- Molly ! Molly ! Crie Sam si fort qu'il va me péter les tympans.

A moitié endormie, je lui balance un des mes coussins qu'il esquive aussi tôt.

- Laisse-moi, marmonné-je.

Il m'ignore et tire les tentures. La lumière du jour m'aveugle. Furieuse, je me relève et l'assassine du regard.

- Pourquoi tu m'as réveillé ?

Il s'assied sur mon lit et prend un air grave. 

Oh non !

Je m'extirpe du lit et cours dans tout l'apart. J'aperçois un mot posé sur la table de la cuisine, juste devant ma place habituelle. Je déplie le papier et reconnait l'écriture de notre mère.

Ma chère Maisie,

Tu as toujours pris soin de moi et de ton frère, même si ce n'était pas ton rôle. Tu t'es toujours comportée comme une "mini-maman". Tu as endossé une lourde responsabilité que j'aurais dû endosser moi-même car tu es trop jeune pour avoir vécu tout ça. Ton frère et toi n'avez pas à devoir faire tant de sacrifices par ma faute.

J'attends de toi que tu fonces, Maisie. Décroche ton diplôme, signe le contrat de Miss. Hampton et réalise tes rêves. Laisse tes sentiments pour Mick prendre véritablement leur place. Cours lui dire que tu l'aimes ! Un amour comme le vôtre n'arrive qu'une fois dans une vie, et tu es chanceuse de l'avoir trouvé et si jeune !

Continue de veiller sur ton frère. Pousse le à continuer ses études car c'est un petit génie, et il peut faire de grandes choses si il s'en donne les possibilités. Grand-mère vous attend à Londres et elle sera entièrement responsable de votre éducation. Vous suivrez tout les deux l'école par correspondance jusqu'à la fin de l'année et vous allez vivre à la capitale. Ne t'en fais pas pour l'argent. A vos dix-huit ans, vous aurez chacun une somme qui vous permettra de faire des études ou de vous trouver un appartement.

N'oublie pas que je t'aime, honey.

Avec amour,

Maman

Les larmes coulent sur mes joues sans que je ne puisse les retenir. Elle s'est faite accusé pour nous. Pour moi. Je n'arrive pas à le croire.

Je prends ma veste et m'apprête à ouvrir la porte. Mais, Sam m'agrippe par le bras pour m'en empêcher. 

- Non. Tu ne fais pas ça, m'interdit-il, sèchement.

- Ça quoi ?

- Tu ne vas pas te livrer à la police.

Bien entendu, mon petit frère me connait par cœur. Il a deviné que je ne laisserais pas maman prendre la responsabilité d'un crime qu'elle n'a pas commis.

- Sam, je...

- Non, ça suffit ! Tu ne peux pas faire ça. Je ne peux pas te perdre toi aussi.

Je ne l'avais jamais vu dans un tel état. Ses yeux brillent et j'arrive à percevoir toute la tristesse qu'il a si longtemps enfui en lui.

Veille sur ton frère

Je le serre dans mes bras. Il se laisse aller et craque. Sammy a toujours été un battant pure et dur. C'est certain. Parfois, les chevaliers aussi finissent pas enlever leurs armures.

Je saisis son visage tout rouge entre mes mains. Avec mes pouces, j'essuie ses larmes et je me ressaisis. A mon tour d'être une guerrière.

- Ecoute-moi ! Je te promets que je n'irais pas me livrer. On va trouver un moyen d'aller à Londres. Je te déposerais chez grand-ère, j'appellerais un avocat pour défendre maman et la sortir de là, d'accord ?

- Et Mick ?

L'espace d'un instant, j'avais complètement oublié. Ou plutôt, je préférais ne pas y réfléchir.

- Je m'en occuperais plus tard. On doit penser à nous, ce coup-ci. Va faire tes bagages.

Je lui plante un bisou sur le sommet du crâne. Il hoche la tête et va vaguer à sa mission.

***

Mon téléphone n'arrête pas de vibrer toutes les deux secondes. En plus, les paparazzis ont débarqué il y a un peu plus d'un quart d'heure, et depuis, ils essaient de trouver un moyen pour monter nous parler. Un journaliste a appuyé sur l'interphone pour tenter de nous interviewer. Je suis ua bord de la crise de nerfs.

La sonnerie de mon portable retentit. Le nom de Maddison Hampton s'affiche sur l'écran. Je décroche.

- Allô ?

- Bonjour Maisie, c'est Maddison. J'ai appris pour ta maman... Est-ce que ton frère et toi êtes en sécurité ?

Si il y a bien une personne qui pourrait m'aider, c'est elle. Du jour au lendemain, elle s'est retrouvée sous la pression médiatique et toutes ses habitudes ont été chamboulées. 

- Non. On doit rejoindre notre grand-mère à Londres et on est piégé par les paparazzis.

Elle pousse un long soupir, l'air de dire : "Ils n'ont que les jeunes à venir emmerder ?"

- Je m'en doutais. J'ai un de mes gardes du corps qui va venir au parlophone. Il s'appelle Karl. Il va vous sortir de là et vous emmener en lieu sûr.

Je manque de pousser un cri de joie, mais ce serait inapproprié. A la place, je la remercie plusieurs fois. Elle raccroche et pour une fois, je souris sincèrement.