7. le top départ
JE N'AVAIS PARLÉ DE LA LETTRE A PERSONNE.
Directement après avoir lu la lettre, je m'étais jeté sur mon lit pour comparer l'écriture entre celle de la lettre et celle de ma carte d'anniversaire. Au final, les écritures se ressemblaient justes, mais elles n'étaient pas les mêmes. Pas exactement, du moins.
Je n'avais presque pas dormi, cette nuit là. J'avais attendu que mes colocs soient profondément endormi, déjà pour pleurer (la semaine avait été mentalement très dure) et puis pour réfléchir.
En 1973, mon père avait 20 ans et ma mère 17. Premier point commun. Et effectivement, mon père avait fait des études d'Histoire à Rouen. Mon père s'appelait bien Nicolas, et ma mère Alexandra.
Mais est-ce que ça voulait vraiment dire que ma mère était une sorcière ?
Non.
Elle nous l'aurait dit.
C'est pas le genre de secret que tu gardes pour toi; tu le partages à tes enfants. Ou peut-être qu'elle attendait mes 11 ans pour nous l'avouer, mais mon père aurait été au courant. Et il avait appris en même temps que moi que j'étais une sorcière. Peut-être qu'il y avait un autre Nicolas en fac d'Histoire à Rouen, et une Alexandra à Beauxbâtons à la fin des années 60. C'était juste une drôle de coïncidence.
Quoiqu'il en soit, avant de m'endormir, je décidai de n'en parler à personne. Du moins, je devais être sûre à 100% avant d'en parler à quelqu'un. Avant d'en parler à Romain.
Ma mère avait toujours été discrète sur son enfance et adolescence. Elle nous avait raconté que sa mère était morte quand elle était très petite et que son père s'était remarié avec une femme absolument horrible. Les deux étaient si violent avec elle qu'à 16 ans, elle avait fui la maison pour vivre chez sa grande-tante vers Poitiers. Elle avait rencontré mon père quand elle avait 17 ans, alors qu'il passait ses vacances avec ses amis de fac dans le coin. Il s'agissait au début d'un simple amour d'été, qui s'est transformé en un mariage trois ans plus tard. Et quatre ans plus tard, j'étais née.
Mais elle n'avait jamais parlé d'aller à l'internat. Elle n'avait même pas eu le bac. C'était impossible que cette Alexandra soit ma mère. Ca ne collait pas avec son histoire.
Je devais vérifier.
Et pour ça, je n'avais qu'une seule solution: la bibliothèque de Beauxbatons.
❃❃
La bibliothèque de Beauxbâton se trouvait juste en dessous de la plus haute tour du palais, où se déroulait généralement les cours d'astronomie. Plus jeune, je passais mes journées dans cet endroit. Quand j'avais affirmé que j'étais une véritable miss je sais tout/tête à claque, je ne plaisantais pas. Pendant mes premières années à Beauxbâtons, j'avais trouvé la bibliothèque comme un refuge. Je passais mes week-ends dedans à travailler avec Agnès ou juste à lire, quand je n'étais pas dans la salle 28 avec mon violoncelle. Sauf que voilà, petit à petit j'avais arrêté de venir, parce que c'était considéré comme un truc de loser et je voulais impérativement avoir l'air cool.
La bibliothèque était ouverte tous les jours sauf le dimanche matin, jour où Marius Valencourt, le vieux bibliothécaire, prenait congé. D'habitude, pour être honnête, je tenais le coup. Grasse matinée, balade à la lisière de la forêt enchantée, etc... Mais là, c'était horrible. J'avais besoin d'une réponse. Dans l'immédiat. Et seul le registre des élèves pouvaient m'aider. Si je trouvais une Alexandra Dubois, ça voudrait dire qu'elle était bien une sorcière. Dans le cas contraire, j'avais l'esprit libre.
En bref, ce fut la matinée la plus longue et déprimante de toute ma vie. Chaque seconde était presque une torture, j'attendais la fin de chaque minute. J'aurai, bien sûr, pu m'occuper l'esprit en lisant, travaillant ou même en jouant du violoncelle, mais c'était un supplice. Je n'y arrivais pas. Au final, j'étais restée cloitrée dans ma chambre avec mon fidèle compagnon, mon chat, Aristote, à regarder le paysage depuis ma chambre. J'attendais que les heures passent, et c'était, en toute objectivité, vraiment très chiant.
