Acte III.
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Au dernier étage du bâtiment bien trop silencieux se trouvaient les chambres des élèves. Le lycée étant situé dans une zone de campagne, beaucoup d'adolescents habitaient trop loin pour faire les trajets en bus matin et soir et logeaient donc à l'internat la semaine, parfois le week-end. Mais les chambres qui les accueillaient n'étaient pas incroyables. Un lit grinçant, un matelas pas confortable, un bureau sans tiroirs et une armoire trop petite pour chaque élève remplissaient l'espace de la pièce. Parfois, on retrouvait des photos qui tenaient sur les murs avec des bouts de patafix ou des peluches aux grandes valeurs sentimentales posées sur les lits. Mais c'était tout. C'était surtout identique, générique et pas vraiment joli.
C'est ce que se dit une énième fois Hyunjin, à qui le regard était planté sur la porte en bois de la chambre. Elle était vieille, décolorée et des mots, des dessins sans intérêt étaient gravés dans la matière. Il se demandait comment l'intérieur du lycée pouvait refléter une aussi grosse quantité d'argent alors qu'à côté, leurs chambres et les salles de bain communes ne ressemblaient à rien. Il se demandait comment les escaliers du hall principal pouvaient autant briller pendant que tous les lavabos des sanitaires gouttaient en permanence. En fait, il se demandait tout plein de choses avec peu d'intérêt pour essayer de diriger ses pensées vers un autre sujet que «Seo Changbin». Il ne voulait pas penser à ça alors, à cet instant, les rainures de la porte lui semblaient pleines de mystères passionnants à résoudre.
En voyant la poignée de la porte bouger dans tous les sens, Hyunjin se jeta sur son portable pour feindre l'occupation. Une serviette trempée posée sur l'épaule, les joues toutes luisantes et rosées et les cheveux dégoulinants, Jisung revenait tout juste de sa douche. En passant l'encadrement de la porte, il enleva ses chaussures et mit la serviette sur le rebord de sa chaise de bureau avant de se jeter dans son lit, face à celui de Hyunjin. Ce dernier était encore endormi quand Jisung était parti tôt ce matin et pourtant, enroulé dans ses couvertures, il ne daigna même pas lever les yeux de son téléphone.
– J'suis allé courir, commença Jisung.
–Mh...
– Bon, dans l'enceinte du lycée c'était pas ouf mais au moins j'ai couru une bonne heure.
– Cool.
– Après j'suis allé chercher quelques trucs à manger au distributeur parce que la cantine n'était pas en marche ce matin. Et j'osais pas revenir faire du bruit ici parce que je me suis dit que tu dormais encore. Tu vas voir Felix ou Jiwoo aujourd'hui ? continua-t-il en attendant une réponse du brun. Eh, Hyunjin ?
– Quoi ?
– Je suis là tu sais.
– J'ai vu.
– Et...?
– Et alors quoi ? Tu t'attendais à ce que je te réponde alors qu'hier soir t'étais dégueulasse ?
– J'suis désolé.
– Tu t'excuses toujours et pourtant...
– Hyunjin, vraiment. J'suis désolé pour hier soir.
– T'es désolé pendant une seconde, oui, mais dès qu'tu pourras, tu redeviendras le Jisung imbuvable que les autres voient.
– Hyunjin. J'suis désolé, répéta-t-il avant de fondre en larmes. J'suis désolé d'être comme ça.
– Oh non, Jisung s'il te plait, murmura Hyunjin en se levant de son lit pour aller à côté de son colocataire.
Il attrapa des mouchoirs dans une boite et les tendit à Jisung pour qu'il puisse essuyer les larmes incontrôlables qui coulaient sur ses joues. Il passa un de ses bras autour des épaules de Jisung et serra légèrement pour le rapprocher de lui.
– Pourquoi t'es comme ça alors, Jisung ? continua-t-il.
– Je... J'sais pas.
–J'peux même pas te détester. Ça aurait été plus simple que tu sois un con en permanence. Là t'es juste... dur à suivre. Pourquoi t'es pas toujours aussi sympa que ce que t'es avec moi quand on est tous les deux ?
– J'veux juste pas... J'en sais rien, sanglota Jisung. J'sais pas pourquoi mais j'me déteste pour ça. J'me déteste plus que tout sachant qu'hier soir, c'était la dernière fois de ma vie que j'entendais la voix de Changbin.
– Non, Jisung, ne parle pas de ça, conseilla le brun. C'est mieux.
