Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

9. le calme avant la tempête


                       NOUS ÉTIONS RENTRÉ JUSTE APRÈS AU CARROSSE.

Sur le chemin qui menait jusqu'au Carrosse, certains s'amusaient à deviner quelles seraient la nature des tâches. Affronter un troll ? Ou alors des duels entre les champions ? Ils laissaient court à leur imagination, imaginaient tant bien que de mal les pires épreuves possibles, susceptible de tomber. J'avais écouté leurs théories d'une oreille discrète, en me concentrant également sur la température extérieure du château. C'était peut-être mon impression, mais il faisait plus froid qu'à mon arrivée en Ecosse deux heures plus tôt. Un vent irrégulier s'amusait à souffler sur mon visage et j'étais arrivée à un stade où même l'intérieur de mes os étaient gelés.

C'était pour cette raison très précise que j'avais vécu notre arrivée au Carrosse comme un soulagement. La chaleur du Carrosse était plus que réconfortante. Et par sa décoration, j'avais l'impression d'avoir encore un pied à Beauxbâtons. Hogwarts avait beau être impressionnant et renvoyer un air de château hanté (peut-être dû à la présence de vrais fantômes), Beauxbâtons était plus beau. Plus élégant, disons. C'était devenu ma seconde maison, je n'étais sans doute que peu objective.

Et toujours sur l'objectivité, le voyage et le festin avaient pompé toute mon énergie et j'étais épuisée. Mais bien sûr, Madame Maxime n'avait absolument rien à faire de notre fatigue. Cette dernière nous avait demandé de rester dans le petit salon du Carrosse pour pouvoir discuter avec nous. Et au vu de son expression faciale, on ne devait pas prendre à la légère cette réunion. On s'était donc confortablement assis sur les canapés bleus pendant que madame Maxime se tenait devant tout, l'air grave. L'atmosphère de la pièce était devenue de plus en plus tendue. Et pour cause. Dans vingt-quatre heures, un de nous douze sera sélectionné pour le tournoi des Trois Sorciers, passablement mortel. Peut-être plus mortel mais toujours est-il que c'était toujours aussi dangereux. Dumbledore l'avait encore souligné ce soir. Il ne fallait pas prendre ce tournoi à la légère.

— Ce soir, commença notre directrice, vous avez pu découvrir Hogwarts et ses élèves ainsi que la délégation de Durmstrang. Je sais que vous êtes tous épuisés par le voyage et que vous rêvez de retrouver votre lit mais avant tout de chose j'aimerai vous adresser quelques mots. Comme vous le savez, ce tournoi a un héritage historique important. Vous avez sans doute remarqué quelques différences entre notre école et la leur.

— Tu parles des différents, pesta à ma droite Oscar.

— Quoiqu'il en soit, n'oubliez pas que vous représentez Beauxbâtons dans son intégralité, j'attends de vous un comportement irréprochable sur ce point. Me suis-je bien fait comprendre ?

Tous opinièrent.

— Vous êtes ici en tant que délégation de Beauxbâtons. Je ne vous demanderai jamais d'être parfait mais de faire au mieux. Beauxbâtons, ce n'est pas qu'une école de magie, c'est aussi un savoir vivre, une manière d'être. Trois mots d'ordre: élégance, respect et maîtrise. N'oubliez pas, à compter de ce soir, et jusqu'en juin, Beauxbâtons, c'est vous. Tâchez de rendre votre école fière de vous. Demain soir, un de vous sera sélectionné par la Coupe de Feu. Ce champion là, il ne sera pas seul. Vous épaulerez votre champion, vous le soutiendrez. Vous pouvez bien sûr vous faire des amis en dehors de la délégation, avec les élèves de Hogwarts et de Durmstrang, mais n'oubliez pas envers qui votre loyauté vient. Mes chers enfants, reposez-vous. Demain est une grande journée.

Il y eut quelques applaudissements, certains s'étaient même levés de leur siège pendant que madame Maxime était en train de quitter la pièce puis le Carrosse en nous annonçant qu'elle avait une réunion avec les autres directeurs. Elle ferma la porte et un silence presque dérangeant s'installa dans la pièce.

— Qui veut du whisky pur feu? lança Gideon.

— Vaut mieux attendre demain, c'est plus sage, rétorqua Louis. Je veux dire, pour célébrer notre champion.

— Et noyer notre tristesse de ne pas avoir été choisi...T'es intelligent finalement Hansmann.

— Qui l'eût cru, laissai-je échapper.

Et tout le monde me regarda. C'était comme un déjà-vu, début septembre, quand j'avais lâché par mégarde que Louis et Lucien étaient à vomir. Je devais être maudite, victime d'un mauvais sort, impossible à briser bien sûr, quelqu'un là haut devait me haïr. Il n'y avait pas d'autres explications. Puis, ce fut le ricanement grinçant de Gidéon qui me fit sortir de mes pensées.

— Je sens qu'on va bien s'amuser cette année, se moqua-t-il. Richard t'as de la poigne. Sache que si tu es sélectionnée demain, je te soutiendrai jusqu'à mon dernier souffle.

C'était limite gentil et s'il ne m'avait pas mis un rateau phénoménal en cinquième année, j'aurai été sincèrement touchée. Mais je préférai - et de loin- être rancunière.