Le midi est arrivé comme un sauveur. J'avais mangé en vitesse avec les copains mes petits-pois carottes et ma dinde, j'avais même engloutti à la vitesse de la lumière ma mousse au chocolat. La nourriture à Beauxbâtons était si délicieuse, j'avais peur de ne pas retrouver les mêmes saveurs en Ecosse, notamment parce qu'on parlait du pays qui mangeait des haricots au petit déjeuner.
— Je vais bosser un peu à la bibliothèque, annoncai-je à Agnès et Eugène pendant le café.
Une des particularité de Beauxbâtons, c'était qu'il y avait un buffet au fond du réfectoire où thé et café étaient servi. Et quand je parlais de café, je parlais de vrai café, du café italien. Fait par les nymphes.
Et, comme chaque midi, je troquais mon thé habituelle pour un cappuccino.
— Tu veux qu'on t'accompagnes? me demanda Agnès.
Eugène, quant à lui, grimaça.
— La bibliothèque, mais quel horreur! soupira t-il. C'est le début de l'année et tu t'infliges déjà ça....
— C'est pour travailler pour le tournoi, rétorquai-je. On nous a filé un peu de devoirs et j'aimerai bien pouvoir m'avancer. Histoire d'être selectionnée par la coupe, quoi.
D'accord, c'était du pipeau. Mais j'avais envie d'être seule, d'enquêter toute seule, de pas répondre aux questions intrusives d'Agnès.
Eugène passa sa main sur mes cheveux.
— Cette coupe a intérêt à te selectionner, déclara-t-il. Elle ferait une grave erreur en choisissant quelqu'un d'autre. Et puis ça serait tellement stylé d'avoir ma meilleure amie championne de Beauxbâton.
— Je pense que j'irai pas à la bibliothèque, fit Agnès.
Ouf.
Une fois mon café fini, je déposai la tasse sur le buffet et salua mes amis.
Il fallait seulement cinq minutes pour aller à la bibliothèque. Assez de temps pour me reconcentrer sur mes pensées. Et curieusement, je ne pensais pas à la lettre. J'évitais de trop y penser. A la place, j'essayais d'imaginer Hogwarts. Je voyais un château, avec la même architecture qu'Oxford (j'avais vu des images sur un livre sur l'Angleterre). Avaient-ils des uniformes? Est ce que c'était aussi raffiné que Beauxbâtons? Est-ce qu'il y avait un bal de Noël avec des scuptulres de glaces? Même si les anglais avaient vraiment une tête d'anglais, j'espérais aussi croiser mon prince charmant là bas.
Malheureusement, la personne que je vis devant les portes de la bibliothèque n'avait rien a voir avec un prince charmant.
Louis Hansmann.
Il était adossé contre le mur blanc, son pied droit relevé. Il avait troqué son uniforme pour un long sweat noir et un jean bleu. Sa tête était penché et ses mèches à l'avant brune tombaient sur les yeux. Il avait exactement la même coupe que Leonardo Dicaprio mais en plus ridicule (subjectivement).
Sauf que Louis n'était pas seul. A côté de lui, il y avait deux petites filles et ma première pensée fut qu'il était pédophile. Or, en m'approchant, je reconnus Angèle, la plus jeune soeur d'Agnès, et avait une autre fille qui ressemblait à Louis. Clémence.
Mon regard croisa celui de Louis, qui me fit un petit coup de tête. Dieu qu'il était insupportable. Je m'approchai de la porte, essayai de l'ouvrir, sans franc succès.
— C'est fermé, m'annonça Louis. Je pensais que tu le savais, t'es pas genre un rat de bibliothèque ?
En guise de réponse, je poussai un soupir.
— Ca va ouvrir aujourd'hui ? demandai-je en faignant d'être exaspérée.
— Oui, oui, répondit-il. Enfin j'espère.
— Oh tu vas à la bibliothèque, toi ? Je pensais pas que tu savais où ça se trouvait même.
Il pouffa.
— Je suis un homme plein de surprise, écoute.
Il se tourna vers Angèle et Clémence.