– J'ai été qu'un con dégueulasse comme d'hab' et maintenant c'est terminé ! Plus rien. Comment tu veux ne pas en parler ?
– Parce que tu vas tellement pleurer que tu vas même plus pouvoir t'relever après. On dirait pas mais j'te connais quand même un peu. T'es peut-être super complexe mais y'a des choses qui sont évidentes chez toi, lui assura Hyunjin en se mettant face à lui, une main de chaque côté de son cou. Changbin, c'était ton ami. Une relation amicale assez... originale... Mais vous étiez amis. Et même si parfois j'ai envie de ne plus jamais t'entendre de ma vie, t'es mon ami aussi. Ça fait longtemps qu'on l'est et j'veux pas te voir autant pleurer encore une fois.
– Mais j'veux pas faire comme s'il ne s'était rien passé. J'ai essayé ce matin mais c'est trop dur.
– Sauf qu'on sait pas ce qu'il s'est passé. Faut pas qu'tu te lances dans des suppositions et des théories tant qu'on a pas d'annonce officielle de la part de la proviseure ou de la police ou de j'sais pas qui d'autre.
– Et tu crois qu'on va nous dire quelque chose ? demanda Jisung en essuyant avec le revers de sa main les larmes qui coulaient encore.
– J'sais pas vraiment, avoua Hyunjin. J'sais pas.
Et pendant que le reste des élèves dans la même situation que Hyunjin et Jisung, à discuter de la soirée de la veille et de cet élève qui venait de perdre la vie, Chan marchait dans les couloirs du lycée avec l'homme à la veste grise qu'il avait rencontré peu de temps auparavant. De ce qu'il avait compris des marmonnements de ce dernier, ils se dirigeaient vers une salle inoccupée où il entassait ses affaires.
– Alors... Comme ça vous aviez Changbin en classe ? commença-t-il, hésitant.
– Oui, je suis le professeur principal de sa classe et celui de maths aussi.
– Et on vous a prévenu de ce qui est arrivé ?
– Je l'ai su ce matin par un ami qui surveillant le bal d'hier. Sinon, personne ne nous a rien dit. J'crois que la police, vous vous en foutez non ? J'ai vu vos collègues sortir en riant tout à l'heure, à croire que rien ne s'était passé.
– Je sais pas trop ce qu'il se passe.
– La même chose que d'habitude. Quelque chose arrive, vous venez, par je ne sais quel miracle vous repartez comme si c'était une fausse alerte alors qu'il se passe des choses qui traumatisent les élèves.
– C'est déjà arrivé ?
– Une situation similaire oui.
– Oh... Je suis désolé d'entendre ça mais je ne compte pas faire pareil.
– Quoi, fuire votre travail et vos responsabilités ?
– Oui. Je ne sais pas si c'est sûr de dire ça mais vous avez raison, j'étais censé partir et clore cette affaire mais je ne le sentais pas, vraiment pas.
– Il serait bien temps. Je n'ai pas envie non plus, vous savez. Changbin était le meilleur des élèves que j'ai pu avoir dans ma très courte carrière d'enseignant, que ce soit au niveau de ses résultats que de sa personnalité. C'est le début de ma troisième année dans ce lycée et je l'ai eu en classe pendant ces trois ans. Il me faisait tellement penser au moi d'il y a quelques temps alors ça m'affecte réellement.
– Je vois..
– Et j'suis sûr et certain que dans trois jours, tout le monde fera comme si c'était rien, comme si lui n'était rien. Et j'ai pas envie de ça.
– Je peux vous demander quelque chose ? dit Chan en s'arrêtant de marcher quelques instants.
– Oui ?
– Ça vous dit de faire... équipe ?
– Équipe ?
– Oui. Encore une fois, j'devrais pas vous dire ça mais je vous confirme que le reste de mes collègues abandonnent cette affaire pour une somme d'argent. J'ai pas envie de faire pareil et vous avez aussi l'air d'être déterminé. Alors, vous voulez bien faire équipe avec moi ? demanda le blond en tendant son bras.
– J'accepte, répondit le professeur en lui serrant la main. Mais, avec qui ai-je l'honneur de faire équipe ? Au moins savoir ça quoi.
– Bang Chan. Et vous ?
– Lee Minho.
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J'suis désolé pour hier soir 🎶 ta da da da da da da
J'espère que ce chapitre 3 vous a plu !
Je m'amuse vraiment en écrivant cette histoire
Du coup c'est cool pour moi
J'espère que vous aussi
À bientôt :)
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