— Ça me fait une belle baguette, répliquai-je avec un mélange de gêne et de sarcasme.

Gideon me regarda dans un premier temps incrédule puis éclata de rire. C'était un rire franc, sonore, et je regrettai de ne pas avoir usé de mes sarcasmes plus tôt si j'avais su que c'était le talon d'Achille de Gidéon. En réalité, ce n'était pas vraiment un râteau. Premièrement, je lui avais envoyé une lettre. Rien de bien méchant, aucune déclaration de grande envergure non plus. Je ne me souviens plus de la lettre dans son intégralité, mais je disais que j'aimais bien plusieurs choses chez lui comme le fait qu'il aidait toujours les premières et deuxièmes années, qu'il était drôle et j'avais dû retranscrire une blague qu'il avait faite quand on faisait tout les deux du tutorat pour les premières et deuxièmes années. Je crois que j'avais aussi souligné sa culture non magique impressionnante et que je n'avais jamais vu un sorcier parler d'Alain Bashung ou des Cranberries, ce qui le rendait immédiatement cool à mes yeux. A la fin, je proposais même une sorte de rancard à la tour d'astronomie. Il n'est jamais venu. Le lendemain, il était dans les bras de Nicole Ponte et mon cœur s'était retrouvé brisé pour l'éternité. Et j'avais blâmé Romain, histoire de me dédouaner d'à peu près tout. 

Romain...

J'avais promis de lui écrire une lettre une fois arrivé à Hogwarts, mais j'attendais dimanche, histoire d'avoir de vraies choses à dire à part "le château est immense, il fait froid, les anglais sont plutôt rudes et Durmstrang nous regarde comme des aliens, et Dumbledore à l'air de sortir d'un sénile mais à l'air bienveillant". Mais d'un autre côté, je me sentais mal. Je ne lui avais pas parlé de la lettre que j'avais découvert, j'attendais d'en savoir plus sur Alexandra Dubois. Peut-être que ma mère avait changé de noms de famille pour prendre Crirose ?

Je regardai le salon d'un air absent. Ils discutaient tous les uns avec les autres; Oscar était avec Juliette et une autre fille dont j'avais oublié le nom pendant qu'Ariane était dans une grande conversation avec Fleur. J'avais besoin de fumer.

Je connaissais la liste des méfaits du tabac par cœur, elle tournait dans un coin de ma tête comme un passage d'une chanson qui ne voulait juste par partir. Mais tant que ça restait occasionnel, ça me semblait être un compromis acceptable. Après être remontée chercher mon paquet et une écharpe, j'avais redescendu les marches du Carrosse en toute discrétion. De toute façon, tout le monde était absorbé par ses conversations, personne ne remarquerait mon absence. Juste une cigarette, quelques minutes. C'était rien.

Je pensais que j'allais être seule pour être tout à fait honnête. Je rêvais d'un moment enfin seule pour contempler le ciel étoilé écossais et me perdre dans mes propres contemplations justement, divaguer dans mon océan de pensées. Ces pensées allaient me tuer un jour, c'est certain. Sauf que voilà, en sortant du Carrosse, après quelques pas, je n'étais pas seule. Quelqu'un de la délégation avait eu la même idée que moi.

C'était un garçon assez petit. Sa peau sombre était éclairée par les petits rayons de la lune presque pleine. Je pouvais apercevoir ses cheveux, des petites boucles brunes qui entouraient sa tête. Il avait un regard doux, bienveillant, rempli de poésie. Aristide Dubois. Dubois.

— Pause clope aussi? me lança Aristide.

— Pause clope, répondis-je à l'affirmatif. C'est cool Hogwarts et j'adore Ariane et Oscar mais je pense que je vais avoir du mal à trouver des moments...solitaire.

C'était une façon polie de lui demander de partir, mais Aristide ne l'entendait pas comme ça. A la place, il me tendit son briquet.

— C'est plus pratique que la baguette je trouve, m'expliqua-t-il. Je trouve ça super cool les briquets, une des meilleures inventions de la part des non-magiques si on me le demande. On ne me le demande jamais mais je le dis quand même.

— Je tâche de prendre note, rétorquai-je.

Aristide pouffa doucement. Il avait de la douceur dans chacun de ses gestes et je regrettai presque de ne pas lui avoir parlé plus tôt.

— T'es un sacré phénomène Richard. Baert a raison, on va bien s'amuser avec toi.

J'eu un pincement au cœur.

— Tu te moques de moi?

L'expression d'Aristide bascula d'un coup. Son sourire se fana, et ses yeux s'agrandirent légèrement, peut-être un peu trop. Il me fixa, l'air suspendu entre l'incompréhension et une panique sourde. Comme si je venais de dire quelque chose d'absurde.

— Quoi ? Non, pas du tout! Je te trouve cool, au contraire. J'adore quand tu remets Hansmann à sa place, c'est vraiment plaisant à voir. Je suis à Papillonlisse qui plus est. Tu penses sincèrement que c'est dans mon style ?

Les Papillonlisse, une des trois maisons de Beauxbâtons, étaient connus par leur réputation d'être très gentils. Peut-être même trop.

— Je sais pas trop, répondis-je pour plaisanter. Après tout, je ne m'attendais pas à voir un Papillonlisse fumer et pourtant....

Aristid haussa les épaules.