— Mesdâmes, je vous présente Abigaëlle Richard, future championne peut-être de Beauxbâtons.
J'adressai un sourire aux filles.
J'avais envie d'insulter Louis, de lui crier dessus, de lui demander pour qui il se prenanit en parlant à Angèle alors qu'il avait détruit sa soeur. J'avais envie de lui arracher les yeux, d'enlever son petit sourire narquois (en plus il n'était même pas si drôle que ça), d'arracher ses lunettes rondes noires qu'il mettait seulement pour étudier, de raser ses cheveux bruns, de lui casser le nez, de casser sa baguette, de lui cracher dessus, de lui écraser le visage et autres tortures. Si l'Egypte devait avoir une onzième plaies, ça serait Louis Hansman.
— Ca te fait rire ?
Il me regarda, le sourire en coin, comme si soudainement, il était la personne la plus sexy du monde (or il ne l'était pas, il n'était pas Léonardo Dicaprio).
— De quoi tu parles?
Je soupirai.
— Laisse tomber, répondis-je. Elle ouvre quand cette bibliothèque ?
— On revient au début de la conversation, rétorqua t-il. C'est toi qui devrait le savoir, tu es celle qui passe le plus de temps dans cet endroit.
— Qu'est ce qui te dit ça ? Peut-être que j'ai une vie super sociale, tu sais pas.
— Parce que je passe beaucoup plus de temps que tu ne l'imagines dans cette pièce. Et que à chaque fois que j'y suis, tu es là.
Par Flamel ce qu'il pouvait être exaspérant.
— Oh tu m'espionnes ? C'est très flatteur, mais tu as raison. Moi aussi si j'étais toi j'aurai une obsession avec moi.
— Peut-être bien que oui.
Je m'apprêtai à lancer une réponse cinglante, histoire de lui clouer le bec. Il se moquait de moi ouvertement, et je me devais de repondre à cet effront. Seulement voilà, à l'instant même où j'ouvris la bouche pour rétorquer, les portes de la bibliothèque s'ouvrirent. J'étais sauvée. C'était lâche mais j'allais enfin fuir.
Je n'adressai ne serait-ce qu'un mot à Hansman. Je me contentai d'un bref sourire à Angèle et Clémence avant de m'engouffrer complètement dans la bibliothèque.
Marius Valencourt était là, tout souriant. C'était un vieil homme, aux longs cheveux blancs, avec un air sévère et souvent exaspéré. Ses grands yeux bleus curieux étaient camoufflé derrière ses petites lunettes en demie-lune.
En entrant dans la bibliothèque, je retrouvai cette odeur de vieux parchemins et de poussières. Le vieux parquet qui craquait sous les pieds represantait bien l'ambiance de cette bibliothèque, mais ce qui était le plus représentatif sans doute était la peinture style Renaissance sur le plafond. La peinture représentait la bataille des sorciers de 1003, qui a marqué la résistance de la communauté magique des sorciers. C'était un moyen pour nous, jeunes élèves, de nous rappeler l'importance de garder le code international du secret magique (que j'avais accidentellement enfreint pour Elodie, ma meilleure amie d'enfance). On avait sur le tableau des groupes de sorciers et de sorcières français contre les moldus hostiles à la magie, notamment. Au centre du tableau, il y avait une sorcière qui, baguette à la main, incarnait cette resistance. Isabeau du Dauphiné. Et puis, il y avait quatre lustres en crystal qui étaient toujours allumées le soir. Une douce lumière pénétrait dans la bibliothéque et illuminait les étagères blanches sur lesquelles s'étandaient des milliers de vieux bouquins, de parchemins. Devant les étagères, il y avait des bustes de grands sorciers qui étaient condamnés à nous lancer des sourires quand on passait devant eux mais qui étaient surtout muets. Au centre, dans l'allée principale, il y avait une longue table en bois poli profice pour étudier. Ensuite, entre les vitres et les étagères, il y avait quelques tables rondes et des fauteuils de velours (en bleu bien évidemment, cette école avait une sérieuse obsession avec cette couleur) pour pouvoir lire tranquillement. Tout au fond, il y avait une salle de travail avec plusieurs tables longues en horizontal et parallèles.
