne t'étonne pas si il est dans les vapes ou si il dort, me prévient-elle.
Je la remercie et entre. Les rideaux sont légèrement entre-ouverts. J'aperçois Mick, la tête tournée vers la fenêtre. Je m'avance vers lui et m'assieds sur la chaise vide à ses côtés.
Ses yeux sont clos et soulignés par de grands traits noirs. Sa poitrine est bandée sur vingt centimètres. Il est magnifique. Je lui prends la main et l'embrasse du bout des doigts.
- Je t'aime, Mick. Juste comme tu es, murmuré-je.
Je détourne le regard et fixe la porte. Je n'arrive pas à le regarder. C'est trop dur.
- J'aurais dû te dire tout ça bien avant. Dès le début, j'aurais dû te dire que je t'aimais mais j'avais la trouille, tu sais ? J'avais peur que tu sois comme mon père. Je ne voulais pas te laisser entrer dans mon cœur. Seulement, tu as réussi à y rentrer sans que j'en aille envie et... je suis très heureuse d'être tomber amoureuse de toi.
- Eh bin... Pour une dure à cuire, tu es assez fleure bleue, me taquine-t-il d'une voix rauque.
Je sursaute et Mick rigole.
- Si tu ne venais pas de te faire enlever les nichons, je t'aurais donné une tape sur le bras.
- C'est l'avantage d'être passée sur le billard.
Nous éclatons de rire tout les deux. J'adore cette sensation de bien-être qu'il me procure.
Il tapote une place sur son lit et je m'installe. Je tourne ma tête vers lui. Les yeux dans les yeux, je suis bien. Pour la première fois en trois ans, je me sens merveilleusement bien.
- Je crois que, moi aussi, je dois te dire quelque chose, dit-il après un moment.
- Quoi ?
- Je t'aime aussi, Maisie. Juste comme tu es.
Je passe une main sur sa joue et l'embrasse, fougueusement. Nos souffles se mélangent et notre premier baiser est un délice. Assise sur ce lit d'hôpital, je me sens sur une autre planète. Mick est mon univers et moi je suis l'astronaute, prête à affronter les météorites et autres astéroïdes pour lui. J'ignore combien de temps je vais pouvoir explorer cette galaxie. J'ignore si ma mère finira par craquer et que je devrais prendre sa place en prison. J'ignore si elle sortira un jour. Et j'ignore si je réussirais à être une grande musicienne digne du niveau des Beatles. Mais, là, assise à son chevet, je me m'en moque. Je profite du moment présent.
FIN
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