— Tu vois Richard, ton problème c'est que tu t'arrêtes trop à tes idées. Laisse-toi surprendre par les gens, enlève tes barrières. Ça va te changer la vie.

— Si tu le dis.

J'allumai enfin ma cigarette et inspirai le tabac jusqu'à ce qu'il s'ancre dans mes poumons avant de le relâcher. Aristid récupéra son briquet et tout redevint calme. Je regardai Hogwarts et ses lumières sous le ciel couvert d'étoiles. J'avais l'impression que nous étions à l'intérieur d'un tableau de Van Gogh tellement c'était beau. D'autant plus que la présence de Aristid était tellement réconfortante que j'arrivais presque à oublier que j'étais partie pour être seule avec moi-même.

— Tu trouves pas que ce soit un peu bizarre d'être là ? me lança Aristide au bout d'un moment. Genre, on a rêvé de ce Tournoi pendant des semaines, on a été sélectionné, on s'est entraîné dur comme du fer et là...Là ça devient vrai. Plus de retour en arrière, on est droit devant. On saute et on verra si quelqu'un nous attrape ou pas.

Je partageai son avis. C'était un peu terrifiant, dans ce sens. Cette idée qu'on avait plus de sortie de secours. Si notre nom est prononcé demain c'est trop tard. Personne ici ne prenait la chose à la légère, on nous l'avait répété en cours des milliards de fois pendant les inscriptions puis nos professeurs le plus souvent possible lors des sessions d'entraînements. Mais si finalement on changeait d'avis? Et si pendant la première épreuve on se rendait compte que c'était une erreur?

— Un peu, admis-je. On verra bien demain. Big day.

Et puis, j'étais à côté de Aristide Dubois. Dubois Dubois Dubois. C'était l'occasion rêvée de lui demander. D'avoir une réponse.

— Dis, demandai-je. Ton nom de famille c'est bien Dubois ? Par hasard, tu ne connaîtrais pas une Alexandra Dubois?

— Ma tante? Pourquoi tu cherches à connaître ma tante, Richard?

Là c'était gênant. Bien sûr, j'aurai dû m'attendre à ce qu'Alexandra Dubois appartienne à la famille de Aristide. Le nom de famille trahissait. Mais je m'étais dit que Dubois était un nom assez commun, comme me l'avait fait remarquer Oscar tout à l'heure.

— Euh juste comme ça, me rattrapai-je. J'avais emprunté un livre à la bibliothèque la dernière fois et il était rempli d'annotation de sa part et je sais pas...J'ai développé un lien d'âme avec ta tante je crois.

Et d'accord, j'avais utilisé l'ironie pour ma dernière phrase. Mais c'était mieux ça que la vérité. Aristide me regarda visiblement peu convaincu par mon mensonge.

— Et la vraie raison Richard?

Je soupirai dans le noir. Peut-être que c'était passé de mode les mensonges. Alors je lui racontai tout. De la mort de ma mère quand j'avais dix ans à la lettre que j'avais retrouvé dans ma salle de bain, tout en insistant sur le fait que mes parents étaient non-magiques et que c'était madame Mouret et son fils Henri qui m'avait aidé à m'intégrer au monde des sorciers puis mon petit frère. Que j'avais cherché une Alexandra Crirose avec les dates exactes de ses années d'études et la seule Alexandra sur laquelle j'étais tombée était Alexandra Dubois.

— Donc si je résume, fit Aristide après avoir écouté attentivement mon récit. Tu penses que ta mère est une sorcière? Elle s'appelait Alexandra Crirose mais ta théorie c'est qu'elle aurait changé de nom ? Parce que c'est la seule Alexandra de cette année-là?

— C'est l'idée. Promets moi d'en parler à personne, je ne veux pas me faire de faux espoirs sur ma mère.

— Ton secret est bien gardé avec moi, Richard. Pour enlever tes doutes, ça m'étonnerait que Alexandra Dubois soit ta mère et pour deux raisons. La première, et la plus évidente, c'est qu'on parle de ma tante. Je la connais, je la vois tous les étés et à chaque Noël. Elle a un mari et deux filles. L'aînée est arrivée cette année à Beauxbâtons, si tu veux tout savoir.

— Et la deuxième?

— Ma tante est noire. Et sans vouloir t'offenser, tu as l'air d'être quelqu'un de trop blanc pour être la fille d'Alexandra. Donc non. Ta mère, Alexandra Crirose, n'est pas ma tante.

Je n'arrivais pas à expliquer ce que je ressentais actuellement. Était-ce de la déception ? Du soulagement? Difficile à discerner. Ma mère n'était pas une sorcière, la lettre devait être une coïncidence. Non. C'était trop gros. C'était l'écriture de mon père, j'en étais persuadée.

— En revanche, poursuivi Aristide.

— En revanche?

— En revanche, je peux demander à ma tante des informations. Si elle a entendu parler d'une Alexandra Crirose ou autre. Tu as vérifié les autres années?

Je me sentais débile. Evidemment que non, je n'avais pas vérifié. J'avais déjà des doutes concernant la nature de ma mère, je ne voulais pas non plus apprendre qu'elle avait menti sur son âge.

— Demande à une de tes amies de regarder, me conseilla Aristide. Ne garde pas ça pour toi, ça semble sérieux.

— On est sûr de rien, je me monte la tête pour rien sans doute. Je veux pas alarmer sans avoir de preuves. Promets moi d'en parler à personne.