Le bureau de Valencourt se trouvait juste à la droite. Au dessus de lui, il y avait un tableau de Nicolas Flamel avec écrit en dessous "Labor omnia vincit" le travail conquiert tout. Je m'approchai vers lui.
— Abigaëlle, quel plaisir de te revoir! s'exclama Valencourt.
Ca faisait depuis le début de l'année que je n'avais pas franchi les portes de la bibliothèque, honteusement. Je révisais dans ma chambre depuis la rentrée pour surtout profiter de mes derniers moments avec Agnès, Henriette et Rosalie.
— Le plaisir est partagé, répondis-je souriante. Comment allez-vous ?
— Comme toujours, parfaitement bien. Qu'est ce qu'il te faut ma petite ?
J'écraisai mes mains l'une contre l'autre.
— J'aurai aimé les registres des élèves. C'est pour eux...Un devoir d'Histoire de la magie.
C'était un petit mensonge. A titre personnel, j'étais de ceux qui pensait qu'il y avait des bons et des mauvais mensonges. Un mensonge qui allait détruire la vie de quelqu'un à postériori ? Mauvais. Un mensonge qui ne faisait pas de mal à une mouche ? Bon.
— Section C, répondit le bibliothécaire. Tu trouvera ton bonheur. D'ailleurs, je n'ai pas eu le temps de te féliciter pour la délégation. Apparemment, la bibliothèque d'Hogwart est fantastique. Dumbledore est un vieil ami, j'ai pu la visité il y a une vingtaine d'année, c'était passionnant. Enfin, il y avait un groupe de quatre jeunes garçons insupportables si je m'en souviens bien, mais ils n'étaient pas bien méchant.
— Vous connaissez Dumbledore ?
— Oui oui. Il était venu à Beauxbâton à l'époque de Grindelwald, j'étais très jeune, je venais tout juste de commencer à travailler ici. Et il était revenu quand son mage noir était en train de terroriser le Royaume-Uni, pour me demander de l'aide. C'est un grand homme, tu sera entre de bonnes mains. Tu lui passera le bonjour de ma part.
— J'essaiyerai. C'est vrai qu'il a trouvé les propriétés du sang de dragon ?
— Tu as bien suivi tes cours d'Histoire ! Je pense que je vais lui écrire une lettre d'ailleurs. Ca fait bien longtemps qu'on ne s'est pas vu avec un sorbet au citron, il en raffole.
— Albus Dumbledore raffole d'un dessert non-magique ? Qui lui cru.
— C'est moi qui lui ai fait découvrir, surtout. Bien. Je ne vais pas tarder plus longtemps.
Je remerciai Valencourt et filai vers la section C. Sur la grande table, Hansman s'était installé avec Angèle et Clémence. Il me fallut seulement quelques minutes pour trouver le registre des élèves de les décennies 1960-1970. C'était un petit grimoire violet avec des jolies baguettes dessinées en doré. Je pris soin par la suite de m'installer sur une des tables rondes pour être le plus loin possible d'Hansman.
Je parcouru les pages pour arriver en 1967. D'après mes calculs, ma mère aurait du entré à Beauxbâtons cette année là.
Je trouvai enfin une Alexandra.
Mais ce n'était pas une Alexandra Crirose.
C'était une Alexandra Moreau.
Répartie à Ombrelune en 1969.
❃❃
Ce n'était donc qu'une simple coincidence. Il n'y avait eu aucune Alexandra Crirose à Beauxbâtons. J'avais bien sûr regardé les autres années mais le verdict était clair: on parlait d'une Alexandra Moreau et non de ma mère.
Je n'avais pas trouvé d'Alexandra Crirose. Ni même de Crirose, le nom de jeune fille de ma mère pourtant. Nul part. Ni dans les registres, ni dans les journaux. Ma mère ne pouvait pas être une sorcière.
Pourtant, quelque chose n'allait pas, je le sentais. A vrai dire, je ne savais pas si j'étais juste très anxieuse à l'idée ou s'il y avait vraiment quelque chose.
J'avais alors laissé tomber partiellement mon enquête pour me concentrer, quoique difficilement, à ma dernière semaine d'entraînement. Cette dernière semaine, je ne l'avais même pas vu défilé. A peine étions-nous lundi que les jours s'étaient glissé entre mes doigts et je ne savais même pas comment j'étais passée de mon passage à la bibliothèque au samedi 30 octobre matin, devant mon miroir.
