Chapitre 11
Pdv Yuna
J’ouvre difficilement les yeux, le visage agressé par la lumière du soleil déjà haut dans le ciel. Une migraine atroce se fait sentir. Mes yeux se baladent dans la pièce. Celle-ci ressemble étonnamment à ma chambre.
Attend...! Suis-je dans ma chambre !? Comment est-ce possible !? Comment suis-je arrivé ici !? Quelle heure est-il !?… Et que s’est-il passé !?
Toutes ces questions affluent dans mon cerveau telle une pluie de feu d’artifice, lorsque je me rends compte que je suis dans mon pyjama. Je m’assoie sur le rebord du lit et repense aux événements ; essayant de trouver une explication rationnelle à ce qui m’arrive.
Je me souviens avoir eu des ailles pendant quelques minutes puis ce fut une queue de poisson et des branchies (à ce que l’on m’a dit). D’ailleurs cette douleur à la colonne vertébrale, aux omoplates ainsi que cette sensation de brûlure à l’épiderme sont encore présentent, faiblement mais bien présente.
Par la suite, plusieurs visages inconnus m’ont entouré en gardant toutefois une distance plus que raisonnable, les regards effarés. Ils avaient tous peur de moi. Suis-je un monstre ? Quelle question ; bien-sûr que j’en suis une sinon ils m’auraient accueillis les bras ouverts, le sourire aux lèvres.
A cette pense, mon cœur se serre et des larmes coulent sur mes joues. Des sanglots m’échappent. Il s’en suivrait plusieurs mais je me suis retenu : je suis plus forte que cela (Bon c’est un peu à cause de la migraine mais je suis une femme forte :). Il est hors de question que je pleure à cause d’eux. Par contre, je compte lui dire mes quatre vérités à cet individu par qui tout a commencé.
Décidé, je sors difficilement du lit, les muscle encore engourdis, les oreilles bourdonnantes et les yeux tournoyants. Je me dirige vers l’une des armoires de ma salle de bain, pour y trouver après de longues secondes qui me parurent une éternité, des calmants. Sans demander mon reste, j’avale directement deux comprimés. Une fois les médicaments passés, je lève la tête et voie mon reflet dans le miroir. J’ai une mine affreuse.
Ma peau est terne. Mon visage présente des bleus sous ma mâchoire qui semblent s’effacer à vue d’œil. Intrigué, j’ôte le haut de mon pyjama et fais le même constat au niveau de mes omoplates et de ma colonne vertébrale. Mes cheveux sont mêlés et remplis de sable. Super.. Il va me falloir un temps fou pour les démêler et enlever tous ce sable. Sans plus attendre, je m’approche de la baignoire pour y faire couler un bain.
L’eau sur ma peau semble m’apaiser et détendre mes muscles. (Attend je suis dans un bain là, en contact avec l’eau. Ne suis-je pas sensé me transformer ?). A cette pensée, je prends peur et sort de la baignoire en trombe. Je m’observe de toute part cherchant la moindre trace d’écaille ou de plume. RIEN. (Ils se sont peut-être trompés) Un rictus m’échappe et je me dirige toute fois vers la baignoire les pas hésitants. Je plonge mon avant-bras dans l’eau et observe un long moment. TOUJOUR RIEN. (Ils se sont finalement trompés).
J’entre entièrement dans le bain. En fermant les yeux je revoie encore leurs regards apeurés, leurs pas hésitant à fuir et même l’affolement de leurs cœurs lorsque je faisais un quelconque mouvement. NON !! Ils n’ont pas ce droit. Pas le droit de me traiter de la sorte. Me traiter comme une abomination.
Je secoue vivement la tête pour chasser ces pensées mélancoliques. Je ne suis pas une pleurnicheuse qui s’apitoie sur son sort. En y repensent, ce n’est pas si mal. (Quoi..!J’ai des ailles et des branchies. Et alors !? Ce n’est pas la fin du monde. Au moins je ne me noierais pas et ne prendrai plus le bus pour me rendre à l’école). En réalité cette perspective me terrifiait mais il faut rester positive.
Au bout d’une heure dans la douche, je suis enfin prête. Je descends les marches de l’escalier menant au salon. Il me faut des réponses et le seul capable de me les fournir est cet inconnu. Je vais en cuisine même si l’heure du petit-déjeuner est passée. Je vois un mot laissé par ma mère sur le réfrigérateur. Elle est sans doute sortie. Ça tombe bien je vais pourvoir m’éclipser tranquillement. J’attrape une pomme et me mets en route vers la maison de cet inconnu avec qui tous a commencé.
Alors que je passe dans cette ruelle pour me rendre dans ce quartier qui m’inspire toujours la peur, une multitude de son parvient à mes oreilles. Partant des plus bruyants tels les ronflements de moteur, le chahut des piétons lointain, ou des plus discret comme le battement de cœur des personnes que je dépasse. Ne parlant même pas des odeurs nauséabondes surpassant largement les plus douces. Tous ce vacarme agressait vivement mes tympans ainsi que mon odorat, accentuant ma migraine par la même occasion. (Ces sens surdéveloppés ne sont pas pour moi).