— Si tu veux. Mais si tu me l'autorise, j'en parle à ma tante. Si ta mère est une sorcière et a en effet le même âge que ma tante, alors elles ont du être copine. Ou du moins dans la même classe. Au moins, on aura la réponse. Elle sait garder les secrets, c'est une langue de plomb. Tu n'as pas a t'en faire pour ce point. Si ça peut te rassurer, je lui ai confié pas mal de trucs qu'elle n'a pas répété à mon père. Alors qu'ils sont jumeaux. Tu me fais confiance ?

J'avais en tête les mots de Madame Maxime qui insistaient sur le fait qu'on était une famille et qu'on devait s'épauler les uns les autres. Que je ne voulais ou non, je n'avais pas d'autre choix que de lui faire confiance.

❃❃

Je n'avais pas dormi de la nuit. Dès que je fermai l'œil, je voyais Dumbledore acclamer mon nom dans toute la salle. Je voyais Hogwarts m'applaudir pendant que je me dirigeais vers l'estrade pour serrer la main à Dumbledore. Puis, il m'emmenait dans une petite pièce sombre et le fantôme de ma mère m'attendait. Elle portait sa robe blanche, celle qu'elle portait toujours quand j'étais petite, et était pâle.Dès que j'arrivais dans la pièce, elle se mettait à me crier dessus.Et puis, je revoyais madame Mouret nous chercher Romain et moi à l'école l'air grave, en nous disant qu'il s'est passé quelque chose de terrible. J'étais à nouveau dans cette salle d'hôpital, où un médecin nous annonçait que notre maman avait eu un accident et qu'il fallait être très courageux pendant que mon père derrière n'était plus que l'ombre de lui-même.

Mon père me disait souvent que les premières nuits dans un nouveau lit étaient toujours affreuses, qu'il fallait un temps d'adaptation. Peut-être que dans ce temps d'adaptation, on parlait de cauchemars.

Aux alentours de sept heures du matin, j'étais encore réveillée, et je me disais que ça craignait. Tout le monde dans le dortoir semblait encore endormi, ce qui craignait encore plus. Dehors, il faisait encore sombre. J'étais à peu près sûre que je n'allais pas réussir à dormir passé cette heure et, préférant m'éviter une dette de sommeil, je décidai de me lever. Je ne savais plus si madame Maxime s'attendait à ce qu'on se lève tous pour prendre le petit déjeuner ensemble là-haut. Pour ainsi dire, les instructions avaient été plutôt floues. Je savais qu'elle voulait qu'on soit levé pour neuf heures pour ainsi déposer nos noms dans la coupe, tous ensemble. Mais pour ce qui était du petit déjeuner, c'était assez flou. Je supposais que, comme les déjeuners et dîners, nous étions invité à le prendre dans Hogwarts, dans la même salle que la dernière fois. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais pas rester indéfiniment dans cette chambre à fixer le plafond comme je l'avais fait ces quatre dernières heures. Après un bref passage dans la salle de bain pour m'habiller et mettre un peu de mascara, j'attrapai mes souliers et sortit discrètement de la chambre. Apparemment, je n'étais la seule dans ce cas là.

Oscar était là, lui aussi, assis sur un des canapés derrière la fenêtre, en train de lire le Cri de la Gargouille de la veille. Le petit salon était silencieux. Il y avait quelque chose de réconfortant dans cette atmosphère. Le calme avant la tempête. Je m'installai à droite de Oscar.

— Salut, lançai-je.

— Salut, me répondit-il tout en gardant les yeux rivés sur son journal. Toi aussi, t'es trop excité pour ce soir ?

— Si on veut.

Je crois que je ressentais plutôt de l'anxiété. Et si je n'étais pas si douée que ça? Pire, et si je m'humiliais devant tout le monde ? Comment faire si je voulais d'ores et déjà rentrer à Beauxbâtons, retrouver Agnès et Eugène? Et Romain ? Et puis, et si ma mère m'avait menti toute sa vie et était en réalité une sorcière? Non, je ne voulais pas penser à ça. Pas maintenant.

— Madame Maxime m'a dit qu'il fallait attendre les autres, m'informa Oscar. On va d'abord mettre nos noms dans la Coupe puis après le petit déjeuner. J'espère qu'ils ont pensé à faire des croissants.

— Si j'étais toi, je ne goûterai pas les croissants britanniques. Ecossais ou ce que tu veux.

J'avais en souvenir la fois où j'étais allée rendre visite à ma famille qui vivait dans le nord de Londres. Avec ma mère et mon frère, on visitait le Royal Ballet et nous nous étions arrêtés dans un petit café à quelques rues pour le goûter. J'avais pris un chocolat chaud et un croissant —et si le chocolat chaud avait été approximativement dégustable, le croissant avait été absolument et entièrement dégoûtant. Depuis, je m'étais juré de ne plus jamais manger de croissants en dehors du territoire français. Plus jamais.

— Je refuse de manger du porridge, se justifia Oscar. C'est ignoble. Je le mets au même rang que la bouillabaisse pour info.

— J'espère qu'il y aura des crêpes, je répondis. J'ai abandonné l'idée de manger un jour des galettes mais les crêpes par pitié.

— Excuse-nous la bretonne.