J'observais mon visage, pâle et translucide, les poches violettes qui se formaient sous mes yeux gris, mes cheveux (que j'avais rassemblée la vieille en deux tresses) semi-gras et le nez rouge par le froid. J'étais tombé malade mercredi, mais ce n'était qu'un simple rhume.
Dehors, tout était gris et calme. Il avait plu toute la semaine et tout s'était calmé ce matin. On pouvait deviner par la fenêtre l'herbe encore mouillé, le vent gêlé soufflant sur les branches. Ces dernières perdaient peu à peu leurs feuilles rousses. C'était l'automne.
La semaine avait été rush. On sentait que le top départ approchait, et tout le monde était excité. Les vacances avaient commencé et pourtant, la moitié de Beauxbâtons était resté pour voir le départ. Ce qui était absolument débile mais bon.Tout le monde ne parlait plus que de ça, de à quoi ressemblerait Hogwarts (ils n'étaient même pas dans la délégation), notre pourcentage de chance de gagner. Dans les couloirs, on me saluait, me souhaitait bonne chance et je n'avais qu'une seule envie, me suicider. Mais au moins, j'étais populaire et admirée.
C'était ma dernière journée à Beauxbâtons jusqu'à juin. J'aurai raté une année entière dans les couloirs du palais, et je ne savais pas ce que je devais ressentir. Les gens de la délégation étaient tous excités à l'idée de partir de Beaubâtons pour Hogwarts et surtout le tournoi des trois sorciers. Et moi aussi, dans une certaine mesure, j'avais hâte de partir à l'aventure. Mais je ne savais pas si j'avais envie de ne pas faire ma dernière année à Beauxbâtons mais à l'autre bout du continent. D'accord, je n'étais pas une ado oisive, je n'avais pas un grand groupe d'amis comme pouvait avoir Louis Hansman ou Fleur Delacour, j'étais ni populaire ni cool. J'étais majoritairement seule, avec 3/4 amis, qu'on ne remarquait pas, qu'on choisissait par défaut et qui s'y prenait toujours à l'envers avec les autres. Parfois, il m'arrivait de pleurer en repensant à la version idéalisé que j'avais eu de l'adolescence quand j'avais 9 ans et que je voyais les frères d'Elodie partir au collège et au lycée. On se disait qu'un jour, on serait aussi cools qu'eux. Mais la prophétie n'avait jamais été réalisé, et j'étais juste une ratée.
Alors oui, de ce point de vue, partir de Beauxbâtons c'était une occasion, un nouveau départ. Il y avait là bas des gens qui ignoraient mon existence, et j'avais le pouvoir de tout rattraper. De montrer que je pouvais être quelqu'un de cool.
Mais j'aurai aimé aussi rester, connaître cette dernière année là bas, avoir une année normale. Si j'avais toujours idéalisé l'adolescence, j'avais mis sur un pedestrale la dernière année avant les études. Ca devait être quelque chose de grand, où on sentait l'infini de l'univers dans les entrailles. Un truc genre super stylé parce que c'est super stylé d'avoir 17 ans. J'allais faire ma dernière année sans mon groupe d'ami, toute seule avec des gens que je connaissais seulement de vue pour la plupart. Super.
J'avais donc décidé de passer ma matinée avec Agnès à vagabonder dans les couloirs du palais, en retraçant les souvenirs des six dernières années. Il n'y avait pas un chat dans l'école, tous étaient bien trop occupé à profiter une dernière fois de la délégation. Les rares personnes que je croisais me lançait des sourires d'encouragements. Si ça avait été Fleur, Louis, ou même Gidéon, ils seraient allé les voir pour leur parler. Moi, j'étais juste invisible. Celle qu'on ne connaissait pas jusqu'au tirage.
— Ca va faire drôle, sans toi, commenta Agnès alors que nous venions de nous installer sur le balcon de la tour d'Astronomie.
C'était dans cette tour, la plus haute de toute l'école, que notre pèlerinage se finissait. On avait une vue magnifique sur les montagnes. Je sorti de mon sac un thermos de thé et des biscuits, puis un paquet de cigarette. Agnès me jetta un regard réprobateur.