Après cinq minutes de marche, me voici devant la maison. Comme la dernière fois, la porte s’ouvre d’elle-même avant que je ne sonne. A la différence, Diana se trouve à l’entrebâillement. Ses yeux bleu azur me dévisagent avec insistance. Est-ce de l’étonnement ou de la peur ? J’avoue ne pas déceler ses émotions. Nous restons ainsi un long moment avant qu’elle ne prenne la parole :
- Entre ! Mon papa t’attend. Quoi il m’attend !? Savait-il que je venais ?
D’un pas hésitant, j’entre dans la sombre pièce suivant la petite fille, louveteau ou loup (je ne sais plus trop comment la définir). Très vite, ma vue s’adapte à l’obscurité. Je pouvais voir comme en plein lumière. Nous voici dans la pièce lugubre et en piteux état de la dernière fois.
- Bonsoir Yuna ! Comment vas-tu aujourd’hui ? Je tourne la tête, cherchant d’où vient la voix. Il est là débout dans un coin de la salle, m’observant le visage impartial.
- Vous voulez dire mise-à-part la migraine incessante et les contusions ? Oui je vais bien. Fis-je sarcastiquement. Pour toute réponse, il hocha la tête et s’affaissa dans son fauteuil.
- Fort bien. Tout va pour le mieux alors…
Lorsque j’entends ces paroles et vois son sourire suffisant placardé sur sa face, je sens mon sang bouillir en moi. Et avec lui une bouffé de chaleur montant. Debout sur mes jambes, j’élève le ton :
- NON ! Rien ne va. Vous êtes peut-être habitué à avoir la tête en feu et tous le corps compressé par je ne sais quoi mais pas moi. Un souffle étrange parcourt toute la salle.
Il se lève promptement et intime l’ordre à sa fille de sortir en un signe de tête. Celle-ci acquiesce et s’exécute à la seconde près. Fuyant presque. Le quarantenaire se place derrière son fauteuil et s’appuie sur celui-ci. Je peux entendre les battements de son cœur s’accélérer.
- Ne t’inquiète pas ce n’est que le début. Sous peu tu …
- Ne me dite pas de ne pas m’inquiète car vous l’êtes. Je peux le sentir.
A ces mots, une partie de la chaleur sort de moi. Cette sensation est étrangement agréable. Mais de courte durée. Le visage de l’inconnu s’endurcit lui donnant un aspect encore plus terrifiant, ou terrifié. Les poings serrés, il m’observe longuement, guettant la moindre action venant de moi. Avant de répondre :
- Fais-moi confiance tous va bi…
- Arrêtez de dire le contraire de ce que vous pensez. Je ne connais même pas votre nom, comment voulez-vous que je vous fasse confiance ? Des larmes perlent ma joue en repensant aux regards posés sur moi la nuit dernière. (Et merde YUNA !!! tu recommence à pleurnicher) Avant d’enchérir :
- Vous étiez sensé m’aidé… Plus de larmes se mettent à couler sans que je ne puisse les stopper.
- Crois moi Yuna je…
- Je sais que vous avez peur de moi. Je l’interromps. Vous n’avez pas le droit de me traiter ainsi…Comme si j’étais un monstre. Je ferme les yeux, passant mon bras sur mon visage pour effacer des larmes se faisant des plus nombreuses. A tremper mon tee-shirt. Cela m’est impossible. Ma tristesse et ma colère chaleur ne font que grandir, voulant sortir, éclatées au grand jour. Je m’applique à l’étouffer.
Quelques secondes plus tard, je me sens flotter dans les aires. J’ouvre les yeux et un mini tourbillon composé d’eau, de débris de bois et d’autre élément de faible masse se forme autour de moi et en relâchant des charges plasmiques : des éclairs. Ma chaleur corporelle devient intense. Un son suraigu se fait entendre dans la salle tandis que j’essaie d’endiguer mes cris de douleur. Cette action n’engendre que l’accentuation de la douleur dans poitrine.
Le visage du quarantenaire a changé, il affiche une mine intriguée et se met en position de défense : les mains dirigées vers moi. Qu’est-ce qu’il me fait ? Ma vision devient flou, caché par une sorte de voile transparent. Pourtant je peux voir une forme humanoïde et même distinguer les vaisseaux sanguins, les nerfs, le squelette ainsi que tous les organes qui compose le corps du quarantenaire. Mes émotions et la douleur s’intensifient en même temps que le tourbillon s’agrandi.
Il grossit encore et encore. Sur les murs apparaissent des fissures qui se transforment en fente avant de laisser place à un trou béant. Le planché, le plafond ainsi que les piliers de la maison subissent le même traitement sous la pression exercé par le tourbillon. Les sirènes de police et pompiers alertant surement le voisinage se font entendre surplomber d’un énorme vacarme.
- C’est vous les vrais monstres... vous tous autant que vous êtes. Hurlais-je laissant sortir toute cette frustration, cette colère, cette tristesse ne pouvant plus les contenir. Le tourbillon explose dans un bruit des plus assourdissants avant que mon corps ne tombe de sa hauteur. Et le trou noir, encore.
⭐⭐⭐
Chapitre écrit par :
Cambel-Elise
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