Ma Bretagne me manquait. Notre petit appartement à Quimper me manquait. Papa, Elodie, madame Mouret...Même les touristes me manquaient. Ce qui était très grave à ce stade. Parfois, je trouvais bizarre le fait d'être dans un internat tout au long de l'année de mes onze à mes dix-huit ans, sans rentrer chez moi les week-ends. Quand je rentrais pendant les vacances, j'étais chez moi sans être chez moi et c'était nul. Tout changeait mais rien ne changeait en même temps, c'était comme être dans un entre deux sans trop savoir où aller.

La porte s'ouvrit pour laisser place à madame Maxime et je me demandais toujours si c'était légal d'être aussi grande. Sans doute que oui, mes connaissances juridiques magiques et non magiques étaient très limitées. Peut-être qu'en sortant de Beauxbâtons, comme je n'aurai pas trop d'heures de cours au conservatoire, je pourrai me renseigner (je n'allais jamais faire ça).

Madame Maxime nous regarda, nous salua et nous informa qu'elle allait réveiller les autres. Aujourd'hui était un grand jour après tout. Elle nous demanda de chercher des parchemins et des plumes

Une vingtaine de minutes plus tard au moins, toute la délégation était dans le petit salon du Carrosse, en train de noter nos noms sur les bouts de parchemin que j'avais moi-même découpé bavardant comme si de rien n'était, comme si aujourd'hui ce n'était pas le jour qu'on attendait depuis des semaines.

Madame Maxime s'assura que nous étions au complet et démarra la marche vers le château.

Point positif: il ne faisait pas aussi froid qu'hier.

Point négatif: c'était peut-être le dernier jour du reste de ma vie.

Comme dimanche, je devais admettre que j'avais connu mieux.

Le Hall paraissait plus accueillant qu'hier. Comme Dumbledore avait plus ou moins promis, la coupe de feu se trouvait au milieu, encerclée par un petit cercle qui devait sans doute être la fameuse limite d'âge.

— A ton avis? soufflai-je à Oscar. Combien de gens ont essayé de franchir la limite d'âge?

— Une trentaine, affirma Oscar, très sûr de lui. Peut-être qu'à leur actuelle, ils sont morts?

— Dommage que Louis soit majeur alors, répondit-je.

Oscar se contenta de glousser. A ce moment-là précis, madame Maxime nous demanda de se mettre en rang. Gideon fut le premier à mettre son nom dans les petites flammes bleutées: le parchemin qu'il déposa dans la coupe prit une couleur écarlate puis projeta une petite étincelle. Ce fut au tour de Nora, Juliette, puis Ariane, Louis...Et après Oscar, ce fut mon tour. C'était mon grand moment, je n'avais plus le droit de retourner en arrière. J'étais comme pétrifiée, le temps semblait s'être arrêté et je regardais ce vieux bout de parchemin s'enflammer avec timidité pour ensuite tomber dans la coupe. Qu'est ce qui allait se passer ensuite? Et si j'étais prise ? Mon cœur battait si vite, peut-être même trop, j'avais l'impression qu'il allait sortir tôt ou tard de ma poitrine pour exploser jusqu'à la place du Trocadéro. J'étais officiellement officiellement candidate pour le tournoi des Trois Sorciers et il n'y avait aucune banderole pour me féliciter, ce qui relevait presque du scandale.

J'avais un mauvais pressentiment.

❃❃

Ce fut la matinée la plus longue de toute ma vie, bien avant les matinées d'examens de l'année dernière et c'était pour dire. J'étais restée dans la piaule avec Ariane et Oscar à lire Madame Sorcière et à commenter les derniers scoops des célébrités sorcières. Une page entière avait été dédiée à Charles Hansmann, notre premier ministre magique et père de mon ennemi désormais mortel - Louis Hansman. J'avais beau ne pas apprécier Louis et les Hansmann de manière globale, j'avais un peu de peine pour lui à savoir que la vie de son père était exposée ainsi sur les tabloïds. C'était un peu comme voir partout les moindres faits et gestes de Lady Di (qui restait mon membre de la famille royale britannique préférée, cette femme c'était mon modèle). Après, j'étais de nature curieuse et je pouvais faire ce que j'adorais faire tous les jours: juger. Si ça avait été un membre de ma famille ou moi sur ce magazine, j'aurais sans doute péter un câble.Mais Flamel merci, je n'étais pas célèbre.

L'article racontait son histoire d'amour avec son épouse, Diane Cygnebois. Selon les journalistes et certains témoignages de leurs camarades de classe, ils étaient amis de longue date et ils étaient nécessairement âme sœur. L'article évoquait Louis mais aussi ses deux sœurs, Clémence, la plus jeune qui était amie avec la sœur d'Agnès, et Amélie, qui avait trois ans de plus que nous, et son frère Gabriel, apparement jumeau d'Amelie. 

— Donc Louis Hansmann est né le 10 juin, avait commenté Ariane. Gémeaux donc...Par Flamel, il me faut plus d'informations. Son ascendant, par exemple? Sans doute Sagittaire, quand on y pense...

Oscar lui avait alors jeté un oreiller sur elle en la suppliant de se taire à tout jamais.