— Tu sais ce que je vais dire, me prévena-t-elle.
— C'est occasionnel, répondis-je. Dernière cigarette de Beauxbâtons meuf. C'est pas n'importe quelle cigarette.
Agnès ne répondit rien. Elle se contenta seulement de lever les yeux au ciel, malgré tout avec un petit sourire.
— C'est à quelle heure déjà le départ? demanda Agnès.
— Quatorze heure, on a trois heure de vol. Mais à midi, on a le pot de départ avec les parents et le président.
— Ton père va venir ?
Je secouai la tête.
— Même s'il le voulait, il ne pourrait pas. Les non-magiques ne peuvent pas entrer à Beauxbâtons.
— Mes parents te souhaitent bonne chance. Ils croient en toi. Et d'ailleurs, Angèle m'a raconté qu'elle t'avait croisé avec Louis. Meuf, il te draguait complètement. Angie est douée pour voir ça.
Je m'etouffai assez ridiculement avec ma propre gorgée de thé.
— Angie à onze ans, elle ne sait pas de quoi elle parle, rétorquai-je. Pitié, il me drague pas. Il est comme ça avec tout le monde: chiant.
— Il est tellement amoureux de toi, m'assura Agnès. C'est sûr.
— Si c'est le cas, je te promet que je vais lui mettre un enorme râteau.
— Ne t'interdis pas de vivre de belles histoires d'amour à cause de moi.
Je repris une gorgée (necessaire) de thé.
— Rien à voir. Je ne l'aime pas c'est tout. Bref. Tu as lu le Cri de la Gargouille, recemment ?
— Oui, évidemment. Les elections du prochain président font beaucoup de bruits.
— Tu penses que c'est sans danger pour fille née d'une famille de non-magique Hogwarts?
Agnès haussa les épaules.
— Par rapport à ce qui s'est passé cet été? Ecoute, je pense que c'était juste des actes solitaires, leur mage noir est mort. Et Hogwarts est un des lieux les plus sûrs du monde. Oh mon dieu, tu vas rencontrer Harry Potter, c'est incroyable quand même.
— Il a trois ans de moins que nous. C'est qu'un gamin. Avec une cicatrice. Qui a survécu au sortilège de la mort. Wow, ça fait beaucoup.
— Ca doit être tellement beau Hogwarts...Tu m'enverra des photos, hein ?
— Evidemment. Des milliers de lettres pour te raconter tout ce qui se passe aussi. Mais que si tu fais pareil avec moi.
— Evidemment.
Il y eu un silence. On se contenta alors seulement d'observer le paysage. Honnêtement, la vue sur les montagnes était magnifique.
— Tu vas me manquer, tu sais, souffla Agnès. Ca va être drôle sans toi. Drôle dans le sens super nul.
Je passai mon bras autour de ses épaules puis la poussai contre moi.
— Tu vas terriblement me manquer. Ca va être les neuf mois les plus longs de ma vie, je sais pas si tu t'en rends compte. Mon coeur saigne déjà rien qu'à l'idée.
Elle repoussa ma tête.
— Il faut toujours que tu exagères. Dose un peu, non?
— Tu vas vraiment me manquer. Mais en même temps, j'ai un peu hâte d'aller à Hogwarts.
C'était vrai. J'allais visiter une nouvelle école de sorcellerie, c'était une opportunité quand même.
— Tes affaires sont prêtes?
— Norma les a embarquées dans le Carrosse ce matin.
— Putain, tu vas entrer dans le carrosse de madame Maxime. C'est le rêve d'une vie.
— J'ai tellement hâte putain. Tu crois qu'elle cache des corps à l'intérieur ?
— Par Flamel, j'avais oublié ta phase "madame Maxime tue des gens".
— Elle les mangeait, corrigeai-je. Et no offense, mais toutes les blagues faites à 15 ans ne compte plus. J'ai muri depuis, je suis une femme nouvelle.
Agnès s'allongea sur le sol de pierre dur et froid. Je l'imitai.
— J'ai acheté sinon le livre que tu m'avais conseillé là, lança Agnès. Orgueil et préjugé, c'est ça ?
D'un coup bref, je tournai la tête vers celle d'Agnès.