Vers quatorze heures, j'avais pris la décision de nous promener. Histoire de visiter les alentours et de quitter l'ambiance plombante qui régnait dans le Carrosse. Et pour cause: dans quelques heures, un de nous sera choisi. Trois épreuves hardcore devant le MONDE ENTIER. Il y avait de quoi avoir une petite pression, mais trois fois rien (non). Oscar et Ariane avaient vu la pluie tomber et, dans un élan de flemme magistrale, m'avaient laissé vagabonder seule.

Pour être tout à fait honnête, ils avaient amplement exagéré quant à la pluie. De fines gouttes tombaient sur mon visage et certes, j'avais l'impression qu'elles rentraient à l'intérieur de mes tibias. Ce fut donc limite un soulagement d'arriver dans le hall de Hogwarts. Il y avait toujours autant d'élèves, qui regardaient les autres élèves déposer leurs noms dans la coupe de feu, accompagnés de quelques applaudissements. C'était un peu ridicule dans une certaine mesure, du genre "chouette dans trois semaines t'es peut-être mort, applaudissons!" et puis clap clap clap clap.

J'essaiyai de me faufiler entre les différents groupes d'élèves pour que 1) retrouver de l'air et 2) visiter le château. Et c'était sans doute une très mauvaise idée de visiter le château toute seule. Mais ma mère me disait toujours que la vie était faite d'aventure -ou alors qu'on devait faire de notre vie une aventure? J'avais huit ans quand elle me disait ça, j'ai le droit de ne pas très bien me souvenir. C'était cette année-là que le thème de mon anniversaire avait été sur les pirates. Enfin plus exactement sur Barbe Bleu mais avec du recul, c'était hyper problématique.

Quoiqu'il en soit, j'étais enfin arrivée devant les grands escaliers de marbre. J'étais tellement curieuse; pour le moment, je n'avais vu que le hall, le réfectoire et ces escaliers. Où menaient-ils?

Réponse: nulle part. Cela faisait depuis une dizaine de minutes que je tournais en rond, c'était limite pathétique. Et je devais avoir l'air tout aussi perdue puisqu'une fille d'environ mon âge m'aborda.

C'était une des plus belles filles que j'avais jamais vu de ma vie.

Elle faisait environ ma taille, peut-être légèrement plus grande. Ses cheveux châtains clairs aux reflets dorés tombaient parfaitement sur ses clavicules et allaient avec son teint laiteux. En s'avançant vers moi, j'avais l'impression qu'elle dansait. Elle portait l'uniforme de Hogwarts, accompagné d'une cravate bleue. Elle avait un petit nez où des tâches de rousseurs bien que timides semblaient être dessinées. Ses yeux bleus rencontrèrent les miens.

— Tu es perdue?

J'ai dû m'y reprendre une fois avant de répondre. Elle avait incrusté sur son uniforme une broche argentée en forme d'étoile.

— Plus ou moins, répondis-je. Je voulais visiter un peu le château. Mais je me retrouve plus.

La fille me lança un sourire chaleureux. J'avais l'impression de me retrouver face au soleil en personne.

— Je te comprends, c'est ma septième année ici et je suis toujours aussi perdue. Moi c'est Ophélia, et toi ?

— Hum..Abigaëlle. Je viens de Beauxbâtons.

— J'avais cru comprendre! Moi de Hogwarts. Alors, tu as mis ton nom dans la Coupe ?

— Je n'avais pas trop le choix!

Ophelia venait de froncer les sourcils. Alors je lui expliquai à peu près tout: qu'à la rentrée, les élèves majeurs (et volontaires) devaient inscrire leur nom sur une feuille puis les professeurs choisissaient les meilleurs élèves parmi la liste. Qu'on avait eu une petite session d'entrainement combien même et que nous étions partis hier de Beauxbâtons. Et puis que nous dormions dans le Carrosse mais les repas et cours étaient dans le château.

Parallèlement, Ophelia m'avait tiré vers un couloir et me montrait de temps à autre les salles, un peu comme si elle s'était improvisée guide. De toute manière, elle n'avait rien à faire aujourd'hui à part réviser.

— Mais donc toi, fini-je par demander, tu n'as pas mis ton nom dans la Coupe ?

Ophelia secoua la tête.

— Pas trop mon truc, me répondit-elle. Je pense que je serais mieux en tant que spectatrice. Mais croisons les doigts pour toi! Comment trouves-tu Hogwarts?

— Je ne sais pas trop. C'est très différent de Beauxbâtons, mais c'est mimi. Il fait juste froid.

— C'est propre à l'Ecosse, tu sais. Dans mon village, l'été, il fait bon. Ici, décembre et janvier sont affreux. C'est cool de voir des sorciers d'autres écoles, j'aimerai énormément voir à quoi ressemblent les autres écoles.

— Je dois avoir des photos qui trainent dans ma chambre, je te les montrerai à l'occasion.

Les yeux bleus d'Ophelia brillèrent un peu plus, comme si elle rêvait pour de vrai de voir à quoi ressemblait Beauxbâtons. Ce qui était sans doute très étrange mais bon, j'essayais de ne pas juger. Elle avait l'air gentille et était en train de m'aider à me repérer. Je lui avais surtout demandé de me ramener dans le Hall pour que je puisse ensuite rejoindre le Carrosse. Sur le chemin, elle m'expliqua le fonctionnement de Hogwarts. J'avais déjà compris le système des maisons, elle était à Ravenclaw mais sa sœur était à Gryffindor en cinquième année. Il y avait un tournoi de Quidditch, les équipes de chaque maison s'affrontaient tout au long de l'année mais à cause du tournoi, il avait été annulé. Elle n'était dans aucune équipe mais parlait beaucoup trop du Quidditch à mon goût; il y avait anguille sous roche. Ensuite, elle m'expliqua le système de point -qui était totalement inexistant à Beauxbâtons- et la Coupe des Quatre Maisons.