— Tu l'as enfin acheté ? Oh mon dieu, incroyable. Tu l'as commencé ?
— Pas encore, je compte le faire après ton départ. Là, je veux profiter de toi. Mais;...Mais si c'est une histoire d'amour, je pense que je vais adorer.
— Je penserai à toi en la lisant. Tu vas vraiment me manquer, Abigaëlle.
— Toi aussi Agnès, toi aussi...
❃❃
Beauxbâtons avait sorti le gros lot pour le top départ.
Toute l'école s'était réuni dans la cour principal, comme s'ils allaient faire un pogo. On avait installé de longues tables avec des nappes blanches sur lesquelles des trentaines de plats étaient posé en plus de boissons Bièraubeurre, vin, jus de citrouille et autres, ils s'étaient vraiment donné.
Parmis les invités, il y avait bien sûr les parents de la délégations, les professeurs, et quelques membres du ministère en plus de journalistes. Il y avait bien entendu M. Hansman qui ne faisait que de répéter qu'il était là non pas à cause de ses fonctions mais pour encourager son fils.
Je m'étais mise de côté, bien trop gênée pour aller au centre, et je grignottais en compagnie d'Agnès, Eugène, Henriette, Rosalie et Romain. J'alternais entre les baguettes au fromage et le jus de citrouille pendant que Madame Maxime s'était lancé dans un discours plombant et vraiment très chiant sur le tournoi des trois sorciers. Et puis, il y eu un spectacle de danse sur balais fait par les élèves du club de danse sur balais. C'était un concept bizarre, un peu impressionnant puisqu'un élève avait fait un poirier sur un balais sans tomber. Ils auraient pu aussi faire un ballet sur un balais, mais ce n'était à ce jour que mon opinion. Et sans mauvaise foi, c'était un peu nul leur performance. Mais il y avait du coeur et c'était peut-être le plus important (non).
Et puis, après un repas chiant pour les derniers au revoir, l'ochestre, des embrassades de la part de parfait inconnus, c'était enfin l'heure du départ. J'avais pris mes amis dans mes bras, tour à tour ils m'avaient souhaité un bon voyage, m'avaient fait la promesse que je leur raconterai tout et que j'allais leur manquer.
Mon frère, ce fut différent. Je n'avais pas eu l'occasion de le voir depuis la découverte de la lettre, et même si j'avais eu la confirmation que ma mère n'avait jamais été une sorcière, j'avais un doute. Et je refusais catégoriquement de partager cette histoire à Romain tant que je n'avais pas eu d'autres informations. Si j'avais pu bien vivre mon deuil, c'était parce que quelques mois après le décès de maman, j'étais à Beauxbâtons. Mais Romain, c'était différent. Il était resté à Quimper pendant trois ans. Il avait été face à la disparition de maman pendant trois ans, tous les jours. C'est pour cette raison que mon accolade avec mon frère dura plus longtemps.
— Je t'aime, lui chuchotai-je.
— C'est pas une raison pour m'étrangler, me souffla en retour Romain.
En guise de réponse, je déposai sur sa joue gauche un bref baiser.
— Oublie pas de les battre tous, me lança Eugène.
Je lui adressai un clin d'oeil.
Et puis, madame Maxime appela la délégation pour une photo de groupe. Je m'étais faufilée entre Oscar et Ariane discrètement. Le photographe, un petit sorcier avec un gros nez qui ressemblait à un nain de jardin, était visiblement en train de se battre avec son appareil photo. J'en profitai pour regarder une dernière fois l'école. C'était un véritable palais blanc avec des toîts bleus. Il ressemblait au château de Chambord ou de Fontainebleau, mais en un peu plus majestueux. J'avais toujours eu cette impression que Beauxbâtons était coincé dans le temps, qu'il y avait d'un côté la France et de l'autre Beauxbâtons, un endroit beaucoup moins agité, beaucoup plus calme, plus en paix.
Le photographe pris enfin la photo et ce fut le départ, le vrai.
Le Carrosse de madame Maxime ressemblait à celui qui venait nous chercher à Paris: il faisait la taille d'une maison, était bleu et sur la porte on avait gravé deux baguettes d'or croisées qui lancaient chacune trois étoiles.
— Mesdemoiselles, Messieurs, clama madame Maxime. Il est temps de monter.
Je jettai un dernier regard à Beauxbâtons et son ciel gris de manière un peu dramatique. Le vent soufflait en ma direction et je crois bien avoir reçu à ce moment là une goutte de pluie. C'était la dernière fois que je voyais Beauxbâtons officiellement jusqu'en juin. J'allais rater pleins d'évènements: la soirée d'Halloween, le bal de Noël, les premières neiges, les matchs de Quidditch, les concerts d'orchestre, les dimanches chocolat chauds cookies, etc. C'était la déprime.
L'intérieur du Carrosse de madame Maxime était vraiment différent de notre Carrosse habituel. L'intérieur était beaucoup plus grand que l'extérieur. Quand on entrait, on tombait directement sur un grand salon avec un parquet. A ma droit, il y avait des canapés et une dizaine de fauteuils bleus clair. Les murs étaient en bois et encadraient deux grandes baies vitrées décorées par des rideaux tout aussi bleu. Il y avait dans les coins des petites tables rondes en bois, où des Lys étaient en pot. A ma gauche, c'était plus sombre et je pouvais deviner à travers la pénombre un escalier en bois.
— Attachez-vous sur les fauteuils le temps du décollage, ordonna madame Maxime.
Je me glissai sur un des canapés, aux côtés d'Oscar et Ariane. Des petites ceintures étaient alors cachées sous les oreillers d'or.
Le Carrosse décolla enfin. Dos à la fenêtre, je m'étais quand même retournée pour voir Beauxbâtons et ces élèves devenir de plus en plus petits jusqu'à voir les sommets des Pyrennées.
— Maintenant que nous sommes enfin seuls, déclara madame Maxime, il est temps de vous donner des instructions suplémentaires. Demain, vous deposerez tous votre nom dans la coupe. Il faut bien garder à l'esprit qu'à partir de maintenant, vous ne pouvez plus reculer. Une fois votre nom mis dans la coupe, vous signerez un contrat magique avec elle. Pas de retour en arrière. Mais ça, vous en êtes déjà conscient.
Il y avait un silence de mort. Tout le monde écoutait religieusement madame Maxime.
— Vous dormirez dans le Carrosse, les chambres sont à l'étage. Il y a un dortoir pour les garçons et un autre pour les filles, aucun garçons ne pourra aller dans le dortoir des filles et inversement. Aucun étranger n'est d'ailleurs autorisé à monter dans le Carrosse. Pour entrer dans le Carrosse, il vous faut simplement taper quatre fois sur la porte. Une cuisine se trouve à votre disposition derrière les escaliers mais reste très modeste. Nous prendrons les repas à Hogwarts et vous suivrez les cours aussi là bas. Je vous distriburez vos nouveaux emplois du temps demain matin. N'oubliez pas, chers élèves, que c'est Beauxbâtons tout entier que vous représentez. Je refuse ne serai-ce qu'une seule faute de conduite une fois arrivée à Hogwarts. Votre attitude doit être exemplaire. Nous devrons arriver pour Hogwarts vers 18h, vous avez le champs libre d'ici là.
Et ce fut à ce moment précis peut-être que je rendis compte que le tournoi des sorciers avat déjà commencé.
.•*:。✩
nda
cc la team je suis de retour!!! comment ça va par chez vous?
le chapitre est un peu plus court que d'habitude; j'avais pas vraiment envie de vous surcharger et surtout c'est tlmt galère de trouver de la motiviation et des mots ?? j'ai mis presque trois mois à écrire ce chapitre et peutêtre que la khube aide pas bcp (j'ai tj pas bossé des vacances est ce que c'est bon pour vous?) bref!! jspr que ca vous a plu, on quitte enfin Beauxbâtons (alors que j'adorai écrire sur Beauxbâtons ??... mm si j'aurai toujours l'impression de pas avoir assez developpé l'école) pour HOGWARTS omg (en plus jss ds mn era hp, je me refait tout les films et je pleure à chaque fois).
bref::;:_'("-()(-&#['-_\|[{
gros BISOUS MOUAK (svp melissandre aurelien si vous voyez ce message IGNOREZ) (d copains de la prepa ont accès à ce pseudo g très peur pour ma réputation maintenant)
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