En arrivant dans le Hall, j'étais à peu près sûre de savoir maîtriser le fonctionnement de Hogwarts. Je ne dirai pas factuellement que c'était moins bien que Beauxbâtons, j'étais tout de même bien élevée. Disons que c'était différent.

— Te voilà à bon port, s'exclama Ophelia. Je suis désolée, j'avais prévu de rejoindre ma petite soeur pour le goûter. Mais si besoin, je peux toujours être ton guide. Tu as cours de quoi lundi ?

Madame Maxime nous avait distribué nos nouveaux emplois du temps dans la matinée. J'avais pu garder mes matières principales mais ma plus grande joie résidait dans le fait que je n'avais plus botanique. Et ça, ça n'avait pas de prix.

— Histoire de la magie, répondis-je. Tout le monde commence à 10 heures sauf moi, c'est un peu déprimant.

— Ca alors! Le hasard fait bien les choses, je suis aussi en Histoire de la magie. On peut y aller ensemble. Prépare toi psychologiquement, le professeur Binns est...Un peu ennuyant, je vais pas te mentir. J'y vais, ma soeur va me tuer. A plus, Abigaëlle!

Et elle fila dans le couloir opposé à l'escalier que j'avais pris plus tôt dans l'après-midi. Le Hall était considérablement moins rempli, peut-être parce qu'il était 17 heures. La nuit commençait déjà à tomber, ce qui était franchement super déprimant.

Je descendis de la colline pour arriver vers le Carrosse. Nous nous étions installé à la lisière de la forêt -interdite selon les dires de Ophelia et je m'étais demandé comment madame Maxime avait pu oublier de préciser cette réglementation au sujet de la forêt. Pas très loin du Carrosse, je remarquai une cabane faite de bois. Quelques créatures se promenaient dans le mini jardin de la cabane -des Scrouts peut-être? Je revoyais Eugène réviser en quatrième année les bêtes fantastiques. Quoi qu'il en soit, la cabane me fascinait. J'avais envie de la visiter, voir qui habitait là dedans.

Devant le Carrosse je pouvais apercevoir mes camarades déjà rangés. L'heure du festin allait commencer, d'ici quelques poignées d'heures, un de nous douze allait être choisi. C'était terrifiant.

Je me faufilai discrètement vers Oscar et Ariane qui semblaient avoir un débat très sérieux sur le meilleur dragon du monde magique. Une sorte de classement qu'ils avaient entrepris une heure avant et ils débattaient entre qui du magyar à pointe et du pansedefer ukrainien était le plus dangereux.

— Tu as pu visiter le château? me lança Aristid qui venait de me rejoindre.

Je n'avais pas vraiment oublié ma conversation avec Aristid puisque c'était un peu par sa faute si je n'avais pas pu fermer l'œil de la nuit. Disons qu'il était responsable à 49% de mon trouble du sommeil.

— Oui, répondis-je. J'ai rencontré une élève de Hogwarts, elle m'a un peu raconté comment c'était, le fonctionnement. Coup du destin, on est dans la même classe d'Histoire de la magie. J'avais peur d'être seule...

— Oui, les cours d'Histoire....Même sous menace, je ne te suivrais pas là bas. Je préfère avaler du verre. Je me suis promené vers les serres.

Pendant que Aristide me racontait sa visite des serres de botanique, Madame Maxime nous compta. Une fois le compte bon, elle fit un bref mouvement de tête pour nous faire avancer. On eu le temps de faire quelques mètres quand soudain quelqu'un nous interpella. Enfin quelqu'un: il s'agissait du presque géant que nous avions vu la vieille. Et par nous, j'entendais surtout Madame Maxime.

— Ah Madame Maxime, lança le monsieur avec extase.

— Hagrid, quel plaisir de vous voir! répondit sur le même ton notre directrice.

Certains gloussaient, voyant madame Maxime littéralement se faire draguer. D'autres regardaient avec méfiance ce certain Hagrid. Moi, je me concentrais plutôt sur l'odeur nauséabonde, qui exhalait une odeur fétide.

— Pince moi Aristid s'il te plaît, je crois que je vais vomir, lançai-je dramatiquement.

Aristid leva les yeux au ciel. Son geste s'accompagna d'un pouffement assez doux puis il posa sa main sur le creux de mon dos pour m'obliger à avancer.

— Exagère plus la prochaine fois, vociféra une voix derrière moi que je connaissais maintenant trop bien.

— La ferme Hansmann, répondis-je en faisant face à lui.

Je plantai mon regard dans le sien avec une certaine férocité. Le fait de l'avoir là, dans la même délégation, était déjà invivable. Je n'aimais rien de lui: sa façon de parler, de se tenir, de réagir et surtout son comportement. C'était lui qui avait fait le pari pour Agnès, à présent Agnès n'avait plus du tout confiance en elle. Et là, sans aucune raison légitime, il venait de m'agresser. Enfin, de se moquer de moi. Avec un ton super agressif. Sans véritable raison.

A mon sens, il représentait parfaitement bien la définition d'être un crétin des alpes.

Preuve étant: Louis Hansmann marmonna quelques mots dans sa barbe puis rejoignit Gideon et Fleur.

— A ce stade? commenta Aristide.

— J'espère qu'il sera choisi ce soir et qu'il fera partie des morts, rétorquai-je. Au fait, tu as pu envoyer une lettre à ta tante ?

— J'ai envoyé un hibou ce matin mais laisse lui le temps d'arriver jusqu'à Marseille. On va bientôt avoir ta réponse Abigaelle, tu verra.

Mes doigts se refermèrent sur mon pendentif. Un nœud se forma dans ma poitrine. J'avais besoin d'avoir une réponse dans l'immédiat, savoir qui était ma mère, savoir qui j'étais.

— Tu me promets de n'en parler à personne ? lui soufflai-je.

— Même si je pense que c'est une mauvaise idée, oui. Enfin, à part ma tante mais il faut que tu lui fasses confiance. Mais si tu veux, je sais que la mère de Juliette bosse aux archives. Dis lui que c'est pour un projet d'Histoire. On va rejoindre Oscar et Ariane ?

Nous entrâmes alors dans le hall en même temps que les autres élèves puis dans le réfectoire (Ophelia m'avait expliqué qu'ils appelaient le réfectoire plutôt Grande Salle en raison de sa proportion). Cette Grande Salle donc n'avait absolument rien à voir par rapport à hier. Des citrouilles flottaient au-dessus de nos têtes parmi les bougies et de temps à autre, un bal de chauve-souris se déroulait. Avec toute cette histoire de Tournoi, j'avais presque oublié que nous étions Halloween. La Coupe de Feu était désormais placée face à la table des professeurs, devant la chaise vide du professeur Dumbledore. Madame Maxime nous quitta pour rejoindre la tablée des professeurs. Quant à la délégation, nous avions choisi de rester à la même table qu'hier. En m'assayant, j'aperçu Ophelia quelques places plus loin avec une autre fille. Le regard d'Ophelia croisa le mien: elle m'adressa un petit sourire d'encouragement, les pouces en l'air, avant de poursuivre la conversation avec son amie.

Si je devais donner une appréciation sur le repas qu'on nous servait à Hogwarts, j'aurais pu dire "excellent, poursuivez" mais avoir un avis de réserve quant aux félicitations. Ce n'était pas aussi bon que Beauxbâtons, qui nous offrait du gastronomique tous les jours, mais ce serait mentir de ne pas dire que c'était fondamentalement mauvais. Je n'étais pas entièrement de mauvaise foi, j'arrivais parfois à rester objective (rarement en réalité).

Aristid bavardait avec Ariane pour la première fois depuis les sélections de plantes ou que sais-je pendant que Oscar me demandait tout ce que j'avais appris sur Hogwarts et que je devais absolument poursuivre mon amitié avec Ophelia pour pouvoir par la suite tirer des informations sur le champion de Hogwarts.

J'avais donné une bonne note en repas sur la qualité. Cependant, j'avais plusieurs choses à dire sur la tenue du repas. C'était le repas le plus long de toute ma vie. Peut-être parce que plus le temps avançait, plus on se rapprochait des sélections.

On faisait comme si de rien était, c'était presque évident qu'il y avait un non-dit. Parmi nous douze, seul un sera sélectionné. Ce sera le meilleur d'entre nous, forcément. Celui qui en est le plus capable. Mais qui ?

— Tu crois que le garde chasse de Hogwarts et madame Maxime auront un enfant? demandai-je à Oscar pendant le dessert.

— Certainement. Le bébé pèsera approximativement milles tonnes.

— Ça me semble logique.

Après une éternité à attendre, les couverts disparurent comme la veille, progressivement. Tout le monde se mit à parler de plus en plus fort, plus rapidement. L'excitation et l'appréhension donnaient un mélange parfait dans la Grande Salle. C'était une atmosphère étrange pour être encore une fois honnête. Mais d'un seul coup, au moment où Dumbledore se leva, un silence tomba.

— Regarde la tronche de Madame Maxime, me souffla Oscar. On dirait qu'elle est constipée.

Oscar était vrai sur sa comparaison: je n'avais jamais vu de ma vie Madame Maxime aussi tendue. Elle était raide comme un pic, nous jetant des regards furtifs. L'autre débile d'hier soir, Ludo Verpey, semblait être le seul à s'amuser en nous jetant des clins d'oeils.

— En vrai, Ludo Verpey.... souffla Oscar. Il est plutôt mignon.

— Et c'est pour cette raison très précise que tu es célibataire, rétorqua Ariane. Tu peux faire mieux.

— Sortir avec un homme qui a deux fois mon âge, imagine le scandale chez les Vanderbeck-Lycidas. Ca effacera le scandale de ma tante Cassandre.

Voilà, lança Dumbledore, solennel. La Coupe de Feu ne va pas tarder à prendre sa décision. Je pense qu'il faudra attendre encore une minute. Lorsque le nom des champions sera annoncé, je demanderai aux heureux élus de venir jusqu'ici et d'aller se regrouper dans la pièce voisine où ils recevront leurs premières instructions.

C'était le début de la fin.

.•*:。✩

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro